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histoires breves
31 octobre 2019

Que ne s'en est il fallu que je sois bandit au visage de bandit

 

Si la nuit je parle à des garçons venus des cités, des trafics, des banlieues toujours je m’interroge. A quoi cela tint que je ne me trouve avec eux non comme intrus, un olibrius ? A quoi cela tint mon usage tranquille du passé simple ou du subjonctif imparfait ? Mon impertinence quant à la concordance des temps ?

 

A 6 ans environ, ma mère m'avait laissé dans la cour de la cité de l’Europe avec Valérie (dont les deux parents moururent du sida peu après). Cette cour se situait au centre de la cité, entourée par les immeubles d’habitation formant cercle, comme clôture de béton et de misère. 

Ma mère pouvait sans peine du balcon veiller sur moi et notre insagesse.

Après avoir joué, je ne sais quel brigandage d’enfant, chat à deux, la course à cloche pieds…Sur la proposition urgente de l’un de nous nous partîmes, quittant l’enceinte étroite de la cité pour la ville, les routes, les voitures.

Ma mère, par la fenêtre, criait du 6e étage « najib najib » (c'est mon autre prénom et ce n'est pas moi qui ai choisi de m'appeler Jonathan au civil, à l’école, en boite de nuit mais mes parents quand j'avais 3 ans, par crainte - hélas mille fois confirmée du racisme partout. A la maison ils continuent cependant de m'appeler najib) je ne l'entendais pas. C’est elle qui des années plus tard me le rappelle encore. Le cri, adouci par les années passées, devenu rire. 

Nous partîmes. Pour rejoindre le supermarché Champion (aujourd'hui ces magasins la s'appellent Carrefour et celui de ce temps là existe, toujours ; maison d’enfance des urbains) et au milieu des rayonnages de bonbons, du haut de nos 6 ans bien trempés, nous nous assîmes, éventrant les sachets plastiques plein de biscuits ou de bonbons. Plein. Les mains. Débordantes. La bouche pareille. Rattrapant je ne sais quel temps perdu, anticipant les privations forcément. Celles infligées tout à la fois par les règles morales édictées par les parents et celles plus tristes, contraintes, matérielles. Dans le dépouillement des emballages, dans le « crunch crunch » avide. 

Soudain. La voix familière grande d’autorité. La voix qui rentre tard le soir du travail dur usant. Rugissement de mon père. Hurlant.

Avec ma mère, par je ne sais quel instinct curieux, ils s'étaient répartis la ville visant juste. L'un à Leader Price l'autre a Champion (a croire que chez les pauvres toujours chercher la liberté c’est trouver le lieu de l’abondance consommatrice)

Ce Champion nous le connaissions bien. A quelques dizaines de mètre de Jules Ferry, l’école où nous apprenions à lire. Un peu plus haut cependant, après une légère inclinaison du béton. Chose amusante, ça, une école au supermarché coalescente.

 

Surement ça s'est joué ce jour là. Que ma mère s'inquiéta et que c'était fini la possibilité d’errer ; ne restait que le passé simple.

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28 août 2019

Les voisins.

Les voisins.
Mes voisins s'agacent de me voir régulièrement nu. Et perpétuent cet agacement en un froncement de sourcils qui les ride ; ce, tandis même que je fais l'effort de dissimuler ce qui, dans la nudité, choque. Choque, du moins, hors des chambres à coucher aux lumières mortes qui sont le domicile de trois quart des amants - toujours, lumières, trop vives ; lumières pour la vie banale, les devoirs sur le bureau, la lecture du journal ; nulle part lumières pour l'amour ; douces lumières lumières exténuées ; où l'odeur de cire comme vestige d'aimer ? -
Ceux-là ignorent, donc, l'effort que me coûte d'enfiler ce putain caleçon avant de me rendre dans ma cuisine. Celle-ci fait face à leur cuisine et c'est donc par la fenêtre de leur cuisine qu'ils aperçoivent mon corps tout splendide d'être nu.
Geste répété moi quittant ma chambre à coucher - lumières closes lumières d'amour - mettant mon caleçon, m'affairant dans la cuisine à je ne sais quelle tâche nécessaire à ma survie, quittant la cuisine, retrouvant, nu, la lumière d'amour. Recommençant. 
Désormais je ne suis plus jamais nu, sauf négligence, si je leur fais face. Pourtant c'est le même agacement perpétué sur les mêmes fronts aux mêmes rides. Comme si le traumatisme de ma nudité - et quel traumatisme ?  ainsi je suis né ainsi je pourrirai - dominait la vision objective de MOI et se substituait à mon apparrence véritable. 
Verrai-je, un jour, ma voisine couper, l'air rageur, j'ignore quoi symbolisant mon sexe honni (et pourtant, désormais et à jamais, invisible) ? Faisant passer par cette délicate attention un message très clair que, bien entendu, je déchiffrerai avec peine et, à cette injonction sur le ton de la menace, je ne me soumettrai pas. Eunuque déjà serait de céder ainsi à ce chantage symbolique.
Et il nous arrive, à tous, de nous voir faire reproches de ce qui pourtant est notre effort le plus suprême
Jamais eux ne voient le chemin que nous parcourons pour atteindre ces gestes qu'ils négligent comme du dernier banal ou de la moindre des politesses.
Ce chemin coûteux et coupant pour nous autres les plus distraits, les plus maladroits
mais aussi nos frères et soeurs
Différant de nos maladresses et nos distractions
notre famille, pourtant, ceux en colère
qui retiennent violence et colère mais colère et violence toutefois
jaillissant et combien retenues ces deux-là
Chez nos frères et chez nos soeurs ayant contenu des minutes qui pour tous les autres
seraient des siècles nos frères et soeurs pareils à nos êtres distraits, maladroits, à nos gestes gauches et parfois douloureux - main ouverte quand débris du verre que la main gourde laissa à un destin de paillettes -
frères et soeurs abattant le cri retenu parce que la colère les emporte
tous les tiers s'en fâchent comme s'il s'agissait du plus pur exercice de leur bon plaisir
non pas (ce que nous devinons) cette pulsion qui les tord.
N'est ce pas manque cruel de charité ? Nous faire ainsi porter le blâme de nos maladresses de nous charger du faix de nos colères nous
tout à l'effort de les retenir et si les chevaux s'affolent est-ce la faute du cocher ?
Il faudrait qu'en sus de mon caleçon, et constamment, je portasse de quoi couvrir le reste de mon moi-même ?
Ne voient-ils pas ce que déjà je sacrifie ? L'intensité, même, de cette écorchure que je porte et qui me tue.

 

16 août 2019

Deux-pièces quelque part en Bourgogne.

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Une annonce offre à la location un appartement meublé. Deux pièces. Dans une ville perdue de Bourgogne. Autan, autain, le nom m'échappe désormais. La voyant. Voyant le salon, me projetant, moi, dans ce salon décoré avec le plus moyen des goûts ; me projetant dans cet appartement dont je n'ai besoin ni envie. Me projetant moi, là-bas, un sentiment d'échec m'envahit. Echec, vécu, ressenti, par empathie démesurée pour le coupe qui y emménagera. L'impression que déposer ses valises là-bas. Signer le bail c'est renoncer à la vie. Au dehors. A son intériorité. 

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Pour éviter aux garants de s'engager sans mesurer les conséquences de leur engagement la loi impose un formalisme strict : il faut inscrire, manuscritement, la mention "je prends connaissance des conséquences de ma signature". 
Les candidats à la location de cet appartement, au moment, de signer le bail, doivent-t-ils, eux aussi, se soumettre à un formalisme rigoureux et recopier cette formue : "je comprends que je renonce à la vie, au bonheur et à l'estime de moi-même" ? 
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Et je ne peux m'empêcher, moi qui toujours, frôla la catastrophe ; moi vivant dans sa lisière à cause de ma très grande maladresse ; moi impossible de ne m'imaginer défaire mes malles. Sortir, tristement, tragiquement, mortellement, mes haillons et mes livres en poussière. Et je n'ai ni haillons ni poussières aujourd'hui. Ni malles qui sont le propre des vagabonds d'avant ; occupant, tristement ou non de minuscules garnis. Certains finirent pendus, d'autres poètes et quelques-uns les deux.
Voyant ce lieu il me raconte un moi possible, dégradé, un moi de justesse n'étant pas moi. Possible au passé, possible, de tout ce qui presque me fut mortel mais qui ne me fut pas mortel. Ces trébuchements à quoi j'échappais, tombant, si je tombais, sur sol mou ou, rattrapé de justesse, par des bras aimants ; où, la gravité, voyant avec pitié ce sort tragique qui m'attendait, ne trouvant pas que, moi, tragique, déjà, je méritais de tomber si-bas que j'atteindrai Bourgogne désenchantée, la gravité appitoyée retournant sa force et à la limite du précipice, de toute sa force, men sauva.
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Repose, dans ce salon, une tragédie du quotidien. Y poussent, sûrement, l'inceste et les violences conjugales. Encore même que ces atrocités nécessitent de leurs auteurs un peu de vie. Putride énergie certes, mais énergie tout de même. Comme le bois malade peut encore faire des esquifs. 
Peut-être cet appartement est hanté, hanté par la mort lente et verte. La mort inutile et contagieuse. Une forme analogue à l'angoisse qui vous maintient chair et enveloppe en vous privant d'un autre essentiel : vivre.
Cet appartement
Comme un désert
brûlant
Gobi, projeté en pleine Bourgogne,
asséchant toute la vie
Récifs, rivages où la mort nulle 
les péris de la joie naufrage
allumant feux exténués
pourtant
29 juillet 2019

Quand tu parlais de suicide.

Wendy me disait, il y a une dizaine d'années maintenant, que jamais je ne me suiciderai. Par cette assertion elle entendait que mon désir de suicide - j'en parlais souvent - ne reposait que sur une superficielle intention. A se yeux, sûrement, je ne souhaitais guère vraiment mourir mais être suicidé et, quelque part, jouir, vivant, de cet état là : suicidé. Comme s'il portait en lui le plus insigne des honneurs et qu'aucun autre statut vivant ne pouvait l'égaler. Ma détresse, réelle, et la maladie, déjà (inommée, alors, mais présente et contagieuse à moi-même), me rendaient inaudible la justesse de son argumentaire. Parler de suicide, alors, c'était se souhaiter des ressemblances avec d'illustres prédécesseurs (négligeant par là le grand nombre des anonymes qui périssent atrocement, sans faire d'éclats, dans les baignoires, les draps, les lits d'hopitaux, les fleuves et les coups de feu) ; ce n'était pas souhaiter mourir.


A mon désir, artificiel, de suicide elle opposait celui plus réel et convainquant de Jean-Baptiste (que nous appelions Jibé). Non, parce que son désespoir était le plus impressionnant ; presque à l'inverse ; parce que la vie lui paraissait indifférente, qu'il la négligeait, s'y promenait avec un certain bonheur et assez peu de réussite. Ce n'était pas, dans son cas, le malheur qui rendait crédible la possibilité du suicide mais ce détachement face à la vie - recelè-ce une douleur ? Wendy l'imaginait bien, un jour d'ennui, saisissant son coupe-papier pour ouvrir, comme tous les jours, son courrier ; voyant la boite aux lettres vide ; continuer son geste et l'adresser à son poignet pour que lui, Jibé s'achève dans un flot de sang indifférent. 

Jibé, aujourd'hui, n'est pas mort. Il écrit dans différentes revues. J'ai connaissance de son actualité parce que nous sommes amis sur facebook. Il aime la musique et en vit. 
Aujourd'hui, pour moi, la mort et le suicide ont changé de formes. Détaché de mes amours adolescentes pour les poètes maudits ; découvrant, avec l'emprise de la maladie et la dureté de la vie, le suicide dont me parlait Wendy et dont Jibé était le titulaire. Mon rapport au suicide a été, ces quelques dernières années, celui de Jibé. Au milieu d'insupportables crises d'angoisses, il m'arrivait de retrouver l'ancienne forme, le geste brûlant et désespéré et l'envie brutale d'en finir (mais pour une autre raison, parce que la douleur, non poétisée ni poétisable, me dominait tout entier ; parce que je souhaitais l'extinction et non le rattachement à je ne sais quelle ignoble généalogie nervalienne). La plupart du temps, quotidiennement ou presque ces dernières années, mes envies suicidaires reposaient sur ce détachement face à la vie. Un ennui généralisé face à la répétition, grotesque en apparence, de ce qui m'attendait pour toujours et que l'on ne pouvait moduler qu'à la marge. Que tous les jours comprennent une trop grande quantité de gestes incompressibles (dormir, se brosser les dents, manger, parler, se réveiller etc)

Wendy avait raison, sauf peut-être, dans l'éternité proclamée de son jamais. Celui que j'étais, s'il s'était maintenu dans son obscure fièvre, alors peut-être, oui, jamais n'en serai-je mort. Mais j'ai changé. Et j'ai changé encore, aujourd'hui, dans l'amour toujours renouvelé pour Marie-Anaïs qui me préserve de cette mort ennuyée. 
26 octobre 2018

Tu te caches dans les nuées et ma main jamais ne surpasse la distance.

Tu te caches dans les nuées et ma main jamais ne surpasse la distance.



Dieu s’engendra en moi de par la croyance toute naturelle de ma mère. Il y avait Dieu qui coexistait d’avec toutes les choses du quotidien. Il se plaçait là, objectivement, au milieu de mon existence matérielle.
La croyance de ma mère est la plus simple de toutes les croyances. La religion y sert de prétexte, donne une forme concrète au simple de sa foi.
Elle prie régulièrement tel que le lui enjoint la religion qu’elle s’est choisie ou, du moins, la religion dont elle ne s’est démise. Celle qui s’engendra en elle-même comme en moi-même. Simplement. 
Dieu que nous héritons depuis mille générations.
Par maman j’ai cru en Dieu et ce pour la majeure partie de mon existence. Un Dieu progressivement échappé de tout dogme. Présence et chaleur ce Dieu là.
Enfant ma croyance s’exprimait en la même forme que maman. La nuit j’apprenais la profession de foi, la chahada qui suffit à devenir musulman. Incantation magique dont j’ignorais le sens tandis que j’en modulais le son. De la chahada je me souviens encore tandis que les autres, celles apprises plus tard, celles au final plus religieuses je les ai oubliées, je les ai oubliées jusqu’à leur nom. La chahada c’était dieu, simplement, que maman m’apprenait avant le coucher et que je redisais dans le lit superposé.Sur le point de transcrire phonétiquement la chahada je perçois l'ineptie de la démarche et me contente de chuchoter la prière à cet endroit du texte. La chuchoter pour moi-même avec un accent impropre avec des illisibilités.
La prière, cette prière, parce que je n’en comprenais pas le sens (la traduction on me l’a donnée mais je crois qu’elle ne m’intéressait pas) m’impressionnait et comme alors je trouvais pathétique tous les « notre père » ces pauvres mots qu'on pouvait trouver à l'identique partout. La chahada c’était la magie, c’était Dieu, c’était toute une Eglise.

