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boudi's blog

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22 mars 2012

Rossignol au chant de sang

Je boirai de mes yeux matières Le rossignol égorgé à minuit Les soleils fusionnés Au creuset de ta fièvre Je ferai de mes mains la métaphysique  De l'amour De tes reins l'engrenage de la littérature  Te toucher, t'aimer, c'est te profaner Vertige, Insomnie de tes yeux de vitrail La couleur des fleuves amaigris Si seulement aimer pouvait être un acte Ce serait le plus courageux Le ciel est émouvant maintenant qu'il est un miroir. 
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15 mars 2012

A CETTE AMOUREUSE QUE JE N AI JAMAIS APPELEE AUTREMENT QUE DANS SON LINGE DE FICTION "D." CE NE VOULAIT RIEN DIRE D? VOILA TOUT

DANS TA BOUCHE JE SUIS DEJA MORT
CETAIT IL Y A LONGTEMPS TU NE TE SOUVIENS PAS
JE N AVAIS PAS ENCORE CE VISAGE LA J AVAIS DES PAUPIERES D ALLURE ET DE LICHENS
DES LEVRES D INCANTATION J ETAIS TOUJOURS FAIT POUR LE CARNAGE ET PARTOUT ON DISAIT C EST LA GUERRE LA GUERRE LA GUERRE ET ON PARLAIT DE MOI DANS TOUTES LES INQUIETUDES
JE M APPRETAIS A DEVENIR UNE COMMEMORATION
MAIS
JE SUIS MORT DANS TA BOUCHE C ETAIT AVEC UNE AUTRE BOUCHE QUE CELLE QUI TE PRETE UNE VOIX DESORMAIS QUI TE MET DES BAISERS PAIENS AUX DENTS
TU PORTAIS MES CERNES COMME UNE LINGERIE FINE DE CE TEMPS LA
ET MA MORT A MOI TRAINAIT MON IMAGE DANS UN MIROIR DE LARMES
CES JOURS LA JAVAIS DES YEUX DE REFLET et DE MIRAGE
DES YEUX VAIRONS DES YEUX DE SACRE
JE SUIS MORT AVANT D EXISTER

JE N ETAIS SELON LA LUMIERE QU UNE ERREUR
ET SELON LES FOUS QUE LA FOLIE MEME
J ETAIS MERE AVANT DE LE POUVOIR
ET MES FILLES N EXISTENT QUE POUR TOI
JE LEUR AI DONNE TON REGARD DE PIERRES FINES DESOLEES
ON LES TROUVE DANS TOUTES LES BOUCHES D ENFANT
MINUSCULES ET FRAGILES

TU NE TE SOUVIENS PAS SUREMENT DE LA MORT ET SA DEMARCHE DE DIAPOSITIVES
COMMENT POURRAIS TU
CE JOUR LA TU N ETAIS QUE LE CHAGRIN TU ETAIS AVANT DE TROUVER TA MATIERE PRETENTIEUSE TON VISAGE DE MARIAGE UN SENTIMENT UN SENTIMENT MORTEL UN SENTIMENT PENAL

VOILA JE TEMBARASSE SUR LES JOUES

ET

JE VOUDRAIS UN DESERT CLIMATISE MAINTENANT QUE JE T AI RECONNUE PLACE DE LA BOURSE UN JOUR OU LE CIEL BRADAIT MA JOIE A L ENCAN DE MIDI

9 mars 2012

Aux adieux

Cette nuit encore tu as laissé vide l'habit de silence que je t'avais préparé
Je ne remuais pas dans mon lit pour essayer avant toi ce soulier que tu allais mettre à tes pas
Comme je tentais t'inventer dans le mutisme de mes gestes
Mais ton silence à toi est inimitable
C'est celui chantant de la nuit
C'est le bruit immobile des étoiles
Celui trouble de la défaite
Cet autre inconnu qu'un pouls remonte
Ton silence embaume les péris que la mer doucement recrache au monde
Comme une idée oubliée
Une copie de philosophie où l'image est punie
Un stylo perdu...

