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18 juillet 2023

Glébasimov

Nous parlions avec K. de Gherasimov - il faudrait écrire du Général Gherasimov, CEMA - pour Chef d’Etat Major des Armées - de la Fédération de Russie - devant ses photos je le trouve semblable à un poète mélancolique à qui le hasard et le devoir confièrent les armes, puis les médailles, puis le commandement et que, au lieu de souffrir, lui, des mots, la plume plus forte que l’épée, il dût se résigner aux balles, à envoyer, souvent, des hommes mourir contre d’autres hommes.
Regard pesant le regard du CEMA, bleu, très bleu, sans ambition, semble-t-il lui qui, pour parvenir à ce rang, celui le plus haut de la nomenclature militaire, ne pouvait en manquer, qui, même, malgré ce regard profond, grave et triste, pour se hisser à ce sommet, lutta et conspira.
Lui dénier, pour ce motif, la qualité de poète ne reviendrait à rien les poètes, aussi, et peut-être plus encore que les autres, disposent de réserves de cruauté et de vices, les lettres de Baudelaire à qui il haïssait, les critiques violentes de Huysmans, nous en apportent, si besoin les indiscutables preuves.
Gherasimov exécute à la perfection, malgré les anathèmes acharnés d’un Prigozhine (toujours se prononçant Prigojine), la stratégie au grand sens du mot.
Russe et poète Ghérasimov ne se tiendrait-il pas là, héritier en uniforme, de Pouchkine lui, le poète indiscutable qui mourut comme un soldat, le coeur transpercé, un matin, je crois, dans les neiges sibériennes, parce qu’un officier français le défia en duel et le tua. Quelle différence, aujourd’hui, avec Gherasimov ? Le choix de la majeure et, peut-être, alors, Gherasimov, lui, mourra d’un mot, une rime fichée en pleine tête. 

 

Source: Externe

(tout poète est tueur, tout amoureux)

Devant les larmes de C., je me sentis tout honteux, être adorable, le plus adorable des adorés même, que, pourtant, parce que la vie en moi, me travaille, à la pioche, que cette boue qui me remonte, que cette pierre de cette terre là, ne s’inflige, décemment, à personne. La vie me pèse, si peu de secours, quand j’écris la vie me pèse sinon le barrage des mots, j’en reviens, déjà, malgré moi, à la guerre, le barrage de Kakhovka détruit récemment 

 

Pour m’assurer de l’orthographe Kakhova j’en cherche le nom sur google qui me l’indique comme fermé temporairement ce qui m’amuse puisqu’en l’état je l’imagine mal, un jour, retrouver de sa splendeur et être ouvert, ironie, encore, à quoi il faut ajouter que le barrage, ainsi percé, est désormais ouvert, je ne sais pas si Google Traduction restituera, pour G., qui ne lit pas le français et demande à l’automate de l’accompagner, ce jeu de mots avec ouvert, l’anglais en permet l’équivalent, on ouvre une brèche, le verbe to open, ici, permet une compréhension adéquate). 

 

 

C., ne m’en veut pas encore ou pas déjà, une rupture juste n’existe pas, elle contient toujours, malgré tout, ses torts, qu’importe la situation, qu’importe les motifs non seulement - pas le cas de C. qui ne possède aucune vilenie - parce que l’orgueil est blessé, mais parce que l’autre, se réclamant de raisons, insulte en quelque sorte. Rompre condamne l’autre, le condamne à une certaine forme définitive, lui expose que quelque chose ne peut changer, que sa nature, dans la relation au moins, dérange. Or, Entre C. et moi la rupture repose sur autre chose, sur la distension du lien - maintenu, si ténu. Sa souffrance devient ma souffrance, injuste de ce qu’elle ne mérite que joies, que, si elle s’abandonnait toute entière à sa grâce, les hommes les plus riches ou les plus beaux, supplieraient à genoux un de ses regards. Or, moi, je pars, elle dit, grandiose, à la table du Café, le Cosy - notre rendez-vous initialement prévu le dimanche à l’absolu reporté au Cosy le lundi parce qu’à l’absolu les tables, trop proches, empêchent toutes conversations douloureuses - quels noms de café inadaptés à notre discussion cosy quand tout allait à l’inconfort ; absolu quand celui-ci mourait.
Alors j’attends, sa colère retenue puis dispensée. J’attends. 

 

 

 

