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26 février 2011

Mon visage taillé dans le crime

 

 

 

 

Je suis la dernière geste d'un corps mixte, l'orient d'une pureté, le nadir d'un fantôme. Je refuse l'effort, quand il pointe sa petite cornaline grise. Je suis le résidu de l'alliage mis au creuset, l'endroit des réunions secrètes où se montent les poisons. Je suis le corps du complot. Je refuse l'effort, l'abstention du courage. Je refuse de travailler. Je n'ai jamais rien obéi. J'ai fait semblant, j'ai le visage sage. Le visage de celui qui ne ment pas. D. me disait "tu as le visage bavard, il dit tout ton sentiment" j'ai le visage menteur. j'ai le visage insensible, j'ai le visage de l'escroc qui s'excuse, qui se confond et la main de l'aigrefin qui dans les octaves de la bouche descend d'autant dans la bouche à receler.

Charlotte me disait "Tu ressembles à André Breton", et elle disait "ce n'est pas tous les jours un poète avec une vraie tête de poète". Elle gémissait poliment "ah, oh, hi", on faisait l'amour, j'avais mal à la tête. Mais elle mettait ses doigts dans ma braguette, elle disait "tu as quel âge, déjà, personne ne sait jamais". J'ai deux prénoms, qui vieillissent chacun leur tour. Je n'aime pas le corps qui oublie, je viens déranger, je viens faire des usages, pardon, jeune fille, je vous bouscule, "ah oh hi" c'est comme ça qu'on dit, je crois, quand on traverse une chair qui vous résiste. Pourquoi je ne passe pas à travers. Je regarde le spectacle, je suis dehors l'orgie. Charlotte me dit "c'était bien ?" Je dis, j'aimais bien les images, mais ça manquait d'effets spéciaux pour un film. Je disais, je ne sais pas, je n'étais pas là, je disais pourquoi tu me demandes, je n'ai pas de corps, j'ai des yeux, je vous voyais faire, tu traitais avec un autre. Je ne suis pas là, tu comprends, moi je regard faire, je suis absent. Je n'aime pas les corps, ça me donne la nausée, ça me travaille des organes de pensées. Je dis. Moi je ne veux que l'amour, que l'érotique bafouement, je veux le marbre des déclins, je veux tes seins de muses sacrilèges, je veux les desseins de ton corps, le relief imprimé sur les pages. Mais je ne veux pas le péril de mes fragilités je ne veux pas le risque de mon corps, le mettre sur le rebord d'un autre corps plein des vertiges des falaises, je ne veux pas, le reste, alors je confie à un autre la chaîne, la soif, je confie à un autre, je lui prête la voix qui fait "ah oh hi", mais je me suis exclu, j'ai excipé mon incapacité. je suis déjà en vacances, je sens la mer qui tonitrue. je n'ai pas de désir, je ne suis pas sexué, j'ai plein d'hormones qui se combattent et s'annulent plein d'hormones qui se mélangent dans l'atmosphère et qui gravitent comme des planètes autour des mots. Je capture, j'ai mon éprouvette d'effluves. Charlotte me dit "mais c'était comment", pourquoi des points d'interrogation, pourquoi ta bouche a la forme d'une ponctuation, recouvre ton éducation, ne fait pas comme les autres. trouve toi une voix, trouve toi une révolte. ait faim, ait soif, casse tes os, voûte tes envies, mets toi toujours en travers des gens, brise tes dents en mordant dans la pierre. sois insoumise. Je peux t'apprendre, j'ai mon corps en opposition, je suis né perpendiculaire.

Des hommes ont dit « le raffinement c'est trop lourd, trop long, trop plein de malheur » et ces hommes se sont associés pour former la première des sociétés modernes, ils ont dit, « le mot de raffinement, c'était presque ça, on était pas loin » et ils ont appelé leurs esclavages, leurs soumissions, ils ont dit leurs nuques courbées : « raffinerie » « il faut devenir, une raffinerie, traiter d'un liquide noir comme l'encre et en faire une chose transparente comme l'essence ». Les hommes, depuis, peinent le jour -et pensent y vivre, filtrent la nuit à travers un tamis qu'ils disent « le sommeil » tant elle était pleine des mystères auxquels ils avaient renoncé de découvrir, pleine des vérités en lesquelles il refusait désormais de croire, pleine des magies que leurs raisonnables sommeils avait appelé « songes, cauchemars et délires. Toutes ces raffineries ont des respirations de fumées, polluent ce pays du très tard, qui prend sa pleine expansion au nadir de la lumière et interdisent à l'éclat des poèmes de répandre toute sa démesure.

