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28 novembre 2008

premiere annee de droit

Haha, j’étais rigolo en première année de droit

Qu’est ce que le droit ? Plutôt pourquoi le droit, sinon jouer à Dieu, décider le bien, le mal dans un accès raisonné de domination humaine. Différencier le tolérable, l’acceptable et enfin l’interdit. Celui-ci est sanctionné, puni par le bras armé de la justice, son appareil coercitif : la police. L’Etat de droit, c'est-à-dire celui l’ayant consacré, érigé en un dogme trônant au sommet de la nation.
Le droit est, il existe en fait, c'est-à-dire hors d’un cadre normatif, rigide qui en conditionnerait les effets et les actions, à l’extérieur d’une rédaction, d’une codification consensuelle qui le figerait dans la durée sinon dans l’éternité.
Ainsi, toute société depuis qu’elle est société, donc qu’un groupe s’est constitué et associé,  est régie par le droit. La société primitive, d’abord, connaît un droit « naturel », dicté par l’instinct de survie, il est rudimentaire et oscillant. Les évolutions restent cantonnées à celles mœurs. Disons que dans une société primaire, les mœurs constituent le droit. Cette société passe un « contrat social » tacite dirigé par la bonne volonté des individus, le droit s’y substitue dès lors qu’elle ne suffit plus à assurer la paix sociale. Pratiquement, le droit se découvre quand l’intérêt particulier, l’égoïsme, les passions, les désirs individuels écrasent l’intérêt général. Le droit est la conséquence de ce contrat moral  passé entre les membres de cette société primitive. Il est le pendant punitif du contrat social liant chacun à un code solennel, engageant non leur liberté car celle-ci ne saurait se dissocier de l’homme, mais leur « responsabilité ». Plus clairement, le droit, reflet du contrat social, prohibe certains comportements que la volonté générale rejette, à que la conscience collective réprouve.

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8 décembre 2008

Une vie d'ouvrier.

Exonératoire.
J'imaginais ce mot comme une machine en bralnle, les rouages édentés, mordus, tremblants au mouvement des rivets. Le son, remontait des entrailles mécaniques, ronronnant comme un gros chat de boulons et d'acier qui bientôt muera en mer de fer mugissante. L'ouvrier epuisé tape frénétiquement sur le métal brûlant, qu'il tord, froisse comme une feuille dansante sur l'enclume, faufilé entre les gouttes de sueur, les coups rythmés, assassins, insensés et le métal choit sous cet été vissé à un manche de bois. Le bout de métal informe, plie, se recroqueville, menacé par ce début d'automne qui jaunit sa pointe, embrase sa tige. La feuille d'acier, ses nervures saillantes et son squelette robuste. Et l'ouvrier d'asséner, d'abattre son outil et sa fatigue sur son labeur. Le tumutle réveille les bêtes endormies sous les rideaux de fer qui bientôt dérangées dans leur cercueil d'habitude viendront rugir, mâcher, dévorer et ruiner des économies. En attendant, sous les heurts qui gonflent, un crime mue. Gronde. Elle ouvre sa gueule, l'usine, elle ouvre ses écoutilles pour entendre les doléances jalouses. Elle va gueuler, l'usine dans la nuit, elle attend l'accident déguisé. La maladresse. Patiente sous son velours gris, ses chantilly noirs, crachées. Elle regarde. La lassitude perchée sur l'épaule de l'épuisement qui l'endort, la soûle des coups...Il tombe. Il tombe, et continue de frapper dans le vide, les mains nues, il frappe les yeux mi-clos rêvant de volcan qui carbonisent tout, et devant ses yeux il confond les mécaniques qui laminent ses chairs d'avec les mouvements lascifs de celle qu'il rêve sous sa grosse robe. L'ouvrier meurt ici, dans le cri strident de la peau et des os broyés, dans le ventre manufacturée, ivre, vomissant dans sa bile de fer un cadavre humain. Si peu humain. Si privé de son humanité. Un homme qui n'avait plus peur, qui sur le tapis roulant où s'aventurait les bibelots de fer qu'il devait tordre, a péri. Tordu, mâché, vomi un marteau d'air, de vent dans la main, qui frappe, réguliérement. Il est mort comme la pluie qui tombe, égale, sèche, impitoyable sans nuages. Il n'a rien vu venir, il n'entendait pas les rouages se tordre d'impatience, son ouïe il l'avait perdu en gueulant, en cognant, en buvant. Son ouïe il l'abandonnait contre le poinçon de l'usine.

23 février 2009

Churchill m'a dit.

Churchill, sur les décombres tellement nécessaires de Dresde, disait « Si vous ne bandez pas dans le métro londonien, pour le cul d'une jeune femme à vingt ans, alors votre cœur défaille. Si vous ne vous émouvez pas du nourrisson chahuté dans son landau et des yeux de la mère à trente, vous n'avez pas de cerveau ». Si ma mémoire des événements se trompe -ou bien vous ment, ce ne sera jamais qu'une citation de plus injustement attribuée à Churchill.

Churchill qui, s'il n'était pas De Gaulle, semblait déjà voir le naufrage du vieillissement. Le jeune d'hier, bandeur écervelé, tendant ses organes au plus fort de leur élasticité, devient l'instant d'une décennie un petit conforme qui vante les beautés d'un chiard dont il se fout. Même pas pour allonger la mère, même pas pour goûter aux charmes déjà cent fois consommés. Par principe. Par habitude habitée d'une vague illusion, d'un vague désir qui le renvoie loin s'échouer sur les plages de sa jeunesse. Audacieux il ira jusqu'à céder sa place. Debout, il sourira. Grimacera pour arracher un sourire à celui qui dans vingt ans bandera sur sa fille. Avec un peu de chance. Si d'ici là on peut toujours bander. Si d'ici là on peut toujours procréer.

Moi, je suis là. Avec mon âge inconnu dans le même compartiment. Scrutateur. Penché. Dans le malconfort. Échauffant mes cuisses, bandant mes tendresses. Je suis là, clamant mes « je » silencieux. Désabusé. Secoué par les cahots du train. Le train s'habille toujours de cahots, comme l'air marin se charge toujours d'embruns ou que la mer s'étend à perte de vue. C'est une habitude, un rocher de répétitions pour résister au courant. Comme le trentenaire, actif-adultérin, qui sourit à l'enfant plus haut dans le texte, plus loin de mon regard. J'ai mon journal, que je griffonne. Pas de papier. Pas d'encre. J'ai peur de tout ce qui coupe. De tout ce qui ne sèche pas à temps. Des traces. Des marques. Je veux passer, indifférent dans la vie. Invisible. Le bruit de la machine métallique dans mon cerveau. « Point, à la ligne ». Comme un K.O du noble art, mon cerveau tape contre le crâne. Je devine qu'il faut changer de ligne. Je résiste. Je résiste. C'est drôle d'y faire référence, à la résistance, après avoir évoqué De Gaulle et Churchill. Je me planque à Londres, je vois les Me 110 lâcher leurs bombes. Le sang et les larmes. Je suis au courant. Je m'occupe à jouir et souffrir. A pleurer et éjaculer. Dans le train ou ailleurs, discret va-et-vient. Le va, c'est pour les cours, les filles, le vient c'est pour le sommeil, et l'alcool. Tout tient en ces deux mots. Nous nous résumons à aller et venir. Nous venons puis nous en allons. D'un va-et-vient. Toujours.

Là. Sur la banquette. Musique. Gitane dans les yeux. Electro dans les oreilles. Pour malmener les sens. Si on ajoute à ceci l'odeur qui s'accroche à la foule. La foule pue. Par essence, elle pue. Elle brasse mille parfums, des saveurs, des exotiques, des salées, des exquises, des brûlantes. Mais ça pue. Irrésistiblement. Avant de suer la foule pue déjà. Ca sent le déjà-vu, le déjà-vécu. Ca sent la répétition et le mal-être. Ca sent le tempéré. Donc la mort. Les tempérés sont souvent froids comme des cadavres. Odorants, aussi. Alors, là, moi. Errant. Forcément, errant. Attendant que le métro me vomisse sur un quai désert. Ou bondé. Parce que les transports publics ignorent la nuance, et font mentir cette maxime que j'invente à l'instant « la nuance est prétexte à l'inaction ». On peut être extrême et inactif. La grève. Je crois. Je suis vomi. Entier grumeau. Ouf.

Je vais la voir. Elle. C'est l'attente entendue. Celle qu'on sait dès la première ligne de toute histoire. Parce qu'elle en est la matrice. Elle, ce sont des yeux bleus et des phrases, des mots, une effluve singulière. Elle. C'est la nuit où elle vit. Sa cellule. Douillette puisqu'elle en a l'habitude. Elle, ce sont deux kilomètres six-cent au descendre du train et des mains refroidies par le thermomètre. Elle. La photographie que je ferai, demain, quand j'aurai du fric, des billets droits, salis, à aligner ou à photocopier. Elle, ce sont les départs sur un quai tardif. Toutes les histoires y commencent, toutes les histoires y finissent. Toutes attendent qu'on les y vienne cueillir. Elle, c'est le train de nuit qui vient vous faire dévisager des inconnus voisins de l'instant. Des compagnons de sommeil, sans usage. A regarder la vigueur s'étioler, la nuit prendre racine de leur cou jusqu'à leurs paupières closes. Les plus avertis sont munis de silence à enfoncer dans l'oreille. Les autres, ceux qui perdent leur virginité nocturne et viennent au milieu d'une masse étrangère s'endormir, se nourrissent de succédanés, l'inefficace indifférence.

18 mars 2009

Concupiscence

Concupiscence. Con. Le sexe féminin, conque des envies. Cul. Le désir ondoyant, balladé, moulé, flirtant près des interdits sexués. Pis. Les mamelles de tendresse tendues vers l'amant affamé, le miel et le lait coulant invisibles. Sens. Combinaison chimique des fièvres, l'addition des désirs, du corps féminin démembré. Con cul pis sens.

9 avril 2009

Des alitées.

Des allitérations alitées. Je t'éjaculerai du littéraire dans la gorge si tu veux bien l'ouvrir large. Du R, de l'irrespirable béant, de l'agonie écartelée. L'envie ça vous met le ventre à l'envers. C'est traitre. Ca vit dans une ombre le désir. Une transition avec la nuit. Dans son corps tout recouvert de suie qui pince l'aurore. La rougit. Tout là haut. On sera malade d'amour. Ce sera triste. Les gynécées. Des fentes de femmes closes, absolument fermées, verrouillées, de la fermeture éclair. De la vive baveuse, cousue au fil d'encre. Les cancers mathématiques répandus à l'humanité vivante. Moi je vomis déjà des lacs désenchantés sur la chair blanche et nerveuse. Sur le matin obsession. J'aurais toujours voulu jouir noir moi. Saigner de la nuit cocaïne sur la foule. Pas du bleu, du sang bleu. Bleu c'est l'été, la joie, l'ennui prélassé, étendu bronzant. Les méticuleuses hideurs groupées sous des plats copieux d'idiotie. Noir ça sent l'aveugle, l'intime. Dans le noir ça s'emplit. Ca se gonfle. Tous les crimes s'y rangent, patients. Le noir. La nuit. C'est une salle d'attente. Le corridor muet du meurtre. La lampe que le flic te met en pleine face pour te soutirer l'aveu, la nuit. Tout coule, les pensées, le sordide. On laisse plus haut aller nos méchancetés dans le noir. Parce qu'on voit moins loin. Les intentions c'est à croire qu'elles sont toutes dissimulées par la nuit qui s'étend de plus en plus bas, s'étiole tout le long du jour. Recouvre les toits et les trottoirs. Elles s'inclinent comme ça les choses dans la nuit. La nuit c'est un berceau d'artistes, une couveuse à merveilleux. On ne voit pas bien qu'ébloui mais aveugle. Le regard construit d'effluves d'ombre. Quand on sature de nuit, qu'on veut la digérer et qu'on peut à peine la déglutir. Dans la gorge on sent les embouteillages d'aoûtiens en drive. Rien ne circule plus. Opaque, dense. On attend de durcir les veines. Faut bien pleurer sombre tout à fait pour écrire juste. Des larmes alexandrines, douze par secondes et quatre par strophes. Dans la nuit. Les rues ont des mines inquiètes. Paris ramone. Etourdie. Cette putain qui n'en peut plus de sexe Eiffel. De la poésie. Du sonnet trait-d'union. Ouais. Faut bien le croire.

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2 juin 2009

Suicidons-nous le peuple est mort.

