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13 juin 2023

Tu seras viril

L’étrange action, tardive en mon cas, de la setraline abstrait le désir sexuel dont la consistance, alors, tient davantage du souvenir ou du rêve, que de la pulsion amoureuse ou reproductive.

Le corps, lui, fonctionne comme de normal, il réagit aux stimulations habituelles, bander ne me pose aucun problème, éjaculer, par contre s’interdit, c’est à dire accomplir et achever ; entrer dans le destin reproducteur et le plaisir à l’acmé.

M. s’étonne que je m’indiffère autant de la sexualité, résumant celle-ci au rapport pénétrant/pénétré, comprenant mal que ce ne fut pas toujours le cas, je peux, désormais jouer, torero, avec mon désir et celui de l’autre, le surprendre par sa suspension. Avec M-C, nous jouions, souvent, à ce désir suspendu, balançant, retardant le moment de la pénétration, s’approchant au bord, jouant avec la limite du désir pour augmenter, après, celle du plaisir.

ici je supprime un passage que je déploierai dans un autre texte, ici, j’écris aussi qu’une pulsion de mort monte en moi, la même jadis de ce fameux post-coïtum animal triste, cette sensation d’une main osseuse serrant mon coeur.


M., je me sens étrangement bien avec elle, nous ne couchons pas ensemble, parce que je ne le souhaite pas, ce dont elle se vexe, pour la consoler, je glisse sa main contre mon sexe, l’assurant, ainsi, de l’absence de faute de sa désirabilité. Je me sens bien, étrangement, nous dormons ensemble, déshabillés, tendres assez, quelques baisers s’échangent. Le premier, c’était dans le salon, vers 4 heures du matin, elle soupira un enfin, un qu’est ce que tu attendais, qui, aussi, rappelait l’ordre usuel de la séduction, l’homme, quoi que même si son désir tarde à devenir certain, doit oser. Je ne sais plus si, c’était par jeu encore, je lui demandai si je pouvais moi l’embrasser.

Avec W., notre premier baiser, nous sortions d’un café, W., m’intimidait un peu mais trop forfantin, je n’en laissais rien paraître. Un moment, dans l’après-midi, elle me demanda pourquoi tu ne m’embrasses pas, puis nous nous embrassâmes. Paradoxalement, j’excelle dans les commencements, pas dans la prise d’initiatives. Je m’y force. Cette nuit, nous ne l’avions pas passé ensemble, j’avais dormi dans l’auberge de jeunesse Jacques Brel, de Bruxelles, la première et dernière fois. Dans la rue qui m’y menait, je voyais le symbole kabyle inscrit sur les murs. La seconde fois, nous en prîmes par la suite l’habitude montant en gamme, je réservai un hôtel 3*, l’hôtel Aristote, à proximité de la balle que Verlaine tirait sur Rimbaud. W., sortit une bouteille de vin - nous ne buvions presque jamais ensemble - et un préservatif féminin que nous essayâmes par curiosité, comme une expérience artistique que nous délaissâmes bien vite, préférant exercer nos talents manuels à des pratiques plus satisfaisantes. 

 

Le matin, ceci toujours me ravit, quand je l’embrassais dans le cou, sur le canapé, face aux livres, la lumière du soleil entrant par la fenêtre avant que les immeubles d’en face ne le brise - le salon, exposé Sud, brûle quelques heures par jour, les toits de tôle lisses et grises de Paris en augmentent la chaleur, puis le soleil passe sous l’immeuble voisin, il ne reste que la cendre.

 

Si je repense à mon désir sexuel, à la façon dont je dus le positionner face aux autres, me reviennent à la mémoire quelques épisodes. En quatrième, Arnaud abandonnait de son agenda des photos découpés de pin-up et proposait, à qui voulait, de les prendre. Je me portai volontaire parce que, ce faisant, j’actualisais ma masculinité, si mes pratiques correspondaient à celles des autres garçons, alors, j’appartenais au groupe. Cette pratique, transgressive au sens des règlements intérieurs et familiaux, permettait, ici, de respecter une appartenance plus forte et plus nécessaire. Je collai ces photos dans mon agenda, mes parents le découvrirent. Je ne me souviens plus si je dus les arracher, forcément, par contre, ils en tirèrent des conclusions erronées, ignorant, forcément, mon désintérêt pour ces images, l’impossibilité, pour moi, à cause de ce que la circoncision me mutilait jadis, de me masturber et de faire, de ces images, un usage autre que celui de conformité sociale. Par ces images je me signalais auprès des autres, me rassurais, moi-même, de ne pas être découvert, moins mutilé, parce que ceci s’avère trop complexe à découvrir, que moins, que pas assez. Je pouvais jouir, certes oui, du rôle exécuté à la perfection, me cachant à moi-même. Jouir, au final, seul, reproduisant, ailleurs, cette masturbation, d’un plaisir déjà adultère.

Oh, bien entendu, les autres garçons, ces collégiens, eux autant, par ces images, la provocation associée, jouaient aussi, en partie un rôle, dans le verbe haut et la verge droite, eux aussi se signalaient aux autres comme de bons hétérosexuels désirants et puissants. En dernier terme, après et en même temps que cette preuve apportée, moins les quelques dissimulés comme moi, ces garçons se masturbaient en effet sur ces images. Chose plus amusante, Arnaud et Gregory parlaient de leurs visionnages pornographiques et de leur absence successive aux toilettes. Je n’avais pas compris, jusqu’il y a peu, le motif de cette absence.

