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25 août 2010

Les cuisses de Tania étaient la plus solide des

Les cuisses de Tania étaient la plus solide des prisons, prison d'impressions et de jais ; de sensations et de vapeurs ; prison chimique et nécessaire. Plus bagne encore que prison : je l'appelais Cayenne. Elle me laissait voir le ciel, ciel parcouru d'ombres et de voilures noires, sevré d'étoiles, comme les forçats : d'un côté la jungle, de l'autre l'océan. Au cœur l'enfer du bagne brûlant et la main du bourreau suspendu, luisante de sueur, éblouissante de crime…Tania ne connaissait aucun évadé. Cayenne avait jadis joué de la musique, en taillant des cithares dans le bois de balata avec des cordes tressées d'une chevelure indigène. Elle avait pendu des hommes, cette Cayenne, aux cordes de marin qui se balançaient encore, les chairs bourdonnantes de miasmes, à ce qui était devenu étoupe.

Je suis amoureux.

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5 août 2010

mourir

Quelle chose étonnante que mourir, que de s'unir avec
ce mot qui se tient tout blême à l'autre bout du langage.
Sa froide extrémité.

28 juillet 2010

Fulgurances.

L'on croit, à tort, que le mariage relève du droit civil tandis qu'il est du droit international. Il ne s'agit pas de s'unir sous l'empire d'une législation fiscalement favorable, d'acquérir un statut civil qui donne aux galantes la gravité des Madame. Il est, en réalit, sujet d'annexion, d'Anschluss, c'est toujours l'Autriche que l'on intègre de force à l'Allemagne pour d'obscures raisons chimico-historiques ; c'est la création d'un nouvel Etat dans le pire des cas, c'est une révolution en concessions où le nomade devient peuple, sédentarise ses joies, conditionne sa liberté à la liberté d'un autre.

***

Ils se pensent peuple et ne sont que foule. Dans peuple il y a la noblesse, la communauté des destinées, la grande aventure humaine, pleine d'alliage et de dissensions. Dans peuple il y a le sein rond et la hanche dure, il y a les arrêtes morales, les falaises d'évidence, il y a des vaux tendres et des monts rêches, il y a les chemins altiers et les ports à la bouche d'écume. Il y a des villes et des déserts, il y a des révoltes et des passions. Des haines, des religions, des temples, des chateaux, des herses, des pauvres, des joyeux, des tragiques, des théâtres et des musées. Mais, dans toutes ces adversités, dans tous ces envols, dans toute la distance opérée demeure ce coeur commun qui, sous l'écorce, sous les craquelures, derrière le visage, au bout de l'être, donne au pays un fonds, une cave secrète que l'on nomme Histoire. Le pays est cette sangle de veines et de racines qui s'enfoncent et qui ramifiées forment les peuples.
La foule ne sait rien de la noblesse, ne sait rien de l'altérité, la foule se satisfait, immobile, elle résume l'humanité à son champ de vision et renouvelle ainsi l'humanité à chaque pas. S'étonne de tant d'individus neufs qui émergent de la brume, qui se tendent et s'éloignent de ces bras, elle s'étonne la foule de tant de naissance, de tant d'anonymes disparus. Le monde lui semble une immense matrice qui accouche et avorte. L'angle des rues est une nouvelle mystique, l'éclipse du présent. Il faut l'entendre dire "ça fait longtemps" et qui dit "je croyais avoir participé à ton enterrement".

***

Le désespoir est aussi mortel que la maladie ; il est seulement plus lent.

***

Il n'y a pas pire mensonge que celui rêvetu des propriétés du vrai.

***

Tu es un homme politique lancé en poésie : tout ce qui est beau, grand, tu le ravales et le rabaisses.

28 juillet 2010

Aimer.

Mourir : quel mot étonnant. Il est au bout du langage.

27 juillet 2010

Aux amours mortes

De moi il ne reste rien.
Rien que des traces.
Traces affranchies
Tracées.
Comme un regret.
Oui.
Reflet qui fête
Son vide.