Ca fait des siècles que je marche sur la corde des pendus. Je t'écris à toi, toi qui t'en fous avec tes yeux de tristes océans, de marées noires endormies. Je vais mourir, je veux mourir. C'est parce que tu t'en fous que tu flottes légère que je te l'écris, que ça ne parasite pas les organes. C'est d'un étranger à une étrangère. Sans charmes, comme un accident, une rencontre sur un bateau qui tangue. Voilà, le propos liminaire. Mourir, c'est un peu comme abréger les phrases, casser la ponctuation introduite par la morale des autres, mourir, périr, c'est s'en aller au bout du mot, juste derrière la nuit. C'est vraiment ça, et tu t'en fous alors ça me plaît, à moi, de te l'écrire, de montrer que je mets mes points de suspension à la place des virgules, qu'au lieu de bégayer mes envies je me jette dans les fosses. J'y aspire. Je l'inspire. Ce n'est pas de la C. Je ne meurs pas comme les adolescents vivent, dans l'idiote déchéance. Faudra autre chose qu'un corps piétiné par la poudre. Je te l'écris. J'y vais en même temps. Je fume un pétard au vide qui a des saveurs de nulle part. C'est agréable, ça retourne le dedans, la fumée qui s'enfonce dans les os. Je te l'écris parce que tu t'en fous. Que quand même dans tes yeux j'ai vu de tristes espoirs, la lassitude qui est la grâce des gens désordonnés. Je l'ai vu, ça m'a suffi. Tu t'en fous et c'est heureux. J'ai vu des bourreaux, sur tes pommettes, la généalogie des assassins conventionnés. On peut pas vraiment dire que tu sois belle, avec ta tristesse qui t'effiloche le regard, mais t'as ce truc, cette came à l'esquinte qui me rend dingue quand en hiver je peux imaginer la couleur de ton souffle dans l'air glacé. Y a cette chose silencieuse, c'est le mal, le bien, le cul, le coeur qui respire dans un autre univers à vingt-six dimension et demi. Et demi. Parce que c'est l'art de l'équilibre. Tu vois, moi je m'en vais et je te le dis parce que tu t'en fous, je suis fatigué de jouer le funambule sur la même corde séculaire, fatigué de la voir rétrécir sous mes pas usés. T'es pas vraiment l'extase, parce que dedans ça pourrit, on a la gangrène de l'époque, toi ce sera la solitude, la solitude meublée. Comme un musée baroque qui abriterait de l'art romantique, tu vois, ta vie c'est une antithèse. Ce n'est pas du langage prophétique c'est parce que moi aussi je m'en fous. La dernière volonté des mourants, de ceux qui épuisés traversent des fleuves asséchés c'est de s'en foutre, aussi. C'est agréable la destination, la mort ça peut être un voyage, avec ses étapes, ses ivresses, ses déceptions aussi. Je cartographie la mort. Tu crois qu'on y voit quoi ? Des souvenirs en attendant qu'on se tarisse dedans, que le sang s'en aille pour nous assécher de saveurs, de pensée ? J'aimerais croire être autre chose qu'un agrégat de molécules savantes, c'est faux. Je péris. Tu vois je t'écris et je disparais. Comme un fantôme, un prénom délébile, avec le jour toute ma peau phosphorescente s'en va. On ne me voit plus, je me laisse gorger de noir, de nuit, d'ombres et d'abstrait. je m'en vais et je te le dis parce que tu t'en fous, que ça ne pèsera pas sur tes yeux aphtiques. Nous sommes tous en sursis. Je suis le soufflet et la joue, la tête et la hâche, le bourreau et la victime. C'est ça le suicide, l'autolyse. Pfuit, disparu à l'heure du poète...Je m'en vais. Je mettrai bien un billet à Saint Pierre pour ta solitude, que quand même, dans tes yeux passent autre chose que des fantômes, des disparitions et de l'ennui sinueux, qu'on roule et qui s'effrite, s'en va et s'expire.

Adieu camarade.

2 juin 2009

Suicidons-nous le peuple est mort.

Ca fait des siècles que je marche sur la corde des pendus. Je t'écris à toi, toi qui t'en fous avec tes yeux de tristes océans, de marées noires endormies. Je vais mourir, je veux mourir. C'est parce que tu t'en fous que tu flottes légère que je te l'écris, que ça ne parasite pas les organes. C'est d'un étranger à une étrangère. Sans charmes, comme un accident, une rencontre sur un bateau qui tangue. Voilà, le propos liminaire. Mourir, c'est un peu comme abréger les phrases, casser la ponctuation introduite par la morale des autres, mourir, périr, c'est s'en aller au bout du mot, juste derrière la nuit. C'est vraiment ça, et tu t'en fous alors ça me plaît, à moi, de te l'écrire, de montrer que je mets mes points de suspension à la place des virgules, qu'au lieu de bégayer mes envies je me jette dans les fosses. J'y aspire. Je l'inspire. Ce n'est pas de la C. Je ne meurs pas comme les adolescents vivent, dans l'idiote déchéance. Faudra autre chose qu'un corps piétiné par la poudre. Je te l'écris. J'y vais en même temps. Je fume un pétard au vide qui a des saveurs de nulle part. C'est agréable, ça retourne le dedans, la fumée qui s'enfonce dans les os. Je te l'écris parce que tu t'en fous. Que quand même dans tes yeux j'ai vu de tristes espoirs, la lassitude qui est la grâce des gens désordonnés. Je l'ai vu, ça m'a suffi. Tu t'en fous et c'est heureux. J'ai vu des bourreaux, sur tes pommettes, la généalogie des assassins conventionnés. On peut pas vraiment dire que tu sois belle, avec ta tristesse qui t'effiloche le regard, mais t'as ce truc, cette came à l'esquinte qui me rend dingue quand en hiver je peux imaginer la couleur de ton souffle dans l'air glacé. Y a cette chose silencieuse, c'est le mal, le bien, le cul, le coeur qui respire dans un autre univers à vingt-six dimension et demi. Et demi. Parce que c'est l'art de l'équilibre. Tu vois, moi je m'en vais et je te le dis parce que tu t'en fous, je suis fatigué de jouer le funambule sur la même corde séculaire, fatigué de la voir rétrécir sous mes pas usés. T'es pas vraiment l'extase, parce que dedans ça pourrit, on a la gangrène de l'époque, toi ce sera la solitude, la solitude meublée. Comme un musée baroque qui abriterait de l'art romantique, tu vois, ta vie c'est une antithèse. Ce n'est pas du langage prophétique c'est parce que moi aussi je m'en fous. La dernière volonté des mourants, de ceux qui épuisés traversent des fleuves asséchés c'est de s'en foutre, aussi. C'est agréable la destination, la mort ça peut être un voyage, avec ses étapes, ses ivresses, ses déceptions aussi. Je cartographie la mort. Tu crois qu'on y voit quoi ? Des souvenirs en attendant qu'on se tarisse dedans, que le sang s'en aille pour nous assécher de saveurs, de pensée ? J'aimerais croire être autre chose qu'un agrégat de molécules savantes, c'est faux. Je péris. Tu vois je t'écris et je disparais. Comme un fantôme, un prénom délébile, avec le jour toute ma peau phosphorescente s'en va. On ne me voit plus, je me laisse gorger de noir, de nuit, d'ombres et d'abstrait. je m'en vais et je te le dis parce que tu t'en fous, que ça ne pèsera pas sur tes yeux aphtiques. Nous sommes tous en sursis. Je suis le soufflet et la joue, la tête et la hâche, le bourreau et la victime. C'est ça le suicide, l'autolyse. Pfuit, disparu à l'heure du poète...Je m'en vais. Je mettrai bien un billet à Saint Pierre pour ta solitude, que quand même, dans tes yeux passent autre chose que des fantômes, des disparitions et de l'ennui sinueux, qu'on roule et qui s'effrite, s'en va et s'expire.

Adieu camarade.

3 juin 2009

Suicidons-nous le peuple est mort.

Ca fait des siècles que je marche sur la corde des pendus. Je t'écris à toi, toi qui t'en fous avec tes yeux de tristes océans, de marées noires endormies. Je vais mourir, je veux mourir. C'est parce que tu t'en fous que tu flottes légère que je te l'écris, que ça ne parasite pas les organes. C'est d'un étranger à une étrangère. Sans charmes, comme un accident, une rencontre sur un bateau qui tangue. Voilà, le propos liminaire. Mourir, c'est un peu comme abréger les phrases, casser la ponctuation introduite par la morale des autres, mourir, périr, c'est s'en aller au bout du mot, juste derrière la nuit. C'est vraiment ça, et tu t'en fous alors ça me plaît, à moi, de te l'écrire, de montrer que je mets mes points de suspension à la place des virgules, qu'au lieu de bégayer mes envies je me jette dans les fosses. J'y aspire. Je l'inspire. Ce n'est pas de la C. Je ne meurs pas comme les adolescents vivent, dans l'idiote déchéance. Faudra autre chose qu'un corps piétiné par la poudre. Je te l'écris. J'y vais en même temps. Je fume un pétard au vide qui a des saveurs de nulle part. C'est agréable, ça retourne le dedans, la fumée qui s'enfonce dans les os. Je te l'écris parce que tu t'en fous. Que quand même dans tes yeux j'ai vu de tristes espoirs, la lassitude qui est la grâce des gens désordonnés. Je l'ai vu, ça m'a suffi. Tu t'en fous et c'est heureux. J'ai vu des bourreaux, sur tes pommettes, la généalogie des assassins conventionnés. On peut pas vraiment dire que tu sois belle, avec ta tristesse qui t'effiloche le regard, mais t'as ce truc, cette came à l'esquinte qui me rend dingue quand en hiver je peux imaginer la couleur de ton souffle dans l'air glacé. Y a cette chose silencieuse, c'est le mal, le bien, le cul, le coeur qui respire dans un autre univers à vingt-six dimension et demi. Et demi. Parce que c'est l'art de l'équilibre. Tu vois, moi je m'en vais et je te le dis parce que tu t'en fous, je suis fatigué de jouer le funambule sur la même corde séculaire, fatigué de la voir rétrécir sous mes pas usés. T'es pas vraiment l'extase, parce que dedans ça pourrit, on a la gangrène de l'époque, toi ce sera la solitude, la solitude meublée. Comme un musée baroque qui abriterait de l'art romantique, tu vois, ta vie c'est une antithèse. Ce n'est pas du langage prophétique c'est parce que moi aussi je m'en fous. La dernière volonté des mourants, de ceux qui épuisés traversent des fleuves asséchés c'est de s'en foutre, aussi. C'est agréable la destination, la mort ça peut être un voyage, avec ses étapes, ses ivresses, ses déceptions aussi. Je cartographie la mort. Tu crois qu'on y voit quoi ? Des souvenirs en attendant qu'on se tarisse dedans, que le sang s'en aille pour nous assécher de saveurs, de pensée ? J'aimerais croire être autre chose qu'un agrégat de molécules savantes, c'est faux. Je péris. Tu vois je t'écris et je disparais. Comme un fantôme, un prénom délébile, avec le jour toute ma peau phosphorescente s'en va. On ne me voit plus, je me laisse gorger de noir, de nuit, d'ombres et d'abstrait. je m'en vais et je te le dis parce que tu t'en fous, que ça ne pèsera pas sur tes yeux aphtiques. Nous sommes tous en sursis. Je suis le soufflet et la joue, la tête et la hâche, le bourreau et la victime. C'est ça le suicide, l'autolyse. Pfuit, disparu à l'heure du poète...Je m'en vais. Je mettrai bien un billet à Saint Pierre pour ta solitude, que quand même, dans tes yeux passent autre chose que des fantômes, des disparitions et de l'ennui sinueux, qu'on roule et qui s'effrite, s'en va et s'expire. Adieu camarade.

8 juin 2009

W point five.

