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27 avril 2023

le vide

Marie-Anaïs redoutait, souvent, lorsque je m’approchais des fenêtres, en période de crise d’abord, puis tout le temps ensuite, que je ne me jetasse dans le vide. Sa peur m’interpellait, je la trouvais excessive, inadéquate, devançant de beaucoup mes intentions ou les inventant mêmes. J’ignore ce qu’elle pressentait à ces moments, si je peux l’entendre, lors de mes moments de détresse, puisque ceux-ci projettent une telle douleur, que je sens le suicide, souvent, la seule réponse possible pour faire taire ce qui ne se tarit pas, je ne comprenais pas pourquoi cette inquiétude s’étendait à toutes mes proximités avec le vide.
Son instinct, pourtant, je m’en rends compte en m’approchant à nouveau du vide, ne la trompait pas entièrement, j’éprouve une étrange attraction, pour le vide, le saut, le vent qui envahit la pièce à ces moments là, une sorte de liberté comestible à ce seul endroit. L’oisillon ressent-il, la peur dépassée, cette même sorte de vertige et de pulsion ? Suis-je un mal né et un mal compris ? De l’extérieur je peux sembler chercher la mort quand je souhaite l’envol, heurté, seulement, par l’horrible syntaxe du monde, sa règle révoltante, de ce que le poids humain, se trouve, sauf déformation technologique, incompatible avec l’envol concret.
Ou bien, prenant littéralement, mon appétit pour l’abîme, cette pente évidente, elle s’imaginait que passant de la métaphore au monde, le poète pouvait basculer, là, à flanc de vers, dans le vide funeste ?
Son intuition ne la trompe qu’à moitié, à cet endroit là, je ressens une urgence, vitale étonnamment, de basculer dans le vide, sans croire, quand je suis saisi par cette poussée intime, en mourir.
Le résultat, pourtant, du souhait d’envol ou du souhait de mort, donne au monde le même cadavre. Sourirai-je dans l’un des cas ? Dépité ou ravi ? Quel bonheur étrange posé là sur le parapet, ni oisillon, ni ange, je ne saute pas, me contentant au lieu d’ailes, de ma bosse. Elle pèse, comme un boulet. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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