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6 mars 2011

Quand je quitte les draps de la nuit, je m'abandonne moi-même.

Yan me dit "encore un mannequin ? C'est lassant, à force".

J'ai honoré Marine de mon désespoir.

J'écris sur un carnet. Sur de la chair. Je me souvenais mal, la douleur d'un poignet piégé dans la forme de l'écrire. Je suis assis, au quelque chose rue Blomet. Je distingue mal les chiffres avec mes yeux soûls. Quand un passant, avec son haleine fatiguée d'alcool, me demande ce que je fais ici je réponds avec mes lèvres violettes, où les dents de Marine font des marques : « J'attends les mots ». Je rentrerai à pied. Je traverserai tout le quinzième. J'irai chez Maude, je sonnerai, je dirai qu'il et l'heure de s'oublier.

Il y a des corps qui ne prennent pas dans l'écriture. J'aimerais tellement parler de D. Je crois qu'il y a des passions qui prennent du temps à s'éteindre.

La nuit me complète, j'avais envie d'un ventre dur où me cogner le visage, j'ai envie du corps de Clément dans la mer d'Hardelot, dans la mer du Nord, j'ai envie de son corps, qui s'en va loin, et que je ne vois plus, j'ai envie de cette peur là, de cette noyade là, j'ai envie d'un visage de gardien. La nuit me complète. J'ai envie, de l'odeur du bonheur de D, quand elle courrait après son futur, qu'elle attrape déjà, dans ces rues nocturnes de Paris. J'ai envie de cette course là. Pour trébucher. J'ai envie de cet oubli là. De cette douceur secrète. J'ai envie des souvenirs. Je voudrais effacer, cet image du front de Violaine qui se cogne sur le trottoir, d'oublier cette chute du corps, d'oublier cet évanouissement en pleine nuit, d'oublier mon immobilité, et ce bruit, ce bruit d'os et de béton, de soleil indifférent. Je suis inaccessible à la réalité, et ça me tue, ça me tue, la vie n'entre pas dans moi. Des mots me viennent, comme la nuit me complète. Le corps est interdit, je le dis "le corps est privé, il est le sujet du cri, le sujet de l'étourdissement, il danse dans l'offense". J'ai envie de la nudité de Marine comme un crime. Pauline donne rendez-vous, elle sait que je ne viens jamais, trop de peur. Je suis l'enfant qui compte ses doigts dans un miroir cassé. Je suis la peau de glycine. Et j'essaie, vraiment, j'essaie de ne pas parler de D, quand Christine vient me voir. Quand elle dit "tu me salis, je veux mourir aussi pure que je suis née, tu me salis, si je t'aime ça ne regarde que moi, si je t'aime je ne veux pas te donner des prises sur moi pour que tu me fasses du mal ". J'essaie de dire que c'est extérieur. J'essaie de dire que je me protège. Je voudrais comprendre le sommeil, quand j'entends ses bruits dans la nuit, quand, obsédé, forcé, caressé, choqué, j'entends ses bruits, de clown mort, dans le cirque de mes obsessions. Quand dérapé, je me prends dans ses pieds. Le sommeil, que je ne comprends pas, que personne ne m'explique. Le sommeil a des veines calcifiées. Mais quand je croise le silence, il fait semblant. De ne pas me voir. De ne pas m'aimer. Le sommeil dit que je suis un enfant compliquée. Et quand il me voit là, poitrine nue, quand il me voit, rire et évoluer dans mon corps, il dit que j'ai un corps fatigué. Il dit que je devrais. Tuer. Il dit. Timide Pudique. Et inquiet. Mais Compliqué. Égoïste. Qui ne sait pas, qui ne comprend pas. La nuit dit des mots. Fraises des bois Mélodies des forêts Etendue de mots. Effondrée. Effondrée. J'imagine que le sommeil dise qu'il a du mal, que ça ne rentre pas. Chaque fois, ma main qui écrit, ça n'est pas romantique. C'est un bateau en papier. C'est un bateau sans ports. Sans marins. C'est un bateau qu'on regarde. Mon écriture vient de la violence des yeux, qui gonflent. La nuit me complète. J'écris dans un coeur amoureux. Et je ne sais plus. Penser à elle, ou lui. Je ne sais plus. J'ai toujours besoin d'un objet corporel, pour me tenir chaud. Toujours besoin d'aimer. Et je pose, mon pied, ma bouche, ma tête, sur vous. Laissez-vous faire. Je vais vous décorer de mots. La fatigue dit qu'il y a une chute dans l'écriture, comme une main qui ne reconnait plus. Là. De toute mes forces. Quand j'ai jeté mon verre d'eau à la figure de Sophie, et que j'ai crié "Ce n'est pas moi, qui ai écrit ça". Personne ne peut savoir. Là. Ce n'est pas moi. Le bateau ne coule pas, dans le bain minuscule du parfum du désir. Dans le bain, je pourrais toujours, mouiller le papier, il ne coulera pas. Quand j'avais 8 ans, un bateau en papier, et depuis, l'eau est trouble. Depuis, j'écris. je dis "Bourgeoise". J'entends Grieg, pour attendre le matin.

