Texte à visée ironique - concours Guerlain - Parfums d'amour - les mots de sperme de chatte de bite de fluide de liquide de pleurs se manifestent implicites dans l'hypocrisie de ce texte.
La porte claque. Il est en retard. Il a traîné. Mes mains le retiennent. Mes ongles longs s’accrochent. Mes ongles peints le retiennent ; l’agrippent. Il part. Il laisse dans le lit du soi-même. Une odeur différente tous les jours et pourtant chaque fois la même. Celle de l’amour. Il claque la porte et l’air alors déplacé emplit la pièce de son odeur. Ce parfum par lequel il dit « c’est moi, je suis de retour ». Ce parfum qui le précède et l’annonce. Ce parfum partout avec lui comme une ombre, une ombre paresseuse, une ombre toujours en retard, une ombre indépendante de toute lumière, indifférente à la lune ou au soleil.
Il l’appelle depuis le bureau où il est arrivé à la bourre. Entre les bouchons des trop grandes villes et son départ tardif il lui était impossible ne pas être à la bourre. Son boss l’a convoqué dans le bureau, il a claqué la porte. Une porte inodore. Alors il l’appelle, il l’appelle elle, et il rit en racontant son entretien. Elle dit, tu ris alors que tu t’es pris une soufflante. Il dit pour ce que j’ai vécu ce matin…des soufflantes je m’en prends tous les jours.
J’aimerais ne pas partir il lui dit. J’ai du boulot moi aussi, elle répond. Il dit oui c’est vrai mais voilà. Non, pas voilà, c’est elle qui dit.
Je suis obsédée par son odeur, en manque de son odeur.Présent, je le renifle comme un animal sauvage. Ce parfum là, ce parfum provenu d’aucun parfumeur. L’odeur de sa peau, la manière dont la sueur tourne, jamais aigre, sur sa peau lisse, sur son torse imberbe, son torse d’adolescent rieur. Le parfum de ses mains, tu sais, entre chacun des doigts, je ne sais pas ce qui s’y loge, c’est comme du magnolia, comme s’il portait aux phalanges d’invisibles champ de fleurs. Parfois, c’est l’odeur sèche du sel. Je ferme les yeux contre lui et s’annonce un saccage de vagues et la voix silencieuse de la nuit. Je ferme les yeux et je chavire contre ces odeurs toujours changeantes et pourtant identiques.
Il rentre. Elle n’est pas là. Il arrange sur la table le bouquet de fleurs qu’il vient d’acheter. Un bouquet maladroit qu’il a composé sans l’aide de personne. Elle adore ce qui sent bon. Elle adore les odeurs. Elle en parle et déjà elle emplit l’air de saveurs et d’amour. Alors, pour l’attendre et la retrouver ombre, il se glisse dans la salle de bains. Il ouvre le meuble, au-dessus du lavabo, où le chapelet multicolore des parfums l’annonce. Il saisit un parfum, au milieu du tas d’un geste. D’un geste brusque, maladroit, le même geste qui le fit composer le bouquet offert. Contre la faïence tout se brise et éclate et de ce mélange impossible il la ressent. Il la ressent en saccades, en décharge, il la ressent, comme démultipliée, cinquante fois elle-même déployée, enivrante.
`
Puis la panique. Il transpire.
Merde, elle va être en colère. Merde elle va me. Je dois. Je ne sais pas. Il saisit son téléphone, commence plusieurs fois le même message. Désolé. Non. Pas comme ça. Il reprend. Je suis arrivé ! Non, toujours pas. Il tourne dans sa tête le message pour lui dire. Il s’épuise. Il transpire. De grandes auréoles envahissent sa chemise. Il dit, maintenant en plus je pue. Je pue, je sens pas bon, je sens la lâcheté, la maladresse. Il ouvre une bière, qu’il renverse sur son pantalon. Maintenant, je sens l’alcolo. Merde, merde, merde. C’est grave ? Oui ? Je sais pas. Merde. Quinze ans d’efforts, paf, je les ai réduits en morcaux. Fais attention, elle dit, fais attention, en souriant. Elle dit, quand je casse tout. Quand je dépareille tous les services à thé. Merde.
Il s’assied par terre, sur le carrelage froid de la cuisine. Il observe la mosaïque, les petits carrés multicolores importés de Positano où d’une autre ville côtière italienne.
Il s’assied et il se dit qu’il l’aime. Il ne sait pas pourquoi il se dit ça à ce moment là. Il l’aime.
Alors il retourne dans la salle de bains. Range comme il peut ranger ce qui s’est brisé. Il se coupe et dans le lavabo il ajoute l’odeur insensible du sang.
La porte s’ouvre. Elle en a marre de cette serrure elle le dit. Elle la graisse tous les deux mois. A cause de l’humidité ça s’entête à bloquer. Elle ferme la porte.
Elle s’avance, il n’arrive pas à parler. Il lui dit, j’ai merdé. Elle s’inquiète, elle imagine le pire. Elle sent l’odeur de la bière et de la sueur. Ce n’est pas son parfum. Elle se dit ça y est il a merdé, il m’a trompé, c’est ça, c’est sûr. Ce parfum. C’est un autre qui s’est déguisé en lui, c’est pas possible. Il sent le parfum de cinquante femmes au moins. Des mélanges de poivre, de cire d’ambre de fossile l’odeur de… Elle rit un rire nerveux d’abord, le rire qui ne comprend rien, qui tord la bouche, qui donne au visage une autre senteur. Il panique, il doit se dire que c’est mort, que c’est trop grave, que c’est un assassinat presque. Puis son rire s’apaise, clair, comme du verre, elle reconnait dans ce chaos de senteurs tout ce qui est à elle, elle voit le doigt qui saigne. Ce doigt même pas pansé, la petite traîne rouge qu’il a semé sur le parquet du salon et dans la cuisine, des gouttelettes à peine semées sur son chemin, s’entrecroisant là et là.