(Nous nous tenions là.
Avec des remords au lieu des mots.
On se disait, qu'on s'oubliera.
Mais on ne s'oubliait pas.)
On ne faisait que se perdre.
A s'enfoncer.
Loin.
Dans la nuit.
A s'enfoncer.
Loin.
Dans le bruit.
Profond.
Dans les corps.
Toi d'abord.
Moi ensuite.
A dresser des théâtres.
Des décors.
D'ombres et de peurs.
"Comme maman on serait scénographe
Comme papa on serait acteur"

Tu es la normalité.
Sténographiée.
Mon amour morte.
Et ta maman a des mains qui coulent.
Pour t'attraper.
En bas.
Mais tu n'es déjà plus là.
Mon amour morte.
Et Maman pleure.
C'est elle qui t'a appris.

J'ai du jeu dans les doigts.
J'en ai toujours eu, qui me remontait dans les paupières.
Du jeu.

J'étais Papa.
Et je gardais les cris.
Dans les gestes.
Dans les coups.
Qui bleuissent les peaux.
Fragiles.
J'ai frappé.
La peau qui t'a volé ma peau.

Je suis le traitre.
Avec son épée.
Teintée.
Du sang
Des amis.
Et quand on me demande en suffoquant
"Pourquoi ?"
Je réponds qu'il faut bien survivre.
Et pour survivre, il faut tuer
A dit le vacarme de l'Univers.

Est-ce que je te le dis ? Qu'il faut survivre ? Est-ce que je te l'ai dit, que je ne faisais tout ça, voler, violer, tuer, que pour survivre.

Je cherche des bras
qui me tiendraient chaud, pour toute la vie.
Comme ça n'existe pas.
Je tue.
Pour qu'à la crémation,
j'ai chaud.
Rien qu'un peu
De chaleur humaine
D'une amour morte qui
Brûle.

Ton corps m'a chauffé le coeur.
"Quand dans ma vie il faisait froid".
Ce n'était rien qu'un peu de peau.

Je rêve de te dépecer.
J'en arrache mon pyjama
De croire que j'ai ta peau
Déchiquetée par ma nuit.

(J'ai le souvenir de tes cuisses tendres où les caresses pleuvaient comme dans des draps de velours.
Tu n'as pas de peau, pas de chair, pas de muscle tu as.
La douceur.
Que je cherche
Qui est noyée
Dans les caresses
Indigènes)

J'en ai tué des petites filles avec des yeux en verre.
Mais en toi
Je voulais souffler ma musique.
Mais je n'avais pas vu
Tes lèvres dures.
Ta bouche close
Qui embrasse sans la langue
Qui suce avec la gorge.
Je n'avais pas vu.
Ton poumon.
Percé.
Où coulait.
Entre la plèvre.
Le liquide pleural.
Mon amour morte.
Mon mercure.
Tu fuyais de partout, et je n'avais pas assez de doigts.
Tu les occupais trop bas.
Avec tes jambes dans tous les sens.
Tu les occupais trop haut.
Il fallait recueillir la neige de tes yeux.
(La sueur de ton envie.)
Bleus.
Comme un bout d'infini.
Un air de trompette.
Ou d'ambre teinté de merveilleux.
Oui.
Où.
Prisonnière.
Etait ta joie.
(Tu n'auras jamais la main assez ferme pour briser entre tes paumes, ce morceau d'argile, de pierre transparente, où se fossilise ton bonheur. Tu le vois, et tu ne l'auras pas. C'est ton enfer pour n'être qu'un corps d'hiver. Qui aura des prénoms de garçon, qui s'en iront toujours avant que l'aube craque dans le ciel ses allumettes. Avant que le ciel enflamme ses becs de gaz qu'il allonge de tout son long. Ton enfer, ce sera de mourir seule et amoureuse.)

Tu étais.
Dans mes bras.
Quelque chose noir
De monde.
Quelque chose noir
De bruit.
Comme une ombre inquiète.
De lumière,
Tu sais, je n'ai jamais eu de larmes.
Je n'avais que mon foutre
(Pardon)
Je t'en ai mis dans la bouche, je t'en ai mis dans les doigts.
Et quelque chose noir qui grandissait en toi.
Que je voulais cacher.
Qui ne se taisait pas.
Quelque chose noir
Qui prenait une voix.
Qui devenait un cri.
(D'orgasme.)
Qui devenait un muscle.
Et un corps
Qui devenait une plaie.
quelque chose noir.
Qui voulait un prénom.
Qui en eût un.
Lily.
Quelque chose noir
Qui est devenu
Quelque chose bleu.
Wendy.