Au bord du trottoir, la patience des pêcheurs, sous l'arc de la nuit pour piéger les muses blêmes dans leurs robes d'anathèmes. Quand je passe sur les quais de Grenelle, j'ai toujours une hésitation,la voix de la vase de la Seine, qui me dit « viens voir, là, viens voir mes yeux bleus, souterrains, perdus, viens voir la rumeur de mon désir ». Je retiens mon corps. J'ai écrit un jour, le destinataire m'échappe : « J'aime me perdre. Être ici m'est insupportable, c'est irrémédiable, sans solution. Toujours être quelque part, comme un nécessaire espace approprié, pas dominé, approprié, partout maquillé, recouvert d'un papier peint gris pour s'essouffler de ce cri pâle « Enfin, le paysage ressemble à mon futur : froid et gris ». J'écrivais, je crois, «Être quelque part, c'est être en prison dans une certitude, c'est savoir l'odeur ignoble de l'habitude, sans les plumes colorées des aras, sans les parfums ras des mousses d'hier ».

Je distrais Marine avec des mensonges : « ton visage je le trace dans les draps, avec toutes ces monstrueuses félicités, avec Cyrielle et sa voix d'accent circonflexe, et ses mains de couteau. Je disais, moi je suis né déchiré. Personne ne peut savoir. Je me souviens si loin dans ma vie. Je me souviens si loin, que j'ai tout fait pour oublier. J'ai voulu blessé la mémoire. J'ai voulu l'abimer. Je ne sais pas. On me disait. Vous êtes intelligent. Il faut voir ce que l'on peut faire, comment ça se monnaye. Je me souviens. On m'a dit un chiffre : 146. 146 c'est mon intelligence. Je vous la vends. Ça vaut des cris, de la nuit, ça vaut des mots, de l'écriture, ça vaut un adjectif « malade » »


Quand je croise Anthony, il me dit "Je suis heureux quand je me souviens que tu ne crois en rien, quand Lucie arrive essoufflée dans ma chambre avec un de tes livres qu'elle me tend et sur lequel je mets du temps à reconnaître l'anagramme de ton nom, et que je lis ce que tu écris, que je lis ces choses horribles, belles et horribles, je suis heureux quand me souviens que tu ne crois en rien. Si tu croyais un peu, si tu étais fabriqué avec un peu d'espoir je devrais te dénoncer. Parce qu'autrement, si tu croyais en quelque chose, tu poserais de vrais bombes, qui feraient de vrais morts. Si tu croyais tu ne te contenterais pas de placarder des insultes sur les portes en bois des filles que tu as aimées, que tu as oubliées. Si tu avais des idéaux, si tu avais un peu d'espoir, j'aurais peur, peur de sentir ta haine devenir visible. ».

 

Parfois on s'étonne :

  • Pourquoi se tuent-ils ?

  • Parce que ça ne partait pas !

  • La douleur ?

  • Mais non. La vie. La nuit dans moi, dans eux. C'est bien trop long. En vingt ans j'ai fait tous les véritables voyages, j'ai fouillé des mers insoupçonnables, j'ai creusé des vertiges avec les ongles, j'ai posé ma langue sur des corps irréels, sur des corps qui s'arrachent du fantasme, sur des corps qu'on tire des marbres d'idées. En vingt ans, j'ai écrit tellement de pages vingt mille pages sans aucune plainte, vingt mille pages pour me tenir droit, je mérite de mourir, je mérite, j'ai fait assez de pages pour m'offrir un couffin ! J'ai vu l'écume vive recouvrir l'écume morte, et l'écume vive remplacer l'écume morte, prendre sa place dans la tombe du sable, dans les quartz luminaires, coupés en quart d'éclats, de platine, de plages. J'ai vu la crête des vagues s'essouffler, rompre, feindre, imiter le départ, le bruit des cavaliers attiques, j'ai entendu des orateurs sacrifier Hélène, Hélène et son vieux corps usé par trente ans à pleurer, trente ans depuis la première larme. C'était trop long, d'attendre, trop long, ce rendez-vous à la place de l'horloge, trop long ces gens qui ne comprennent pas ce que ça veut dire vivre, et s'il faut arriver au bout de la démonstration, il faut mourir. Il faut montrer avec des raisonnements plein de métal, de logique, avec des exemples aussi ce que c'était que vivre. Attendez, j'arrive au bout de l'argument, je finis de le dérouler. C'est un intestin plein de digestion. Je meurs, je meurs, je suis impassible comme une écluse, la vie ne me franchit pas. Je la garde pour tous les autres la vie, j'ai accumulé, accumulé, je suis l'entrepôt, le sédiment, le coffre. Je suis le fond de l'Univers. Où la douleur a pris son visage. Elle m'a offert ce cri, elle m'a offert cette gueule ignoble, remplie du charme inquiétant qui a fait succomber, les mots, qui a anéanti trop d'amoureuses.

Je suis dans l'interdit, dans l'issue. Je suis dans le secours de mon amour. Je porte mon amour, comme une femme porte son enfant. Ne me fais pas confiance. J'ai les épaules fragiles. L'enfant est lourd. Je suis dans l'interdit, de te dire, que je ne suis pas. Que je ne suis que le support. Des délices que tu m'offres. Je suis dans l'apparition. Ma peau est impatiente. Elle n'existe pas. Je suis l'issue. Le secours. D'un amour, le notre, et tu ne me connais pas. Je suis ton audace. Je crois que c'est ma plus belle définition de l'indécence. Je suis le corps qui dit non. Le corps de la plus insoumise des souffrances.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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