Alors elle sourit, elle le prend dans les bras, malgré l’odeur de bière. Elle cherche dans son cou, elle retrouve son odeur à lui. Parfum d’amour rival toujours victorieux de toutes les eaux de parfum. Elle le pousse un peu. Montre-moi l’ampleur de la catastrophe. Elle rit. Elle dit, on verra plus tard. Elle remarque le bouquet de fleurs.
Le frôlement de l’alcool, je me l’épargne depuis deux semaines et demies aujourd’hui. L’alcool n’est pas pour moi une dépendance particulièrement marquée. Son absence ne me pèse pas, j’y pense parfois, l’évoque et deux semaines et demies pourtant passent. Pourtant, j’écris ceci a alambic où circule le mot-ferment. Qui n’est alcool d’aucune sorte.
A l’ivresse, lorsque sa possibilité se présente à moi, je ne résiste pas. Aussi et surtout du refus, absurde exercice, de retenue et de tempérance.
Regardant avec dépit celui et celle qui se donnent à peine le mal de mer, disant, avec ridicule je suis pompette. Le mot même dissuade de se maintenir dans l’état de ce mot là. Pompette et que peut-on dire de pire parlant de soi-même. Pompette et l’on a entaillé profond, profond, l’estime à porter à soi-même. Pompette et je croyais désormais la honte et l’humiliation choses révolues et pourtant ce mot là les concentre. Pompette.
Je vais plus loin, dépasse le mot pompette, loin, l’évite même.
J’ai goût de l’aventure et des Amériques, je crois que sûrement, Collomb et la bande traversèrent autant l’Atlantique que des tempêtes de rhum.
A l’alcool je pense cependant douleur, ni atroce ni petite, ni frustration autre que celle énoncée à mes proches pour la farce et l’attitude lorsqu’eux boivent.
Ce week-end, sans le remarquer, je suis demeuré à la maison, dans la chambre, passant au salon à l’heure des repas, à la cuisine pour remplir ma bouteille d’eau, dans le bureau, un peu, pour ouvrir Là de Robert Creeley. Mais dans la chambre surtout. Inutilement immobile, attendant que le temps passe.
La coutume était de faire la fête et danser jusqu’au matin deux jours par semaine et voilà que, sans alcool, ce désir et cette habitude s’éteignent, exténués, indésirés. Devenue, la fête, consubstantielle à l’ingestion sur le comptoir des alcools forts ou des cocktails parfumés.
Sans alcool on peut très bien s’amuser, aucun doute à ce sujet, mais je ne le veux pas.
/
Ce par habitude et pour le goût du désordre que j’affectionne tant.
La nuit, ces nuits là, je ne me change pas autre mAais moi-même extrême et très indifférent. Trouvant grâce Ce geste, retenu, sobre, non par pudeur et peur, mais par la maladresse excessive des non-hallucinés.
On trouve dans l’alcool harmonie ignorée : niée par trop souvent. Sorte d’adéquation temporaire entre le geste et la pensée. La forme et le reste.
Des autres, alors, je m’indiffère. Pas du genre à
me fendre de grandes déclarations d’amour envers les potes et les anonymes rencontrés dans le hasard des rues ou des miroirs.
Je ne juge pas qui prend ces pentes. J’ai d’autres chutes, recherche d’une forme de silence - le mien.
Quelques inconnu-es me parlent et je leur demande, souvent, de ne pas le faire. Sans morgue, en souriant.
Si je vais au fumoir, seul lieu souvent où l’on s’entend, c’est pourtant davantage pour être vu, être avec les autres, que véritablement y fumer ma cigarette. Ce n’est pas être avec les autres mais près des autres.
Dans ce lieu là s’est inscrit quelque chose de très rituel et très ordonné malgré l’état de dépravation dans lequel je me trouve.
Je sors, avec délicatesse mon paquet de sobrani, cigarettes colorées, qui s’ouvre comme, du temps d’antan, la boîte d’étain où les cigarettes brunes poliment se rangeaient.
Puis j’insère la clope au bout doré dans mon porte-cigarettes, dont je ne manque jamais de préciser qu’il est en argent, serti de grenat, depuis la main d’un artisan d’Erevan. Souvent c’est la seule parole que je prononce.
Près pas avec.
Puis, c’est au tour de mon briquet saint-laurent ou des mes allumettes du Ritz de produire de mon geste la flamme finale.
Lorsque Catherine s’approche de moi pour me demander mon prénom, K. s’agace et s’exclame « mais en plus ça marche » non que l’enjeu d’être regardé soit d’être ainsi abordé puisque je ne souhaite pas converser. Pourtant cette situation m’intéresse pour la sorte de sexisme de K. qu’elle éclaire. Où les femmes, encore, se conquièrent par artifices, trucs, que tout geste soit geste de cette finalité.
La promenade de mes doigts, le mouvement du porte-cigarettes à mes lèvres, tout le rituel concerne autant mon libraire, Julien, que Catherine ; ma soeur que ce type d’1m90 qui m’aborde pour médire des grévistes, croyant, sûrement à la vision de mon apparence que macère en moi la même mauvaise matière qu’en lui, aigre, tourne, tourne.
(en boite de nuit je me méfie toujours des hommes en chemise et je vous conseille de faire de même. On les décompose en deux types, ceux très ivres dont on peut imaginer qu’ils fuient je ne sais quoi et portent mal la chemise, accostent bruyamment et méchamment les femmes ; les autres, toujours sobres, au premier cocktail, l’oeil toujours pernicieux et perçant, en chasse et répugnant. Ceux-là ce sont les pires, vautours voyant en la femme très ivre, charogne. Méfiez-vous de celà)
Errance. C’est au milieu de ces visions, moi (pour)suivi avec érotisme ou sans, que je me déplace. Je n’existe que sous ces lumières cernées, peintes ou pas, ébahies ou non.
