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boudi's blog

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1 janvier 2020

20 20 20 20 20 20 hexadécimal

Toute ma vie supposant
départ de ma mort 33 ans
contestant le par trop vulgaire
âge scélérat
27
du vinyle et des cédés

Toute ma vie maginait
périr du péril profond
de l'âge dur de la croix

et j'ignorai alors
2020 que c'était toi
qui portait en symétrie
ma mûre mort

De symétrie en symétrie
33

2020
c'était couru d'avance
votre rencontre
en mon moi mort

traçant en moi
lieu pur de découpe
séparant
as-
semblant
deux :
vie
et
mort

mon terme ma mort
2020 ton débord
jusqu'à la fin de ma fin

 

//////
2019 les décombres
Tu as passé
en plein hiver
et je n'ai pas fait gaffe
tu avais mal peut-être
aux dents ou au rein
et tout le monde déjà
impatient
ignorait ton mortel destin
en même temps...
tu en as suscité des haines
là haut
regarde bien ce que tu as fait
pas pire pas mieux
c'est vrai que les autres
les aïeules
aux pierres tombales
déjà tu t'affiches
scélérate tu dures
dans la douleur
du marbre dur
demain
je parcourrai 2020 et le cimetière de Montmartre
trouvant sur la roche éplorée le dernier la dernière
qui te suivit au chant funèbre aux récitations au silence
A ta santé
je répands longue
file
d'alcools de liqueur
eaux de vie fortes
dès le départ tu vois
décembre
pleure
pleure
pleure
on ne te dénombre 
plus

 

 

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30 décembre 2019

De quelle couleur ta peau

Je fume des Craven A
Au Mont-Valérien il fait froid
La vapeur devant moi
mon haleine peut-être
celle de décembre le
décombre 
de la clope.

je me sais
dans l’air immobile
le plus heureux
de la Terre

Le malheur a
passé 
Nous étions à table
Au comptoir 
A gratter les tickets de loterie
Je ne sais quel gain
le loto 
Quelle perte à nouveau
à la course
je ne sais
Tu es parti

j’ai senti la porte battante du café et le vent
à ma droite à ma gauche
l’absence
de malheur

trois mois quatre peut-être
trois ou quatre mois
plus long que l'été
sans une seconde l’envie
de crever
finie les imaginations
les bords de mer non pour la bronzade
mais pour le périr
fini
fini
l’imaginaire
et son bain de cyanure


De retour un jour peut-être
vieil amant qui croit sa place
scélérate
gardée dans le pieu
ah vieil amant ridé
revenu 
de son voyage tropical là-bas semant malaria
ou bien mendiant lourd chargé des maladies des rues

tu n'entres pas
triple vitrage des fenêtres
et plus stricte vigilance
le rire de l’amour
tu n’entres pas


demeure le débord
bien sûr
la gorge percée
par le hurlement nocturne
vieux chien-loup 
on ne change pas
le pelage
interdit l’écorchage ma chair


tu continueras toujours ta démence sans malheur 
oui
le débord ce n’est plus le malheur le six pieds sous terre même à la surface.

cris CRIS Cris
pourtant
Merde
seul regret
vieil ivrogne jeûneur
et l’amoureuse blanchit
devant la crise sans objet
l’amoureuse dit
c’est le retour des tourments
le malheur qui revient en plein dans le ventre
ratant jamais la cible le malheur il a dans l’oeil 
le compas des inventeurs

mais 
cette rage
tu la domptes
la main tendre
la main sévère
l’amour
tes dix doigts 
sertis
tendres
sévères


douleur demeurée
douleur
douleur gardée
douleur
douleur mais 
de la vie non
de la mort-
p
                                      o
                                      u
                                                                            s
s
                                      i
                                      è
                                                                                                                  r
e
douleur
emplie d’amour
les pas sur lesquels
on ne revient pas
sur lesquels
nous ne revînmes pas

Vous
à quelques heures près
le même soir
vous trois
précieusement
égarés
manquants
la poche trouée
où vous filez

Je m’assieds parfois où je vous ai perdus
sans vous chercher
je m’assieds dans la mémoire

merci

du pouvoir intact d’aimer
merci
que je me suis trouvé
avec vous
pour vous
lourd lourd 
rocher tombal
aujourd’hui
P, V, M
poussée jusqu’ici
cette roche rouge
chaude
déjà d’autres vous
rejoignent
s’avancent
dans le bruit de sabot
lourd lourd
toujours son lourd
le pas discret
des disparus
en venir

ce n’est pas grave

Exposé à tous les vent
plus rien ne m’érode
me touche
puis se dissipe

J. de retour
comble dépasse
toutes les absences
recouds la poche
C’est aussi le vent qui est neuf
le manque ne fait pas mal

Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais


Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais
Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais Je suis heureux comme jamais




engouffré soi
se sentir point de passage
de
mille et mille gués
se sentir 
jonction
noeud
de la vie grouillante

Et moi-même aussi
axe
d’un autre noeud
traversant, arrondi
lisse
cette toute allure.

ce monde entier m’entre dans la peau
ce n’est pas chère la vie ce n’est pas chère ma peau

et je n’ai pas assez de mémoire pour vous tous


Les coktails du Red House 
puis Midnight Sister

E. rencontrée me donnera des places
pour le museum d’histoire naturelle
elle a promis

Oui.
AH
HA
AH
AH
et je voudrais crier dans les mots à l’intérieur des mots produire la fissure de la taille
d’une bouche ouverte et blessée                   le liquide langagier humide
crier ce bonheur cette joie la douleur de vivre
d’être heureux et d’y croire la confiance infinie
en la vie à venir et la vie même passée
d’où tu sortis meurtri
les mains en sang
la cicatrice sur
ton doigt
trahi




Jusqu’à la douleur 
ce bonheur jusqu’au
au mal au plaisir
fier sans honte 
malgré la maladresse
les tant pis pour toi
les tant pis parfois
quand ta dent 
a cassé a
rougi
ta lèvre
un peu de sang
mordillée trop fort
trop tard
(petit point de lumière dans le café sombre et tiède)

Le bonheur les larmes
tu ne sais pas quoi croire
les yeux les yeux toute la détresse
des yeux ou la bouche ou bien la bouche
pendant deux heures montrant les dents
féroce bonheur renard enfantin

c’est la mémoire aussi qui revient
             la mémoire aussi qui revient
                             revient revient revient revient revient
jusqu’au bout

Le tintement de ce verre provoque en moi
la jubilation du baiser
2010 sur la péniche
je ne sais plus quel prénom
prenait ma main
la glissait
dans la culotte
humide
retrouvant retrouvant
tendresse amniotique
surpris de me trouver là




que suis-je devenu incendie et
feu de camp à la fois
incendie si
le noir nous monte aux joues
à en crever de peur

dissipe incendie le cauchemar que toute cette vie 
avait planté dans ta vie

j’ai retrouvé
la vue

 

23 décembre 2019

Sound of silence

quelle place quelle place je prends
moi voix voix VOIX 
VOIX
ON ENTEND QUE TOI
TOUTE LA VILLE
TE CONNAIT
T A I S T O I J
J
T
D
I
S
suis-je la fontaine place pigalle
clapotant
ou bien moi même ce monument aux morts
où silence ce péri
figure
lettres dorées
italiques comiques
entre mes omoplates

tué
silence
quelle place quelle place suis-je
et la fontaine place pigalle
ne fait aucun son
son
eau morte immobile funéraire
le pourtour de pierre
rien

//

Au café, vous deux face à moi et
j’étendais les jambes
basculant l’une d’elle par-dessus le bras du fauteuil
l’es   pa    ce   
   sec           sec
e              
              s
                            p
      a
c
e                  

     toujours

ain
si
ma jambe

flottant dans le vide
fine jambe fusée


nul temps mort ma parole roulant le feu roulant
alors sur  l’iPhone chercher spotify
booba
temps mort
écouter

temps mort

silence like a cancer grows

demander au chauffeur uber pool
de passer temps mort
Il s’appelle Hakim
il le fait

puis

Sound of silence déjà téléchargé
ne pas utiliser la 4G
mon forfait à 4,99 EUROS chez Bouygues Telecom
20 GB de data


sound of silence
p
artout

p
artout

                 p
artout
p
artout


SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE SOUND SOUND OF SILENCE SOUND OF SILENCE


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appuyer sur le bouton repeat


disque rayé
l’iPhone                          S

désespoir de M-A         silence aucune chance
V. dit
Je ne sais quoi choisir
la détresse de M-A
le bonheur de Jonathan

(c’est celui qui est heureux qui a raison)
Hurlement
parvient
jusqu’aux muets
(vibration de l’air féroce)

Pourtant

Pourtant précieux à mes yeux le précieux moment du langage (yeux bandés) mené à l’impasse 
contre le muret s’asseoir voix exténuée
clapotante
écouter                                                                                       O
son des bulles
ce picotement à l’intérieur de la coupe
en verre
le mouvement inquiet
bruyant dans les yeux
du garçon
les lunettes frottant contre le nez
un sphinx taillé ordinaire
oncroirait

