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11 avril 2022

Medusa

J’ai vu ces êtres devenus microscopiques qui me paraissaient, le furent peut-être, immenses. La vie parvenue, pourquoi je l’ignore, à l’étroit détroit encombré du néant. Ces images m’ont marqué, cette fille qu’on disait sublime et dont je voyais le visage défait, les mâchoires serrées, combien d’échecs dans ces pupilles dilatées, de larmes contenues dans ce visage tendu, d’inaveux ? Elle disait j’en suis à ma quatrième montée, tentait de prendre dans ses bras les invités et tout, impalpable, tout devenu fumée et fantôme, échappait.

Le monde semblait inatteignable vidé de substance. Le corps, c’était le corps qui manquait, la matière, le dur, les occiputs et notre tangibilité.
Alors…J’ai eu nostalgie de ma propre vie. Alors…j’ai écrit à Léah à qui je n’avais pas écrit, m’indique messenger, depuis le 01/09/2018 21:35. Des années. Elle me répond Je pense souvent à cette époque, avec nostalgie  - ce qui est rare en ce qui me concerne mais c'était un temps un peu béni, pour moi initiatique, de passage dans une zone sans loi. On était quand même fort d'être ensemble et invulnérables.
Ce temps réel et sublime ce temps d’où je peux dire, ma jeunesse mes vingt ans (25) sans rougir ni pâlir trop certainement. Oh, le ridicule, bien entendu nous empourpra et nos longues fourrures d’antan, la joie du vacarme, du scandale et des déshabillés, oui, peut-être, peut-être et alors ? Pour de vrai nous hachèrent menu et tranchèrent grossièrement, pour de vrai la jubilation à nous plier en mille d’orgasmes et d’extases rares, précieuses. Tout ce qui brille n’est pas d’or m’écrit M. et je lui réponds oui peut-être mais le brillant seul est précieux. Le monde nous appartenait comme vous, la plupart, l’ignorez. Ce qu’on a touché, qui s’est échappé dans un grand rire et nous étions nous les rieurs et les rieuses. Le flambeau allumé sur la plage, la nuit, de Normandie les robes blanches des filles, l’odeur du sel et le froid malgré l’été. Le contact de la nuit devenue matière, complice, se confondait avec la mer, avec nous-mêmes. 
Nous portions ambition de carnage à quelle dignité, une minute ou deux heures, nous sûmes nous élever. Ce soir là, grimpant, jusqu’à son sommet, la basilique Saint-Denis en travaux. Je me souviens, défoncé à l’ecsta, avoir vu dans le ciel une colombe fendre, éclair blanc et rebelle, la nuit. Une colombe blanche, détachée d’un muret.
Et quoi ? La jeunesse paresseuse ? Et quoi, son destin, voilà, c’est de décevoir et sa gloire de se trahir elle-même. Nous en accomplîmes le terme. Il faut bien l’entendre, le difficile, vient après, s’en défaire et dire, voilà.  

J’ai cru renouer avec ces gestes d’antan, au milieu de ces personnes très belles et assez riches et un peu artiste-parisien. J’ai cru que ce n’était passé, ce temps de la force, des beaux yeux écartelés, que par accident et que d’autres en surent garder intact l’éclat douloureux. Je venais reprendre, naturellement, ma place. Sur la table un carton à mon nom, l’air du fils prodigue…haha, la farce, il faut le dire, quelle farce, à se tordre de douleur.
Je pense à ce film la Grande Belezza on ne peut guère atteindre que ceci au mieux, ccomme c’est triste à mourir, mon dieu. Vide, inutile, sans courage qui criera au-secours ? 
Là-bas, je ne jouis pas, je suis comme à dix millions d’années lumière de ma vie et, c’est aussi ce que j’aime la nuit et le carnage, me voilà de nulle part. Le jour m’horrifie toujours autant. Je cherche une pénombre, cette vie à mi-pente, j’ignore où la trouver. Alors d’où suis-je moi désormais ? Quelle douleur d’apatride moi me traverse et comme, oui je le sais, en ces temps chargés d’apatrides réels, on dira, ah les peines des poètes quelle indécence or, ce sont celles que j’éprouve, ces peines là et cette nuit vide pour moi qui ne me sent bien que dans l’obscurité. Tout me fait horreur, personne ne comprend que TOUT ME FAIT HORREUR et que j’ai cru trouver dans la nuit, et je l’ai trouvé même, le réconfort complice et ouaté, ce monde tiède et âpre tout comme moi. Aujourd’hui, trop souvent, je me mets à dire tu ne comprends pas tu ne peux pas comprendre et cette phrase moisit le langage, j’écris, j’écris pour ne pas dire tu ne comprends pas j’écris pour me foutre des malentendus, pour me toucher moi-même et moi seul me savoir dans le dédale étrange et fouillé, de mon absence de remords et de remèdes. 

Ces gens mon dieu, ô ils trahirent la nuit, ma nuit précieuse en la faisant, la nuit de vacarme, cette chose délabrée, humide et moite. Un cellier d’où s’élève l’odeur métallique des boîtes de conserve, de la poussière, du délaissement.

Ah, j’espérais, j’espérais voir dans ces peaux mobiles et souples, ma jeunesse. Je le sais, elles connurent aussi mon genre de splendeur et avec quelle intensité, beaux belles et riches…Mieux préparés, nous dirons, à porter haut leur emblème hiératique. A quoi bon ? A la fin. De s’être montrés plus aptes les voilà aussi plus laids et menteurs, inaptes à la réforme de la langue, pas capables, elles et eux, de se renommer eux-même ni dire avec cette autre bouche, la beauté peut-être, ni guider leurs yeux sous l’éclat toujours valable ou mener par la main nos ombres sous de nouvelles ombres.  

Or, je suis seul sous les néons écrasés, sans escorte ah, j’étais le prince en ce temps là, des choses obscures d’assez de sordide pour, face au miroir, me dire ah quelle beauté salaud. 

Mon dieu, les tristes à crever j’en suis à ma quatrième montée et l’autre qui crie les paroles obscènes, les godes répandus, le mot dildo tintant comme la cloche d’une Eglise, et tout ça ne me fait rien. Rien que des mots, maintenant, plus aucun de ces mots n’étendra plus jamais l’horizon. De ça je leur en veux atrocement, je leur en veux de ne reproduire à l’infini que ce défilé du même, de l’identique, du passé et donc, de l’identique, faire en réalité, du moins, du pas assez, de l’usé. L’impardonnable félonie et je voudrais un châtiment à la hauteur du péché.
Ah, ça, je ne leur pardonne pas, de ne plus pouvoir, de leur scandale, accroître le possible. Qu’aucune horreur pure et lumineuse ne jaillisse des peaux.
J’apprends, aujourd’hui avec horreur, que C. au restaurant a sorti sa bite devant une fille et je voudrais qu’il meure. Parce que. C’est exactement l’inverse qu’il aurait fallu. 

Alors, je vais apprendre le grec, et vivre peut-être à Athènes, cette vie à mi-hauteur dira-ton ? Je me suis infiniment précieux et cette parole donnée à moi-même de ne jamais me trahir qu’importe le coût, le ridicule et le quolibet je dois la tenir, mon je quelque chose de décisif, du domaine de la survie, de trois jours sans boire, y réside et résiste, pierre immobile et tout autour n’est que torrent. 

Heureusement, je peux encore, mal, à peine, douloureusement écrire. Heureusement, il me reste par là, encore, de quoi faire sortir de moi goutte à goutte l’esclave qui y réside.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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