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4 mars 2011

insupportable

 

 [ Je ne comprends pas le matériel des choses. Mes sens sont limités à l'instinct ]

Tu sais. D. ce que j'aime c'est me piéger moi-même. Je suis la situation qu'on ne dénoue pas, je suis le cheveu aigu et douloureux qui meurt comme le sable maure. Je suis. Absent. Je dis « je ne travaillerai pas » l'on me répond toujours la même chose « je veux gagner de l'argent pour voyager ». Ce ne sont pas des gens qui voyagent, qui me disent ça. Ce sont des gens qui se déplacent, ils arrachent leurs corps d'un espace pour le renvoyer dans un autre, voyager c'est abandonner, c'est laisser une part de soi, c'est faire de la place dans ses impressions pour accueillir un autre paysage. Tu sais. Ils disent tous ça. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je suis rationnel, tu sais pourquoi, parce que je sens les gens, ils sont deux choses des intelligences et des bassesses. Ils se touchent par ces deux bouts. Je ne peux pas être bas, vil, je ne peux pas, je ne peux pas me diminuer, me rétrécir, il fait si froid déjà à hauteur de mes défaites, que je ne peux pas courber plus, je ne peux pas, alors je converse par la raison, je suis un rouage muet qui entraîne d'autres rouages je touche. Comme ils disent « insupportable logique ». Je lis. A convention, je me mets par terre, et je lis, avec cet écriteau sous ma raison « pour la drogue, les putes et la littérature ». Le samedi, à quinze heures, je m'assieds pour réciter des poèmes au jour. Je veux faire peur. Je ne comprends pas pourquoi tu me lis. Je ne sais pas. Tu ne dis rien. Tu rigoles, j'espère que tu rigoles. J'aimerais que cette absence d'espoir, que ce silence qu'est le mien, que cet abus des gestes, cette précipitation dans mes angoisses, fasse rire. Parce que je rigole, quand je jette mes cuisses brûlantes sur les filles, sur le miroir, sur les amoureuses. Parce que je ris, moi, de mon désespoir heureux. Je pense à Dimitille. Elle s'est retrouvée en face de moi. Assise comme un regret. "C'est ton regard, ta colère, tu es mythologique, impénétrable" je voulais dire, et je me taisais. Je disparais. Tout mon corps est un coude plissé, l'angle des avenues, j'appelle ce geste le carrefour brisé. Je suis le mouvement singulier, amoureux. Moi, je me résume à cette conversation avec C, autour d'un débris. Je me résume à 4 heures de bavardage. Je me résume, triomphant, à un corps en décalage, insomniaque. Tu me prolonges. Ton bonheur, ton rire me prolonge. Mes gestes sont inquiets. Charlotte, murmure "un jour, ça t'arrivera aussi, la grande passion". Je cherche un visage très précis. Comme ces nuits qui pleurent. C'est l'une des dernières fois que je meurs en écrivant. Je n'ai presque plus de raison. Elle s'épuise. Comme le bonheur, l'argent, les bourses. La neige s'enterre sous la mer. Je m'en vais la puiser. J'ai le corps qui y glisse. Prenez-moi Docteur sur votre divan, comme avec une femme secouée. J'ai les jambes écartées entre les yeux. Mon cerveau est une cachette. Mon corps, une excuse à l'extravagance. Je suis l'élégance vulgaire, l'indélicat. J'ai des sabots de laine sur la langue, je m'irrite, m'assèche. Parcourez mon paysage, buvez en ma gorge, D. J'aime "D.". Vous nommez avec ce qui n'existe pas. Vous m'appartenez monstres. Mon homme, Monsieur. De mains en mains, je agrippe, m'attache. Moi, on ne me possède jamais. Je ne fais que passer. Il faut du talent. De dos en dos, je détache. Je ris en vous consolant. Prenez-moi Madame, comme avec votre fille, dans un berceau de coton. Dépoussiérez-moi la bouche, étranglez moi de terre, apprenez-moi la vie, ses contours, ses désirs. Prenez-moi Mélusine, comme vous donniez le sein. Apportez moi vers le corps dur, tremblant, vers vous, le fruit secret et usé. Je suis le village clos de vos désirs les plus blessé. Je comprends les femmes. Les femmes me craignent. Je suis asexué. Au grand Galop, D. devant moi, frotte les recoins de mon imagination. Il faut me nourrir. Les interrogations écrivent "et toi?". Si j'avais un petit traitre Un petit enfant. Garçon. Victor. Je l'appellerai Victor. Si j'avais assez de bonheur dans le sexe pour donner la vie. Comme j'aimerais me transformer en Victor parfois. Victor, l'effroyable poignée de verre qui briserait les visages des femmes enchantées. Enchanté, je m'appelle Victor. Je vais vous aimer pour mieux vous tuer. Je ne vous aimerais pas, parce que vous me plairez trop. Vous viendrez, pressée, vers moi. Je suis Victor, l'insensible. Je suis la guerre, la haine, la paix, l'amour. Je suis le personnage et le roman. Je suis la syntaxe et le style. Le clair obscur. Je suis la honte, l'arbre malade. Je suis l'auteur et le lecteur. L'esprit sain. Et je vous offre un thé Vermeille saveur miel sur la terrasse de votre bouche. Enchanté, je suis Victor. Vous et moi. Je suis vous. Alors, mon petit garçon, je l'appellerais Victor. Et si c'était une petite fille : Jade. Jade, la solitude des pierres précieuses. Jade, la distance. L'élégance de son pouvoir muet. La délicatesse d'un petite corps comme une griffe. Tu vois, D., je suis un peu, ces deux futurs enfants. Je m'appelle Jade et Victor. Je suis eux et moi. Je pourrais être vous. Entre temps, Amélie m'écrit "Je pense à toi, alors voilà, je pense à l'inaccessible, c'est humain". Alors je découpe, le milieu de mon corps, ma pudeur, la nappe, les cheveux de souvenirs de D. "Qu'est ce que tu fais ?". J'essaie d'être accessible, je m'ouvre. Comme une université qui cherche des frais d'inscription Comme la banque affamée. Je m'ouvre. Comme un bordel. Horaires précises pour jouer le jeu. Je regarde la marche pressée des promeneurs par la vitre, je les envie et ils me dégoutent. "Toi, tu as le temps" dit l'horloge. Personne ne sait. Que le temps jouit de moi. Je suis le corps le plus malléable du monde. De la salle. Le plus transparent. Je pourrais ne plus reconnaître mon adresse. Le matin, je suis déçu d'être en vie. D. est un amour excusable. Je voudrais partir, mais pour qui, pour quoi. Ici, on me désire, mais je ne veux pas, je ne peux pas. J'essaie d'expliquer à R.