LA
…                                              
                             …                           
                                                          …
                                                                                       …
                                                                                                                    …
                                                                                                                                                 …
                                                                                                                
TAIS TOI
TAIS TOI
TAIS TOI
                                …
                                                                                                                    …
                                                                                       …
                                                          …
                             …

TAIS TOI
TAIS TOI
TAIS TOI


.
L’espace insécable, ce blanc, là
silence de la page dans l'espaçant tac tac tac
large touche
pour ne pas manquer sur le clavier
la possibilité du silence

(ne suis-je contaminé
piqué mouche tsé-tsé
du débit infini
somnambule la parole
et dans les rêves jadis
même nous parlions
Y. et moi
)
insécable
si facile sur l’écran
naturel
sa place une tabulation
la barre espace
selon
virgule point final saut de ligne


générer         
à
                                                 l’
inf                                 i
            ni
                                                                                                plus
 encore
e n c                o                                                                                                                r

e

e

e

e


TAIS 
TOI
TOI
TOI
TOI TOI TOI


TOI


T
A

une croûte le

si
en

e

gratte
te
grrrr





dans le dedans du mot
dans le mot même
à l’intérieur le ventre même des paroles trouver l’espace du 
taire 

le silence
c’est au silence
de faire
au silence
cassure
brisure au-dedans
du silence



Savez-vous le débordement périlleux toujours en moi ; ce que j’endigue entre les dents, dans la gorge, les pierres posées, là, jalons, faibles faibles herses ; si vous saviez les tentatives les échecs de boucher cette boucherie



silence like a cancer grows

je disproportionne


écrasé-je de mon flux vous autres et la femme adultère sauvée par Christ non encore en croix n’eût à souffrir grêle moins soutenue


Réside-t-il ce silence
au fond du douzième verre
le campari le whisky
rasade rasade rasade
TABULA                                                                                                                    TION
 RASA                             DE


ET pour silence
m’enfermé-je
silence
désespéré des cités


boîtes de nuit
un seul
deux seuls
sons
remuement hanches
la goutte de sueur
tombe
mais

like silent raindrops fell
And echoes
In the wells of silence





au fumoir
causaient des machins
pourquoi parlez-vous
je disais
pourquoi
je disais
dans les mains
TAIS TOI TOI TOI TOI TOI
TOI TOI TOI TOI TOI
TOI TOI TOI TOI
TOI TOI


à quoi bon bon bon bon
quelles fins
quel inutile
le langage morne
ce ressemble parfois
le fumoir ses débris de cigarette
ce qu’il est resté d’une cyanose
aux terrains cabossés des batailles




feu mauvais diable austère me courbe la langue cimeterre coupez coupez coupez la tête qui parle.

 

 

11 décembre 2019

L'oubli

 

début du poème2


 

 

Si j’entre, malaisé, dans le café ; franchissant avec gêne sa porte, il ne faut y voir rien d’autre que ma tentative de me mettre au monde. 

Entrés, Mathias nous dirige, dans le « petit salon », nous installe, de ces mots désuets des gens du service, à une place cependant trop bruyante dont nous changeons rapidement.

Au-dessous du luminaire art-déco, je trouve une prise où brancher mon MacBook air sa batterie ne tient plus qu’une quinzaine de minutes. 

Nous sommes venus ici pour écrire en groupe, 5 personnes. 

N’imitant aucune avant-garde, ne nous retrouvant là que parce que la grève entrave les déplacements dans Paris et que ce point central de la capitale permet la présence de tous. 
Si je dois arpenter cette écriture ce n’est qu’après mon installation sur une chaise et une table, après avoir branché sur le secteur mon ordinateur, après avoir sélectionné, sur l’écran de l’ordinateur, le réseau wifi « zimmer » le mot de passe zimmer donné par Mathias (en minuscules, il précise).
Success.


C’est un bon début.

 

localisation dans le café

 

Je me translate

corps

réduit à main

déployée

curseur de souris

sur l’écran

 

 

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Mon déplacement dans l’espace physique se réduira au glissement du doigt sur le pad, à l’utilisation des raccourcis claviers (cmd+n pour une nouvelle page, tabulation etc) et aux touches enfoncées.
Navigation facile, géographie apaisée, sans compas, étendant à ma guise les bras dans ce monde là, touchant sans effort les confins de ce globe.
 

Pourtant ma liberté que je crois totale aussitôt s’interrompt. Le puissant outil technologique à ma disposition me permet d’atteindre chacune des 30 000 milliards de page que google indéxe. Pourtant, mon corps soumis au pourrissement, à la faim, à la fatigue et à la mort m’interdit de parcourir réellement cette étendue virtuelle

J’ai encore un corps.

Je n’en connaîtrai qu’un fragment

accroissant

ajoutant

pierres et pages

à 30 000 milliards

  

 coordonnées

 

 

 

Lorsque nous nous croyons débarrassés du corps celui-ci revient en trombe. Interrompant le geste. Il y a au moins 80 ans deux fois, juste à côté de nous, nous écrasant ces voix de leur double-siècle.

 

 



 

 

1721 0215

 

 

 

 

 

Quelque part je suis né

et j’ai grandi

de ces lieux

ce lit d’hôpital

Hôpital Foch

du 17 mai 1987

demeurent les récits

des photographies pas sûr

ce qu’on dit

les paroles des parents

ce lit

nous sommes des rumeurs

où ma soeur

mon frère

ma soeur

vinrent 

ce lit

un autre

dans ce défilé des ans

et des rumeurs

2,3,12 ans

où changent 

les choses

qui ne changent

pas

 

Le premier studio des parents

je croyais l’adresse

7 rue Gustave Flourens 92150 Suresnes   

mentalement

chemin mental

délégué

au parcours

de la souris

tentant retracer

mon chemin

depuis mon domicile

actuel

jusqu’à ce moment

le premier

de moi-même

d’abord

la ville mentale

itinéraire ratée

loupée

je ne me souvenais pas

accumulant les erreurs

de trajet

la perte

 

superposition erreur

 

 

Traçant le fil de moi-même

de mon domicile actuel

à celui, le premier

quittant l’hôpital

où je posai mes langes

pour la première fois

Me trompant

entrant l’adresse (mauvaise ville)
Me trompant encore (mauvaise adresse)

  

Alors j’ai écrit à maman pour demander dans l’espoir qu’elle me réponde tandis que j’écrivais ce poème que sa réponse me parvienne non pas trop tard laissant ou le mensonge ou le vide à la place de cette vérité que je voulais prononcer mon berceau le premier que je voulais montrer non dans sa forme primesautière mais dans la métaphore le déplacement spatial constituant devant vos yeux lieu de mes sommeils

en a un un peu

 le petit studio

 

 

 

(était-ce neuf mois auparavant

dans le brouhaha

de la fécondation

l’agitation

mitose

le liquide amniotique

premier

lieu de moi?

) 

 

 

 

mots view plan

 

 

 

 

 

mes premiers

pas se trouvent

mes premières paroles

se trouvent

maman 

papa

premiers mots

premiers visages

les premières peurs

les premiers goûts

la première douleur

toutes mes premières fois

rien n’a su durer

en moi ni en eux

ce secret chemin  

reconstruit

après

bien après

mal

faussement

les premières douleurs

souvenues

peut-être

les mêmes que celles d’antan

où l’inverse

plaisir ce qui fut 

terreur

terreur 

ce qui fut plaisir

 itinéraire clauzel caron

puis

il y eut

la mer

concrète

voltigée

10 km

de haut 

20 fois plus

de distance

 

 

ma grand-mère m’enleva

me prit

au froid

voyant

le froid

humide

l’hiver

dur 

de cet appartement

trop petit

miteux

dangereux

pour le nouveau né

cette année 

la première ou la seconde

froid de mort-vivant

on aurait cru

2 degrés il faisait

le printemps de ma naissance

ce fut

2h30 d’avion

pour atterrir 

le petit aéroport de Béjaïa

(sa piste défoncée)

je sus le kabyle

autant

j’oubliai le français

même pas deux ans

d'âge

déjà 

l’oubli

ma grand mère de ce temps-là coupa

une mèche de mes cheveux très bouclés 

à la première page d'un album photo

consacré à moi-même

elle l'y attacha

cette mèche

y est encore

mes cheveux

premiers cheveux

souvenirs

 

je dansais

dans les rues

le quartier chinois

aujourd’hui

30 ans après

dans les rues de Béjaïa

en bas de l’immeuble

les Babors il s’appelle

encore me reconnaissent

gens

de ce temps là

gens

de cet antan

où dans la rue

quand les boutiques

qui n’existent plus

passaient

pour attirer les clients

la musique douce

et belle

le chant

triste comme la rumeur

de la derbouka

et de l’exil

on me reconnait encore aujourd’hui

me rappelant

ce dont je ne peux me rappeler

cet enfant dansant

toujours souriant

on dit que c'était moi

ma rumeur

Capture d’écran 2019-12-11 à 01notre vie c'est aussi ça

 

tenté-je retrouver celui là

dansant des nuits entières

avalant la nuit la piste de danse

d’autres gens aujourd’hui me disent

qu’est-ce que tu danses bien

j’aimerais leur répondre

Tanemmirt

j’ai oublié le kabyle

j’oubliais

j’ai oublié

jusqu’à l’oubli

de mon oubli

la langue perdue

pendante

 

