Diane décimale.
Il y a longtemps.
Mes gestes, mon impatience, ma frénésie et cette façon de dire « je t'aime » presque pour se venger. Voilà, à quoi l'a réduite mon geste, un objet brisé, un souvenir J'aimerais que tout le monde comprenne, tous ces gens là dont je sens l'haleine de spectateurs et les yeux sales, tous ceux-là que je reconnais et qui n'ont pu empêcher le rire de borner leurs lèvres. Je veux la croiser pour un vertige de pleutre c'est vrai, pour un précipice en trompe-l’œil mais je n'espère rien d'autre que la croiser, si la folie devait lui percer les tympans, si la démence devait lui animer la bouche et que, rompue de délire, trompée par un cœur devenu malade, elle s'écriait « je t'aime » moi du même pas je la fuirai, ma main gesticulerait du même au-revoir qu'aujourd'hui et peut-être même moins victorieusement exécuté.
Si l'on me demandait "qu'a-t-elle de plus que les autres ?"
Je répondrais "son absence".
Tous les parfums l'esquissent. Je reconnais là un octave de sa voix, là une déclinaison de son soupir, je reconnais une mèche de ses cheveux dans le soleil marié à mes yeux. Je marche pour oublier, et plus je marche plus je m'éloigne du danger. Et de la vie ? Et de la vie
Je suis un lâche. Mais je refuse sa présence, je refuse le mépris de la vie, et le délire de la voir jetée contre moi. Et pour quoi faire ? J'aime son absence, je n'aime que ça. La voir déformée par son exactitude, réformée par la laideur précise de son théorème de voix, de cheveux, de centimètres et de poids.
Seulement...
Il manquera toujours, à cet adieu, à la plénitude de cet adieu, un baiser, une caresse, la moindre tendresse muette, toujours suspendue entre nous, mais jamais consentie, toujours retenue et finalement...gardée. Je suis trop plein d'un baiser ; celui que je te dois.