J"étais une image qu'une partie de toi chérissait. Coincée deux ans auparavant. Sur le soleil d'un bel été rue de l'éléphant, d'un poésie époumonée au drug opera. La distance finale, celle plus marquée qu'entre deux inconnus était celle-ci. D'une photographie dévelopée qui ne correspondait pas au négatif. La déception du constat, du résultat. J'ai mûri, ou plutôt fané. Mes branches -de lunette- sont tombées. Ma moustache a poussé. En moi ne demeurait rien de celui d'avant, sinon un visage vaguement familier. J'avais les traits comme ceux d'un absent. Un mort ne ressemble que de loin à l'image du vivant qu'il était. Tu sais ce n'est pas étonnant que tu aies eu un sursaut en me relisant. Ca avait rendu de la couleur à mon cadavre palissant. Ca nous remettait loin en arrière, aux émois originels. je te faisais l'amour avec le capuchon de mon stylo sur un lit de frontières. Nous avions en commun la peur, la peur fiévreuse des mots, du "je t'aime", du meurtre et des étrangers. Tous nos liens, toutes nos attitudes ont fini de diverger la dernière fois. Nous n'étions plus attachés que par une semblable indifférence l'un pour l'autre. Nous disparaissions, fantomatiques, nos corps s'étiolaient dans le mercredi mourant. Oh nous tinrent bons pour faire demeurer l'ombre mortelle jusqu'au matin, nous faire transition entre la veille et le lendemain. Ponctuation solaire. A neuf heures sonnant d'abstinence nous étions décédés, cliniquement morts l'un pour l'autre. La porte a claqué, la vie a repris deux ans d'un coup. A neuf heures la dernière motte d'une terre métaphorique, le dernier mot de la dernière prière churent sur nos cercueils. Nous rejoignîmes nos frontières respectives, nos lasses habitudes, de fosses nous étions séparés par un trait de crayon imaginaire. Deux capitales bien distinctes. Nous étions délébiles, et nous nous sommes effacés. Le déluge de tes larmes acheva l'hygiène du lieu. Délayant souvenirs, amitiés, amours, passions et envie dans un tourbillon de moiteur et de rage. C'était la pluie finissante, tentant d'engloutir de son appétit les rires perdus et l'innocence suppliciée. Oh, bien sûr nous eûmes des torrents affectifs, des filets diaphanes de tendresse et de retour, des sauts du temps qui revenaient nous envahir. Bondir depuis août 2007 jusqu'à avril 2009, des sources claires qui crurent rabreuver notre distance. C'était mes doigts dans ta chatte ou ton sommeil dans mes bras. Tes cauchemars qui te faisaient te jeter contre moi "protège-moi, c'est pas fini". Des paroles, des mots mortels, vampires. Ca ne survit pas à l'aube. Elle les déchiquette. Ce fut le cas. Elle enfuma tout ça, toute cette communion dans l'étrange, toute cette mystique rassasiée par sa seule lumière. Deux instants si concurrents dans l'extrême. Tu sais, tu mentais quand tu disais d'hésiter entre deux vies, deux artificielles délimitations. Tout ce que tu espérais de notre rencontre c'était me tuer. Me tuer pour en finir avec l'enfant assis dans le noir. Pleurant sa solitude, elle qui cherche toute sa vie la lumière, n'importe quelle lumière, n'importe laquelle, même une qui s'échappe d'un sexe maladroit qui fera comme une torche, même une qui vienne former une masse informe sous la porte de la prison. Elle hurle cette enfant, de la lumière, qu'on cesse de la bousculer avec sa petite taille et ses mains menues. Finalement. J'ai vu Lily, Lily assise sur un siège royal, couvert d'hermine, habillée en lettres d'or, en faste et somptueux ornements. Elle était là fière et belle. Tu l'as déjà vu ? Elle est belle avec ses yeux noirs. Très noirs, si bien qu'on dirait un secret ou un mensonge. Des yeux noirs de la lucidité, de la certitude. Les yeux noirs de l'assassin pédophile. Lily a tué une petite fille, une bien fragile, une bien maléable. Je crois que je suis un peu complice, que mon courage sur le chemin s'est dérobé par une poche percée. J'ai vu le crime et j'ai un peu joui dessus Wendy. Je t'ai vue mourir et je n'ai rien fait. Ca a sali mon dedans de renverser le foutre de ta disparition sur mes os. Lily c'était un peu ma rédécouverte d'un corps juvénile après avoir baisé des vieilles de quarante ans qui se faisaient enculer pour la septième fois de la soirée. Une partie de moi s'est échappée, progressive, à travers tous ces jours, toutes ces fois. Le sperme est plus riche qu'on croit, ce n'est pas qu'un amas de protéines, de vitamines et d'extase. Dans le mien, s'accroche des fragments d'être. Je me suis un peu perdu à éjaculer frénétique, longtemps dans le corps de Wendy, sur la bouche de Lily. C'est qu'elle avait toujours le corps comme une blessure, toujours ouvert, de partout affamé. Au final, nous avons disparu. Nous l'actons, sous lettre de cachet. Je fuis la lumière comme la grippe porcine, et toi tu la traques, elle te fait exister. Parce que nous cherchons tous ce qui nous manque. Et tu manques d'éclairage, de lumière. La couleur du génie. Tu ne la trouveras pas là où tu la cherches. Elle est toujours plus tamisée que l'on croit la lumière, toujours plus discrète. Elle est comme un feu croupissant dans un coin, elle est avec l'ombre. Il faut bien le voir, et pour bien voir il faut être ébloui.
Adieu

29 avril 2009

La nuit.

C’est de l’ombre croupissante. De l’angélus gluant sur les cloches et les haies de communiants. De la nuit qui vient pourrir joyeuse sur d’abimées litanies. Il faut bien ça pour réaliser. Pas des films maladroits, des projections instantanées sur la bâche large de sous le crâne. Non. Réaliser la nature véritable de la nuit. Percer son essence. Pas de joie. Pas de l’infusion aux lampions et de l’assoupie musique. Pas. La nuit c’est un hurlement et pas un qui s’arrache de baffes énormes bégayant des décibels et des pas de deux. La nuit. Véritable. Tentaculaire écartèle le silence en imperfections régulières. Noie tous ses bruits parasites. Du noir puissant et shakespearien, du poétique. Du Richard III GLOUCESTER gloussant de glacial. La nuit, elle crache ses volutes, arrache des soupirs affaiblis. La nuit qui dure tout le jour. Qu’on aperçoit dans l’orbite solaire juste derrière les paupières. Elle invite. Elle a la jambe délicate, faite à la cire d’ombre. La nuit. C’est derrière le regard, un peu plus loin que la vie, une blonde qu'on aperçoit dans un gobelet. A l’intérieur de tous qu’elle s’installe, patiente. Patiente. Qu’elle dilue sa brume liquide, cet éther. C’est devant la vie. La nuit. Ca crie en petits souffles jouisseur, ça truque les artères avec du mauvais vin. Ca attend de fermer sa gueule, ses crocs, son appétit sur du téméraire oubliant, de l’aventure égarée. La nuit elle attrappe le curieux, celui qui a oublié sa laisse de bruits et de lumières, ses néons et sa fumée. Elle s’en fout la nuit. Elle a le temps de l’univers et des yeux clos. -Les yeux se closent toujours- S’abriter dans les trahisons et nourrir le regret. Elle enfante tous les jours. Elle accouche de formidable et de l’hideux, et souvent d’un seul corps, du siamois parfait, du monstre effarant. C’est déjà formidable. La nuit, sainte-putain en chaleur. C’est Marie obsédante qui hante Christ, qui pleure Christ, qui suce Christ à minuit, sur le pivot des horloges. La nuit matricielle, c’est l’origine de l’Univers grouillant, un cloaque à immondices, et qu’on y aille dansant, chantant à travers la nuit, avec nos baluchons et nos ordures, nos menottes et nos cravates. Y faire murir nos sévices et pourrir nos vertus. Oh la nuit, elle sait raconter des histoires, des écossaises à damiers, des fantomatiques captivantes, oh, elle a un cœur abandonné dans toutes les légendes, elle a un siège au conseil des Carpates, et une voix dans le génie. Elle dicte, l’écrivain écrit. Ce sténographe escroc. Elle sait dissimuler. Mettre des habits de lumière, des obsédants, des sémillants radieux et colorés, des somptueux trompeurs et même des exotiques voyageurs, des qui pointent la nuit partout dans le monde. Une boussole vers le N, de Nuit. Elle sait tout faire la nuit polymorphe. La nuit symphonique, jouer dans tous les trous de la terre, glisser ses doigts d'air, faire sortir de chaque cratère un grondement de Vésuve, se glisser dans chaque ombre délébile. l'Aquila en miettes. C'est elle. Être. L’aurore qui faiblit et le crépuscule décapité. Mes phrases courtes et tes rêves gercés. La lune mordue et le sein de l’infini. Oh. J’ai un fragment de nuit, un captif sous mon crâne, un qui s’étend tumeur métastasée. Métastasée C’est pour dire cliniquement affamé. Comme la poésie. Ce sont des jamais rassasiées. Des orales stylistiques qui se jouent du verbe. Ce mâle châtré, le verbe. Et. Elle se répand largement la nuit dans le corps, elle fertilise. La nuit, ça vous ouvre délicatement le corps. C’est son hymen, sa virginité à prendre, le corps. Le corps tout entier. Avec ses secrets recoins, ses villosités, ses cauchemars et même, un peu d'espoir. La nuit ca le fait percer sans bruit tout ça. D'un coup, d'un pieu. Elle en a tiré des choses de son siège Roumain. Du silence et du vampirisé. En silence qu’elle découpe de la même manière irrégulière, selon le même boucher procédé, la vertu. La nuit qui abandonne chaque matin ses sortilèges à la lisière du réveil. Derrière le bois enchanté. Les lycanthropes ont oublié. La nuit s’est suspendue. C’est un drôle d’envol. Un oiseau qui bave d’infini. On a beau veiller, la tenir tout son temps. Elle s’en va toujours sur le trait encore maigre du jour fasciné. Elle part. Elle est un peu comme moi.  La fuite c'est un peu l'immortalité du pauvre.

19 août 2009

Prends Garde à Toi

Je peux là écrire les pires atrocités qu'elles seront aussitôt dévorées par le maelström de tes doigts. Je pensais hier, "oh que j'aimerais percer la couche d'improbable, fouiller derrière les voiles -bientôt interdits en France- sous lesquels s'enfouit ton identité" parce que quiconque est doué de paranoïa ET d'une certaine faculté d'observation ne peut jamais que sourire à toi. Mais bref, je veux être ignoble. Sous mes Décombres : de l'homosexuel au tison flamboyant enfoncé dans les fosses à jouissance, que l'on marque au fer le sonnet du trou du cul sur leurs peaux ignobles, qu'ils brûlent jusqu'aux sang tous ensembles réunis dans un cloître devenu cloaque. L'incendie aux Eglises, aux chapelles, mais tout ceci est mort-né, c'est un embryon, un avortement, et certes je m'ennuie, j'ai peur, demain l'on me rase la tête pour que je marche au pas, et je lis, et je sors bien trop, et la nuit me dévore de son appétit gigantesque et des haines s'infusent, se répandent, me parasitent malgré moi.
Et je suis colère, et je suis envie. Appelle moi péché, chérie, je disparais dans une tombe sans croix. Maudit, maudits nous sommes et nous éructerons des mots ivres, des mots fous et des locutions malades, du verbe lépreux, de l'amour décomposé, tu vois bien tout ça tombe en morceaux. TOUS LES EDIFICES SONT DES RUINES, Chérie, ou Chéri, ou je ne sais pas, je n'ai jamais su lire le sexe d'un (cri du)poulpe, et le journal du voleur ne m'apprend rien. L'infâme je l'ai vissé au coeur, c'est mon étoile jaune d'étoffe impie, je passe dans la vie avec rage, faites attention je suis l'incinérateur qui vous happera tous, la mort au regard d'ange, la brebis aux dents de loup. J'ai le vertige fragile, j'ai la nausée déchirée, ce sont des mots à mélodie, tu vois, tu les ouvres et le verbe est devenu une boite à musique, et fragile, et déchirée elle s'élève la musique, elle frappe, elle ramasse le son qui lui tourne autour, lascifs les mots, lascifs ils attirent, charment les bruits qui rampent, comme les noyaux attirent les particules, c'est question de gravité, et je vois leurs yeux se plisser, je vois leurs corps se tendre, je vois les bouches, moi, les bouches incarnats roter comme des volcans au bord de la jouissance. Oh amour, oh homme, oh femme, mais je ne sais pas ouvrir les masques de fer, mais je ne suis qu'un monte-en-l'air au sang d'encre, je ne sais pas crocheter les serrures des visages étrangers. Je veux percer, avec mes doigts qui tournent, vissés dessus des forêts de 12, le métal qui te forme, et la main du forgeron la trancher ; ce voleur qui prit la couleur du mensonge pour tes yeux d'aube. Je prends de l'avance sur l'instauration de la charia. J'essaie de deviner. Mâle ou femelle, blonde et brune ? De quels alliages donc sortent tant de paradoxe, quel feu et quelle enfer servirent de forge à l'aporie ? Je peux écrire l'infâme et le bon, l'ignoble et le beau, que ça mourra au même endroit. Le fossé derrière les mots, juste entre la nuit et le jour, je veux que l'on m'enterre au crépuscule, que la mort de mes mots, ces seigneurs traitres, goûtent aux entrelacs du soir et de l'aube. Quelle jouissance plus extrême que la coalescence du temps, que le voir se fondre, se confondre, discerner au loin les teintes effrayantes de la nuit et la couleur apaisante du matin ? J'aimerais tous là, vous inviter dans ma tête que vous goûtiez dans votre éveil un peu de mon enfer, que je m'ouvre la poitrine pour faire sortir spectres diffus, idôles décapités, et anges cornus ! Je vous invite dans ma tête, ça ne se refuse pas, je déroule la langue, pénétrez moi de vos bêtises, sur le palier vos habits de médiocrité et le silence dans ma caverne aux bruits indistincts. Et si tu entends rire, pense que c'est le cri prochain de la mort. Le rire est la foudre de l'assassin annonciateur du tonnerre à la faux brutale. Attends toi à perdre la tête dans la mienne, à sertir ta peau d'or et de merveilles qui putréfiées te dévoreront les sangs. La pourriture est reine. Je peux tout écrire, n'oublions pas que le génie sait tout dire, j'ai trop d'images, trop d'images sous mon ciel déterré, trop de flammes pour mon corps barbelé. VOUS ETES MES PROIES ET JE VOUS MARQUE DE MES SOUHAITS ENRAGES. Je suis léger de quelques grammes en moins de vous, c'est le poids de l'âme réfugiée dans mon ombre. Je n'écris que d'ici, que de DERRIERE moi, ce n'est jamais ma face de poète qui vous cause, mais mon ombre, mon ombre et sa colère, mon ombre et son écume. Pour s'y rendre, loin là-bas derrière la dernière vague, chez les ombres bavardes, il faut un sauf-conduit "Poète vos-papiers" qu'ils réclament et je les brûle à la face du douanier, que l'on me refoule je reviendrai toujours, je me ferai un radeau de chair, je pagaierai avec vos corps désarticulés. Je suis infâme, je l'ai déjà dit, je fais grincer les mots, j'ouvre la porte et je détourne les yeux. Que l'on avale cette fiole de poison pour n'être que malade et plus jamais mort. Je l'ai été une fois, ça m'a suffit de remonter les fleuves d'oubli, de soudoyer les passeurs squelettiques qui exigent des pièces en or ou bien vos jolis corps. Pouah et de quoi se plaignent-ils eux avec leur peau d'esclave quand ils prennent d'assaut Ceuta ou Melila, quand ils crèvent par dizaines d'un radeau renversé ? Ils savent ce que c'est de se taire toute une vie pour remonter des enfers, de ne plus jamais déglutir de peur d'avoir dans la bouche une goutte de cette liqueur fatale ? Je suis bouillant, je ne suis pas mathématique, les équations je les brise je ne les résouds plus mon amour. Oh dis moi non encore une fois, dis moi "non" mon amour ça aiguise mes crocs qui me fendent les lèvres, dis moi non mon amour ça m'affame. Dis encore "non" que mes crocs déchiquettent les secondes. J'arrive ! J'arrive ! J'arrive ! Et les vents, les vents sourds me portent, et me soulèvent, je suis léger d'une âme perdue, souvenez vous, soulevez vous, que mon infortune m'offre quelques compagnons à dévorer. Nous disserterons, et d'un coup traître mon ombre vous engloutira. La nuit recouvre tout, et je suis la nuit, je suis caché dans chacune des ombres, que les villes soient assises ou à genoux, qu'elles attendent au bois ou dans une cave qu'on les allonge. Je suis tout ça, je suis la putain et le client et nous sommes en chaleur. Mais mon amour, tu vois, t'es perdue dans mes lignes infâmes, sous toute la poussière de mes Décombres, tu te trouveras bien un charmant allié, un ami, un abruti conjoint parmi cette foule au linceul de sable, parmi ces morts suspendus à ma bouche. Ici c'est mon crâne, mon royaume, et  votre enfer. Vous êtes conviés au banquet des atrocités, on y dévorera le temps perdu, le voyage et la guerre. Vous reprendrez bien un peu de Shoah  chers convives ? De massacres ? Une cuisse d'Arménie ? On les dit fameuses, à moins que ce ne soit fumeuses, c'est question de crémation ou de cuisson ? Oh je ne sais plus, c'est l'enfer vous dis-je, j'ai cohabité toujours ici avec le diable, il m'a appris à ne plus avoir peur, à ne jamais crier que du feu. Et si je ris prends garde à toi, ce rire est enfant de bohème. Je crois que j'entends le jour comme un enfant naissant qu'il faut que la mère la nuit gifle ; j'entends le matin jaillir comme une braise saute d'un lac de cendres. Il est bien trop tôt pour fermer les portes de l'enfer, pour vous déroulez ma langue aphteuse. Pâles, splendides victimes, et toi mon amour blême, vous êtes une aube d'hiver, un souvenir de neige et de givre. Partez, il est temps d'entendre d'autres voix, de faire sonner contre mon corps les cordes d'une autre orgue. J'écris hébété, je ne suis maître de rien, voici mon ombre qui s'endort alourdi, qui tremble de froid. J'ai la peau noire pour me glisser derrière vous quand la nuit grogne.