 

oublié

maman

le mot de maman

pour maman

je dis

tata

quand je la revois

yaya

je l’appelle 

maman

et ça rentre

dans le coeur

de maman

se fiche

comme le

gel de cet hiver

à quoi on m’arrachait

que je rendais

cruel

premières dents

déjà je mordais

la

langue perdue

 

je me demande

dans quels replis

fichés

ces mots

que je réclamais

china

et chouchou

 

les oranges 

et la viande

 

gazouz

pour la limonade

le pshiit oublié

de la capsule 

en métal

qui saute

pour moi

et mes yeux brillaient

pétillaient

c’est sûr

mieux que les bulles

 

 

 

verglas

qui prit en moi

je porte

quelque part

comme un fossile

gardé intact par le permafrost

l'amazigh

langue enracinée

avant moi

dans mes ancêtres

que j'interromps

ma rumeur

coupe cerveau avec mots kabyle

 

Parfois, des années après l’oubli

papa m’emmenait voir le petit studio
36 rue Albert Caron

du dehors semblable à une charmante

maisonnette 

un cottage anglais presque

pourtant

humide

glacial

les chiottes dehors

après la courette

en graviers

on dit

que déjà je courais

ma grand-mère

m'enleva

naissait-il le goût de l'exil

 

On y croisait

Monsieur (nom oublié ? Albert ? Alfred ?)

voisin d'alors

usé par la cigarette
jusqu’au trou
vrillant
stigmate
la gorge

percée 

la cigarette

redoutée

instinctivement depuis ce jour là

malgré mon achat récent

d’un porte cigarette

en argent 925

massif

fait main

par Vin artisan arménien

le faisant

avec ses mains

le sertissant de grenant

malgré aujourd'hui

la fierté

des Craven A

fumées juste pour le style

ce nom précieux

ces clopes

souvenir

de Charlotte D. que je ne veux

jamais oublier

 

 

Dans ces chemins d’errance

ici

point

de moi

suis-je

ici 

mon corps

ma coordonnée

ce moi désordre

moi

par la vitesse

de la fibre optique

retrouvant

cette mémoire perdue

ces chemins

ces routes

faites et refaites

goudronnées dix fois depuis

sur quoi roulèrent

les google cars

 

 

pourtant je ne me crois nul passé

n’existant

sauf au

présent

absolu

dans cette seconde

micro

mili

seconde

cette seconde

passant passée

ne demeurant

d’elle 

que la trace

sur le visage

vos visages

 

le mot prononcé

le souvenir de mon geste

l’amour et la rancune

méritées ou non

trouvant signe

dans l’archéologie

précaire

et fragile

de cette lèvre qu’on a fendue

fut-ce d’un coup de couteau 

ou d’un baiser si maladroit

que notre dent dépassant

y enfonça un peu de son trop d’amour

 

qu’en sais-je

 final cerveau

 

je suis une rumeur

 

 

 

 

1 décembre 2019

Qu'est ce que t'es mort mon pauvre.