Je me souviens le matin en sursis dans tes yeux
La tristesse comme une écume qui y perdait sa vague
J'ai voulu tes lèvres tes lèvres de voyage d'angoisse tes lèvres de solitude
Tu me manques comme à un amoureux
Comme l'eau parfois peut manquer au noyé

7 mars 2012

ADIEU A TOUT CE QUE JAI DE VIEUX

Maintenant tous je vous chasse qui avez rendu obscène vivre et aimer. Je vous fais ce meurtre de symbole. Cet au-revoir d'un signe ancien. Demain j'aurai fini de balayer tout ce que j'ai déjà eu de vieux Tous hors de moi. Par la fenêtre d'un geste. Par l'étonnement d'un cri. Vous ne serez plus là. Tous qui avez dans la bouche autre chose qu'un bijou volé, qui avez peint des sorties de secours à vos yeux affreusement mutilés d'ambitions. Tous qui mettez à vivre des chaussures cirées, un pardessus parfait, un visage de petite fille sage tous qui avez tué le sauvage de vos pas pour seulement mettre des talons. L'enfant extraordinaire de vos mains. Mon cœur est un lit d’hôpital aux draps jamais changés. Toutes les maladies des légendes « vivre » « aimer » par vos lois éradiquées s'y reposent.
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  • Vivre mais qu'est ce que c'est ? Un casino miteux, le croupier sans jeton. Tous nés ruinés on s'y rend dans cette salle unique. Sans carte on y mise ce qu'on peut. Son DESERT, son ennui, sa fatigue. Moi. Je mise tout le reste. L’hypothèse Ma voix. Les yeux bleus. Mon désastre. La neige de ma vie. La vase de mon souffrir. Tapis ! Allez. Ouvre ton ventre tapis ! Je mise ! L'infortune. L'angoisse. La misère. La nuit. Les cheveux longs. Tapis ! Mon souffle. Mon pouls. La déraison. Les dents de songe. Les cils menteurs. Tout.
    Et toi qu'est ce que tu mises ? Tu mises tes habitudes. Et l'habitude ça t'a déjà tout pris. Ta main qui va sur le pavé digital de ton chez toi comme elle va sur les corps. Tu as fait d'un boitier électronique ton amant le plus régulier. Tu vas au plaisir du même geste de grenier fatigué que celui qui te mène à l'emploi. L'habitude ça t'a tout volé. Ta voix quand elle fait "bonjour". Ta bouche et ses baisers dressés quand déjà ce n'est plus la première fois que tu frémis Tout. Tout. Ta vie tu l'as mises en gage et pourquoi ? Parfaire ta ruine. Cette usurière l'habitude.

    Vous avez fait de vivre un point de vue et bien voilà moi je dis c'est un panorama et vous n'y êtes pas invités. L'infini ça demande d'autres dents que des dents d'émail, vos dents fameuses de bains publics

    Qui comprend que le REVE c'est d'abord un foyer. Qu'on le bâtit de la Pierre de nos ongles, du précieux de nos voix Que vivre se débouche à vingt ans et se vide d'un coup. Garçon encore à boire ! Toujours à voir. Vingt ans ça ne s'entretient pas comme un meuble de vestige. Ça se gâche dans des batailles. Ça ne soupire pas. Vingt ans. Ça halète comme une mer jalouse.
    Changer. Changer de corps de visage. Changer par le maléfice de vieillir ? Rien n'est forcé ! L'amoureuse dans le miroir choisit son fard et bien à mon tour je décide la lumière qui tombe sur ma vie ! Vous en gênez l'exploit, le parfum. Je veux un air sans vos visages endettés. Et pour ce crédit qu'avez vous eu ? Un bonheur minuscule !
    Moi. Pour être heureux j'ouvre le dictionnaire et je raye tous les mots, je ne laisse intact que "aimer". Du chantant de la nuit je vous dis « je t'aime » et « je t'aime » ça veut toujours dire « adieu »
    Il y a 16 heures · · 1

  • Comme je suis fatigué de toutes vos vérités d'équation
    Comme les gens vite s'effacent et vite vous devenez des rires anciens des personnages historiques des rubriques et des thèmes dans le manuel de mes mains
    La déraison vous lit

    Je voudrais laisser l'empreinte solaire de ma vie dans toutes les rimes

    Maintenant je vous refoule hors du rêve hors du tracé périlleux des fougères
    Restez dans vos formulations pragmatiques du réel

