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13 février 2020

Des goûts.

Le frôlement de l’alcool, je me l’épargne depuis deux semaines et demies aujourd’hui. L’alcool n’est pas pour moi une dépendance particulièrement marquée. Son absence ne me pèse pas, j’y pense parfois, l’évoque et deux semaines et demies pourtant passent. Pourtant, j’écris ceci a alambic où circule le mot-ferment. Qui n’est alcool d’aucune sorte.

 

A l’ivresse, lorsque sa possibilité se présente à moi, je ne résiste pas. Aussi et surtout du refus, absurde exercice, de retenue et de tempérance. 

Regardant avec dépit celui et celle qui se donnent à peine le mal de mer, disant, avec ridicule je suis pompette. Le mot même dissuade de se maintenir dans l’état de ce mot là. Pompette et que peut-on dire de pire parlant de soi-même. Pompette et l’on a entaillé profond, profond, l’estime à porter à soi-même. Pompette et je croyais désormais la honte et l’humiliation choses révolues et pourtant ce mot là les concentre. Pompette.


Je vais plus loin, dépasse le mot pompette, loin, l’évite même.

J’ai goût de l’aventure et des Amériques, je crois que sûrement, Collomb et la bande traversèrent autant l’Atlantique que des tempêtes de rhum.


A l’alcool je pense cependant douleur, ni atroce ni petite, ni frustration autre que celle énoncée à mes proches pour la farce et l’attitude lorsqu’eux boivent.

 

Ce week-end, sans le remarquer, je suis demeuré à la maison, dans la chambre, passant au salon à l’heure des repas, à la cuisine pour remplir ma bouteille d’eau, dans le bureau, un peu, pour ouvrir Là de Robert Creeley. Mais dans la chambre surtout. Inutilement immobile, attendant que le temps passe.

 

La coutume était de faire la fête et danser jusqu’au matin deux jours par semaine et voilà que, sans alcool, ce désir et cette habitude s’éteignent, exténués, indésirés. Devenue, la fête, consubstantielle à l’ingestion sur le comptoir des alcools forts ou des cocktails parfumés.

 

Sans alcool on peut très bien s’amuser, aucun doute à ce sujet, mais je ne le veux pas.

/

Ce par habitude et pour le goût du désordre que j’affectionne tant.


La nuit, ces nuits là, je ne me change pas autre mAais moi-même extrême et très indifférent. Trouvant grâce Ce geste, retenu, sobre, non par pudeur et peur, mais par la maladresse excessive des non-hallucinés.

On trouve dans l’alcool harmonie ignorée : niée par trop souvent. Sorte d’adéquation temporaire entre le geste et la pensée. La forme et le reste.

Des autres, alors, je m’indiffère. Pas du genre à 

me fendre de grandes déclarations d’amour envers les potes et les anonymes rencontrés dans le hasard des rues ou des miroirs.

Je ne juge pas qui prend ces pentes. J’ai d’autres chutes, recherche d’une forme de silence - le mien.


Quelques inconnu-es me parlent et je leur demande, souvent, de ne pas le faire. Sans morgue, en souriant. 

 

Si je vais au fumoir, seul lieu souvent où l’on s’entend, c’est pourtant davantage pour être vu, être avec les autres, que véritablement y fumer ma cigarette. Ce n’est pas être avec les autres mais près des autres.

Dans ce lieu là s’est inscrit quelque chose de très rituel et très ordonné malgré l’état de dépravation dans lequel je me trouve.

Je sors, avec délicatesse mon paquet de sobrani, cigarettes colorées, qui s’ouvre comme, du temps d’antan, la boîte d’étain où les cigarettes brunes poliment se rangeaient.

Puis j’insère la clope au bout doré dans mon porte-cigarettes, dont je ne manque jamais de préciser qu’il est en argent, serti de grenat, depuis la main d’un artisan d’Erevan. Souvent c’est la seule parole que je prononce.


Près pas avec.


Puis, c’est au tour de mon briquet saint-laurent ou des mes allumettes du Ritz de produire de mon geste la flamme finale. 