longtemps
Longtemps 
étranger
inconnu
impossible
mon moi-même
à moi-meme
ce je
au monde
ce moi
socialisé donné
aux autres
ce moi
par quoi les autres appellent
ce moi
te nomment
(appel des autres
par quoi à soi-même moi-même 
existe
aussi)
moi
fiction
fictionnalisée
encore
jusqu’au plus haut
degré de virtualité
cette question même
du soi-même
au monde
j’en fus comme 
détourné
prenant
virage
par peur
crainte
honte
n’existant pas
ne pouvant
ne sachant
exister
dans l’extension
absolue
de ma matière
disciplinée
il fallait tricher duper
(nous avions tranché
en faveur de cet impératif là)
nous étions entourés de ces sales gosses de riche
je dis entourés
c’est
cernés
qu’il faudrait dire
de ces riches là
nous qui ne l’étions pas
et enfants
coupables à nos yeux
honteux sûrement aussi
de n’être pas
de la bonne espèce
dissimulions
observions
pour imiter
l’attitude
convenable
trouver
le sourire juste
l’ordre des couverts
mieux
apprendre
les autres
pour 
se distinguer
dans
le semblable
trois
yannis myriam moi
pas
amel qui naitra plus tard
bien plus tard
qui jamais n’eût alors à
se rompre à ces manigances
trouva d’autres douleurs
intenses à égalité
perdant
pareillement
l’intégrité de ce je
(fou comme nous pouvons
si vite
tomber en morceaux
à ressembler
à quelques falaises
devant chacun de nous
affichant
« risques d’éboulement »)
nous
observions
comment ça marche
pour paraître
sans honte
dans l’attitude
du triomphe
comme
eux
nimbés
de naissance
oints
nous paraissions
baignés
dans les mêmes huiles
aptes
aux mêmes
crimes
tous les codes tous les 
comme il faut
écoutant attentivement
toute la vie
écoutant
pour faire
imiter
mieux même
précéder
leurs voix
ma voix
comment porter à tes lèvres le verre de vin
où mettre
tes doigts
pour préserver l’effervescence des bulles
regretter
avec une moue patiente (cependant) l’absence de flûte
qui les disperse moins
mais c’est très bon
connaître les règles
savoir manger de la caille
demander
oh, le champagne zéro dosage, oui tu ne sais pas, si, si je t’assure
savoir exiger connaître des mots dans toutes les langues
dire badin
vin léger
ou rond
avec l’air de ne pas y penser
connaitre le mot « tourbé »
à quinze ans et demi
j’y rejoins mon cousin
mes vacances gâchées par la tempête
à Orlando
oui…pauvres de nous
fous les palmiers
la méditérannée 
dans l’ouragan
on dirait
nulle envie jalouse
grande grande grande colère
vengé (je)
par la tromperie
riant sous cape
ne me rendant pas compte
que ce 
je interrompu
ce je
du jeu
s’interrompait
que c’était moi
qui payais le prix
ma vie à moi
sous la cape
suffoquant
c’était
de
n’être jamais soi-même
toujours
choisir plutôt
le
comme il faudrait
que l’endroit fragile
petite voix
presque muette
agile et aigue
fluet toi
plutôt que
ce tremblement là
se faire
comme il faudrait
l’image précise
ciselée
riche
plus riche que ces riches
conforme
mieux
inventant
sa vie
sa chambre
à soi
démontant le lit superposé
dans la tête
sans échelle
architecte d’
un autre appartement
la honte
étendant
dans la parole
l’espace vital
faisant dans le verbe
palais dorures
pistes enneigées
soleils roucoulants
comme difficilement
ma vie
était à moi
comme rupture
deux mondes
toujours
cohabitant
en conflit
dure
                          dure
                                                    dure
                                                                              dure
                                                                                                        dure
le masque ce masque
          tenait
sur le
nez
(enfant j’avais
nez minuscule
qui s’il grandit
démesuré
j’en suis sûr
c’était pour mieux
faire tenir
sur le nez
ce loup)
le masque
ne tombe pas
même l’hiver
ne tombe pas
c’est ta vie
va au bout
ne révèle pas
ton jeu
pas
à cette table
ni à aucune 
autre
sinon
tu
non
nous-mêmes 
jusqu’à la démence
(au point de colère)
déchirant
déchirant
les souvenirs
de cette lèpre là
maintenant
ou si
toujours c’était
une facticité
(nous allâmes
jusqu’aux faux documents
faussaires en tout
à quel prix
je te dis
à quel prix
toujours
image fêlée
se dire
c’est bien moi ceci
et moi
malgré moi
jusqu’au prénom
choisi malgré moi
par mes parents à moi
disant à l’école maternelle
3 ans tu y comprends quoi
ce sera
Jonathan - sur la carte d’identité deuxième prénom -
à la maison Najib
toujours
ce dédoublement
venu du dehors
d’abord
puis
du dedans
qui était
un dehors
une pression extérieure
sur l’abdomen
toi 
tu as vomi
c’est tout
ce dédoublement
préparé
sinon
dès le plus petit âge
c’était quoi moi
ce moi à moi
par quoi
je m’appelle
dans ma tête ?
les deux et aucun
dès le départ c’était le mensonge
dès le départ
tu savais
tu savais
que ta légitimité
ce sera toujours
doute
incertain
que tu n’étais pas
comme il faut
alors
choisis
la vie
l’histoire que tu veux )
soi-même
où le fus-je
en ces temps là ?
(oh, j’ai joui
comment ne pas jouir
du mensonge
rutilant
n’avoir que ça
croire n’avoir que ça
l’avoir poli
c’était ta fortune
dire
ce qu’on veut
être cru
faire dans la bouche
vivre ces mondes
son palais ses églises
les voyages 
la Flandre
l’argent de poche
pffff
à Londres
en voyage de classe
4e
tu avais économisé
économisé un an au moins
pour sortir l’équivalent de 800 francs
comme une pièce aujourd’hui de deux euros
t’étonnant
ah c’est beaucoup?
sachant qu’on dirait
ce bourge
puis tu retrouvais la chambre
partagée avec ton frère
sans douleur
tu ne souffrais pas
vraiment d’être pauvre)
jejjejejejejejejejejejejejejejejejejejejejejejejejejeje
dans la poésie 
c’est sûr
le je
ma poésie à moi
il y avait je
conservait
ma poésie
ce fragment
irréductible
dans la poésie
je
n’étouffant pas
j’étais là dans mon outrance
dire je de toute sa vigueur ici
dans le hasard d’un vers né
par chance
ce je contrarié 
partout sinon
faux projeté
le je
lanterne magique
ailleurs
ce je promulgué
aux autres
mais sous le chapiteau
dans
le circonflexe du poème
j’étais
je
x
je
même pas 
dans l’amour
dans l’amour
longtemps aussi
ce fut de traviole 
peut-être
c’est sûr
parce que tu sais
comment ça marche
même dans l’amour
où toucher quoi dire
pour obtenir l’amour
vertige sincère qu’on ne croit pas
autre chose
mais jamais dans l’amour même
tu ne te mettais en jeu
dans ta vérité
(c’est à dire l’endroit du risque
réel
plus réel
que ta chair-charpie
quand on te jette
dans la silencieuse pâture
je te quitte mortel
fanal qu’elle dit
je dis :
ton lieu
précis du je
mon dieu
où existait-il
quand tu perdis dieu
jonathan
quand dieu mourut
qui déjà
qui encore
te savait?
pouvait te savoir
tu étais seul
en morceaux
éparpillés
illisibles
et dieu même
s’en lassa
ou c’était toi
tu ne pouvais plus supporter
son regard accablé
sa douleur tu imaginais au ciel
la pitié
à te voir
morceaux toujours plus morcelés
réduisant au défi de toutes les lois
physiques
l’atome de l’atome
)
bien sûr
bien sûr
je ne dis pas
amour falsifié
je ne dis pas ça
en amour évidemment
coeur
souffrant
tortures tralala
(plus que la moyenne même)
dans l’espace total
de la souffrance
(plus que vous)
quand marion
passe à toute allure sur la place du capitole
t’évite
t’écris
je t’aime
mais
je ne peux pas
pas encore
il ne fait pas assez froid
elle portait des collants bleus - comme le froid
quand tu erres dans Chatou
jusque sur l’île des impressionnistes
pour la croiser
que sa petite soeur
Lola
te voit
dit
il était beau
de belles chaussures blanches
c’était
vrai
mon amour 
vraie
ma douleur
pourtant
du toc
en même temps
(comme chaussures blanches
alors
gucci du bled
authentiques
parce que j’avais le port
altier
des choses précieuses
vrai le faux
porté par moi
)
amour vrai pour de faux
pareillement
en ce temps là
moi inconnu
toujours
être de brume
(ce n’était pas le goût du mystère
pour se donner des airs
modalité d’existence
aucune autre à moi si peu moi
connue
pas
l’envie d’enténébrer 
susciter pour rien
le danger
c’était le creux
l’absence pure
le non-lieu
j’étais
ce nulle part
qu’on ne peut pas
combler
situé en
d’impossibles coordonnées
désordre magnétique
pour la boussole)
Aujourd’hui 
comme il mit du temps à éclore
ce soleil
me voilà incapable 
des jeux
sordides
je dis sordides
(ce n’est pas sordide
vraiment
j’accentue
comme pour signifier
la stase
le temps long
encombré
cette congestion
morveuse)
et dieu
je ne fis que ça
ne savais faire de mains bouches
nulle autre chose
moi non plus
que ces jeux là
comprendre
pour
utiliser
ce que j’avais appris
cet enseignement malade
ce que je croyais être moi-même
vengeance du fou ivre
tirant au hasard
touchant les cibles
innocentes et coupables
indiscernées
faisant feu feu feu
de ce colt ridicule
tu faillis tuer de douleur
pourtant
et toi-même
en mourir
peut-être
Qui es-tu ?
aujourd’hui
je ne sais si disant
aujourd’hui
je veux dire
le moment exact
de l’apparition sur l’écran
du mot
aujourd’hui
et
sa mise en italique
si je dis
à cette seconde près
ou aujourd’hui
signifiant la période 
récente
distincte
sé                                                     pa                                                     rée 
de mon passé
du temps long
de la vie passée
voilà pourquoi
me sont insupportables les manières
l’esquive pour rien
et
insupportable pareille
peut-être
la peur
(cruel rejet, la peur
à quoi on ne peut rien
autre entrave
la peur
à l’expression
impossible
du je)
ce gel
dans l’effroi
le mot qu’on devine
qui ne sort pas
gâché
le mot
par la peur
infâme
Un jour on te dit
on
c’est absolument tout le monde
jusqu’à ton frère
ou ton amoureuse
je ne te connais pas
un jour
on te le dit
pourtant
tu racontes tout
trichant bien sûr
(moins qu’on ne pense
plus que tu ne voudrais)
tu racontes pourtant
bien plus que tous les autres
la retenue
tu ne sais pas 
mais c’est vrai
nous ne sommes 
réductibles à
la somme de nos discours
tout autant compte
ce je-ne-sais-quoi
toujours retenu
par moi
malgré moi
trouvé chez les autres
ce je-ne-sais-quoi
qui est soi-même
vous autres
tous
moi excepté
il y avait la poésie pour moi me sauver la vie pour me maintenir hors du flot infâme impossible la poésie où je parvenais moi à être au contact de moi abouché à moi-même bouche-à-bouche de l’horrible noyade la duperie même pour moi non pour moi finalement comme horrible ça aurait été la duplicité contre moi-même aussi et alors l’obscurité pour toujours l’impossibilité ou à funeste prix retrouver la surface des choses naître au jour quitter ou se défaire abysses et colloques des noirceurs il y avait la poésie plus que l’amour bien plus que l’amour où je me demeurais de justesse par quel miracle ici j’étais en même temps lieu et corps dans la poésie où je me trouvais moi là intact jonathanajib rabiboché sans problèmes indistincts et entiers le hasard non-choisi la langue tombée sur toi par hasard où tu te retrouvais presque toi même quasi-je ouf c’est fou la parole dans la tête ce long défilé les rêves aussi bien sûr qui restructuraient ta psyché par là forcément que tu n’es pas devenu totalement fou
elle fut longue
comme elle fut longue
cette rencontre
avec moi-même
à n’y pas croire
de se voir là
tu as enfin pris
le bon virage
pas si usé même
pas si usé
que t'aurais
cru
:)

 

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27 novembre 2019

Traître à ta race

Dans l’escalier je guette les bruits
attendant plus fiévreusement
le livreur
qu’amant ou amante
le dédoublement




que suis-je devenu
souviens-toi la misère
enfant
le paquet de bonbons c’était toujours trop cher
Leader-Price
Maman voyant
sur le tapis roulant
le défilé des produits de marque
des autres
les français
elle disait comme ça
les français

malgré ses papiers d’identité
son passeport français
son permis français
la livraison 
maman disait
disait
ça doit coûter cher
maman
R. voyant ma veste
s'exclamait
ça doit coûter cher
comme un enfant il a dit
au moins 100 euros
ma veste à 700 euros
qu'est tu devenu
le poulet semi-moisi
du hard discount
un jour maman 
s’exclama
le poulet semi-moisi
c’est la dernière fois
comme dans ce vol
Air-Algérie
viande verdâtre
on nous disait
comme il existe le poulet
jaune
peut-être celui
vert après tout pourquoi pas
on pouvait tout croire
on nous apprenait à tout
croire.

