Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
boudi's blog
boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
16 février 2021

Novlangage.

Je n'aborde pas l'aspect politique de la langue de façon générale et de la langue inclusive a fortiori. Celle-ci ne faisant plus débat que chez d'indécrottables imbéciles. Il s'agit d'illustrer combien, en rien, le langage inclusif n'est PAS une novlangue. 
Le danger de la novlangue tient, nous nous accordons toustes à le reconnaitre, au rétrécissement du monde qu’elle implique, réduisant, par son étroitesse, nos possibilités imaginatives ; ainsi, certain·es croient voir dans la langue inclusive le danger imminent de la mort du langage et, ce faisant, l’incarnation la plus décisive de la novlangue. 

Rien n’est plus faux. La novlangue, en quelque sorte fait coïncider les mots et les choses ou, plus certainement, permet, dans notre société occidentale, l’adhésion la plus totale entre les nombres-prix et les objets-produits. Ce faisant, deux choses, le langage ainsi appauvri prive ses locuteurices de l’accès à une pensée complexe qui, comme il l’a été démontré par une cohorte d’intellectuel·les plus ou moins lisibles, passe par le médium de la langue et, ainsi privé·es, les locuteurices deviennent inaptes à la critique et donc à la résistance ; aussi, surtout, ce langage ainsi simplifié n’a de telos qu’instrumental, il permet de mettre en rapport une offre et une demande, son seul horizon est marchand. Pur instrument de commerce, cette novlangue existe partout autour de nous, y compris dans en nous-mêmes, elle s’appelle le business english, sans rapport sérieux avec l’anglais, réduisant celui-ci à sa portion pécuniaire et son air d’expert comptable. Les plus chanceuxses, s’accommodent de ce langage, naviguant dans le spread et les closing ; bookant une chambre au Waldorf ou au Hilton - disséminés partout où le business english a cours, sorte de concrétion de cette langue en ****, couettes en plume d’oie, oreillers rembourrés, continental breakfast et room service, touche 0 pour la réception etc.
Danger oui, danger mortel, peut-être vivipare éclosant sous les ailes protectrices des business angels ou dans le chaud cocon des incubateurs à start-up.





Il existe, près de cette langue délabrée, une langue en quelque sorte rivale malgré ce qu’on pourrait leur croire de semblable : le langage informatique, le langage de la programmation qui, si dans son expression la plus basique peut sembler une pauvre combinatoire de symboles peu variés, ne permettant aucunement de nous réconcilier avec la philosophie ou la poésie, il n’en est rien, le langage informatique ouvre l’espace d’une expressivité infinie, nous donne le pouvoir de réinventer notre langue dans les marges des lignes de code et le if, omniprésent dans cette parole informatique, nous assure de tous les possibles. Si…et le monde enfourche le bel esqu-if.


Cette langue peut servir tous les intérêts et tous les destins comme le français a pu servir à la déclaration de guerre du 20 avril 1792 autant qu’à la poésie de Louise Labbé ou au chant quasi-martial de Sonny Labou Tansi. 
Facebook et Wikipedia
Instagram et Philippe de Jonckhere. 


D’autre part :
Certain·es croient voir dans le langage inclusif la novlange et n’ont pas de mots assez durs ni de tribunes assez ennuyeuses pour exprimer leur désapprobation face à ce crétinisme rampant ou, incarnant très bien le crétinisme elleux-même, comparent le langage inclusif à un fascisme certain·es qu’ielles sont que chaque point médian résonne comme le bruit des bottes de Mussollini 28 octobre 1922. Imaginez


Or, pour peu que l’on aime vraiment la littérature, on ne peut ignorer l’aspect exploratoire de celle-ci, on ne peut chasser au-devant de soi, l’inquiétude qu’elle porte quant au sens des choses et de nos usages. Si l’on considère vraiment la littérature non comme un cadavre mais une chose vivante, triomphante toujours, échappant à la barbarie réelle celle-ci, des disruptions - sorte d’éruption de néant couvrant l’âme d’une poussière suspendue - alors on ne peut qu’adhérer à l’apparition salvatrice de cette langue inclusive. Au-delà de sa nécessité politique qui a été traitée avec science et raison - nous savons historiquement combien la raison ne peut rien face à la bêtise qui se pare des habits nobles de la tradition usurpée - j’y vois un potentiel créatif d’une fécondité inouïe ; la même langue augmentée, comme si le français soudain - en mouvement depuis la première geste - connaissait une immense crue fertilisatrice des mots que l’on croyait condamnés à la fossilité.