    J'ai fait à l'objectivité son procès, elle comparait pour crime contre la folie
    Empoisonneuse de l'erreur de la poésie de la lumière et du rêve
    Je la condamne selon vos lois hideuses nah !
    J'ai dressé une Cour spéciale pour juger les concepts Au jury on trouve l'insolence, le ciel, la fièvre et on récuse la science Vous vous n'avez jamais rien su organiser d'autre que des pelotons d'exécution à qui ne vous ressemblait pas
    Ah inadapté lyrique c'est ton tour de rire
    "Mais du feu je ne cherche chaleur ni lueur du feu j'attends la brûlure" dit il et tout le monde rit
4 mars 2012

lalala

C'est fou ce bonheur d'où ça chute cette joie toujours là comme une majuscule
Tout ce bonheur comme le fou qui trouve sa certitude enfin dans son reflet
Comme le bruit d'une amante délaissée qui remonte le parloir de sa jupe
Tout ce bonheur comme tous les frémirs de première fois au sortir des lycées
Tout ce bonheur d'un baiser qu'on ferme mal avec la langue
Ce geste d'amoureux enfin égaré dans les rues de Paris
Ces cheveux de noyés qu'ont les forêts en flammes
Je suis heureux comme le poète qui fait rimer tes yeux heureux comme qui atteint l'adieu en disant "je t'aime" très tard

Et tu avais aujourd'hui les yeux tristes et beaux comme des bijoux volés, tout frais comme un jus pressé. J'ai retenu mes mains pour ne pas mordre tes lèvres de mes gestes insolents. Ne pas te dire je t'aime tous les jours c'est un prodige. Mon joli désastre j'ai les jambes usées comme de t'avoir cherchée toujours. LaLaLa

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1 mars 2012

Diane décimale.

Il y a longtemps.

 

Mes gestes, mon impatience, ma frénésie et cette façon de dire « je t'aime » presque pour se venger. Voilà, à quoi l'a réduite mon geste, un objet brisé, un souvenir J'aimerais que tout le monde comprenne, tous ces gens là dont je sens l'haleine de spectateurs et les yeux sales, tous ceux-là que je reconnais et qui n'ont pu empêcher le rire de borner leurs lèvres. Je veux la croiser pour un vertige de pleutre c'est vrai, pour un précipice en trompe-l’œil mais je n'espère rien d'autre que la croiser, si la folie devait lui percer les tympans, si la démence devait lui animer la bouche et  que, rompue de délire, trompée par un cœur devenu malade, elle s'écriait « je t'aime » moi du même pas je la fuirai, ma main gesticulerait du même au-revoir qu'aujourd'hui et peut-être même moins victorieusement exécuté.

Si l'on me demandait "qu'a-t-elle de plus que les autres ?"
Je répondrais "son absence".

 

Tous les parfums l'esquissent. Je reconnais là un octave de sa voix, là une déclinaison de son soupir, je reconnais une mèche de ses cheveux dans le soleil marié à mes yeux. Je marche pour oublier, et plus je marche plus je m'éloigne du danger. Et de la vie ? Et de la vie

 

Je suis un lâche. Mais je refuse sa présence, je refuse le mépris de la vie, et le délire de la voir jetée contre moi. Et pour quoi faire ? J'aime son absence, je n'aime que ça. La voir déformée par son exactitude, réformée par la laideur précise de son théorème de voix, de cheveux, de centimètres et de poids.

 

Seulement...
Il manquera toujours, à cet adieu, à la plénitude de cet adieu, un baiser, une caresse, la moindre tendresse muette, toujours suspendue entre nous, mais jamais consentie, toujours retenue et finalement...gardée. Je suis trop plein d'un baiser ; celui que je te dois. 

 

 

26 février 2012

La mort est un exil

J'ai chanté chanté et pour aimer usé tout le feu du ciel et dieu meme y est passé.

 

Je ne m'intéresse plus aux filles après vingt ans. Elles ont au coin des yeux de minuscules rides. C'est pas des yeux d'amoureuse ca. Ca dit pas "je t'aime"Ca ne sait plus rien dire que des habitudes séniles, des politesses.. Et cette bouche comme une barque jamais détachée. Ca n'a plus faim que de nourritures périssables. L'infini est devenu loin. Une denrée insaisissable. Ca ne se bat plus un corps après vingt ans, ca se laisse faire et ca attend.

