Je fume des Craven A Au Mont-Valérien il fait froid La vapeur devant moi mon haleine peut-être celle de décembre le décombre de la clope.
je me sais dans l’air immobile le plus heureux de la Terre
Le malheur a passé Nous étions à table Au comptoir A gratter les tickets de loterie Je ne sais quel gain le loto Quelle perte à nouveau à la course je ne sais Tu es parti
j’ai senti la porte battante du café et le vent
à ma droite à ma gauche
l’absence
de malheur
trois mois quatre peut-être trois ou quatre mois plus long que l'été sans une seconde l’envie de crever finie les imaginations les bords de mer non pour la bronzade mais pour le périr fini fini l’imaginaire et son bain de cyanure
De retour un jour peut-être vieil amant qui croit sa place scélérate gardée dans le pieu ah vieil amant ridé revenu de son voyage tropical là-bas semant malaria ou bien mendiant lourd chargé des maladies des rues
tu n'entres pas triple vitrage des fenêtres et plus stricte vigilance le rire de l’amour tu n’entres pas
demeure le débord bien sûr la gorge percée par le hurlement nocturne vieux chien-loup on ne change pas le pelage
interdit l’écorchage ma chair
tu continueras toujours ta démence sans malheur
oui
le débord ce n’est plus le malheur le six pieds sous terre même à la surface.
cris CRIS Cris pourtant Merde seul regret vieil ivrogne jeûneur et l’amoureuse blanchit devant la crise sans objet l’amoureuse dit c’est le retour des tourments le malheur qui revient en plein dans le ventre ratant jamais la cible le malheur il a dans l’oeil le compas des inventeurs
mais cette rage tu la domptes la main tendre la main sévère l’amour tes dix doigts sertis tendres sévères
douleur demeurée
douleur
douleur gardée
douleur
douleur mais
de la vie non
de la mort-
p
o
u
s
s
i
è
r
e
douleur
emplie d’amour
les pas sur lesquels on ne revient pas sur lesquels nous ne revînmes pas
Vous à quelques heures près le même soir vous trois précieusement égarés manquants la poche trouée où vous filez
Je m’assieds parfois où je vous ai perdus sans vous chercher je m’assieds dans la mémoire
merci
du pouvoir intact d’aimer merci que je me suis trouvé avec vous pour vous lourd lourd rocher tombal aujourd’hui P, V, M poussée jusqu’ici cette roche rouge chaude déjà d’autres vous rejoignent s’avancent dans le bruit de sabot lourd lourd toujours son lourd le pas discret des disparus en venir
ce n’est pas grave
Exposé à tous les vent plus rien ne m’érode me touche puis se dissipe
J. de retour comble dépasse toutes les absences recouds la poche C’est aussi le vent qui est neuf le manque ne fait pas mal
Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais
engouffré soi se sentir point de passage de mille et mille gués se sentir jonction noeud de la vie grouillante
Et moi-même aussi axe d’un autre noeud traversant, arrondi lisse cette toute allure.
ce monde entier m’entre dans la peau ce n’est pas chère la vie ce n’est pas chère ma peau
et je n’ai pas assez de mémoire pour vous tous
Les coktails du Red House puis Midnight Sister E. rencontrée me donnera des places pour le museum d’histoire naturelle elle a promis
Oui. AH HA AH AH et je voudrais crier dans les mots à l’intérieur des mots produire la fissure de la taille
d’une bouche ouverte et blessée le liquide langagier humide
crier ce bonheur cette joie la douleur de vivre
d’être heureux et d’y croire la confiance infinie
en la vie à venir et la vie même passée
d’où tu sortis meurtri
les mains en sang
la cicatrice sur
ton doigt
trahi
Jusqu’à la douleur ce bonheur jusqu’au au mal au plaisir fier sans honte malgré la maladresse les tant pis pour toi les tant pis parfois quand ta dent a cassé a rougi ta lèvre un peu de sang mordillée trop fort trop tard (petit point de lumière dans le café sombre et tiède)
Le bonheur les larmes tu ne sais pas quoi croire les yeux les yeux toute la détresse des yeux ou la bouche ou bien la bouche pendant deux heures montrant les dents féroce bonheur renard enfantin
c’est la mémoire aussi qui revient la mémoire aussi qui revient revient revient revient revient revient
jusqu’au bout
Le tintement de ce verre provoque en moi la jubilation du baiser 2010 sur la péniche je ne sais plus quel prénom prenait ma main la glissait dans la culotte humide retrouvant retrouvant tendresse amniotique surpris de me trouver là
que suis-je devenu incendie et feu de camp à la fois incendie si le noir nous monte aux joues à en crever de peur
dissipe incendie le cauchemar que toute cette vie avait planté dans ta vie
quelle place quelle place je prends moi voix voix VOIX VOIX ON ENTEND QUE TOI
TOUTE LA VILLE
TE CONNAIT
T A I S T O I J
J T D I S
suis-je la fontaine place pigalle clapotant ou bien moi même ce monument aux morts où silence ce péri figure lettres dorées
italiques comiques
entre mes omoplates
tué
silence
quelle place quelle place suis-je et la fontaine place pigalle ne fait aucun son son eau morte immobile funéraire le pourtour de pierre rien
//
Au café, vous deux face à moi et j’étendais les jambes basculant l’une d’elle par-dessus le bras du fauteuil l’es pa ce sec sec e s p a
c
e
toujours
ain
si
ma jambe
flottant dans le vide
fine jambe fusée
nul temps mort ma parole roulant le feu roulant
alors sur l’iPhone chercher spotify
booba
temps mort
écouter
temps mort
silence like a cancer grows
demander au chauffeur uber pool
de passer temps mort
Il s’appelle Hakim
il le fait
puis
Sound of silence déjà téléchargé
ne pas utiliser la 4G
mon forfait à 4,99 EUROS chez Bouygues Telecom 20 GB de data
sound of silence
p
artout
p artout
p
artout
p
artout
SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE
SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE
SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE
SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE
appuyer sur le bouton repeat
disque rayé l’iPhone S
désespoir de M-A silence aucune chance V. dit Je ne sais quoi choisir la détresse de M-A le bonheur de Jonathan
(c’est celui qui est heureux qui a raison)