(je suis un effet d’optique)
De moi je suis assez satisfait mais je n’y prête pas une grande attention et ceci fait partie de mon jeu. Faire croire à ma très grande habileté au soin extrême de ma démarche, on croit mon négligé chic et ce n’est que négligé. Mes chaussettes ont des trous aux extrêmités.
(suis-je sauvé par tant de cris auparavant passés, de ces nuits sans sortie, errant petit chien perdu, suis-je sauvé d’avoir expiré, au final, dans les cris, les larmes tout le poison qui me hantait, déguisait ma gêne en arrogance, me faisait passer pour tout autre chose. on parle souvent de manque de coordination pour les maladroits faisant sur leur passage tout déchoir et j’étais en ceci disharmonique me présentant mal à cause de la grande peur en moi et mon apparence trompeuse me faisait subir des autres ô les quoilibets )
Avec l’âge j’ai acquis une grande aisance sociale qui fait ma mise en scène la plus désintéressée du monde. Son objet et sa destination ce sont les yeux et mon paraître. Je m’arrête à ce rebord là, il me constitue pure matière, pure Apparence.
La très grande confiance qui m’anime diminue d’autant le sévice de ma prétention - je suis ce que je prétends.
Je me démontre en m’exposant. J’existe, ainsi. Je suis lumière trompeuse, comme très souvent les choses passagères, et la foudre impressionne par la brièveté de son éclat
Pour rire, en dehors de la fête, je proclame souvent que je suis devenu de la plus totale superficialité ne m’intéressant désormais qu’à mon extérieur, mes yeux peints, délicatement, au crayon noir, relevé du geste épais du mascara. De cette grande farce moi aussi je suis le joué, le dupé, cette extravagance à moi même piège ô étreinte de mon foulard rouge en soie tout autre chose multicolore.
Et puis quoi ? Je ne veux excéder ma forme physique. Face aux intellectuels et aux débats intelligents et rigoureux désormais je m’ennuie. Je les trouve artificiels et inutiles. Sans extase et dévitalisé comme les dents très mortes - et les matelots atteints du scorbut en savent quelque chose, ce sont les pires, ceux qui débattaient sûrement sur le Santa-Maria de la légitimité de la monarchie espagnole.
Lorsque très heureux je me disais matière. Je m’espérais alors, et je vous souhaite un jour de connaître le même espoir, étendue de peau pouvant absorber sur une plus grande surface tout le vent vivant.
Faire une enquête inspirée des détectives sauvages de Bolano. Nous cherchons ce que nous voulons selon nos désirs nos pathologies nos besoins nos espoirs
Cela donnerait du 12 novembre au 7 janvier, écrire, 55 poèmes, soit 76 pages, soit 2453 vers
la forme et le fond sont libres
j'ai seulement deux demandes - par l'idée d'en faire un petit recueil collectif à l'issue - essayer de faire, parmi votre production, un (ou plusieurs) poème composé avec en tête les mots suivants : écriture - réel - viscéral (ensemble ou séparés)
J'ai choisi, pour ma part, de rédiger tous les poèmes de mon enquête à la date limite prévue initialement.
Débuté le 7 janvier à 1h58, achevé de rédiger et d'insérer les "idées" multimédiatiques à 3h53 achevant sur mon document word de les insérer à 4h15
1:58 -> 3:53=> (insert multimédia)=>4:15
1.
Il y a cette stèle c’est devenu de la poussière on dit
y était inscrit le dernier vers du dernier poème
le vent
extraira de cette terre natale
souple heureuse
le liquide mystérieux
jaillit doucement
et la larme
et la rime
dans l’urne mieux
que funéraire
récolterai-je
ce doux pétrole?
2.
, ;
,
, .
,
?
3.
Chemin envers ce pays de champagne. Les cigarettes rangées dans la poche intérieure de l’imperméable. Les lunettes de soleil anti UV garantie UE. Le chapeau à bord plat, traité à l’insecticide pour repousser les moustiques porteurs de maladies mortelles. Le là-bas. Nouveaux parages, nouvelle vie.
C’est pour de vrai, c’est pour de vrai
c’est comme porter une cravate pour son premier stage.
4.
Le filet à papillons à mailles étroites que toute la poussière s’accumule ici et nos mains patientes, nos mains aimantes trouveront le dernier vers de l’ultime poème. On doit plus sérieusement attacher nos lacets.
5.
On a dit
le premier indice
on a dit
ce sera aussi le dernier
que c’est tout au bout du monde
civilisé
on a dit
cette expression là
et nous avons frémi
sans répondre
on nous a montré sur la carte
nous avons pâli
Nous sommes réels
c’est
plus loin que le mexique sauvage
plus dangereux que le loup amoureux
on a pâli
nous sommes viscéraux
6.
.Le repas a été frugal. Je m’habitue à manger peu, à heures régulières, je trompe la faim et moi-même. Les journées seront longues et denses. Il faut parvenir au but rapidement. Je crains le manque de nourriture.
Pensée : Un Dieu qui ne me mènerait pas directement au paradis ne mérite pas qu'on y croix.
7.
D’où vient la poussière
(plus loin bien plus loin mais à partir de là)
8.
Effroi. Il a fait une saison de givre d’un coup sec. Tous les hivers du monde se sont rassemblés en ce point unique. Tous les hivers accumulés, les glaciers, les fjords et les frigidaires.
9.
L’auto-radio perd le signal et se mélangent des voix inconnues. Je n’entends pas le bruit de l’eau. On a perdu le rythme sinueux de l’eau battante des villes. Clapote, clapote la vie ? Est-ce ceci s’approcher de la poussière ? S’éloigner des cours d’eau ?
