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13 juillet 2023

Walkyiries

La guerre en Ukraine m’obsède, il n’est pas une nuit, depuis désormais longtemps — exceptée celle passée sous zolpicone un jour d’insomnie — que je ne m’endorme sans écouter le replay d’une des émission de LCI qui, seule parmi les médias français, La Chaîne Info première chaîne d’info en continue française, filiale du groupe TF1 (donc Bouygues), consacre chaque jour plusieurs heures de programme à la guerre en Ukraine. Quand je dis plusieurs heures je veux dire, les 3/4 de sa programmation. Le colonel Michel Goya, que je suis depuis des années pour son blog, la voie de l’épée devient, désormais, spécialiste de la chaîne, c’est à dire que, contrairement aux autres intervenants occasionnels, il participera désormais à titre salarié. Lors des discussions télévisuels, les experts, le plus souvent, sont sollicités à titre gratuit, pourtant, la crédibilité et la valeur du sujet traité dépend, essentiellement, de leur présence. Tout comme la recherche en France offre, au mieux, un défraiement tandis que, pourtant, aucun colloque ne pourrait avoir lieu - et donc aucun savoir se constituer collectivement - sans leur présence.

K., russe expatriée à Paris depuis sept ans (ou 5?), s’étonnait de cette obsession, ma consultation frénétique des canaux Telegram associés à telle ou telle branche russe, ceux diffusant l’idéologie de Prigozhine (prononcé Prigojine comme Rogojine), le chef des voyous de Wagner, ceux critiques du régime comme Girkin et ceux plus généralement nommés les milbloggers, sorte de trolls nationalistes et radicaux, régulièrement partisan de la bombe atomique auxquels, parfois, arrivent des bricoles comme celui qui, en pleine séance de dédicace, décède à cause d’une statuette piégée.

Nous discutions récemment, avec K., du récent putsch tenté par Wagner qui suscita, en elle, des sentiments contraires, l’excitation, d’abord que quelque chose change, l’excitation tout court devant l’événement comme aurait pu écrire Rancière, la culpabilité, aussi, de ressentir ces sentiments d’exaltation tandis que le drame couvait et les morts s’abonnaient.
Les actes de Prigozhine, le nervi chef des Wagner, reçoivent des qualifications différentes selon les points de vue et les idéologies de chacun, pour les occidentaux, comme on dit de nous, il s’agissait d’un coup d’Etat manqué parce que nous désirons ardemment la chute du monstrueux Poutine et que, ce faisant, son pouvoir s’effritait et sa déposition s’approchait ; d’autres, plus mesurés et sûrement plus justes, parlèrent d’une mutinerie il ne s’agissait pas de changer de régime, Prigozhine, malgré quelques ambiguités, ne prononça jamais une parole visant directement le maître du Kremlin comme l’appelle les médias d’ici. Mutinerie parce qu’il visait, essentiellement, la destitution de ceux qu’il juge ses ennemis Shoïgu, le ministre de la défense, russe non ethnique, c’est à dire non caucasien, et Gherasimov, chef d’état major aux brillants états de service, non fondés comme, le conjuré de Prigozhine, Soukourouv (désormais aux arrêts, en vacances comme l’on appelle, publiquement, les salles de torture pour les traitres) sur la violence, mais, dans le cas de Gherasimov sur une vision stratégique poussée. Il mît au point une doctrine à son nom visant la conquête d’Etats tiers par un mélange de soft power c’est à dire d’influence interne et d’une présence militaire menaçante aux frontières, faisant, par cette double poussée, installer des régimes favorables à la Fédération de Russie. Cette stratégie politico-militaire s’étendait plus loin que des territoires à conquérir, que ces sphères d’influence comme on appelle ces Etats à demi-dépendants comme la Biélorussie, elle visait aussi, pour obtenir au moins leur abstention, les pouvoirs politiques de pays rivaux de la Russie. D’où l’immixtion dans les élections locales françaises, allemandes ou etats uniennes et si même ces interventions ne permettent pas d’établir un régime ami ils permettent, à tout le moins, de développer, dans la population de ces pays, un sentiment d’amitié envers la Russie et rendre plus complexe toute politique à celle-ci. La guerre en Ukraine a tout changé, puisque l’armée russe entrait vraiment sur le territoire d’une Ukraine pourtant déstabilisée, parce que la violence de l’agression paralysait - par décence - les soutiens russes (sauf les pourris jusqu’à la moëlle par le pétro-rouble) et provoquait, dans les populations occidentales, un vif élan de solidarité. La nullité de l’armée Russe paracheva, un peu, ce déclin des amours russes.