Hurlement parvient jusqu’aux muets (vibration de l’air féroce)
Pourtant
Pourtant précieux à mes yeux le précieux moment du langage (yeux bandés) mené à l’impasse contre le muret s’asseoir voix exténuée clapotante écouter O son des bulles ce picotement à l’intérieur de la coupe en verre le mouvement inquiet bruyant dans les yeux du garçon les lunettes frottant contre le nez un sphinx taillé ordinaire oncroirait
LA … … … … … …
TAIS TOI
TAIS TOI TAIS TOI
… … … … … …
…
TAIS TOI
TAIS TOI TAIS TOI
…
. L’espace insécable, ce blanc, là
silence de la page dans l'espaçant tac tac tac
large touche
pour ne pas manquer sur le clavier
la possibilité du silence
(ne suis-je contaminé
piqué mouche tsé-tsé
du débit infini
somnambule la parole
et dans les rêves jadis
même nous parlions
Y. et moi
)
insécable si facile sur l’écran naturel sa place une tabulation la barre espace selon virgule point final saut de ligne
générer
à
l’ inf i ni plus encore e n c o r
e
e
e
e
TAIS
TOI
TOI
TOI
TOI TOI TOI
TOI
T
A
une croûte le
si
en
e
gratte
te
grrrr
dans le dedans du mot
dans le mot même à l’intérieur le ventre même des paroles trouver l’espace du
taire
le silence c’est au silence de faire au silence cassure brisure au-dedans du silence
Savez-vous le débordement périlleux toujours en moi ; ce que j’endigue entre les dents, dans la gorge, les pierres posées, là, jalons, faibles faibles herses ; si vous saviez les tentatives les échecs de boucher cette boucherie
silence like a cancer grows
je disproportionne
écrasé-je de mon flux vous autres et la femme adultère sauvée par Christ non encore en croix n’eût à souffrir grêle moins soutenue
Réside-t-il ce silence au fond du douzième verre le campari le whisky rasade rasade rasade TABULA TION
RASA DE
ET pour silence m’enfermé-je silence désespéré des cités
boîtes de nuit
un seul deux seuls sons remuement hanches la goutte de sueur tombe
mais
like silent raindrops fell And echoes In the wells of silence
au fumoir causaient des machins pourquoi parlez-vous je disais pourquoi je disais dans les mains
TAIS TOI TOI TOI TOI TOI
TOI TOI TOI TOI TOI
TOI TOI TOI TOI
TOI TOI
à quoi bon bon bon bon quelles fins quel inutile le langage morne ce ressemble parfois le fumoir ses débris de cigarette ce qu’il est resté d’une cyanose aux terrains cabossés des batailles
feu mauvais diable austère me courbe la langue cimeterre coupez coupez coupez la tête qui parle.
Si j’entre, malaisé, dans le café ; franchissant avec gêne sa porte, il ne faut y voir rien d’autre que ma tentative de me mettre au monde.
Entrés, Mathias nous dirige, dans le « petit salon », nous installe, de ces mots désuets des gens du service, à une place cependant trop bruyante dont nous changeons rapidement.
Au-dessous du luminaire art-déco, je trouve une prise où brancher mon MacBook air sa batterie ne tient plus qu’une quinzaine de minutes.
Nous sommes venus ici pour écrire en groupe, 5 personnes.
N’imitant aucune avant-garde, ne nous retrouvant là que parce que la grève entrave les déplacements dans Paris et que ce point central de la capitale permet la présence de tous. Si je dois arpenter cette écriture ce n’est qu’après mon installation sur une chaise et une table, après avoir branché sur le secteur mon ordinateur, après avoir sélectionné, sur l’écran de l’ordinateur, le réseau wifi « zimmer » le mot de passe zimmer donné par Mathias (en minuscules, il précise). Success.
C’est un bon début.
Je me translate
corps
réduit à main
déployée
curseur de souris
sur l’écran
Mon déplacement dans l’espace physique se réduira au glissement du doigt sur le pad, à l’utilisation des raccourcis claviers (cmd+n pour une nouvelle page, tabulation etc) et aux touches enfoncées. Navigation facile, géographie apaisée, sans compas, étendant à ma guise les bras dans ce monde là, touchant sans effort les confins de ce globe.
Pourtant ma liberté que je crois totale aussitôt s’interrompt. Le puissant outil technologique à ma disposition me permet d’atteindre chacune des 30 000 milliards de page que google indéxe. Pourtant, mon corps soumis au pourrissement, à la faim, à la fatigue et à la mort m’interdit de parcourir réellement cette étendue virtuelle
J’ai encore un corps.
Je n’en connaîtrai qu’un fragment
accroissant
ajoutant
pierres et pages
à 30 000 milliards
Lorsque nous nous croyons débarrassés du corps celui-ci revient en trombe. Interrompant le geste. Il y a au moins 80 ans deux fois, juste à côté de nous, nous écrasant ces voix de leur double-siècle.
Quelque part je suis né
et j’ai grandi
de ces lieux
ce lit d’hôpital
Hôpital Foch
du 17 mai 1987
demeurent les récits
des photographies pas sûr
ce qu’on dit
les paroles des parents
ce lit
nous sommes des rumeurs
où ma soeur
mon frère
ma soeur
vinrent
ce lit
un autre
dans ce défilé des ans
et des rumeurs
2,3,12 ans
où changent
les choses
qui ne changent
pas
Le premier studio des parents
je croyais l’adresse
7 rue Gustave Flourens 92150 Suresnes
mentalement
chemin mental
délégué
au parcours
de la souris
tentant retracer
mon chemin
depuis mon domicile
actuel
jusqu’à ce moment
le premier
de moi-même
d’abord
la ville mentale
itinéraire ratée
loupée
je ne me souvenais pas
accumulant les erreurs
de trajet
la perte
Traçant le fil de moi-même
de mon domicile actuel
à celui, le premier
quittant l’hôpital
où je posai mes langes
pour la première fois
Me trompant
entrant l’adresse (mauvaise ville) Me trompant encore (mauvaise adresse)
Alors j’ai écrit à maman pour demander dans l’espoir qu’elle me réponde tandis que j’écrivais ce poème que sa réponse me parvienne non pas trop tard laissant ou le mensonge ou le vide à la place de cette vérité que je voulais prononcer mon berceau le premier que je voulais montrer nondans sa forme primesautière mais dans la métaphore le déplacement spatial constituant devant vos yeux lieu de mes sommeils
le petit studio
(était-ce neuf mois auparavant
dans le brouhaha
de la fécondation
l’agitation
mitose
le liquide amniotique
premier
lieu de moi?