20 juillet 2010

X.

Elle n'était pas un être mais un adjectif.

La grammaire ne suffisait pas à me consoler de son absence. J'avais beau nous trouver des terminaisons, des conjonctions, rien ne nous rapprochait. Il ne pouvait plus y avoir de proximité malgré la rigueur sémantique. Elle ou moi, et ce ou conjonctif établit la distance qui nous séparait. Il y a entre les pronoms tout un pays de neige. On ne se méfie pas assez de la grammaire, on la croit associant et elle ne sait qu'exclure.

22 juillet 2010

Ta-Ta-Ta-Ta-Ta dirait Ghérasim

Il en est des clameurs célestes qui montent de moi
Des échelles cosmiques
Des étoiles en fièvre
Des ambulants malades
Qui font des petits trous au ciel
Poinçonnent le paysage
Pour lui dire la direction
C'est là-bas, et là bas c'est quoi.
Les petits lacs de cendre que la nuit s'amuse
Avec sa main qui n'est pas main
Qui est ourlet de soie
A disperser puis dissiper
Qui avale.
C'est le cœur de l'Univers
Qui suce dans la nuit
Le sang chaud
Noir
De la nuit
Et l'expire
Jour
Bleu
Blanc
Gris
C'est selon les drapeaux
Les continents
Les jours à clairsemer
C'est selon
Les idées à déglutir
Selon les royaumes brisés
Qui forment des peuples de révolutionnaire.

J'ai vu des hommes la torche à la main
Qui voulaient mettre le feu
A la ville
J'ai vu des hommes
Qui avaient à la main
Une aube
Rouge
Et ils ne voulaient pas dire
"C'est l'enfer"
Et la promenaient devant moi.
Et l'enfer dansait dans la ville
Avec le bruit cadencé
Des soldats qui se croient
hommes, qui espèrent
Bouleverser
L'axe de l'Univers
Qui se tordra
Qui ploiera
Ou se brisera
Selon qu'il sera
Chaîne
ou
Roseau.

J'ai vu des colombes
Naître
Des corsets des jeunes filles
Et briser leurs baleines
De soie
J'ai vu des palombes
Arrêter le printemps
Avant qu'il ne percute la ville
Qui disait
"L'enfer est tiède
Comme le printemps."
J'ai vu ces oiseaux logiciens
Qui faisaient craquer les mathématiques
Et des chiffres qui dansaient
Dans des rades
Au milieu de centilitres
Décilitres
AU milieu
De physique
Chimie
D'alcools
Incolores
D'effets
D'atroces.

J'ai tant vu de choses monter de la mer
Tant de cris, d'orgueils et de marins
Leurs frocs trempés de peur.
Vu.
Tant de silence qui venait mordre la coque des bateaux
Lovés dans la houle
La marée étouffer l'amoureux
Pour apprendre un peu la mort
Le recouvrir d'un lange bleu
Ciel
Noir
Selon la saison
Si les palombes se reposent
Où si elles forment des murailles
Blanches et tachetées
Qui ont des ailes de paille
Ou
Des airs de merle.
Se pose sur les câbles de la ville,
Comme les gargouilles de pierre
Sur la Cathédrale,
L'ennui.

J'ai vu les pigeons roucouler
Et les moineaux rugir
J'ai vu la plume devenir grise
Et danser sur le béton
Comme une poésie
Y faire des rimes
Empressées.

Vu les nuages boiter sur le ciel
Passer en larmes de lumière
A imiter la pluie.

J'ai vu l'Océan qui gagnait la côte
Qui hurlait avec sa voix de torrent
"Je suis le jour"
L'homme bâtissait des plages
Pour lui apprendre la nuit.
S'évapore l'océan, sur le sable
d'Espagne,
Paresse est éther.
Océan
vient, parfois, rappeler sa colère
Puis s'allonge.
S'étend
Las.
Océan, belle ombre
bleue,
pantoufle
d'eau
Tu pares
La plage.

La grève a froid
Tandis que la Révolution
perle
L'Océan l'aime
Comme on aime
L'amante :
Parfois.

J'ai vu la mousse faire des bas aux immobiles
J'ai tant veillé, que j'ai vu la lumière peindre la nuit
J'ai vu la gouache qui s'usait et le pinceau blessé
-Ses poils décoiffés-
J'ai vu la nuit supplier d'être peinte avec les mains
Et je l'ai vu trembler quand le jour la caressait.
j'ai vu les étoiles poivrées qui étaient le frisson
Du crépuscule.
J'ai entendu le soir moudre le café
Pour étendre la nuit
Ou
La raffermir.

J'ai tant vu de ne pas dormir, tant entendu de te veiller, quand la fatigue t'absorbait. Je sais ce que dit la nuit, je connais sa voix et sa mélodie, j'ai entendu le chant du poète, volé sa vision de devin. J'ai bu des breuvages insensés qui ouvrent le monde, j'ai eu des philtres qui font tomber la nuit en moi pareille aux giboulées sur mars...

Un jour, quand mon corps reviendra là-bas, de la nuit qui dure, dure, dure, je t'inviterai dans ces endroits où l'on moque les sots qui meurent sans avoir goûté au poison de la vie. Un jour quand mon corps aura retrouvé autre chose que de la peur pour lui servir de muscles, autre chose que de lyre pour lui servir de voix, autre chose que de cordes pour lui servir de mains, quand mon corps aura repris sa place dans la constellation immense des planètes odieuses. Je te noierai en images, dans l'aube molle que tes yeux délaissent.

18 septembre 2010

Mariepetitechose

Hier soir :

J'ai vu Marie et ses yeux de poème, elle était habillée d'un petit voile rose qui laissait voir ses attentes et tombait comme les serpents tentateurs selon que son pas dansait, volait ou hésitait. Quand j'ai sonné, elle m'a dit qu'elle avait reconnu cette manière si i mpatiente de désirer qu'est la mienne "Même derrière  la porte, ça se devine, ton appétit". Je n'avais pas d'appétits, mais des rages à épuiser, j'avais de la chair à torturer, et des âmes à avilir.
Marie a été en prison, dans mes bras, et chaque jour je  brisais l'une des chaines, pour dire "tu vois comme il est bon ton gêolier, chaque  jour il te libère un peu des fatales étreintes, chaque jour je deviens meilleur. Alors elle m'aime, la pauvre naïve, de ce coeur qui se vrille vers le ciel, qui monte léger comme de la fumée sans plus voir l'incendie au bas des marches.
Les liens cèdent, mais un par un, le bateau sent la mer au rythme de la houle des amarres déliées.

Marie a  la poitrine lourde de péchés qu'il faut sucer comme du lait et dont on ne se sèvre pas. Divine nourrice, j'aime quand ton désert rencontre le mien, que chaque semblant de caresse étend le Sahara, qu'il semble soudain que nos bouches assemblées pâlissent comme des mirages. Marie, a de la solitude qui lui coule des yeux, ce sont des fleuves impassibles qui noient les haleurs.

A Marie, je dis "Personne ne peut comprendre que nous n'avons d'autres demeures que nous même"
Marie me répond Tu m'as moi, et tu as Lucie, pour toujours". Alors les volets claquent, on parle d'un fantôme jaloux et inquiétant.

Marie, je la déboutonne sans impatience,tandis qu'elle presse mes mains,exige de ma maladresse de la rigueur "scientifique". J'aime que l'espoir soit gauche, qu'il se perde dans le torrent fumant du geste, j'aime que le muscle se fige quand le sein se découvre, quand la langue fait frémir le ventre.

Marie a des yeux droits comme des cierges religieux et sa voix est une messe, messe d'en bas, dure, sexuée, messe violente qui égare les âmes. Son corps, lentement s'ôte de ses paupières, elle met sur son teint des pierres de Hongrie, et sur ses dents un peu de charbon, elle se maquille de suie et de cendres pour devenir la femme de la nuit "Tu es la nuit, Jonathan".
Marie, quand elle danse pour moi, fait naître un feu au coeur de ses reins, et ses mains hésitentdansla profondeur d'unecaresse. Elle me pénètre ; je suis une femme bouleversée,lesadjectifssont longs.

marie, petite chose

10 février 2011

Aux assassinées

        Je veux être un suicidé du prestige et de l’honneur, que ma gloire tombe en poussières, incapable de survivre en dehors du corps parasité. Cette tique nourrie des sangs, des chairs, qui grattent l'orgueil sous l'âme. Je veux la gloire, colée à mon buste de gravats, de salive et de foutre, et marcher, marcher et la voir me suivre languide amoureuse, ruisselante et neuve. Je veux voir sa peau blanche et lisse comme la cruauté du bel enfant.  Je veux la gloire et lui serrer sa taille en coton parfumé, lui bander les yeux des parfums féminins noués à ma peau comme des lèvres d'amantes. Elle me prendra la main, et mes doigts déformés de poésie iront dans ses mains gardées des offenses du monde par des gants blancs, pâles. La gloire me dira « où va-t-on » je dirai « vers des pays libres et froids où grelottent la douleur et le silence». Elle croira les montagnes escarpées de Russie, leurs chemins tendus, les falaises aux parois creusés de musique et d'hiver, l’ourlet des collines de neige que suppose l’Oural curieux, elle imaginera la neige recourbée des pas du souvenir, les sabots des cosaques qui dans le ciel font monter la marche des abandonnés et des défaits.         J’attends la gloire non pour qu’elle sertisse mon front de ses brillants venimieux et que mes yeux bleuissent d’orgueil beau. J’attends la gloire pour l’entraîner avec moi dans la mort. Arriver devant les portes de la tombe, je lui dirai « passe devant, gloire, il te faut ouvrir le chemin, couper la corde aux frontières ». Naïve comme la femme séduite, ses yeux voilés de gaze embaumée, elle avancera…Oui, ce pays libre et froid se tient très loin d’ici, de l’autre côté du langage, à la froide extrémité des états -physiologiques. Je lui dirai viens, suis ma voix qui tremble et qui hésite, viens au bord du vertige sentir toutes les maladies montantes comme de la lave. Ma vie je la guide dans le libelle, je l’éduque dans l’offense, je la tords le long du tuteur en bois vénéneux et nerveux qu’elle prenne la forme parfaite des forêts maussades où le poison et la puanteur flottent en un ballet infernal et indistinct, où les mères assombrissent de leurs bouches de cendres grises les fronts saints d’enfants ceints de religion. La gloire, je l’emmène sur les terres pourrissantes de la dechéance, où tombent en morceaux ses mains de plâtres peintes en ciel, où ses seins terrassés par la faim, amaigris par l'amour donneront la nausée aux fébriles de l’ambition, qui s’ils voyaient la gloire -que je délierais- surgir aux carreaux de leurs labeurs, la chasseraient d’un cri inquiet, horrifié, l’ambition menacée de l’odeur mélangée du mal et du baptême des rites occultes. Je ferai de ma tombe un étroit appartement où mes chairs pourrissantes se mêleront si bien avec la gloire conquise, que l’on nous confondra, que les temples à sa gloire prendront un peu de mon visage immonde, de ma tête hirsute, coiffée de nuits et de la chevelure cruelle –et bouclée- du poète. J’habiterai plumes, notes, broderies, je serai dans la phrase, le sordide, et la gloire, morte, décomposée en moi, pleurera trois cris de soufre, couleur crépuscule, avant que de disperser tout à fait ce qu’il lui reste de son murmure angoissé. Au frontispice mon visage menaçant, défait, usé, mon visage abandonné de sommeil, creusé partout de sa laideur primitive.
11 février 2011

