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25 mars 2023

Une vie nue.

Parce que soudain tu parviens à ce point où parvenu tu déclares n'avoir plus rien perdre. 

 Nous revenons, souvent, parce qu’elle porte une puissante évidence, un grand trouble, à cette phrase si dieu n’existe pas alors tout est permis. 

Supposant, forcément, que la promesse de l’enfer - non même la récompense du paradis - nous détournerait, par peur, de nos actions immorales, plus encore que de celles criminelles. 

L’exégèse de cette phrase a permis toutes les platitudes de la Terre, j’y ai ajouté mon petit écot. 

 

 Je revisite, aujourd’hui, cette phrase, un pas de côté, dirons-nous, du royaume du ciel au royaume terrestre - qui l’eût cru qu’un seul pas de côté mais du bon côté séparait ces deux là.

Un tout est permis en dehors, justement, des rétributions post-mortem et du regard, toujours jeté sur soi, depuis ciel, ou quelque dimension où se juche le dieu-s-il-existe, je dis donc, le point du plus rien à perdre version, peut-être, mondaine de la mort de Dieu. 

 

Disparition, qui est un péché, de la valeur théologale première l’espoir. Sa négation, vaut, je crois, apostasie. Renier l’espoir c’est tuer Dieu en soi, c’est jeter l’hostie aux loups, couvrir d’eau bénite la tête du veau d’or, et noyer un enfant dans le sang de messe.


Parvenu à cet endroit de sa vie, la vie telle qu’on appelle, en société la vie, s’est éventée, demeure seule la vie nue. Parvenu, à ce point de soi-même pour qui, comme moi, déjà, ne couvrait sa peau qu’à peine d’une épaisseur de soie, il faut l’admettre, un tout petit pelage me séparait de la vie sociale, ordinaire, tout est permis. Déjà, dès le départ, à cause de la mince pellicule seulement de vie, je me tenais tout près du néant et con corollaire vivant : tout est permis. 

 

Je ne peux plus rien perdre. R., lorsque je lui énonce ceci tente de me convaincre de l’inverse parce que la raison raisonnable, nous opposerait, avec sa froideur inutile, que, jamais, nous ne perdons tout, tant qu’il y a de la vie il y a de l’espoir, y compris si demeure seule cette vie nue. A mon tout est permis, abolition de tout triomphe d’un éternel présent inconséquent, il préférerait sûrement un tout est possible. 

 

Nos visions convoquent des présupposés distincts. Le premier, sur quoi je reviendrai plus longuement, repose sur l’idée que la vie, en soi, vaut quelque chose, que ce quelque chose rien ne le dépasse. Repose aussi et surtout, en un rapport singulier - ou du moins distinct du mien - à l’avenir et à la durée.

Cette logique implique que le futur, puisqu’il peut s’investir, est un champ de possible, un lieu habitable que l’on pourrait semer, qu’importe si la terre est dure et salée. Jamais, alors, tout ne sera définitivement perdu, il existe, là, dans le champ désolé, un immense peut-être qui donnera, chêne immortel, ses fruits. 

 

 

Je ne mesure pas le temps de cette façon, mon temps n’est qu’un éternel présent, doté d’un peu de mémoire. Lorsque ce qui me reste me paraît trop peu alors je déclare que tout est perdu et si tout est perdu alors tout est permis. 

 

Dénué, aujourd’hui, parce que dépossédé, je déclare, j’ai tout perdu ou on m’a tout pris. 

Je n’ai pas joué ma vie, durant mon sommeil, une foule de spectres, entrée par la fenêtre, me prit tout. Leurs mains, la bave de leur mains, l’ignoraient-ils ? déposa en moi le bacille de la rage, dans mon organisme rapide palpitant, la fine couche de vie-non-nue, d’un coup sec a brûlé, la soie toute écarlate, voilà l’expression de ma haine, la forme, de mon permis de chasse. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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