)
mes premiers
pas se trouvent
mes premières paroles
se trouvent
maman
papa
premiers mots
premiers visages
les premières peurs
les premiers goûts
la première douleur
toutes mes premières fois
rien n’a su durer
en moi ni en eux
ce secret chemin
reconstruit
après
bien après
mal
faussement
les premières douleurs
souvenues
peut-être
les mêmes que celles d’antan
où l’inverse
plaisir ce qui fut
terreur
terreur
ce qui fut plaisir
puis
il y eut
la mer
concrète
voltigée
10 km
de haut
20 fois plus
de distance
ma grand-mère m’enleva
me prit
au froid
voyant
le froid
humide
l’hiver
dur
de cet appartement
trop petit
miteux
dangereux
pour le nouveau né
cette année
la première ou la seconde
froid de mort-vivant
on aurait cru
2 degrés il faisait
le printemps de ma naissance
ce fut
2h30 d’avion
pour atterrir
le petit aéroport de Béjaïa
(sa piste défoncée)
je sus le kabyle
autant
j’oubliai le français
même pas deux ans
d'âge
déjà
l’oubli
ma grand mère de ce temps-là coupa
une mèche de mes cheveux très bouclés
à la première page d'un album photo
consacré à moi-même
elle l'y attacha
cette mèche
y est encore
mes cheveux
premiers cheveux
souvenirs
je dansais
dans les rues
le quartier chinois
aujourd’hui
30 ans après
dans les rues de Béjaïa
en bas de l’immeuble
les Babors il s’appelle
encore me reconnaissent
gens
de ce temps là
gens
de cet antan
où dans la rue
quand les boutiques
qui n’existent plus
passaient
pour attirer les clients
la musique douce
et belle
le chant
triste comme la rumeur
de la derbouka
et de l’exil
on me reconnait encore aujourd’hui
me rappelant
ce dont je ne peux me rappeler
cet enfant dansant
toujours souriant
on dit que c'était moi
ma rumeur
notre vie c'est aussi ça
tenté-je retrouver celui là
dansant des nuits entières
avalant la nuit la piste de danse
d’autres gens aujourd’hui me disent
qu’est-ce que tu danses bien
j’aimerais leur répondre
Tanemmirt
j’ai oublié le kabyle
j’oubliais
j’ai oublié
jusqu’à l’oubli
de mon oubli
la langue perdue
pendante
oublié
maman
le mot de maman
pour maman
je dis
tata
quand je la revois
yaya
je l’appelle
maman
et ça rentre
dans le coeur
de maman
se fiche
comme le
gel de cet hiver
à quoi on m’arrachait
que je rendais
cruel
premières dents
déjà je mordais
la
langue perdue
je me demande
dans quels replis
fichés
ces mots
que je réclamais
china
et chouchou
les oranges
et la viande
gazouz
pour la limonade
le pshiit oublié
de la capsule
en métal
qui saute
pour moi
et mes yeux brillaient
pétillaient
c’est sûr
mieux que les bulles
verglas
qui prit en moi
je porte
quelque part
comme un fossile
gardé intact par le permafrost
l'amazigh
langue enracinée
avant moi
dans mes ancêtres
que j'interromps
ma rumeur
Parfois, des années après l’oubli
papa m’emmenait voir le petit studio 36 rue Albert Caron
du dehors semblable à une charmante
maisonnette
un cottage anglais presque
pourtant
humide
glacial
les chiottes dehors
après la courette
en graviers
on dit
que déjà je courais
ma grand-mère
m'enleva
naissait-il le goût de l'exil
On y croisait
Monsieur (nom oublié ? Albert ? Alfred ?)
voisin d'alors
usé par la cigarette jusqu’au trou vrillant stigmate la gorge
il y avait la poésie pour moi me sauver la vie pour me maintenir hors du flot infâme impossible la poésie où je parvenais moi à être au contact de moi abouché à moi-même bouche-à-bouche de l’horrible noyade la duperie même pour moi non pour moi finalement comme horrible ça aurait été la duplicité contre moi-même aussi et alors l’obscurité pour toujours l’impossibilité ou à funeste prix retrouver la surface des choses naître au jour quitter ou se défaire abysses et colloques des noirceurs il y avait la poésie plus que l’amour bien plus que l’amour où je me demeurais de justesse par quel miracle ici j’étais en même temps lieu et corps dans la poésie où je me trouvais moi là intact jonathanajib rabiboché sans problèmes indistincts et entiers le hasard non-choisi la langue tombée sur toi par hasard où tu te retrouvais presque toi même quasi-je ouf c’est fou la parole dans la tête ce long défilé les rêves aussi bien sûr qui restructuraient ta psyché par là forcément que tu n’es pas devenu totalement fou
Dans l’escalier je guette les bruits attendant plus fiévreusement le livreur qu’amant ou amante le dédoublement
que suis-je devenu souviens-toi la misère enfant le paquet de bonbons c’était toujours trop cher Leader-Price Maman voyant sur le tapis roulant le défilé des produits de marque des autres les français elle disait comme ça les français malgré ses papiers d’identité son passeport français son permis français la livraison maman disait disait ça doit coûter cher maman
R. voyant ma veste
s'exclamait
ça doit coûter cher
comme un enfant il a dit
au moins 100 euros
ma veste à 700 euros
qu'est tu devenu
le poulet semi-moisi du hard discount un jour maman s’exclama le poulet semi-moisi c’est la dernière fois comme dans ce vol Air-Algérie viande verdâtre on nous disait comme il existe le poulet jaune peut-être celui vert après tout pourquoi pas on pouvait tout croire on nous apprenait à tout croire.