 

Rentrer ? Pourquoi faire Paris est vaste comme un coeur amoureux et j'y vais dans cette rue où deja Aragon gagnait sa misère. Ah. Je retrouve un ami que j'avais perdu. Comme la nuit parfois fait la mer et vous rend ces corps là qu'on croyait bannis pour toujours. Exilés dans un silence hideux

 

Toujours je me suis représenté le bonheur comme un condor. Un condor dressé.

 

Avant j'étais amoureux, maintenant je suis fatigué.     

 

Un amour qui débute est un monde au delà des ténèbres.

 

23 février 2012

Brouillon du 18 janvier 2012

J'ai fui tant de bras qui faisaient si mal quitter la nuit, qui ne menaient que médiocrement au jour. Tous les amours se désagrègent dans le concept de leurs voix, cheveux, odeur. Je déteste ces amoureuses dont le coeur est pareil à ce mortier dont on fait les théorèmes  Quand tu trouves le théorème d'une amoureuse toujours il faut partir. 

Si un jour la lumière de la nuit se trompe en se posant sur moi et pour le temps qu'elle dure me fait femme. Si elle me fait mon sexe le chant heureux des nymphettes. Si la nuit pose sa magie incrédule sur mon front et me charge du parfum mystique de toutes les démentes. La poésie est un travesti élégant, qui porte une robe fendue et un dos-nu et rit toujours en fumant de longues cigarettes d'ombre. Tu viendras cette nuit là ? Quand le crépuscule m'aura mal fléchi-fichu et que mes bras ficelles feront le piège d'horreur que tu veux ?
Je connais  les baisers dérisoires comme des mains polies. Des baisers plus humides que tendres et la bouche à peine émue. Ceux-là je les hais et tant de fois j'ai voulu dénoncer leur plaisir dérisoire...mais ce sont les complices des lois et de l'ordre et pour te dire "non" le poésie te mouille les levres de la pluie fade des siennes. 
J'ai souvent apres l'amour un gout de feu glacial sur la langue dont je ne sais me défaire qu'en me mordant les levres jusqu'au sang. 
Moi je voudrais embrasser avec la langue froide de mes ongles
J'ai tant parcouru de mains imbéciles. Tant vu de gestes imités. Tant connu ces tendresses de faux émoi. Ce brillant insignifiant d'une peau peinte par un artiste maladroit. 
J'ai trouvé quelques jours des baisers magnifiques ils avaient l'arome des noyades. Le gout informulable de la douleur. Je me souviens à cette bouche imprécise j'étais beau et triste comme un naufragé. J'entendais le bruit de suçon de la mer et le carnage heureux de ses bras. J'ai connu quelques jours des baisers fabuleux, des bouches marines comme un coquillage fané. Quand la mer t'appelle de ton prénom d'étranglé. Ces filles qui disent je t'aime comme un râle d'etrangle.
J'ai attendu immobile la main timide. La main humide. Celle qui te ressemble et t'imite. 
Le fard ne masque pas les tremblement de ta voix 
17 février 2012

Mon cinéma ? Quelle tragédie !

 

Les histoires que je veux vous raconter ne se déroulent dans aucun lieux, ne se fixent sur aucune pellicule, n'attendent aucune date. Il y a un cinéma de trois dimensions dont on applaudit le parjure.

 

Mon cri s'il devait être du cinéma serait un cinéma sans dimensions. Un cinéma de songe. Non pas la reproduction insuffisante d'un réel essoufflé, non pas la répétition bégayante, la paraphrase infinie de ce qu'avec nos yeux véritables de chair et de sang nous avons déjà ignoré. Un cinéma de la transgression, un cinéma inabouti, brouillon, l’œil en colère, le cheveu désordre, la frange mal coupée rabattue sur la bouche comme une molécule de fièvre. Un cinéma du cri rendu à sa matière d'engrenages douloureux, de rouages organiques, de force. Un cinéma de la toute puissance qu'on fait avec ses dents pétries par le froid, ses doigts broyés par la faim sous le pilon de la plainte. Je veux apporter dans vos vies des mains denses de mensonges, de vagues creuses, de lichens, de marées obscures sans besoin de lunettes bicolores pour faire au monde paraître de l'épaisseur. Sur les sièges il y aura des acteurs et ils se détourneront de vous comme toujours vous avez fait avec vos vies à les laisser passer comme une barque mal attachée, comme un pouvoir incertain, comme la jeunesse en bas de sa folie, la cheville foulée. Trop vieille pour courir avec ces muscles-là.