10.
B B
B B
B B B
B
11.
Je ne sais plus rien. S’il y a lieu ou langage si quelque part outre-noir existe
l’outre-noir
du non-noir
le départ
de quelque jour que ce soit
n’importe
quelle aube
du Bleu
pitié
du Bleu
12.
Est-ce encore ma langue que je parle. Qu’articulé-je ma bouche bouge-t-elle
et laquelle trouverai-je
Je dis un mot à quoi je ne comprends rien.
Je dis un mot
inintelligible
Vite, vite
13.
AU SECOURS p
e
r
d u p e r
u
14.
15.
C’est moi ? Est-ce bien moi ? Paroles de malédictions, ô stupeurs, vous m’avez changé, que cette langue, ce visage, mon dieu, mon dieu. Si je passe la langue sur les lèvres moi encore moi. Aucun son ne sort aucun soi à moi même ne sort.
16.
viscéralement défait.
17
Morceau de moi. Débrisé. On dit
que je suis quelque part
sur ce passage fléché
une mèche je demeure
c’est moi que je perds et la recherche me cherche
me débute me perpétue.
18. ????
19.
EXISTER
SE PRODUIRE REPRODUIRE PAR LE TRUCHEMENT DE LA MUSIQUE LADAGGIO CE QUE TU VEUX CROIS
VOIL0 TU PERDS LA TËTE L4INCOSNCIENCE ENFIN TE PRENDS TU DISPARAIS SOUS LE VERBE LE MONCEAU DE LCINOMPRHENSIBLE VERBE tu ne comrpendras plus rien tu deviens ntelligible ti même langue morte tu te tutoies tu prends de la distance avec toi même le plus vite possible combien de minutes déjà de désertt tu as ainsi creusé hahahahahahaha
tu es devenu de l’encre transparente matinée de vide de rien de colere de creveure tu ne sais plus
ce que c’est que cette ie à toi tu es brouillon de toi même mais tu ne te recommenceras pas, tu cherches dans ta main derriere le crâne le bouton de recommencement tu cherches ton bouton power ton reset
et ça ne marche pas tgrsiuyzhgoiurghaI>GZ
TU CROIS FAIRE DE LA MUSIQUE
chantonner comme ça
23.
Suis-je l’enquêté ou est-ce moi qu’on investigue. Autour de moi des masques parlent et s’agitent dans un mouvement rituel je ne sais me prie-t-on maudit-on ?
Je ne sais combien de jours sont passés, si l’hiver même a changé. Le temps qu’il fait, je ne sais pas le temps qu’il fait, rien ne s’écrit, rien ne s’inscrit.
Quelque chose entre dans la peau.
24.
25.
seul
26.
Y a t il des masques ?
NON.
27.
C’est à n’y plus croire comme le désert peut débuter facilement dans une vie. N’est-ce pas la chose la plus normale après tout que voisine la poussière et le désert. Croyant trouver la pierre réduite néant où s’inscrivait le vers c’est au désert aussi et d’abord que l’on parvient. Dernier poème peut-être est-ce aussi tout un sahara à rassembler puis à trier.
28.
Je ne suis plus ni visage ni raison plus ma voix ombre et si je me découvre c’est un autre moi que j’aperçois. Les cours d’eau m’ont fui. Désormais je comprends. Ici, dans la périphérie, le pourtour et partout, l’eau heureuse parcourt le pays mais c’est mon visage qu’elle fuit, mon visage qui n’est plus mon visage. Comment j’ose dire je moi qui n’existes plus.
Il a fait un grand vent ce matin. L’espoir paraissait renaître. Je me suis servi deux fois du porridge. J’attends, tranquillement. Cette quête me plaît.
35
Je n’en sortirai pas.
J’arrache, j’effeuille mon visage
feuille à feuille comme un gâteau d’or
qu’on dessertit
des regards se posent sur moi
des regards de mort-vivant
je feins de ne pas voir
ceux qui me voient
36.
L’autre, B, qu’a crevé, m’a laissé bien en peine. Faisait dix degrés pourtant. A clamsé.
Depuis son périr, la solitude, là. Ce moment que ça a dégénéré que tout a fui par le filet à papillons ma vie d’abord mon visage aussi c’est sûr ma propre figure qui s’est évadée. Le nez, à côté, le nez quelle blague.
Moi c’est la langue, la voix et je me suis dissous dans l’ombre.
37.
Le poème, le poème, le poème
4400 fois
répéter le poème
qu’on n’a pas appris
qu’on n’a même pas trouvé.
le poème
comme la vérité
38 (146,66)
Langue, sèche.
Tant de désert
Une seule gourde.
39.
J’ai entendu j’ai entendu frémir une rime là au loin je suis sûr ça a fait un bruit d’oiseau mort ça a fait le bruit enfin
le premier vers
j’en étais sûr
tout seul même
il rime
c’était sûr
que la poésie ça débutait par là-a
rime
40.
Je vais revenir couvert d’or, ah ça, le pied bot peut-être et la main ensanglantée
j’ai tiré du rivage du marais un peu de cet or
c’est le début, ça débute, je sens
cette cicatrice le long de mon doigt
premier morceau de la stèle
41.
42.
n’est-ce pas toujours se chercher soi-même que ces départs, ces aventures, la traque réelle : ce soi-même qui s’efface ; ce soi-même dans les cratères, les dunes ou les déserts. N’est-ce pas la bien vaine quête de fixer graal ou poème son attention sur ces ailleurs. Diverti de l’essentiel et soi s’efface, se divise, perd visage, devient autre. perd perd perd.
43.
Ahahaha la gloire
la gloire
oh
44.
Pourtant, je me dissous. Petit cachet d’aspirine. La vie ce verre d’eau et moi dispersé.