Le petit F2 cité de l’Europe jusqu’à 7 ans dormir papa maman yannis myriam moi dans la même pièce
Trois-pièce dans le 9e
biscornu peut-être
avec une chambre en plus
un bureau
la machine à tirer l’argent tu comprenais pas que l’argent dedans ce n’était pas gratuit pas gratuit pour nous c’est sûr (le découvert MOINS 8000 francs tu te rappelles maman qui n’en peut plus déjà enfant tu commençais à comprendre que tu étais pauvre)
aujourd’hui tu tires à l’envie la machine c’est gratos vérité infantile tu confirmes ta croyance de petiot en un week-end tu claques 300 balles
en boite de nuit qu’est ce que tu es devenu c’est ça ta vie tu vois verre se remplir se vider piste de danse pareil toujours le plus beau on te dit ça très belle lavallière le plus beau pas sûr
bizarre les filles te sourient dans la rue aujourd’hui parfois se retournent ces trois filles russes comme cliché vivant dire trois filles russes comme pour allégoriser soudain beauté moderne (qui ne veut rien dire) qui se retourne (une seule) mouvement de tête rapide deux fois le sourire pour toi tu connais ce sourire dans les films ou les bars à strip-tease où A. bossait te racontait le client mort-soûl auquel elle faisait les poches au milieu du lap-dance la mondaine les flics déguisés en client demandant toujours une pipe dans l’espoir peut-être à la fois de se faire sucer gratis et d’augmenter leur taux d’interpellation la mise au jour d’un bordel illicite Un jour t’as joué dans un film comme ça tout le monde t’en parle tu étais en slip dans l’une des scènes
tu n’es pas le plus beau pas mâchoire carrée ni bras d’hommes pourtant on se retourne te demande ton numéro ça t’étonne M. dit t’es pas mal puis t’es drôle Avec L. on disait on fait un peu des high five à notre adolescence tu vois c’est con qu’aujourd’hui je m’en tape à un inexprimable point
tu avais jadis des lunettes petits yeux elles te faisaient les lunettes petit chétif mal sapé muant à 16 ans Grandissant d’un coup sec 1m85 sans gradation comme ta vie tout d’un bloc tu dévales tu ne sais pas si tu le dis avec satisfaction 1m85 tu ne crois pas c’est un fait comme cheveux bouclés ça aussi c’est ton charme
soudain on veut t’embrasser de force dans les toilettes du sans-souci puis on te frappe quand tu dis non tu sors P. et V. se foutent de ta gueule toi tu es choqué de t’être fait frapper pour ça Tu te dis pour calmer ton coeur-chamade Que les filles pfff vivent ça le vivent dans leurs corps réels puis dans leurs têtes fêlées
se défendent dans la tête toujours de ces extorsions bien réelles V. pour se faire pardonner paye un long Island 14 balles quand même Toi tu en prends deux autres Tu en donnes un à une fille sur la piste parce que tu as plus soif elle te dit tu as mis de la drogue dedans tu reviens quelques lignes plus haut
Que les filles pfff vivent ça le vivent dans leurs corps réels puis dans leurs têtes fêlées
c’est vrai se défendre toujours sinon J. t’a raconté hier sur la plage de Fécamp le viol ce type qui l’a droguée qui ne voulait pas partir de chez elle qui a laissé sur sa table de chevet 200 euros en riant il a évalué son crime son corps son plaisir à deux cents euros J. ne pouvait pas bouger la drogue dissipée pourtant J. ne pouvait plus bouger
j’ai pleuré eu honte de pleurer dit pardon non représentant les hommes présentant les excuses collectives de ma classe eu honte de ne rien faire de plus que pleurer (morale à peu de frais) trop facile pleurer rentrer chez soi ouvrir le frigo mettre des glaçons dans son campari soupirer raconter à M-A prendre la bouteille de champagne dire tu en veux ?
qu’est ce que t’es devenu
qu’est ce que t’as peur merde du plaisir que tu ressens à l’épicerie italienne quand tu blagues avec le vendeur qu’est ce que c’est que ça ai honte à nouveau honte
tu as peur forcément de le dire avec un plaisir coupable de moins en moins tu arpentes trop sérieusement désormais la rue des martyrs ça t’effraie tu trahis ta classe tes parents ça te fait peur tu voudrais retrouver ta colère d’antan ne pas dire « le caviste » « le barbier » « le pressing » ne pas dire ces mots des autres qui n’étaient pas pour les immigrés qui ne doivent pas être pour nous ces mots qui nous mettent dehors sauf quelques-uns les Zineb les Zora les toujours des femmes si ça suffit pas ça comme preuve
tu es devenu français tu t’es même mis à voter
Mélenchon certes t’as voté quand même jusqu’à 29 ans tu avais refusé de t’inscrire sur les listes
mais ça commence par là devenir ce qu’on hait l’autre tu étais l’autre devenant l’autre de l’autre à force d’errances je suis devenu un autre et, cet autre lui-même, est devenu un autre.
