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8 novembre 2023

Impératrice dite Sur-Reine.

texte de juillet. 

 

Je passe un peu de temps à Suresnes, la ville où j’ai grandi et où mes parents vivent toujours. Ville devenue bourgeoise après une longue période oscillant entre communisme et socialisme municipal.

Les cité-jardin y naquirent, destinées, originellement aux couples d’ouvriers ou de petits artisans, fabriquées en briques oranges, caractéristiques des immeubles d’habitation des années 20 

 

1920, désormais que le temps passé nous place dans un nouveau siècle, que 20, aussi, c’est 2020 que pour qui dans 70 ans discutera de la pandémie dira — si maintenue la possibilité du dialogue, que le langage non rapetissé au crissement des cafards sur des éclats de carrelage — la pandémie des années 20. Peut-être d’ici là, si langage demeuré, d’autres catastrophes dignes d’Histoire, réduiront la pandémie de COVID à un épisode marginal (quoi que triste) de l’Histoire récente, symptôme, le moins grave, de toute une dégénrescence à venir — advenue. Tout deviendra l’accident des c(C?)onstitutions fragiles. 14-18 la grande guerre, le combat enragé de la France et de l’Allemagne accompagnées de leur séides. 14-18. Si le football maintient son empire — empire étendu aujourd’hui le championnat saoudien se rêve déjà rival des championnats européens —l’évocation de 14-18 de la France et de l’Allemagne, à cause de l’empilement des tragédies, rendra compte, peut-être, des victoires successives aux coupes du Monde de Football, de l’Allemagne (2014) puis de la France (2018). Qui peut dire ? 


Sur la page wikipedia des cité-jardin de Suresnes on peut lire : 

Elle compte environ 3 300 logements, dont 170 pavillons, ainsi que de nombreux équipements (théâtre, établissements scolaires, bains-douches, résidence pour personnes âgées, logements pour célibataires, lieux de cultes et commerces)

La ville, dans les années 80, alors que le socialisme pour la première fois conquérait l’Elysée, bascula à droite et, depuis les années 80, la mairie s’efforce de chasser des HLM les plus démunis. En proportion, d’abord, en détruisant les anciennes petites maisons de ville - sans rapport avec les ignobles pavillons de banlieue - d’un étage, charmantes, modelées par des générations et des générations, d’acquéreurs, maisonnettes bigarrées, ensemble hétéroclite composé presque comme une jungle toute laissée au hasard.

La mairie remplace ces maisons par des immeubles sans charme, annoncés avec la pompe et les clairons des grandes affiches des promoteurs immobiliers « ICI VINCI CONSTRUIT » ICI BOUYGUES DU DEUX PIECES AU CINQ PIECES TROIS DUPLEX » « NOUVEAU QUARTIER » etc. su

Nous aussi ils voulurent nous dégager de Suresnes quand Maman cherchait (avec Papa, Maman, surtout, à l’initiative des démarches toutes.) un logement plus grand pour nous accueillir tous. Je me souviens, la proposition faite par la mairie, dans une ville voisine, Nanterre, la trop connue, l’appartement, nous ne le visitâmes même pas, l’immeuble répugna à maman, une Tour sordide, dressée au milieu de rien, je m’en souviens comme d’une journée grise et l’immeuble le centre et la source de tout le gris. A-t-elle été détruite cette tour ? Je pense à P.N.L 

Une chance qu'ils aient pas détruit mon bâtiment (…)

Grâce à Dieu y zont pas cassé ma première tour

 

Attachement à cette cité, la première, avant l’exil hors du 91, en Franche-Comté je crois, puis le retour à Paris, dans le Val-de-Marne, Virginie m’écrit que la cité (Ivry ?) où ils vécurent cette deuxième fois en RP, se trouve-ait derrière chez elle. Parce que, cité détruite, aujourd’hui, sur les toits de laquelle, ils tournent le clip du morceau Deux Frères, 

sans éprouver envers elle, cette cité détruite, un attachement aussi viscéral qu’à leur 91, et plus encore, aux Tarterêts dont ils rêvèrent tant que, adultes, au sortir de prison pour l’aîné, au cours de ses études pour l’autre, ils réinvestirent. Tout, chez eux, se dédouble, la mère algérienne mais absente le père corse et présent et bandit. A l’envers des structures familiales connues. 

