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10 mars 2011

Répète avec moi.

 

"ne cesse jamais de vivre, crie ton prénom". Imprime sur les cartons d'invitation, au revers des manches blanches, ton prénom, qu'il claque contre le vent, contre le palais, qu'il fonde sur les regrets, sur la langue. C.. Crie-le. Qu'il s'éclate contre les bouches qui vous écoute, qui vous lis. Contre vous. C.. Crie. Crie ton prénom. Crie-le aux assassins, aux oiseaux. A ceux qui posent des questions. Ton unique réponse. C.. Comme la liberté, criez votre prénom. Et surtout, ne cessez jamais de vivre, ne finissez pas les yeux morts comme des étudiants en droit, comme des banquiers, gardez vos nombrils fiers, vos cils panachés, gardez l'aube et l'émotion ailleurs que dans le lucre, le stupre, que dans les discussions, gardez en vous assez de sensibilité pour vous asseoir la nuit dans un parc, sous l'odeur chancelante des arbrisseaux toussant la croissance. Gardez assez de légéreté pour ne pas croire que la douleur impatiente, qui se presse à vos lèvres, est une méchante ennemie, traitez la bien, elle vous donnera des images de maternelle. Ne finissez pas, dans des robes de soirée, dans des complets idiots. Soyez brillants, et différents, mettez des chaussures sèches, sautez dans l'innocence radieuse qui vous lustre les paupières. J'étais très intelligent, avant, on m'avait diagnostiqué l'intelligence, oui, comme une maladie. 146 de QI c'est extraordinaire. On ne se rend pas compte, on ne se rend pas compte. Le sommeil interdit. 146, c'est la vitesse que je veux atteindre, c'est le nombre que le sommeil ne peut pas casser. 146. Vous imaginez. 146. J'aurais pu. Faire toutes leurs choses étranges et bizarres. Tu te souviens. Louis Le Grand septembre 2006. Tu te souviens, l'impatience au lycée devant les cours trop lents. Le sommeil qui venait dans la révolte. 146. C'est interdit, 146. C'est trop, ça abime. 146 c'est l'allergie au repos ; 146 je ne sais pas le goût de l'effort. Je n'en ai pas besoin. 146. C'est comme Marie, qui découvrait dans ma chambre ce papier du psychologue, et qui me disait horrifiée « pourquoi tu ne le dis pas ? Pourquoi tu caches toujours tout, l'écriture, l'intelligence, tu es secret, tu me fais peur ». Alors voilà, je t'écris les pleurs Marie.