alors ici tu prends conscience à ce moment là de ce poème là de ce que tu deviens de ta transformation tes chaussures à 600 balles (volées, pour beaucoup ça change rien) tu déchires ce que tu deviens dans ce geste pour rien tu déchires ce que tu crains pour rien tu gardes intact ce petit bout ton prénom par quoi personne ne t’appelle (sauf papa maman frère soeurs)
Hier et depuis dix jours ce climat incertain de grêle et de neige où nul tremble ne dure sol verglacé des chutes verticalités mortes où j'ai passé mille jours sur le pavé de la place charles dullin allongé ou au NoPi par terre disant que la verticalité devait finir c'est sûr j'étais le plus cool
Hier, pourtant, on m’insultait, comme si de rien n’était, et de ceci je ne sais quelle courtoisie on attendait en réponse. Hier il fallut la dissuasion un peu fâchée de R. et de M-A pour retenir tout à fait mon geste. Geste que voici, donc, dans sa totale forme
Geste alourdissant toute ma paume Main devenue gourde gelée main-poing
c’était le geste là =>
Jamais on ne devine ce que l’autre porte en lui de démence, d’excès, d’intempérance, jamais on ne mesure et il est certaines provocations dont toujours il faudrait se dispenser. Non respectant un ordre moral, immuable, gravé dans je ne sais quelle roche antique (ou bien c’est Tarpeïa crevant sous l’or) ; la colère ou la révolte sont bonnes dans leur principe et leur expression ; mais principe et expression réclament cadres ; connaître sa place au sein d’une interaction lorsque celle-ci ne nous concerne pas. Ne pas sauter à pieds joints dans la flaque des autres. Ruminer, si on veut, faire ça dans son coin, s’exclamer auprès de confidents si on veut tant que ça n’entre pas là où ça ne doit pas ; parle dans ta barbe parfois entre tes dents ; siffle Parce que ces choses on ne sait jamais les conséquences que ça a Et ceci toujours encore là malgré les tempéraments du dehors durent encore je crois qu’on oublie trop facilement la possibilité de la violence physique que celle-ci existe on la voit les samedis crever des yeux au hasard pour rappeler aux êtres humains la fragilité d’un corps ce que peuvent les armes ou la folie brute (disant "à bientôt T." c'était une menace, j'étais en train de mettre mon manteau) et moi si l’on m’attente parce qu’on m’attente alors je me lève de la même façon mais suis-je LBD ou à l’inverse l’incendie du Fouquet’s les deux la réponse violente à la violence
Quelle bêtise égoïste de se mêler l’intrusion toujours dédouble la colère si j’étais rentré chez toi avec mes semelles crottées alors me serais-je tu ou sinon "désolé tu exagères dans ta violence" tu n’avais pas le droit tu ne mesures pas combien je fais preuve d’amour (non pas mansuétude ou je ne sais quoi du domaine du juge de la sanction un immense amour)
L’apaisement de mes mains
l’apaisement précaire
la boule
furieuse dans la gorge
ce calme fragile
d’où sourd déjà
sa nullité
sa durée
je ne la dois
qu’à d’autres
auxquels j’ai délégué
le sur-moi de ce moi
hors-de-moi. ce texte pareil
dehors
Je cheminais mentalement la pensée bourrique circulaire obsédante tu imagines un métronome rapide Calculant l’itinéraire me menant de chez moi jusqu’à Saint-Cloud l’iPhone dans la main qui tremblait moins que l’autre main
ou bien de chez mes parents tu prolonges un peu après suresnes tu te souviens le bus 360 jusqu'à saint cloud ou bien le val d'or la station de transilien tu l'as connue petit ce train là de fer on l'appelait train de banlieue depuis ce souvenir t'atteindre.
appeler pour savoir quelle salle quelle heure quel prof
`
J’en étais là de mes pensées avant de prendre l’air détendre ma main contre le vent frais dans le quartier de l’opéra
Tu n'imaginais pas l'invasion
jusqu'où ça peut aller
le délire
Tu es fou
si R.
n'avait pas dit :
"fondamentalement tu t'en fous et lui aussi."
aujourd'hui encore je me raccroche
à ce mot
pour ne pas défaillir
en ce moment je suis fou absolument officiellement fou
madame l'enfermeuse m'a prescrit du Tercian
toujours lourde la main du geste inaccompli je ne sais destin en suspens ou autre chose mesure soudain parce qu’il ne faut pas que c’est trop bête
trop bête trop bête trop bête trop bête
trop bête trop bête mais c’était toi tu n’avais qu’à dire pardon merde : je ne pensais pas que et là mon dieu malentendu ça arrive après tout tu m’infliges cette retenue qui déborde et si un jour je craque si tu te souviens que le corps c’est le corps c’est bien beau un jour d’en parler à foison mais voilà il se manifeste parfois dans la forme inattendue ce jour on comprend merde on aurait dû se rendre compte
peut-être désormais c’est ça le sort de la poésie ressembler à snapchat peut-être c’est ça maintenant la poésie ressembler à snapchat dire fils de pute
entrer chez les gens pour le spectacle mais pas seulement
Mais plus loin que ça, bien plus loin que ça et plus tristement, tragiquement. Non pas déçu, puisque je m’y attendais. Je l’avais senti le jour que tu avais parlé de Damien Saez ; par hasard, un mot ; cette chose morale de peu de frais. Dès qu’elle entre je me méfie ; malgré ses atours je sais la saleté de ses sous-vêtements. Damien Saez, tu as raison au fond. C'était la manière ; la manière elle racontait ce que tu as prouvé ensuite.
Alors je pense à M. qui me dit « je suis féministe » et relate avec une exactitude scientifique les plus fines thèses du sujet. M’apprend le continuum entre prostitution et mariage chez Paola Tabet ou les biais idéologiques des sciences prétendument objectives ainsi que le rapport Dona Harroway Pourtant il n’est pas femme (c’est une évidence) dans sa matière d’homme mais il est toujours bien plus homme qu’il ne croit les livres c’est bien ça grossit la bibliothèque prouve sa masculinité le prouve au détour d’un mot d’une phrase en riant (c’est ce rire dans ce mot ; ce mot dans ce rire qui trahit ; transparaît le vieux monde acariâtre ça n’a pas changé tu vois et comment ça pourrait changer 5000 ans déposés en nous ; 5000 ans durs, profonds, racines, parfums, pigments ; comment ça pourrait nous passer d’un coup cette pitance dont on nous a bourrés depuis 5000 ans) « Marie a une toute petite chatte » croyant sûrement dans ce « toute petite » dire chose tendre émue
et moi j’entendais la connivence entre deux hommes ai-je souri ? Peut-être amusé vraiment ou gêné je ne saurai dire (et je crois que c’est ici précisément que je reconnais les sous-vêtements sales) Il dit de V. « je ne peux plus le voir, avec sa misogynie » le moins misogyne pourtant lui je crois qu’au moment de la pitance il n’en prit pas sa part me la laissa ou à M. je ne sais
la morale à peu de frais, c’est ça trouver dehors un autre imparfait la lame qu’on voudrait retourner contre soi lui voilà une cible dehors
et j’aimerais vous dire à tous les deux il n’y a pas de lame vraiment dès le début il n’y avait pas de lame.