 

Suresnes : 

Le prix d’achat des (ces) nouveaux appartements dotés de tout le confort moderne (jadis, lorsque les HLM sortirent de terre et firent sortir des bidonvilles ou des maisons insalubres, les indigents, l’argument du confort moderne primait sur tous les autres) est exubérant, excessif. Mais, ce faisant, remplaçant trois maisons par 30 appartements - qu’importe le niveau de vie - fait mécaniquement baisser en pourcentage les plus pauvres. Le vrai grand remplacement. Autre, encore, que la gentrification, la bourgification. 

 

hier, cherchant à acheter un livre, je demande à José quelque chose de simple, pour offrir, il me désigne Rue des Pâquerettes, devant le titre, je chavire oh non parce que fou connaissant le nom des fleurs, j’éprouve pour les pâquerettes une inclinaison particulière, vertige de ce que la cité des Pâquerettes renvoie à celle voisine et identique où mon père vécut la cité des Marguerite(s?) (cités dites de transit et l’on sait la lenteur de celui-ci quand il digère le mauvais sort des immigrés — papa né en France pourtant). Immeubles construits à la hâte, signe de bonne volonté prétendue des pouvoirs publics pour arracher aux bidonvilles ceux qui y vivaient (il faut lire le gône du chabah qui nous expose combien le bidonville valait, au début, mieux aux yeux de ses occupants, que ces cités de transit). Appartements sombres, sans toilettes, sans fenêtres. Il parle de Nanterre, de la misère, de la boue. Idée de lui écrire, à l’auteur, arrivé en France en 1962 à dix ans (Papa, naissance 1957, 5 ans en 62. 62 année de la fin de la guerre d’Algérie. Harki l’auteur ?) pour entrer dans les détails de cette vie, par un autre côté, moins douloureux pour moi. Toujours eu envie d’écrire sur sa vie, la vie de Papa, lui, assez volubile pour  m’en donner un aperçu, renforcé, l’aperçu, par ses cousins, d’autres récits. Maman, elle, autre histoire, muette, celle-ci, sinon quelques évènements appris par surprise dont le souvenir me dessèche la bouche. Toute la place, dans sa famille, occupée par les récits masculins, mes oncles, la guerre, l’art, l’athéïsme. La plus jeune exceptée. 

Papa, entendre son histoire, par cet autre, proposer une rencontre. Est-elle seulement possible. Y assister, moi, pour recueillir ce qui demeure embrouillé dont je ne parviens à faire le récit. Témoigner, à travers les enfants, les intégrés, les détachés de la culture d’origine, et moi presque délavé, délavé et habité, en même temps, d’un mouvement de reflux, d’un mouvement d’implication. Yannis me racontait se sentir captif de ces vies, j’ignore, s’il concevait, ces vies, celles de nos parents, comme leurs récits ou, plus clairement, leur vie biologique, leurs soucis actuels. Un peu des deux, probablement. Entre nous un silence. Le silence, aussi, entre les générations. Un classique, banalité. 

 

 

 

Suresnes : effacement des pauvres en valeur absolue, aussi, puisque, profitant d’un codicille légal, la mairie rénove, avec succès, et je l’admets, réussite esthétique, les immeubles HLM délabrés (ou non), ce qui lui permet d’en augmenter le loyer de plusieurs dizaines de pourcents, inaccessibles aux anciens locataires, en toute légalité, à l’expiration du bail, non renouvelé en conséquence, mais, parce que droit au logement opposable, la commune, avec l’idée de cette communauté de communes et l’assistance du conseil départemental, exfiltre vers les villes voisines, les désormais inaptes aux exigences financières et sociales de la Ville. Qui, toutefois, conserve, souvenirs et reliques, quelques pauvres spectaculaires qui, parfois, se retrouvent, lors d’émeutes, en Top Tweet, au grand ricanement des utilisateurs des RS voyant Suresnes associée à ces expressions de colère, et, devant ceci, les artificiers suresnois s’indignent, revendiquant, que si, Suresnes ça craint, tirant, fierté, bandidos, d’évoluer dans la jungle, les dangers, la bicrave. 

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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