Bien sûr, que Mirjam me rend vivant, elle aurait

Bien sûr, que Mirjam me rend vivant, elle aurait pu être reine, se décida à être putain, de cette condition, résidu des noblesses du jadis. Putain en tout ce qu' éprouve d’accomplissement suprême dans la déchéance de tapiner, un trône dans la misère, un triomphe dans le désespoir, voilà les hermines en poils bêtes, voilà les couronnes d'acier corrodé, et les châteaux du néant ! Mirjam tapine dans le noir, Mirjam tapine dans le soir, parce que la nuit, dit-elle, « comme ton ombre m’abrite» à la manière d’un porche. C’est dangereux parfois, ça mutile un cri, ça lui pose une main velue de soir, la nuit, quand elle tombe sur des furieux obstinés. Il y a ce type là à l'expression parfaite du corps, aux contorsions étrangères qui avec ses dents lui déchirait les membres et cet autre qui ruait sur son corps comme à travers la peur, qui y faufilait des luttes et des révolutions, dans son pas, dit-elle, vrombissait des usines en grève et la beauté du voyou. Ce danger dit-elle me tient mieux chaud qu’un doigt gercé de réprobation morale. Un coup de poing me va mieux au nez qu'un voile et puis la nuit dissimule les bleus, les pleurs, ce aggrave le visage d'une innocence, ou d'une idée parfois, du hasard des rayons effilés de l'ombre. La nuit ne révèle rien et suggère tout, ses suaires, son sépulcre sont des toiles à peindre de fantasmes, à mettre la couleur que l'on veut aux yeux, d'allonger les cils, de raboter le nez. Elle aime la nuit, dit-elle, parce qu'elle est douloureuse comme la poésie, inquiétante comme une rime hésitante et tremblotant au bout d'un vers. Elle me dit ça, d'aimer la nuit, de se sentir l'ultime syllabe de l'élégie, dans la nuit, au bord du vide, tout près silence, tandis qu'elle jette à la rue des regards mendiants. Plutôt que faire pitié pour récolter son aumône, elle fait envie.  Je lui ai dit que j’écrivais dans le noir « parce que je sais où sont les mots je n’ai pas besoin de les braconner à l’audace d’une bougie, d’une lampe de poche, de quelques flammèches insoucieuses de leurs fragilités, de toutes ces lueurs qui viennent les brûler comme du papier photo en plein jour» elle répond en rigolant qu’elle baise dans le noir, parce qu’elle sait où est le vice. Le reste c’est bien inutile, de se voir c’est de la déception, on est toujours déçu de ce que la lumière révèle, de ce qu’elle pille à l’imagination, de ce visage réinventé sous les doigts qui à l'aube se dessine selon la norme, le canon, le jour qui mange la peau, renfonce les joues, et modèle le fantasme en la triste usure. Le jour broie tout, se répand d'uniforme, la lumière rencontre des géométries qu'elle précise, qu'elle indique, le visage plein du scientifique, tout ce qui est obstiné, incontestable en un mot réel et insuffisant est borné au jour henissant.  Elle me dit que, parfois, elle se permet de brûler une chandelle pour les poètes « moi je ne sais pas où sont les mots J’ai besoin de les voir s'incruster le visage, s'inscrire sur la bougie, se poser sur les pommettes, s'instruire de silence.».  Pour mon pleur sauvage, Une chandelle a frémi. Mes yeux ne battent plus. Ils se sont habitués à la paupière violette de l’insomnie, le monde je le vois à travers un prisme de sang mauve, deux cerceaux de flammes sans fauve. Je vois le monde à travers un cirque chargé de nuits, de rires et de tours. Je vois le monde comme un clown magicien qui tourne vite le sable de la vie pour en faire des diamants sales mais précieux à fiancer aux solitudes. Je le raconte à Mirjam qui s’esclaffe. Elle aime le mot « cirque » elle me dit que ça lui fait penser à des billes qui roulent en désordre multicolore sur la route les forains, que c’est très drôle de voir leurs longues processions de guirlandes ambulantes traverser les villes et partout tacher le paysage. Ce sont tous des clowns, dit-elle, ils sont tous maquillés pour cacher l’horreur de la vie. En coulisses ils se frottent avec des gants d’escrocs pour faire sauter de leurs visages tous les désespoirs qui font partie des hommes. Il faut plaire, et donc paraître, sous la peau fétide, sur la structure creusée de mitraille.  « Je fais le même métier qu’eux, en plus libre, en plus violent ».  Je ne veux pas savoir ce qui l’a faite se mettre nue pour des hommes. Ce n’était pas le désir pas plus que le vice, l’orgueil, peut-être la faim, la faim qui asservit tout, qui brise les hommes mieux que le temps. Peut-être l’époque, même. Encore insatisfaite de n’avoir pu devenir quelqu’un elle s’est résolue à être quelque chose, une reine des objets, un astre immobile au milieu des boules de plastique et des crachats cérémonieux, une fixité dans l’Univers des grouillants, des agités, des corps tendus, de toutes ces choses qui rendent vieux et bêtes. Elle était prostituée comme aristocrate, régnait sur un tertre de puanteur, décrétait ici, réglementait là, la loi dans toute sa forme, dans ce tribunal de liberté, où le jugement sonne sur le pupitre du corps dans le bruit de dix pièces de souvenir qui tonnent. "Condamné, condamné Je te rends à la liberté, je te dis d'avoir froid, d'avoir faim et d'aimer. Je te dis de parcourir à la vitesse des astres la terre, l'herbe, de grelotter contre le corps des déités malades, de vivre sous les ormes rassurants des montagnes, je te dis de te réfugier dans les mots, d'affronter le silence, je te condamne à ne jamais te rendre, à ne jamais céder, jamais abandonner, je te condamne à la dignité éternelle, à la royauté sans abdication ni tyrannie. Je te condamne à vivre sans chaînes, sans entraves, sans retenue, je te condamne à rire et pleurer, à sentir et à vivre." Et tous les jugés, horrifiés, sortent de son corps, livides, courbés. Douloureuse liberté, lourde du poids de l'âme délaissée.  Je lui admets que je ne suis venu ici que pour deux choses et avant que je ne les énonce, tout son être se fait murmure « Les femmes et l'argent ».  Je n'ai pas pu lui répondre tout de suite « Attila Joszef et le hongrois ». Je n’étais venu ici jamais que pour la poésie, la poésie aux méandres de vers et de détresse, la poésie et ses chiens d’enfer aux têtes multiples couronnées de cheveux rois, aux mâchoires de piège. Je ne suis venu ici que pour chanter d’un lange de râles et d’agonisants, pour appréhender la liberté par le cœur, pour la savoir dans un cri souverain de fête qui, ému, dirait aux chaines de faner et aux fleurs de se répartir, de se répandre incrustés de mots, d’espoirs et de volonté, de s’exhaler de la terre morte, de s’exiler de ce bagne salaud qui rassemblait ma jeunesse, élevait de sa ruine maussade la soumission, la servilité et la hiérarchie. Je suis venu ici pour laisser Paris et mes amours desséchés de ma paresse et de ma honte d'être pauvre.  Etonnant de voir le pauvre vivre comme une faute sa seule vertu. Sa seule innocence. 
11 février 2011

Bien sûr, que Mirjam me rend vivant, elle aurait

Bien sûr, que Mirjam me rend vivant, elle aurait pu être reine, se décida à être putain, de cette condition, résidu des noblesses du jadis. Putain en tout ce qu' éprouve d’accomplissement suprême dans la déchéance de tapiner, un trône dans la misère, un triomphe dans le désespoir, voilà les hermines en poils bêtes, voilà les couronnes d'acier corrodé, et les châteaux du néant ! Mirjam tapine dans le noir, Mirjam tapine dans le soir, parce que la nuit, dit-elle, « comme ton ombre m’abrite» à la manière d’un porche. C’est dangereux parfois, ça mutile un cri, ça lui pose une main velue de soir, la nuit, quand elle tombe sur des furieux obstinés. Il y a ce type là à l'expression parfaite du corps, aux contorsions étrangères qui avec ses dents lui déchirait les membres et cet autre qui ruait sur son corps comme à travers la peur, qui y faufilait des luttes et des révolutions, dans son pas, dit-elle, vrombissait des usines en grève et la beauté du voyou. Ce danger dit-elle me tient mieux chaud qu’un doigt gercé de réprobation morale. Un coup de poing me va mieux au nez qu'un voile et puis la nuit dissimule les bleus, les pleurs, ce aggrave le visage d'une innocence, ou d'une idée parfois, du hasard des rayons effilés de l'ombre. La nuit ne révèle rien et suggère tout, ses suaires, son sépulcre sont des toiles à peindre de fantasmes, à mettre la couleur que l'on veut aux yeux, d'allonger les cils, de raboter le nez. Elle aime la nuit, dit-elle, parce qu'elle est douloureuse comme la poésie, inquiétante comme une rime hésitante et tremblotant au bout d'un vers. Elle me dit ça, d'aimer la nuit, de se sentir l'ultime syllabe de l'élégie, dans la nuit, au bord du vide, tout près silence, tandis qu'elle jette à la rue des regards mendiants. Plutôt que faire pitié pour récolter son aumône, elle fait envie.  Je lui ai dit que j’écrivais dans le noir « parce que je sais où sont les mots je n’ai pas besoin de les braconner à l’audace d’une bougie, d’une lampe de poche, de quelques flammèches insoucieuses de leurs fragilités, de toutes ces lueurs qui viennent les brûler comme du papier photo en plein jour» elle répond en rigolant qu’elle baise dans le noir, parce qu’elle sait où est le vice. Le reste c’est bien inutile, de se voir c’est de la déception, on est toujours déçu de ce que la lumière révèle, de ce qu’elle pille à l’imagination, de ce visage réinventé sous les doigts qui à l'aube se dessine selon la norme, le canon, le jour qui mange la peau, renfonce les joues, et modèle le fantasme en la triste usure. Le jour broie tout, se répand d'uniforme, la lumière rencontre des géométries qu'elle précise, qu'elle indique, le visage plein du scientifique, tout ce qui est obstiné, incontestable en un mot réel et insuffisant est borné au jour henissant.  Elle me dit que, parfois, elle se permet de brûler une chandelle pour les poètes « moi je ne sais pas où sont les mots J’ai besoin de les voir s'incruster le visage, s'inscrire sur la bougie, se poser sur les pommettes, s'instruire de silence.».  Pour mon pleur sauvage, Une chandelle a frémi. Mes yeux ne battent plus. Ils se sont habitués à la paupière violette de l’insomnie, le monde je le vois à travers un prisme de sang mauve, deux cerceaux de flammes sans fauve. Je vois le monde à travers un cirque chargé de nuits, de rires et de tours. Je vois le monde comme un clown magicien qui tourne vite le sable de la vie pour en faire des diamants sales mais précieux à fiancer aux solitudes. Je le raconte à Mirjam qui s’esclaffe. Elle aime le mot « cirque » elle me dit que ça lui fait penser à des billes qui roulent en désordre multicolore sur la route les forains, que c’est très drôle de voir leurs longues processions de guirlandes ambulantes traverser les villes et partout tacher le paysage. Ce sont tous des clowns, dit-elle, ils sont tous maquillés pour cacher l’horreur de la vie. En coulisses ils se frottent avec des gants d’escrocs pour faire sauter de leurs visages tous les désespoirs qui font partie des hommes. Il faut plaire, et donc paraître, sous la peau fétide, sur la structure creusée de mitraille.  « Je fais le même métier qu’eux, en plus libre, en plus violent ».  Je ne veux pas savoir ce qui l’a faite se mettre nue pour des hommes. Ce n’était pas le désir pas plus que le vice, l’orgueil, peut-être la faim, la faim qui asservit tout, qui brise les hommes mieux que le temps. Peut-être l’époque, même. Encore insatisfaite de n’avoir pu devenir quelqu’un elle s’est résolue à être quelque chose, une reine des objets, un astre immobile au milieu des boules de plastique et des crachats cérémonieux, une fixité dans l’Univers des grouillants, des agités, des corps tendus, de toutes ces choses qui rendent vieux et bêtes. Elle était prostituée comme aristocrate, régnait sur un tertre de puanteur, décrétait ici, réglementait là, la loi dans toute sa forme, dans ce tribunal de liberté, où le jugement sonne sur le pupitre du corps dans le bruit de dix pièces de souvenir qui tonnent. "Condamné, condamné Je te rends à la liberté, je te dis d'avoir froid, d'avoir faim et d'aimer. Je te dis de parcourir à la vitesse des astres la terre, l'herbe, de grelotter contre le corps des déités malades, de vivre sous les ormes rassurants des montagnes, je te dis de te réfugier dans les mots, d'affronter le silence, je te condamne à ne jamais te rendre, à ne jamais céder, jamais abandonner, je te condamne à la dignité éternelle, à la royauté sans abdication ni tyrannie. Je te condamne à vivre sans chaînes, sans entraves, sans retenue, je te condamne à rire et pleurer, à sentir et à vivre." Et tous les jugés, horrifiés, sortent de son corps, livides, courbés. Douloureuse liberté, lourde du poids de l'âme délaissée.  Je lui admets que je ne suis venu ici que pour deux choses et avant que je ne les énonce, tout son être se fait murmure « Les femmes et l'argent ».  Je n'ai pas pu lui répondre tout de suite « Attila Joszef et le hongrois ». Je n’étais venu ici jamais que pour la poésie, la poésie aux méandres de vers et de détresse, la poésie et ses chiens d’enfer aux têtes multiples couronnées de cheveux rois, aux mâchoires de piège. Je ne suis venu ici que pour chanter d’un lange de râles et d’agonisants, pour appréhender la liberté par le cœur, pour la savoir dans un cri souverain de fête qui, ému, dirait aux chaines de faner et aux fleurs de se répartir, de se répandre incrustés de mots, d’espoirs et de volonté, de s’exhaler de la terre morte, de s’exiler de ce bagne salaud qui rassemblait ma jeunesse, élevait de sa ruine maussade la soumission, la servilité et la hiérarchie. Je suis venu ici pour laisser Paris et mes amours desséchés de ma paresse et de ma honte d'être pauvre.  Etonnant de voir le pauvre vivre comme une faute sa seule vertu. Sa seule innocence. 
14 février 2011