Deux ans plus tard, j’agissais enocre ainsi et doublement, d’ailleurs. Je possédais, enfin, mon premier téléphone portable. Un NEC, le premier téléphone, en France, en couleurs. Je prouvais, par cette possession, ma supériorité matérielle, il devenait signe de ma richesse prétendue, un mensonge, pour garder sa crédibilité, doit, régulièrement s’actualiser avec d’indiscutables preuves. Ces preuves, même modestes (et mieux encore de ne pas l’être), par effet d’attraction entraînent tous les récits vers le vrai, l’indiscutable, l’indubitable.

Je me souviens, aussi, d’un jour, assis à côté de ce garçon, Nicolas, être bizarre, sale, fumant du shit et, surtout en vendant, dénoncé, un jour par l’un de ces acheteurs dans l’enceinte de l’école. Je disais à Nicolas que mes parents me versaient, tous les mois cinq-cents euros d’argent de poche mensuels. Il répondit, incrédule, impossible et, alors, levait puis baissait la main, reproduisant, longtemps le geste, pour interroger la prof de mathématiques à ce sujet, réclamant cette censure adulte pour trancher notre débat. Je paniquai, je m’apprêtais à être découvert et si l’un des mensonges devait être trahi alors le reste pourrait, soudain, subir le doute. Mes mensonges, au sujet des phynances, tellement improbables, mais assénés avec certitude, ne tiendraient pas face à un doute méthodique, la moindre enquête m’aurait découvert. Alors je tremblai devant ce geste improbable, Nicolas hésitait, sûrement, devant l’incongruité du geste, sa place discutable dans un cours.
A ce moment Damien intevînt pour dire, à peu près, que s’il ne s’agissait pas d’argent de poche mais d’un compte d’épargne, alors, oui ça se tenait. Damien m’offrait une porte de sortie que j’empruntai en toute hâte, oui, voilà, c’était ça, exactement. Cette sortie ne correspondait pas, pourtant, à mon récit initial puisque je parlais d’argent de poche. Qu’importe, l’essentiel était sauvé, la focale déplacée, le mensonge, donc l’identité, préservée.

D’autres mensonges, plus absurdes, l’année suivante, je les commis sans émouvoir aucun soupçon, je prétendais, hackeur de génie, riche à l’infini, m’adonner les week-ends, à des combats de piratages informatiques dont le but consistait à abattre l’ordinateur adverse. Ordinateurs que je prétendais valoir des fortunes. Martin écoutait religieusement mes succès fantasmés, rêvant, lui, à seulement posséder une de ces machines entrée en fusion à cause d’un combat perdu contre un pirate habile d’Allemagne ou de Chine.

Avec mon téléphone NEC, je disposais aussi des premiers forfaits internets mobiles « utiles »,  à l’époque, pas de 3G, de 4G, ni de vaccin, seulement le E, de EDGE, internet mobile de faible débit. J’y pense, parce que, revenant de Marseille en train, passant par les campagnes mal connectées, le E majuscule s’affiche en haut de l’iPhone. Sur le téléphone NEc, en 256 couleurs, je téléchargeais des images floues de Pin-Ups, femmes en sous-vêtements, jamais nues entièrement, d’ailleurs. Lorsque mes camarades voulaient manipuler le téléphone, je faisais en sorte de laisser visibles ces images. Dans ce collège de garçon, ce faisant, je ne devenais pas un répugnant obsédé sexuel, je devenais un homme, comme tous les autres. Ils m’empruntaient, régulièrement mon téléphone, se signalant, eux aussi, autant que moi je me signalais. Nous nous prouvions mutuellement notre masculinité.

En quatrième, je me souviens d’Alexis, qui, parce que nous parlions de masturbation - lui ignorant que moi je ne le pouvais pas et moi ignorant ce en quoi ça consistait - me demandait par je ne sais quels détours, si j’étais précoce. Assimilant, alors, le terme à celui de l’intelligence, c’est à dire d’une qualité, je fanfaronnais de, oui, l’être. Lui non, plus, en réalité, inexpérimenté sexuellement, ne mesurait pas la portée du mot. Alexis, aussi, en cinquième, m’apprit, le mot cunnilingus, que, confusion banale, je pensais référer au nuage. Nous étions trois ou quatre ce jour là, dans la partie boisée et terreuse de la cour de récréation, derrière les algecos à cause de ce qu’une partie du collège était en travaux. Les autres élèves assistaient au cours de latin auquel Alexis, Maureen et je ne sais plus qui d’autre, ne participaient pas. 

 

pour me rendre au collège je devais prendre le bus 241 qui passait par le bois de Boulogne aux heures matudinales durant lesquelles les prostituées exercent encore, le bois de Boulogne compte, essentiellement, des prostituées trans, nous les voyions, hiver comme été, les jupes courtes le visage fardé arpenter les trottoirs, parfois nous les retrouvions à proximité du collège, le pénis énorme de l’une d’elles, débordait de sa mini-jupe, Laure, l’appelait un m’sieur-dame et le saluait de la sorte, pendant des années. Maureen, très grande avant l’âge, virile presque, un jour de banale dispute entre filles et garçons, m’agaçait tellement que je lui envoyai à la figure « t’as du volume entre les jambes », phrase entendue, probablement dans la bouche de Jean-François, obsédé sexuel dès ses 10 ans, ce à quoi, elle rétorqua, habile, « toi t’en as pas ».  

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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