 

Lorsque Catherine s’approche de moi pour me demander mon prénom, K. s’agace et s’exclame « mais en plus ça marche » non que l’enjeu d’être regardé soit d’être ainsi abordé puisque je ne souhaite pas converser. Pourtant cette situation m’intéresse pour la sorte de sexisme de K. qu’elle éclaire. Où les femmes, encore, se conquièrent par artifices, trucs, que tout geste soit geste de cette finalité. 

 

 

La promenade de mes doigts, le mouvement du porte-cigarettes à mes lèvres, tout le rituel concerne autant mon libraire, Julien, que Catherine ; ma soeur que ce type d’1m90 qui m’aborde pour médire des grévistes, croyant, sûrement à la vision de mon apparence que macère en moi la même mauvaise matière qu’en lui, aigre, tourne, tourne.

 

(en boite de nuit je me méfie toujours des hommes en chemise et je vous conseille de faire de même. On les décompose en deux types, ceux très ivres dont on peut imaginer qu’ils fuient je ne sais quoi et portent mal la chemise, accostent bruyamment et méchamment les femmes ; les autres, toujours sobres, au premier cocktail, l’oeil toujours pernicieux et perçant, en chasse et répugnant. Ceux-là ce sont les pires, vautours voyant en la femme très ivre, charogne. Méfiez-vous de celà)

 

Errance. C’est au milieu de ces visions, moi (pour)suivi avec érotisme ou sans, que je me déplace. Je n’existe que sous ces lumières cernées, peintes ou pas, ébahies ou non.

(je suis un effet d’optique)

 

De moi je suis assez satisfait mais je n’y prête pas une grande attention et ceci fait partie de mon jeu. Faire croire à ma très grande habileté au soin extrême de ma démarche, on croit mon négligé chic et ce n’est que négligé. Mes chaussettes ont des trous aux extrêmités.

 

 

(suis-je sauvé par tant de cris auparavant passés, de ces nuits sans sortie, errant petit chien perdu, suis-je sauvé d’avoir expiré, au final, dans les cris, les larmes tout le poison qui me hantait, déguisait ma gêne en arrogance, me faisait passer pour tout autre chose. on parle souvent de manque de coordination pour les maladroits faisant sur leur passage tout déchoir et j’étais en ceci disharmonique me présentant mal à cause de la grande peur en moi et mon apparence trompeuse me faisait subir des autres ô les quoilibets )

 

Avec l’âge j’ai acquis une grande aisance sociale qui fait ma mise en scène la plus désintéressée du monde. Son objet et sa destination ce sont les yeux et mon paraître. Je m’arrête à ce rebord là, il me constitue pure matière, pure Apparence. 


La très grande confiance qui m’anime diminue d’autant le sévice de ma prétention - je suis ce que je prétends. 

Je me démontre en m’exposant. J’existe, ainsi. Je suis lumière trompeuse, comme très souvent les choses passagères, et la foudre impressionne par la brièveté de son éclat

 

Pour rire, en dehors de la fête, je proclame souvent que je suis devenu de la plus totale superficialité ne m’intéressant désormais qu’à mon extérieur, mes yeux peints, délicatement, au crayon noir, relevé du geste épais du mascara. De cette grande farce moi aussi je suis le joué, le dupé, cette extravagance à moi même piège ô étreinte de mon foulard rouge en soie tout autre chose multicolore.



Et puis quoi ?
Je ne veux excéder ma forme physique. Face aux intellectuels et aux débats intelligents et rigoureux désormais je m’ennuie. Je les trouve artificiels et inutiles. Sans extase et dévitalisé comme les dents très mortes - et les matelots atteints du scorbut en savent quelque chose, ce sont les pires, ceux qui débattaient sûrement sur le Santa-Maria de la légitimité de la monarchie espagnole.


Lorsque très heureux je me disais matière.
Je m’espérais alors, et je vous souhaite un jour de connaître le même espoir, étendue de peau pouvant absorber sur une plus grande surface tout le vent vivant.

 

 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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