Mieux encore, nous pouvons manipuler cette foudre nouvelle pour revisiter des formes passées qui, si les réactionnaires tenaient tant à la tradition, susciterait leurs hourrah ; bon retour chez toi, cher sonnet, poésie baroque, formes exténuées n’appartenant qu’au savoir scolaire, aux pupitres gravées des signes d’ennui ; bienvenue à vous toutes les formes condamnées, salut à toi ô l’ode et Homer·e je t’en prie reprends la traversée interrompue et vous aussi les Argonautes et vos suiveuresses. Nous pouvons retrouver, face à cette novlangue infecte du business english, une résistance en redonnant à ces formes négligées une nouvelle nécessité, repenser l’alexandrin et le pentamètre iambique, réinventer le rythme et la perfection plastique de la Pléäide.



Car et c’est bien le travers depuis la nuit des temps des réactionnaires ielles n’aiment rien tant que se poser vigie - bossues - et déplorer de cette bassesse le monde qui finit. Voyant leurs habitudes aborder un nouveau rivage, pleurent la fin de la traversée comme si cette fin signalait le terme ultime, ce sans voir que tout rivage abordé fait signe vers un monde nouveau, riche de fruits inconnus. Et, elleux, gargouilles inertes, meurent du scorbut. 




On peut noter que l’exemple des Argonautes trouvent un retentissement particulier, navire aux pièces changées tout au long de sa traversée et conservant toujours le même nom, ainsi nous le remettons à la mer avec son équipage de matelot·es. 




contenait la fin de tout sans voir que le rivage abordé donne à voir et à explorer une contrée nouvelle, riche de fruits inconnus. Alors ielles meurent du scorbut. 



Et ielles ne se rendent pas compte combien elleux appauvrissent en réalité elleux-mêmes la langue et la pensées qu’ielles pensent ainsi défendre. Ne connaissant plus d’usage que la féroce ironie qui signe toujours la défaite et la résignation, solidaire indissociable de la lose. Voilà que quelques ouvrages ironiques paraissent, quelques vidéos moqueuses d’acteurices à la lèvre torve et nous les regardons avec pitié du rivage nouveau. 

 

