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19 août 2013

"Que m'importe les délices du monde ; je sens en moi toutes les Douleurs de l'Univers" Jésus Christ

Il y aura bientôt pour moi aussi une
Espagne des miracles

Au monde je suis déjà le spectateur d'un
Guernica moral
Une toile lacérée où
Les visages fument entre-espacés
Par de grands morceaux de vide
Une habitude dit-on, cette mitraille invisiblement
Tombée d'un interminable or-
Age
Toutes les figures ont perdu le sens du mur-
mure.


Je bouge devant la grande grande grande peinture
Cette lanterne magique, le monde
Cette gare bondée
Où sur les écrans publicitaires
la même image; toutes les secondes, reparaît :
Et l'on entend le survol des avions allemands
Les paniers renversés par la hâte
Des femmes raides, belles
Comme des forêts brisées par le

Feu


Les enfants à peau mate
Souriants
En chemin vers la mort
La drôle d'agonie
Pareille à la première extase

La ville transpercée
Le front malade
De l'aube

Et


Le poème mis en cendres
Avant d'avoir été écrit
Comme fermer les yeux
A l'approche des miroirs
Pour ne jamais voir 
Le reflet raté
La rime d'être.

(et d'autres disent
Comme fermer les yeux
A l'idée d'exister)

Il y aura pour moi aussi un
Chili

J'entends dans la mer les R roulés, 
scandés
L'accent souleveurs de jupe des buveurs de mezcal
Le mot amor tourmenté par une vague
J'entends sur la mer
Les pas
De ce Christ pour rire
Ce réincarné du sable et du sang
D'Atacama
(étonné par l'ombre gigantesque d'un Rio Brûlant, il lève la tête et découvre son visage gigantesque, mais habitué qu'il est à se mirer dans le ciel, à peine la surprise passée, le voilà à nouveau dans la poussière du monde)
Ce pélerin des grandes étendues gelées
Ce marcheur dans la toundra moderne
Parcourant le coeur humain, cette
Sibérie de marécage, tremblant
En ses paumes gelées il croit sentir
Les clous de l'an trente trois ressuscités avec lui
Et lui-même charnel encore et mortel encore
Mais à l'instant de la mise en croix
Alors se dit-il
"A nouveau l'immense chemin"
Et la foule revenue 
reconnaissable à cette puanteur toujours la même depuis
Deux mille ans
L'enfer même n'y changea rien.
"Mon père pourquoi m'as-tu abandonné"
Et il ne peut être le sauveur ; il n'y a plus rien à 
Sauver
Pas même moi.

 

J'ai le sens du

Destin

Et

Les boucles du 
Christ

Cette toute puissance étrange que
"JE"
Inquiet seulement devant les miroirs
brisés,
La mystérieuse prophétie
du reflet
Cet autre soi-même
Mis en miettes


Que m'importe le monde
En ce moi-même changeant
Prisonnier du chant et de la fable
L'Univers 
Mue Rampe Reflue
Bouge
Interminable
D'images

Je serrerai les dents cinq ans peut-être et quand l'habitude croira m'avoir pris à son piège, quand le monde entier, ce Guernica comme j'ai dit déjà tentera de me donner un rôle dans la difformité, quand tout sera asséché par tous les COMME IL FAUT du présent, quand tout aura l'air enfin à sa place et que la pièce -cet étroit chemin qui se jette dans une mer d'ordures- débutera, je m'en irai loin là-bas, dans mon
Espagne miraculeusement sortie des flots de l'âme.
Avec la marque solaire des vivants
Le coeur battant.