Le petit F2 cité de l’Europe

jusqu’à 7 ans
dormir papa maman
yannis myriam moi
dans la même pièce


Trois-pièce dans le 9e
biscornu peut-être
avec une chambre en plus
un bureau


la machine à tirer l’argent
tu comprenais pas
que l’argent dedans
ce n’était pas gratuit
pas gratuit
pour nous
c’est sûr
(le découvert
MOINS 8000 francs
tu te rappelles
maman qui n’en peut plus
déjà enfant
tu commençais à comprendre
que tu étais pauvre)


aujourd’hui tu tires à l’envie
la machine c’est gratos
vérité infantile
tu confirmes
ta croyance de petiot
en un week-end tu claques
300 balles
Résidus de lyrisme - Page 6 Compte11

en boite de nuit
qu’est ce que tu es devenu
c’est ça ta vie
tu vois
verre
se remplir
se vider
piste de danse pareil
toujours le plus beau 
on te dit
ça
très belle lavallière
le plus beau
pas sûr


bizarre
les filles te sourient dans la rue
aujourd’hui
parfois se retournent
ces trois filles russes
comme cliché
vivant
dire
trois filles russes
comme pour
allégoriser
soudain
beauté moderne
(qui ne veut rien dire)
qui se retourne
(une seule)
mouvement de tête rapide 
deux fois
le sourire
pour toi
tu connais ce sourire
dans les films
ou les bars à strip-tease
où 
A.
bossait te racontait
le client mort-soûl
auquel
elle faisait les poches
au milieu du lap-dance
la mondaine
les flics
déguisés en client
demandant toujours
une pipe
dans l’espoir
peut-être
à la fois
de se faire sucer gratis
et d’augmenter leur taux
d’interpellation
la mise au jour d’un bordel illicite
Un jour t’as joué dans un film comme ça
tout le monde t’en parle
tu étais en slip dans l’une des scènes
Résidus de lyrisme - Page 6 Amour_11

tu n’es pas le plus beau
pas mâchoire carrée
ni bras d’hommes
pourtant
on se retourne
te demande
ton numéro
ça t’étonne
M. dit

t’es pas mal
puis t’es drôle
Avec L.
on disait

on fait un peu 
des high five à 
notre adolescence
tu vois 
c’est con qu’aujourd’hui
je m’en tape à un inexprimable point






tu avais jadis
des lunettes
petits yeux
elles te faisaient 
les lunettes
petit
chétif
mal sapé
muant à 16 ans
Grandissant d’un coup sec
1m85 sans gradation
comme ta vie
tout d’un bloc
tu dévales
tu ne sais pas si tu le dis
avec satisfaction
1m85
tu ne crois pas
c’est un fait
comme cheveux
bouclés
ça aussi
c’est ton charme




soudain 
on veut t’embrasser de force
dans les toilettes du sans-souci
puis on te frappe
quand tu dis non
tu sors
P. et V.
se foutent de ta gueule
toi tu es choqué
de t’être fait frapper
pour ça
Tu te dis pour calmer
ton coeur-chamade
Que les filles pfff
vivent ça 
le vivent
dans leurs corps réels
puis
dans leurs têtes fêlées


se défendent
dans la tête toujours
de ces extorsions
bien réelles
V. pour se faire pardonner
paye un long Island
14 balles quand même
Toi tu en prends deux autres
Tu en donnes un à une fille sur la piste
parce que tu as plus soif
elle te dit
tu as mis de la drogue dedans
tu reviens quelques lignes plus haut


Que les filles pfff
vivent ça 
le vivent
dans leurs corps réels
puis
dans leurs têtes fêlées


c’est vrai
se défendre toujours
sinon

J. t’a raconté hier sur la plage de Fécamp

le viol ce type qui l’a droguée
qui ne voulait pas partir de chez elle
qui a laissé sur sa table de chevet
200 euros en riant
il a évalué son crime son corps son plaisir
à deux cents euros
J. ne pouvait pas bouger
la drogue dissipée pourtant
J. ne pouvait plus bouger


j’ai pleuré
eu honte de pleurer
dit pardon
non représentant
les hommes
présentant
les excuses collectives de ma classe
eu honte de ne rien faire 
de plus que pleurer
(morale à peu de frais)
trop facile
pleurer
rentrer chez soi
ouvrir le frigo
mettre des glaçons 
dans son campari
soupirer
raconter à M-A
prendre la bouteille de champagne
dire tu en veux ?


qu’est ce que t’es devenu


qu’est ce que t’as peur
merde
du plaisir
que tu ressens
à l’épicerie italienne
quand tu blagues
avec le vendeur
qu’est ce que c’est que ça
ai honte
à nouveau
honte




tu as peur forcément de le dire avec un plaisir coupable
de moins en moins
tu arpentes trop sérieusement désormais
la rue des martyrs
ça t’effraie
tu trahis ta classe
tes parents
ça te fait peur
tu voudrais retrouver
ta colère d’antan
ne pas dire
« le caviste »
« le barbier »
« le pressing »
ne pas dire
ces mots des autres
qui n’étaient pas pour les immigrés
qui ne doivent pas être
pour nous ces mots
qui nous mettent
dehors
sauf quelques-uns
les Zineb
les Zora
les
toujours des femmes
si ça suffit pas
ça comme preuve


tu es devenu
français
tu t’es même mis à voter


Mélenchon certes
t’as voté quand même
jusqu’à 29 ans tu avais refusé
de t’inscrire sur les listes






mais ça commence par là
devenir ce qu’on hait
l’autre
tu étais
l’autre
devenant
l’autre
de l’autre
à force d’errances je suis devenu un autre et, cet autre lui-même, est devenu un autre.

alors ici tu prends conscience 
à ce moment là
de ce poème là
de ce que tu deviens
de ta transformation
tes chaussures à 600 balles
(volées, pour beaucoup
ça change rien)
tu déchires
ce que tu deviens
dans ce geste
pour rien
tu déchires
ce que tu crains
pour rien
tu gardes
intact
ce petit bout
ton prénom par quoi
personne ne t’appelle
(sauf papa maman frère soeurs)
Résidus de lyrisme - Page 6 Boudin11

tu gardes ça
tu l’accroches
le centre



 

24 novembre 2019

C'était cette envie de t'étriper.

Hier
zones humides
intérieures
pays
des foudres ou 
                    des tempêtes

Hier et depuis dix jours
ce climat incertain
de grêle et de neige
où nul tremble ne dure
sol verglacé
des chutes
verticalités
mortes
où j'ai passé
mille jours
sur le pavé de la place charles dullin
allongé
ou au NoPi
par terre
disant
que la verticalité
devait finir
c'est sûr
j'étais le plus cool

Hier, pourtant, on m’insultait, comme si de rien n’était, et de ceci je ne sais quelle courtoisie on attendait en réponse.
Hier il fallut la dissuasion un peu fâchée de R. et de M-A pour retenir tout à fait mon geste.
Geste que voici, donc, dans sa totale forme

Geste alourdissant toute ma paume
Main
devenue gourde
gelée 
main-poing




c’était le geste là =>Quasi-objectivisme - Page 3 Tarate10



Jamais on ne devine ce que l’autre porte en lui de démence, d’excès, d’intempérance, jamais on ne mesure et il est certaines provocations dont toujours il faudrait se dispenser. Non respectant un ordre moral, immuable, gravé dans je ne sais quelle roche antique (ou bien c’est Tarpeïa crevant sous l’or) ; la colère ou la révolte sont bonnes dans leur principe et leur expression ; mais principe et expression réclament cadres ; connaître sa place au sein d’une interaction lorsque celle-ci ne nous concerne pas. Ne pas sauter à pieds joints dans la flaque des autres. Ruminer, si on veut, faire ça dans son coin, s’exclamer auprès de confidents si on veut tant que ça n’entre pas là où ça ne doit pas ; parle dans ta barbe parfois entre tes dents ; siffle
Parce que ces choses

on ne sait jamais
les conséquences que ça a
Et ceci toujours
encore

malgré les tempéraments du dehors
durent encore
je crois qu’on oublie
trop facilement
la possibilité de la violence physique
que celle-ci existe
on la voit
les samedis
crever des yeux
au hasard pour rappeler
aux êtres humains
la fragilité d’un corps
ce que peuvent les armes
ou la folie brute
(disant "à bientôt T." c'était une menace, j'étais en train de mettre mon manteau)
et moi
si l’on m’attente
parce qu’on m’attente
alors
je me lève
de la même façon
mais suis-je
LBD ou à l’inverse
l’incendie du Fouquet’s
les deux
la réponse violente à la violence

Quelle bêtise égoïste
de se mêler
l’intrusion toujours dédouble
la colère
si j’étais rentré chez toi avec mes semelles crottées
alors
me serais-je tu ou
sinon
"désolé
tu exagères
dans ta violence"
tu n’avais pas le droit
tu ne mesures pas combien
je fais preuve d’amour
(non pas mansuétude
ou je ne sais quoi
du domaine du juge
de la sanction
un immense amour)

L’apaisement de mes mains
l’apaisement précaire
la boule
furieuse dans la gorge
ce calme fragile
d’où sourd déjà
sa nullité
sa durée
je ne la dois
qu’à d’autres
auxquels j’ai délégué
le sur-moi de ce moi
hors-de-moi.
ce texte pareil
dehors

Je cheminais mentalement
la pensée bourrique
circulaire
obsédante
tu imagines un métronome
rapide
Calculant l’itinéraire
me menant de chez moi
jusqu’à Saint-Cloud
l’iPhone dans la main
qui  
tremblait moins que l’autre
main


Quasi-objectivisme - Page 3 Trajet11

ou bien de chez mes parents tu prolonges un peu après suresnes
tu te souviens le bus 360 jusqu'à saint cloud
ou bien le val d'or
la station de transilien
tu l'as connue petit
ce train là
de fer
on l'appelait train de banlieue
depuis ce souvenir 
t'atteindre.


