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2 novembre 2023

Niais nié gné - onoma-pas-tapé

J’aime ta façon de rire de moi, jamais à mes dépens, comme plutôt me prendre par un côté ignoré, l’endroit dans le dos invisible à soi, même contorsionné devant le miroir. Les petits cris que tu pousses, par surprise, toujours la même syllabe, plus ou moins longue, désignant, selon sa longueur, sa hauteur, sa durée, des émotions ou des désirs différents. Le long Miiii aigu de quand je rentre, les mains que tu attaches autour de mon cou au moment où je franchis la porte de chez toi. Les gestes qui me mènent là, le code composé 3857 en attendant que je dispose du badge, sonner là où figure ton nom et celui de ton ex, monter deux à deux les marches de l’escalier qui ne grince pas, un épais tapis rouge couvre le bois.

La porte, après que j’ai sonné, tu la laisses ouverte, je te trouve, toujours différente, selon l’heure et les activités de ta journée, mais toi, toujours la même, toujours la même surprise, aussi, de ta beauté immuable. Le petit cri Miii, mon absente sursaute, elle se barre. Nous reprenons d’autres gestes, en suspens, peut-être, pour certains, les lèvres brièvement jointes, toi qui te déplaces dans l’appartement, comme tu marches bien, à mon goût, pieds nus ou les talons Ernest portés. Parfois, ton vernis sèche, le noir, souvent, que tu préfères je crois, pas parce que tu le trouverais le plus beau — tu n’en dis rien —que tu préfères porter.

Miii, tu le prononces aussi, plus bref, quand tu désires quelque chose, le désignant de ton joli petit nez, ce langage, intelligible — comme nous finissons de l’autre les phrases ou mêlant récit en quinconce nos histoires—par miracle, par élan. Le Mi, plus bref encore, accompagné d’un geste de la tête exprime, lui, ta satisfaction tu as remarqué j’y pense en même temps que j’écris comme j’aime plongé dans une eau trouble ressemble si fort à ton prénom ? Dans la langue chinoise le même son peut, selon l’intonation, prendre des sens différents, il en va ainsi de ton mi, langage ramassé, condensé, toi, ton esprit de synthèse remarquable, visible dans chaque chose que tu écris lorsque tu te décides à écrire. Ca t’ennuie, ça, que tout le monde te désigne écrivaine, élue malgré toi, ne te présentant à aucun suffrage, les recueillant tous. Il en va ainsi, aussi, des charges héréditaires, débats inutiles, tu te trouves prise dans des rêts qui te dépassent. Ecrivaine, la plupart de celles ou ceux qui en revendiquent le titre le justifient de ce qu’une nécessité vitale les agite et les tend, que, destin malgré eux, elles se trouvent condamnées à ce sort — accepté avec orgueil ronflant. Toi aussi, la prise au piège, d’un destin venu du dehors, d’une poussée extérieure, tous les autres, trop des autres, Gilles, pouche comme tu le nommes, Viktor, moi. Tu peux te dérober à ton destin toi qui t’évades à ta guise de toutes les contraintes, je dois gagner ma croûte comme tu dis souvent, m’amusant follement, alors. 

J’aime les tenues que tu portes, les négligées que tu rends distinguées, le vinyle aux reflets glacés. Tu me débordes, quand, allongée sur le canapé jaune, quelque chose de toi, muet, infra-mi, m’appelle, tu enlèves tes lunettes, tu tends les bras, tu m’embrasses. La vie recommence. Après de longues absences, c’est à dire de cinq ou six heures, puisque notre temps nous le passons, coalescents, en notre compagnie, je marche derrière toi, dans l’appartement je te suis partout, ombre mécanique, me levant, parfois, sans m’apercevoir de ce que je me lève à ta poursuite, comme si d’invisibles fils attachés de toi à moi, me conduisaient à toi, mon corps dégingandé, traquant malgré lui, dépassé par un destin, à tes côtés, infiniment plus précieux que toutes les sortes d’artistes.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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