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8 mars 2021

Tokyo - Toilettes Transparentes

Consigne : Décrire un homme qui (a) va aux toilettes, (b) vomit, (c) tue un enfant

 

 

Les toilettes publiques et transparentes ouvertes à Tokyo visent à prévenir le viol. Des hommes se cachaient pour violer. Voilà leur plan contrarié. Le crime n’est pas suspendu pour autant au Japon. Martin Hideguchi, se dit, que la mort illégale encore peut sévir et se voir infligée, le viol pareillement, les toilettes ne constituant qu'un lieu marginal du viol. Martin Hideguchi s'indiffère de la symbolique du monde et de ce que les toilettes transparentes deviennent un symbole d'une société plus protectrice des femmes. 

Martin Hideguchi a souffert de l’extrême opacité du monde, le silence brutal, infligé à chacune de ses prises de parole jusqu’à lui devenir d’une transparence de chiottes. Comme il dit. Martin Hideguchi tremble et sa rage fertile, semblable aux crues génératives du Nil, élève des rosiers monstrueux. 

 

Il se mord la langue très fort, il sent le palpitement de toute sa dégénerescence, le désordre lymphatique, le pantalon plus jamais tendu, les matins à l’érection molle. Il sent dans son corps cette ombre de mort qu’il porte et qu’on lui martèle. Il voit les chiottes transparentes de Tokyo, là, cinq-cents, quatre-cents mètres etc. Il s’approche, trois-cents, deux-cents, transparence.

 

Ses intestins à moitié corrompus malgré le régime draconien de son frustré de père, tel père tel fils dit-il sans rire. Fils de pute, il murmure, en touchant la porte des toilettes qui s’obscurcissent sitôt qu’il y entre. Le silence opaque et ses intestins, la merde répandue, la haine, aussi, la haine jamais partie, la haine liquide, malade. La haine, toujours là, la haine,  son corps qui souhaite abandonner sa fonction de corps, qui se répand là, qui répand sa journée, sa douleur et plutôt que de l’en séparer par cet épandage, la multiplie. La brûlure se fait plus nette, son corps se rend capable de fractures au-delà du monde osseux et caverneux il se fracture, invisible à la radio, autre chose que le fémur et l’occiput et les noms savants des squelettes accrochés, au fond de la classe, 4eC pour souffrance.

 

Lorsqu’il quitte les toilettes, il titube de la haine encore là, du monde qui l’écrase, de ces chiennes de femmes qui jamais ne le sucent, sauf s’il paye, et même s’il paye…il ne peut pas payer pour passer du flasque au rigide, la pression sanguine et ses possibilités génératives. Son corps même refuse sa multiplication, sa division, sa profusion, seule la douleur et la haine connaissent ces stades biologiques de mitose et de cancer.

Il est un cas, un symptôme, il cumule en lui tout ce que le monde se peut de maladies, de virus, de formes mortelles. Il n’est plus que ceci une forme mortelle qui refuse de mourir seule. Alors, il saisit sa haine, la tord, la forge, il lui donne la forme et la force d’une chose fatale, il se lèche les babines de cette mort qui enfle, matérielle, le sang, là, déposé sur le crime, le mot crime devenu criminel même. Il éclate de rire, il est rentré chez lui, avec sa haine à tuer. Pourtant, quelque chose, quelque chose d’enfance survient et crie au secours en lui, crie, non, non et du fond des âges, ce non des maladies, de sa préhistoire humaine, le non du lieu intact du Je pur, d’avant la souffrance, l’écrasement, les érections impossibles,  avant son devenir multiple de coups et d’humiliations. Quelque chose, rond, parfait, enfantin, ce point là, rond, bouche du premier mot, non. Il vomit, il vomit devant ces images, devant son désir, devant son arme, son crime à venir, il vomit devant cet inéluctable, ce lui-même qui va tuer, au hasard, tuer dans la rue les premières innocences venues, il faut que le crime et le meurtre soient les plus atroces, touchent à ces points abjects et sans pardon. Il vomit, il vomit de toutes ses formes et ses fractures, son fémur, son occiput tout trouve bouche et purge, vomir, vomir. Il vomit de partout comme une blessure de bile ouverte en lui d’où coule la haine fanée…Pourtant, il va tuer, il va tuer et l’innocence en lui continue d’hurler au secours, au secours, hurler au-secours face au crime, à l’arme née de la haine…Il se saisit de son crime, ce lourd poignard ou ce pistolet acquis au marché noir, chez les clandestins philippins dont on ne sait s’ils les trafiquent pour se protéger ou pour banditer…Le pistolet est léger et la lame lourde. Il compte les balles, il n’a jamais tiré. Par la fenêtre il entend des cris d’enfant, il vise. Il a tiré. Il est mort. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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