Publicité
15 février 2021

La fête

Chapitre 9 - Tentative de restitution de l'écho de la fête
Tard, dans la fête, dans une grande maison louée pour l'occasion, on y trouve de tout. Le narrateur et Sélim, un de ses amis, finissent par se retrouver. Déambulation dans le bruit. 
la fête :
donne un soin
je me connecte
le cuir du
 bangladesh
je le vois comme si c’était une part de vous
D’occase’
je vois légère
à sa place
la nouvelle boutique de Laura … 
la nouvelle collection
La marque admise
appris à penser résultat net pas CA
haha
(fa dièse)
dis siri évolution du…
depuis 2009
Le Zimbabwe
L’évolution du Bitcoin et des cryptomonnaies en général
les musulmans les juifs les féministes
sur rouge
oh fuck
E||-----------5--7------------7--|--8---------8--2----------2--|--0---------------0--------|
B||--------5------------5--------|------5-------------3--------|------1-----1--------1-----|
shi shi shi shi
Versets
fais gaffe
chez moi
uber
rien ne bouge
clés de notre vie est dans
la contemplation.
shadenfreunde
to 
dix ans de marketing, un passage par Singapour,
la faillite, le privilège, fooding, beaucoup de travail
heaven
le CICE (note pour la postérité)
Un cré
les profs
je suis
heeeeey devine dans
Le CDI, les paresseux
immobilier
le relou
oh non
méfie toi
hihi
ordel de m
as qui je suis
ques tce qu iest pl usét hi queen tre uncu ir de s yn thès eet lec uir lep lus pr o pre
la scène revient en boucle
souche mutante
pas sûr, je ne suis pas sûr de
à ce qui paraît
…pales 2024
haine amour passsion changement disruption transformation
sous deux formes :
  • Hey ! Je te cherche partout, on m’a dit y a un mec chelou qui se pose à côté de nous…qui dit rien, qui se barre. Je me suis dit, ça peut être que toi ça…
  • Ouais…
  • J’ai suivi la rumeur haha t’as laissé une piste en pointillés de rumeur
  • …pointillés de rumeur tu parles bien dis moi.
  • Oh !
  • t’avais qu’à remonter la piste…facile
  • Facile !
  • Ouais, bravo le chasseur…
  • Merci, merci ! J’aime qu’on reconnaisse mon talent
  • Bon, t’as pas une chienne à chasser là
  • Oh…ouais non…elle m’a un peu fait chier charlotte là…puis je suis plutôt sur Estelle là…
  • Haha mec…
  • Quoi haha
  • Mec…
  • Quoi mec…
  • Bref
  • Non pas bref, vas y exprime toi
  • Vas-y je me barre, t’auras qu’à remonter la prochaine piste les « pointillés de rumeur »
  • Tu casses les couilles là…
  • Ouais, voilà…par contre lâche moi…Sélim, j’aime pas trop quand tu fais ça
  • Euh…je te tiens pas…t’as pris un truc ou quoi ?
  • La vie, Sélim, la vie
  • Haha, t’es trop con…tu parles de mes phrases et tu lâches « la vie Sélim, la vie »
  • Oui, bon, on va pas rester dans le drame…
  • Bref Estelle…
  • Ecoute…vas-y vas te casser les dents, ça me fera rire ça.
  • J’ai bien éclaté le fiak de Lu…
  • C’est pas Lucile, Estelle. C’est une vraie personne Estelle.
  • Pas moi ?
  • Oh mec, viens on va se défoncer ou quoi là tu me gonfles.
  • Vas y fais pas la gueule, désolé…paye moi un taz, on fera des câlins. 

Corps nus indistincts, lumière aiguisée, regards, peaux.
discours scandé je ne parviens pas à articuler la protestation j’entends le discours parasite, là, qui gâche mon extase
Un personnage très iconique et intemporel, qui puise sa force dans un domaine particulier.
Il est là en face de moi. Je le vois comme je vous vois et je sais que c’est une part de vous.La personne, souvent enfant, dans une scène de vie semblant surgir d’un souvenir.
Cette scène revient en boucle, comme si elle était marquée au fond de son âme, tel un leitmotiv.
Très souvent, je vois la personne dans la nature : elle y est exaltée, légère, à sa place.
Quand je partage ces visions, je me confronte souvent au fait que la personne vive en ville, travaille beaucoup et ne prenne pas souvent le temps pour sortir de son environnement direct, loin des préoccupations du quotidien.
Mais Prendre un moment où personne n’attendra rien de vous. Où votre seule mission sera de sortir de chez vous et vous immerger dans le beau.
Marcher dans une forêt, regarder le ciel, nager dans la mer ou gravir une montagne n’est pas juste un hobby, c’est un moyen de vous reconnecter à vous et remettre les pendules à l’heure.
Eté comme hiver, il est important de prendre ce temps.
-
Vidéo : Col de la Bonette, juillet 2020
Musique : Pyramid Song - Voces8 (Radiohead cover)
J'hallucine un cours
de marketing digitial
une conférence
j'hallucine une messe
instagram
- je kiffe

 

10 février 2021

A toi, le prince des monte en l'air

Cher as de la Cambriole, 

toi l’ouvreur de mon courrier toi celui qui furètes contre ma porte

toi qui déjà me dérobas quelques lettres

je te prie de revoir tes ambitions à la baisse

et d’éviter de pousser ton intrusion jusque dans mon intimité. 

  

Sache que je n’ai pas la miséricorde de Brassens qui, pardonnant, le larcin chantait Stances à un Cambrioleur. Tu ne recevrais de moi qu’imprécations et colère. 