On ne savait pas.
Que le bleu de tes yeux
était le noir brisé.
(on ne savait que le blanc cassé).
Tu es mon miroir.
Et je cherche.
Dans tes éclats, qui grèvent encore mon ciel.
Qui constellent ma mer.
Je cherche.
Dans les morceaux de toi.
(Parcelles stériles)
Mon visage.
De quand j'avais peur
Moi aussi.
Sur les terres
Incultes.
De tes sens.
Ta géographie d'amour morte.
Comme une peinture.
De Van Gogh.
(natures impressionnistes)

(Tu ne seras plus jamais belle.
Parce que je ne t'aimerai plus jamais.)

Tu seras un corps.
Qui cherchera d'autres corps.
Un corps, qui se fatiguera.
Des corps.
Un corps.
Qui voudra crier.
Qui n'aura plus de souffle.
D'avoir trop voulu
Jouir.
Un corps.
Qui aura le silence
Des cors
Quand l'ours est couvert de sang.
Du sang
des chasseurs.

Et je serai pareil.
A mettre.
Sur les cuisses d'une pute importée de Lituanie, avec sa mère, avec sa soeur, avec sa fille.
A mettre.
Sur ses collants troués.
Sur sa robe souillée
(C'est déjà sa peau, sa robe)
A mettre.
Ma coke.
Entre ses lèvres.
Ma bite.
Et bander.
Et sniffer.
J'ai ça de blanc aujourd'hui.
De couleur.
Pour mettre dans ton noir
Qui brisé est devenu le bleu.
On ne pouvait pas savoir.
Mon amour morte.
Que tu ne serais que nuit
Sauvage.
Que tu deviendrais
Pâturage
Pour tristesse.

Tu ne trouveras plus jamais des doigts comme les miens.
Des doigts que la poésie a déformé.
Parce que ça n'existe plus.
Des doigts sensibles.
Ce sont des doigts d'échec.
et les usines ne produisent
Que
La
Réussite.

Je suis une difformité.
Narcisse.
Défiguré.
Qui cherche son visage.
Dans la pisse froide.
(De minuit)
Parce que Narcisse.
(Défiguré)
N'a plus tes yeux.
de noir brisé
de blanc cassé.
Pour se souvenir comment c'était.
De l'autre côté de la vie.

J'appartiens à quelque chose noir.
Je suis redevenu Jérusalem.
La double, la pleine de sang.
Et d'orgueil.
D'être le centre de la foi.
Mon nombril grouille.
De pleurs et de prières.

J'ai mis sur ton nom un peu de salive.
Pour dire adieu.
Mon amour morte
De n'être pas née.

Je t'aurais baisée une dernière fois.
Demain.
Sans conviction.
Mon amour morte.
Mais je ne bande qu'aux jolis filles.
Tu sais.
Et je ne t'aime plus.
(Alors tu n'es pas belle).

J'ai froid encore.
J'aurai froid toujours.
Jusqu'à la prochaine crémation.
J'ai les doigts
Glacés.



Mon amour morte.
Tu avais la sexualité des putains ;
Tu en as désormais la morale

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26 juillet 2010

fade enfer

Le quotidien, ce fade enfer aux murs mous, indistincts, à l'horaire souple et aux matons souriants. Je rêvais du bagne brûlant de la Guyanne et des pierres chaudes de Cayenne, je rêvais de ces bras taillés dans le bois des criminels, qui ont la face plus dure que le mal, et plus grave que la loi.

26 juillet 2010

Désordre

Ce n'est qu'un désordre du coeur.

23 juillet 2010

Lettre de suicide n°4

Lettre n°4

Toute mon existence a été un exercice de long dépérissement, une flexion dans le processus du pourrissement, dans la fouille de la profondeur le long pelage des pays obtus, dans des villes qui passaient et que la vitesse dissolvait dans un air de décomposé.

J'ai pris la foulée de la détresse, le rythme des tristes, j'ai reflué comme fait la marée, j'ai suivi son mouvement et je me suis calé dans la respiration des noyés, j'ai parlé comme ils étouffaient, et personne n'entendait plus la voix qui descendait, l'écume qui avait mué sur les lèvres.