K., presque dans un reproche - sa bouche, habile au reproche parce qu’y règne une certaine…inquiétude qu’elle change, quand le contexte s’y prête, en colère et protestations - me dit que G. et elle attendent que j’écrive. Non parce que mon écriture leur paraîtrait indispensable à leur équilibre psychique et poétique mais parce que, parlant de K., je produis, pour G., une sorte de lien entre eux - moi, écrivant, paradoxalement m’excluant, ne participant pas à un triangle. Inscrire, ici, l’initiale transparente de K., donne chair, une autre chair ou bien vue d’un autre angle, à la K. que G., porte en lui, qu’il ne vit qu’une seule fois.
Si le lien, ici, tendu compte c’est que, je l’évoquais à K. cette après-midi, quand elle vînt m’aider, au milieu de mon désespoir, à préparer mes colis Vinted, leur rapport se fonde moins sur le lien que sur la rupture, le lien devient prétexte, même à la rupture ultérieure qui en constitue le principal. En apparrence, nous pourrions croire, puisque K. rompt, que la rupture appartient à ses prérogatives, à sa nature, puisqu’elle la jeune fille, la poétesse et l’amante, quand, pourtant, il semble que G. y prend…je ne sais s’il faut dire, ici, plaisir, du moins n’a de cesse de créer les conditions de ce rompre. Cette rupture permanente nourrit en eux, aussi, un manque, en elle la plus absolue des poésies, en lui, la passion, lui, qui semble-t-il, vécut…de loin absent à lui-même sans, vraiment, participer à cette absence. Certains êtres, à cause de leur apparence ordinaire, manquent, croit-on de hauteur - et peut-être s’en convainquent-t-ils eux-mêmes - le cas de G. échappe, de façon évidente, à ce regard superficiel posé sur lui, il appartient, au contraire, à ce registre précieux, d’êtres qui mènent en partie dans le rêve l’intensité de leur existence ; rêve, qui, ici, signifie aussi, intime, intimité d’avec son épouse ? Quant à ceci je ne peux me prononcer, femme spectrale, pour moi, n’existant que sorcière, vide ou contrainte. K., pour G., est un rêve, son courage, justement ici, son changement, celui qu’il provoque, qui l’ancre (tandis que K., elle, encre, encore, une subtilité que google traduction ne rendra pas), c’est de se matérialiser auprès de K., prendre ce risque, envisager, jusqu’à même, l’X. Je ne crois pas à la physiologie comme une sorte de science exacte qui traduirait de chacun et chacune l’âme tentant d’être secrète ; elle me sert, pourtant, poétiquement, disons, pour dresser à grands traits amusés et brouillons, la personnalité des individus comme, plus haut, je m’y essayais quant à Gherasimov. Les photos de G., à mes yeux, ne montrent pas un type banal et ordinaire, au lieu de la mélancolie russe de Gherasimov - ou de K., qui, malgré elle, la porte comme une sorte d’accent qui trahit toujours une origine - dans le cas de K., son accent ne traduit pas son origine, son français est parfait - je devine un rêveur, un peu secret, aussi, plus en retrait qu’il ne voudrait, K., aussi, lui offre une avancée, un truc décisif, une sorte de chance qu’il doit saisir et que, pour l’instant, il ne saisit pas vraiment, et risque, à ce titre, de gâcher, le risque implique un danger d’une autre intensité à quoi, j’espère, il s’exposera sans quoi…eh bien, sans quoi, lui, toujours demeuré (en français, ici, encore un jeu de mot, demeuré qui veut dire rester, to stay, mais qui veut aussi dire, idiot, mais de façon très intense et plus injurieuse) dans le rêve, demeurant sur le seuil de la vie,d’une autre vie. Pour K., malgré elle, pour l’instant, tout ceci, exercice littéraire ou G., surtout, sera le G de teleGram et non de Gleb (en français la glèbe était la terre à laquelle les serfs étaient attachés et qu’ils devaient cultiver, est-ce que, Gleb, n’est pas, ce sol à quoi on s’attache et qu’on cultive pour écrire ?).

Je m’étonne régulièrement de mon absence totale d’orgueil, K., aujourd’hui, dans le bruit du scotch et des coups de ciseau pour mes colis, j’ai décidé de ne pas être amoureuse de toi comme j’ai décidé d’être amoureuse de Gleb me rendant, malgré moi, pendant, de Gleb, me plaçant, puisque dans la même terminologie, de l’autre côté de l’axe, axe qui est elle. J’employais, pour qualifier sa relation avec Gleb, de cette question du pont et de la brèche, trouvant, que, au lieu de ce que l’important pour eux, soit de stabiliser le pont et de le bâtir, l’important, pour lors, hors de la rencontre, était de l’effondrer, de ne le réédifier qu’en vue, encore, de se trouver, sur la brèche qui, toujours, figure un plus grand vertige. Moi, à l’inverse, pensée qui m’apparaît en même temps que je l’écris, devient, à l’inverse un point net, sans étendue comparable à celle d’un pont ou d’un cratère, une certaine fixité, qu’en effet, une fois réduit à ceci, on peut décider de ne pas tomber amoureuse. Gleb, flotte, ceci le définit, quoi que lui attaché à sa femme, à ses habitudes, à la répétition, quoi qu’il en soit portant en lui ce risque qui, le prenant ou pas, définira son destin, poète ou marié c’est à dire, au final, pas grand chose, pas grand chose si ce choix, bien sûr, ne dépend que de la lâcheté. Il est temps, un jour, d’avoir des mains et ces mains les employer, étreindre et déchirer.
K. n’attendra pas toujours. K., si j’y reviens, encore, aussi, sûrement risque quelque chose, l’effacement total de Gleb quand, au café ou dans les draps, il apparaîtra, dense ou éthéré, poète ou époux. Et dans sa main à elle - quand elle sert la mienne je la sens, ma main, toute vivante, j’y entends même un peu battre le coeur - réduire ceci en petite poudre où tremper, après, son stylo. Le risque, presqu’inverse qu’ils doivent prendre, doit les suffoquer, elle, risquant de le faire disparaître et lui risquant, alors, de tout perdre. Toute existence valable commence à ces points là, ceux de la perte totale parce que, surtout, la vie nouvelle s’y trouve. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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