 

Et je voudrais y mettre des individus immobiles, colériques, froids, sentencieux qui ne diront qu'hors de l'écran ce que vous expirez dans vos nuits, vos angoisses, vos désirs, le cuir de vos folies, et ils s'exprimeront quand ils fuiront du cadre cette métaphore pénible de vos limites. J'appellerai la bordure du champ : la morale et c'est hors de cette morale visible que tous s'exprimeront. Sur cette fausse poutre formée par les extrémités de la projection, des danseurs s'inviteront de partout, de toutes les origines, des furies de la mer, des acrobates du péril, des tigres de passage, des funambules borgnes, tous les continents de la folie, trembleront, les bras chargés de magnolias, debouts sur ce trait de fiction. Maintenus en équilibre par le parfum de leurs fleurs, par le poids du malheur, cette autre gravité, muette dans l'équation de Newton. Ils tiendront par tout ce qui vous maintient vous debout quand vous sortez dans vos commerces, quand vous allez rire pour de faux, sortir, boire, mentir, mais ne rien comprendre.

 

Il y avait un cinéma muet ? J'en ferai un cinéma sourd ! Les oreilles bouchées de poèmes, de rimes mal faites, de quatrains inégaux. Les pas de la déroute, ça bat comme ça un coeur, comme une défaite.

Ce bruit parasite qui encombre la bande qu'est ce que c'est ? C'est un pouls vivant, un poème qu'on froisse.

 

Voilà. Qui s'avance, qui se recule, et toujours on en verra le dos de ces spectateurs, de ces fuyards. Ils n'ont rien à dire ; tout à trahir. La démarche ne trompe pas.

 

  • Quelle heure est-il ?

  • Nulle part moins le cœur !

Le rêve est partout en cage, sous les paupières closes du dormeur. Qui a asservi le songe à la bouche du sommeil, aux pays étroits des sénescents, à la prison des ronfleurs ? Je veux dire : Un poème de raideurs, d'étonnements, de crampes, de prurit. Un poème de lenteur, qui ne déploie sa force que dans l'image, qui ne libère sa colère que dans le désastre. Il faut beaucoup de catastrophes pour faire une voix. UN VISAGE C EST UNE MEULE.

 

Demain je changerai de corps, de jour, de saison. Demain, tout aura une autre couleur que celle de la raison. Celle d'un toit ouvert, d'un enfant oublié au fond d'une poitrine, d'un amour jamais débuté. La mer nous a rendu ce matin un corps, et ce corps nous ne nous souvenions pas l'avoir perdu.
Une ville. Il faudrait une ville monogame qui ne s'accouple pas deux fois par jour avec l'aube, avec le crépuscule et porte partout des enfants difformes des angoisses, des vapeurs. Une immense manufacture de paupières. Sur la côte le froid dans les miroirs imite les naufrageurs.

 

Je voudrais une salle mal coiffée, où on viendrait en pyjama comme pour se dire là disponible au rêve, attentif aux songes, à l'émoi, à cet abandon qu'on ne se permet tout entier qu'inconscient, exilé des autres existences, lavé des autres vies. Il en faudra des matins ratés, des nuits brûlées par un soleil distrait, des larmes de sueur et d'amour pour bâtir une journée. Tous ces morts à moi. Vivre ? Jouir debout, sur un charnier.

 

Je voudrais exposer partout mon refus comme une toile, comme une sculpture, un cœur arraché, moulé dans les mains de mon amour. Je me suis formé tout entier pour des yeux bleus, clairs, mais toujours clos comme un poing.

 

Bien sûr. J'appellerai ce film « printemps ». Les bubons du pestiféré, la crasse du mendiant seront bourgeons, rosées, parfum. Des oiseaux morts partout. Des cheveux longs comme des forêts incendiées qu'on approchera avec des hurlements de loup. Il y a dans le ciel plein de mésanges qui ne sont jamais revenues de dedans moi. Le ciel ne comprenait pas la plainte.

