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15 mars 2011

La première puissance

 

Ton visage est bleu, rouge, vert. Je voudrais être le départ. Le visage que tu ne touches pas. Le visage que tu crains. Celui qui n'est pas encore tout à fait exact. Pas encore tout à fait dessiné. Sans ombres encore. Sans "oui", sans naissance amoureuse. Sans eau qui coule entre les yeux. Être le premier que tu fuis. Entre nous il y a quelque  vide. Ce quelque chose c'est l'abîme qui siffle. L'irréconciliable distance. Je crois que c'est ce que j'aime. Nous sommes distants d'un vide insurmontable. Une obsession dans le sommeil. Le bruit du verre qui explose. Le bruit du baiser qui claque entre les deux murs de ta chambre. Être le grand pays de l'unique fois. Etre les gestes de bandits sur le corps. Un jour je porterai un masque. Et une robe déjà fendue Une robe fendue au couteau. Une robe sans doigts qui la froisse. Une robe déjà fendue, pour être la première pierre qui ruisselle au fond de l'abîme, tout de suite. Sans visages. Tu diras "monstre" comme j'imagine le soleil en pente libre sur ton menton, comme je tends les doigts pour récupérer les miettes de ta lumière. Le soleil qui coule sur tes lèvres. Tu diras. Tu verras. Tu arrives à l'heure du corps. Tu arrives à l'heure des oiseaux. A l'heure de l'erreur. Et quand tu partiras, je t'aiderai à me fuir. Amour. Amour fendu sans visage. Vite, va t-en. Fuis-moi. Je dirai "Fuis-moi". Ca te fera rire. Pleurer de rire. Je ne remettrai pas ma robe. Va t-en. Quitte tes draps de pudeur. Quitte tes nuits sur ton toit. Va t-en. Descends. Il y a le grand escalier que tu connais par coeur. Tu me portais sur ton dos, robe fendue, tu posais tes mains. Descends. Et surtout, sors à droite, l'air est plus léger. Il va falloir savoir respirer après la salle de classe. Gonfler la poitrine. Respirer sans se brûler la gorge. Tu pourras courir. N'aie pas peur. Fuis. Cours dans la normalité, sous les gouttes de l'eau usée. La pluie tu la connais. Je balancerai tes pleurs par la fenêtre, ils iront jusqu'à toi, fatigués et délicieux, pour te rattraper, dans cette course. Cours avec les bruits. Avec mes bruits. De tissus qui se fendent. D'os qui se cognent. Cours dans la mer. Cours dans la fente de ma robe. J'ai pris tellements de femmes que j'ai jusqu'à leurs formes. Je t'aiderai à ne pas patauger. Tu disais "tu entends ? tu entends ? Tu es un enfant". Souris-moi et fuis, s'il te plaît loin. Va-t-en derrière le brouillard. Fuis mais souris. Ton visage est de toutes les couleurs. Tu aurais dit, peu importe, je t'aurais offert ma couleur de somnolence. Cueille les jeunes corps parfumés qui seront troublés par mon cerne. Par ton sourire, par mon sourire, parce qu'il restera de mon désespoir sur le tien, mon sourire dans le tien. Il restera la trace de ma pensée entre tes dents. Cueille les. Tu devras fendre leurs corps trop lourds. Tu reviens vers moi, et tu dis, mais je n'entends pas. Mais je ne suis pas celui qui fait les choses, je suis dans l'incapacité, je voudrais être, mais je ne peux que devenir. Tu auras le visage soudainement large. Large comme ton coeur. Je tire sur l'élastique. Je t'éclabousse de vide. Un miroir entre deux autres qui empêchent les reflets de s'apercevoir. Cours et si tu ne sais pas pourquoi, je lâcherai un oiseau qui se confondra avec le vent en liberté, pour que dans ta course, il puisse se perdre dans tes cheveux, et te voler celui que j'ai failli être. Le premier oiseau, la première course, la première fuite, le premier visage qui file à l'allure du vertige vers le port anglais.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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