aube.
Je suis dangereux parce que je ne sais pas moi, qu'on peut abandonner. Je crois encore que la misère, quand elle laisse voir la peau, la tache de beauté et que la suie n'est rien que la rousseur amère des belles. Je suis dangereux parce que d'être brisé comme je le suis je sais ce qui peut me tuer, et je sais avancer dans les blessures.
Je reconnais les ennemis, je sais les armes, le tranchant, je sais aiguiser le mot et émousser la bouche, je sais ce que vous croyez voir dans la nuit : le vieillard qui se trâine en guêtres avec sa mine blême et blafarde, qui jette des respirations dorées sur la neige, le vieillard que vous applaudissez comme un danseur de cordes, que vous célébrez quand il se lève. Ce vieillard c'est indistinct l'aube, le jour, c'est tout ce qui est lumière. Lumière pâle qui ahane dans le ciel, poumon tuberculeux qui expire des miettes.