 

Voilà que tout commence. Faites du bruit dans la salle, allumez toutes les voix, renversez les boissons, mâchez vos vices, venez ici avec vos lampes torches, vos lasers, votre teint éclatant, la poudre de vos mensonges, vos visages réparés de baisers. Ca commence, on le sait parce qu'on ne reconnait personne.

 

« Mais Emma, c'est d'une virginité plus grave dont je veux vous entretenir. Cette virginité secrète par delà le remords, la pudeur et la religion. Cette virginité du cri, cet hymen de la glotte, cette innocence du verbe d'aimer. Mais Emma, crachez vos nourritures inconsistantes, vos viandes froides, ces lèvres soûlées de liqueurs fades. Abandonnez vous à un mot, à un seul mot maigre, de cartilage. Vous verrez : un coeur ça s'ouvre comme une loge. Ca se débat comme un amoureux sevré d'amour. »

 

Et Emma tourne la tête, montre son dos, pour dire "je ne sais pas" ou bien "je désobéïs". Elle tourne le dos comme on hausse normalement les sourcils, mais Emma n'a pas de visage, elle n'a qu'un dos, alors elle le tourne à l'infin. Peut-être elle dit "ou bien comme tu en as envie toi, fais ton film, tes idées, ta poésie parlons-en, qu'est ce qu'elle y fera au monde." Peut être qu'elle n'a pas compris qu'elle était dans une pièce, qu'elle avait un texte, peut être qu'elle croit que c'est sa vie, et qu'elle va pouvoir désobéïr. Mais vous verrez après comme elle n'a jamais désobéï Emma, elle est née en Suisse, on ne peut pas désobéïr quand on est né là-bas.

 

« Mais Emma la poésie, la poésie, se moque de tout. Voyez c'est un pouvoir. Un pouvoir précieux. Un pouvoir de ne rien changer. »

 

"C'est trop, trop pour une première fois, trop de vouloir toutes mes saisons, toute mon année, tous mes gémissements, et qu'est ce que tu sais toi de quand la voix devient du sang, qu'on met sa révolte dans des gestes, et ses gestes dans des machines infernales, comment on a les ongles sales jusqu'au cou parfois dans un cri, et qu'on y ajoute des suffixes, des terminaisons horribles. Comment ça commence crime, par où ça se débute, on ne sait jamais vraiment, ce qu'il lui faut, c'est comme un enfant fou, on ne comprend pas ce qu'il veut, comme une révolution on ne comprend pas le visage qu'il faut lui faire. Par là ? Ca manque de flèches, de repères, c'est tellement immense, et toujours avant d'aimer, de vivre, on était dans cette cage la nuit, sur cette page, sous les barreaux des cils rassurants. Puis on apprend. On sait, c'est là, voilà la porte battante : une lèvre qui va dire le crime qu'on voulait. et je ne dis pas crimes légaux, je ne dis pas crimes comme on en fait des articles imbéciles, des photographies épaisses, des caractères minuscules, des épaules rondes. Des mots gâchés pour une loi, je dis crime pour dire tout ce qui est permis et qui ne changera rien à la misère de l'homme, qui ne l'arrachera pas à la servitude de sa faim, de sa soif et de sa morale. Tu me demandes dans un jour, d'oublier, moi, le mot de "nuit", la nuit qui m'est montée à la taille, qui m'a changé de visage après les pleurs, tu me dis d'oublier les eaux que j'ai bues parce que j'ai cru, et que maintenant je ne crois plus rien. Le monde n'est pas venu, jamais, j'ai attendu, je suis devenu vieille mille fois pour mes principes, je me suis vu dans ces miroirs d'entre tous les plus fragiles : les larmes. Il faudrait pour aimer que ma bouche recommence la même peine, la même prose, le même vers tissé de maladies, de ciels plein de poux. J'ai hurlé une fois à ce procès inique qu'on dit la vie partout et combien c'est merveilleux quand on a des cheveux blonds, quand on a les yeux pâles comme deux bougies fatiguées. Mais moi je veux faire la morte maintenant. Je veux des yeux comme deux vitres sales. Peut-être y savoir des enfants passer, mettre leurs doigts dans mon haleine, y dessiner l'injure. Mais demain, demain (…)"

 

 

En attendant ce demain triste. Je ramasse dans la nuit des cailloux imparfaits, précieux comme des fleurs rares. Je les ai ramassés moi.