Cinq ans, j'étoufferai la voix, j'étranglerai le chant, cinq ans durant s'accumulera en moi la haine des plus pures altitudes. Cinq ans, je serrerai les dents aux railleries des copains qui diront "alors, ça y est, tu es là bas" cinq ans j'entendrai ricaner ceux qui diront "alors tu vois, finalement tu es comme nous, viens ici lécher nos bubons infections, partager nos perversions, te repaître de l'horreur confite". Cinq ans durant, oui, je serai exilé de moi-même, cette seule Patrie valable, où tout depuis toujours m'étonne et m'enchante, cinq ans j'irai hors du refuge de solitude, hors mes dents de loup, hors mes ongles de carnage, hors, hors moi-même pour aller au monde dépouillé de ma chaleur. J'irai oui, hors du naufrage intérieur pour accoster ces rivages sevrés de prières, pour toucher les pierres desséchées et inutiles des hautes chose, dans un monde où l'on ne bâtit de cathédrale plus que pour sanctifier les choses banales.


Cinq ans oui, et qu'importe le cérémonial du temps qui passe, le tic-tac, les points lumineux dans les cadrans, les chiffres digitaux, le rituel, les pages froissées des almanachs mais ah on s'est trompé d'époque, les commutateurs célestes -non des pièces au plafond bas!- tournés, je dis cinq ans parce qu'il faut désigner dans le ciel une étoile, je dis cinq ans comme une quantité mesurable et c'eût pu être une quantité de soleils, de précipitations, de cheveux, de larmes, de désespoirs, de théâtre mais quand débute le décompte, je perds l'instrument des mesures sensibles : mon âme. Cinq ans durant, je délaisserai l'âme (et elle ira son chemin profond, raviné, rencontrant peut-être d'autres formes infinies, le Dieu enfui du ciel depuis si longtemps et caché par un long manteau pour regarder les nuages nus -Dieu aussi a ses perversions. L'âme creusera le monde souterrain et muet aussi proche de la mort et du silence que de la nuit, découvrira au rebord de chaque instant des endroits dangereux, découvrira peut-être ce lieu d'obscurité totale imposée par la poésie élémentaire. Et l'âme reviendra en moi la peau brûlée des gemmes du ciel, les mains dures comme une pierre fervente, l'âme reviendra en moi, agrandie, blessée, immense amoureuse) (oui, je laisse à mon âme les yeux où se versent les soleils aux muscles brutaux : où marchent les pluies odorantes ; où la menthe fraiche pousse et rafraichit le rêveur un instant menacé par ses songes).
Le calendrier en voilà une chose comme il faut et sa face de notaire. Lui aussi , je le trahirai, et avec quel courage. Enfin, je trahirai avec le corps présent, je trahirai comme Christ se sacrifia, comme il se jeta sur la croix je me lancerai dans l'abîme, par ma chair vivante, mon hurlement et ma colère. J'imagine, dans cinq ans, la face des hommes contrefaits, lorsque dans un éclat de rire ou peut-être par un baiser sur le front, je dirai Voilà l'Espagne, et pour être compris de tous, j'emploirai les mots officiels selon la religion "Adieu, Démission, Meurtre, Suicide". Personne ne comprendra jamais (sauf, l'AMoureuse, mais elle est dans ce monde intérieur, elle vit en moi, sans aucune parole, et son absence, ah torture sensible, mais cinq ans durant j'aurai une complice muette, une AMoureuse, toujours présente dans le complot immense tracé dans une écorce inexistante) et l'amitié à l'inverse de l'amour ne confond pas les individus en une substance unique, ne les mêle pas en un seul nerf sympathique, ils demeurent déterminés en leurs individualités hostiles, en leurs puanteurs propres, en leurs haleines inutilement différentes, distincts toujours, distants hélas (et cette distance infranchissable est celle qui séparera toujours le juge de la justice ; la distance d'un baiser. Le juge n'a pas de lèvres)
L'amitié s'apparrente à l'entrée d'une pierre dans l'eau calme ; l'ami alors est le cercle concentrique le plus proche du point de pénétration mais sans jamais pouvoir être confondu ni avec la pierre, ni avec "l'endroit brutal du choc" (c'est à dire respectivement l'être du dehors et l'être du dedans). L'ami le mieux intentionné, né d'un heurt ancien dans une source toujours neuve ne comprendra pourtant jamais tout. Parce qu'il ne peut, étant lui-même, pierre, c'est à dire "JE" admettre qu'un autre choc, qu'une autre force, qu'un autre poids, entre dans le monde avec un fracas au moins égal et le produise lui, ami, comme conséquence alors qu'il est convaincu depuis toujours d'être la cause de tout, la pierre dans l'eau. Enfin, l'incompréhension tient à ceci que chacun, même le moins violent des hommes, pénètre dans l'eau à sa façon, avec sa forme sensible et son poids particulier lourd ou creux de toute une Histoire propre. Toute substitution est rendue impossible, par cette seule spécificité, et l'empathie entre des choses si différentes par leur nature, leur force, leurs allergies, devient impossible. Et le baiser, seul apte, à tout réconcilier n'est plus possible depuis si longtemps qu'on se demande si les hommes ne s'embrassèrent jamais.