J'entends des gens qui me parlent de toi, et sur Bruxelles j'abandonne les filles comme j'abandonnais ton cœur sur Paris, toutes ces villes sont faites pour l'abandon, toutes les capitales concentrent des orphelines.

Je suis ces plantes d'eaux qui viennent envahir toutes la réalité, s'y immiscer en tout et la parcourir, faire à la Terre, des veines bleues et rouges. En toutes choses je parcours, et autour de moi se dressent des poisons frémissants, des qui vous font passer tes caresses pour un remède et qui au moindre contact éteignent la vie.

Moi je suis lancé dans mon processus de dépérissement que rien ne peut arrêter, c'est un véhicule sans frein, et mon existence une grande machine dans laquelle j'ai cru me glisser et qui me broie, qui me broie et me laissera descendre par le bas comme à travers une usine, un grand tamis, les milles percussions, les fracas, les bruits et les buées, les vapeurs et les marteaux, je serai le corps déformé qui passe dans la forge et sort meurtri, frappé mais droit. Je sortirai ébréché par le bas de la machine infernale.

Un avenir, tu comprends, pour obtenir un avenir il faut faire preuve de concentration, il faut plisser les yeux, raidir les membres, il faut durcir l'apparence. L'avenir c'est l'extrême concentration de l'intelligence, c'est la vigueur

Tu es l'épygée, tu seras toujours l'épygée qui s'écrit avec le y grec et fier.

22 juillet 2010

Ta-Ta-Ta-Ta-Ta dirait Ghérasim

Il en est des clameurs célestes qui montent de moi
Des échelles cosmiques
Des étoiles en fièvre
Des ambulants malades
Qui font des petits trous au ciel
Poinçonnent le paysage
Pour lui dire la direction
C'est là-bas, et là bas c'est quoi.
Les petits lacs de cendre que la nuit s'amuse
Avec sa main qui n'est pas main
Qui est ourlet de soie
A disperser puis dissiper
Qui avale.
C'est le cœur de l'Univers
Qui suce dans la nuit
Le sang chaud
Noir
De la nuit
Et l'expire
Jour
Bleu
Blanc
Gris
C'est selon les drapeaux
Les continents
Les jours à clairsemer
C'est selon
Les idées à déglutir
Selon les royaumes brisés
Qui forment des peuples de révolutionnaire.

J'ai vu des hommes la torche à la main
Qui voulaient mettre le feu
A la ville
J'ai vu des hommes
Qui avaient à la main
Une aube
Rouge
Et ils ne voulaient pas dire
"C'est l'enfer"
Et la promenaient devant moi.
Et l'enfer dansait dans la ville
Avec le bruit cadencé
Des soldats qui se croient
hommes, qui espèrent
Bouleverser
L'axe de l'Univers
Qui se tordra
Qui ploiera
Ou se brisera
Selon qu'il sera
Chaîne
ou
Roseau.

J'ai vu des colombes
Naître
Des corsets des jeunes filles
Et briser leurs baleines
De soie
J'ai vu des palombes
Arrêter le printemps
Avant qu'il ne percute la ville
Qui disait
"L'enfer est tiède
Comme le printemps."
J'ai vu ces oiseaux logiciens
Qui faisaient craquer les mathématiques
Et des chiffres qui dansaient
Dans des rades
Au milieu de centilitres
Décilitres
AU milieu
De physique
Chimie
D'alcools
Incolores
D'effets
D'atroces.

J'ai tant vu de choses monter de la mer
Tant de cris, d'orgueils et de marins
Leurs frocs trempés de peur.
Vu.
Tant de silence qui venait mordre la coque des bateaux
Lovés dans la houle
La marée étouffer l'amoureux
Pour apprendre un peu la mort
Le recouvrir d'un lange bleu
Ciel
Noir
Selon la saison
Si les palombes se reposent
Où si elles forment des murailles
Blanches et tachetées
Qui ont des ailes de paille
Ou
Des airs de merle.
Se pose sur les câbles de la ville,
Comme les gargouilles de pierre
Sur la Cathédrale,
L'ennui.