Tu n’aurais, de toutes façons, à ne voler ici que des dizaines de recueils de poésie, un peu de bazar et peut-être un potimarron. Quelque chose me dit que tu ne cherches ni un libraire, ni un primeur ; pour arranger le bazar ne t’en fais pas - merci de ta considération - je m’y retrouve.

 

De même pour mon courrier tu n’y découvrirais que quelques revues de littérature, certaines décevantes, parfois la presse ou même des factures - tu peux t’en acquitter.

Si tu aimes tant la poésie tu peux aller me lire ici proses.canalblog.com on y trouve toutes sortes de vers et même 

un avertissement pour un cambrioleur

Peut-être te reconnaitras tu ?

 

Le plus souvent, je me trouve chez moi - c’est ainsi que je t’ai entendu après que tu dérobais mon courrier - et je sais les gens de ta sorte trop timide pour ne pas craindre les rencontres. Alors…ne viens plus, j’aimerais t’épargner cet embarras autant que le goût du laiton ma canne. Je ne saurais te dire le pire entre ta honte, douleur morale et la douleur physique d’un coup bien visé.

Ton goût pour le risque, ne le pousse pas jusqu’à cette expérience. L’ignorance peut-être une vertu et le savoir un poison. 

 

Je n’aime pas faire la leçon, vois-tu, mais…nécessité fait loi. Et celle-ci a parfois les rigueurs d’une lèvre fendue. 

 

Pas du tout bien à toi,

 

Jonathan

7 février 2021

Cuisine

Atelier d'écriture : Thème Cuisine. 

 

Tu découvres un jour la mandoline ou le rasoir à légumes. L’économe toujours te faisait perdre ton temps. Il demandait une agilité formée depuis l’enfance et l’enfance tu l’avais passée sur les terrains de football. T’imaginant selon la saison Porato ou Ronaldhino  ; d’autres imaginations te traversèrent, évidemment, jamais celle du maniement de l’économe qui, par jour de disette, faisait office de rapière un peu grotesque pour les bagarres où dix mille Dartagnan s’affrontaient dans le battle royale de la récréation de 10h.
Le rasoir à légumes s’appelle Castor si tu en parles à de plus expérimentés, d’une autre génération, il y a longtemps qu’ils le connaissent et l’emploient sans jamais avoir rien dit de leur secret. L’économe, instrument de torture qui, plutôt qu’à la cuisine saine conduit au McDo. 

 

Comme tu n’es pas parfait, même retouché, tu as commandé le rasoir à légumes Castor sur Amazon. Petit appareil en inox au manche mal fichu…au début, franchement, tu n’as pas été convaincu. Parce que tu l’avais payé, deux euros seulement, certes, tu l’essaies et la peau des légumes, comme pétales arrachés par les prières d’amants, en délaisse la chair. La courge butternut c’est le boss final des peaux de légumes. Tu lis sur Internet, sur le blog d’amandinecooking ou des sites plus institutionnels comme marmiton qu’il faut passer la courge butternut au microondes pour affaiblir ses défenses extérieures et la bête encore chaude y plonger l’économe avec la vigueur de ton dartagnisme d’enfant. Tu vaincs cette croûte, c’est sûr, et à quel prix…Pyrhus ne connut pas de victoire plus aisée. 

Tu fais passer le rasoir à légumes castor, deux euros sur Amazon, le long de la courge butternut et la courge butternut cède comme cède à la flatterie les hôtes de ces bois. Nouvelle fable le castor et la courge, la caresse de métal et l’éclat de l’inox. 

Tu as aussi acheté un set de couteau allemand et un aiguiseur. Tu apprends, avec l’âge, que la longue tige, qu’on appelle un fusil, et contre quoi les cuisineurs bateleurs frottent leurs lames, ne sert à rien. Le fusil redresse la lame sans lui rendre son tranchant. Au final…il ne s’agit que de folklore. Ton aiguiseur impressionne moins, on glisse la lame dans une sorte de gaine et on frotte. Ca n’a pas le charme antique du fusil ni celui de la roue en pierre des forgeries. Minuscule outil qui ne va pas sans honte et qu’on dérobe à la vue. C’est que tu souhaites garder un peu de mystère. 