Madrépores.

Je n'ai pas cette politesse du corps, cet ordre bourgeois qui orchestre, lisse, qui organise soi comme une armée sage. J'ai vu des peignes instructeurs passer dans des crinières enragées et leur faire le crin ras comme une mer retirée. J'ai entendu gémir des souliers, le pas lâche de n'avoir pu dépasser l'aube et le sable.
J'ai mis l'anarchie à mon front pour porter comme un titre la révolte, ma couronne je vous la montre, brune de soirs, hirsute et vulgaire. J'y crois voir dans le tard de mon reflet, dans les tâtons de la lumière sur mon visage toutes les faces pétrifiées des fusillés, des abandonnés, des échoués, tous ceux révoltés meurtris par l'obession et pour qui, hélas, l'injustice fit une dague assez épaisse pour passer entre les mailles de la vertu qui leur gardait le coeur. Le crime est un fleuret.
Sur mon crâne de gisantes défaites s'aventurent. Je n'ai pas le visage bien éduqué, poli, reprisé par des mains savantes de coutures. Mon être a les audaces du hasard, d'un corps tissé par les yeux aveugles, la nuit, sans lumière, des broderies inexpérimentées. Comme l'offense, le libelle, et le cri matériel, tangible, devenu matière. Ce docétisme d'un "logos" aventuré jusque l'intérieur de la chair, mon visage, figure du cri, est une bouche ouverte où se déversent les débris du jour.
L'Université se fit la promesse de me rendre à la "conformité" et ne m'apprit que la retenue, la dissimulation. Mes rages savent murir dans mon visage sans rien laisser voir des fruits amers qui s'élèvent en grappe et le calme feint d'indifférence que j'essuie à ma lèvre, sagement assis, est le cours des rivières attentif au tourment prochain qui le débordera. Un mot, et je me renverse. Toutes les habitudes sont des berges à envahir, et pour revêtir l'écrire il faut assez de place dans le ventre pour l'accueil de la lumière et de l'ombre, il faut assez d'espace dans sa faim pour servir de creuset à toutes ces chaleurs délirantes et sauvages que l'Université, le Droit, et les banalités figent en d'immobiles satisfactions. J'ai toujours cru que le savoir pour lui-même, clos comme une secte de l'enseignement, des marchés financiers, des professions assermentées tuait le regard, abaissait la paupière comme une mécanique de théâtre. Lorsque je voyais, pour la première fois, l'une de mes professeurs je me murmurais à moi-même que son métier d'avocate lui avait éteint les yeux, figé dans une éternité décevante le regard, comme une pâleur recroquevillée, capturée par un caillou d'ambre.
Pas de lumière, pas d'éclat, seulement cette terne habitude pour ausculter la réalité, et les juristes sont des légistes. J'imaginais son ventre étroit, trop étroit pour accueillir le jour, et la nuit, pour tituber sur la suture qui dépêche au crépuscule l'instinct de la lumière et à l'aube les deux pauvretés cosmiques : la Douleur et l'Hécatombe.
Ce qu'il faut de détresses pour aimer, ce qu'il faut de courage pour écrire. Je ne veux pas d'enfants, d'être enceint d'une lumière fécondée par les filaments du soir, qui se faufilent, se mélangent, qui se secouent dans mon ventre et forment la rondeur d'une littérature d'échoués, aux bouches sèches comme des algues de lagune.
Ce qu'il faut de courage pour déceler la sensation dans l'hideur d'un mort, et la jaillir des yeux pétrifiés comme des fossiles, des yeux gris des intellectuels et leur couleur de grenier de n'avoir eu le vivre que dans l'émotion calculée, qui se trouble pour se paraître profonde, qui se mélange pour se croire mouvante. Creuser avec les dents le corps amoureux jusqu'à temps que les yeux saignent leurs eaux lustrantes et les mains pleuvent des caresses comme des sémaphores engloutissant de leur foulée l'un peu de nuit que renversent la peur de mes rimes.
Mais c'est toujours le silence plat, les cartes sans relief et les cavités faites pour les mains molles des spéléologues, je veux vous dire cet endroit dans moi plein de recoins et d'abîmes qui semblent aux radiologues une grotte, où le sommeil s'asphyxie et les yeux s'écarquillent, je veux vous dire cette musique qui se replie comme un vent de chiffon qui chante dans mes entrailles, et le sang que déplore mon coeur jusqu'à la souche de mes muscles, jusqu'aux creux de mes os, dans les falaises virtuelles de mes forces. Je veux vous dire ce qu'il y a de paroles dans la conque d'un intestin qui remue sa bizarrerie dans le mât dissous de la mer, et le mouvement cadencé des madrépores aux boucles calcaires et aux légendes de coquillage, le monde se forme entre les deux colères des amants comme un vase dans les deux mains du potier, et l'amour actionne le mouvement des pédales qui paralyse l'argile. Dans moi il y a le bruit épaissis de peur du pas qui fuit la déroute, et le pigment de la chair qui racle et frissone, je porte dans ma peau l'ombre de toi comme un orphelin recueilli en retrait, comme un souvenir incertain. Je te porte dans moi comme une douleur lointaine  à l'écho muet que je sens la mienne malgré le silence de mes nerfs fêlés et cotonneux. Je te chéris, et je visite des yeux où les pleurs immobiles sont les eaux stagnantes des marais, qui traitent une sale odeur de détritus dans leurs tristesses d'usine, et je veux t'inviter dans le ballet des métamorphoses, dans l'harmonie disjointe d'une caresse pointillée qui reste suspendue dans les synapses phréatiques, dans les articulations rejointes en maladie. Et derrière, derrière comme une procession dans la carriole  du titubement traînent et ahanent cette armée de croisés perdus, ces ligaments êtres humains, que sont la vie, la dérision, le chaos, et toutes ces choses qui ne me suivent que de loin, qui ne peuvent pas se faire au leste pas du révolté qui s'élève et qui s'enlève.
Mon écriture me retranche du monde où mon masque -diplôme calqué sur la face- me fait entrer. Mon écriture est le départ, l'insulte de ces endroits d'immondices où je sais intriguer, et mélanger mes fluides à des autres fluides, et me faire payer les luxueux émois. Mon écriture c'est ma solitude, sous le masque où la félicité chante ses barioles de couleur, ses humeurs d'orchestre, ce climat personnel comme sous la tunique touareg. Je m'isole du monde qui n'en sait rien, me parle, et se divise dans moi, il se répand avec ses claquements de dents, et ses espoirs de fortune, toujours à se rêver des destins sans mériter de futur. Je me tiens bien chaud, avec moi même et cette chose de toi que je te gratte, que je te prends, imperceptiblement du geste parfait du voleur gardé par la cape des nuits, que je te prends, que je te garde comme un emprunt, ou un coffre. J'ai sacrifié la gloire, l'argent et la carrière pour la liberté, toujours affamée de ces sangs qu'on trouve glacés dans les veines du siècle et du présent. J'ai parcouru des liesses et chanté l'ahellil algérien, visité les tombes de sable dont le vent portait en murmurant leur souvenir d'avoir été des marbres funèbres. Le vent dépose sur le sol le râle des djinns et des génies qui au désert suffoquaient et dont les cendres ont fait les étendues de sable et les mirages, survivances de leurs maléfices comme la brûlure n'abandonne pas le cadavre des méduses pour vivre son existence propre de mal et de pourriture. Toute illusion porte dans son sein le remord d'un enchantement oublié dans le temps, qui s'y faufile comme une âme perdue, comme une mânes.
Je pense à toi toutes les nuits à l'heure du sommeil, et j'allume dans ma tête le souvenir de tes yeux pour me garder de tous les sortilèges et chauffer d'un peu de lumière le corps blanc du désespoir, où la lumière dérobée s'assimile, par ces bouches que sont les pores, à la façon d'un aliment d'ordinaire. L'étais qui soutient mon pas, je te jure que depuis janvier c'est te retrouver, quand j'abandonne le costume de papier qui me fait saigner les dents.
Ecrire et aimer sont les deux plis de mon existence. J'ai jeté en arrière moi bien des filles-souvenirs en verre pour le seul plaisir d'entendre leurs voix se fêler en pleurs, j'ai jeté ces quelques mots à la figure de la nuit, j'ai vidé un verre de nausées à son visage sec.

