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23 juin 2011

Le départ parfait.

Bien sur, vous attendez, le poing qui s'en va fissurer le miroir, la pluie qui vient effaçer le prénom inutile, la peau qui vient vous expliquer. Non. Non. Elle vous explique. C'était calme, c'était doux. C'était. Ca n'était pas comme ça. C'était sous terre. Sous peau. Je ne sais même pas si c'était. Taisez-vous. Je ne veux plus de questions. Les pierres par la fenêtre, ouvrent grand leurs oreilles. Il n'y a rien à entendre, il n'y a pas de bruits, il n'y a que des murmures, que ses murmures "Si je te laisse seule, maintenant, je me laisse seul aussi". Il n'y a que des nuits sages, des lumières faibles, ses cheveux qui coulent le long de mon épaule, ma main qui cherche son front, l'odeur des filles, il n'y a pas. Taisez-vous. Ce que vous attendiez. Le plafond laisse dégouliner ses curiosités. Non, retiens-tout, je ne veux pas, de ton liquide curieux, impatient. Il n'y a pas de violence. Retiens ton humidité, je n'ouvrirais pas la bouche la nuit, tu ne m'atteindras pas. Rien de ce que vous attendiez. Juste son sourire derrière ces petits airs de petite fille, des petites mains qui regardent les miennes, juste un silence poli à travers les draps, juste un baiser pour la nuit, juste des yeux qui ne sont pas perturbés par une frange trop longue et insolente. Il y'a juste, des choses qui s'ajoutent, qui se déplacent. Il y'a juste, son amoureuse, et son sourire que j'imagine se mélanger sous les doigts de Doriane Il n'y a pas. Elle dit peu. Elle a le silence épais. Il n'y a pas. Jusqu'au départ. Il y'a le départ. Taisez-vous, laissez moi finir. Il y'a le départ. Là, je dois réussir à l'écrire. Il y'a juste la violence du départ, caché. Pourquoi. Je ne comprends pas pourquoi. Laissez-moi l'écrire. Laissez-moi me dire que vous ne me lirez pas. Je ne comprends pas pourquoi, partir. Partir comme ça. Non, je ne peux pas. La gare est inondée. Les visages sont en attente. Les vitres du train nous regardent. Les costumes des hommes se déchirent. Les souliers des petites filles ont les lacets défaits. Les rouges à lèvres s'écaillent. Les salives retournent dans leurs gorges. Le ciel passe son œil à travers des gouttes de pluie d'argent. Les braguettes s'ouvrent. Les mains se cherchent. Les corps sont en attente, haut perché, ils nous scrutent. Les ampoules se cassent, en silence, leurs débris s'écoulent dans les décolletés. L'hiver s'éteint, s'installe, tranquillement, il attend, le moment venu, il attend, c'est son film, son histoire, son manuscrit, son scénario. Il prend son temps, il nous regarde, il s'impatiente de son moment. Les parfums sont brisés, les amoureux se séparent, les ventres se tordent de nervosité, le vent suit notre mouvement, inconscient. Pourquoi je suis parti. Pourquoi je suis parti comme ça. Les hanches se brisent. Les trains attendent de démarrer. Les valises se vident. Inconscient, je suis inconscient, de partir, comme ça. Non, je ne peux pas. Laissez-moi, attendez, je n'ai pas fini. Je dois pouvoir l'écrire. Je dois pouvoir retrouver. Partir, comme ça, pourquoi, je ne peux pas, c'est impossible, je ne peux pas m'oublier à ce point, je ne peux pas nous oublier, je ne peux pas. Alors pourquoi. Qu'est-ce qui me prend. Qu'est-ce qui me prend de partir comme ça, avec ce sourire, avec ce calme. Avec ce sac sur mon épaule qui s'attarde lourdement, ses cheveux décoiffés, ma frange qui ne se met pas en place à cause de l'humidité de la pluie, ce manteau sage qui tombe, mon parfum qui ne se remue pas. Partir, comme ça. Calmement. Pourquoi. Je ne connais pas mon rôle, je ne reconnais pas mon texte. Je ne devais pas. Je ne devais pas jouer ce rôle là. Moi, je devais jouer la force, je devais recevoir la gifle, je devais ouvrir les bras. Comment ça se fait. On s'est trompés. Pourquoi. Rendez-moi, mon texte. Je ne suis pas dans mon jeu là. Le décor va tomber. Moi, je devais. Alors pourquoi je ne le fais pas. Pourquoi je pars comme ça. Il y'a un problème, on s'est trompés. Revenez, donnez moi les mots, les phrases, donnez-moi l'ivresse, donnez-moi les pleurs qu'il faut, donnez-moi le visage qu'il fallait. Pas celui-ci, pas celui de l'indifférence, pas celui du départ indifférent, pas celui que j'ai en ce moment. Donnez-moi les gestes, de la puissance. Ceux qu'on m'avait réservé. Attendez, ne partez pas, et vous, les trains, ne démarrez pas, attendez, je vais trouver, quelqu'un qui pourra me donner, mon rôle. Mon rôle qui m'était réservé. Attendez, non, ne partez pas. Je n'ai pas encore fait ce qu'il fallait. Redonnez-moi les baisers qu'il faut, l'événement que j'avais inventé. Restez, ne partez pas, je vais trouver, faites-moi confiance. Pourquoi je pars comme ça. Ça ne fait pas partie de la scène. Je suis peut-être trop dans le désamour. Je suis peut-être trop dans la politesse. Je suis peut-être trop dans la politesse. Pourquoi. Vous, Madame, tendez-moi un texte qui bout dans les entrailles, une phrase, un geste. Venez. Partir comme ça, ça n'était pas pour moi. Partir, comme si, j'allais la revoir demain. Comme si, je ne l'avais pas aimé. Comme si. Alors partir, dans un rôle qui n'est pas le mien, avec un texte vide, partir, la regarder, savoir qu'au fond, on ne nous a pas enseigné, ce qu'il fallait, mais savoir qu'au fond, on savait, que le calme était déguisée, et dire ensuite "ce qui me manquait c'était le départ parfait

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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