Fais moi mal que je te tue.
J'avais refermé la porte sur mes doigts en hurlant en silence. Anéanti par le grincement des gonds lourds. Il me fallait les mains bleues, comme tes yeux. La douleur dans les doigts violacés, du mal congestionné pour l'absence de toi au bout des membres froids. Pour oublier. Oublier les paradis blancs, des montagenes de paradis blanc large comme l'océan. Là où je te noie. Ce n'est pas que je ne sache pas nager. Non, mais lestés des amours impossibles. Des amours labyrinthiques. Puis les mains moites, puis les doigts gelés. Puis le coeur anesthésié. Puis la morphine. Des barbelés, des barbelés sortis de terre, des champs entiers de grillages rouges dans le ciel.
On s'écorche. On prolonge. Tu me tresses une couronne metallique pour me faire roi d'épineux... problèmes. Tu baignes mes lèvres au profond du calice de mes larmes, de l'eau croupie de la tristesse, pour que le chagrin me tue. Mais il me tuait déjà. Si tu savais. L'absence étendue, l'absence en baie infinie, en baie empoisonnée, l'absence, l'absence qui jure de sa présence, qui appelle, qui murmure, qui se manifeste. Promis. Elle hurle dans les rues, aux cris stridents de revendications mortes. Pour mon âme morne, je rabroue les souvenirs, et je balaie les cendres de ma flamme.
Tu es le poison noir de mes artères. Funeste amour. Damnation.
On voulait sauter et l'on croyait voler. On défiait la vie et on se prenait la mort dans les dents. Et la gravité, la gravité, en plein dans la mâchoire.
Fais moi mal que je te tue.