"Des femmes passent, me griffent, on m'envoie des lettres, j'aime, je déchire, et je passe, repasse, dans leur imagination. Un artiste de l'amour. Mais je n'arrive pas, ensuite, les laisser me pénétrer. M'offrir leur corps. Je les nourris, dans les rêves. Devant le corps nu des femmes, je dois me forcer. Je bois. Pour dire la nausée, c'est l'alcool. Je ne supporte pas l'alcool, et je ne supporte pas le corps des filles. Je les voudrais près de moi, je les voudrais qui me parlent, qui me murmurent, je les voudrais qui me serrent. Qui m'embrassent. Mais je ne peux pas. Leur nudité m'effraie. Je vois des mains qui sont déjà venues, je vois des cris, des cris que je ne peux pas entendre. Quand Emilie jouissait, j'avais peur, j'avais peur. Je croyais voir les yeux de Marguerite.

Je voudrais l'Océan, qui balaie les doutes, les souvenirs. Je voudrais ne plus me souvenir de sa poitrine lourde.

Ellle m'écrivait « tu voles les coeurs »

Prenez-moi la main et engloutissez, comme des seins frais, des jus d'amour.

Je connais, le gôut de la passion.Le parfum de la passion.

Mais je fais mal pour aimer."

Si je te parlais tu te demanderais, si je suis une enfant ou un adulte.J'ai l'indifférence indisciplinée de l'enfance. La terre nouvelle des Amériques grandiose et languissante comme ces Indiens qui vomissent sur leurs feux. Je suis le feu sans brûlures. Parce que je manque de profondeur. Et toute la vie, je serais obligatoire. Une obligation aux mots, aux gestes, aux regards. Je suis irrégulier; irrégulé. L'impersonnelle fragilité de mon esprit curieux aux danses du corps dans les rues de la ville. Je tombe facilement. Amoureux. De peur. De fatigue. De dégôut. D'hystérie. De toi, putain. Mais je tombe surtout, facilement : sur moi. Et alors, je me gifle en écrivant.

[ Je sauve mon propre incendie en dévorant les livres ]

Je voudrais partir toujours. Voyager, mais quand je demande, on me parle de déplacements, on me parle de logique, on me parle d'habitudes, on transpose. Je voudrais remplir ma mémoire pleines de cases blanches, je voudrais recouvrir de sels la douleur qui s'obstine, qui s'accroche, qui plante ses ongles verts. Me construire des souvenirs. Je pense à E. Je la verrais peut-être là bas. Si je meurs. Je ne sais pas si je lui parlerais. Mais je la regarderais. Elle a écrit, avant de mourir, "j'ai enfin trouvé celle que j'attendais depuis longtemps". J'ai peur d'écrire la même chose, alors je ne le ferais pas. Oui, peut-être. Elle. Celle qui. Ou non. Peut-être pas. Je verrais E. Et j'aime déjà son sourire. Si elle ag ardé le même. Je commence à l'apprendre. Je veux lui rendre.

[ Crier à Wendy "je t'écrirai", c'est comme lui dire "je vais t'aimer, et oublier de préciser "à ma manière". ]

J'ai dis à H, avant de quitter la table "quand tu liras mon recueil, tu vas enfin pouvoir me rencontrer entièrement". Elle me regarde, me sourit. je quitte la table. Je croise les jambes. Je dégouline. c'est l'effet. Je n'aime pas les Aux revoirs, les fins. Alors, je me retourne. Les yeux dans le dos, je lui lance du regard "J'ai un pistolet dans la plume". Alors, il vaudrait peut-être mieux, que je ne lui écrive pas.

[ Dali vit et meurt en moi, et ça me fait presque mal ]

Pauline me dit qu'elle s'épuise à écrire. Je crois que l'écriture est un épuisement maladif. Une obsession adorable. Lore écrit aussi. Je suis entourée de personne qui écrivent. Lore me manque déjà. Ses mots, qui ne comprenaient pas, la vie et ses déceptions. Ma petite Lore. Mon petit bout d'inconnu. Et Marina, Et E, vos lettres dessinées. Je me reconnais en elles : cette même envie de fuir. C'est pour elles, pour eux, que je ne peux pas réussir, je n'ai pas le droit. De devenir public. Je dois rester privé. Priver mon nom des gens, garder, réserver. Je ne veux pas. Je ne veux pas être en dehors. Avec les autres. Je suis contre eux.

J'écris à Chloé

"La source des architectures compliquées se retrouve dans le pont altéré des souvenirs"

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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