Quasi-objectivisme - Page 3 Trajet10




appeler pour savoir
quelle salle quelle heure 
quel prof


Quasi-objectivisme - Page 3 Le_lie10
`



J’en étais là de mes pensées 
avant de prendre l’air
détendre ma main
contre le vent frais
dans le quartier de l’opéra

Tu n'imaginais pas l'invasion
jusqu'où ça peut aller
le délire 
Quasi-objectivisme - Page 3 Adress10

Tu es fou
si R.
n'avait pas dit :
"fondamentalement tu t'en fous et lui aussi."
aujourd'hui encore je me raccroche
à ce mot
pour ne pas défaillir
en ce moment je suis fou absolument officiellement fou
madame l'enfermeuse m'a prescrit du Tercian

toujours lourde la main
du geste inaccompli
je ne sais
destin en suspens
ou autre chose
mesure soudain
parce qu’il ne faut pas
que c’est trop bête

trop bête trop bête trop bête trop bête

Quasi-objectivisme - Page 3 T_10


trop bête trop bête
mais c’était toi
tu n’avais qu’à dire pardon merde :
je ne pensais pas
que
et là 
mon dieu
malentendu
ça arrive après tout
tu m’infliges cette retenue qui déborde
et si un jour je craque
si tu te souviens
que le corps c’est le corps
c’est bien beau un jour d’en parler à foison
mais voilà il se manifeste parfois
dans la forme inattendue
ce jour on comprend
merde
on aurait dû
se rendre compte

peut-être désormais c’est ça le sort de la poésie
ressembler à snapchat
peut-être c’est ça
maintenant
la poésie
ressembler à snapchat
dire
fils de pute


entrer chez les gens
pour le spectacle
mais pas seulement


Mais plus loin que ça, bien plus loin que ça et plus tristement, tragiquement. Non pas déçu, puisque je m’y attendais. Je l’avais senti le jour que tu avais parlé de Damien Saez ; par hasard, un mot ; cette chose morale de peu de frais. Dès qu’elle entre je me méfie ; malgré ses atours je sais la saleté de ses sous-vêtements. Damien Saez, tu as raison au fond. C'était la manière ; la manière elle racontait ce que tu as prouvé ensuite.

Alors
je pense à M. qui me dit « je suis féministe » et relate avec une exactitude scientifique les plus fines thèses du sujet. M’apprend le continuum entre prostitution et mariage chez Paola Tabet ou les biais idéologiques des sciences prétendument objectives ainsi que le rapport Dona Harroway
Pourtant
il n’est pas femme
(c’est une évidence)
dans sa matière d’homme
mais il est toujours bien plus homme qu’il ne croit
les livres c’est bien ça grossit la bibliothèque
prouve sa masculinité
le prouve au détour d’un mot
d’une phrase
en riant
(c’est ce rire dans ce mot ; ce mot dans ce rire qui trahit ; transparaît le vieux monde acariâtre ça n’a pas changé tu vois et comment ça pourrait changer 5000 ans déposés en nous ; 5000 ans durs, profonds, racines, parfums, pigments ; comment ça pourrait nous passer d’un coup cette pitance dont on nous a bourrés depuis 5000 ans)
« Marie a une toute petite chatte »
croyant sûrement
dans ce « toute petite »
dire chose tendre
émue

et moi j’entendais
la connivence entre deux hommes
ai-je souri ?
Peut-être
amusé vraiment ou gêné
je ne saurai dire
(et je crois que c’est ici précisément
que je reconnais
les sous-vêtements sales)
Il dit de V.
« je ne peux plus le voir, avec sa misogynie »
le moins misogyne pourtant
lui je crois
qu’au moment de la pitance
il n’en prit pas sa part
me la laissa ou à M.
je ne sais

la morale à peu de frais, c’est ça
trouver
dehors
un autre imparfait
la lame qu’on voudrait
retourner contre soi
lui voilà une cible dehors

et j’aimerais vous dire à tous les deux
il n’y a pas de lame
vraiment
dès le début
il n’y avait pas de lame.

C. disait
« vous faites les coqs, toi surtout » (c’était moi, le toi)
se trompant elle touchait juste
(On se moquait sacrément de moi, quand même et de mon peignoir tissé dans les vêpres ; et moi je me défendais avec mes canines dérangées ; c'était le jeu de taureaux idiots ; lui plus expérimenté que moi en matière taurine)

soyons humbles 
pitié
je porte à égalité avec les autres
cette attitude hirsute
d’homme
maladroit peut
être
performant imparfait
constatons à l’infini
notre échec
ce
sera notre plus belle
réussite


la morale c’est à peu de frais, elle se paie de mots, se tape sur le ventre ; infecte morale sans morale. Son usage c’est la gloriole, la couronne putride, l’excommunication. Comme elle fait mal dans le ventre vivant, cette morale. Celle qui répudie, donne à tous les autres miroirs infâmes mais jamais n’y plonge son regard.
Ce n’est pas grave
d’avoir cette tête là
regarde aujourd’hui
chez le barbier
j’ai tout enlevé
(pour sur la balance peser quelques grammes de moins ôter cette journée de merde dans les poils d'homme
dans la barbe de l'homme où se nichait la violence peut-être)

Quasi-objectivisme - Page 3 Barbie10

m’illusioner
me sentir changé 
peau autrement

















C. m’impressionne toujours
lorsqu’elle prend des positions morales
je ne sais comment dire
exactement
ce qui me plait
dans cette fermeté
toute entière 
je crois
qu’elle ne se regarde pas
être morale
ne jouit pas
(tout l’inverse même
elle souffre)
dans ces cas précis
c’est si rare
que ça me touche au plus haut degré

(l’enjeu ce n’est pas se regarder ou ne pas se regarder ; des tas de gens ne se regardent pas, très bien, je les adore ; c’est d’en même temps assumer avec courage des positions dans l’espace politisé ; politisé de par cette prise de position)



de mon hasard intime
cette façon
qu’on a de déplacer
à l’intérieur de soi
cette fureur
dure
fraiche
comme enfantant
le vent
couchant
la toundra



Etat de lucidité
fragmentée
tristesse émerge cependant
de ce comportement
ou des mots de T.
(tristesse réelle
déception
du doute
confirmé
voilà
il y a une preuve maintenant
la preuve
tache)
Ce n’est pas vrai
alors
c’est tout
Comme M
ou moi
d’autres
tous à la fin

ici le bât ; la prétention au final ; le tragique de l’histoire : 

il n’y a AUCUNE déconstruction du masculin
possible
par l'homme

des formes atténuées
celle je crois des lâches
un peu
oh oui ces formes sont plus
justes
moins de dégâts
de dommages
il y a moins
l’Irak
leur motivation seulement est sordide
la preuve
dès que ça peut
ça sort
comme avant
non
ne prends pas cet air là
une femme 
jamais
ça n'aurait eu cette odeur

Je me souviens 2010, je crois,
M.H bitchait sur sa copine
jouait le rustre
et moi
pour rétablir l’ordre moral
comme le fait T. ou M. virant V.
en réalité
(mais si peu de frais que 
de se faire beau au détriment
des autres
l’amour, c’est tout, sauvera
notre seule chance
sans condition)
j’ai rencardé la gouape
pour coucher avec elle
appelant M.H une fois
l’affaire finie
dans l’hilarité cruelle
où je prétendais
exercer la justice
(de quel droit?)
qu’était-ce au fond
que le jeu minable
de l’homme prenant
à l’homme
pour faire l’homme

le « j’ai baisé ta femme » 
de Soral
exerçant son pouvoir
sur l’homme
c’est exercer son pouvoir sur l’humanité
couchant avec l’homme
rivalisant
mon dieu
comment avons nous pu faire
CA

j’ai pour ceci aujourd’hui
le plus grand dégoût
non pour moi-même
je n’y peux rien changer
aucune mortification n’y suffirait
(ce serait encore de la morale à peu de frais
dire ô ô ô ô)

la mue longue longue mue
mais ce sera pour toujours ma peau
tous les autres menteurs
de ne pas admettre
que c’est leur peau aussi
cette puanteur
aussi
ce parfum des roses
autant

 

 

20 novembre 2019

A l'inconnue du photomaton

Capture d’écran 2019-11-20 à 17

 

sur la photo
tu n’as nul visage
dissimulée
par la nuit
celle partout
flash
absent

dans la cabine

ma main
on ne sait
précieuse
ou dure
cruelle
l’inverse
sinon

prend-elle
la
main
peut-être offrande
mains
de quoi le don
si elle s’enfonce
(où?)
est ce une dent
la main
ou main
ôtant
l’épine
(la dent)
douloureuse
depuis trop
souvent

ignorant
si je te baptise
ou si tu m’ordonnes
la nuit t’a reprise
nous avons divergé
nos verres renversés
je ne sais
lnconnue du photomaton


n’avais-je écrit
« Et chaque cabine de photomaton est pour moi un cercueil. »
décidément
ces lieux
forment à la
mort toi
je ne sais
où tu meurs
ni même
si tu meurs