Récitant la prière je retrouve un peu de ma foi d’enfant, le merveilleux qu’il y a à croire si simplement. Je souris.

Petit, à mon adoration de Dieu se mêlait un goût pour le diable ou plutôt pour le danger que représentait le diable. La menace permanente qu'il faisait subir à Dieu. Et lorsque je priais ce dernier avant de m’endormir au diable je rendais un hommage bruyant au diable. Plus vociférant que la prière.

Dans la nuit ce murmure « j’adore le diable » murmure involontaire murmure malgré moi voix qui me prenait moi murmure né en moi sans moi murmure qui prenait l’apparence de moi pour menacer Dieu en moi.
Diable qui était l’impossibilité de Dieu. Et la crainte que faisait naître en moi ce murmure ! La peur non pas des châtiments la peur de la mort de Dieu à cause de ce qu’il fallait choisir Dieu ou le Diable et que la voix du dedans choisissait. Choisissait pour ma plus grande horreur ce que je ne voulais pas choisir mais que je choisissais. Et j’étais effrayé moi de combien l’imploration diabolique dépassait en volume la prière. Comme elle était grande ma peur alors et ma peur interdisait à la nuit de devenir le sommeil. Et comme il fallait un grand effort pour pousser jusqu’au gigantesque l’amour de Dieu. Le sommeil c’était Dieu retrouvé. Et la bagarre toutes les nuits recommençait. 
Le diable, à 7 ans, j’en suis sûr me parlait. La nuit, il venait et me parlait, et je me cachais sous la couette en imitant le sommeil. Comme je m’en souviens. Il suscitait la même crainte en moi-même que celle mieux connue des cambrioleurs. Je le devinais non pas au grincement du parquet non pas au bruit métallique comme une porte qu’on force. Non, lui se devinait à cause de ce que les paupières closes je le voyais encore. Et j’avais peur et jamais alors je ne me soutins du secours de la prière. Et quelle prière eut-ce été alors ? La sienne ?


Puis je suis devenu vieux et mon ciel s’est dépeuplé et l’enfer s’est vidé. Je suis devenu pauvre pour de vrai dans ce matérialisme involontaire. Qui est comme l’objuration d’antan ; celle de malgré moi. 
Je pense souvent avec regret à ma foi toute facile. Il arrive qu’elle me revienne en pleine journée. Comme un éblouissement mais la lumière retrouve sa rigueur d’habitude et moi l’objectivisme. 


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20 juillet 2018

Brèves de table basse - la toux

Il se trouve qu'actuellement je tousse beaucoup. Aux alentours de trente degrés à l'ombre mon organisme réagit comme s'il en faisait trente de moins. Je crache beaucoup, mes glaires m'impressionnent parfois, visqueuses, épaisses, denses et jaunes. Lorsque je les expulse d'un râle la trajectoire, flottante, me fascine.
Il se trouve qu'actuellement je tousse beaucoup, ma gorge est irritée et j'en suis très las. La nuit m'est pénible et le sommeil en devient rare. A sa rareté je suis déjà accoutumé mais tout de même de le voir hanté par autre chose que l'excitation nerveuse ou la peur du noir ou les angoisses. De le voir tout gâché de cette toux infecte.

Actuellement, parce qu'il est deux heures du matin et que l'ennui me gagne - mais la fatigue non mon corps s'étant comme résigné à ne pas pouvoir dormir - je me dis que peut-être je vais mourir ; la pensée m'amuse qu'un médecin, demain, m'annonce ça : "vous allez mourir".
Ce diagnostic - aucune maladie identifiée - agit comme une rationalisation - un remède - à mon état. Actuellement je tousse beaucoup et j'attends de mourir.
Comme beaucoup et peut-être tous je regarde avec un certain amusement le sang de mes excrétions et je me raconte la fable de la tuberculose. Et cette fable qu'on a connu par les livres et les films où toujours dans un train un dîner une chambre toujours cette fable où la toux tâche un mouchoir blanc de sang.
L'imaginaire, à force de connaissance, se développe et l'imagination toujours se conjuguant au passé me propose le sanatorium qui a passé de mode. Mon père, plus jeune, y fut hospitalisé. Mon père qui plus jeune passa par à peu près tous les périples d'être et qui parvint, tout de même, à être à vivre et à proposer au monde, avec l'apport non négligeable de ma mère, quatre enfants.
Bientôt, à cause de ma toux hors-sujet il n'en restera que trois. C'est le médecin, demain, qui le dit.

19 juillet 2018

JECRIS SANS REGARDER

(j'écris sans regarder l'écran et à toute vitesse pur flux de conscience)

 

Ton plus grande succès c'est l'amour ta grande grâce c'est de ne digérer rien comme tout le monde et tes rots empèsent le ciel d'un air de débat.
Pourquoi as tu sacrifié ta vie. Quel intérêt ce fut que de te mettre dans ces abîmes amers là. Ni ceux d'avat ni ceux d'après. Et quoi ? Pourquoi n'en sortirpas il eut fallu il eut suffi d'un geste, d'un premier geste au cours de l'été, n'importe lequel des étés mais l'un de ceuxq ui ont passé. Un mot et tout aurait pu finir ou, même, tout aurait alors commencé et quoi les portes de l'élysée s'ouvrir et quoi encore trouver des fleurs mauves rencontrer dans les bains publics un autre siècle et l'ombre tenace de ta poésie lyrique. Que s'en est il fallu que je ne périsse pas et désormais la mort me revient comme une sale maladie vénerienne qui te passe et te rappelle ton vice d'avant. Cette putain d'acnée de la bite et e la lèvre cette chienlit d'herpès mais aç te couvrer l'âme. 
Tu écris sans regarder à cette heure ci tu as passé une nuit belle et un matin triste. Il était sur les ops de midi et les volets 'ouvraient la cigarette emplissait la chambre et c'était une odeur d'amour ce mélange de poussière et de tabac (chaud puis froid). Les rideaux renonçaient à filtrer la lumière blonde et tout s'envahissait, la thei¨ère où le thé infusait la nudité s'achevant dans une robe - quels motifs ? et mes chaussettes jaunes et cette putain de douleur depuis qui ne me lâche pas chien de garde de ma douleur.
Putain, putain, putain et je n'ai plus la force désormais encore je suis fendu par le centre et toute la force coule dans mon cri de châtré de lpache et toute ma force encore m'échappe et alors ce sera l'extinction, alors la lumière dedans baillera une dernière fois, alors quoi. Quoi. Le thé très noir on aurait cru du café et je réclamais du café et le café ce n'était plus possible parce qu'il fait au coeur et à l'humeur des drames pires que les amours mortes.
JAI MAL JAI MAL JAI MAL 
Et je :mets ceci ici non pour appel au secours et non pas (ou si mais pas seulement) être vu être lu et qu'on sache ce tambour infini qui me déchire l'entraille, ces boulets, ce roulis de feu qui me périt du dedans. JAI MAL PUTAIN. Pourquoi l'incapacité et c'était si grave que d'être un jour d'un pied lassé repoussé dans les coins, c'était si grave de ne pas croire non en l'autre mais en soi au point que de craindre d'être effacé, d'être soi-même comme un appartement qu'on abandonne. Pourquoi cette terreur là à ce point ? Tu avais vingt ans Jonathan et tu dormais dans le hall d'escalier de Marion, tu avais une tête de fou et la voisine du 5e te craignais comme un vagabond d'un autre siècle. Tes cheveux étaient hirsutes et tu attendais d'entrer chez Marion que Jessie sa mère et sojn beau père aillent travailler. Et la voisine une arabe te craignais tu avais les cheveux fous et un gros manteau de laine comme souvent trouvent les clocahrds pour se garder du froid. J'ai mal pourquoi ai je perdu cette force qui me menait au Capitole attendant des heures Marion qui ne venait pas. Pourquoi je rodais et tremblais dans ma chambre d'hôtel c'était quoi la place Washington je crois où il y avait les cinémas et je mre prenais en photo comme un fou. La premi§re chambre à côté de la gare. Pourquoi ai je perdu cette force là. Les brûlures de cigarettes que tu te mettais sur le ventre et le poignet pour montrer que tu aimais au delà de la douleu rphysique. 
Pourquoi cette fois là non ? Pourquoi cette peur là ? Moi, mOI MOI MOI difforme de l'action.
JNamais jamais je ne me le pardonnerai et moins encore depuis lundi que toute ma force m'a quitté 

plus jamais je ne serai vivant là je reprends la phrase à toute allure qui ne se laisse pas faire mustang de la page blanche qu'on ne dresse pas. Moi, moi , moi ,moi et je faillis et je faillis je défaillis et je faillis aussi le FAIRE. A quoi ç as'est joué? Cette semaine maudite où tu bossais comme un fou et Marcadet empoisonnait l'air ou bien la langue de B sur ta chatte humide. Non, non, non tout ça on surmontait et c'était ma peur d'être relégué, de devenir un personnage secondaire de ma prpore existence, de depérenrre d'une autre vie que de la mienne, d'être là, l^âché un jour dans un janvier glacial avec pour soi rien que sa honte sa détresse et samaladie mentale. Avec rien d'autre que ce pauvre rien. Pourquoi ? Pourquoi ? Etait ce si ompossible de dire d'accord. Il aurait fallu partir je crois que si l'on avait dit "partons, là bas, je crois qu'alors j'aurais pu" mais je ne savais pas. Et ce n'est pas normal de fuir plutôt que de dire ça suffit. AHHGHGH
Je pleure je chiale ne me divise je e décire je veux que cette peine là s'arrête et la phrase m'mporte et me tue et le clavier enourrit mes doigts et ce ne sera plus jamais la même chose. Ca t'a pris, l'amour, d'une autre forme, plus régulière avec sa démence aussi cette perfection qui dans les bouquins de Ballard fait des gamins assassiner leurs parents, les massacrer les pendre par les couilles. Bordel.
BORDEL ma voix intérieure je l'ai perdue et je la retrouve ici quand je tape comme un fou savez vous que tapant comme !a je murmure ce que je dis je précède dans un souffle ke puxel comme si moi je dictais à mes doigts et suqe nous étions séparés. JAI MAL.

POURQUOI POURQUOI
Il eut suffit fallu d'un rien de demande rà Mryriam le courage qui la fit vivre ) Athènes putain.

Qu'est ce qui t'as pris merde ? De retour de Nantes, qu'est ce qui t'as pris de retour de Nantes. Marc par la fenêtre me voyait descendre et il a dit "il arrive" et dans ce "il arrive" c'était en plein hiver un drôle de soleil. Et j'ai mal de m'en souvenir, j'ai mal à en crever, à en pleurer, et de retour à Nantes il faudra la noyade parce que ce n'est pas possible. La sottise se noyer dans les flots tendres des océans ou des mers, la sottise tandis que la mort se fait dans les grands fleuves qui tonitruent et tuent mieux qu'à leur tour. Mais les fleuves sont couverts d'hommes et de sauvateurs. Pourquoi j'ai fait ça ? Pourquoi je me suis pas jeté dans le vide, n'importe lequel de ces vides là celui du haut des ponts ou celui plus difficile du risque. 
Lerde tu as eu vingt ans tu as adoré avoir vingt ans avec ton méris et ta morgue tes réussites sans faire exprès Grasset qui t'écrit et toi qui te fais comme ça un peu d'argent de poche pour un livre que jamais tu n'auras fini et Y.B t'en veux pour toujours à cause de ça. 
Et Nantes, c'était hier Nantes puis ce fut, mais sans moi, alors, toutes les villes d'ailleurs et j'ai mal.
Et marc qui disait il arrive et qui disait "je me sens violé de voir Jonathan avec des grosses chaussures" il y avait du verglas et je craignais de tomber en glissant en montant la toute petite volée de marche. Le sol était gelé et cherchant de l'alcool et de l'eau pétillante (san P) alors elle a glissé et je crois que mon coeur s'est brisé dans cette chute à elle.

On croirait, des lecteurs me l'ont déj dit que ce que je fais c'est conscient que je mre relis et me corrige ajoutant au hasard de la sésure et de la syntaxe des fautes de frappe. Et j'ai écrit mes po!èes minutes pour montrer que c'était faux. Que j'écris à toute allure et sans regarder l'écran et que les mots giclent comme pour un amour trop vif la première nuit quand ç afaisait longtemps qu'on avait pas aimé.