comment fait on pour devenir une usine, une chaîne de montage. prête moi tes gestes de labeur. ça se penche comme ça une tête intelligente,oui, comme pour recevoir un sacrement, comme pour accueillir la vieillesse qui fait son dépôt sédimenteux, calleux. je ne vieillis pas. quinze ans, ont mes cris. je suis un adolescent. on me le dit. Guillaume m'écrit "tu ne pourras pas vivre toujours comme ça, on en meurt". je ne veux pas de tranquillité, je veux de la vitesse, je veux être perturbé, je veux être dérangé, je veux dedans sentir les choses qui s'agitent, les couleurs grelottantes, le froid dans la lumière, la neige si liquide qu'elle couvre, qu'elle remonte, qu'elle dissout les os. comment devient on un artisan de la geste, comment perd on l'outrage je ne veux pas savoir. Comment vous imiter, comment ne jamais avoir de position, être vide en tout pour accueillir tout le bruit, toute la suggestion du dehors. Je suis plein, ma bouche crache des images, voyez les forêts de pins secs, voyez les fourneaux embrasés, voyez mon âme de fumée, et mon ombre qui m'abandonne loin derrière. Je suis plein de lumières, de trous, plein de limites et de fils, plein de moteurs et de chansons, on dirait que mon corps a pris feu dans la révolution des astres qui s'entrecoupent, on dirait qu'il s'y joue un drame qu'une bouche de spectacle mange, et qui repousse comme un foie maudit par les dieux. Le drame est un organe. BONJOUR DIT MON FOIE JE SUIS PROMETHEE. Je fais des recueils d'insultes, je compile des plis de rage, et d'écumes on me dit "bravo" c'est un bravo bourgeois comme un vingt sur vingt en rédaction. Je déchire toujours, les notes que j'obtiens. Je n'ai pas supporté. Louis Le Grand, les honneurs ça me fait tousser comme une allergie à la craie, je suis fait pour l'anonymat, je suis fait pour les habits du crime, je n'aime pas la lumière, on y voit les gens laids, je n'ai pas supporté, "bravo" ça veut dire quoi "bravo" ça veut dire que la nuit tient dans deux syllabes, bravo, ça veut dire que la douleur, le mal et l'absence peuvent se ranger dans les étagères des mots, ça veut dire "bravo de souffrir, bravo, encore un peu, je veux dire bravo si c'est comme ça qu'on écrit quand on se convulse quand les poumons normaux suffoquent de fatigue" comment c'est possible de remplir d'autant d'essence deux citernes en papier. Je n'ai jamais fait d'efforts. Quand il faut faire des devoirs, rendre des copies, travailler un exposé je commence à quatre heures, et je finis à six, je dis, les mots je les ai pris dans mes cernes, je dis, les idées je les entendues paître dans un champ d'huile d'opale, jai jeté des chiens affamés dans un miracle, oui, mes idées ce sont des miracles fragiles et fêlés. Personne n'a les mêmes. Personne ne peut imiter les couleurs dans ma tête, les couleurs qui s'assemblent, les couleurs reproduites, les couleurs amoureuses. Je lis très vite. J'ai tout lu. La philosophie, une nuit qui ne partait pas, une nuit incrustée dans moi comme une tache. Elles sont rares comme de l'uranium, dangereuses pareilles. Ca brûle dans des machines infernales, qui font des bruits de cauchemar. Je sais, une fois, je me suis coupé les doigts sur des idées et tant de drames qui ont saignés, tant de liquide depuis la naissance qui sont venus et toutes ces voix qui ne me quittent pas sont jaillies. Je sais tout faire, je peux tout écrire, tout dire, mais je ne ferai pas d'efforts, je ne me forcerai pas. Je ferai semblant, je dirai "plus tard, oui". Je dirai quand on m'accusera de ne rien faire, de rester en dehors de l'effort, de me tenir à l'extérieur :
- Tu es si belle quand tu travailles, laisse moi te regarder
- Mais je ne suis même pas là
- Alors laisse moi t'imaginer, oui, je t'imagine travailler, laisse la poésie mettre son champ de sel partout, ses cristaux de poussière, ses fleurs de sable. s'il te plaît ne dérange pas la crinière du songe qui te recouvre, laisse tes cheveux blonds flotter comme une voile légère, comme une lèvre que le vent soulève. Je te vois, tu sais, je n'ai pas besoin d'être là, avant de partir j'ai mis ton parfum dans mon agenda, j'ai mis ton parfum dans ma mémoire, c'est un dépôt, c'est une fleur, et je te sens, tu es dedans moi, tu fleuris, tu composes, j'entends ta musique, alors travaille encore, ça te rend belle en pensées, dans mes paumes linéamenteuses ça met des rimes, plein les lignes. Tu es mon alexandrin.