Comment veux-tu que je te blâme moi qui manie le micro-ondes avec une adresse inquiète m’étonnant chaque fois de ce que

Les micro-ondes sont des rayonnements électromagnétiques1 de longueur d'onde intermédiaire entre l'infrarouge et les ondes de radiodiffusion.

dont le miracle vaut, il faut le dire, l’acharnement inutile de la lame contre le fusil. 

Comment veux-tu moi qui passai ma vie à attendre à table que maman sorte du four ses trois heures de travail et moi qui rouspétait de la tiédeur du plat ou, plus criminel tu me l’accorderas, la surabondance de courgettes.
Maman, pour me faire passer le dégoût des haricots verts, disait du jardin comme si de venir de je ne sais trop quel arrière-cour de je ne sais trop quel arrière-pays m’éviterait le dégoût. Je me demande ce que l’on pourrait ainsi faire sortir du jardin ? Et si devant le juge dans sa douloureuse hermine je disais désormais mon crime venu du jardin ? éviterais-je ma peine ? Le code pénal, peut-être prévoit, une circonstance atténuante ou tout à fait exclusive pour ce qui vient du jardin. Comme l’abolition du discernement vous exempte de toute peine. Ainsi, criminels, gardez toujours sur vous un peu de terre au moment de vos meurtres expliquant que tout ceci, la terre et le geste, vient du jardin. 

Toi, tu n’en es pas là. Tu laves ta planche à découper le soir même, parfois. Le plus souvent à midi en pestant. La table du salon tu la laisse jonchée de restes de la veille. C’est une façon de te dire que tu as un passé, de maintenir de la veille, la réalité de ta performance. Tous les matins, on retrouve les reliefs des repas comme on écrivait dans la littérature du XIXème, tu expliques que ce sont comme des ruines, des témoins et si on t’objecte que ce ne sont jamais les mêmes, que les ruines n’ont de sens que dans la durée, tu rétorques, un peu méprisant, que ce sont des ruines de tes gestes et non de la chose. 

Tu soupires souvent à défaut de roter. Notre culture occidentale admet mal nos existences gazeuses. La civilisation Occidentale est lourde de ses pets retenus. Elle va, péter sur d’autres continents depuis longtemps maintenant, des voyages de Bougainvillier à l’invasion de l’Algérie et les tapis de bombe de la guerre irakienne. L’Occident, ah qui l’eut cru, une indigestion. 

 

Tu regardes d’un oeil la recette du soir. Tu as épluché tes pommes de terre, Belle du Fontenay, tu fais attention aux AOP, maintenant, je ne sais quoi en penser de mon côté, avec ton castor à deux euros de chez Amazon. La recette te demande de les rhabiller, elle dit en robe de chambre et hésite avec robe des champs. Tu enserres la pomme de Terre, nue, puis changée, en une nouvelle toilette. 

 

D’autres parleront avec abondance ou de fromage ou de truffe ou de sushis. Qui, à leur manière, sont des miracles. Miracles trop ordinaires, comme le fusil où étincelle pour rien la lame du couteau. Toi tu as choisi les petites choses qui ne demandent pas d’agilité particulière, les légumes simples du jardin et les tubercules que rien ne gâchent. Tu as fait le même choix en poésie, la chose simple et facile, dire tu à chaque ligne pour charmer l’oreille ainsi qu’on recouvre de sucre certaines fadeurs leur donnant un instant la couleur de l’amour. 

 

 

 

 