Je t'écris souvent et même toujours. Je te vois, c'est un peu la même chose, sauf que nous écrivons ensemble. Je suis comme le rocher qui coule, toi tu comprends, et tu te tais. Chercher les mots pour épater, pour les entendre te dire le talent. C'est amusant, ce n'est pas sérieux. Le talent. Le talent ça veut dire « adieu », ça veut dire « différent » ça veut dire « incompréhensible ». A l'intérieur, les vagues ont effacé les marques de tes dents, je suis en pleine fugue contre moi même. Et c'est pour ça, que je suis là, avec toi. Les choses qui n'ont rien à faire là. Parfumé aux détails. Allongé sur le plafond dans un square de la rue du Commerce où j'aimerais écrire sur ta peau Je suis comme l'enfant qu'on frappe avec un seau de plage, j'essaie d'oublier les mots. On frappe le crâne et le sexe. On voudrait faire des châteaux, alors on frappe, frappe, de sable et d'amour. " C'est injuste ". Oui, c'est injuste Marie. Une chienne agressive à plaindre, qui aboie à la porte. Comme ce dernier matin, où j'hésitais entre un éclat de rire ou de sanglot, mais un éclat tout de même, comme du verre, du sable dur, ou des feuilles de couteaux, des couvertures de rasoirs. Je tente de m'étouffer avec un noyau d'abricot, il faut que je l'oublie, il faut que j'oublie l'écriture. Plusieurs fois je l'ai abandonnée dans le fond d'une forêt, et à la clairière je la retrouvais, avec son innocence de petit-poucet. Une peau de lait battue. Quand tu as ouvert les bras, caressé mon épaule et pris mon visage entre tes mains, tu n'as pas senti, toi, les buveurs d'absinthe de 20 ans qui logent dans le creux de ma poitrine. Tais-toi, là tout de suite, je t'aime. Tu le sais. Merci. Un ami m'a dit un jour " tu " et depuis je. Comme toi. Comme eux. S'ils me lisent, tant pis, ils me prendront pour un fou. Tu sais, cette année, pour la première fois je n'arrive pas à retenir ma haine pour mes camarades à l'Université, je n'arrive pas à dissimuler la colère. C'est encore le « 146 ». Comme un numéro de chambre. Si l'on me met à l'asile, je veux la chambre 146. Je pourrais dire "mon intelligence je la décroche, tous les matins, je la dépose dans ce carton, dans ce chiffre là, vous la voulez ? on peut y entrer"Ce chiffre qui sonne sur mon front comme celui de la bête. Pour la première fois, je crois que l'on peut voir autre chose qu'une différence, qu'un léger décalage de moi. Je retiens l'intelligence, pourtant. Je te jure. Je n'allais pas en cours et désormais que je m'y rends je n'en écoute aucun, je ne lis rien qui nous concerne, je traite en me moquant de tout. TOUT NIER. 146. Toujours 146. Je crois que l'on peut voir ma folie, quand mes cernes apparaissent sous la lumière du RER. Ça me dérange, j'ai l'impression que c'est ma nudité que j'expose. Je n'ai pas trouvé de voiles à mes cernes. Quand je dis « tu as entendu le tonnerre rouler juste derrière nous » et que mes sens me trompent, on doit se murmurer ces choses que je suis un peu fou. Ou juste étrange. Je méprise. Je peux parler avec eux tu sais, j'ai appris la civilité au bureau, à sourire, à répéter les belles phrases. J'ai appris à ne rien faire avec talent. Mais je ne sais pas être courtois, assez. Je pense aux jolies filles qui m'attendent, à la sortie des trains. Je pense aux Samedi où je vois enfin de charmants visages, qui ne me demandent rien, mais qui m'embrassent. Des boissons de ta tendresse particulière quand tu dors là, sous, sur, en moi. S'ils me lisent, tant pis, je pense " tant pis ". Je me sens plus propre quand j'écris dans un parc. Il y a des gens qui ne devraient jamais me lire, comme eux, jamais. Certains le font, pourtant. Je fais comme si je ne savais pas. Et eux font pareil, comme s'ils ne lisaient pas. Nous n'en parlons pas. Un geste illégal. Tu m'as dit "tu me manques" plusieurs fois au téléphone, tout à l'heure, c'était délicieux, ça claque contre le silence. Puis, tu as dit " c'est étrange la vie, on s'attache aux gens, et puis, plus rien. Enfin, tu vois, rien. On s'attache trop fort et on souffre". Là, je t'ai trouvée niaise. Un hurlement. Quand j'aime, je deviens un hurlement. Des cheveux perlés de vin tiède et odorant, comme une odeur de sommeil, un chemisier déchiré. Lis, je prononce T-O-U-T. L'éclipse. Tout oublier. Tu dis "c'était vraiment bien", moi j'essaie de ne pas le dire. Oublier ces jours. Ne t'excuse pas, je connais ta colère même si je la déteste. J'essaie de la contrôler, ta colère et moi, ta colère en moi. Quand j'étais plus jeune je voulais écraser les passions qui passaient près de moi, dans l'eau, tu te souviens ? Papa déteste la femme qui passe à la radio, il éteint, je frappe au carreau. Alors mordre, les déchets marins, le sel qui coince. Des cuisses longues comme des désirs inavouables, on ne peut pas, intouchable, irrespirable. La chienne se jette sur moi, je suis un jeune homme galant, qui invite à danser le désespoir. Le vin me coule sur le menton, Marie je t'aime. Les coquillages suent. Méduse. Marie. Je ne voulais pas partir, tu le sais, mais ta mère attendait. Ta colère, tes pleurs ce matin là. Comme un corps qui apprend à nager. Ils ne comprendraient pas, s'ils me lisaient, tu le sais, non ? Ils comprendraient pas. " Oui, et alors ? ". Non, vraiment, ils ne comprendraient pas. Oublier, c'est tout. Ca passera, tout passe. Nos corps et l'amour. Nous sommes un théâtre de Bastille. Un Paris sans Lac. Je suis désolé, parce qu'Amandine m'a proposé de boire un verre avec elle. J'ai dit "J'ai envie de toi". Elle attend, depuis. J'aurais pu être désolé d'avoir de telles manières. Laine. Tenue élégante de fin de soirée. Dormir avec toi. ça passera. Sans importance. Je te dis " sans importance ", ne l'oublie pas. Et même. Vraiment, tout ira bien. Aime-moi s'il te plaît. Je déteste cette phrase, parce qu'elle leur ressemble. Aime-moi.

Tu m'as dit qu'on serait bien ensemble, tous les deux, à la maison. Que tu me rejoindrais, en Hongrie, parce que tu ne veux pas rester avec les Grands-parents et leurs habitudes de petites morts. Tu viendrais, là, me rejoindre, dans cet appartement, trop petit, trop calme, où je me cognerai la tête en dansant. Et on évitera, d'accord ? On évitera, les questions. Et l'amour, tout ça. On évitera d'arracher les yeux. Parce que ça parlera, de tristesse, de rage et d'amour. L'essentiel, c'est ta peau, dans tous les endroits du monde. Ici. Aussi. Je descends à la cave et je vais chercher un trésor. C'est parce que je connais trop les mots. J'aurais du ne pas sourire, quand Maude a dit "je pars à 4 heures du matin". Je n'aurais pas du m'arrêter à la Gare de son sexe. Et c'est vraiment magnifique, d'aimer comme j'aime, disait Camille. J'aurais pu ne pas. Et surtout ne pas commencer à écrire, peut-être alors qu'aujourd'hui je vivrai comme hier, hier, c'est eux. Tout ce qui est passé.

Je t'aime.

 

PS : Mais tu sais Marie, je ne les hais pas vraiment, je le dis seulement pour faire rouler des yeux à ceux qui lisent. Je les aime bien, tout au fond, je les aime bien. Ils savent comment faire, maladroitement, avec leurs corps et leurs intelligences. Ils savent exister et je ne sais que vivre. Si j'avais été beau, peut-être n'aurai-je jamais écrit une ligne. Peut-être n'aurai-je jamais caressé ton beau front, et tes yeux de pierre. Le talent, c'était pour remplacer le visage, tu te souviens ?

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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