Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
5 novembre 2010

Mirjam La personnifiée

fais attention à toi, je suis très sérieux, mon amour porte un costume et son col est raide, droit, fier, fais attention à toi. Tous les matins, il déclare, et se regarde dans le miroir pour recoiffer ses gestes, pour ordonner ses intonations, son salaire ce sont tes larmes, celles là oui, et la suivante, et le torrent festif des autres. Je l’ai prévenu, je la préviens encore. Mirjam, s’il te plaît, c’est un miracle de supporter mon amour et d’en triompher, un trophée que l’on peut ériger comme la tête de Méduse « Il m’a aimé et j’ai survécu ». Ceux qui n’ont pas d’amour habitent dans la nuit, c’est un gant pour le crime. Ce sont des putains. Pardon Mirjam tu es une putain, c’est vrai. Tu as un visage de muette, ce que tu dis a un poids, une valeur, ce ne sont pas des breloques aux petits avantages, tes mots ont des petits pieds de danseuses et des jupons gris. Tes jambes sont deux rivières d’argent. Tes mots je les mesure dans une pipette et je les mélange dans ma tête pour fournir à ma bouche des chimies aux dards fatals. J’ai aimé Wendy, elle en est à demie-morte. Ce n’était pas ma faute. Elle avait la mort en elle, elle avait tout ce chaos formidable au creux de la bouche, ça se tenait là, c’était un ulcère ou une fleur, oui une fleur. Mes mains étaient chaudes, chaudes quand elles s’aventuraient dans son marécage : ses yeux. C’est la Hongrie mais Mirjam tu sens la Belgique, tu parles la Belgique, je vois Wendy quand tu me racontes les hommes et le désir, quand tu me racontes la bouche que tu as au ventre et ses volontés infernales. Wendy est morte dans mes bras et si je ne l’ai pas tuée je l’ai regardée mourir en riant. Elle me suppliait des yeux, son corps disparaissait dans des bans de sable dérobés sous son corps immobile. Elle me suppliait et je riais, je lui disais « suce » et elle suçait alors qu’elle se noyait. Elle est morte, tu sais ? Morte, et tous les matins je me lève un peu en avance pour me recueillir sur elle. Je lui raconte comment je vis, comment je porte son souvenir au milieu des blessures de mes vingt ans, je lui raconte que la flèche de son amour était douce. Wendy est morte, mais je ne l’ai pas tuée, elle avait la mort en elle, comme une fleur que ma main attentive et injuste a engendré en prairie. La mort était un arbre et mes attentions, mes haines, ma jeunesse en ont fait une forêt. Le cœur de Wendy, le corps de Wendy c’est Cologne. Depuis tous les matins, je pose ma tête contre un mur de pierre, et je lâche cinq larmes du poids d’une vie, cinq larme comme autant de pétales jetés au bas du cercueil, cinq larmes d'un œil ouvert comme une main. J’en ai volé des choses avec orgueil qui me trouaient les poches de leurs poids et de leurs nombres. Je n’ai jamais eu honte, jamais dit « je ne volerai plus jamais » mais j’ai été complice du cambriolage d’une existence et le remords m’enfonce en enfer. Il a répandu des sables mouvants sous moi qui me drainent, lentement. Je ne peux pas assumer le poids d’une vie. Je ne peux pas assumer la mienne, même.
Publicité
Commentaires
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 389
Publicité