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8 juillet 2009

Capharnaüm

Je suis un impotent, j'ai le rapport social sous tutelle ET curatelle. Tu vois, moi, si je suis un bookaholic c'est que les gens ne me suffisent pas dans leur immense médiocrité qui tinte dans le vide. J'ai besoin de personnages, d'individus forts de résolutions et faibles de spasmes, qui sont là, tremblants, lâches mais puissants. Que les mots, les mots les circonscrivent, les dessinent en pleins et déliés, en creux et en entiers. Ce sont des chiffres qu'aucun comptable ne peut retenir sur sa calculatrice, qu'aucune mémoire arithmétique ne peut convenablement identifier. Tu sais pourquoi ? Parce que la littérature, ces personnages, ne sont jamais JAMAIS des code-barre qu'un programme peut évaluer, et stocker en rayon. C'est fou. L'humanité, la matérielle, celle abjecte qui traîne son âme en guêtres sur les pavés de l'existence, se range, s'évalue, se négocie. Elle a une valeur, un "potentiel marchand" pour le dire publicitairement correct. Chérie, t'es une cible toi et tous tes potes, vous êtes des cibles, des larges avec des gros culs et des petits crânes. Et ! Je veux les voir les amantes, les filles noyées, les chaloupes chavirées et les pères impuissants, je veux lire moi des destinées funestes gravées sur du mûrier en scierie. Ce pourrait faire un jeu de mot explosif, un à moustache, bombes atomiques en devenir et même recouvert d'un voile -d'une burqah- d'antisémitisme. C'est facile, ouais, de les voir les coptes ensanglantés et les cooptés ? Ca va bien pour eux ! Oh, j'ai le rapport social camisolé, corseté et pas pour réhausser mes attributs. C'est davantage de l'étranglement esthétique, du bandé sévère autour du cou à vous faire jouir d'agonie. Donc, je raconte une histoire et je me perds, mon écriture est un delta, qui fuit dans tous les sens. L'eau, l'eau de mon visage, de mes lèvres qu'aucune éternité ne saura jamais assécher, retentit quand elle choit. Vous entendez, dans la nuit, ce frisson de solitude ? C'est mon coeur qui tombe sur la pierre, c'est mon être qui retourne la terre inutile et saccagée qui vous engendra, c'est ma plume qui vient déterrer vos précieux morts et violer vos lignées chéries. Je pisse contre tous les arbres généalogiques, j'en scie toutes les branches, qu'il n'en reste jamais que des aristocrates décapités, des "têtes au bout d'une pique". Oui, je suis ça aussi, un barbare juriste sans loi. J'aime le livre, le personnage qui se crée, et c'est avec lui, Werther ou Jean-Jacques, Faust ou Bardamu que je converse. Leurs ombres et leurs dépouilles silencieuses et immortelles ont infiniment plus -et mieux- à dire que le bruit dont se rassasie la foule, et qu'elle colporte. C'est la bonne nouvelle du siècle le bruit. Hé !? Il faudrait l'annoncer sans l'avoir jamais crucifier, le bruit ? Oh. J'aime ce "Oh" qui est une contemplation, des points de suspension sans cordes, sans ponctuation. Je ne veux pas vivre, moi, dans un monde enrubanné de coton, rembourré de poussière d'os, et de satin, je ne souhaite pas transformer chaque immeuble en cercueil, chaque cinéma en cathédrale. J'aime le mugissement des éléments, le pas furieux de l'amant qui vient de retourner Paris pour arracher à sa belle ses yeux, pour jouir de chacun des soupirs qu'elle expirera. J'aime, la musique de la vie, j'y danse. Je suis élégant et gracieux, naturellement, sans effort. Ma démarche suit le rythme d'un clavier bien tempéré malgré ma détestation de Bach cet "ennui symphonique". Je ne refuse pas, moi, à la Terre de trembler, aux plaques de s'heurter, aux corps d'exulter, aux bêtes de se meurtrir en hurlements, que la plume rugisse, que l'homme clame son existence, que le "Je", le "Je" unique, individuel et précieux sorte étourdissant de fracas de chaque faille terrestre, qu'il s'échappe en sanglots des mille abîmes laissées inertes par la foule trop légère pour s'y enfoncer. Chaque montagne doit accoucher d'un volcan en colère. Je l'aime moi, cette musique de la vie, infinie de tons ! Le bruit, lui, est mathématique, il se conjugue à l'impératif, à l'ordre, c'est militaire. La techno, est une marche militaire ! Deux temps, trois maximum. Une Deux, Une Deux, Une Deux. Qu'on ne s'étonne pas demain des instincts de mort dans les yeux des foules, qu'on ne s'étonne plus jamais des vies régies par des chronomètres et des trompettes synthétiques. "Feu". Infortunés que nous sommes à subir le déluge bruyant d'une armée qui se croit civile mais porte l'uniforme. Celui de l'originalité commune. Du