18 novembre 2019

Vitesse

Terreur /
du rendez-vous /

manqué /

avec qui

m'est

inconnu

pourtant

 

pour l'inquiétude

 

je n'avais pas 

le bon

nez

 

 Un peu plus
De vitesse
S'il te plaît

 

 

enfonce
les dents
rentre
la langue
13 novembre 2019

Paris - Taxi

J'ai été, ce soir, pris d'un terrible désespoir. Insoutenable comme si la nuit voulait à tout prix écraser la nuit. Face à cette absurde douleur, ce voisinage (même poils pubiens) de la mort ; j'ai quitté mon appartement. Fermé la porte à double tour. Descendu en rafales les marches.
Puis j'ai parcouru mon quartier. Les rues connues. La place de l'Eglise Notre Dame de Lorette et, plus haut, la paroisse affidée où je voulais devenir catéchumène. Puis, comme tous mes projets conçus durant une phase maniaque, l'idée s'envola ; dieu mourut ; le christ redevenait cette pathétique et maigre idole.
La douleur ne me quittait pas. Malgré le vent presque du givre dur sur mon corps pas assez couvert - je voulais sentir la vie.
Alors.
Remontant place Pigalle j'ai hélé un taxi je lui ai dit de conduire et d'aller où il voulait tant qu'il demeurait dans Paris.
Pour lutter contre la nuit.
Les phares du taxi
La radio qu'il écoute
contre le silence
dru sec
de l'appartement
(      ) c'est toi
il a filé longtemps comme ça
avec son luminaire taxi
en rouge
maintenant
(je ne le vois pas)
(vert tout à l'heure)
filé sur les ponts de la seine
les pavés
la place de la concorde
qui me tord le coeur
filé filé mettant à des kilomètres de moi
le silence
et la nuit
j'ai appuyé sur la petite lumière
pour les passagers
"s'il vous plaît, non"
"j'en ai besoin"
"pourquoi"
"c'est comme ça"
"pfff"
je regardais mes mains
aux ongles coupés hier
(absente, toi, de mes caresses
sans traces)
il m'a laissé porte de vanves
rejoignant une station de taxi
puis je suis rentré
avec le vent
toujours
dur givre
à la maison j'ai ouvert une boite de thon
je l'ai arrosée d'huile d'olive
puis je t'ai appelée
j'ai lu un peu tsetaieva
pourquoi je ne sais pas

je n'étais plus triste
l'argent
avoir de l'argent
ça sert à ça aussi
à balayer les soucis
dans la rue
hélant
brisant la douleur
dans le claquement
de la portière
le verrouillage automatique
la direction assistée
le bonjour monsieur

13 novembre 2019

Ton absence

C’est toi je ne sais si tu t’y reconnais. C’est malevitch qui t’as peint je crois.
Tu n’étais pas venue danser non plus avec lui.

Résidus de lyrisme - Page 5 White_on_White_%28Malevich%2C_1918%29
C'est un carré blanc ?
Bah non
C’est toi
Bah non, enfin
C'est un carré blanc
Mais si
Le nez
Regarde enfin le nez
C’est le nez exactement ton nez de quand tu n’es pas là.

 

12 novembre 2019

La surécriture

tu cherches la faute d’ortaohap

de
frappe


la faute d’ ortapgre c’est la réussite de la langue


la faute d’orthographe
son cousin solécisme
l’autre
lbarbarisme
(attila passé dans le grévisse)

dans cet écart là
où tu t’assures
que ta langue
vit bien

cet écart là
où la langue
uniquement
vit


c’est cet écart là
dans cet écart là que la langie est vivante


Quasi-objectivisme - Page 3 Img_2810

la porte 
engourdit
c
du silence

la mauvaise image surréaliste
pain rassis
trop dur
sans miettes
même
inutilement
dur


comment ils sont les os d’andré breotn depuis le temps
tu te demandes

si les os de sa mâchoire
excommunient 
les os de ses mains

ce qu’il pense
d’avoir fini un
Cadavre
breton
comme l’exquis
Desnos



as tu cherché jamais autre chose que ce point de vue du  néant
ce contraire exact
exact à l’opposé
du vide

si tu devais tracer
à nouveau 
les figures du lycée
répartir sur le graphe 
les ordonnées et les abscisses
tu te trouverais
exactement
de l’autre côté
dans le miroir 
fêlé

 de

ces choses là

ce goût qui va
aux choses
vivantes
da$


l’aspect pourissant
tu ne sais pas
peut-être c’est ça une ville
ce qui te plaît tant
dans le béton hurlant

cette espéce de dégénérescence
la contamination en suspens
-
ne fondra pas
de ton vivant

c’est un risque gratuit

ne t’endo


yghbbhgyhygb
zzzzz

zzzzz
z
rs
sur l'écran


‘c’est moi qui danse la surécriture


La sur-écriture.





oiu l’criure m’évanouitytggfvbnjqsdfghjmlkjhfdsazsdfkzsedhtjfvntvtx,hb

tu te multiplies



Quasi-objectivisme - Page 3 Img_2811

dans la contagion contagion contagion contagion contagion contagion`
contagion contagion contagion contagion contagion contagioncontagion contagion contagion contagion contagion contagioncontagion contagion contagion contagion contagion contagioncontagion contagion contagion contagion contagion contagioncontagion contagion contagion contagion contagion contagioncontagion contagion contagion contagion contagion contagioncontagion contagion contagion contagion contagion contagion

hhhhc est le stylo qui ecrit ivi au hasard sese re volte contre onnesait quoi



 l zptitde a se fzie umin le psse semanfe tu meiss

9 novembre 2019

Voyage sans initiales.

J’écris
au bureau 
donné par M.
Après son déménagement
rue de R.
(qu’elle faillit me voler
après le don
le donnant
à C.
qui finalement
n’en voulut pas
dont je recueillis
de justesse
le don
qui faillit se faire
trahison)

J’écris
Sur le siège
donné par
M. 
Parce que V.
l’avait abandonné
dans la chambre
que M.
occupe désormais
Place Ch. D.
Avec P.

M.
préfère
les chaises
petites et robustes
qui ont la forme
selon lui
parfaite
de l’étude
étroite et dense


Dans le salon
Nous mangeons
Sur la table en verre
Que M.
A laissé
Après avoir quitté
l’appartement
Pour vivre
à S.
La table
trouvée dans la rue
des M.
ou rue de C.
dont la chaîne
de transmission
se coupe



Il nous arrive 
de nous asseoir
sur les petits poufs rouge
en velours
offerts à M.
avant qu’il ne parte
à S.
Qu’il n’emporta pas

Ou bien
assis
sur les chaises
où je m’asseyais jeune homme
ces chaises
données
par ma mère

Nous coupons
les légumes et la viande
sur une planche à découper
qui n'est pas une planche
à découper
donnée un soir
par hasard
par ma mère

Les livres du salon
occupent la bibliothèque 
verte
fabriquée
puis offerte
par le grand-père
de
M-A

La vaisselle
se lave
par la brosse
achetée par E.
à ---
rapportée
en train
ou 
bus
je ne sais pas.

Les volumes de la pléïade
dans la bibliothèque verte
héritée par M-A
s’héritèrent
aussi


M-A
Travaille
sur le bureau
que M.
(quand il quitta P.
Pour O.
Avant de revenir à P.
D’abord Rue P
puis place CH.D)
a laissé

Bureau
Que M. qui
vit à S.
tâcha
de mille
matières étranges
Dont on retourna
la Planche
Pour retrouver
intacte
l’odeur
de bois neuf 
le parfum
intact
de la thèse
laissé par M.
avant son départ à O.
repris par 
M-A
chargé
d'une nouvelle odeur
grimoire

Dans le frigo
le fromage apporté
d'Italie
par O
revenant en train
De R.
Arrivant Boulevard B.
Sur l'étagère
un pot en verre
sauce à la truffe
Dans la bibliothèque
les étoiles de la faim
fromage
et truffe

J’ignore ce qu’il advint
de la serviette
un jour oublié
(ou abandonné)
Par R.
qui pourtant venait 
de l’acheter à Monoprix
Comme Diogène
je crois
c’était sa façon
de fuir les fleuves
où l’on se baigne

M, M, M, R, C, E, O
dormirent
dans le lit 
de la chambre
désormais
d'amis
qui est leur place
naturelle


Vous retrouvant
tous, 3xM, R, C, E, O etc
chez moi
Non fantômes
choses
donc
êtres
réels
quotidiens
avec
vos odeurs
vos gestes
je vous vois

8 novembre 2019

Je suis né vraiment de ta lèvre

Je ne sais pas ce que tu vois en moi.
Si mes épaules s’arquent pourquoi parfois je te manque
c’est quelle partie de moi qui manque quand tu écris
je t’aime, j’aimerais que tu sois là
suis-je cette chaleur absente dans le plein hiver
cette forme recroquevillée sous la couette
si tu t’exténues dans les trains rapides
le tracé rectiligne des voies ferrées
lyon aix lille

je ne sais pas


si je veux tout briser c’est toi exceptée
à nouveau le goût dangereux du trop d’alcool
de l’excès intempérant
2h30 du matin en bas de chez nous
(samedi octobre 2019)
cracher dans la voiture
les phares endoloris
parce que par la fenêtre
on m’injuriait je ne sais pas quoi l’injure
par quoi je répondais ainsi 
dangereusement
courant rejoindre
clément et cie
dans la rue henri 
monnier
tu dormais
21 rue clauzel
j’espère le crissement des freins
la lumière hirsute des phares
le raclement de la gorge
j’espère ne gênent ton sommeil

si tout poussière et néant
tout
sinon toi
que je veux
si la veillée mortelle
que tu dormes
du sommeil humain
sourde au fracas 
où tout gèle

dors dors mon amour
si je crache et danse
ma peau frôle blessure
esquive de justesse
comme mes dents
ma langue quand
je mâche le kouglof
à la fleur d’oranger
avec toi

 

7 novembre 2019

Misère des courtisans.