9 juillet 2018

CMP

L’hôpital de jour du centre médico psychologique (18-20 Rue de la Tour d'Auvergne, 75009 Paris) accueille, chaque jour, ses patients. Parmi ceux-là : Martin. Martin ne paraît pas, aux premiers abords, privé de raison. Il converse, sans anxiété manifeste avec chacun, donne son avis, écoute celui des autres. Rit de ce rire social et faux des gens de raison. Martin apparait, à mes yeux inexpérimentés, comme un être socialisé, parfaitement intégré, capable d’interactions normales et banales ; ainsi sa présence m'étonne et doit avoir des raisons.
Martin porte toujours un polo lacoste - de combien il en dispose je l’ignore - et, sur lui en permanence, un parapluie. Un de ces petits parapluies noir gardés dans un étui de toile et qui se déplient plus largement qu’on ne l’aurait cru. Dans ce siècle d’été jamais je ne l’ai vu s’en servir. Dans ces recoins de chaleur des orages surviennent, c’est vrai ; rarement cependant. Prévisibles, aussi. Annoncés par les baromètres-smartphone. Indifférent à ces modes prévisionnels ; Martin garde son parapluie.
Ce comportement, dans tout autre contexte, paraîtrait une précaution amusante et toutefois de bon aloi ; une fantaisie d’un aloi le même.
Or l’excentricité, la différence, l’étonnement ; bref tout ce qui échappe à une hyper-rationalité, devient ici une anomalie. Le parapluie de Martin dans ces mois de juin-juillet est anormal. En toute logique le parapluie est utilitaire son usage, parer la pluie, épuise son sens ; il se réalise totalement dans son utilisation, sans résidus. Il n’y a rien à en tirer d’autre. (Sauf pour quelques freudiens voyant en tout objet plus ou moins phallique le signe d’un Oedipe mal résolu et d’une analyse longue et difficile et coûteuse).
Martin garde ce parapluie en plein soleil - non déplié ; non « en usage » ; vigilant cependant . En plein soleil pour qui fréquente - en patient - l’hôpital de jour ce fait signe vers la folie, ce indique - au sens d’indice criminel -  la folie, la rend possible, en laisse deviner le commencement. Ce parapluie devient symbole, mystère à élucider - psychiatriquement. Son sens, parce que c’est Martin qui le porte en plein soleil, excède désormais largement sa fonction. Quelque chose, du trop loin, de l’étrange, de l’ailleurs, encombre cet objet. Chargé de discours, lourd maintenant le parapluie que Martin, au bout de sa main, agite. 

La présence des individus ici présuppose toujours la démence. A chaque acte est opposée une rationalité modèle qui n’est, pourtant, le sort de personne. Névroses, psychoses, angoisses et tout le lexique des souffrances morales, touchent chacun. Partout. Ici, ceci devient TOC, bipolarité, border-line. Tout est qualifié donc jugé donc traité donc effacé contenu. Le parapluie de Martin est un artefact de la folie ; par lui Martin est fou.
Le ton général narratif et neutre que je prends est fallacieux ; prétendant synthétiser ici le discours clinique. Je suis celui qui regarde et soupèse ce parapluie, je suis celui qui confronte Martin, portant son parapluie en pleine chaleur, à une normalité sociale : le parapluie ne se sort que sous certaines conditions. Sorti en dehors de ces conditions - ciel nuageux, gris, pluie, orage, indications météorologiques - saille une étrangeté. Cette étrangeté est de la folie de la quasi folie dès lors qu’elle concerne un individu appréhendé par une catégorie psychiatrique. Bref un abrégé de ces topographies de la déraison : DSM et CIM. 

C’est moi qui démembre Martin, moi qui isole de lui des parties qui doivent être caractéristiques de la folie - sinon pourquoi sa présence ici avec son air de tout à fait normal ? 
Au déjeuner que nous prenons en commun j’observe parfois Martin qui garde son parapluie sur les genoux. Sa main tremble régulièrement d’un spasme intraitable que son visage ne laisse paraître. Si à ces instants ses mains demeuraient dissimulées personne ne pourrait lire sur son visage impassible ou souriant (ou d’un impassible sourire) ce qui le traverse (et peut-être le traduit?). Il se nourrit peu - n’est pas maigre - choisit sans logique les aliments qu’il ingère. Jamais je ne sais s’il ne le fait à des fins de conformité sociale - donc de dissimulation - donc d’indices, encore, de sa folie ; mange si peu, son parapluie sur les genoux. 

De quoi le parapluie de Martin exposé au plein soleil est-il le fétiche ? Vers quel monde intérieur ce parapluie fait-il signe ? Ou quel ailleurs par l'objet médiatisé ?  Jamais je ne le saurai. Lui demandant obtiendrai-je une réponse ? Cette réponse et cette demande ont-elles un quelconque intérêt ? 


Désormais je pense à JH, toujours sociable souriant, dragueur plein de projets mis à l’ouvrage. Echouant, recommençant. A qui tout sourit et tout dépérit. On pourrait le croire, à observer sa contexture, comme un être sans angoisse - ce qui ne préjuge pas de son intériorité. Or à lui parler plus longtemps altéré - libéré ? - par l’alcool ou le cannabis c’est une fragilité comme les autres. Non, fragile en constance, mais révélant que ces choses là, ces actes grandiloquents ont pour lui, aussi, un coût. Plus capable que les autres de l’assumer mais penché, lui, aussi sous le poids de l’action ou de l’audace. Pour lui aussi c’est dur. Pas de quoi devenir patient de l’hôpital de jour.
Ses croyances montrent des au-secours (naïves, toujours, soulageantes et simples) anamorphoses de son audace.
Nous sommes tous des Martin conservant un parapluie en plein soleil haha.

8 juillet 2018

Une histoire de suicide.

Léo a peur de la mort. Ce n’est pas une peur panique et omniprésente comme ce fut le cas de Yan lorsqu’il était devenu fou - ou était-il devenu fou à force de craindre la mort ? et passait sa journée à palper chaque partie mortelle de son corps - c’est à dire toutes. Léo a peur de la mort ; sa confiance en le Christ probablement tempère cet effroi cependant réel - il brille dans tous les yeux cet abîme.
 
Ces discussions me font toujours réfléchir à pourquoi je ne crains pas la mort. La mienne, bien entendu, celle de mes proches me paraît, par anticipation, atroce et insurmontable douleur. Moi que tout angoisse ; la (mienne) mort ne me fait pas peur (est-ce d'être une échéance certaine et surtout définitive ?)

A Tours, un matin, que s’engourdissait mon bras gauche et que ralentissait mon coeur je croyais mourir. J’attendais la mort dans la salle de bains de Camille, qui dormait dans sa chambre du premier étage. Le plus pénible était alors l’attente ; je m’étais étendu dans la salle de bains pour ne pas qu’un râle réveille la dormeuse. Le temps ne passait pas malgré mes efforts pour le faire passer - ordinateur, internet. Il était tard (6h du matin), j’étais fatigué et je mourrais. J’avais griffonné sur mon carnet les personnes à contacter pour qui allait me trouver trépassé. Voyant mon engourdissement atteindre ma jambe gauche et apprenant par le miracle d’Internet qu’existaient des crises cardiaques de cette sorte (« slow heart attack ») je me résolus à appeler le SAMU. Il ne s’agissait pas alors de « me sauver la vie » ; je ne craignais pas pour elle ; mais de me défaire de cet état intermédiaire. Que la vie ou la mort se décident. L'une ou l'autre indifférentes ; l’indécision seule me pèse (etais-je le lot d’une partie de cartes ?).
 
Cet épisode, mémorable parce que matériel et narrable, connut déjà dans ma mémoire et mon imagination des doubles qui se déroulèrent sensiblement pareil. La réalité ne m'étonna pas, la différence principale d'avec mes constructions mentales, était la présence d'une salle de bains. Pour l'tat intérieur kiff-kiff

De quoi on tire la conclusion d’évidence : la mort m’indiffère tandis qu’elle effraie, avec une intensité variable, la plupart des gens y compris mes amis.

Si je dois réfléchir à pourquoi :

Toujours j’ai considéré vivre comme très indifférent. Non que je n’y prenais mon parti ni mon plaisir. La vie ce pouvait être autant que ce pouvait ne pas être ; qu’il n’y ait rien au lieu de ce qu’il y ait quelque chose ; peu m’en chalait. Finir n’avait d'ailleurs aucune importance puisqu’alors, fini…je ne pourrai constater ma finitude, en désesperer encore moins. On me soupçonnera d’hypocrisie ou de manque d’imagination ; soupçons également injurieux et injustes.
Il m’est impossible d’anticiper cet état extrême, incompréhensible ; à mesure de Dieu pour un croyant ; infini et toujours...irréductible à la raison.
Alors peut-être suis je en vérité celui qui accorde à la vie la plus grande éminence ; une telle vitalité la vie, ma vie, qu’elle ne se conçoit qu’étante, actuelle, résolue. La vie qui ne saurait finir à cause du temps qui a passé, de l'usure des cellulesv,de l’accident automobile, de la maladie mortelle ou du chgarin d'amour.

Cette raison - cette inconscience de la mort - ne saurait être la seule explication à mon absence de crainte. Depuis très petit j’ai voisiné avec la-ma mort, y pensant régulièrement et sans tragique. Etat potentiel mais invraisemblable donc irréalisable. Je crois que c’est vers 7 ans que j’en pris toute conscience ; la possibilité du suicide m'entra ans la tête en même temps que d'autres réalités d'adulte (l'argent). Le suicide me poursuivit sans que jamais je ne m’y risquai (il m’arrivait à 12 ans de me saisir des couteaux de cuisine pour jouer avec moi-même au milieu de mes larmes à celui qui se tuait. Je n’en tirai même pas une égratignure et cela va sans dire aucune cicatrices). Seulement cette idée du suicide qui toujours a voisiné avec moi m’a rendu la mort ni inquiétante ni distrayante pour un sou (j’eus comme beaucoup de poètes de 20 ans une attirance d'ordre quasi-sexuel pour le suicide ; ce ne dura pas).
La crainte de la mort, absente, celle-ci devenait mon objet, mobilisable à ma guise ; il n’appartenait qu’à moi de convoquer ma mort lorsque trop las, trop blessé, trop quelque chose - non pas blessé, ne songeant pas à la mort, jamais, pour fuir un mal ; blessé un hurlement me déchire, un hurlement d’une vitalité telle que la mort devant lui reculerait jusqu’en enfer.
Est-ce à dire que la mort chez moi se confond avec le suicide ; qu'ainsi je ne peux craindre l'état - la mort - qui ne saurait résulter que de mon choix - le suicide. Dussé-je regretter le choix je serais déjà péri donc inconscient donc incapable de rétrospectives.

Considérant la vie comme, en quelque sorte, inexpugnable ; la mort - ma mort - me parait une fadaise. Sa réalisation en d’autres que moi, la finitude constatée en 2007 d’Hassein mon cousin (cancer du pancréas, 37 ans) n’est qu’une actualisation douteuse et, surtout, hétérogène à ma vie et donc ma mort. Le mot de mort s’il devait se lier à moi ne pourrait être le même mot qui se lie aux autres. 
Ecrivant ce sont des vers de Rilke qui me viennent il dit à propos de la mort qu’il faut - en quelque sorte - opposer à cette mort qui vient en des âmes vertes la vraie mort (livre de la pauvreté et de la mort) et qui chez lui est une chose mystique et qui chez moi est le suicide ; par quoi nous nous rejoignons par des paroles pourtant irréconciliables. 
La mort n’exerce sur moi plus aucune fascination, certaines me paraissent plus sages que d’autres, du moins plus...adaptées ? Des morts que Rilke n'aurait pas renié. Si je devais de moi-même me dessaisir de vivre ce serait dans les vagues, noyé (Virginia Woolf noyée les poches alourdies de pierres). Tandis que m’indiffère finir je ne peux m’empêcher cette coquetterie finale : périr dans des vagues d’Atlantique. Luttant de toute ma vie jusqu’au dernier souffle ; comme s’il s’agissait d’avoir vécu tout à fait. Cette mort qui parût à tous la plus pénible ; chacun a expérimenté le manque d'oxygène et ne peut se représenter lui même en souffrir jusqu'à défaillir en entier.



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A un âge ou le suicide et la mort sont d’invraisemblances ; où les personnages de romans ou de dessins-animés seulement en sont les sujets ; à cet âge - précisément je ne me souviens pas, 8 ans ? Margot se suicida. Sans y parvenir. A 8 ans, je crois, elle se jeta d’une fenêtre sans ; mourir elle se suicidait. Pourquoi ? Sa mère est pareille à celle fantasque et fantastique ; aimante et folle furieuse ; poursuivant une machette à la main l'amant qui blessa sa fille ; droguée mais sevrée ; prostituée mais jadis. Si semblable à ces mères atroces que leurs deux visages maternels pour moi se confondent en un seul.

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Lorsque Amel, ma petite soeur de 12 ans ma cadette en avait 4 je jouai le mort près d’elle. Immobile. Jeu stupide d’adolescent. Elle y crut, s’en inquiéta, la peur l’envahit. Ainsi elle savait ce que c’était la mort et mourir ? Soudain, voyant à ma lèvre ou à ma main trembler un geste ; elle soupire soulagée cependant toujours inquiète. Elle s’exclama « mais non, t’es pas mort, t’es pas mort » et répétant les mots conjurait la mort possible. Peut-être suis-je protégé à jamais de la mort par ces quelques mots d’enfant ; et qu’avais-je fait moi ? Lui avais-je donné à voir - c’est à dire mis en conscience - ce qu’était la mort ? Cette mort alors qui fut une fiction la convainquit peut-être de l'impossibilité de mourir ? Et dans sa tête a rédigé elle aussi un texte à la semblance de celui-ci

 

6 juillet 2018

Le coléoptère qui voulait se faire aussi doux qu'un faon.

Ce n’est pas un faon, maladroit animal des bois ; mais un coléoptère des mêmes régions. Animal trompeur, sans colonne vertébrale dont l’être n’est qu’imitation et parjure.
 Insecte dissimulé, n’avouant jamais sa nature ; voleur prenant la couleur végétale des plantes qu’il colonise. Menteur et sans réalité propre ; dans le bois se déguise en guêpe. Toujours autre trichant sur ce qu’il est ; toutes les couleurs dont il se pare n’y changent rien ; séduisant, par cette multitude chromatique, les animaux des bois. 
 Nullité ontologique libérant sur son passage les toxines des herbes malades qu’il mâcha (2017-2018) ; suffoque qui le prit pour un faon ; qui se laissa duper par ce chant étrange du matin que le coléoptère sans témoin pousse.

Le faon, maladroit animal des bois, biche masculine, étranger au coléoptère des mêmes régions.

Le faon, maladroit animal des bois, d’un coup d’éventail sera brisé.

2 juillet 2018

Le voyage d'Italie - Palerme

C’est toujours l’Italie : Rome, Turin ou Palerme tout débute par quoi finit.
Les proses, les vies les amours tous en des bouges latins.