Saute de fatigue la paupière saute la conscience. Me dédoublé-je en folie. La malédiction, cette douleur qui m’est entrée dans la chair et la démence avec elle.
45.
Où
suis-je
46.
Qui-suis-je ?
47.
Je ?
48.
C’est la plaie qui me guide, la trace oblongue sur mon doigt, la chaîne trouvée d’argent vrai c’est sûr ou de plomb saturnien pourquoi pas ah c’est facile je la suis la chaîne qui tremble au son de vérité.
quarante-neuf :
Intersection
50. stèle
51.
52.
Un dernier effort, c’est là, c’est au bout, je l’ai le mot secret, je l’ai l’aveu de la terre, de la stèle, je le tiens dans mes bras comme un trésor d’Ethiopie.
53. Insert coins
TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TdRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAeIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGaIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN d TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN
quand tu expulses nu le gosse nu quand tu sues séminal nu
quand tu coules nu transparente et gluante nu au sommeil
c’est au tour du désir
de crever sa ridicule mort
demeure
nu pourquoi
Alors se précipitent dans la lumière vive
les mains savantes gantées clac un coup glacé
ce drap jeté déjà
les yeux se détournent
ta nudité on y met fin
tu as un prénom
en quelques secondes
on a eu peur peur
qu’elle dure
que tu n’imprimes pas ton visage
dans ce suaire là
ne sait-on jamais que plus tard
tu deviennes un saint
il faut capturer ton visage
dans ce drap ancêtre
deux fois millénaire
de l’appareil photo
pour la nudité
tu vas devoir te battre
tu vas devoir te battre
toute ta vie pour la récupérer ta nudité
hein
on te protège de ton propre toi nu
on ne sait le pouvoir
ce dont tu serais capable si tu demeurais
exposé au vent peut-être à a la maladie aussi
aux saisons violentes
mais à la vie peut-être et surtout
dans le doux piaillement de
la barboteuse la grenouillère
et si mon corps ici s’épuise
qui devine
sous les mots
l’épaisseur de ma peau si m’écriant
sur la foule de papier
ce masque les mots
les pixels
toute cette ombre
nocturne le traitement de texte
ce petit truc qui clignote
trait vertical
à la fin du dernier mot écrit
qui te dit
encore
encore
savez-vous
la nudité cachée
la nudité dans les mots recelée
l’aveu du langage tu crois
haha
l’aveu du mot écrit
ta page tu crois
ah la farce encore c’est encore
une cale
recule
recule
recule
loin dans l’ombre
le secret
tu ajoutes
avec les mots
une épaisseur
une croute
surcouche
d’obscurité
tu ne vois plus rien
ton visage
ni ton corps
la nudité
tu ne t’en assures plus
on l’a mise à double tour
sous scellés
et tu ne la récupéreras que mort
quand le tissu dans la tombe
s’effilera plus vite que ta peau
soumis aux vers
ces autres chiens
avides
de ton corps nu
tout entier cette fois
Et je pense soudain à J. qu’on a mis soigneusement en morceau. On a découpé, d’abord, c’était l’habit. Découpé, enlevé couche à couche, patiemment, on a mis en petits carrés blancs dans une sorte de formol tout ce qu’elle fut oh, ce qu’elle fut banquière esclave des habitudes Dubaï même, c’est vrai. J., soigneusement, cruellement déshabillée pour jouir du corps à naître nu, fragile, gêné qu’on emporta dans un grand désert nue J. qu’on prit, qu’on tordit il fallait attendre que le corps soit tout à fait nu pour tordre essorer cette vie et tu as pleuré ce corps nu et ce corps lumière ouf de justesse redevenu lumière lumière jamais perdu corps nu éclate éclatant soleil en cette saison de détresse.
Je pense à Léopoldine qu’on épuise deux ou trois heures la nuit dans cette maison de Romainville puis on dit dégage ton utilité c’était ton corps nu le dégonflement de mes paupières dans l’usage de ton corps
nu
ah serpillère et tu retraces
mal habillée
pressée
les yeux je ne sais pas
des coquards peut-être
des larmes c’est sûr
traversant tout ce chemin
pour retourner à staligrad
la nudité abîmée
gâchée
le corps nu pour exercer
la souffrance
je pense à saint sébastien se tenant devant je ne sais plus quelle ville Sienne c’était je crois percé de flèches crucifié sa nudité ses larmes de martyr pour garder de la peste la ville à mourir
sur la nudité quel pouvoir parfois on exerce
je pense à moi
expirant parfois de plaisir
le corps
nu tendu
frottant ou soufflant
ma langue mon visage
mes ongles
mon centre mes extrêmités
composent tout autant
mon corps nu
ravi
je ne suis pas plaie infiniment ouverte
à la douleur
je suis brèche dans quoi entre
tant de joie le monde entier
la vie
à partir
de là.
si
si je vous montre
en vérité
non mes mots
mais l’effroi nu
de moi-même
visage
puis torse
tous les poils
mis en scène
exhibé
nudité recroquevillée
exhibée
Au sens de la loi, ma nudité débute si j’expose de moi mes parties génitales, étendue, pour le cas des femmes à la poitrine telle que sexualisée par le code pénal dont nous n’ignorions de la perversité mais qui, à chaque article, c’est à dire dans ce foutoir par centaine, ne cessent de nous en faire l’heureux rappel. Ma nudité s’accomplit au sens social, pénal et moral par l’exposition de mon sexe à moi, dressé, mou, humide, sec.