C. disait « vous faites les coqs, toi surtout » (c’était moi, le toi) se trompant elle touchait juste (On se moquait sacrément de moi, quand même et de mon peignoir tissé dans les vêpres ; et moi je me défendais avec mes canines dérangées ; c'était le jeu de taureaux idiots ; lui plus expérimenté que moi en matière taurine)
soyons humbles pitié je porte à égalité avec les autres cette attitude hirsute d’homme maladroit peut être performant imparfait constatons à l’infini notre échec ce sera notre plus belle réussite
la morale c’est à peu de frais, elle se paie de mots, se tape sur le ventre ; infecte morale sans morale. Son usage c’est la gloriole, la couronne putride, l’excommunication. Comme elle fait mal dans le ventre vivant, cette morale. Celle qui répudie, donne à tous les autres miroirs infâmes mais jamais n’y plonge son regard. Ce n’est pas grave d’avoir cette tête là regarde aujourd’hui chez le barbier j’ai tout enlevé (pour sur la balance peser quelques grammes de moins ôter cette journée de merde dans les poils d'homme dans la barbe de l'homme où se nichait la violence peut-être)
m’illusioner me sentir changé peau autrement
C. m’impressionne toujours lorsqu’elle prend des positions morales je ne sais comment dire exactement ce qui me plait dans cette fermeté toute entière je crois qu’elle ne se regarde pas être morale ne jouit pas (tout l’inverse même elle souffre) dans ces cas précis c’est si rare que ça me touche au plus haut degré
(l’enjeu ce n’est pas se regarder ou ne pas se regarder ; des tas de gens ne se regardent pas, très bien, je les adore ; c’est d’en même temps assumer avec courage des positions dans l’espace politisé ; politisé de par cette prise de position)
de mon hasard intime cette façon qu’on a de déplacer à l’intérieur de soi cette fureur dure fraiche comme enfantant le vent couchant la toundra
Etat de lucidité fragmentée tristesse émerge cependant de ce comportement ou des mots de T. (tristesse réelle déception du doute confirmé voilà il y a une preuve maintenant la preuve tache) Ce n’est pas vrai alors c’est tout Comme M ou moi d’autres tous à la fin
ici le bât ; la prétention au final ; le tragique de l’histoire :
il n’y a AUCUNE déconstruction du masculin possible par l'homme
des formes atténuées celle je crois des lâches un peu oh oui ces formes sont plus justes moins de dégâts de dommages il y a moins l’Irak leur motivation seulement est sordide la preuve dès que ça peut ça sort comme avant non ne prends pas cet air là une femme jamais ça n'aurait eu cette odeur
Je me souviens 2010, je crois, M.H bitchait sur sa copine jouait le rustre et moi pour rétablir l’ordre moral comme le fait T. ou M. virant V. en réalité (mais si peu de frais que de se faire beau au détriment des autres l’amour, c’est tout, sauvera notre seule chance sans condition) j’ai rencardé la gouape pour coucher avec elle appelant M.H une fois l’affaire finie dans l’hilarité cruelle où je prétendais exercer la justice (de quel droit?) qu’était-ce au fond que le jeu minable de l’homme prenant à l’homme pour faire l’homme
le « j’ai baisé ta femme » de Soral exerçant son pouvoir sur l’homme c’est exercer son pouvoir sur l’humanité couchant avec l’homme rivalisant mon dieu comment avons nous pu faire
CA
j’ai pour ceci aujourd’hui le plus grand dégoût non pour moi-même je n’y peux rien changer aucune mortification n’y suffirait (ce serait encore de la morale à peu de frais dire ô ô ô ô)
la mue longue longue mue mais ce sera pour toujours ma peau tous les autres menteurs de ne pas admettre que c’est leur peau aussi cette puanteur aussi ce parfum des roses autant
sur la photo tu n’as nul visage dissimulée par la nuit celle partout flash absent
dans la cabine
ma main on ne sait précieuse ou dure cruelle l’inverse sinon
prend-elle la main peut-être offrande mains de quoi le don si elle s’enfonce (où?) est ce une dent la main ou main ôtant l’épine (la dent) douloureuse depuis trop souvent
ignorant si je te baptise ou si tu m’ordonnes la nuit t’a reprise nous avons divergé nos verres renversés je ne sais lnconnue du photomaton
n’avais-je écrit « Et chaque cabine de photomaton est pour moi un cercueil. » décidément ces lieux forment à la mort toi je ne sais où tu meurs ni même si tu meurs
J'ai été, ce soir, pris d'un terrible désespoir. Insoutenable comme si la nuit voulait à tout prix écraser la nuit. Face à cette absurde douleur, ce voisinage (même poils pubiens) de la mort ; j'ai quitté mon appartement. Fermé la porte à double tour. Descendu en rafales les marches. Puis j'ai parcouru mon quartier. Les rues connues. La place de l'Eglise Notre Dame de Lorette et, plus haut, la paroisse affidée où je voulais devenir catéchumène. Puis, comme tous mes projets conçus durant une phase maniaque, l'idée s'envola ; dieu mourut ; le christ redevenait cette pathétique et maigre idole. La douleur ne me quittait pas. Malgré le vent presque du givre dur sur mon corps pas assez couvert - je voulais sentir la vie. Alors. Remontant place Pigalle j'ai hélé un taxi je lui ai dit de conduire et d'aller où il voulait tant qu'il demeurait dans Paris. Pour lutter contre la nuit. Les phares du taxi La radio qu'il écoute contre le silence dru sec de l'appartement ( ) c'est toi il a filé longtemps comme ça avec son luminaire taxi en rouge maintenant (je ne le vois pas) (vert tout à l'heure) filé sur les ponts de la seine les pavés la place de la concorde qui me tord le coeur filé filé mettant à des kilomètres de moi le silence et la nuit j'ai appuyé sur la petite lumière pour les passagers "s'il vous plaît, non" "j'en ai besoin" "pourquoi" "c'est comme ça" "pfff" je regardais mes mains aux ongles coupés hier (absente, toi, de mes caresses sans traces) il m'a laissé porte de vanves rejoignant une station de taxi puis je suis rentré avec le vent toujours dur givre à la maison j'ai ouvert une boite de thon je l'ai arrosée d'huile d'olive puis je t'ai appelée j'ai lu un peu tsetaieva pourquoi je ne sais pas