C’est l’Italie
Sous la neige, sous la ruine, sous la cendre. Turin, Rome et Palerme. 
mais non le glouglou amer de Venise qui n’est d’Italie mais de partout ; comme tu disais et Ruskin après toi.


La vie reprend C’est l’Océan dévorant la Manche. C’est Frescati couverte de suie ; c’est un éclat de rire de Palermo.
La vie reprend ;
 

C’est toujours l’Italie où l’amour se défère où l’amour se déferre.
Il y a le Colisée ce labeur d’hommes ; il y a ce labeur inhumain d’Etna et de Vésuve. 

Dans Rome antique l’homme vainquait l’homme et le lion le chrétien ; dans Rome Antique la colline engloutissait Pompéï.

C’est toujours l’Italie ?
C’en est fini d’apprendre le bridge et de jouer à la belote, c’en est fini des chemins de fer et les longues traversées marines elles aussi finies. C’en est fini des amours écarquillées par un mal de mer ou une chute au wagon-bar. 
C’est un peu moins l’Italie cet avion à la signalétique rigide. Un peu moins l’Italie la voix polyglotte qui parle au micro. Un peu moins  l’Italie ces visages qui ne sont pas vos visages.

 

C’est l’Italie ! L’odeur de chaud, les olives, le vin de Sicile ; pour commencer un verre et toute la bouteille de Nero d’Avola même ! C’est l’Italie le taxi où le chauffeur arrange son rétroviseur pour vous voir baiser.

C’est la fête, l’amour sur les brasiers des rues, sur le sable aïe si tu as enlevé tes sandales, la mer toute salée, le sable encore aïe si la serviette glisse ; l’amour dans la chaleur de la chambre, dans le tremblement glacé du climatiseur réglé sur trop froid.

L’odeur d’olive et de sexe qu’on laisse dans la chambre, la robe portée sans sous-vêtements, d’autres gestes de plus neufs et de très antiques. Et les tomates et le vin encore et l’amour encore tout l’amour hé ! d’autres lieux, d’autres mémoires ! La langue descend le long du corps immobile ! l’amour ! Amore ! Cette voix de toutes les langues ! Les lanières et les marques discrètes sur les corps ; et les traces moins secrètes au revers des cuisses. Les soirées alanguies quand toute l'imagination y est passé et qu'il faut attendre demain...

Et ce coin corné de soi-même qu’on défroisse
et son étendue t’étonne toi-même ainsi c’était ça
Le coeur et pas ce rabougri qui était tout son avoir
à ce demeuré de Paris

C’est l’Italie brûlante des peaux conjointes
Le sable plein les cheveux, alors
l’amour infini te montera dans l’âme
et vous irez loin ! bien loin comme des bohémiens par la nature
heureux comme avec une femme !
Italie, Italie hurlait Aragon


C’est toujours l’Italie et sous la cendre d'Etna un peu de Rome à peine de Venise et tout Frescati engloutie il n'en restera pas même les statues de Pompeï.


Et ici, encore, même ici oui, quand de retour. Ce sera toujours l’Italie, l’Italie pour toute la vie. Métaphore ou double astral du bonheur. L’Italie au secours des crises demain. L’Italie ce jour d’un baiser sans la langue pour jouer les prudes devant l’italien aux yeux vagues. Et cette vie comme une marée qui prend et ne rend pas. Cette vie comme une marée qui secoue et fait vivre. Dans les eaux salées la dernière goutte de passé se dessèche et meurt.. Ainsi il reste la vie, enfin. 


Moi ?
Je lis un livre ridicule « les 5 blessures qui empêchent d’être soi-même ». Il s’y raconte la blessure d’abandon prenant, pour se voiler la face, le masque de la dépendance. Dépendance ainsi traduite : les mots employés « absent ; seul ; je ne supporte pas » la définition «  Fusionnel, besoin de présence. Voix d’enfant. Pleure facilement. Un jour joyeux un jour reste. S’accroche physiquement aux autres. Psychique. Vedette. Aime le sexe. Plus grande peur la solitude. »

Moi, donc, je lis cette imbécilité d’un freudisme trépané - :). Aujourd’hui, comme très régulièrement j’ai envie de mourir. La mort, le suicide disons les choses clairement, ne m’effraie ni ne me fascine. Le suicide, bien sûr, exerça sur moi comme sur tous les poètes de ma trempe une attirance quasi-sexuelle. Voilà dans quoi le génie se réalise tout à fait, sa fin ultime, son oeuvre la plus grande.
Ah, on se consume brûlant mieux que dix soleils révolus dans cette mort. Conçu comme un sacrifice, quasi. Finito, baste. Sacrifice à quoi ? Au sacrifice lui-même.
Le suicide me dérange un peu en tant qu’il ressemble à un travail ; disons une opération de chirurgie très banale. Une appendicite d’où on retranche l’être plutôt que l’extrêmité infectée.

Cette fatigue d’un protocole afin d’assurer la réussite maximale de l’opération. le plus dur dans le suicide ce n’est ni la résolution ni la réalisation mais les préparatifs.

Donc, le suicide m’habite. Sans obsession, sans urgence mais nécessaire et inévitable. Si je devais m’en choisir un ce serait celui de Woolf. 

Celui de Woolf me va très bien. En costume trois pièces les poches alourdies de liqueur marchant dans n’importe quel eau jusqu’à ne plus y faire glouglou.
Je me sens carcasse. Privé pas d’un membre mais d’un fluide. Très asséché et la vie faillit prendre le dessus or j’ai refusé catégoriquement de sortir de ma survie pour tenter la vie.
Ainsi j’ai choisi ce lieu de mort définitive puisque je ne me vois pas d’autres sorts, à court terme, que la pompe funèbre. 

 


La Normandie s’était changée Bretagne. Rome et Venise devenant cette fois-ci Palerme la toute brûlée. 
C’est toujours l’Italie. 
 L’Italie survolée et de la lumière aveuglante sur les vitraux des Eglises et pour commencer de l’avion. 

 

 

 

 

 

 

28 juin 2018

Hôtel Printania - Dinard

 

 

 

Au hasard jetant sa vie dans tous les fleuves. Voilà qu’une eau de salut se joue d’elle. Deux jours à l’hôtel Printania. Le premier pour oublier et le second pour le reste de la vie. Voilà que l’écume de Dinard - analogie drôle d’avec ce mien voyage où les choses se payaient en Dinars - couvre d’adieu les mois d’avant. Vingt ans de mariage. C’est long. 

Des quatre étendues de sable, là-bas, c’est la plage du Prieuré que vous dûtes - que vous avez du, que vous devez, impérativement sans quoi rien ne se dément - parcourir ; vous y couvrir d’algues ou de neige ; de courses ou au moins de baisers. Il y a le vent d’Atlantique, du vin et des rires. Proust est de passage.

La beauté, dit-on, réside dans la symétrie. Prononcée en français cet énoncé a le luxe de l’équivoque. Une plage Normande se transbahute plage bretonne. D’un chemin l’autre. Quel long détour pour rejoindre l’Atlantique et la vie - la vie figée si longtemps trop longtemps de Marcadet en Unigrains ; la vie libérée dans la pulsio -

Dans le lit, sans y penser, se mêle l’image de deux nuits. Irréductibles l’une à l’autre ; sans violence ni rapport. Allant chacune son chemin. Qui le souvenir ; qui le présent. Au réveil ne demeure aucun signe du temps d’avant. Cette nuit-là comme une gorgée d’oubli. Un vêtement en boule qu’on ne prendra pas avec soi. Ce faix enrouait la poitrine d’un cri de louve. Voilà le fauve calmé. Tempérament de feu qui réchauffe et ne brûle plus que pour rire. Comme les bébés chatnnes griffent tendrement l’autre qu’ils aiment.
Deux nuits comme va la marée. 

 

Ici il a fait du soleil. J’ai vu de la peinture Chagall, Malévitch et d'autres de Vitebsk. Soudain : Le temps retrouvé. En CE1 - à l’école élémentaire si je devais jouer mon passé simple jusqu’au ridicule - avec ma classe nous avions été à une exposition consacrée à Chagall. Je me souviens d’un parc et quelques éclats de couleur. La chose la plus vive demeurant pour moi la verdure d’alentour. Où était-ce ? Quel musée près de Suresnes - nous n’avions pas pris le métro, je m’en serais souvenu - exposait Chagall dans un trou de verdure ? Ecrivant, je me souviens des autocars scolaires qui très bien purent nous promener là-bas. Feuillage épais dans la mémoire.

2 juillet 2017

Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI

Depuis que j'écrivis ces deux courts brefs et selon moi hypnotiques poèmes concernant Sylvain PATTIEU, Vincent MESSAGE, Christine MONTALBETTI, 
mais Vincent MESSAGE uniquement et exclusivement par accident
Depuis l'écriture de ces deux courts brefs et selon hypnotiques poèmes beaucoup de personnes vinrent me rendre visite pour trouver
sûrement des explications au propre non qu'ils reçurent et peut-être se faire avec moi ballet banquet ou chorale des infortunés

L'un, par un amusant, hasard, tomba même sur mon poème des quatre stylos en aluminium valant chacun 10,60 euros qui par ironie goût et surprise fut celui que je lus au jury composé de Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI mais non de Vincent MESSAGE comme je le crus dans un premier temps
A cause de ce que ma mémoire est aussi mauvaise que mon écriture telle que jugée par Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI

A cette obsédante rengaine du jury composé de Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI le lecteur distrait le lecteur rageant le lecteur incertain y verrait de ma part une sorte d'aigreur-qui-ne-se-dissipe-pas 
Or ce n'est pas le cas j'ai souffert deux jours profonds et délirants du refus que l'on visa à mon écriture
Parce que cette écriture se conformait pour la première fois au grand monde des sachants et passait en quelque sorte
Son examen d'entrée dans la vie active
Mais mon écriture ainsi refusée se retrouve au chômage de l'écriture
Hurle pas erre à peine de lignes en lignes à répéter incanter Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI à eux le mot de jury adjoint.

Je continue de croire n'avoir pas été compris
Ce qui est le sort de tous les damnés et tous les échoués
Pour qui c'est toujours la loi la mal faite non pas leur propre visage
Mais comment pus-je parvenir à cette étape et échouer si banalement à ce moment là
Quelque chose se passa qui n'eut pas à voir avec mon écriture mais aux yeux de Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI

Et surtout de Christine MONTALBETTI ce dont je suis assez sûr
ainsi ce cas de moi-même hyde-hideux tant pius.

2 juillet 2017

Sylvain PATTIEU, Christine MONTALBETTI, Vincent MESSAGE,

Dans une précédent note j'ai injustement parlé de Vincent MESSAGE comme membre d'un jury qui déclina mon existence littéraire
J'ignore qui est Sylvain MESSAGE mais il ne constituait pas le jury qui m'exclua. Le jury concerné était formé de Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI
Sylvain PATTIEU et Christine Montalbetti n'estimèrent pas mon projet littéraire qui consistait en la couture de différents moments de la chaine pénale
en vue de rendre compte de la surjudiciarisation des rapports interpersonnels en faisant un récit à travers la réunion de divers éléments des problématiques rencontrées dans le champ pénal 
Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI se prononcèrent très négativement tandis que Vincent MESSAGE n'exprima pas la moindre opinion n'ayant pas eu accès à ma présence ou à mon projet
Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI me refusèrent et je crois à la prégnance de l'opinion de la seconde
Les questions posées par Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI furent très superficielles comme une simple politesse lancée à mon endroit
Etant présent il fallait de moi faire quelque chose pendant les 20 minutes qui condamnaient Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI à mon projet littéraire à mes yeux projet-pas-littéraire à leurs yeux ce qui arrive et ne concerna absolument pas Vincent MESSAGE
J'ai cru quelques instants avoir plu à Sylvain PATTIEU tandis que Christine MONTALBETTI marquaient de plus en plus significativement son ennui
préfigurant par le baillement et la distraction le mail de refus reçu de la part de Lionel RUFFIN le lendemain
Ainsi je n'entrerai pas dans le master de création littéraire de Paris 8 à la rentrée universitaire de 2017
Sans comprendre comment je pus passer la première étape et me fracasser ensuite sur la seconde 
Je ne puis que penser à l'incompatibilité de ma personne avec Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI
Ce que je regrette sans désormais le regretter ne parlant donc pas la langue de Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI
Par ailleurs je comptais fabriquer d'autres poèmes auto-référéncés avant de les envoyer à P.O.L mais désormais que Christine MONTALBETTI a baillé
je crains de déranger Paul OTCHAKOVSKY ce que je ne souhaite absolument pas l'ennui offert à Christine MONTALBETTI m'a suffi
Vincent MESSAGE aurait peut-être pu me comprendre et peut-être Vincent MESSAGE eut réagi autrement à mon projet ou peut-être eut il réagi par d'autres signes d'évident ennui
Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI ont refusé mon entrée dans le master de création littéraire de Paris 8 ce qui fut un drame de deux jours 

yeux cernés et tout le tralala du condamné au rien
ton écriture tu en fais quoi quand Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI
t'ont dit non en baillant d'ennui et que tu as senti la nullité absolue de ce que tu offrais
A leur lire Mais demeure une question : qui a donc admis mon projet au dela de la première étape 
Puisqu'à savoir sa particularité il était impossible de me refuser à la suite
Parce que trop original absolument dire oui à 1) c'était dire oui à 2)
Autrement trop cruel dire pourquoi pas mais finalement non on t'a pris pour un autre
range tes feuillets honteux on n'y comprend rien donc moi résigné battu par la pluie
les autres images lyriques propres à la défaite ma propre retraite calamiteuse
sans plus rien de drapeaux et pas de garde à faire donner


Sylvain PATTIEU et Christine MONTALBETTI

1 juillet 2017

Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI

Ma candidature au master de création littéraire session 2017-2018 a été rejetée après audition auprès de Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI. 

Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI n'ont pas admis mon projet comme projet

littéraire digne d'être lu et conduit par Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI ou par l’un des confrères-soeurs Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI.
Le choix de Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI  m’apparaît regrettable.

Le choix de Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI me dégouta d'écrire pendant deux jours à cause du goût très amer qu’avait la vie après le refus de Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI.