J'ai vu les pigeons roucouler
Et les moineaux rugir
J'ai vu la plume devenir grise
Et danser sur le béton
Comme une poésie
Y faire des rimes
Empressées.

Vu les nuages boiter sur le ciel
Passer en larmes de lumière
A imiter la pluie.

J'ai vu l'Océan qui gagnait la côte
Qui hurlait avec sa voix de torrent
"Je suis le jour"
L'homme bâtissait des plages
Pour lui apprendre la nuit.
S'évapore l'océan, sur le sable
d'Espagne,
Paresse est éther.
Océan
vient, parfois, rappeler sa colère
Puis s'allonge.
S'étend
Las.
Océan, belle ombre
bleue,
pantoufle
d'eau
Tu pares
La plage.

La grève a froid
Tandis que la Révolution
perle
L'Océan l'aime
Comme on aime
L'amante :
Parfois.

J'ai vu la mousse faire des bas aux immobiles
J'ai tant veillé, que j'ai vu la lumière peindre la nuit
J'ai vu la gouache qui s'usait et le pinceau blessé
-Ses poils décoiffés-
J'ai vu la nuit supplier d'être peinte avec les mains
Et je l'ai vu trembler quand le jour la caressait.
j'ai vu les étoiles poivrées qui étaient le frisson
Du crépuscule.
J'ai entendu le soir moudre le café
Pour étendre la nuit
Ou
La raffermir.

J'ai tant vu de ne pas dormir, tant entendu de te veiller, quand la fatigue t'absorbait. Je sais ce que dit la nuit, je connais sa voix et sa mélodie, j'ai entendu le chant du poète, volé sa vision de devin. J'ai bu des breuvages insensés qui ouvrent le monde, j'ai eu des philtres qui font tomber la nuit en moi pareille aux giboulées sur mars...

Un jour, quand mon corps reviendra là-bas, de la nuit qui dure, dure, dure, je t'inviterai dans ces endroits où l'on moque les sots qui meurent sans avoir goûté au poison de la vie. Un jour quand mon corps aura retrouvé autre chose que de la peur pour lui servir de muscles, autre chose que de lyre pour lui servir de voix, autre chose que de cordes pour lui servir de mains, quand mon corps aura repris sa place dans la constellation immense des planètes odieuses. Je te noierai en images, dans l'aube molle que tes yeux délaissent.

21 juillet 2010

Yeux bleus

Les yeux bleus m'abiment le coeur.

20 juillet 2010

X.

Elle n'était pas un être mais un adjectif.

La grammaire ne suffisait pas à me consoler de son absence. J'avais beau nous trouver des terminaisons, des conjonctions, rien ne nous rapprochait. Il ne pouvait plus y avoir de proximité malgré la rigueur sémantique. Elle ou moi, et ce ou conjonctif établit la distance qui nous séparait. Il y a entre les pronoms tout un pays de neige. On ne se méfie pas assez de la grammaire, on la croit associant et elle ne sait qu'exclure.

16 juillet 2010

Faim.

J'étais heureux d'avoir faim, ça voulait dire que j'étais libre

15 juillet 2010

aube.

Je suis dangereux parce que je ne sais pas moi, qu'on peut abandonner. Je crois encore que la misère, quand elle laisse voir la peau, la tache de beauté et que la suie n'est rien que la rousseur amère des belles. Je suis dangereux parce que d'être brisé comme je le suis je sais ce qui peut me tuer, et je sais avancer dans les blessures.

Je reconnais les ennemis, je sais les armes, le tranchant, je sais aiguiser le mot et émousser la bouche, je sais ce que vous croyez voir dans la nuit : le vieillard qui se trâine en guêtres avec sa mine blême et blafarde, qui jette des respirations dorées sur la neige, le vieillard que vous applaudissez comme un danseur de cordes, que vous célébrez quand il se lève. Ce vieillard c'est indistinct l'aube, le jour, c'est tout ce qui est lumière. Lumière pâle qui ahane dans le ciel, poumon tuberculeux qui expire des miettes.

12 juillet 2010

Qui êtes vous.