La doctrine Gherasimov a vécu, l’invasion la rend nulle, mais, général intelligent, il emploie, à l’avenir, une autre stratégie en collaboration avec le ministre de la défense, celle-ci, vise, entre autre, à mettre au pas un Prigozhine de plus en plus menaçant, en mettant sous l’autorité de l’armée régulière -c’est à dire de Shoïgu et Gherasimov - toutes les milices privées (PMC pour Private Military Company, comme Black Water, jadis, et ses exactions en Irak). C’est, prétenduement, en raison de ce qu’il estimait le démentaèlement prochain de son pouvoir que Prigozhine fit marcher sa troupe sur Moscou, abattant des hélicoptères russes (entre douze et quatorze morts). La réalité est plus compliquée, l’agon, entre ces deux pôles, repose sur un conflit antérieur. Déjà, ces trois personnes diffèrent en tout, Prigozhine l’ancien détenu, cuisinier et voyou faisant fortune par la violence démesurées, le spectacle des coups de massue envers les déserteurs qui n’a rien à envier aux horreurs de Daesh, Gherasimov, militaire brillant, Shoïgu, intrigant de talent, ayant su flatter Poutine et les industriels de l’armée, afin d’asseoir un pouvoir reposant moins sur la compétence que sur la flagornerie et la diplomatie politicienne. Tout les sépare, Gherasimov et Shoïgu au service de l’Etat, avant tout, Prigozhine au service de lui-même, puis de l’Etat. Un conflit public/privé de nature politique et philosophique.

Aussi, et surtout, un évènement justifie la haine inextinguible du voyou pour les deux autres. Tout le monde se souvient des massacres commis par l’armée russe suppléée des Wagners, durant le soulèvement en Syrie contre le régime autoritaire de Bachar el Assad et l’apparition de Daesh. Daesh, à ce moment là, occupait un champ de puits de pétrole qu’un oligarque russe souhaitait posséder, il négocia avec Prigozhine l’assaut et l’expulsion des terroristes. Evidemment, il ne s’agissait pas pour Wagner d’agir gratuitement, au prétexte fallacieux, de la liberté, nous pouvons au moins lui reconnaître une honnêteté dont les américains se trouvent fort dépourvus. Pour assurer cette mission qui ne servait que des intérêts privés, il demanda l’appui feu de l’avion russe à Shoïgu et Gherasimov qui la lui accordèrent. Le moment de l’assaut venu, malgré les appels répétés des troupes engagées au sol, l’armée de l’air russe n’apparût pas, entraînant la défaite cuisante de Wagner et une diminution de son prestige et de ses moyens. Prigozhine ne digéra jamais l’humiliation, prétendit pleurer ses morts, tandis qu’il pleurait, essentiellement, les dollars perdus et le symbole abîmé de sa tête de mort, son emblème. Gherasimov et Shoïgu, l’accueillirent goguenards quand il vociféra contre eux. Pour Gherasimov, militaire grave et sérieux, employer les moyens de l’Etat pour quelques desseins - fussent-ils, de façon accessoire, à même de diminuer la menace de Daesh - privés. Prigozhine crût que les échecs répétés de l’armée régulière mis en rapport avec ses succès - sa milice seule permit la conquête de nouveaux territoires au cours des derniers mois - lui permettrait de, à sa guise, déposer ses ennemis. Il n’en fut rien. Poutine ne le soutînt pas. L’affaiblissement de ce dernier reste à prouver, la contestation intérieure ne semble pas prendre de l’ampleur. La question démocratique, telle que conçue philosophiquement en Occident, n’importe pas ni en Russie, ni en Chine, ni dans les royaumes du Golfe ; importe, du libéralisme, celui économique, exclusivement, et non politique ; il ne s’agit pas, cependant, de régimes aussi brutaux que ceux de Pinochet, la violence s’exerce, rarement, non comme un principe général de domination, mais comme une menace dont on sait, pour que régulièrement on l’expérimente, qu’elle s’exécute. C’est bien notre trouble et l’ironie suprême étant de voir, malgré nos institutions déclarées démocratiquement toutes pures, l’autoritarisme exercer sa répression féroce sur les contestations intérieures. 