Le projet présenté à Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI ressemblait effectivement
à une absurdité prétentieuse j'ai vu Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI mais surtout
Christine MONTALBETTI exprimer par la gestuelle un ennui profond.
Tandis que je devais faire semblant de ne rien remarquer face à Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI. Or je remarquais tout des attitudes de Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI ce qui causa l’amertume de deux jours et la nausée pareille.

Christine MONTALBETTI est éditée par P.O.L

Une autrice de P.O.L me paraissait le jury idéal et, déjà, je supposais une compréhension muette avec l’autrice de P.O.L qu’est Christine MONTALBETTI.
Cependant mon projet ressemblant effectivement à une absurdité prétentieuse et suscitant chez Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI une gestuelle d’ennui profond ne put recevoir leur faveur. Mon projet absurdément prétentieux consistait à appliquer la technique littéraire de Pound à notre contemporanéité où Moi Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI figurons à titre égal. Mais moi plus contemporain que Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI parce que plus jeune que Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI. Cette démarche ne séduisit ni Vincent MESSAGE ni Christine MONTALBETTI ni moi désormais.

Fabien Clouette m'avait dit le plus grand mal du master de créa littéraire de Paris 8. La cousine de Fabien Clouette s’y était essayée avan de fuir dans une librairie. La geste de la cousine de Fabien Clouette a ceci de poétique qu’elle quitte un lieu de production littéraire (et textuelle) pour se rendre dans le lieu où est exposé le produit littéraire (et textuel)
Mais j’ai tout de même voulu essayer. A case de ce que la solitude de l’écrivain me pesait pire qu’au coulie le faix. La solitude de l’écrivain fut suspendue quinze minutes en la compagnie de plus en plus passive de Vincent MESSAGE et Christine MONTALBETTI. 

///

Cependant ce n’est pas grave cependant chaque refus je le vis comme une négation de tout mon être ce je rejeté puis pourquoi pas aboli fut-ce demandant dans la rue une cigarette ce à quoi donc je ne m’aventure pas et de plus en plus ne m’aventurant nulle part me gardant ainsi, dans la solitude de l’écrivain que je crus rompre, de cette monstruosité le non effroi.

Je ne m’explique toujours pas comment mon projet survécu au premier tour des délibérations pour s’écraser misérable et ces deux jours amers et torturants. 

7 avril 2017

Puerta Del Sol

Léo vient de m'écrire sur facebook :
 le problème de la France c'est le nominalisme
rendant presque nul ce poème
ou au contraire
pensée
sauvegardée à elle celle justifiant
tout ceci





Je crains la disparition des poèmes de Léo                                                                                                                                                      alors je les recueille
                         dans un fichier .pages sur 
                         mon disque
                        dur
La disparition de ces poèmes
     recomposés          à               partir 
                  de bribes            déjà          existantes
rebouleversés           d'éléments neufs                ou rénovés
simplement
                terrifie ce 
                                                                                                                          que je suis
Léo sauvegarde à peine la poésie qu'il écrit
comme traitant d'une chose sans importance
aussi une façon, 
peut-être, si je dois deviner son intention
de dire que la poésie ne sera pas toute sa vie
                 les années le rongeant lui comme elle
métaphorisant  le passage                                                  des ans         
je le dis sans savoir
nous ne parlons jamais de sa poésie
ou bien avec beaucoup de gêne
comme une chose sans importance
qui compte beaucoup trop
pour moi peut-être plus
qui crains l'érosion
Rémi ou Marie-Anaïs 
recueillent aussi les pages déchirées
qui ne sont pas vraiment des pages
mais des pixels agencés selon le code informatique
qui les traite
puis              les         éparpille 
soumis au clic ennuyé 
de Léo.
je ne peux imaginer les clics de Léo
autrement qu'ennuyés, prêtant un intérêt
limité à cet enchaînement poignet-doigt-clic
malgré les conséquences
définitives de ce mouvement
mécanique
Aragon jetant dans le feu la défense de l'infini
le faisait avec une rage lyrique
celle qu'on a si éconduit
à vingt ans
cendres
Dans les poèmes de la Puerta del Sol, 
publiés je crois, à titre posthume
del Sol sonne
comme une autre façon de dire
Léo
Aragon relate l'épisode 
dans des vers terribles et beaux
vibrants comme une orgue
 je crois
et pour être sûr qu'ils vibrent comme une orgue
j'écoute [spoiler=]occata et Fugue en Ré Mineur BWV 565[/spoiler] Bach en même temps que je lis les poèmes de la Puerta del Sol et que 
j'écris ce poème sur la dissolution des poèmes d'un autre que moi
les vers d'Aragon auxquels 
je fais précisément 
références sont ceux-ci :
Alors j'ai déchiré quatre années de ma vie
De mes tremblantes mains De mes doigts noués durs
d'autres importeraient peut-être au lecteur exhaustif ; moins aux autres :
[spoiler="reste"]
A genoux traînant mes jambes les pieds nus
Ferme la fenêtre il souffle une brise coupante Les feuilles
Vont s'envoler
Assis par terre et les jambes traînant à droite
A gauche un visage perdu Lisse au moins semblait-il
De toute pensée
[/spoiler]
ici les vers importent à nouveau :
Quatre ans les feuilles de quatre ans rameutées
Pour le feu projeté les flammes tout à l'heure
Nous savons que Nancy Cunard tira du feu de nombreux feuillets, entreprise permettant désormais la publication quasi-annuelle d'une édition augmentée de la défense de l'Infini réjouissant sûrement les actionnaires de Gallimard et les lecteurs fortunés d'Aragon. 
[spoiler]
c'est chose rare de voir s'entendre la culture et la spéculation ; nous ne pouvons que nous féliciter de cette amitié née de cendres aragoniennes
[/spoiler]
ces deux groupes peuvent très bien n'en constituer qu'un seul.
Ainsi la poésie de Léo
meurt dans ce même feu
plus mou comme il le dit parfois
dont il faut les tirer du feu
lui et elle
J'ai très peur de ne pas me souvenir
des choses de ma vie
je serai vieux un jour
ou déjà
passé depuis longtemps
de mode
on dira que je suis jeune
encore
malgré tout
cet effacement
actualise
le trou de mémoire
à venir
la calvitie qui gagnera
un jour
et le souvenir et le front
les poèmes de Léo sont touchants
ils changent de forme au fur et à mesure
des versions comme soumis à
une pression jamais la même
déformant le poème ;
sans le dire il combine de vieilles choses                                                                                    
à d'autres neuves
les siennes
ce qui est une forme comme une autre de modernité ;
[spoiler]
peut-être la plus moderne
[/spoiler]
mêlant aux formes du passé
des techniques récentes et
sa vie particulière
qui par nature et nécessité
se vit hic et nunc
[spoiler]
le 
je 
se glisse
insidieux dans toutes les coupes
le graal n'y buvez pas
[/spoiler]
Je crois qu'Aragon ment 
ou exagère ce qui est
 l'une de ses caractéristiques
lorsqu'il rapporte cet événement
survenu dans une chambre d'Espagne
Et qu'au feu ne brula qu'un quasi
rien
Peut-être en va-t-il de même
de la poésie de Léo
intacte quelque part
ignoré de                tous

Il n'y a pas de rossignol chez Léo
ni d'arbres secoués par la brise du soir
Léo parle souvent du cliché qui dans sa bouche
sonne curieusement il "salive" le mot qui nous
parvient ainsi humecté
[spoiler]
de la même façon il prononce
con de la plus adorable façon qui nous fait sourire 
Marine et moi
[/spoiler]
plus surprenant le motif de l'appartement revient plus
souvent                                                                                itération que je n'interpréterai pas
que celui de la chambre                 et la solitude                                           comblée d'un coup 
                                   p       a     r                  l      '     a    m    o    u        r      
[spoiler]
ce qui est un peu cliché quoi que très vrai et il ne faut pas craindre la vérité même quand elle passa par tant d'autres avant soi.
la vérité même
[/spoiler]
C'est une poésie d'errance ponctuée de lieux
pas différente en ceci d'une grande quantité de poésie
et d'individus, rarement nommés ; eux
symboles bien davantage ; réels pourtant
au dehors du poème / dans le poème fonction du poème
ce qui se retrouve dans une poésie moins nombreuse
quoi qu'encore très conséquente.
Mais l'idée générale d'un poème n'est jamais à la fin
que la combinaison de mots formant des phrases ou des vers
arrangée sur une feuille ou une page web ce qui revient à peu près au même
on ne pourra donc reprocher à léo d'utiliser comme tout le monde
le support permettant l'écriture ni par extension
d'adopter les thèmes généraux de l'écriture poétique
[spoiler]
ces dernières phrases 
je les écris 
après une interruption 
-le ventre- 
dans la rédaction de ce quasi-poème
j'ai donc perdu la tension 
qui chez moi produit toujours le sens
je suis incapable de dire de la 
poésie de léo autre chose
que de vagues généralités
qui pourtant en moi sont 
constituées plus fines
et singulières
particules
[/spoiler]
Cette poésie bouge très lentement
celle de Léo                                                                                                           je veux dire
et le lecteur peut la comparer à la brise du soir dans les branches d'un arbre
ces rapprochements
trop insupportablement lyriques 
mais insuffisamment dénoncés
restent permis
je choisirai plutôt
l'aube sans bruit
où j'ai déjà marché
ainsi que vous tous
ce qui est encore un lyrisme
mais celui-ci d'un être véritable
        et sa vie réelle 
Mais la poésie de Léo s'éteint sous l'action de ce même Léo et 
doit être recueillie par moi
et tous ceux que cette action inquiète
peut-être que le ton dramatique du texte excède largement                                mon sentiment
ou bien non
j'ai la sincère terreur
des choses mortes
qui tombent trop brutales
dans le définitif
silence
comme la nuit finissante
la soirée consumée sans que rien
à la fin de cette fin ne bougea
sinon soi
toujours le même
pourtant
plus fatigué sinon
 
je ne décris pas ici
l'une des nombreuses possibilités de moi
abstraction inutile
c'est sur Léo sujet de sa poésie
que je discoure
 et le regret 
je pourrai dire la mélancolie
de sa poésie
régulièrement énoncés par lui
et
signifiés en les
choses finissantes
par moi rapportés dans une langue
approximativement
la sienne

La poésie de Léo n'est pas à proprement parler lyrique
Comme déjà indiqué, elle combine 
des manières modernes  
et une prosodie ancienne
lorsqu'elle est en vers, probablement influencée par la lecture
acharnée et subie des poètes renaissants et
 du    
                  v
                                                                                                                                                      e
                                                             r         
           s
   LIBRE
 
Sa prose a le rythme d'un vers régulier "Léa a les cheveux bruns, mais cela importe peu"
"Quand je pense à la vie de Léa, je vois le petit appartement, à Brest(,) qu'elle habite seule"



[spoiler]
où revient le motif de l'appartement

[/spoiler]

la poésie de Léo spatialise (ou géolocalise) souvent
les événements qu'il relate
formant un arrière-plan
sur lequel les sensations
s'impriment et se succèdent
(on trouve une
forme de narrativité
très souterraine
la lenteur n'est pas
l'absence de mouvement) 
mais Léo 
décolle sa poésie de tous les supports
et sa négligence en toutes choses
la fait mourir partout

Lorsque j'étais plus jeune
il m'est arrivé souvent de perdre
un de mes textes à cause
de ce que l'ordinateur
                                                                             PLANTAIT 
ou pire que maman
insupportée par le bruit
du ventilateur
l'éteigne brutalement

dans ma mémoire ils
sont les plus beaux
ils ont le charme
des disparus
intacts
et
absents
peut-être Léo pense-t-il ainsi 
faisant tout disparaître                                                                                      tout
et
nous réduisons à rien
son entreprise de beauté
par notre manie conservatrice
qui est aussi preuve d'amour



L'un des fichiers de mon ordinateur
porte le prénom complet de Léo
par lequel personne ne l'appelle
ou peut-être seulement l'administration
et sa directrice de mémoire
qui est une administration incarnée
ou sa mère si elle fâchée contre lui
ce qui encore est une 
forme administrative
et ce prénom sonne comme il faut
pour dire sa poésie

 

[spoiler]
je pense ici à Pound 
créant du sens par l'association
de deux groupes grammaticaux 
qui n'en possédaient pas
chacun une moitié
lorsqu'on les prenait séparément
ainsi il en va de Léo-Paul 


[/spoiler]



Les poèmes de Léo
sont des objets fragiles
sans que le terme ici
de fragilité ne concerne
l'intérieur du poème
ils sont littéralement fragiles
vivant toujours sous la menace
d'un clic ennuyé un jour
d'embarras
la poésie ce n'est pas assez sérieux
pour qu'on la conserve précieusement
dans
ce vieux coffre-fort un disque dur
je garde la poésie de Léo
sur mon ordinateur
24 mars 2017

jsais pas quoi.