25 février 2011

Les gravures de l'aube

Je ne suis pas des liaisons, je ne suis pas des accords, des déclinaisons. Je ne suis pas d'accord Je ne suis d'accord avec rien. Je refuse tout. Comment peut-on accepter. « OPINER ». Ils opinent. Toujours. Oui. Oui. C’est combien ? Ton salaire, c’est combien, tu mesures combien, les comptables sont des arpenteurs. Ils comptent, ils mesurent, « il faut être heureux » sinon, sinon c’est l’échec, sinon c’est l’inquiétude. Tu veux un peu de mes nuits ? Tu veux vivre. Entre deux et cinq heures, sobre, épuisé, le monde se laisse faire. Et toute la nuit je m'agite Ce mépris des visages.  Nier par les yeux Il y'a ceux qu'on ne revoit jamais Mais mais mais je me souviens de l'odeur des Craven A dans des fume-cigarettes en bois Je voudrais t'écrire sans que tu lises tu comprends je voudrais t'écrire comme on tient un journal et sans que tu comprennes vraiment ce que je veux dire Je les vois vivre, cumuler les rapports entre dominants dominés Je les vois venir les trains qui ne s'arrêtent pas devant moi les trains qui me rentrent qui me rentrent dans le ventre L'acier qui déraille sur mes dents J'ai les dents rouillées je n'arrive pas à capturer la lumière des trains qui ne s'arrêtent pas comme si comme si j'étais tellement faible tu sais tellement faible que je venais me noyer dans n'importe quels yeux de nylon bleu. N'importe quels rails Ce que je vois là c'est la mer l'horizon vide et clair Mais je pense aux trains Aux nombreux trains que j'ai du digérer si tu savais Bricoler mon énigme j'ai déjà essayé. Retrouver les bras ouvert d'avoir vu en face le parvis de ton dos soûl, de tes mains effrayantes. L'aube étonnante n'a jamais été aussi légère Une femme tellement ouverte Et qui n'a jamais trouvé Un compliment tout au plus Monsieur vous en faîtes tellement trop j'aimerais t'écrire comme un dialogue de sourd Ne me demandez pas de comprendre. Je manque de courage. T'as peut-être l'impression qu'ils sont tous autour de moi c'est pas vrai. vraiment les beaux jours ça s'allume avec quels yeux ? Je suis fatigué de défigurer les visages Je suis fatigué tu comprends de frapper les yeux avec des artifices Des besoins différents en littérature oui Tellement facile Si j'ai besoin de relever mes cheveux Oui J'ai tellement chaud de mes blessures J'ai tellement chaud de mes blessures J’aime que le bouquin me résiste. Que mon écriture te dérange. C'est pas l'image qui est importante Oui je tiens la main Je ne suis pas obligé de te regarder Elle n'existe pas D. Je tiens la main d’une ombre parce que c'est tellement douloureux l’absence Parce que c'est tellement tendu tellement nerveux tellement Pas pour moi Maman pourquoi tu parles de problèmes Si je suis obligée d'enlever mes vêtements pour ouvrir le livre. Si je m’allonge dans la salle de bains pour réciter la poésie. Laisse-les me regarder Ne ferme pas les portes Laisse-les Est-ce que j'ai chaud à ce point La mer ça commence dans le ventre ça commence à peine la mer pour moi ses vagues mauves Une main dans son sel Un bras vers son ombre Qu'on décapite qu'on décapite Vite qu'on décapite mes pâleurs. Mais de mon amour qu'est-ce qu'on peut en faire Des livres bon marchés Des poèmes singuliers De la littérature de la littérature vite il me faut de la littérature Décapitez putain décapitez J'ai la mer qui me monte jusqu'aux genoux Elle n'atteint pas plus haut Je suis impossible aux éléments ils ne me reconnaissent pas Avec tes yeux t'as avalé toute la mer ; tu ne me vois pas. Vite une parole Un livre Un auteur Vite un mouvement littéraire qui vienne m’enlever Je laisse mon bras tendu comme s'il y'avait un revolver qui m’avalait au bout Je laisse ma main dans l'eau Et les empreintes c'est pour les pauvres Qu'est-ce que j'ai retenu ? Vite vite oui je sais il faut répondre vite Ce que j'ai retenu Des jours des jours des jours entiers putain des jours qui s'entassent des trains qui me rentrent dans l’abdomen Qu'est-ce que je raconte Rien Je vous réponds C'est fou cette exclamation Joyeuse en vous C'est fou ce dos si fin si fragile On vous voit Mademoiselle On vous voit complètement nue Arrêtez de vous cacher Encore quelques instants à patienter C'est fou ce dos Avec des jours comme ça comme vous dites Des jours vécus tellement différemment des autres mais montrez-nous votre différence Mademoiselle C'est fou ce dos si intact Je ne vous crois pas C'est fou de dormir la nuit c'est fou Je ne crois pas aux fous J'ai le temps de peindre n'importe quel mur misérable Tu comprends pas que je t'écris Tu comprends pas que j'en ai rien à foutre d'eux Que j'en ai rien à foutre de ma façon de m'exprimer Tu comprends pas J'ai trop d'écarts d'envols dans l'oeil droit Est-ce que je peux me gratter l'oeil C'est fou votre dos Mademoiselle On dirait qu'un oiseau s'est écrasé sur vos omoplates Comme des traces d'ailes minuscules complètement malheureuses. Je ne crois pas à ton bonheur, je crois à ton éducation, je crois que tu es interdite, interdite, aux mélancolies. Tu appelles bonheur, joie, ta mélancolie. Lance-moi ton art privé dans la colonne vertébrale Tu verras si je suis fragile Lance ton art privé puisque tu veux pas le partager Ecrire non mais franchement quelle idée Tu crois que je suis capable d'écrire Vas-y envoie de toutes tes forces ton art privé. Ils arrêtent pas de dire que c'est fou ce dos tellement fou Tu les entends d'ici ? "Tellement fou" avec leurs petites voix à terre leurs voix tellement à terre tellement concrètes que je les sens "c'est fou fou fou fou fou" tu les entends n'est-ce pas ils font tellement mal avec leurs voix tellement pâles mais qu'est-ce qu'on fait ici ferme les yeux écoute écoute écoute écoute écoute les voix elles font tellement mal tu le sens tu le sens là ça te fait mal ? Ecoute "c'est tellement fou ce dos" alors balance Balance ton art privé privé de moi privé A chaque fois que je me déshabille je pense à une tragédie. Chaque fois que mon corps doit se mouvementer je pense à une douleur futur Je pense à un déséquilibre quand j’attends la littérature pour venir la décapiter La littérature qui qui qui rompt l'équilibre Je dirais des choses que les autres n'ont jamais dites C'est sur Je ferais tomber toutes les peurs La lourde liberté s'étend dans le sable Je le sens dans mes chevilles prêtes à courir tout les déserts c'est la liberté c'est la liberté mais je peux je peux je peux pas me retourner ils vont m’avoir, ils vont me mettre du travail, ils vont me mettre une femme, des enfants, ils vont me mettre des normes, ils vont m’éduquer, je ne veux pas, mes boucles sauvages ne veulent pas « Jonathan il faut que tu te coupes les cheveux » couper les cheveux ça veut dire « oui », ça veut dire accepter, ça veut dire renoncer. Ce n'est pas la poésie qui fera mon portrait Et la mer la mer la mer comment on la fait venir jusqu'a la gorge Comment on peut te faire comprendre que c'est à toi que. A toi que La mer se noue Toute la mer du monde dans tes yeux et si peu à mes pieds T'as tout pris tu l'as bu Mademoiselle partez, on a trouvé une phrase tendez votre cou On va décapiter C'est fou j’ai trouvé une phrase libre: Je t'aime Mais j'ai pas peur tu sais, de vivre les veines ouvertes aux sentiments.
28 février 2011

Aveugle

 

J'ai un oeil qui tombe sur le béton, il glisse le long du trottoir de la place Wilson. Celle qui ressemble à un gros ventre rond. Avec son cinéma et son pays pour personne. Comme une bille fruitée, l'oeil roule le long du corps, comme un diable transparent, on pose les doigts sur les lèvres. Cette serrure que l'alcool entrouvre. L'oeil va à la rencontre. Je suis hors du monde. Nous sommes hors-norme. Le pèlerin au baton manquant, pour rosser, pour cogner. Je ne connais plus mon sens. Le sang est tendu, et j'entends la vitesse du ciel qui déconcentre les artistes de l'amour. J'entends les mots enfumés. Je te vois. Non, je ne te vois plus. Je t'ai vue. Et c'est terrible de dire ça. Je t'ai vue. Oui, je t'ai vue je te cherche. Tu es peut-être là pourtant, je ne sais pas, je te vois. Tes courbes sont floues, mon ombre est morte. Je voyais, ton visage comme un jour qui se lève, je te voyais. Fureur. Je t'ai vue, et tu n'es pas passée, tu es entrée. Entrée. C'est comme se lacérer le corps au dessus de l'émail et ne pas saigner assez. C'est la gorge de diamant dans le langage du rire. Je me frappe mais ça ne fait pas mal. Je me cloue des nuées lumineuses sur la lèvre. Si je ne te vois plus, c'est que je ferme les yeux ? C'est que tu es sortie ? Tu vois, je te vois encore, là. Tu pourrais voir pour moi. Tu pourrais. Moi, je perds la vue, doucement peut être mais je la perds. Tu entends mon oeil qui tombe sur les pavés roses ? En miettes. Je ne vois plus que toi. J'ignore l'empreinte du monde sur mes paupières. Je te vois qui presse la pulpe de mon iris Je te vois, et c'est étrange parce que je ne sais pas où poser les mains sur toi. Ca dérape. Tu es la scie à mille dents. Je suis dans le noir électrique. Alors parfois tu recules, mais je te vois, tu comprends. Je ne sais pas où je pose les mains. Et si je te mords ? Tu me le pardonneras ? Des coups de poings de fièvre amoureuse. Je vois dans le noir. Ta voix fait écho dans mon geste. J'ai un soleil qui s'enfante dans le ventre depuis cinq heures et huit minutes du matin le 5 janvier deux mille onze. Je suis perdu, comme l'enfant, comme l'étoile, comme un portrait. Et c'est difficile tu sais, de reconnaitre tes saisons dans mes brasiers. J'essaie, pourtant, et je rêve la langue que je broie ? Et ça m'effraie, cette assurance, c'est comme A qui lance des cailloux et qui n'entend pas le bruit. Le bruit de la chute. Elle n'entend pas, pourtant elle lançe fort. Elle s'effraie. Ses muscles comme une petite robe dans la neige sous le lit. C'est comme le soir, là, qui voit les cailloux s'épuiser vers le fond de la mer morte sans bruits. Je te vois, et le parfum dans le cœur poreux. Et quand je me console , je ne sais plus quel nuage fondu je console. Et quand je dis « c'est beau l'amour », cette putain de poésie, j'ai raison . Je suis dans le corps du temps. Je t'ai vue, je te vois. Je frappe et ça m'aveugle. Parfois, tu dis qu'il ne faut pas, pas ici. Et là ? Et là, je peux ? Je ne vois plus. J'ai de la vitesse dans mon sang, cette nuit là, un loup en ruines dans l'assiette, une cave interdite. Je suis sans jambes, qui titube devant la Reine sablée, devant nos yeux gonflés de violence, qu'un éclair de lune n'a pas pu calmer. J'ai jeté mes cheveux par la fenêtre, garçon de rien, garçon de toi. Et j'ai le sang blanc comme une hirondelle chassée en plein vol. Mon oeil escalade la rue, dans laquelle, en pleine nuit, dans le noir, nous nous sommes violés de minuit, nous avons bu minuit, et ivre de minuit, mes gestes étaient sans images, je te sens mon amour violent.

 

24 septembre 2011

Nous sommes passés, que pouvions nous faire d'autre ?


Tous ces prénoms grotesques je les ai sur la peau gribouillés et pourquoi sinon que m'en faire une stèle de chair et de voix. Cette effluve incolore d'amours qui n'en furent pas. Ces idées trop mal-élevées pour sortir de la rue.

J'ai vieilli et je croyais dans les joues des filles mettre par mes dents, ma vie, je croyais par mes actes mettre deux fois mon nom dans l'Histoire. Être certain d'avoir été. Rien. Rien. Rien. Et trois fois ce mot revient dans la marée. Rien. Rien. Rien. L'eau se fiche de tout ça. Les gloires suffoquent là-bas dans le large, le phare les ignore. La mer les couvrira de ses baisers pâles, de ses langes de deuil. Rien. Rien. Rien. Nous n'avons rien été.

Déjà il est très tard dans ma vie, et derrière moi qui peut dire ce passé ? Mes yeux se sont usés sur ces corps balbutiants le plaisir et le courage. Il fait si noir qu'on ne trouve déjà plus la trace de ma vie, mes souvenirs. Il reste l'éclairage public, la mémoire publique, et tous ces corps qu'interroge la froideur du regard. Qu'est ce que je fus ?qui peut le dire, mon corps est trop vieux, mon cou est trop dur, je ne peux déjà plus me retourner. Quelle certitude d'avoir été, quand la jeunesse est un mirage. Quand mes vingt ans sont un regret. Ce n'est plus ma rue ; ce n'est déjà plus ma vie. Et ce chemin ne se fait qu'en un sens qui vous courbe le cœur.

Tout le long de la course nous entendions rire des ombres. Et la vie, et la fête, et nos semelles en voilaient l'obscurité . Nos pas ont ralenti ; Nos rires ont baissé. Tous, moins nombreux.
Ces ombres suivent ma solitude. Je ne comprends pas leurs yeux. Ils sont incrustés, joyau maudit, dans mon souvenir.

Que reste-t-il de nos rages ? Des yeux aveugles, des mains fébriles, et la peur quand le vent ridé secoue nos volets. Le silence ne sursaute plus à notre passage. Nous étions fiers ; nous sommes misérables. Que s'est il passé ? La vie, la vie, la vie. Trois fois, et ce n'était pas assez que vivre si fort.

Ce n'était donc que ça d'avoir des idées, que ça que d'agir. De se rendre là-bas, sans jamais se rendre. Nulle part, nulle part, nulle part. Et c'est pour ce devenir là que nous avions serrés nos poings, barricadés nos joies ? Et pour nos songes combien de larmes, combien de crimes pour un seul rêve, pour un matin qui n'était qu'un soupir, qui n'était qu'un répit. Pour devenir de cet âge là, immobiles dans la nuit.

J'ai couru dans la vie, et ma course renversait les petites filles fragiles, les joues de porcelaine, combien j'ai rué pour arriver là où je suis aujourd'hui presque de l'autre côté de la vie, à l'autre extrémité du silence, où la nuit se racle la gorge et apprend son texte.

Et nous avions des voix je crois. La vie nous les a prises. Reste ce murmure, cette bouche morte, ces lèvres fines, diminuées, de tous les cris poussés. Ce cri devenu le gémissement, gémissement et c'est tout notre corps qui te traîne. Nos genoux, nos lèvres, nos paupières et nos doigts te récitent. C'est mon avenir que tu entends se rompre quand une syllabe monte plus haut qu'une autre. Nous avons fini de croire. Je plie le genou. Tu entends un crépitement. Nos espoirs brûlés.
Que reste-t-il ? Le sang à nos paumes même s'efface...l'encre de nos idées est toute bue. Il nous fallait une dernière ivresse. A Grenade, à Paris, dans nos cafés, dans nos chambres, sous nos uniformes, nous l'avons bue et nos lèvres pourtant n'ont pas changé de couleur . Nous avons attendu une longue nuit que le soleil de la victoire nous éblouisse. Nous avons attendu d'être aveugles. Et nous le sommes devenus. La nuit a posté son ombre alentour de nous. Nous tremblons sans plus l'excitation de nos premiers périls, nous tremblons de cette nuit, de son gros doigt posé sur nos bouches tombantes. Qu'il est triste d'avoir cru, qu'il est triste de ne plus croire. Demain se fera avec d'autres idées, d'autres révoltes, et ceux-là encore attendront ce soleil que nous ne vîmes pas, et ceux-là encore ne pourront tourner la tête à l'heure noire. Nous ne serons pas là pour leur dire qu'il est vain d'attendre, nous ne leur pourrons rien transmettre de n'avoir été rien.