Gardé-je voilé l’étroite zone et de justesse échapperai-je à 222-32
Mais le visage ? Le visage ah ça doit rester nu et visible, ça, R645-14 même. Ca rugit dès le départ, ce R, là menaçant comme un grognement de flics. Et gare à toi ! On peut t’arracher un oeil si tu te crois le plus malin. Le visage, le visage ça reste nu, éclatant, on doit te reconnaître partout où tu passes et toi même si tu veux rester discret, ne pas te faire apercevoir, que les passants ni les caméras de sécurité n’emprisonnent ton image, ton précieux visage, ce par quoi tu te dis, à la fin de la journée, c’est bien moi, ah si tu veux échapper à la capture, à la multiplication de ton image, déformée, accusé, si tu veux y échapper sache que c’est un délit, une infraction, que tu peux perdre un oeil, ou une main, on t’aura prévenu, ne t’obstine pas. Ton visage ne t’appartient pas, il est à tous, même à moi. Alors je te fixe dans la rue, insistant, ne t’échappe pas, même au carnaval je te guette du coin de l’oeil moi j’en ai deux, tu vois, parce que je m’expose comme il faut, aux appareils photographiques, aux caméras de sécurité, au soleil et toute la lumière du monde ne vit que pour moi. Le reflet lumineux des averses, c’est pour ma gueule, les mornes soleils et la curieuse illumination des nuages gris, pareil. Alors, toi avec ton masque
toi
toi n’oublie
pas ça Rugiiiit.
Je suis le voisin nu, celui qui ouvre les rideaux, sans s’en apercevoir, ainsi qu’il est né.
Baîllant sans gémir dans la lumière éclatante du soleil ou la lumière bizarre des nuages gris écrasant ou le reflet lumineux des averses.
je m’exhibe
vous ne savez pasf
si je porte sur moi
le scandale
A 7 ans, circoncis en même temps mon frère, lui 3 ans de moins.
Sofiane, le fils de Zakia, devait y passer aussi
la peau surabondante
ôtée d’un coup de couteau
je ne sais où a passé ce morceau de mon moi nu
peut-être le cherché-je dans les peaux les corps
dans la chambre à coucher au miroir recomposant
cette partie inconnue dont je sus être le porteur
le mot décalotté dans la nudité crue
je ne me souviens pas
Zakia demandait pour rassurer son fils
si nous pouvions montrer notre bite
au bout rose non encore usé par le frottement
de l’air du slip du caleçon. Yannis, mon frère, refuse d’un non définitif
surpris même qu’on lui demande ceci
et moi j’acceptai
déjà goûtant
le plaisir
du déshabillement Zakia demandait si nous pouvions montrer
Si j’entre, malaisé, dans le café ; franchissant avec gêne sa porte, il ne faut y voir rien d’autre que ma tentative de me mettre au monde.
Entrés, Mathias nous dirige, dans le « petit salon », nous installe, de ces mots désuets des gens du service, à une place cependant trop bruyante dont nous changeons rapidement.
Au-dessous du luminaire art-déco, je trouve une prise où brancher mon MacBook air sa batterie ne tient plus qu’une quinzaine de minutes.
Nous sommes venus ici pour écrire en groupe, 5 personnes.
N’imitant aucune avant-garde, ne nous retrouvant là que parce que la grève entrave les déplacements dans Paris et que ce point central de la capitale permet la présence de tous. Si je dois arpenter cette écriture ce n’est qu’après mon installation sur une chaise et une table, après avoir branché sur le secteur mon ordinateur, après avoir sélectionné, sur l’écran de l’ordinateur, le réseau wifi « zimmer » le mot de passe zimmer donné par Mathias (en minuscules, il précise). Success.
C’est un bon début.
Je me translate
corps
réduit à main
déployée
curseur de souris
sur l’écran
Mon déplacement dans l’espace physique se réduira au glissement du doigt sur le pad, à l’utilisation des raccourcis claviers (cmd+n pour une nouvelle page, tabulation etc) et aux touches enfoncées. Navigation facile, géographie apaisée, sans compas, étendant à ma guise les bras dans ce monde là, touchant sans effort les confins de ce globe.
Pourtant ma liberté que je crois totale aussitôt s’interrompt. Le puissant outil technologique à ma disposition me permet d’atteindre chacune des 30 000 milliards de page que google indéxe. Pourtant, mon corps soumis au pourrissement, à la faim, à la fatigue et à la mort m’interdit de parcourir réellement cette étendue virtuelle
J’ai encore un corps.
Je n’en connaîtrai qu’un fragment
accroissant
ajoutant
pierres et pages
à 30 000 milliards
Lorsque nous nous croyons débarrassés du corps celui-ci revient en trombe. Interrompant le geste. Il y a au moins 80 ans deux fois, juste à côté de nous, nous écrasant ces voix de leur double-siècle.
Quelque part je suis né
et j’ai grandi
de ces lieux
ce lit d’hôpital
Hôpital Foch
du 17 mai 1987
demeurent les récits
des photographies pas sûr
ce qu’on dit
les paroles des parents
ce lit
nous sommes des rumeurs
où ma soeur
mon frère
ma soeur
vinrent
ce lit
un autre
dans ce défilé des ans
et des rumeurs
2,3,12 ans
où changent
les choses
qui ne changent
pas
Le premier studio des parents
je croyais l’adresse
7 rue Gustave Flourens 92150 Suresnes
mentalement
chemin mental
délégué
au parcours
de la souris
tentant retracer
mon chemin
depuis mon domicile
actuel
jusqu’à ce moment
le premier
de moi-même
d’abord
la ville mentale
itinéraire ratée
loupée
je ne me souvenais pas
accumulant les erreurs
de trajet
la perte
Traçant le fil de moi-même
de mon domicile actuel
à celui, le premier
quittant l’hôpital
où je posai mes langes
pour la première fois
Me trompant
entrant l’adresse (mauvaise ville) Me trompant encore (mauvaise adresse)
Alors j’ai écrit à maman pour demander dans l’espoir qu’elle me réponde tandis que j’écrivais ce poème que sa réponse me parvienne non pas trop tard laissant ou le mensonge ou le vide à la place de cette vérité que je voulais prononcer mon berceau le premier que je voulais montrer nondans sa forme primesautière mais dans la métaphore le déplacement spatial constituant devant vos yeux lieu de mes sommeils
le petit studio
(était-ce neuf mois auparavant
dans le brouhaha
de la fécondation
l’agitation
mitose
le liquide amniotique
premier
lieu de moi?