Alors. Cinq ans durant, les camarades pris comme des soi de rechange (un soir qu'on crut de pleine lune, mais on y voyait seulement grâce aux pierres blanches, semées partout), s'écarteront en mots en gestes, leurs visages s'entrecouperont de ces sortes de rides qu'ils croiront eux des paroles et des gestes, mais que je saurai moi entendre comme la forme concrète de leur incompréhension. Le cercle concentrique le plus lointain fut un jour le plus proche. Cinq ans, je répondrai et se peindront sur leurs lèvres droites tendues (la forme épaissie du mépris) une espèce de dégoût inspirés par ce qu'ils nommeront je crois UNE TRAHISON.
Tandis. Que je n'agis ainsi (le mouvement a débuté en moi, et je vois la couleur tiède des changements envahir le matin, avec son front d'enfant malade) que pour l'infini le plus haut et je trouve des indices de l'infini dans ce monde infect, A SA PUANTEUR MEME, JE TROUVE DANS LES EGOUTS DANS L HUILE USAGEE UNE TRACE DE LA BRULURE PRIMITIVE.
Mais je n'agis jamais qu'en moi-même
Pour moi-même
Afin de satisfaire toutes les images
Oui
Accueillies, offertes, Douloureuses
Quand les Narcisses de Pacotille s'admirent dans les miroirs minuscules du poudrier
Je vais me mirer
Dans l'Océan
vidé
(tout est découvert)

Cinq ans pour fouiller tous les désordres tranquilles, trouver la force incroyable, cinq ans pour arracher à ce désert de la vie le mirage puissant, l'eau du cactus nourri de songes et l'ombre des femmes empoisonnées. Cinq ans, je boiterai comme tout le monde, claudiquant de l'âme, de la parole et du destin. Digne d'Espagne, je m'inspire des pas mortels du toreros et à la fin le sang m'éblouit.
Quand il faut crier, je tremble. Je sens en moi cette révolte du sang, la tension de la force. Cinq ans, oui, je serai un misérable, une de ces formes soldées du vertige, je grimperai par l'ascenseur la falaise imitée pour arriver au plus vite à cette hauteur FALSIFIEE, et au sommet je l'éboulerai sur le monde qu'elle toise. Le néant écrasé par le néant. 


Cinq ans, pour trouver
Mon Espagne
Partisane
Fasciste
Que m'importe
Tant que l'Univers remue encore

Eclate en deltas profonds
Se sépare
En branches chargées
Des couleurs d'amour

Tant que l'Univers dévale les monts calmes
jusque dans le Je, infini
Torrentiel

Mais la jeunesse renaîtra autrement
J'en ai gâché la première forme
Qui me tomba dans les mains
Sans que je ne sus quoi faire
De toute cette beauté desespérée
Mais l'Espagne, dessine doucement
Sur la carte mentale
Ses frontières nouvelles
Et la jeunesse, ma jeunesse
Se forme
Dans cinq ans l'enfant aura la force
Du voyage
A travers le grand désert
Des âmes

 

 

 

 

 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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