 

Je voudrais inventer la nuit, avec une taille enfin comme il faut, la découper des ciseaux stricts du tailleur. La nuit toujours inégale, jamais comme on voudrait, qui vous fait trébucher l'insomniaque dans le matin peureux. La nuit trop courte quand elle a sa jupe de putain. Trop imparfaite. Trop infaillible. A quoi bon ? Il faudrait ; il faut changer  l'ombre, il faut se changer dans l'ombre, c'est la coulisse de la vie. La Géométrie de l'envers, des dessous, de la flanelle et des jarretelles.

 

Emma. Obéir vous avez toujours su faire, assise, debout, c'était toujours obéir, croire, aller au pas. Tout a toujours été caserne pour toi, l'amour même. Et tous les matins c'est au son du tambour que tu te levais, au son de la diane que tu combattais, aux ordres, aux ordres que tu dormais, pleurais, vivais, mourais. Morte, c'était encore au commandement, et il aurait suffi d'un ordre que tu quittes ta tombe de parfums, de pleurs, d'un ordre que tu défasses tes cheveux de lianes, que tu frottes les silex de tes ongles, les traces de matin dans tes nuits. Tu étais à un son de t'enflammer. De mettre le feu partout dans une agitation démente. Mais ta folie n'a jamais bougé, elle est restée bien sage comme une sauvage dressée par la peur.

 

Tu n'as eu de singulier que ton désespoir, de propre que cet habit partout délassé, qui gît depuis tous les âges abandonné aux portes des Eglises, qu'on délaisse, qu'on froisse, qu'on découpe et qu'on use. Ah. Le désespoir c'est utile comme un chiffon, comme un bout d'étoffe dont on raccommode sa vie, comme une médaille, comme une gloire, comme une excuse muette. Ah le désespoir, ça n'a servi de patron à aucun visage, on y a rien taillé, on l'a pillé, foulé. Allez. Amen. Ton désespoir c'est ton absolution, ton désespoir c'est un habit vide pour des fantômes, des dires mesquins, des amours de ruelle. Et dix mille maigres tiendraient dedans.

 

Et ma vie que je filme maintenant sur ces bobines de papier c'est notre vie à tous. Un film mal monté. Rien ne change. L'ordre des images, la qualité du son, à peine. Mais tout est toujours pareil à l'autre extrémité, quand le silence monte, assassin de la ville basse. Je n'aurai rien dit qui n'aura déjà été dit, j'aurai porté la répétition dans mes pas. Dans ma bouche rien d'original que ce que vous avez tous dit une fois. La vie. La vie. La vie. Pourquoi y venir ?

 

Et pourtant ça continue d'affluer. La salle est pleine !

 

Parfois, quand je suis seul avec le monde, il me force à regarder. Alors je vois tout. Je sens tout. Le lacet réussi de l'enfant, la bille perdue dans la rue, le ballon crevé, les cartes abîmées. Je vois tout.

 

Je me tourne par habitude, dans mon lit, je jette ma voix, mon geste la guide, et personne que mon ombre à moi. Ça n'a toujours été que ça, mon ombre à moi, qu'elle s'appelle Loriane, Lucie, Camille. Qu'importe.

 

17 février 2012

Mort

Mort

J'aurai les yeux comme deux grandes vitres sales.

 

 

15 février 2012

lalala

Je reviens, ça fait un joli bruit, et puis après j'irai me mettre dans un cri, dans une langue très bizarre qu'on ne dit qu'une fois comme on fait un râme, comme on enlève de ses yeux les pleurs pour les poser à ses lèvres. N'avoir plus de langage que les larmes.

Je ne t'aime plus et combien c'est terrible cette impuissance du coeur qu'on s'y découvre et sa poitrine qu'on croyait un trésor et je t'aimais quand moi même je ne croyais plus pouvoir aimer. Et à midi il faisait déjà nuit. Tes yeux sont redevenus des yeux.

Comme tu étais belle avant, quand je te pouvais mettre comme vêtement le songe, quand pour maquillage mes mots. Mais voilà, il faut que tout passe, tout parte, que mes névroses quittent tes épaules rondes, que ton ventre s'ouvre à d'autres mains que les miennes.