2 février 2021

St. Georges

Saint-Georges
Dimanche 31 Janvier 2021 - 23h21 -
Ligne 12
La ligne 12 traverse Paris du Nord au Sud et se distingue des autres lignes du réseau métropolitain parisien. Contrairement aux autres, exploitées et fondées par la Compagnie Métropolitaine du Chemin de Fer, la régie de la ligne 12 était échue au Réseau de la Société Nord-Sud. Pour cette raison cette ligne 12 - ligne A de l’ancienne nomenclature - conserve des originalités rendant ses stations, en quelque sorte, plus charmantes. On y trouve une multitude de faïences, de petits carreaux colorés dans le style Art Déco - je suis un grand fan - le nom des Stations se constitue de mosaïques tout à fait hors-sujet. Qui se donnent des airs d’une antiquité romaine. Rappel de ce que le métro parisien a bien un siècle et qu’il y a un siècle, déjà, on voulait faire ancien.
Aujourd’hui, lorsqu’on rénove ces stations on leur garde au mieux leur apparence préhistorique pour une mise en spectacle du passé. Restauration d’une autre sorte.
Ici pour qui veut effectuer l’archéologie on trouve l’Histoire en délogeant quelques morceaux secrets de faïence là, le petit sigle NS, qui témoigne d’une propriété caduque, est gravé sous le nom des stations.
Ma présence sur le quai se justifiait : je devais retrouver l’amoureuse dont le train, en provenance de Nice, entrait en Gare de Lyon avec 2h10 de retard. Comme je venais de rater mon métro il me fallait attendre 9 minutes sur le quai alors j’ai décidé, pour m’occuper, de découvrir la station au-delà des mosaïques, des faïences, de l’article Wikipédia et son savoir technique. Au cours de l’entreprise je pus établir un certain état du monde contemporain. Trouvant, dans les éléments divers (pas tant que ça) la synthèse de mon époque.
Ce qui m’a saisi d’abord c’est cet affichage là s’inquiétant du sort des femmes dans les pays francophones et demandant aux gens pareille inquiétude active :
Appeler ceci publicité apporte toujours du trouble. Qu’est ce qu’une publicité. Son statut se définit-il par son objectif : vendre un produit, faire connaître une marque ? Ou par son contexte disons…d’énonciation se retrouver dans le lieu déclaré de la publicité ?
La publicité ce n’est plus aujourd’hui, comme à son origine, simplement rendre public, porter à la connaissance de, mais infléchir et orienter des comportements. La publicité reproduite ici poursuit aussi ce but : orienter des comportements (vers le mieux, l'éthique, la protection).
Autre chose encore m’a intéressé ici. Cette affiche a été investie par des individus sans que très clairement je ne saisisse le sens des différentes interventions. Celle, radicale, en lettres capitales dit « à force de dire aux femmes qu’elles sont faibles elles finiront par le croire » et je ne sais s’il s’agit d’un discours féministe ou, à l’inverse, d’un discours prétendant que les femmes étant déjà assez reconnues dans le système actuel il ne sert à rien de défendre spécifiquement leur cause - il signe au masculin me laissant penser que la deuxième lecture est juste. Une réponse critique et fâchée y est apportée.
Soit.
J’ai décidé d’observer de plus près cette publicité. Non pour fournir une analyse des codes et de la mise en scène qui y commandent mais pour observer ses marges. Ce qui n’appartient pas au message explicitement porté tout en se trouvant bien là, inconsciemment. 
Ici, littéralement dans la marge, on lit le nom du cabinet qui a réalisé cette publicité donne son nom.
Mlle Pitch.
 Mademoiselle cette publicité, qui très clairement s’inscrit dans une dynamique féministe en appelle à une agence dont le nom même contrevient au message. Mademoiselle. Plus loin, encore, est inscrit le nom du photographe : Fred Leveugie. Un homme.
On trouve déjà, ici, une synthèse et un commentaire : une affiche féministe, un débat entre des individus en lettres capitales et rageuses, des auteurs pas si féministes que ça.
On y trouve une autre idée : chaque fois, dans les stations de métro, une des publicités a bonne conscience, qu’elle défende une cause humanitaire, informe sur un désastre, demande des financements.
il faut mettre au jour l'inconscient des formes. 
(ouh)
Alors, j’ai continué ma marche dans la station - 90 mètres pour découvrir un peu plus ce qui habite mon époque. J’ai découvert Tiphaine, 52 ans :
directrice d’une société de 500 salariés en Bretagne. Tiphaine a donné 2000 euros pour réaménager l’espace parents-enfants du centre de santé proche de chez elle.