Je peux tout faire, et je ne ferai rien, je veux décevoir. Je veux être un traitre à l'attente, trahir, que l'on me dise des mission, que l'on observe un rendement, que j'imite le sang des ruisseaux. Au moment de l'action, je veux me dérober à elle, lui dire « j'ai une peau anguille, comment faire ». Décevoir le monde entier. Je veux décevoir les professeurs, je ferai des petites choses, je ferai de la petite couture, j'écrirai des libelles au lieu des pamphlets et des mirlitonades en place de sonnets. Je peux tout faire, tout dire, j'ai du style, "tu es un poète avec une gueule de poète" et Camille me dit "j'ai rencontré quelqu'un, c'est tout ton inverse, il est beau comme tu es laid, vulgaire comme tu es élégant". Je suis capricieux, je ne peux pas me courber, j'ai les os solides, j'ai les muscles crispés comme des larmes dans l'oeil. Qui peut les faire céder, je donne deux vers d'eau. Je ne sais pas me laisser faire, je ne peux pas. Quand on me demande quelque chose, j'ai un souvenir qui dit "Résiste" je crois entendre la voix de Marguerite qui m'abuse, je crois la sentir qui menace mon ombre. Qui me dit "j'ai un otage, résiste". Je résiste à tout, je ne sais pas obéïr, je n'irai pas en prison. La voix de brume de Marguerite, son souffle toujours dans la buée, toujours prêt à disparaître sous le nuage profond de la fragilité, Marguerite a la voix grave, elle me disait, courbe tes treize ans Jonathan, et je ne savais pas, je m'appelle Najib, comment répondre "je m'appelle Najib" quand personne ne le sait. Courbe ta nudité Jonathan, montre moi tes os de pauvres, tes muscles de pauvre, elle peignait la misère, elle peignait le Christ. J'ai les cheveux longs depuis, et une gueule de poète, et l'élégance et la laideur, je peux tout faire tout dire, je peux aller au bout du langage, je peux affronter les monstres qui s'y terrent et reprendre les joyaux. Comment peut on être fébrile de rater un emploi, de passer à côté d'un examen. La vie c'est ailleurs, la vie c'est plein de menaces, de bêtes, ça grouille, on entend les najas se faufiler dans des plaintes, on entend les pas en coton des brutes fauves, on entend, on entend la vie à côté, c'est la porte voisine, c'est l'autre avec ses jungles de miel, avec ses couvertures en ivoire, avec tout son danger. La vie, c'est ailleurs, la vie on s'y tient chaud à deux, on dit "le matin, quand tu pars au travail, tous les matins où tu te lèves sans moi, où tu m'oublies pour aller en dehors de la vie, je me déchire, je me sens abîmé, quelque chose de moi qui part, qu'on m'ôte brutalement. Ton travail, tu sais, c'est une arme qui sépare des siamois, c'est Moïse qui fend la mer rouge, et qui ne se rend pas compte de la douleur des amoureux qui s'y tiennent des coquillages pétrifiés. Nous sommes partagés, quand tu te rends plaider J'ai les nerfs, le coeur, le sensible, tu as les muscles, le cerveau, l'intelligence"

Lucie a des yeux bleus faits par des fleuves, on dirait de la peinture au couteau, quelqu'un est venu, il a vu une source claire et l'a déchirée, c'est son visage la lumière, ce sont ses yeux les crimes. Des objets de délit, des brillants dérobés. C'est ouvert la lumière, elle s'y déverse entière, et parfois je vous jure quand elle pleure Lucie, vous noie, ça vous recouvre, personne ne peut supporter autant de couleurs ruisselantes et graves, autant de tristesses dégradées comme des eaux sales. Lucie a la beauté des veuves elle m'aime, elle apprend à parler Khmer.

Je ne ferai pas d'efforts, j'écrirai des livres plein de scandales, je leur mettrai une silhouette qui disparait au coin des rues, qui pose des bombes dans les conventions, la couverture vous résistera et les images vous assiégeront. Je veux piéger le lecteur, je sais bien faire ça, ne lui laisser aucune chance. Je veux mettre votre innocence à genoux, je veux que vous sachiez. Je suis libre, je ne me laisse pas faire. A l'école je vous oublie, au travail je vous ignore. En attendant je vous trompe. j'écris sur vous les mots que vous ne savez pas, je prends vos ligaments pour en faire des reliures, je prends vos nerfs éteints pour les caractères dorées de mes titres. J'ai un nom de chapitre, j'ai un nom de chapitre, on le dira commerce, on le dira Lutte. Personne ne sait. J'ai une terreur depuis treize ans, une terreur pour les filles aux yeux bleus. Leurs regards de Marguerite, personne ne sait. je suis un enfant égaré.

Il n'y a qu'à l'amour que je peux tout céder. Qu'à l'amour même que je ne peux pas renoncer.

« Toi dont les bras ont su barré sa route atroce à ma démence »

 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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