je n'étais plus triste l'argent avoir de l'argent ça sert à ça aussi à balayer les soucis dans la rue hélant brisant la douleur dans le claquement de la portière le verrouillage automatique la direction assistée le bonjour monsieur
la faute d’ ortapgre c’est la réussite de la langue
la faute d’orthographe son cousin solécisme l’autre lbarbarisme (attila passé dans le grévisse)
dans cet écart là où tu t’assures que ta langue vit bien
cet écart là où la langue uniquement vit
c’est cet écart là dans cet écart là que la langie est vivante
la porte engourdit c du silence
la mauvaise image surréaliste pain rassis trop dur sans miettes même inutilement dur
comment ils sont les os d’andré breotn depuis le temps tu te demandes
si les os de sa mâchoire excommunient les os de ses mains
ce qu’il pense d’avoir fini un Cadavre breton comme l’exquis Desnos
as tu cherché jamais autre chose que ce point de vue du néant ce contraire exact exact à l’opposé du vide
si tu devais tracer à nouveau les figures du lycée répartir sur le graphe les ordonnées et les abscisses tu te trouverais exactement de l’autre côté dans le miroir fêlé
de
ces choses là
ce goût qui va aux choses vivantes da$
l’aspect pourissant tu ne sais pas peut-être c’est ça une ville ce qui te plaît tant dans le béton hurlant
cette espéce de dégénérescence la contamination en suspens - ne fondra pas de ton vivant
J’écris au bureau donné par M. Après son déménagement rue de R. (qu’elle faillit me voler après le don le donnant à C. qui finalement n’en voulut pas dont je recueillis de justesse le don qui faillit se faire trahison)
J’écris Sur le siège donné par M. Parce que V. l’avait abandonné dans la chambre que M. occupe désormais Place Ch. D. Avec P.
M. préfère les chaises petites et robustes qui ont la forme selon lui parfaite de l’étude étroite et dense
Dans le salon Nous mangeons Sur la table en verre Que M. A laissé Après avoir quitté l’appartement Pour vivre à S. La table trouvée dans la rue des M. ou rue de C. dont la chaîne de transmission se coupe là
Il nous arrive de nous asseoir sur les petits poufs rouge en velours offerts à M. avant qu’il ne parte à S. Qu’il n’emporta pas
Ou bien assis sur les chaises où je m’asseyais jeune homme ces chaises données par ma mère
Nous coupons les légumes et la viande sur une planche à découper qui n'est pas une planche à découper donnée un soir par hasard par ma mère
Les livres du salon occupent la bibliothèque verte fabriquée puis offerte par le grand-père de M-A
La vaisselle se lave par la brosse achetée par E. à --- rapportée en train ou bus je ne sais pas.
Les volumes de la pléïade dans la bibliothèque verte héritée par M-A s’héritèrent aussi
M-A Travaille sur le bureau que M. (quand il quitta P. Pour O. Avant de revenir à P. D’abord Rue P puis place CH.D) a laissé
Bureau Que M. qui vit à S. tâcha de mille matières étranges Dont on retourna la Planche Pour retrouver intacte l’odeur de bois neuf le parfum intact de la thèse laissé par M. avant son départ à O. repris par M-A chargé d'une nouvelle odeur grimoire
Dans le frigo le fromage apporté d'Italie par O revenant en train De R. Arrivant Boulevard B. Sur l'étagère un pot en verre sauce à la truffe Dans la bibliothèque les étoiles de la faim fromage et truffe
J’ignore ce qu’il advint de la serviette un jour oublié (ou abandonné) Par R. qui pourtant venait de l’acheter à Monoprix Comme Diogène je crois c’était sa façon de fuir les fleuves où l’on se baigne
M, M, M, R, C, E, O dormirent dans le lit de la chambre désormais d'amis qui est leur place naturelle
Vous retrouvant tous, 3xM, R, C, E, O etc chez moi Non fantômes choses donc êtres réels quotidiens avec vos odeurs vos gestes je vous vois
Je ne sais pas ce que tu vois en moi. Si mes épaules s’arquent pourquoi parfois je te manque c’est quelle partie de moi qui manque quand tu écris je t’aime, j’aimerais que tu sois là suis-je cette chaleur absente dans le plein hiver cette forme recroquevillée sous la couette si tu t’exténues dans les trains rapides le tracé rectiligne des voies ferrées lyon aix lille
je ne sais pas
si je veux tout briser c’est toi exceptée à nouveau le goût dangereux du trop d’alcool de l’excès intempérant 2h30 du matin en bas de chez nous (samedi octobre 2019) cracher dans la voiture les phares endoloris parce que par la fenêtre on m’injuriait je ne sais pas quoi l’injure par quoi je répondais ainsi dangereusement courant rejoindre clément et cie dans la rue henri monnier tu dormais 21 rue clauzel j’espère le crissement des freins la lumière hirsute des phares le raclement de la gorge j’espère ne gênent ton sommeil
si tout poussière et néant tout sinon toi que je veux si la veillée mortelle que tu dormes du sommeil humain sourde au fracas où tout gèle
dors dors mon amour si je crache et danse ma peau frôle blessure esquive de justesse comme mes dents ma langue quand je mâche le kouglof à la fleur d’oranger avec toi
Avec fascination j’observe / l’état de mon compte en banque / déchéance double fiduciaire des météos / contemporaines - températures négatives ô nos promises de mon humeur toujours fléchie toujours plus bas à forer dans les abîmes (aucun espoir de pétrole cependant mais le noir, c’est sûr)
Fascinantes inscriptions, chiffres traduisant tout en même temps moyens de subsistance plaisirs émerveillements détresses. Que selon la couleur (rouge, alerte) ou verte (soin, tendresse) ; selon le signe apposé (négatif comme le rhésus rare) il faille respirer ou conter son apnée (positif tu seras sauvé)
Apnée, pour sûr. Dans la misère entrebâillée la part d’ombre grandissante ta poche vide le chauffage coupé (comme du soleil le cou)
Se souvenir Carver : "J’ai 45 ans aucun emploi imaginez le luxe que c’est essayez d’imaginer."