Je n'écris plus beaucoup ici. Je tente de vivre, et avec moi ça ressemble à un acte de profond désespoir : vivre. Probablement cette chose en moi, ce pseudo-talent dont j'ai fini par me convaincre, ces petits prix que j'accumule anonymement et que je refuse publiquement, sont le tribut à payer à la liberté.
Il faut savoir que j'ai les os fragiles et que mon dos de ne se voûter sous la gloire, ploie sous la liberté. Il est étonnant de se dire que la soumission peut incliner l'être moins bas que la révolte.
J'écris ici, parce que je m'étonne de voir ces visiteurs qui me sont des inconnus, je vois des gens qui viennent de partout me lire et ne rien dire. Je ne sais pas qui sont ces anonymes. Qui vit à Clermont (ou dans sa banlieue) et passe ici sans un murmure échappé. J'entends les ferronneries qui vrombissent, j'entends la houille qui se tord dans l'usine, et je sais la poésie ouvrière, je sais  le soufflet qui maugrée et ces choses qui appartiennent au domaine de la pure technique.

Je ne cherche personne, mais des gens viennent à moi et mes bras ainsi clos les laissent demeurer loin. J'aimerais, simplement, que vous m'écriviez, que je devine sous ces chiffres et ces villes, des humanités, des prénoms et des voix. Me contacter est chose aisée, il y a un formulaire alors que l'on clique sur ma photo qui vous est tout destiné.

Merci.

4 juillet 2010

Winchester

Nous sommes unis du même délit, tu as mon sang sur la bouche, comme j'avais le tien sur la langue dans nos transes d'alors. Il faut bien que tu comprennes que je ne peux pas être seul dans la chute, qu'il y a toujours des ailes froissées qui ne méritaient pas de dévaler les dimensions mais les dévalent tout de même. Si je me rends, que je dis "menottez-moi" il faudra leur faire savoir qui est complice, qui a le même amer dans la gorge, dans l'estomac.
Nous digérons le même viol.
J'ai encore un peu faim.

Je t'.

2 juillet 2010

Chapoline

***

La première fois que je t'ai prise j'ai failli bafouiller des excuser, dire "pardon". Parce que je n'avais pas l'impression de te pénetrer, mais celle de te percuter, de frôler ton corps en tôle et tes yeux en plastique. De déranger cette lente communion que tu avais fini par réaliser, ce dialogue avec ton corps où tes bras étaient des langues et tes mains des bouches. Je voulais dire "pardon", d'avoir éteint tout le calme qu'il y avait dans tes draps, pardon, d'avoir dérangé les habitudes, pardon d'avoir été une urgence.

Il aurait fallu que je sois un cadavre, que l'on jette alors qu'on l'a sucé jusqu'à la mort.

J'ai fui des chambres et des appartements qui étaient là trop tôt dans mon existence, je sais que le cimetière m'attire, que je suis une ferraille et qu'il est l'aimant irrésistible. J'y marche. J'ai toujours parlé légèrement de la mort, comme on raconte des histoires, comme on imagine un monde sous le monde. Dire "La vie n'est qu'une écorce, le tronc est autre chose".

Wendy, je suis une vipère qui grandit contre le sein des amours.

Vendredi 02/07/2010

J'ai quitté Bruxelles. Ville en fête, peinte aux couleurs de l'Amérique le temps d'une après-midi. Je suis parti à trois heures cinquante sept de l'hôtel où Charlotte dormait encore. Je lui ai volé 250€. Elle se souviendra de moi. Nous dormions sur Louise. Parce que Louise est mon amour d'enfance. Louise est actrice aujourd'hui et elle est aussi belle que son souvenir. Depuis elle, je n'aime que les filles aux yeux bleus, et toutes les autres filles sont d'autres Louise. J'ai besoin de la tendresse de l'enfant que j'étais alors, des baisers secrets et des grands rires qui n'ont pas peur de bondir dans le corps. Charlotte a les yeux bleus, et elle est à Bruxelles. Je lui ai laissé la carte magnétique sur le lavabo. Pour l'écho d'une autre voix, d'un autre souvenir. Charlotte habitera bientôt là-bas, et il fallait que je lui fasse visiter la ville, "Simonis" me disait-elle comme un psaume que la bouche répétait dans le même mouvement frénétique celui du dervish.
J'abandonne toujours les filles dans les villes qui leur sont inconnues pour qu'elles soient un peu moi, qu'elles sachent la douleur de ne pas savoir s'approprier l'espace et d'être partout un étranger, de voir même son propre corps en géographie d'incroyable, comme un désert qui n'en finit pas de s'étendre en virages et en horizons de poussières.