Puis, le slogan « être Mécénactrice c’est investir pour l’avenir ».
80% des entreprises mécènes choisissent de financer localement des projets sur leur territoire.
On y trouve des choses joyeuses : la mise en avant d’une femme, noire, la solidarité des cheffes 
d’entreprise, l’aspect local des initiatives afin de cibler des besoins particuliers…
Oui.
Mais.
Mais.
Il s’agit d’un centre de santé et sa gestion devrait, doit, absolument, impérativement, exclusivement, appartenir à l’Etat. Ici, on me dit l’immixtion du privé dans le public, on me dit la dépendance du service public, donc de l’accès à un soin de qualité, à des choix particuliers.
Au-delà de la belle histoire de Tiphaine en creux s’annonce l’effacement de l’Etat seul garant de l’égalité entre les territoires…Alors, si dans la Creuse ou en Seine-Saint Denis à l’horizon l’espace parents enfants du centre de santé proche d’aucune Tiphaine continue à se désagréger…
Les stations produisent du sens en dehors des publicités. Face à la mort habituelle et la mise en garde commune du ne pas descendre sur les voies s’affiche désormais le virus mortel qui parasite nos vies. Le nouveau danger échappant à la mort commune se rappelle partout, descend jusque sur le quai du métro et dans la rame. Moins létal que le coup de semonce du métro cependant. Omniprésent.
D’autres publicités parlent du monde qui nous entoure.
Celle proposant une application sportive. Qui dit à la fois la sédentarisation des activités (faire du sport chez soi) la quête de bonne santé, la numérisation de nos pratiques (une application). C’est une publicité de l’air du temps comme en d’autres époques une publicité pour le Yoga, autre mode, autre bien-être.
La publicité pour food chéri s’inscrit dans la même dynamique, mieux manger, mieux 
consommer, utiliser son application tout ça avec la grâce ludique du jeu de mot.
On y trouve aussi le truisme publicitaire, celui qu’on attend les fameuses publicités culturelles, on annonce une production artistique, un film grand public, une pièce de théâtre…Ca nous dit que la création ne cesse pas, que des objets culturels continuent d’être produits et que des manifestations publiques se tiennent - se tiendront - encore. On pourrait analyser le contenu de ces publicités, montrer les trajectoires que prend le cinéma grand public et tous ces trucs qui appartiennent aux professionnels de l’ennui - je ne saurais me compter parmi eux étant chaussé, déambulant sur le quai, de bottes Jeffery West en (fausse) peau de serpent et peuplées de (vrais) clous.
On trouve d’autres publicités à visée humanitaire qui ne manquent de nous serrer le ventre et perdent hélas l’essentiel de leur impact de côtoyer food chéri et fizzup comme si je peux alors éviter de me confronter directement à cet immense violence, distrait que je serais par les couleurs criardes et le ridicule de toutes les autres publicités. Diversion…La fondation Abbé Pierre fait ce qu’elle peut et raconte, elle aussi, plus tragiquement encore, l’échec du Service Public. Des être humains vivent et meurent dans la rue et des associations tentent de toute leur force - jusqu’à la publicité - de les faire durer. Sûrement Tiphaine donne mensuellement ou ponctuellement, avec un abattement fiscal de 66%, une partie de ses ressources à Amnesty International.
D’autres publicités visent - avec homme noir à tresses antithèse du bon citoyen il y a 10 ans - la bonne conscience écologique et nous incitent à mieux jeter ce qu’on a mieux consommer. Une cohérence apparaît : faire du sport, avoir faim, jeter. ô cercle parfait des contemporanéïtés. La perfection moderne, c’est pas des lol. L'exactitude de ce système me donne un instant envie d’y croire et de m'y fondre (voir le PS)
Je crois que cette promenade souterraine m’a beaucoup instruit.
Le métro arrive, je changerai à Madeleine pour prendre la ligne 14, la première automatisée de Paris, celle qui n’a pas un siècle, ne fait pas de bruit. Encore un commentaire du présent. Décidément.
PS : Souscrivez à la banque la moins chère pour la 14ème année consécutive. Code promo en MP et argumentaire de vente pour la souscription d’un contrat d’assurance vie recommandé par Rotschild (52,29% sur 30 ans).
                                                                             

 

Publicité
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 389
Publicité