arrêtons là
texte à retoucher
(à parler à chanter)
demeure cet immense pourquoi, le drame de l'incompréhensible, comme si, naissant, bouches cousues, nous devions aux autres avant tout l’aiguille sans le mot.
au commencement était la rouille.
j'ai débuté trop bas, il y a longtemps, qu'importe que ce fut il y a longtemps, cette bassesse, toute son horreur, inaudible, aujourd’hui
tout le monde ignore la vérité
sans elle
nulle justice
sans elle
nulle réparation
ce champ de ruines
peuplé de douloureux
équarris
qui voulait assister à cette scène
de bataille personne ne gagne
quelques uns meurent.
moi, après le bas, il y eut le loin un mois de narration infernale
trop loin
disent nombre d'amis.
hier L., aussi, épuisait, me l'écrivait, résigné.
dans ce noir complet
du trop loin
au-delà de la lumière où vivent les poissons
spectres troglodytes
je bougeais mal
violent
Tout casse
réduit à l’état de brute
il ne me restait que ça
je promulguais
loin, trop loin, trop de l'infinie litanie m'hypnotisant moi-même d'inscrire ici
des noms sans terme ces noms
murs fragiles où monde horrible
je vivais
lieu insalubre
toiture percée les noms,
joints rafistoleurs à changer
toutes les heures
apparaissant vos noms trois fois par jour parfois
M., la non aquatique, se demande encore sûrement ce qu'elle foutait là
le sait aussi un peu
le méritait tout aussi peu
personne ne méritait rien
de ce qui advint
ni moi.
un oeil pour un oeil et le monde finit borgne
Je crois le dicton rapporte
la violence je le vois
n'appelle que plus de violence
et quelques uns, quelques unes
tentent de mettre fin à la folie
et paient de leurs nuits la tâche
inutile
ceux là presque les plus fous
ces sages exorcistes
cette hallucination toujours pire
trop moi aussi embarqué par survie
c'est vrai moi vigie montant en haut du mat
puis
voulant apercevoir la terre loin là-bas je croyais voir
la terre
quand j’appelais la boue
le marécage
toujours plus
du bourdonnement gluant
meurtrier
un essaim affamé
je croyais rendre
la monnaie de la pièce
sans rien rendre que
du pire me mettant
plus bas nous ne savions plus
qui maintenant
entraînait dans la chute l’autre
et la chute continuait
tous les films tous les contes
savoirs populaires
posent la même morale
la vengeance ne sert personne
ni celui qui l'exerce ni celui qui la subit
elle réduit un peu plus en miettes
la vie
après elle il ne reste rien
vengé, sûrement, perdant tout sens à cette énergie gaspillée nous trouverions tous d’autres proies à cette violence pratiquée maintenant avec trop de savoir pour ne pas être employée à de nouvelles fins voilà bien l’horreur de la vengeance laissant, comme un mauvais plaisir, frustré douloureusement, celui qui croit la satisfaire, le tuant ou le faisant tueur
les deux
il faut les fuir également
je tuais
sans savoir
que je tuais
m’aveuglant
dans cette nuit noire et muette
où je m’enfonçais
d’abord où je me sentais poussé
où de mon pas sûr et inquiet
ensuite de mon propre chef j’avançais
recueillant dans l’obscurité
un pouvoir malheureux
ici dispensé avec rage
d’abord je l’admets ce ne fut pas avec rage
désespoir commandait
nécessitait aussi
je survivais par ce cri poussé
mais comment guérir d’une plaie
par le hurlement continu
j’écorche ma voix
j’assourdis
on entend plus que la haine
à quoi on répond
par un mélange aussi
de haine
et
de peur
vengeance
je tente de l'abolir en moi
à votre tour aussi d'emprunter cette voie
pour la sauvegarde de tous
je n’y attends personne, ce n’est pas à ma rencontre
qu’il faudra venir
mon sort solitaire exilé je l’accepte quand il n’est que mon sort
que la sentence prononcée corresponde
à ce qui est sus
ce qu’elle a dit
les excuses que je croyais mériter je n’en veux plus
voilà ce que je cède jusqu’où j’abandonne
pour vous je le sais ça ne vaut toujours rien
celui là qu’est ce qu’il exige vous dîtes
la justice celle que vous pensiez incarner
quand vous l’écorchiez
oui je renonce à ce dont pourtant je suis sûr
j’avais droit par réciproque
il me faut le silence pour accueillir cette parole que j’attends
en 2020 je l’ai dit dans ma langue tortueuse insuffisante
je le disais déjà
le pardon ne peut s’encombrer de fioritures
sans quoi il ressemble encore
comme celui rédigé 2020
à l’ironie
j’aimerais tant que chacun et chacune maintenant médite et le fasse seul
sans ce que néfastes les autres pénètrent et perturbent ce recueillement sans quoi
comme un feu mal éteint le mégot jeté en plein été
dans la forêt fausse des landes
pourrait reprendre l’incendie malgré toutes les prudences
je ne demande rien pour moi
trop de souffrances inutiles et les sauveurs
caillassés ne comprenant pas pourquoi
sous leur lance d’incendie
pleuvent les pierres
foule aveugle lapide
tout
si j’écris encore désormais ce sera le deuil ou plus que le deuil la guérison ce chemin emprunté j’écrirai la purge sans violence ni colère les coups secouant l’outre empoisonné pour la vider de son mauvais poison je ne l’abandonne pas au hasard il faut le courage de l’expugner.
je vais mieux.
certains m’aident
certaines m’aident
pitié à vous pitié pour vous mêmes et aux autres vous mêmes.
il me reste quelque chose à endurer
qui me regarde
la regarde
j’attends
depuis le début
j’attendais
avant
le massacre ce carnage inutile
de noms répandus comme sur le champ de bataille
des cadavres toujours remisés
sortant de terre pour retourner mourir
au secours cette horreur quelle horreur
s’il y eût des méchants je vous laisse bien me jeter parmi le foin et le fumier.
ne m’y jetez pas sans décompte
vos mots vos gestes vos faits
tout ce qui empirait
personne ne doit marcher à ma rencontre
mon sort, ce sort, je l'accepte, depuis le début
je l'accepte lui en entier je ne l’accepte pas au-delà
pas dans le trop
ce loin
que d’autres parcoururent à mon côté
se bousculant
qui encore demeure dans ce noir
il est temps d’en sortir
pour que le reste
la seule chose importante pour elle
enfin puisse s’accomplir
j’attends
surtout
j’entendrai
je l’avais jurée à M-A
de cette parole je ne me défie pas.