)
mes premiers
pas se trouvent
mes premières paroles
se trouvent
maman
papa
premiers mots
premiers visages
les premières peurs
les premiers goûts
la première douleur
toutes mes premières fois
rien n’a su durer
en moi ni en eux
ce secret chemin
reconstruit
après
bien après
mal
faussement
les premières douleurs
souvenues
peut-être
les mêmes que celles d’antan
où l’inverse
plaisir ce qui fut
terreur
terreur
ce qui fut plaisir
puis
il y eut
la mer
concrète
voltigée
10 km
de haut
20 fois plus
de distance
ma grand-mère m’enleva
me prit
au froid
voyant
le froid
humide
l’hiver
dur
de cet appartement
trop petit
miteux
dangereux
pour le nouveau né
cette année
la première ou la seconde
froid de mort-vivant
on aurait cru
2 degrés il faisait
le printemps de ma naissance
ce fut
2h30 d’avion
pour atterrir
le petit aéroport de Béjaïa
(sa piste défoncée)
je sus le kabyle
autant
j’oubliai le français
même pas deux ans
d'âge
déjà
l’oubli
ma grand mère de ce temps-là coupa
une mèche de mes cheveux très bouclés
à la première page d'un album photo
consacré à moi-même
elle l'y attacha
cette mèche
y est encore
mes cheveux
premiers cheveux
souvenirs
je dansais
dans les rues
le quartier chinois
aujourd’hui
30 ans après
dans les rues de Béjaïa
en bas de l’immeuble
les Babors il s’appelle
encore me reconnaissent
gens
de ce temps là
gens
de cet antan
où dans la rue
quand les boutiques
qui n’existent plus
passaient
pour attirer les clients
la musique douce
et belle
le chant
triste comme la rumeur
de la derbouka
et de l’exil
on me reconnait encore aujourd’hui
me rappelant
ce dont je ne peux me rappeler
cet enfant dansant
toujours souriant
on dit que c'était moi
ma rumeur
notre vie c'est aussi ça
tenté-je retrouver celui là
dansant des nuits entières
avalant la nuit la piste de danse
d’autres gens aujourd’hui me disent
qu’est-ce que tu danses bien
j’aimerais leur répondre
Tanemmirt
j’ai oublié le kabyle
j’oubliais
j’ai oublié
jusqu’à l’oubli
de mon oubli
la langue perdue
pendante
oublié
maman
le mot de maman
pour maman
je dis
tata
quand je la revois
yaya
je l’appelle
maman
et ça rentre
dans le coeur
de maman
se fiche
comme le
gel de cet hiver
à quoi on m’arrachait
que je rendais
cruel
premières dents
déjà je mordais
la
langue perdue
je me demande
dans quels replis
fichés
ces mots
que je réclamais
china
et chouchou
les oranges
et la viande
gazouz
pour la limonade
le pshiit oublié
de la capsule
en métal
qui saute
pour moi
et mes yeux brillaient
pétillaient
c’est sûr
mieux que les bulles
verglas
qui prit en moi
je porte
quelque part
comme un fossile
gardé intact par le permafrost
l'amazigh
langue enracinée
avant moi
dans mes ancêtres
que j'interromps
ma rumeur
Parfois, des années après l’oubli
papa m’emmenait voir le petit studio 36 rue Albert Caron
du dehors semblable à une charmante
maisonnette
un cottage anglais presque
pourtant
humide
glacial
les chiottes dehors
après la courette
en graviers
on dit
que déjà je courais
ma grand-mère
m'enleva
naissait-il le goût de l'exil
On y croisait
Monsieur (nom oublié ? Albert ? Alfred ?)
voisin d'alors
usé par la cigarette jusqu’au trou vrillant stigmate la gorge
Le non-mouvement de Vienne fascine l'homme aux lunettes fumées-violettes sort un stylo se démode dans la ville démodée costume de flanelle croisé horrifiant Heidi Slimane la poche vibre un appel international le smartphone tu d'un geste rapide on le note sur le calepin un Leuchtturm1917 hostilité de principe dans la ville (m)usée au Moleskine Hemingway on ne veut plus en entendre parler cet auteur on ne comprend pas pourquoi avant lui personne n'eut l'idée de lui fermer la bouche d'un coup de fusil bien placé il y avait le choix (en vérité il hésita entre le Leuchtturm1917 et le Moleskine mais sa haine de Hemingway le seul auteur lu en seventh grade le divertit de son geste il cède au nom le plus compliqué il a toujours su prendre l'air pénétré de celui qui sait il n'y a qu'à voir sa photo de profil)
Le type un vieux beau on ne saura jamais l'inscription sur le carnet, arrivé trop tard, on imagine, il parle anglais l'accent du Texas, d'Austin peut-être d'ailleurs beaucoup plus loin, Wellington ? D'un geste il interrompt nos pensées et dessine, cette fois on peut le voir, un long serpent clair et murmure incompréhensiblement Austria-Hungarian Empire. Quelque chose comme une langue épaisse gonfle le carnet ou bien la pluie (ouf intact). Ca valait donc quelque chose le Leuchtturm1917.