Etais-je heureux ce mois de mai 2018 Il me semble que oui je l’étais heureux
Bruno A. est un artiste diplômé des arts déco Bruno A. Vit au-dessus de mon appartement son atelier c’est son salon et mon plafond à la fois depuis quelques heures un bruit haché répété chronique comme une sciatique bébébébégaie crée-t-il ou baise-t-il ce sont les gémissements du parquet du plafond ou de l’autre inconnu-e indéchiffrable à cause de l’épaisseur qui nous sépare crée-t-il pour les salons les ventes privées ou crée-t-il cette chose humaine pour l’école maternelle si
son goût amoureux sensuel va aux femmes sans contraception
Dimanche d’octobre plus que jamais à dimanche d’octobre semblable titubant, gris. Sans but. Hier, échec de la soirée. Je ne sais trop comment. Assoupi, las, vers 22h. V. qui ne répond pas joue à la mort rien ne m’ennuie plus, je crois, que ces attitudes funèbres.
Mon oeil se déplace, les pages
le blanc
le vide
Ton absence, ce soir là, bruit sourd du pain rassis qui ne rompt pas
aheurté ni en mon coeur amoureux ni non plus en mon corps désirant pourtant bien en moi même en ce coeur en ce corps la douleur
Effacée la colère dans ton parage engendrée de ce côté de la Seine j’y croyais reconnaitre la tienne Effacée la colère
demeure le froid de décembre la pluie anticipant la neige
as-tu gardé ta rage sereine ô Pasteur as-tu gardé la mienne regarde rage sénile
Du Maroc, C. et J. m’envoient une boite de Xanax (photographie ; main de J.) ; de cette classe de benzo banale dont nous sommes familiers (pratiquants ou spectateurs).
Mais de venir du Maroc, le familier (re)devient étranger. Le connu trop connu, basculant, soudain - par la magie de l’alphabet arabe - dans le méconnu, l’inconnu, le moins connu.
Ce clair-obscur s’emplissant (peut-être) d’une spiritualité toute neuve, rétablissant la chose dans son mystérieux secret. Posant à nouveau une question.
Cette familiarité brusquement étrangère s’étend au monde alentour ; à tout le quotidien usagé ; ces environs (bureaux, collines, blog) lentement, progressivement, fonctionnalisés. Et donc perdus en tant qu’eux-mêmes, rétrécis, réduits à leur usage c’est à dire à leur surface ; dit autrement : leur non-être.
Si la nuit je parle à des garçons venus des cités, des trafics, des banlieues toujours je m’interroge. A quoi cela tint que je ne me trouve avec eux non comme intrus, un olibrius ? A quoi cela tint mon usage tranquille du passé simple ou du subjonctif imparfait ? Mon impertinence quant à la concordance des temps ?
A 6 ans environ, ma mère m'avait laissé dans la cour de la cité de l’Europe avec Valérie (dont les deux parents moururent du sida peu après). Cette cour se situait au centre de la cité, entourée par les immeubles d’habitation formant cercle, comme clôture de béton et de misère.
Ma mère pouvait sans peine du balcon veiller sur moi et notre insagesse.
Après avoir joué, je ne sais quel brigandage d’enfant, chat à deux, la course à cloche pieds…Sur la proposition urgente de l’un de nous nous partîmes, quittant l’enceinte étroite de la cité pour la ville, les routes, les voitures.
Ma mère, par la fenêtre, criait du 6e étage « najib najib » (c'est mon autre prénom et ce n'est pas moi qui ai choisi de m'appeler Jonathan au civil, à l’école, en boite de nuit mais mes parents quand j'avais 3 ans, par crainte - hélas mille fois confirmée du racisme partout. A la maison ils continuent cependant de m'appeler najib) je ne l'entendais pas. C’est elle qui des années plus tard me le rappelle encore. Le cri, adouci par les années passées, devenu rire.
Nous partîmes. Pour rejoindre le supermarché Champion (aujourd'hui ces magasins la s'appellent Carrefour et celui de ce temps là existe, toujours ; maison d’enfance des urbains) et au milieu des rayonnages de bonbons, du haut de nos 6 ans bien trempés, nous nous assîmes, éventrant les sachets plastiques plein de biscuits ou de bonbons. Plein. Les mains. Débordantes. La bouche pareille. Rattrapant je ne sais quel temps perdu, anticipant les privations forcément. Celles infligées tout à la fois par les règles morales édictées par les parents et celles plus tristes, contraintes, matérielles. Dans le dépouillement des emballages, dans le « crunch crunch » avide.
Soudain. La voix familière grande d’autorité. La voix qui rentre tard le soir du travail dur usant. Rugissement de mon père. Hurlant.
Avec ma mère, par je ne sais quel instinct curieux, ils s'étaient répartis la ville visant juste. L'un à Leader Price l'autre a Champion (a croire que chez les pauvres toujours chercher la liberté c’est trouver le lieu de l’abondance consommatrice)
Ce Champion nous le connaissions bien. A quelques dizaines de mètre de Jules Ferry, l’école où nous apprenions à lire. Un peu plus haut cependant, après une légère inclinaison du béton. Chose amusante, ça, une école au supermarché coalescente.
Surement ça s'est joué ce jour là. Que ma mère s'inquiéta et que c'était fini la possibilité d’errer ; ne restait que le passé simple.
La colère te prend depuis 13h17 environ, le 17 mai exactement ça a commencé. Tu ne te souviens pas, on te le raconte pas. Tu en sûr cependant. Ca a commencé exactement à ce moment là. Le jour de ta naissance, le 17 mai, il faisait 2 degrés à Tours. Ce n’est pas là-bas que tu es né, deux cents kilomètres au nord, mais ce froid tu l’as senti. Le cri, pour se réchauffer.
La noyade tu y tiens chèrement, souvenir, de l’apnée amniotique. Ophélie ou s’en sais-je, dérivant algues marines ou déchets urbains. En attendant tu dors plus longtemps que prévu. De la journée comme du ventre maternel tu sors après terme.
une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.