bruit commun. La marque. Général, D.J, même combat. Nous sommes des soldats pas des potentiels, pas des en puissance comme l'on est toujours au milieu d'un roman -ce ferait une belle mise en abîme, mais l'évoquant plus haut je craindrai de provoquer la bête couverte de blasphèmes-, nous sommes une armée sans campagne, à peine courroucée des manquements à l'étiquette. Nous sommes tous, commandés au bruit, aux impératifs. Lever. Coucher. Nuit blanche. Du festif organisé, enfermé. La boîte de nuit mais chérie c'est une caserne ! Alors la foule sort, conscrite inconsciente, titubant d'ivresse programmée. La guerre est ECONOMIQUE, c'est le champ de bataille du marché ! Il n'y a qu'à errer Boulevard Hausmann en période de soldes pour s'en convaincre. Le libéralisme c'est la guerre. Sus aux résistants, aux maquisards, que l'on enfume Tarnac, que l'on (vili)pende les résistants. Et. Moi j'ai besoin de livres, de romans, de génies à tutoyer chaque jour. Leur dire, moi, que dans mon ventre je crée. Bonjour je suis Dieu et aujourd'hui j'ai décidé de faire la nuit. Que l'ombre du bois recouvre la terre, avec ses carnassiers jamais rassasiés que sont la nuit et la mort. Mon premier vertige me frappa alors que je gravissais le mot "extase". De son altitude je sentis le sol se dérober, l'Univers se fondre avec le vide. Ma tête tourna, mes joues s'empourprèrent et je divorçai alors du monde. C'est consommé, je suis hors d'un mariage forcé avec le monde. Le monde se décompose en trois strates : la famille, les adversaires (qu'ils soient amicaux ou non), les vagins. Cette dernière catégorie s'estompe depuis que ma plume aiguisée me châtra. Je suis sauvage, je me lèche les plaies où courent de l'eau bouillante. Et mon corps grave, mon esprit lourd s'enfoncent dans les marécages sur lesquels vous autres passez sans les voir. Tous ces sables mouvants, tous ces pièges qui ne se déclenchent qu'au delà d'un certain seul de gravité et que vous ignorez, légers sans grâce. Je dois déployer mille efforts et recourir à des trésors de prévenance pour seulement vivre quand vous passez vous pareils à des feuilles mortes dessus sans qu'ils vous sentent. La vie est un champ de mine et vous êtes un poids inerte, comme le bruit qui vous agite les sens. Si l'on peut encore parler de sens. Vos bibliothèques sont des étals, et vos musées des déchetteries. La littérature me file le vertige ; vous me filez la nausée. Les personnages, les héros, sont grands, immenses, le corps percé de flèches ils ont toujours plus de sang et de lave que vous, dans vos êtres pansés, pansus de lieux communs. Oui, eux, ils vivent avec en travers du coeur des flèches qui traversent la nuit, des flèches serties de plumes grises aux pointes en acier. Et ils vivent mieux, ils vivent plus libres dans les geôles de leurs pages, quand enchaînés au chêne qui les enfante ils s'exclament ! Déclamer, êtres humains, déclamer, faites sortir vos intestins quand vous vous exprimez. Le langage peut, doit être grossier, violent, vulgaire, façonné dans le sperme et la merde. Crachez vos organes quand vous causez, d'un cri, que vos poumons essoufflés, que vos gorges assoiffées se répandent ! Je veux vous voir saigner, voire autre chose qu'une pale lueur vous sortir des veines. Et merde à la fin, il est où le cri de l'humanité, dans quel bois sommeille-t-il que j'aille violer cette belle endormie, que je lui enfonce les dix mille sexe de la littérature dans la peau, sous la chair vulgaire et tremblante. Je veux ça, que tous les bassins débordent d'extasent, les féminins et les géographiques. On ne dira plus "tu" mais "t'" que tout se contracte à commencer par les corps des femmes. Et. Me voilà pris par le tourbillon, par la fièvre, la flamme. Je l'écris déjà, mes veines sont plein d'azote je remonte brutalement de vingt-mille lieux sous les mers, j'ai fait un tour dans la littérature un profond. Et ça remonte, les petites bulles, la pression dans mon crâne, j'explose, je fuis de partout. Monsieur, regardez mes pages sont rouges comme un drapeau de mort. Je suis écarlate, et si ça bout, que je transpire la littérature, que j'en couche des lignes de poésie sur des lignes non tracées, si j'attache aux marges invisibles tous les collabos que je croise, toute cette foule immonde et vendue, c'est un peu que je suis en vie. N'oubliez pas qui je suis, je suis la violence faite verbe, la nuit faite homme. Je descends, moi, c'est mon ombre qui dégaine.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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