La tête par là
la tête en haut ça commence ça a commencé là
en descendant lentement épaisse
la douleur qui coule
magma
ou
sève à rebours
celle d’arbres factices
enchaînés aux terres vaines
des mondes d’artifices
la tête par là
en haut
que ça débute
jusqu’au ventre
comme une grande ligne
d’épines
toute droite
avant
la mâchoire tendue toujours
pour à force
comme mâcher une douleur
qui ne se digère pas
ni ne se déchiquette
bâton de réglisse
on dirait
que rien n’épuise
le temps peut-être
la bouche inutile
sa salive
toute eau claire quoi
purifie rien
langue pourlèche
la plaie
langue salée
des landes glacées
le langage avant
le langage ce banni maintenant
le tabou cette sorte d’ultime interdit
tu sens la parole une condamnée à mort
toi pareil ô grand billot
ici attache la tête
où le pal passe tout à l’heure
cette longue lame
sa corde assortie
tu feras tout à l’heure
un joli pendu ta mine toute verte
tu ressembles je crois
ainsi paré
de chanvre et de fer
à la vase atlantique
le moment où l’écume
tape sur les berges
les algues dansantes
la tête douloureuse
encore toujours
le bourdonnement
celui
tout en même temps
une rumeur un silence
tu sais ne sais pas
toujours la même mort guette
tu ne savais pas
la mort porte
l’habit des rumeurs
tu ignorais
sa parure
le petit bijou à sa main
qui tinte
le mensonge
qui détruit, clos
et tue
le mensonge
assis sur ton visage
immobile
tout soumis maintenant
tu te noies dans une mare
mon pauvre ridicule
vas-y.