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boudi's blog
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19 mars 2011

Où veux tu que je regarde.

Tu sais ma Camille je pense de plus en plus sérieusement à mourir. Je m'imagine écrire sur le deuil de mon corps "Ma jeunesse c'est toute ma vie, les voilà qui prennent fin ensemble". Je meurs sans haine, sans douleur, sans tristesse, je meurs de ne pas vouloir imiter les vies des passants et je devrais dire, pour les qualifier des "gisants". Ils sont immobiles. Parfois, sur un visage tragique, je fais glisser un de mes sourires niais. Parce que j'y vois quelque chose que le visage ignore, une ombre qui se tient là, inquiète, et qui s'en ira bientôt faire ses tragédies ailleurs. La douleur est le clandestin de ce siècle d'infortune. J'ai les nerfs qui dépassent, de partout, lorsque l'on me touche je me sens assassiné, meurtri, abîmé, lorsque l'on me frôle pour la caresse ou la frappe amusée de l'impatience, toute ma chimie se bouscule pour déchirer la chair. J'ai mal, mais ce n'est pas pour cesser d'avoir mal que je meurs. C'est par ennui. Je ne le ferai pas tout de suite. J'ai de menus plaisirs encore à dévorer, j'ai Amsterdam dans la bouche de Wendy le souvenir à faire durer, j'ai un amour à oublier. Je vais préparer autour de moi lentement la foule bavarde, je vais dire "je n'en peux plus de la classe, il faut que j'aille dans un pays étranger, dans un pays froid avec des doigts d'os, où l'odalisque jaillit de l'habitude". Je ne dirais pas "je meurs, je meurs comme un printemps qui s'en va".Je dirai "je m'en vais trouver mon destin". Etroit destin. Tu sais, ma Camille, je suis toujours le même, j'ai ma naïveté d'enfant, et mes rires qui habitent mon visage. Je ne veux pas que l'on voit les dessins de la tristesse sur mes traits religieux. Je veux que l'on ne voit qu'en tant que cynique imbécile. Le reste est trop lourd à porter, le "je" n'a pas la réputation qu'il faut. Trop lour de cuir, trop honnête il faut du synthétique, de la personnalité en nylon qui sort de la même fabrique. Je suis las des images répliquées, las des voix semblables qui n'ouvrent que sur des murs obstinés. Las des ambitions gargouillantes comme des borborygmes. Je polis mon silence, je voudrais faire de mes retraites intérieures des oeuvres. J'écrivais "je cherche le droit de mourir, pas un droit qui serait une prescription légale, mais un permis de trépasser". Ma minuscule gloire m'y autorise, je pourrais faire des miracles en littérature, trouver de nouvelles sources et forer avec mes délires les pierres que l'on croyait invincibles. Mais je ne veux pas. Je sais, je peux creuser l'air et le temps, et je préfère soulever la terre d'une tombe. Ce n'est pas triste, je meurs d'ennui. La bêtise ordinaire. J'ai appris avec regret, aujourd'hui, que je pourrais vivre de mes livres. Avec regret, parce que je n'entendais la littérature que comme le plus ultime des sacrifices, celui qui jette dans la misère des prisons, dans le cloaque infâmant des mendicités. Ce ne sera pas mon cas. C'est comme toujours, j'ai quelque chose de plaisant d'être un individu aussi répugnant. Tu te souviens "je suis très délinquant, très morveux, pas au niveau d'un Genet mais je me débrouille dans l'immoralité". Je m'y débrouille juste assez pour que l'on cherche à prendre un peu de ma voix. J'ai mes plagiaires, mes fans (une page sur facebook pour le pseudonyme qui atteint les mille membres) je suis le petit scandale permis, la petite chose qu'on aime, je dérange autant qu'un rappeur. C'est à dire pas du tout. Je peux gagner de l'argent, et je ne veux pas. Je veux écrire au détriment de moi-même. Tout identiquement, j'accepte avec douleur que l'on m'aime parce que j'écris mais je me refuse à écrire en propre à un individu, à lui adresser sous mon nom des mots amoureux, pour la faire ployer, traité en vulgaire plante fade. J'aime, trop désespérément mes amantes et la littérature pour sacrifier l'une à l'autre.

Ma différence, je la reprends, voilà tout. Je vais dans le sommeil sans cauchemar. Ma Camille. On ne me lira plus. Ni lui, depuis son Arabie ensanglantée, ni elle depuis son BlueBerry, ni toi depuis tes yeux violents. Pas tout de suite, promis. Je ne veux pas que l'on soit triste de mon absence, je veux tout leur reprendre de moi avant, jusqu'à la douleur que j'exhale.

Je suis désolé de ne savoir aimer que comme un torero.
Je t'embrasse sur les yeux
Ton petit feu toi.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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