26 septembre 2011

Ce prénom qu'entrechoquent les enfants.

 

 

Oh ma petite, oh tes yeux doux, oh la douleur qu'il y a dans qui à ton cou s'éteint, s'éteint et il y balbutie une lumière étrange. C'est ta peau qui bleuit, c'est tes veines qui s'y montrent. Et cet argent à ton cou dans sa maille frissonne et de ce teint malheureux on comprend tout ce que tu as captivé de sourires étrangers. Pour cet éclat, oh petite, oh petite, combien de rires se sont tus ? Combien de salives frelatées ont mouillé leurs lèvres-mères ?

Tes talons sur le parquet du monde inondent, inondent, buée de sortilège, et tu entends, c'est le point du jour qui éclaircit sa voix, c'est l'orage dans l'enclume qui libère son cri. Dans la poussière du matin. La brume, la brume, c'est la poudre qui titube du visage maquillé de l'aurore. Oh, ton prénom, oh ton prénom, souvent je le fais hurler à qui n'entendra pas. Ton prénom que je murmure dans le mouvement de mes doigts fins, de ces gestes de poésie amaigrie, dans le balancement de mes mains adroites de t'écrire. Ma vie je l'offre, je l'offre à la nuit, aux yeux sobres, je l'offre à qui n'a rien vu du miracle et du rugissement muet dans toi, aux rouages plaintifs, aux veines pleines de fleurs incertaines et de larmes incrédules. Et toute ma faiblesse dans le croassement de mes paupières.

Je veux que tu détaches de ta lèvre cette perle que le baiser, je veux que tu brises ce collier d'amour trop bien tressé, cette nudité de manuel. Décoiffe ta vie. Décoiffe tes façons, laisse toi faire par l'hystérie du jour neuf. Ta peau gorgée de mythes, j'y croque ce que tu voiles, j'y bois ce que tu saignes. Liqueur secrète par la colère tirée. Tu découvres déjà comme ça peut fondre vite une vie sur la langue d'un amoureux. Hostie humaine, miette de couleur.

Si tu te lèves de la politesse, tu peux tout faire. Tu vas, déranger le paysage, dégrafer le corsage des constellations et les faire pour nous s'écarquiller les flancs -ardents. Défais de ton rire tout ce qui n'a jamais puisé au désordre, je dis les arbres, les professeurs, je dis la science et les jours sages de septembre. Pleure dans ce lointain. Tu affaisses du mouvement grave de ton œil trahi, l'horizon. Il penche comme le bout du monde où la joie bascule dans le noir et s’enténèbre. Où les mains tâtonnent et butent sur le vide. Je veux voir cette autre lumière que le monde prend si tu y entres, si tu y hurles si tu y aimes. Donne lui un fragment de la vie que tu abuses, donne aux roses contrefaites les saveurs amères de tes cheveux teints de siècle, entre dans les Eglises les mains chargées de magnolias, et annonce la vraie nouvelle. Tu es là, et tu vas, sur toutes les bouches croyantes, mettre un baiser, sur tous les visages endormis, les cernes immenses de la littérature, dessiner.

Et moi, quand tu feras tout ça de ta vie, quand toute ta grâce irritera le ballet, quand toute ta vie aura pris sa note à l'Opéra, son teint à Chopin, moi, moi, et bien je me rangerai avec la nuit dans le réduit où elle apprend son texte et sa larme. Je me mettrai à ses côtés pour travailler les pleurs, pour devenir la peur, le silence et puis cette ombre, cette autre que toi même. Je dirai, quand toute la gloire t'aura fait une robe de mariée, qu'autour de toi l'aubade des merles te fera une traîne, je dirai regarde moi s'il te plaît. Tout le monde t'écoute vivre, alors il faudra me voir suffoquer. Et je mettrai à mon agonie toutes les fleurs tristes que la rosée ignore, je ramasserai la peur des orphelins, je gonflerai ma voix et mon cri des lois qui assèchent l'enfance. J'emplirai mon poumon de ces eaux malades où périssent les noyés. Jusqu'au bout je serai un spectacle qu'on insulte, jusqu'au bout je serai une scène qui outrage, et, de transformer l'estrade en catafalque, le scénographe muera en curé. Jusqu'au bout il faudra me regarder m'étonner sur le parquet invisible de la mort, regarder mon corps atteindre la transparence. Trois fois, trois fois de mon agonie le râle jaillira, et trois fois la marée avec moi engloutira le ciel. Trois fois les arbres pencheront les doigts dans la nuit . Trois fois, ton prénom dans moi resplendira.

Tu sentiras toujours bon maintenant. Tu sentiras le vent frais de la nuit, l'haleine de l'excès, tu sentiras le vin renversé de la fin des noces. Tu iras dans toutes les fêtes, tu ouvriras tes grands yeux plein d'impressions hirsutes, petit cinéma muet. On y verra le sexe tendu de Jean Genet, et les vieilles filles diront « c'est de la pornographie » et tous les autres auront dans le soupir ce mot insensé, et personne ne saura que tu es petite fille dans des pose de Madame.

C'est déjà la fin. Le parapluie se referme. L'eau fait briller le trottoir.  C'est déjà la fin. Et dans cette chanson le destin venu se mirer part sans un mot esquisser. Et il devra leur dire pourtant à tous ceux qui veulent encore un nom. Il devra leur dire ces enfants changés en pierre au toucher du désir.

Son pas n'est plus rien. Son pas qui était fredaine, qui était insolence. On le trouve déjà, sur ce banc, dans ce jardin enclos, à mendier, il a faim d'espoir, le destin, le ventre si vide qu'il gargouille de peur.

25 décembre 2012

Sachez la foudre par coeur 2

Sachez la foudre par coeur enfants de la tragédie. Touchez par vos mains brûlés chers enfants, voyez par vos yeux brûlés chers enfants. Jetez vous contre ces femmes, débris insensés de la lumière. N'acceptez de philosophie que prononcée à quatre du matin par les vitraux. Récitez l'amour en comptant un deux trois vos brûlures les lendemains de la peur. Trouvez votre reflet non dans l'ondée tranquille des lacs mais dans les incendies de forêt. Dans le crépitement entendez votre pouls, chers enfants, chers et douloureux enfants. Enfin, à la fin de ce drame, à la fin de vos pleurs, à la dernière cendre étrange de votre bouche, alors enfin peut-être vous aurez aimer. Dieu, l'infini, un autre mirage.

 

14 novembre 2013

Description

Une chanson passée un air démodé
Un baiser le soir doux comme le soleil à l'aube
La voix du promeneur et le rire de l'amante
Ah je suis beaucoup en même temps cette sorte de clair obscur qu'on appelle du nom étrange d'éclipse pour dire que c'est à la fois le jour et la nuit
La peur et la joie
Je suis comme ça un grand rire peint avec les mains
J'aimerais vous dire le crépitement du jour en moi chaque fois que je reve et vous dire mieux encore la buée des baisers sur la peau
J'aimerais vous le dire un matin quand le café fumera dans la tasse et le ciel n'aura pas encore découvert tous ses secrets.
J'aimerais.

18 mars 2011

Tes dents trébuchent dans ma bouche.

"Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine 
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles, 
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages."

Robert Desnos - La voix in Contrée

 

 

Je te déteste, je me défaits de toi, de mes souvenirs, de ton odeur de linge propre, de tes cheveux gras, je me défaits de ta main qui ne prend jamais la mienne, je me défaits du nom de ta ville qui me fait trembler, de ce trouble-là, de tes yeux immobiles, de ton sourire rentré, je me défaits de moi avec toi, pour rien. Je me défais de toutes les filles de mes agonies. Ce soir je ne bois pas, et demain non plus, je ne ferai rimer de peur aucun ventre. Adieu Anne, Adieu Marion, adieu Camille. Ne viens pas s'il te plaît demain, ne viens pas voir ma honte, ne viens pas voir mon visage gribouillé d'encre noire. Fais comme si tu ne m'avais pas connu, ma Camille. J'abandonne toutes les filles pour espérer abandonner le désespoir. Je ne veux plus être écrivain, mais c'est trop tard. Je suis piégé dans un habit noir, on dirait que je suis un croque-mort. Mes mots assassinent.

 

En Afrique du Sud, les gens n'ont pas d'argent,

alors ils ne peuvent pas entrer dans les hopitaux et ils meurent à la porte.

Dehors, les petits Africains qui passent sur les trottoirs,

continuent de chanter et danser en faisant allez des petites gourmettes d'argent à leur pieds.

Il y aune époque amoureuse qui attend que tu marches à côté de moi

Pourquoi tu ferais ça ?

Penchée aux persiennes lourdes de matinées.

Ce serait si facile, si nous savions tout dire. Si l'on savait les mots sur nos ressentis. Moi qui voudrais t'écrire, pour te faire vivre, si seulement je savais. Mais dès que l'instant passe, l'attente est longue. Les mots doivent traverser les bois épais, en frôlant les roses ignorées, en se dressant aux sommets des arbres pointus, et caresser les herbes éteintes. Les gens autrefois, avaient de la force. Je le sais. Je le sais parce que je l'ai vu. J'ai vu les femmes qui savaient aimer.

Elles, reines. Les reines perdent leurs regards, dégrafent leurs longues robes inutiles, et se jettent dans les fleuves sales. Je les ai vus marcher vers moi. Elles prêtent leurs couronnes, et renversent leur cheveux dans une eau verte d'algues. Leurs corps pâles se dessinent avec le mouvement de l'eau, tout à coup, elles n'ont peur de rien. Elles deviennent, végétal vénéré. Parodie de tendresse. Tiède comme la colombe qui vient d'être abbatiale. Molle comme la chair concernée. Les cieux tombent sur les épaules, les Dieux leurs glissent le long de la poitrine, l'amour enfin amadoué le sexe, le minuscule palais s'accroche sous l'oxygène, se noie dans la clairière salée. Nous, nous prenons des mains dans nos mains sans en retenir la forme, le moment effile nos cachemires, le moment mouille nos laines solitaires, le mouvement s'enroule autour de nos talons informes, pour faire virevolter nos corps dans toutes les capitales illuminées. Nos corps passent dans les rues, nos corps passent dans les corps. Nos corps défont les lits des autres, des lits qui seront toujours refaits proprement le lendemain, des lits que nous retrouverons toujours vides, et sans traces ni plis. Les lits de mes pensées où tu n'es qu'une idée. Nos corps passent sur les plages, entre les vents. Le moment fera glisser nos corps entre les nuits et les jours, pataugeant entre un coucher de soleil et un aurore. Le moment entérinera nos corps contre des vitres et sur des tables. Nous habillons nos peaux de différentes haleines, sans en garder le nectar. Nous nous penserons chanceux, entre des bras dont ne nous retiendrons pas la puissance. Nous saisissons des rêves, qui, à peine soupirés, s'envole avec nos cheveux. Moi, je les ai vues les reines. Elles se sont immobilisés dans leurs nageoires, et nettoyaient leurs masques avec leurs doigts si vivants qu'ils dansent sur leurs gestes. Elles ont recouvert le jour de leur humilité collante. Elles ont chargé les bateaux de leurs tristesses, ils s'en sont allés vers nos larges humaines, et les ports sont devenus sombres.

Tu sais, comme une lampe électrique qui grésille avant de s'éteindre.

Elles descendent de leurs trônes précipitamment, se prenant les pieds dans leurs tapis rouge, elles ne chantent plus devant leurs miroirs. Si seulement l'on savait, les mots qu'il faut écrire, si ont pouvait les connaitre avant de les comprendre, les arrêter entre deux arbres qui cachent la lumière sur ta peau d'épouvante, ces matins-là. Mais pourquoi tu ferais ça ? Quand tu te penches. Pourquoi tu ferais ça, dis-moi ? Pourquoi tu sauterais de ta fenêtre en tenant les extrémités de ta robe blanche par le bout des doigts, pour que dans ta chute, je puisse y apercevoir moi aussi, un petit bout de ces reines. Que j'ai vues, mourir d'amour. Ces reines, je les ai vues cigarette à la bouche, au fond du café, qui de leur petits doigts de pêcheuses caressaient le bois des tables comme je les imaginais caressant du bout des doigts, ces rivières sales. Nous, ne savons pas dire. Pourtant ce serait si facile, dans ce que je t'écris là, de dire "il suffirait qu'on s'aime". Les reines, ont saupoudré mon visage de leurs fumées, et l'une d'entre elles a dit "Tout ça, c'est parce que j'aimais".

Entre nous il y aura toujours une reine d'autrefois qui sera là, au fond d'un café, pour nous rappeler que seul l'amour nous rend entier. Pour toute la nuit qu'il abrite.

Un midi, que tu auras des secondes à toi, rejoins-moi place de l'Uruguay, où je viens lire et écrire. Où les passants se disent « c'est indécent d'être aussi vivant ».

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