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23 mai 2023

Toi et toi

Mes premières grandes joies, je les trouvai dans les objets, dans la possession d’objets outranciers et à jalouser, entretenant, cette chose, une correspondance d’avec mon envie de spectacle, si tout ce qui brille n’est d’or, tout ce qui brille attire et dupe. L’observatrice, aveuglée, confond l’éclat de la chose avec celui de l’être. De la tromperie nous devenons précieux.

J’éclatais de la sorte et pouvais posséder les êtres par extension des choses, ils en devenaient la dépendance, j’attirais moins en moi-même que par le truchement du costume serré et du verbe haut lui aussi, possédé en propre, appris par ruse et par aisance, emprunté ou volé, ajusté au costume, tantôt, le verbe, mouchoir de poche ou foulard en soie qui ne m’appartenait que par le noeud singulier que j’inventais.

Mes premières grandes joies, je les trouvai moins dans l’amour que dans les beaux habits, mon accomplissement tenait dans l’avoir, une reconnaissance de dette et celle-ci je l’exigerai comme un fonds vautour exige le principal et les intérêts. Jamais ce goût des artifices ne me corrompit puisqu’il me définissait, j’ambitionnais l’orgie un Des Esseintes moins la particule.

Si tu savais comme l’on marche mieux sous la pistoledade excitante des yeux s’exclamait Cyrnao, je n’ai jamais cherché que cette pistoledade, le moment où, contre les murs des je t’aime ou celui du bateau ivre - Rimbaud, un autre qui voulait posséder, de l’or et de beaux habits - j’embrassai E. pour la première fois, qui m’offrit, peu de temps après, sa bague et la topaze que sa mère de Russie lui offrait. E. me plaisait parce que belle, parce que son nom résonnait comme un vers chantonné, parce qu’elle fut la seconde fille sportive avec laquelle je faisais l’amour, après, J., la femme toute brune l’interlope qui me racontait, la première, son métier inconnu de moi, celui, de travailleuse du sexe. Trouver, sur ces corps fins et agiles, la saillance des muscles qui découvraient ou couvraient les os selon leur contraction. Le toucher inconnu, tantôt souple tantôt dur du dos.

E., à notre premier rendez-vous, lorsque nous nous embrassâmes, ferma les yeux et trembla puis, alors que nous allions nous séparer dans les couloirs du métro, elle revînt rapidement vers moi pour me proposer d’aller chez elle. Le matin, je me souviens, je ne trouvais plus mon t-shirt et dus rentrer, à moitié nu chez mes parents.

Je n’ai jamais aimé que ceci, au fond, les jolies femmes et la gloriole, mais aucune femme comme aucune gloire, je ne les réduisis à l’état de fonction, je désirais les deux, pour aussi ridicule que de loin il semble, en entier et pour elles-mêmes. Si j’ai aimé avec passion nager dans la piscine du Ritz et m’exposer y être, j’adorais pour lui-même le séjour, dans un monde déserté, j’y eus pris un égal - ou presque - plaisir. Le luxe, sans aucune contradiction me réjouit et, tout autant, m’en priver ne me poserait aucun problème

 

je jouis de peu. 

 

Aujourd’hui, plus vieux, j’aime toujours les belles femmes, que, par étrange miracle, je séduis, mon désir, seulement, s’est déporté assez loin du sexe tel qu’habituellement il se définit, c’est à dire dont l’orgasme constituerait l’objet et le terme.

J’aime leur peau, le sommeil contre elles, la diversité des corps, leur plaisir à elles. Aujourd’hui, à cause de la sertraline, l’anti-dépresseur que je prends, jouir, au sens convenu du terme, c’est à dire éjaculer, se heurte à une impossibilité fonctionnelle. Je n’éprouve aucune frustration et ceci s’explique difficilement tout en vexant les femmes parce qu’en chacun et chacune une forme de la sexualité s’impose l’homme, surtout doit, jouir sans quoi quelque chose rate.

Je bande, d’un désir complexe, qui ne s’épuise pas et ne me blesse pas, il devient direction et possible, répétition.

Lorsque je rapporte aux femmes que je fréquente aujourd’hui les tristes méandres dans lesquels je suis pris elles s’étonnent ou s’indignent tant ma personne aujourd’hui semble incompatible avec ces marécages.

Notre présent pourtant ne présume pas de notre passé les conversions transforment et toutes ne se déroulent pas dans les rites officiels, les ruptures biographiques aussi, changent la nature du je.
Jamais je ne justifierai de mon maintenant pour me défendre de mon passé mais, celui-ci, je ne le reconnais qu’à sa mesure et chaque millimètre d’excédent, je le battrai comme blé parce que sa taille réelle, pour chaque personne réellement concernée, permet seule d’obtenir la vérité que pour l’instant tout le monde ignore, y compris, nous-mêmes.

(ici je consacre quelques lignes encore à Chloé et Margot parce que je ne tolère pas, et ceci avec absolument toutes les rigueurs, leur place dans ce champ, les autres, bon, vous savez vous ce qui vous arrivera)

Il m’apparaît toujours aussi curieux de plaire ce grand mot vague et ample que j’habite avec plus ou moins d’adresse. Rare mélange, moi-même, mon aisance que tempère toujours les restes de mes maladresses adolescentes. L’instant, souvent, m’échappe. L., qui me dit, tu cèdes, en buvant à l’hôtel Clermont une quantité délirante de Jack Daniel’s et moi qui me détourne de cette invitation obscure, l’hésitation, ici, casse le désir de l’autre. Il réclame une force, une audace que souvent j’oublie, remisée dans la chambre de ce jeune homme aux lunettes rétrécissant les yeux.

Le plus souvent, j’abandonne à l’autre initiative, toute incertitude me fige, j’ignore pourquoi et j’ignore pourquoi à certains points de mon existence, je ne connaissais pas, amnésique je crois, ces paralysies brutales. je ne peux pas mon impuissance réside ici dans l’avant-scène, le premier geste, le coup ; la porte close le sang circule sans limites.

J’ai perdu, jadis, un amour à cause de cette retenue et la pose de feinte certitude que j’affectais alors. Aujourd’hui, dans de plus tragiques circonstances, comme si un arc de cercle de douze ans se dessinait dans l’espace, je la retrouve, celle-ci, étrangère, pour une autre intensité, une que nous aurions aimé nous éviter.

là-bas, elle n’existe pas. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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