Il est fait mention d'une agression sexuelle et je n'aimerais pas que cela blesse quelqu'un.
elle a monté souvent la nuit
grammaticalement incorrecte
avec des cheveux hésitants
l'un fourchu l'autre bouclé le dernier raide
ce motif répété à l'infini sur tout le pourtour de la tête
les dents s'agitant sous la pression de la langue et la langue s'agitant sous l'impulsion de l'idée
quelque chose de tout cela devra bien surgir un jour 
Afin de demeurer syntaxiquement logique, une proposition excédant une certaine longueur doit être entrecoupée de virgules rythmiques et grammaticales ; les virgules grammaticales et rythmiques permettent la lisibilité du texte et le confort du lecteur
la bouche entourant la parole bougeant la bouche suivant la respiration 
il avait les mains marbrées parce que la peau un peu trop transparente le froid ne lui faisait rien le froid changeait la couleur de ses mains pour leur donner l'apparence veinée d'un marbre tout juste arraché à sa carrière
il s'indifférait souvent de ses mains veinées tantôt marbrées autrement selon le regard posé sur lui ça a souvent été affaire de génération
puis le temps faisant l'office du temps le regard de l'autre moins attentif aux mains veinées ou bien marbrées ça n'avait plus d'importance pour personne
on ne photographie pas ce genre de choses
il a du oublier lui aussi sauf certains jours de froid lorsqu'il regarde ses mains sur le chemin qui le mène de chez lui à la station de RER
ça ne le fait pas sourire
il se rappelle un
peu
Victor Hugo las de l'alexandrin inchangé depuis des plombes le remplace par l'alexandrin trimètre qui abroge la césure de l'hémistiche pour découper en trois groupes égaux le vers sur l'air du 
yenamarre
Sa phosphorescence impressionnait jusqu'à la Baltique ; la nuit on ne voyait littéralement qu'elle visage au vent yeux d'animal pas trop sauvage
Elle marchait dans l'eau, s'amusait de ce que l'écume semblait la mousse des bains enfantins. Sa main relevait la robe trop longue ça n'avait aucune importance. Ce spectacle impressionnait jusqu'à la Baltique, on en disait quelque chose, plusieurs choses dans des langues très nombreuses, jusqu'aux pygmées et leurs épouses à dos rond on en disait quelque chose au plus profond des forêts de Roumanie où rodait le loup.
La terre brillait après le passage des soldats, certains y perdaient leurs douilles à cause de ce que le balancement des hanches après 4h de marche se faisait moins précis, on trouvait moins brillants les mégots des cigarettes roulées en chemin, fumées en chemins. La troupe tourne au milieu de cette pente dure
halte
Le pétrole se trouve dans les couches inférieures de l'écorce terrestres les techniques de fracturation des poches de basalte accroissent la quantité de pétrole disponible.
Le pétrole nouvellement découvert est d'une qualité très inférieure et nécessite un traitement coûteux. La découverte du gaz de schiste interdit au pays producteurs de pétrole réunis au sein de l'OPEP d'augmenter les prix. Le baril de pétrole se maintient en dessous des 50$ et permet à la France de limiter son déficit commercial. Le calcul du déficit commercial ne présente aucun intérêt. Le déficit commercial ne comprend pas l'idée de chaine de valeur.
Le soldat plus très jeune, la flasque vide, voit la fille robe blanche bouche cerclée rouge à manger un fruit ou s'est peinte la figure. Il ne sait pas s'il faut approcher et le courage artificiel que donne l'alcool l'amène jusqu'à elle. Il prononce les mots en anglais, d'un anglais très scolaire. Elle rit ne dit rien et joue dans l'écume  sans cesse rafraichie. Il va partir le soldat, bredouille et honteux, sans savoir pourquoi il s'approcha du rivage, sans savoir pourquoi il dépassa le rivage ce soldat. Il fait demi-tour et sent à sa hance le canon de son fusil-mitrailleur. Le canon du fusil-mitrailleur, la crosse de métal du fusil-mitrailleur et le chargeur rempli de balles du fusil-mitrailleur rappellent au soldat plus très jeune la force qui est sa force la force qu'il s'est entraînée depuis sa jeunesse à maitriser. Son métier c'est la force. Il revient, enfonce ses pas plus fort dans le sable humide, cette fois sans une parole, il attrape la fille tourbillonnante. La fille tourbillon croit d'abord la mer changeant de sens et qui la bouscule. Le fusil-mitrailleur balance toujours à la hanche du soldat plus très jeune, la force balance toujours à la hanche du soldat plus très jeune. Il ne dit pas un mot et appuie sur la bouche de la fille sa main dure d'homme dur. La fille sa robe blanche ne se débat pas. Peut-être connait-elle déjà ces soumissions, à cette heure, peut-être s'agenouille-t-elle depuis longtemps quand la force vient la saisir, résignée, à quoi bon se débattre, des bleus nouveaux, on ne peut rien face à la force sure de sa force.
Ou bien peut-être l'activation de l'amygdale, tous les noyaux situés au niveau des lobes temporaux, qui l'empêchent d'agir. La peur entraîne une inhibition de la pensée et une paralysie généralisée. Peut-être est-ce la peur qui ainsi la fige dans cette posture d'agonisée.
Le soldat un sous-lieutenant maintenant elle voit ses galons, la main appuyée sur la bouche de la fille en robe blanche, il la porte jusqu'au rivage, une mariée de loin.
La lune blanchit la rive comme la lune doit blanchir les amants quand la première fois la peau salée sur le sable mouillé. Ils paraissent des mariés la première fois la peau salée sur le sable mouillé. Le soldat et la fille paraissent autre chose qu'ils ne sont. Le fusil-mitrailleur balançant à la hanche cliquette.
Le soldat, le fusil-mitrailleur balançant à la hanche, toujours pas un mot, jette la fille sur le sol comme un fardeau, elle face contre terre, lui ôte calmement le pantalon du treillis, sort son sexe déjà dur. La fille toujours pas un geste, la bouche pleine de sable et le corps remuant, lui pas un bruit, la bite tendue, veinée, marbrée. La robe déchirée juste ce qu'il faut, pas de sous-vêtements. Les deux corps remuent, le remuement de l'un se transmet au corps de l'autre. Incessant. Le mouvement. Régulier. Le mouvement. Longtemps. Longtemps la mer heurte le rivage, part, revient. L'eau se retire écume ; revient, écume. Sans gémir le soldat remonte le froc de son du treillis, pas un mot. Les gestes sûrs, plus de traces de la honte d'avant. Le soldat reprend sa place, retrouve la flasque vide, roule une cigarette.
La troupe se remet en marche. Personne n'a hurlé cette nuit.
24 février 2017

HSBC

Ce sera une histoire banale, des pareilles on en a vu cent mille ; Des prisons d'Alcatraz aux valées du Zomia. Un type sort de chez lui un matin, il ne sait pas pourquoi il a de drôles d'idées dans la tête, pour la première fois, le monde lui paraît une chose étrange. Ce n'est pas comme chez Kafka, un individu normal, presque banal, notable de la ville normale, un jour saisi par autre chose et toujours doit se rendre ailleurs, en un endroit non-officiel présentant, malgré tout, toutes les apparrences de l'officialité (l'accueil, les registres, les fonctions hiérarchisées jusqu'au boss du lieu) et qui se finit par une exécution sous la pleine lune, le couteau brille avant de s'enfoncer dans la chair vivante plus pour longtemps. Ce type sorti de chez lui pour vivre sa journée ordinaire ne sera pas saisi par la bizarrerie propre aux Dieux antiques ou à l'esprit curieux de Kafka. Il salue la voisine, mais dans son salut quelque chose de pâteux, une sorte de lendemain d'alcool dans chacun de ses gestes. Il tente de se rémémorer ce qu'il a fait la veille, un verre de vin, d'accord, mais pas plus que tous les autres soirs. Un peu de baise devant un porno, il rougit en y pensant, si les gens savaient, peut-être sait-elle la voisine, il espérerait presque, une explication à peu de frais de la bizarrerie de cette journée là. Et attention journée à peine commencée si ça continue merde comment ça finira ? Je m'inquiète pour lui, à le voir petits pas hésitants, faut-il vraiment risquer sa vie aujourd'hui, il se demande. Bien entendu les explications banales ça ne fonctionne pas ou bien pour les naïfs, les électeurs du Front National. Je l'avoue pour lui, plusieurs fois il en eût la tentation du F.N, après que les arabes de Mantes-la-Jolie eurent poussés près de sa bagnole des hurlements de singes mécontents. Parce que quand même, puis la sociologie, ce truc de bobo du 11ème ça ne l'a jamais intéressé, un sport de combat cette merde pour excuser toutes les incivilités, merde à la fin, y a plus d'autorité, la justice laxiste et faut voir l'éducation des momes, à 4 ans déjà capables de dire fils de putes aux camarades. La gamine, 4 ans, Elsa nommé ainsi non en hommage aux poètes, mais pour l'héroïne de la Reine des Neiges, il se dit ça lui fera plaisir au début, après elle se souviendra que le plaisir. Il a pas franchi le pas, quelque chose en lui le retenait, une sorte de mauvaise conscience, le père communiste ça laisse des traces. Peut-être, il a des notions de psychanalyse la pute au bureau en parle tout le temps, complexée elle a refait ses seins son nez son cul femme en plastique, avec ces rudiments il imagine la contradiction entre son inconscient tout pénétré de Karl Marx et sa vie petite-bourgeoise, pavillon de banlieue, CSP intermédiaire et tout. C'est un peu plus compliqué déjà, mais ça n'est pas ça, je vous le dis, ça n'est pas, c'est autre chose bien pire que ces petits conflits de ça, surmoi et autres conneries aujourd'hui démodées, la confession non merci y a le Loft, Secret Story, Les anges, bref le reality show, je le dis dans le terme générique pour que mon texte demeure indémodable. 

Bon, tant pis, il avance aujourd'hui y a conf call avec Amish ce crétin en Inde auquel on a externalisé les rapports d'activité bi-mensuelle, quand il voit sa gueule, un vote FN lui monte jusqu'au coeur, puis il se ravise. Il ouvre le garage, la Citroën C5, pas de la merde, modèle turbon finition en acajou pour faire bien devant la secrétaire quand Maurice Chouard s'absente pour un meeting à L.A avec les Big Boss pour bronzer gratos que la merco est pas là, ouais ça en jette, la peinture noire métalisée putain de début d'érection en regardant la voiture comme pressentiment de la secrétaire, pas de prénom on oublie plus vite pas de sentiment, il la baiserait bien sur la plage arrière de la voiture. L'odeur de latex et de sperme le berce, il a l'impression de valoir quelque chose avec ce cul bien pris. Puis tant pis il l'a fait le 14 février, un peu de romantisme ça fait pas de mal. La sodomie elle a dit non, il a un peu forcé pendant la levrette à coup de ta gueule, il risque rien de toutes façons elle a consenti non ? Il a la bite sceptre de notre temps plus pour longtemps j'espère. Puis la musique quand la voiture secouée à gauche à droite c'était un truc romantique genre Chris Baker ou un autre nègre de ce type là avec un rythme de danse du ventre et puis il en sait rien il confond tout arabes nègres musulmans tous des profiteurs de toutes façons, le FN ça ferait du bien, un coup de pied dans la fourmillière.
Les clés sur le contact mais hé attention pas laborieusement, c'est electronique tout ça, il a demandé l'option au garagiste un copain mais qui l'a enfilé de 2000 balles avec des mots doucereux.
Il regarde la plage arrière avec nostalgie. Putain qui aurait cru qu'il baiserait à peu près n'importe qui. A quinze ans impossible de supporter le regard des filles, quand on l'a foutu avec Flora pour son exposé il s'arrangeait pour passer le moins de temps possible en sa compagnie, dans une salle tout seul avec elle, la transpiration et l'envie de niquer déjà qui le prenait. Ca n'était pas facile, pareil à la fac, parce que ce merdeux a fait des études supérieures, BTS puis passerelles avec l'université, c'est beau la méritocratie, ces bougnouls font pas d'effort, il se dégrade vite le langage hein ? Sa chargée de TD, une vraie sauvage, voulait le voir après les cours, il avait eu 4 rien compris à la fonction financière V.C sur excel. Il imaginait avec une pauvre imagination de collégien les remontrances. L'air de rien elle a frôlé son cou. Il comprenait rien, au fond l'espoir quand même, il était mignon à la fin, avec son air ahuri, on pouvait croire un poète. Lui qui n'ose rien, elle sa main sur l'épaule, lui expliquant lentement des trucs rien à foutre je bosserai pas je suis en train de lire Marx enfin un abrégé enfin un pote m'en parle enfin je connais la barbe tout ça la classe pour soi la classe en soi. Elle prend la craie il entend il croit entendre baise moi il est pas sûr il tremble un peu merde ici dans une salle de classe elle lui saisit la bite il gicle tellement vite rien compris putain c'est mieux qu'un porno tu veux recommencer il sait pas mais il bande à nouveau s'il savait le miracle que c'est deux fois sans intervalle. Il la baise sur le bureau, à quatre pattes, putain le pied. N'en parle pas puis personne te croira avec ton air débile. Il comprend pas. Quoi tu imaginais une romance, le mignon, ton air à cette seconde là ça vaut tout le plaisir que je n'ai pas eu. Allez bosse bien pour la prochaine séquence, au prochain 4 je te sucerai pas. 

"Et lui ne comprend pas qu'un baiser vous abuse
Que c'était pour un soir et qu'on change de jeu"

Il trouve ces mots là dans un recueil à la BU de Cergy-Pontoise, il fallait bien échapper à la détresse, puis ça le sauve. Il l'emprunte ça fera de la lecture dans le RER A. Tiens, il avait oublié qu'il lisait de la poésie, tout Aragon, le surréalisme, Lautréamont je ne suis pas sûr ça n'a pas duré, une année avant d'aller à Paris 1, il avait falsifié ses bulletins, pas con. Là bas c'est pas facile pour lui, il obient son diplôme 12 à son mémoire On y a rien compris. 

La voiture démarre, il allume l'autoradio, ça va trafic fluide il tapote le volant, jette des coups d'oeil au téléphone branché sur l'allume cigare il voudrait avoir la classe des PDG dans les films toujours à causer de cours de bourse en même temps que conduisant bon ok ils ont des chauffeurs mais l'idée c'est ça. Il se rend au bureau, l'A6 ça fonce puis le périph'. Mais la pensée des choses bizarres lui revient en mémoire, hanté par ce périple curieux des images flashs devant les yeux. Ce doit être les phares des bagnoles hé connard il est 10h du mat' enlève ça, putain les flics jamais où il faut. Merde quoi. Il ne comprend pas la façon dont serpente sa pensée, l'association d'idées absurdes et cette route redessinée mentalement, comme un long animal de bitume, le cou zébré mais figé ici, grand fossile incapable...Reprends toi bordel, c'est quoi ça ? Tu te prends pour qui, tu bosses dans une banque, t'as un boulot sérieux, le soir tu regardes la télévision, pas Hannouna faut pas déconner et le dimanche Arte pour décuver, ça donne bonne conscience tu leur fais faire de l'audimat. Oui je me fous de lui. 