 

Pour promouvoir le libéralisme économique ses thuriféraires nous expliquent qu’il a été la condition du libéralisme politique et de l’érection de la liberté comme valeur sacrée ce que, en réalité, peu de gens contestent mais, désormais que cette liberté est découverte rien ne nous empêche de la maintenir sans libéralisme économique. Si la liberté trouve bien sa cause dans la liberté économique elle en devînt, à n’en pas douter, autonome. Il en va de même pour ces pays autoritaires et libéraux. Nous pensions que l’expansion du capitalisme amènerait, par le plaisir de la consommation de masse, la démocratie, or, la liberté économique n’engendre pas forcément la liberté politique tant qu’elle permet le plaisir. Ces Etats connaissent, évidemment, leur contestation interne mais elle demeure à l’état marginal, cette frange qui, partout, sera tout le temps mécontente. Voulant davantage. Qui n’est même pas une avant-garde, qui est une armée en haillons. 

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Commentaires
M
tu as mangé de grande cuillères de psyop. Prigo/Poutine c'est une "maskirovka" , un event interne pour faire le tri parmis les fidèles et les moins fidèles, dénicher les potentiels points faibles, dans le plus pur style du FSB et de l'âme russe.
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A
La tristesse de l'horizon s'habille de l'ourlet pourpre du temps.<br /> <br /> La peste verticale crache les billes célestes d'un courroux patent<br /> <br /> Sur le pont des navires à l'allure trouble. Les vagues mélancoliques<br /> <br /> Déchirent pareilles à l'ivresse océane la quiétude au délire alcoolique<br /> <br /> <br /> <br /> Des bouées, torches brûlantes, jettent des feux sur les sentiers marins<br /> <br /> Et tirent les côtes ténebreuses aux profondes abysses de leurs reins<br /> <br /> La mer égoïste, déïfiée, maitresse exclusive, réclame le tribut lourd<br /> <br /> Des téméraires, fous, qui la défient, insensibles aux hurlements sourds<br /> <br /> <br /> <br /> Les derniers phares de la terre balisent la nuit incertaine<br /> <br /> Et naufragent à peine sur les récifs lumineux le noir terne<br /> <br /> D'un soir dont l'agonie s'étend sur les poussières pirates.<br /> <br /> Ces flibustières l'abordent, brandons tendus, à l'aube et à la hâte<br /> <br /> <br /> <br /> Les dernières larmes, de l'hiver coloré, grèvent de feu blanc<br /> <br /> L'horizon de toi aux yeux cyans et s'enfoncent sanglots lents<br /> <br /> Aux tréfonds de l'ocan effeuillé, ce chêne dévêtu des frimas<br /> <br /> Refleurera-t-il au printemps vagabond échappé de son triste coma<br /> <br /> <br /> <br /> <br /> <br /> Jo, bonjour, est-ce ton poème, un poème ancien que j'aurais gardé? j'espère que tu vas bien, Elena (Rouen)
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boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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