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28 mars 2023

Majin Vegeta (2)

Dans Dragon Ball Vegeta, prince des Saiyans, race extra-terrestre redoutée par sa cruauté et son goût du massacre, excellait en sa race même, Wisigoth de l’ultra-espace  tenta, sans succès, d’envahir la Terre, vaincu par le groupe des héros auquel il finit par se joindre. Comme souvent, dans les mangas, l’antagoniste devient un compagnon des protagonistes, un nakama tel que One Piece a consacré l’expression. Le cas de Vegeta a ceci de singulier que, malgré sa nouvelle appartenance, il conserve de son ancienne carrière quelques réflexes cruels. Adouci, certes, disons que pour  lui aussi taire n’est pas tarir. 

 

Plein encore de l’orgueil du prince Wisigoth qui échoua aux portes de Rome sans en perdre tout à fait l’appétit. 

 

Sur Terre Vegeta rencontra Bulma qui devint sa femme et avec laquelle il eut un enfant nommé Trunks. Pour le Saiyan, comme pour le poète, taire n’est pas tarir, il suffit d’un coup mal placé, d’un événement dramatique ou de la sensation d’injustice, pour redonner soif à l’ancienne violence. Vegeta noua une sorte de pacte diabolique avec un sorcier ennemi des terriens : Babidi. Babidi pouvait décupler, en échange de son obéïssance (Vegeta sut résister à cet impératif), la puissance de n’importe quel guerrier. Preuve de la conjuration, un M stylisé apparaît sur le front du damné, marqué comme une bête, oui, mais cette bête a la rage. Ainsi naquît Majin Vegeta, guerrier surpuissant et immoral, tirant, même, de son immoralité sa grande puissance, son immense violence. 

 

dans un épisode antérieur, San Goku, encore enfant, affronta un personnage malfaisant dont le super-pouvoir consistait à faire gonfler la part sombre d’un individu jusqu’à le faire exploser. Il tenta cette technique sur Goku et échoua parce que Goku, trop pur, ne possédait en lui aucune once de mal. 

 

Si le cas de Majin Vegeta m’intéresse ici c’est que sa motivation, loin de ne résider qu’en une quête déraisonnée de toute puissance, vient de son souhait de rompre toutes les attaches morales de ce monde terrien, rompre d'avec cette vie qu’il commençait à aimer et, qui, peut-être, le rend(r)ait heureux. Ce qu’il voulait, lui, à ce moment là, cédant au mal, c’était se retrouver lui, finir de trahir tout ce qu’il fut, toute cette folle vie, 

retrouver, il voulait retrouver le galop, l’extase de soi-même, ne rendant compte qu’à son bon plaisir, insoucieux de toutes les conséquences. La belle farandole des flammes le plaisir de la chair brûlée, enfin, sa patrie de feu, le domicile ne dit-on pas le foyer, un lieu chaleureux ?

 

 Il crie dans le chaos, crie assez des liens harassants je me débarrasse, il 

arrache de sa peau cet habit nouveau, ce costume bienséant pour retrouver sa combinaison de tueur, ses mains de tueur, sa vie à lui même compromise presque jusqu’au bout.

Désormais toute place à la brutalité, il s’agit de rendre au monde sa couleur première, la seule vraie, tout bien réfléchi. Le pigment cruel. Que tout redevienne comme aux premiers temps barbares, des cimeterres, des peaux de bête, du roi singe ounga-ounga le langage devenu onomatopée crève tympans. 

 

Majin Vegeta jubile, il tire sur la foule de grosses boules d’énergie pour ne pas pouvoir revenir en arrière, pour commettre cet acte définitif, ce pacte, finalement avec lui-même, s’engageant sans plus pouvoir se dédire, de sa nouvelle vocation d’incendiaire. Il tire sur la foule avant toute discussion parce qu’ainsi irrémédiable et authentique, cet engagement ne pourra plus être annulé. Il promet et se condamne. 

 

San Goku, son adversaire, ami et héros de la série, tente de le raisonner convaincu que Vegeta ne peut pas vouloir ce que Majin Vegeta fait. Il se trompe, Vegeta a toujours été Majin Vegeta, par accident, erreur, tentative, il mit en retrait cette part de lui qui, en vérité était lui-même, lui confisqua la parole, à ce vrai lui, ne l’exprima plus qu’en une vague mauvaise humeur qu’on croyait le résidu inexpugnable du mal heureusement disparu tandis que, non, cette mauvaise humeur était le coeur palpitant et bien vivant de cette ancienne violence, son expression la preuve de sa bonne santé, couvée dans le plasma chaud des habitudes et qui n’attend que la catastrophe pour percer la tiédeur. Là voilà. La catastrophe, faite place à la haine sans fin.

 

il dit quand il s'extasie combien il jubile de la destruction qui peut comprendre
que qui aima un jour le feu en garde l'hypnotique 
désir tout le reste de sa vie il dit la joie le feu de joie
quand le monde devient bûcher
buffet des horreurs
alors tout brûle
comme du papier

S’abandonner, enfin, à ses pulsions les plus pures. Demander pardon, pardon à soi-même, cette compromission ancienne, ce crime commis contre soi-même, par lâcheté, peur ou amour, pardon ma pauvre vie, se dit Vegeta, pardon ce suicide presqu’accompli de la seule chose précieuse en ce monde. Alors, Vegeta admire en riant la foule éventrée par son beau coeur coeur, son beau sang noir, le sombre héritage, Majin Vegeta redevient prince et moi avec lui. 

 

C'est amusant, à peu de choses près, Majin ressemble à Najib. 

 

 

 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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