La ville fracassée comme les tables de la loi (?) s'étend rapprochée tant bien que mal par l'homme des ponts jetés comme les bras des désespérés aux canots des naufrageants des femmes des hommes parlant le langage du diable ou de son petit-fils sans corne marchant parmi les vivants l'air étonné de tant leur ressembler l'homme ce n'est plus ce que c'était se dit-il à la terrasse du Starbuck
pourquoi rentrer chez papa l'enfer vaut bien l'enfer l'air si semblable et dans l'eau flotte les sacs en plastique on croirait les morts de chez nous dit le petit-fils à une femme viennoise, touriste assurée depuis que le GPS apprivoise la ville inconnue, elle ne répond pas, hoche la tête il ne sait plus le sens en Albanie de droite à gauche c'est oui et de haut en bas non le prend elle pour un fou des morts pareils à des sacs plastiques Elle ignore sa race il dit en allemand du 14ème siècle Il lui dit "vous ignorez ma race" en vieil allemand à caractères gothiques Beaucoup de confusion dans cette langue à peine déchiffrable pour la viennoise, entre deux âges, le petit fils du diable ou moi-même avions omis la précision
entre deux âges ça dit
presque plus reproductrice à la casse des XX quelle stupidité (c'est moi qui parle, JE quelle arrogance)
il vient de pays de suie et de douleurs là-bas enfants décharnés flottent à la surface des cours d'eau polluée (c'est elle qui pense)
l'Inde son imagination limitée des eaux sales se limite au Gange et incapable de soupçonner les lacs de lave bouillante la terre sous la terre ni le ventre de l'enfant-soldat familier infernal
Elle part chavirée c'est pour autre chose qu'elle a fait le déplacement jusqu'ici on lui raconte depuis l'enfance la semblance de l'eau d'ici et la curiosité enfantine d'imaginer l'eau de sa baignoire la même à quatre cents kilomètres dans la chambre du grand hôtel Astoria.
Le glou-glou obstiné de l'eau intranquille quelques noyés les péris banals suicide dettes de jeu le long du chemin long / le poème où s'essouffle le nageur quand enfin la mer l'eau salée demande l'enfant 4 ans il commence les questions et bientôt la litanie des pourquoi si seulement je croyais en Dieu (je ne parle pas) ouvrant au hasard les pages du Missel/Coran/Torah/ (nous limitons au monothéïsme seules religions appréhendables pour le parent religion du livre à la fin) l'explication bien rôtie mais non le rationalisme saleté de Descartes dans quoi tu m'embarques
Ils ont passé par ces villes suivant les berges mouillées s'arrêtant en route recommençant le chemin de pélerins imaginaires. Ni Compostelle Ni Jérusalem Pas d'Elysée non plus pourquoi alors ? (c'est l'enfant de 4 ans muri, une miche de pain à la main, attendant à l'auberge d'être servi, il habite un roman de vers 1907) Guettent le montre marin à la gueule torride le Léviathan briseur de mondes (le lyrisme encore pour une maigre étendue d'eau pauvre Hobbes ainsi défiguré par cette obsession pré-moderne) ou bien Charybde en Syllaoù sont les bateaux à tête sculptée dragons monstres antiques vandales venus du Nord de l'Europe portant la Sibérie longue lame affutée au flanc gauche ? (la maturité qu'y peut-on)
La mère l'enfant vont céder à la fatigue à force de sommeil dangereux de feux de camp le bois cesse à la fin de croire à sa propre flamme merde quoi le chemin de halage c'est pour les chiens les chevaux et allons nous métamorphose subir ? C'est la mère qui interroge l'enfant plus si enfant les poils pubiens beaucoup et ce je ne sais quoi dans le regard trahissant une nuit d'amour dans l'auberge 1912 ou le bordel dans les mêmes eaux. Lui ne répond pas il compose avec le lichen des sculptures de pourriture. Que de soupirs la traversée les oiseaux rieurs quand atteint-on enfin les endroits secs désert même fasse taire l'eau étroite
Au moment d'abandon l'éclusier fait des signes encourageants il connait quelqu'un il a tout compris le métier l'expérience tant dénigrée ça sert encore à quelque chose. Il prend son temps d'abord, roule une cigarette il sent le tabac froid c'est vrai (ravive l'odeur peut-être par ce geste gêné) propose au presque adulte sans un regard à la mère il prend la feuille une poignée de tabac se met à la tâche échoue recommence.
Une péniche recueille les marcheurs doux le cliquetis de l'eau contre la proue doux et lent l'adolescent redevenu enfant contre le sein de la mère doux le mouvement de hanches du fleuve homme-femme corps mixte doucement la voix du batelier entonne le chant triste des marins qui n'en sont pas vraiment ; sonne l'Eglise distraite les cinq coups l'Agnus Dei les paupières collants de sommeil le café tiédi servi du thermos mal fermé.
la Tétralogie il faudra la trouver par soi-même j'en ai semé assez de petits cailloux pour toute ma vie, Petit-Poucet ou grand con que m'importe maintenant.
Pour les connards incultes c'est un poème sur le Danube et sa traversée réelle à travers les villes véritables où ils s'herutent les hommes les femmes ou le diable qui peuvent par lui passer pour vivre mourir j'aurais pu le faire un cavalier avec une gueule de Huns le visage barbouillé des romains assassinés l'écrire avec les mots hongrois que je ne connais pas mais improvisant dans les caractères improbables c'est par ce mélange qu'il naquit le hongrois en combinant toutes les langues dans un chapeau et si tu le trouves trop long n'oublie jamais qu'il s'agit du second plus long
fleuve d'Europe et c'est la moindre des choses de garder à l'échelle 1/10000 son long cours Tu aimerais être un modèle réduit toute la vie toi qui n'a jamais été grand chose ?[/color]
Celui qui m'atteindra par ici celui là que j'injurie pourtant je lui donne mon amour tout l'amour condensé dans les mains tout l'amour non-donné au passé et j'irai
chercher loin dans l'enfance avant le premier mot à l'orée du premier geste sur la croix toutes les croix recueillant la plainte et le cri pour les changer amour
une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.