Il se surprend à haïr, à aimer tout ça en quelques instants, il en avait perdu l'habitude, pour lui on rentrait le soir, on parlait un peu aux gamins sans grand intérêt mais il fallait se conformer à ce qu'un père doit être, il ne voulait pas qu'on cause sur lui, la réputation c'est ce qui fait l'homme, quel dicton crétin on pourrait le mettre dans la recension que fait un type. La femme qu'on retrouve corps complétement désérotisée par l'habitude et la maternité, quelle pensée de connard, le même type de mecs qui n'y pensant pas, pour le principe, disent "rien de plus beau qu'une femme enceinte" mais après coup se disent "pas terrible elle est pas aussi étroite qu'avant elle fait pas d'effort pour muscler son vagin j'ai offert des boules de geisha à Noël toujours dans l'emballage merde fais pas d'effort qu'elle s'étonne pas aussi je suis pas un salaud mais y a des limites". L'éjaculateur précoce de la salle de TD te salue. 

C'est quoi tout ça, pourquoi je déborde comme ça, sonné. La vie lui entre dedans, choisi par on ne sait trop quel sorte de Dieu cruel. Cruel oui, la sentimentalité qui saisit le type le plus banal de l'existence pour le retourner comme un gant. Le jeter dans l'arène sauvage dont il ne savait pas l'existence, sinon de loin voyant Miley Cirus à poil et le mec de sa fille cheveux longs bouclés un poète elle lui dit, un raté il pense ça rapporera pas de fric ça hors de question qu'il bouffe mon héritage c'est de son âge lui répond la mère. Le gamin HEC finira par se pendre un jour dans les chiottes d'EY nous prendrons toutes les mesures afin que ce genre d'incidents ne se reproduisent pas la sécurité et le bien être de notre personnel sont la première de nos priorités (après le fric le fric putain ça fait bander le fric le fric un peu de coke les putes les partouzes le fric putain je vais jouir. je commente pour eux le communiqué aurait été trop long pour l'AFP c'est pas du tout par hypocrisie vous croyez trop aux théories du complot tout le monde est super gai chez Orange ou à Aulnay sous Bois). Job à l'envers cette élection pour lui seul, dès le matin, au moment de croiser sa voisine. Comme elle sera bizarre sa vie à partir de ce point là, à dériver loin des quais, loin de ces journées bien comme il faut, la cravate de plus en plus dessérée le goût du cèdre et de l'herbe coupée la première fois quand le printemps revient hanter le monde. La vie retenue, comprimée dans le ventre et qui éclate d'un coup, il se souvient le 45 tours Jacques Brel ou Léo Ferré, les poètes, toute la vie, la musique triste et longue, le père le dos brisé par le travail à l'usine et lui pauvre con qui voulait s'en sortir, ça voulait dire quoi s'en sortir, tout trahir, piétiner. Pour quoi à la fin ? Un boulot de merde chez HSBC la même routine, passer le contrôle de sécurité on sait jamais, le badge inséré pour démarrer l'ordinateur, les identifiants tapés, la routine tu ne te rends pas compte même de ce que tu fais. Tu commenças en marketing tu vendais rien on t'a jeté en compliance avec tous les boulets de la banque comme une classe SEGPA mais pour les banquiers. Tu fais comme si tu n'avais pas compris ce rejet, une promotion chouette maintenant il y a Director devant ton nom, une promotion forcément. Au bureau il ne fout rien, il ne comprend rien, alors il passe la journée à déplacer des dossiers puis les remettre en place, il prend un air pénétré parfois en regardant des documents quand la sécurité informatique vient de changer même ça il ne comprend pas il demande à la stagiaire de lui expliquer il la baiserait bien elle a des ongles de salope mais il peut pas il a bien compris le jour qu'il lui a demandé de rester un peu plus tard le soupir quand il tenta l'approche d'Alice la chargée de TD la colère froide dans les yeux et l'éloignement direct. Dans la boite il se contente de la secrétaire puis elle se prend pour qui la stagiaire s'il savait le nombre qu'il en baise et d'elle il veut même pas sa main l'a frôlé il y peut quoi le bureau trop petit pour ses gestes amples. Sale pute tu verras ton rapport de stage. 

Ca continue d'enfler il arrive boulevard des champs elysées parking privé il se stationne dit pas bonjour jamais il est de l'aristocratie contemporaine forcément on méprise le petit personnel (pas du tout ouvrant un livre d'histoire il saurait comment l'aristocratie, noblesse oblige, se comportait avec le petit personnel) mais la cravate dessérée même Kamel le vigile s'en rend compte il a pris l'habitude à l'instant des bonjours de murmurer enculé façon de salut après tout pour peupler le silence. Il prend l'ascenseur, franchit la sécurité, mais difficilement, un peu perdu. Les images affluent encore de plus en plus belles et contradictoires, il demeure figé là, au milieu de la file, avant de franchir le portail, sa bouche se décrispe un sourire, il chuchote des mots jamais vus, une foule d'adjectifs proscrits par la banque (dans un manuel secret réservé aux plus hauts dirigeants on a proscri des mots trop susceptibles de faire vibrer l'âme des gens et rendre à tout jamais absurde la tâche absurde qui leur est confiée) et le murmure se module on croirait un chant triste et très ancien

Toujours les paupières closes
Tu marchais dans la vie
dans la bouche un bout de chique
pas de quoi pavoiser ni atteindre
les ivresses ce n'est pas la première
fois qu'on voit un type avec cet air là
il rêve sans savoir errant par les rues
jouant aux machines à sous dans les
cercles de jeux wagram qui fermera
bientôt et le club de l'aviation désormais
pour les folies et les gestes brefs du croupier
Ce sera Dauville mais déjà l'idée de la mer
rend les idées plus vagues pourquoi le casino
le bruit et toute cette imitation de la vie
quand on peut sentir sous les pieds
les galets et l'écume la vie et l'amour
pourquoi pas il faut s'aventurer
dans ces lieux impensables
plus loin au nord encore dans
La manche glacée la traversée
pas commise
ON AVANCE SIL VOUS PLAIT
Y EN A MARRE CEST QUOI CE TYPE
BENJAMIN TU FAIS CHIER PUTAIN
Y EN A QUI BOSSENT HAHAHA
LA COMPLIANCE VOUS CASSEZ LES COUILLES
MONSIEUR SIL VOUS PLAIT
CA SE CROIT POETE PETIT FILS DE PUTE
ET EXAGERE PAS QUAND MEME
JE DIS CE QUE JE VEUX
JE MEN BATS LES COUILLES
ECOUTEZ MOI BIEN DAILLEURS
VOUS ETES TOUS LA HEIN
MOI JE MEN BRANLE DE VOUS
VOILA CEST CLAIR JSUIS TRADER
VOUS ETES DES MERDES TOI LE JURISTE
CASSE COUILLES TA LOI TES ETUDES DE LA MERDE
ET TON SMIC POUR MOI OUAIS TON SMIC SALE PUTE
IL EST DEVENU TARE MERDE OUAIS
CEST A CAUSE DE BENJAMIN
BENJAMIN T AS VU ???
NON MAIS LUI IL TAPE DE LA COKE TOUTE LA JOURNEE
IL EST PAS REDESCENDU DE SON DELIRE
PFIOU

 

la voix du fond des temps le parcourt désormais s'échappe gestes gracieux mots murmures il retrouve le pas mécanique pour atteindre son bureau mais l'air halluciné un échappé des plus profond drame mais en en gardant la marque célèbre sous les cheveux au rebord des ongles. Il insère la carte dans le lecteur, tape son mot de passe, la session démarre. Il regarde les colonnes de chiffre, les courbes tracées par leur association, figure étrange, seconde B, fonction affine, il a fini par comprendre juste à temps pour passer dans la classe supérieure 10,01 de moyenne, premier geste d'artiste. Il n'y a aucune violence en lui juste le chant triste et lointain, un âge d'antan coulant lentement en lui, presque figé à ses lèvres. Il griffonne quelques mots illisibles, distrait, le regard par la fenêtre comme aux pires heures du cours d'Histoire-Géo collège Paul-Valéry, ils étaient beaux les arbres rigides comme des cadavres l'hiver, la cour les graviers les parties de bille non c'était encore avant. Voilà ce qui t'a saisi non pas la nostalgie du temps d'avant, du temps d'espoir, c'est toujours la même histoire à la fin, à peine pire, des grands coeurs à nous tous délités, désagrégés sauf quelques uns fous en retrait des hommes, indifférents aux jugements beaux comme l'errance. Doucement il les rejoint. Encore un peu, encore un pas. 

Voilà ce qui l'a saisi, la poésie
Dans la rue Maurice-Thorez dans sa piaule pas plus grande qu'une chambre de bonnes
Le voilà écrivant le recueil il l'appelle HSBC titre provisoire
Puis titre provisoire
Comme un film de Godard, ça le fait marrer
Une bouteille de bière sur la table basse le canapé lit replier
pour faire de la place il dort comme ça personne ne vient
mort pour les autres comme celui là soldat de la Bérézina
revenu de l'est lointain réclamer ses titres et toute sa vie
dispersée lui mort pour de bon on le trouvera pendu à un 
arbre visage pâle comme la lune
Ca avance il a publié déjà, gagné un prix
Tout dépensé même pas en putes
pour un nouvel ordinateur le précédent
c'était presqu'une machine à écrire
une imprimante laser et 5 toners d'avance
Sinon il va tout claquer en clopes et en bière
Il ignore combien chez lui ressemble à Bukowski
ni combien il demande à la poussière
La vie en lui grandit et je ne saurai 
rapporter ses poèmes ma mémoire
à moi ne retient rien et si je pus
Imiter, vous m'excuserez j'espère
son chuchotis le premier jour de démence
ici je ne trahirai pas sa voix qui est sa vie

La même histoire banale d'Alcatraz aux valées du Zomia
Une histoire d'évasion mais sans uniforme uni ou rayé
ni matons ni viols

20 février 2017

Danube

Le non-mouvement de Vienne
fascine l'homme aux lunettes
fumées-violettes sort un stylo
se démode dans la ville démodée
costume de flanelle croisé
horrifiant Heidi Slimane
la poche vibre un appel international
le smartphone tu d'un geste rapide
on le note sur le calepin un Leuchtturm1917
hostilité de principe dans la ville
(m)usée au Moleskine Hemingway
on ne veut plus en entendre parler
cet auteur on ne comprend pas 
pourquoi avant lui personne n'eut 
l'idée de lui fermer la bouche
d'un coup de fusil bien placé
il y avait le choix 
(en vérité il hésita entre le Leuchtturm1917 et le Moleskine
mais sa haine de Hemingway le seul auteur lu en seventh grade
le divertit de son geste il cède au nom le plus compliqué
il a toujours su prendre l'air pénétré de celui qui sait il n'y a
qu'à voir sa photo de profil)

Le type un vieux beau on ne saura jamais l'inscription sur le carnet, arrivé trop tard, on imagine, il parle anglais l'accent du Texas, d'Austin peut-être d'ailleurs beaucoup plus loin, Wellington ? D'un geste il interrompt nos pensées et dessine, cette fois on peut le voir, un long serpent clair et murmure incompréhensiblement Austria-Hungarian Empire. Quelque chose comme une langue épaisse gonfle le carnet ou bien la pluie (ouf intact). Ca valait donc quelque chose le Leuchtturm1917.

La ville fracassée comme les tables de la loi (?) s'étend rapprochée tant bien que mal par l'homme des ponts jetés comme les bras des désespérés aux canots des naufrageants des femmes des hommes parlant le langage du diable ou de son petit-fils sans corne marchant parmi les vivants l'air étonné de tant leur ressembler l'homme ce n'est plus ce que c'était se dit-il à la terrasse du Starbuck 

pourquoi rentrer chez papa l'enfer vaut bien l'enfer l'air si semblable
et dans l'eau flotte les sacs en plastique on croirait les morts de chez nous dit le petit-fils à une femme viennoise, touriste assurée depuis que le GPS apprivoise la ville inconnue, elle ne répond pas, hoche la tête il ne sait plus le sens en Albanie de droite à gauche c'est oui et de haut en bas non le prend elle pour un fou des morts pareils à des sacs plastiques
Elle ignore sa race il dit en allemand du 14ème siècle
Il lui dit "vous ignorez ma race" en vieil allemand à caractères gothiques
Beaucoup de confusion dans cette langue à peine déchiffrable pour la viennoise, entre deux âges, le petit fils du diable ou moi-même avions omis la précision
entre deux âges ça dit
presque plus reproductrice à la casse des XX quelle stupidité
(c'est moi qui parle, JE quelle arrogance)
il vient de pays de suie et de douleurs là-bas enfants décharnés flottent à la surface des cours d'eau polluée (c'est elle qui pense)
l'Inde son imagination limitée des eaux sales se limite au Gange et incapable de soupçonner les lacs de lave bouillante la terre sous la terre ni le ventre de l'enfant-soldat familier infernal

Elle part chavirée c'est pour autre chose qu'elle a fait le déplacement jusqu'ici on lui raconte depuis l'enfance la semblance de l'eau d'ici et la curiosité enfantine d'imaginer l'eau de sa baignoire la même à quatre cents kilomètres dans la chambre du grand hôtel Astoria.
Le glou-glou obstiné de l'eau intranquille quelques noyés les péris banals suicide dettes de jeu le long du chemin long / le poème où s'essouffle le nageur quand enfin la mer l'eau salée demande l'enfant 4 ans il commence les questions et bientôt la litanie des pourquoi si seulement je croyais en Dieu (je ne parle pas) ouvrant au hasard les pages du Missel/Coran/Torah/ (nous limitons au monothéïsme seules religions appréhendables pour le parent religion du livre à la fin) l'explication bien rôtie mais non le rationalisme saleté de Descartes dans quoi tu m'embarques

 TuttlingenSigmaringenUlm,  IngolstadtRatisbonne 

Ils ont passé par ces villes suivant les berges mouillées s'arrêtant en route recommençant le chemin de pélerins imaginaires. Ni Compostelle Ni Jérusalem Pas d'Elysée non plus pourquoi alors ? 
(c'est l'enfant de 4 ans muri, une miche de pain à la main, attendant à l'auberge d'être servi, il habite un roman de vers 1907)
Guettent le montre marin à la gueule torride le Léviathan briseur de mondes
(le lyrisme encore pour une maigre étendue d'eau pauvre Hobbes ainsi défiguré par cette obsession pré-moderne)
ou bien Charybde en Sylla où sont les bateaux à tête sculptée dragons monstres antiques vandales venus du Nord de l'Europe portant la Sibérie  longue lame affutée au flanc gauche ? (la maturité qu'y peut-on)

La mère l'enfant vont céder à la fatigue à force de sommeil dangereux de feux de camp le bois cesse à la fin de croire à sa propre flamme merde quoi le chemin de halage c'est pour les chiens les chevaux et allons nous métamorphose subir ? C'est la mère qui interroge l'enfant plus si enfant les poils pubiens beaucoup et ce je ne sais quoi dans le regard trahissant une nuit d'amour dans l'auberge 1912 ou le bordel dans les mêmes eaux. Lui ne répond pas il compose avec le lichen des sculptures de pourriture. Que de soupirs la traversée les oiseaux rieurs quand atteint-on enfin les endroits secs désert même fasse taire l'eau étroite

Au moment d'abandon l'éclusier fait des signes encourageants il connait quelqu'un il a tout compris le métier l'expérience tant dénigrée ça sert encore à quelque chose. Il prend son temps d'abord, roule une cigarette il sent le tabac froid c'est vrai (ravive l'odeur peut-être par ce geste gêné) propose au presque adulte sans un regard à la mère il prend la feuille une poignée de tabac se met à la tâche échoue recommence. 