J'ai quitté Bruxelles en achetant à la librairie des Bozarts un moleskine pour raconter cette histoire. Toute ma vie est un immense départ que je prépare. Ma tête est une valise où j'entrepose en vrac les souvenirs, les passés, les odeurs. J'appuie sur les boutons et d'ingénieux mécanismes m'ouvrent le crâne.

Je lui ai dit d'acheter de grosses lunettes, des énormes pour que ces yeux soient une marchandise, un objet de consommation, qu'on verrait à travers ces deux immenses baies de verre et où les hommes agglutinés désireront, léveront la main en quête d'achat.

Charlotte doit s'être réveillée depuis, et elle se tourne comme Wendy dans les draps, elle me cherche dans la salle de bain, elle me cherche sur le pallier, et elle me maudit dans toutes les syllabes que peuvent moduler ses lèvres. Elle a en fait des malédictions, elle les a laissées germer d'elle, ont grimpé les malédictions, ce sont des jardins plein de ronces qui semblent un chemin de rédemption, viens, marche, saigne camarade, ça lancera au plafond des lacets de couleur et des tiges de foudre.

Je ne suis pas son amour, je suis son amant, je suis un truc machin, assez chouette qui ballade ses nerfs sur toutes les capitales du monde et les étends, tentacule. J'ai cherché Louise à Bruxelles, j'ai croisé des rues riches, j'ai vu les seins de Charlotte, et le cul de Wendy, j'ai vu la bouche d'Alex et les linéaments de Po.

Oh.

30 juin 2010

les coeurs retroussés

Tu auras le cœur retroussé comme la manche sur le bras du forçat, il aura des marques de cuivre et des traces de souffrance. Tu auras le cœur tétanisé comme le muscle brusqué par l'effort, et tous tes amours, tous tes hommes et toutes tes femmes à adorer seront un ailleurs, une sorte d'indistinct paysage que tu verras au loin. En te retournant, dans le pas léger des petites filles tu verras marcher vers toi ta jeunesse et sa couleur d'opale, tu verras dans le lointain des corps qui seront des dunes de la même manière que dans un désert pleine d'eau miraculeuse et ta soif même sera un mirage, et ton appétit une impression, et des pièges marécageux. Tu pourras boire à la bouche de ces passants au corps de majesté, et ton corps s'emplira du sable des mirages. Tu te seras désaltérée de poussières.

29 juin 2010

CCCCC

Emplis le miroir de toi-même, infiltre toi dans les rejets de la lumière, cache toi dans les vins.

Je suis un métal qui ne souffre aucun alliage.

27 juin 2010

Wendy.

Avant de mourir j'avais relu tes mots pour me donner du courage. Pour en extraire le poison essentiel. Pour en avaler la magie infernale. Avant de mourir, j'ai relu tes mots qui commençaient ainsi "Je n'ai plus aucun respect pour toi" et qui finissaient dans un espoir de terre et de cimetière.

J'ai souvent pensé aux cimetières et à ce qu'ils pouvaient entretenir de joie. Je me suis imaginé une prostituée qui se tenait près des endeuillés et toussait un peu plus fort que leurs gémissements. Je me suis imaginé des veufs qui avaient un chagrin à déposer par saccades, qu'il ne suffisait plus de larmes pour fluides, pour expulser la meurtrissure du dedans.

Je me suis demandé si papa pleurerait moins fort que les talons qui butent sur le vice et l'angoisse.
Je me suis demandé ça tandis que je mourrais.

Tu n'as plus peur la nuit parce que tu y reposes avec des joues pleines de couleurs. Les miennes avaient blêmi ce jour là, blêmi devant l'horreur qui se soulevait de moi, blêmi sous la voix étrange et maléfique qui heurtait mes tympans intérieurs. J'étais devenu un corps entier à l'intérieur de mon propre corps, un homoncule de sens, de nerfs et de douleur remuant dans moi.

