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22 avril 2023

cashmere.

(16h32)

 

Dans l’appartement il y a les haricots blancs, les muffins parvenus depuis le 10 avril à leur date de péremption, il y a des oignons, de la sauce worchester encore de la mélasse noire, des tomates concassées, il y a les rouleaux de papier toilette qui durent trois fois plus longtemps qu’avant.

Le thermomix souvent silencieux.
Les nouilles épaisses et gluantes pour préparer à une autre les nouilles udon achetées pour un jeudi pass.
Décompter les produits, la bouteille de mirin, son bouchon perdu remplacé par celui du Campari, les filets de poulet au congélateur.

Dans l’appartement je n’éprouve aucune mélancolie, le temps y coule, le soleil entre pareil par les grandes fenêtres. 

 

je vais mettre à griller les muffins que je tartinerai de beurre, peut-être un peu de confiture, dommage l’absence de lait, j’aime quand ça ramollit et que ça dégouline tendre et dur un peu comme les gyozas. J’aime quand la confiture tient en équilibre fragile, on dirait un glacier en fin de vie, cette gelée.

Depuis que les plombs sautent dans la cuisine, le grille-pain repose sur la table du salon. Je ne l’utilise jamais que par gourmandise, toi tu l’utilisais par nécessité, les deux tranches de pain, du beurre, la sertraline, le café long. Parfois je les beurrais, je n’aimais pas quand c’était difficile de séparer les tranches de pain congelé, qu’il fallait forcer et que je me retrouvais avec comme des tablettes brisées et inutilisables.

Récemment je me suis débarrassé des restes qui s’accumulaient dans le ramasse-miettes, on le faisait pas très souvent, ça fait curieux, ça, d’écrire miettes, de jeter les miettes, ça fait même un peu mal, c’est comme se jeter dans le vide.

Elles traînaient les miettes dès qu’on bougeait le grille-pain, elles débordaient comme si trop à l’étroit elles voulaient s’exprimer ailleurs. Elles s’expriment loin ailleurs. 

 

En ce moment, je me nourris peu et mal, à cause de Novembre et du début de la sertraline, mes muscles se sont atrophiés, j’ai pris du poids. La balance chez J. affiche 76, je ne m’étais pas pesé depuis longtemps, je regarde mon ventre dans le miroir, il est rond et doux, la douleur y palpite elle grossit sans fin, tendrement. Je ne peux pas chérir trop longtemps ce que j’avorterai. Je la chéris quand même un peu. 

 

Je suis beau alors que je suis gros, les gens me disent que je suis beau alors que je suis gros et désespéré comme ; ça doit donner l’air charmant des ténèbres, tous les déshérités, les baisers des filles c’est comme un impôt acquitté à la douleur.

 

Je déteste prendre du poids et mon absence de muscles depuis deux ans.

C’est amusant, la confiture de framboise sur les muffins chauds et beurrés ça fait comme de la boue sucrée, je tache mes habits comme les enfants, quand ils remuent la terre, et que les parents grondent. Personne ne me gronde quand j’essuie mes mains collantes de gras et de sucre sur ma robe de chambre.

 

Le plus bizarre c’est le silence et aussi le sommeil, ça se ressemble. Chacun il est un peu comme l’autre. Les cauchemars, toutes les nuits.


Elle passe vite la semaine, dans le brouillard les jours deviennent indistincts, un gros bloc de brume une semaine. M.V me rappelle toutes les semaines que c’est vendredi quand il m’envoie sur WhatsApp le message : 

 

❤️‍🔥*À ce soir* ❤️‍🔥

 

*Tu fais partie des vip célestes * de la Santa Maria , alors s’il y a la queue tu m’appelles quand tu es devant l’entrée et je te fais passer devant tout le monde 😎

 

DJ guest tonight : *Leo Werner & The Jost *

 

Chacha club : 47 rue b* paris  

 

Horaire : minuit à 5h 

 

A toute 🙏

 

Le mot pelisse ne résonne plus nulle part, la couette blanche est pleine de taches rouges, je saigne souvent du nez en ce moment à cause des émotions, m’a dit le docteur, ça et les muqueuses fragiles. Au collège, période honnie, ça m’arrivait souvent. Derrière la peau, ça saigne beaucoup chez moi.  

 

(02:02)

 

Là, je rentre de l’anniversaire de V., dans un bar l’Everest, il est à dix mètres de l’extrême contemporain, un jour de signature, je nous avais pris des shots là-bas. Je cherche mon manteau quand je dois partir. Je ne le trouve pas. V. et G. me demandent si je suis sûr de l’avoir pris, j’en suis sûr. Je me revois rue Montmartre, la déambulant, le manteau, parce qu’il fait chaud, sur le bras. Le patron me dit la même chose. On regarde les caméras de surveillance puis on voit la fille toute bourrée qui le prend, elle fait pas exprès, c’est son amie plus sobre qui trouve le manteau sur sa chaise et lui enfile. 

 

J’espère le retrouver. On partage un uber avec N., on échange les numéros puis elle remonte jusqu’à la rue D.

La faim enfle, il reste deux muffins, le carrefour du bas, comme je te disais, offre à - 50% des tas de trucs, j’y ai acheté des steaks hachés charolais, je me fais des muffins avec, un peu de mayo, un peu de ketchup, du fromage. J’aime bien ce sandwich.

 

Les trois kilos pas besoin de chercher bien loin d’où ils coulent. Ca et les fraises tagada, le plaisir en ce moment, ça donne des boutons, moi qui avais toujours eu la peau si nette. A part sur le nez ce petit cratère, je me souviens, un jour à la montagne, tu voulais brûler une verrue, on savait pas que c’était pas pour le visage. J’ai comme un coup de soleil pour toujours, avec une petite crevasse, ma vision de l’été. C’est beau qu’une saison toute entière nous laisse une cicatrice.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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