///

Une péniche recueille les marcheurs doux le cliquetis de l'eau contre la proue doux et lent l'adolescent redevenu enfant contre le sein de la mère doux le mouvement de hanches du fleuve homme-femme corps mixte
doucement la voix du batelier entonne le chant triste des marins qui n'en sont pas vraiment ; sonne l'Eglise distraite les cinq coups l'Agnus Dei les paupières collants de sommeil le café tiédi servi du thermos mal fermé.

la Tétralogie il faudra la trouver par soi-même j'en ai semé assez de petits cailloux pour toute ma vie, Petit-Poucet ou grand con que m'importe maintenant.

 

 
Pour les connards incultes c'est un poème sur le Danube et sa traversée réelle à travers les villes véritables où ils s'herutent les hommes les femmes ou le diable qui peuvent par lui passer pour vivre mourir
j'aurais pu le faire un cavalier avec une gueule de Huns le visage barbouillé des romains assassinés
l'écrire avec les mots hongrois que je ne connais pas mais improvisant dans les caractères
improbables c'est par ce mélange qu'il naquit le hongrois en combinant toutes les langues
dans un chapeau et si tu le trouves trop long n'oublie jamais qu'il s'agit du second plus long
fleuve d'Europe et c'est la moindre des choses de garder à l'échelle 1/10000 son long cours
Tu aimerais être un modèle réduit toute la vie toi qui n'a jamais été grand chose ?[/color]
Celui qui m'atteindra par ici celui là que j'injurie pourtant je lui donne mon amour
tout l'amour condensé dans les mains tout l'amour non-donné au passé et j'irai
chercher loin dans l'enfance avant le premier mot à l'orée du premier geste
sur la croix toutes les croix recueillant la plainte et le cri pour les changer
amour
1 février 2017

Ma nuit en Prison - Joseph K. pour une nuit

Joseph K. pour une nuit
ou Ma NUIT EN PRISON BORDEL DE MERDE

Cellule 262, Canne épée
Jeudi-vendredi
Chanson triste

Hier, 
tandis que j'allai mon chemin retrouver un foulard en soie pure
avec au bras toute l'élégance du monde
sculptée au pommeau de ma canne
une voiture de police surgit
le premier agent de police, portant un bouc
(ce qui est délit dans mon code pénal mental)
m'interroge sur ma canne
je l'avoue, oui, elle contient une épée non affutée 
Le bouc, sourit, s'exclame dans son langage incompréhensible
(langage de celui qui perd le langage
abrégé de la parole son expression à lui)
j'y discerne "comico" comme une direction et comme une sentence
(langage contracté "I'm don't" art d'élision
on en parlera à Maurice Scève)
la négociation, ce n'est pas possible, je n'ai pas appris
le langage des imbéciles
j'imagine, qu'on me fera la leçon
que je ne déchoirai pas davantage de mon titre de citoyen
(limite, flottaison)

C'était l'acte I, la situation initiale, la présentation des personnages principaux, mais la tragédie ni la nuit n'avaient commencé

Immobile sur un banc
routine idiote
tes empreintes
ta profession
pourquoi
comment
où est or ni car
dans mon livret de CM2
puis soudain 
la nouvelle marque d'infamie
à côté de ton identité à toi
identité joyeuse souvent (au désespoir d'Eric Zemmour)
identité de buveur dans les bars, d'amoureux, 
identité du vivant que je croyais être
mais soudain gardé à vue
réduit jusqu'à ce nom
là et la disposition
pénale de.

soudain toi, 
tu t'imagines
la police avec son doigt
grossier
son doigt même qui porte un bouc
te désignant, toi, 
tu rejoins une grande cohorte
de gens hirsutes mal coiffés
tu l'étais, c'est vrai, le peigne
tu ne t'en sers que pour rire
désormais, gardé à vue
en joug on dirait
Fusil des L-etc

le discours un peu moralisant
"c'est pas bien
les " quand même"
les "oh"
sympathie
(j'ai des chaussures bleues, 
un pantalon blanc
manquait la chemise rouge
j'étais la france, on ne met pas la france
aux arrets)
tantôt
mais tout de même
"monsieur vous êtes en garde à vue"
n'oublie pas
"je porte l'uniforme"
toi tu es "soupçonné d'avoir commis
ou de t'apprêter à commettre une infraction"
on est encore monsieur, malgré
la marque infamante
chance dans le malheur
les autres non
"tu
ta gueule
assieds toi
je m'en bats les steaks"
langage de policier rapporté
au mot près
(drôle de choses aussi la familiarité
presque complice entre les détenus habituels
ceux qui viennent "au poste" comme toi
citoyen ordinaire au supermarché
tu n'as pas honte, d'ailleurs ordinaire,
rends toi vivant
vole, aime un peu trop fort
pas ordinaire
tout sauf ce mot là
pire condamnation)

le rapport de police blablabla
"ça n'ira pas pisser loin"
blablablabla
je n'écoute plus il y a longtemps
les mots du machisme banal
les ambitions rétrécies
chant afghan dans la cellule d'à côté
très beau chant mélancolie
probablement
Du Bellay de là-bas
un peu de beauté
sous la couverture
à l'odeur d'urine

Acte 3 : Déféré

Le policier arrive, un autre, prolifèrent ici
mauvaise herbe trouve toujours chemin 
de sa profusion
combien en aurai-je vu
pour ce si peu pénal
pour cette trop grande grâce
ce mauvais goût, le droit
que c'était le bon goût du dandy
cet air professionnel de la beauté et du luxe
"monsieur vous êtes déféré, vous savez ce que ça veut dire ?"
(il le dit avec un air désolé, 
gardant son assurance
de policier
mais vacille de la bouche
je vois ça qui tremble
l'incompréhension de cette décision
à ce moment là nous la subissons 
ensemble
solidarité imprévue)
et je savais, mais je n'imaginais pas la suite, la suite pour moi
la normale, celle conséquence -juridiquement conséquence-de ce mot là
c'est être amené devant le procureur, éventuellement l'audience, le jugement
(oui pour ça, jugé, vous imaginez pour ça jugé
un juge dans son hermine son beau marteau
les coups pour ceci)
parce que ma canne épée entre temps subit mêmes avaries que moi-je-citoyen-etc
de canne épée sculptée elle devint ARME DISSIMULEE DE CATEGORIE D2
et lorsque l'on lit ça on craint immédiatement pour sa vie
à soi et celle de sa patrie
on veut l'objet et son détenteur dans une cage solide
on veut le garder plus loin que ça de soi de nous
il subvertit l'ordre public
louche une arme déjà
mais dissimulée
pire encore
dissimulée pour quoi
quelles attaques
ce malfrat là
et ce D2 enfin plus menaçant qu'une armée en déroute
déchéance commune
belle histoire d'amour
mêmes sommets ; mêmes abimes.

On te lit tes droits
en réalité on te les indique
sur un procès-verbal
et tu apprends le lisant
à combien tu renonças sans même
en entendre la mention ni les décliner
tu te dis à toi-même de plus en plus
ces droits là ce sont ceux qui te restent
tu as déchu, vraiment.

Et continue la chute, on n'imaginait pas dans son existence juridique tant de degrés
vers le bas
(Hadès, bonjour)
ou seulement degrés théoriques, aussi abstraits que l'infinité de l'Univers
mais soudain l'on descend les marches
on avance dans cette obscurité là, elle est pour soi, elle vous saisit
(ne reste que ça)
vous déclinez avec elle
les menottes, premières menottes
"c'est autant pour vous que pour nous, imaginez un geste brusque"
catéchisme de policier
bête comme tous les catéchismes
marque d'infamie, encore

ACTE 4 : LA CELLULE

Où l'on se rend compte, soudain, plus vivement encore que tantôt des micro-sanctions dissimulées tout le long de la chaîne pénale
cet enfermement que je vous raconterai plus inique que tout
Discipline du corps
discipline de l'esprit
(corps rendu malade
esprit fou
loin de la philosophie
de la Grèce
au secours la cigüe)
on te redresse, puni au cas où
puni préventivement
pour te garder de la bienveillance
du juge tout à l'heure si juge il y a haha
On dilate le temps, tout se fait dans une glue étirée lentement, à chaque requête d'abord il faut attendre
c'est toujours
"plus tard"
puissent-t-ils répondre immédiatement
qu'ils repoussent
(pourtant)
vous n'avez pas l'heure
jamais l'heure
privation sensorielle d'un genre inconnu
monde réduit à trois dimensions

Ce procureur qui me déférant ne pouvait ignorer qu'au vu de la tardivité je dormirai en cellule pour
cette chose dérisoire
Moi, condamné, par sa faute à lui
à un jour de prison
qui ne figurera jamais
en ce terme là
de taule, de prison, d'enfermement
dans un procès verbal
ni dans quelconque verbe officiel
pour mon état
imaginez le boucher achetant ses couteaux de boucher dans le magasin des couteaux de boucher et sur le chemin le policier à bouc le surprend, lui demande ce qu'il tient dans ses mains
"des couteaux de boucher pour couper la viande de boucher" il répond
"on va au comico"
et la même déchéance 
il perd sa profession pour gardé à vue-mis en cause-prévenu-la chute mais pas à pas
comme un plongeur 
ses paliers ;
moi je suis dandy professionnel, qu'y puis je au fond ? 
Cette condamnation
possible pour tous sur le caprice
d'un homme 
moins qu'un homme
un procureur
sa
mauvaise journée
où jalousie
jeune et vivant lui aussi se rêvait
la main parée de si bel objet
on l'informe il va répondre et avant
de décider
dans l'écran de l'ordinateur il voit son reflet
son ventre qui déborde
vengeance
le pouvoir vous savez...

///

Tu laisses tes affaires au guichet, 
un peu comme à la piscine mais surveillé par des policiers
la chance
on te conduit
cellule 262
2ème étage,
comme dans les hôtels on dirait
9m2 tout à toi J.
un matelas émincé
un metelas qui semble extrait d'un matelas principe
découpé en tranches ce matelas on en fait pour 4 détenus ; on rase pas gratis
3 cm le matelas, des toilettes à la turque la lumière qui ne s'éteint pas
jeudi c'est la fête
à paris
le week-end commence depuis longtemps
le jeudi
tout part
son lumière et tout le tralala
deephouse, cris la nuit de tes compagnons d'infortune
(comme dans les films :
celui qui proteste il ne sait plus pourquoi et tape des heures durant contre le plexi de sa cellule)
lutter contre le désespoir
lierre
ne pas fuir dans le sommeil
invente la beauté
récite les poèmes oubliés
au fond de ta mémoire
retrouve la beauté
Foucault, entre ici
(le panoptique changé
non pas point d'observation fixe
tout voir sans être vu
mais caméras disséminés dans les cellules
les coursives
et tableau où tout voir sans être vus
mais je t'imagine
avec ta vulgarité
derrière l'objectif
alors je te vois
mieux que tu ne me vois
je te vois dedans
et tu me vois dehors
bizarre le paradoxe
moi enfermé
toi libre)
Je pense au 
procureur la nuit
dans les bras de sa femme
de sa maitresse
le lit pour de vrai
la douche le matin et le petit déjeuner
jus d'orange frais, pressés
moi 9m2, de l'eau sur le visage à 8h30 (j'ai demandé)
mais la nuit pour ne pas sombrer dans le néant du sommeil
la nuit
inventer autour de son espace
des meubles de discours
des tapis de pensée
la table basse de la rime
la peinture imaginaire
et c'était mieux que le plus 
beau des musées
8h30
puis attendre
attendre encore
jusque 13h
que l'on vienne me tirer
de là
pour entendre l'incompréhension du délégué
du procureur
"tout le monde a assez perdu de temps dans cette histoire"
oui, par la bêtise double
on rencontre parfois la bêtise simple
un homme
interrompue par le suivant
dans la chaîne
mais ici
plus bête le second
le zèle
il en fit dans les temps de jadis
des bûchers cruels
bonjour
déchéance
je t'ai mordue fort ;
fruit amer
et acide
(pire complot des langues sensibles)
brûlure d'estomac
brûlure pour
les yeux
et l'institution froide et coupante
qui n'entend rien
il faudrait remplacer par des automates certains fonctionnaires de police
on se ferait moins d'espoir quant à leur éventuelle humanité
ou bien qu'ils nous le disent
en changeant les vêtements civils pour les vêtements professionnels qur
ils laissent 
sensibilité, intelligence
tout ça au vestiaire
(et les blagues entendues
les blagues la vulgarité
toute la laideur du monde
ici bien rangée 
à l'abri de tes yeux
toi qui crois encore
ne crois plus
comment disait il
mortel laisse ici toute espérance)

mais moi
cette nuit personne ne me la rendra
ni les livres que je n'ai pas lus
ni l'amour retenu
juste l'absurdité
ce texte trois fois rien
ma canne perdue
Joseph K. pour une nuit.

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