Le plus grand reproche que l'on peut faire à mon existence c'est d'avoir une trop haute idée des choses ou plutôt de leur croire toujours une noblesse nécessaire, une inspiration soudaine qui remplacerait le sang. Tout désir doit être majesté, et sans lui il n'est qu'instinct et donc vulgarité. S'il n'est qu'expression, s'il est sans faculté, alors il ressemblerait à un corps inerte, à un squelette de salle de classe qui ne tient que grâce à la ficelle qui le suspend. Il faut des muscles au désir et à l'envie ; il faut une grâce au geste.

Je t'ai déjà écrit que j'aime tant la beauté du geste que je me fiche de sa conséquence, que de voir son mouvement s'épanouir et fleurir dans le jour, se départir du corps qui l'enfante suffit à ma joie. Il est ainsi des mains d'assassin que le meurtre a brûlé et dont j'oublie qu'il est de meurtre, ce geste, qu'il est une fin, un chaos en lui-même, j'oublie même de la paume ses linéaments noircis par la flamme, j'oublie la chair dissoute par le crime. Je ne vois rien de l'infirmité que pose la morale sur les poignets du condamné, je ne vois que des bracelets qui brillent au soleil, je ne vois rien d'autre qu'une parure et même une noblesse, une sorte de chevalière. Je ne vois pas ce poids qui les leste, de leurs dos courbés par la loi se croquent des pays, des ébauches d'endroits, et la promesse de voyages en des endroits "poivrés et détrempés". Un monde de poèmes.

Je t'aime toi, dans la cruauté dont tu m'as étourdi, et j'aurais mieux aimé qu'il n'y ait que des tendresses, que loin là bas, l'horizon s'enfonce mollement dans la mer. Ca ne se fait pas, de voir un horizon qui soit un ruisseau, il est une cascade que la pierre tranche. C'est ce qui s'est passé, ça a coulé de tant de couleurs Wendy.

J'ai accouché de la mort et personne ne le sait, j'ai accouché dans des draps blancs, dans les mains d'un médecin, j'ai accouché par la bouche et j'ai vomi l'âme dans ces endroits. J'ai trébuché dans la mort, j'ai courbé la tête, j'ai visité des salles interdites, je me suis enfoncé dans un noir qui est plus noir que la nuit des forêts, j'y ai marché des heures à la recherche de la lumière de l'évasion. J'ai marché dans mon propre décès, j'ai parcouru les sentiers de ronces, j'ai cherché les fourrés d'orties pour que la lumière de mes sangs éclairent la mort, je me suis jeté contre des silex pour les voir frémir de feu.

Je n'ai rien vu, et pourtant je suis mort et tu m'as tué. Tu m'as tué deux jours durant, et deux jours j'ai erré, je croyais qu'il fallait descendre pour venir te chercher. J'ai parlé au diable qui ne te connaissait pas, j'ai parlé à des flaques de lave qui t'avaient vu, croyaient-elles, danser sur les roches en fusion qui sont leurs yeux. J'ai vu des épines frémir à l'idée de ton nom, et murmurer qu'elles sont tes cils, qu'elles en ont accroché tant des hommes sans figure, tant des femmes sans corps, qu'elles en ont vu tant passer, qu'elle n'avaient plus assez de pointes pour les compter.

Je suis descendu si bas, si bas, que je ne croyais pas l'Univers si profond, et qu'à chaque pas, qu'à chaque marche j'en découvrais mille de plus qui tourbillonnaient vers l'infini et y faisaient un nouveau précipice. Qu'à chaque mètre parcourue ce que je croyais être la ténèbre me semblait un ciel lumineux, la nuit réinventait le crépuscule.

J'ai cherché, fouillé, gratté fabriqué avec la terre meuble des clochers pour espérer faire sonner l'angélus et le voir ramener le jour.

J'ai vécu mort.

18 juin 2010

JHAf

Je croyais, idiot, que la révolution était un acte de haine alors que c'est un acte d'amour.
On n'arrache que des ruines à la nuit bourgeoise lorsque l'on hait et constelle son idéal de taches indélébiles de vanité.

Quand Caïn dit qu'il n'a pas d'amis, qu'il n'a que des frères, je m'inquiète.

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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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