Avec fascination j’observe / l’état de mon compte en banque / déchéance
double fiduciaire des météos / contemporaines - températures négatives ô nos promises
de mon humeur toujours fléchie
toujours plus bas
à forer dans les abîmes
(aucun espoir de pétrole cependant
mais le noir, c’est sûr)

 

Quasi-objectivisme - Page 3 Img_2711


Fascinantes inscriptions, chiffres traduisant tout en même temps 
moyens de subsistance plaisirs émerveillements détresses. Que selon la couleur (rouge, alerte) ou verte (soin, tendresse) ; selon le signe apposé (négatif comme le rhésus rare) il faille respirer ou conter son apnée (positif tu seras sauvé)

Quasi-objectivisme - Page 3 Img_2712Quasi-objectivisme - Page 3 Img_2713

Apnée, pour sûr.
Dans la misère entrebâillée
la part d’ombre grandissante
ta poche vide
le chauffage
coupé
(comme
du soleil
le cou)

Se souvenir Carver :
"J’ai 45 ans aucun emploi
imaginez le luxe que c’est
essayez d’imaginer."



Quasi-objectivisme - Page 3 Img_2714




Etais-je heureux ce mois de mai 2018
Il me semble que oui
je l’étais
heureux

6 novembre 2019

Bruno A.

Bruno A. est un artiste
diplômé des arts déco
Bruno A.
Vit au-dessus de mon appartement
son atelier c’est son salon
et mon plafond à la fois
depuis quelques heures
un bruit haché répété
chronique
comme une sciatique
bébébébégaie
crée-t-il
ou
baise-t-il
ce sont les gémissements
du parquet du plafond
ou de l’autre inconnu-e
indéchiffrable
à cause de l’épaisseur 
qui nous sépare
crée-t-il 
pour les salons
les ventes privées
ou
crée-t-il
cette chose humaine
pour l’école maternelle
si



son goût amoureux
sensuel
va aux femmes
sans contraception

mon dos me fait mal.

4 novembre 2019

V, novembre.

Dimanche d’octobre plus que jamais à dimanche d’octobre semblable

titubant, gris. 

Sans but.

Hier, échec de la soirée. Je ne sais trop comment. Assoupi, las, vers 22h. 

V.
qui ne répond pas
joue à la mort
rien ne m’ennuie plus, je crois,
que ces attitudes funèbres.



Mon oeil se déplace, les pages

le blanc

le vide

Ton absence, ce soir là, bruit
sourd du pain rassis
qui ne rompt pas

aheurté
ni en mon coeur amoureux ni non plus en mon corps désirant
pourtant bien en moi même
en ce coeur en ce corps
la douleur


Effacée la colère
dans ton parage engendrée
de ce côté de la Seine
j’y croyais reconnaitre
la tienne
Effacée la colère

demeure le froid de décembre
la pluie
anticipant 
la neige

as-tu gardé ta rage sereine ô
Pasteur
as-tu gardé
la mienne
regarde
rage sénile

3 novembre 2019

Xanax J.

xanax

 

Du Maroc, C. et J. m’envoient une boite de Xanax (photographie ; main de J.) ; de cette classe de benzo banale dont nous sommes familiers (pratiquants ou spectateurs).

Mais de venir du Maroc, le familier (re)devient étranger. Le connu trop connu, basculant, soudain - par la magie de l’alphabet arabe - dans le méconnu, l’inconnu, le moins connu.

Ce clair-obscur s’emplissant (peut-être) d’une spiritualité toute neuve, rétablissant la chose dans son mystérieux secret. Posant à nouveau une question. 

Cette familiarité brusquement étrangère s’étend au monde alentour ; à tout le quotidien usagé ; ces environs (bureaux, collines, blog) lentement, progressivement, fonctionnalisés. Et donc perdus en tant qu’eux-mêmes, rétrécis, réduits à leur usage c’est à dire à leur surface ; dit autrement : leur non-être.

(ce

jusqu’à soi

devenant

fonction

et

surface)

31 octobre 2019

Que ne s'en est il fallu que je sois bandit au visage de bandit

 

Si la nuit je parle à des garçons venus des cités, des trafics, des banlieues toujours je m’interroge. A quoi cela tint que je ne me trouve avec eux non comme intrus, un olibrius ? A quoi cela tint mon usage tranquille du passé simple ou du subjonctif imparfait ? Mon impertinence quant à la concordance des temps ?

 

A 6 ans environ, ma mère m'avait laissé dans la cour de la cité de l’Europe avec Valérie (dont les deux parents moururent du sida peu après). Cette cour se situait au centre de la cité, entourée par les immeubles d’habitation formant cercle, comme clôture de béton et de misère. 

Ma mère pouvait sans peine du balcon veiller sur moi et notre insagesse.

Après avoir joué, je ne sais quel brigandage d’enfant, chat à deux, la course à cloche pieds…Sur la proposition urgente de l’un de nous nous partîmes, quittant l’enceinte étroite de la cité pour la ville, les routes, les voitures.

Ma mère, par la fenêtre, criait du 6e étage « najib najib » (c'est mon autre prénom et ce n'est pas moi qui ai choisi de m'appeler Jonathan au civil, à l’école, en boite de nuit mais mes parents quand j'avais 3 ans, par crainte - hélas mille fois confirmée du racisme partout. A la maison ils continuent cependant de m'appeler najib) je ne l'entendais pas. C’est elle qui des années plus tard me le rappelle encore. Le cri, adouci par les années passées, devenu rire. 

Nous partîmes. Pour rejoindre le supermarché Champion (aujourd'hui ces magasins la s'appellent Carrefour et celui de ce temps là existe, toujours ; maison d’enfance des urbains) et au milieu des rayonnages de bonbons, du haut de nos 6 ans bien trempés, nous nous assîmes, éventrant les sachets plastiques plein de biscuits ou de bonbons. Plein. Les mains. Débordantes. La bouche pareille. Rattrapant je ne sais quel temps perdu, anticipant les privations forcément. Celles infligées tout à la fois par les règles morales édictées par les parents et celles plus tristes, contraintes, matérielles. Dans le dépouillement des emballages, dans le « crunch crunch » avide. 

Soudain. La voix familière grande d’autorité. La voix qui rentre tard le soir du travail dur usant. Rugissement de mon père. Hurlant.

Avec ma mère, par je ne sais quel instinct curieux, ils s'étaient répartis la ville visant juste. L'un à Leader Price l'autre a Champion (a croire que chez les pauvres toujours chercher la liberté c’est trouver le lieu de l’abondance consommatrice)

Ce Champion nous le connaissions bien. A quelques dizaines de mètre de Jules Ferry, l’école où nous apprenions à lire. Un peu plus haut cependant, après une légère inclinaison du béton. Chose amusante, ça, une école au supermarché coalescente.

 

Surement ça s'est joué ce jour là. Que ma mère s'inquiéta et que c'était fini la possibilité d’errer ; ne restait que le passé simple.

29 octobre 2019

17 MAI

La colère te prend depuis 13h17 environ, le 17 mai exactement ça a commencé. Tu ne te souviens pas, on te le raconte pas. Tu en sûr cependant. Ca a commencé exactement à ce moment là. Le jour de ta naissance, le 17 mai, il faisait 2 degrés à Tours. Ce n’est pas là-bas que tu es né, deux cents kilomètres au nord, mais ce froid tu l’as senti. Le cri, pour se réchauffer.

La noyade tu y tiens chèrement, souvenir, de l’apnée amniotique. Ophélie ou s’en sais-je, dérivant algues marines ou déchets urbains.
En attendant tu dors plus longtemps que prévu. De la journée comme du ventre maternel tu sors après terme.

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