Brèves de table basse - la toux
Il se trouve qu'actuellement je tousse beaucoup. Aux alentours de trente degrés à l'ombre mon organisme réagit comme s'il en faisait trente de moins. Je crache beaucoup, mes glaires m'impressionnent parfois, visqueuses, épaisses, denses et jaunes. Lorsque je les expulse d'un râle la trajectoire, flottante, me fascine.
Il se trouve qu'actuellement je tousse beaucoup, ma gorge est irritée et j'en suis très las. La nuit m'est pénible et le sommeil en devient rare. A sa rareté je suis déjà accoutumé mais tout de même de le voir hanté par autre chose que l'excitation nerveuse ou la peur du noir ou les angoisses. De le voir tout gâché de cette toux infecte.
Actuellement, parce qu'il est deux heures du matin et que l'ennui me gagne - mais la fatigue non mon corps s'étant comme résigné à ne pas pouvoir dormir - je me dis que peut-être je vais mourir ; la pensée m'amuse qu'un médecin, demain, m'annonce ça : "vous allez mourir".
Ce diagnostic - aucune maladie identifiée - agit comme une rationalisation - un remède - à mon état. Actuellement je tousse beaucoup et j'attends de mourir.
Comme beaucoup et peut-être tous je regarde avec un certain amusement le sang de mes excrétions et je me raconte la fable de la tuberculose. Et cette fable qu'on a connu par les livres et les films où toujours dans un train un dîner une chambre toujours cette fable où la toux tâche un mouchoir blanc de sang.
L'imaginaire, à force de connaissance, se développe et l'imagination toujours se conjuguant au passé me propose le sanatorium qui a passé de mode. Mon père, plus jeune, y fut hospitalisé. Mon père qui plus jeune passa par à peu près tous les périples d'être et qui parvint, tout de même, à être à vivre et à proposer au monde, avec l'apport non négligeable de ma mère, quatre enfants.
Bientôt, à cause de ma toux hors-sujet il n'en restera que trois. C'est le médecin, demain, qui le dit.