 

Je ne t'aime plus
De là ce goût de cendre froide dans ma bouche
J'ai fumé cette cigarette jusqu'au filtre
Entends moi tousser, c'est comme ça que je te dis adieu petite fille, initiale jolie comme il y a longtemps.

 

29 novembre 2011

Perdre la vie

Je suis parti mourir mais je n'avais pas pris ma vie.

11 novembre 2011

Tara

Tara a des yeux bleus, on dirait que l'infini est venu y mourir.
4 octobre 2011

Poète, ta gueule.

Le poète n'a pas de jolis yeux, mais des doigts étranges. Son visage réel est tout entier contenu dans ses paumes.

27 septembre 2011

Un songe, un songe/

J'ai allongé l'orgueil sous le voile peureux de mon premier amour, est venue l'aventure et tous les prénoms sans détresse. Lucie, Camille, amusées, à se mettre dans l'ombre de ta migraine, à se glisser dans la trace des cris ici noués. Sans rien entendre des gémissements ici bénis. Des cris, des caresses sous lesquelles les corps étouffaient, plusses épais que l'eau dangereuse où les marins suffoquent. J'ai toujours dans ma toux des restes de ta tendresse et de ton adieu, toujours, dans mes bronches et dans ma voix cette ombre que ton amour d'un baiser soufflait.


Tu me manques. Tu manques à mes gestes qui se perdent dans ce vide des fantômes étreints, tu manques à ma peur qui ne sait plus sur quel flanc s'abandonner. Mon sommeil par toi toujours bafoué te réclame, il acceptera tout. Les éveils, la nausée d 'une nuit blanche et les cauchemars de te voir disparaître dans le rire d'un amant fortuné. Il peut tout prendre les angoisses et le sang blêmit par l'attente. Alentour de moi, dans cette pièce où tes pas frivoles riaient de tout, ce sont désormais des marionnettes insolentes, des cœurs légers qui ne battent qu'une fois dans la nuit.

 Quel matin sans cesse cherchais tu pour toujours jaillir du sommeil dans tes souliers d'orage ? Quelle vie, quelle vie poursuivais tu de ta fureur et de ta pluie ? En poudrant ton visage de tous les octaves du jour à naître, de la lumière timide encore ? Je me souviens ton corps bredouillant tes mains. Avant de devenir l'aube, tu cherchais, minutieuse, dans le miroir le reflet à donner au monde, quelle couleur mettre aux heures de l'aujourd'hui, et quelle saison aux arbres pendre?

 Tu me manques. Je ne trouve plus au matin mes psaumes, de tes cheveux de ronce, écorchés. Il n'y a plus cette crainte de te sentir disparaître pour tes furies, pour ton destin. Il n'y a plus rien ici.

 Tu parlais un langage de mime étrange : le claquement des portes, le ruissellement de l'eau contre l'émail. Tous les bruits du mobilier te sont paroles. Tu disais par le parquet qui chante faux, tu disais par la clé qui tourne vers le bonjour, tu disais par la colère du vin renversé. Et toujours un seul sens à ton murmure, toujours ce mot d'adieu coulé dans ces mille façons de cris.

 Je ne me souviens plus de ton être, ta voix, ta respiration et l'écho de ton cœur dans ta gorge puis dans tes veines. J'ai tout oublié les sons qui bruissaient dans toi, qui par toi jaillissaient. Mon vestige, il y a les ruines de toi et nos soupirs. Débris de ce qui fut. Le robinet fuit, la porte grince, le parquet ne chante plus sans public. Tout est moins haut.

 C'est déjà plus tard. Quand déjà le destin t'a prise dans son charme, quand déjà tu as donné la main à la fortune, au plaisir en glissant hors de ton doigt cette rime qui te fiançait.

 Pauline entre dans cette chambre maintenant et t'imite. Elle retient son souffle. Je ne lui dis pas que tu y fermais toi les yeux, avare de l'infini de sous tes paupières.

 Où vas tu faire naître le jour désormais, quelle course folle, et pour où ? Pour qui te tais-tu ? Pour qui mon Héloïse, viens tu jouer du décor du monde. Orchestre de pas, de courses. Sous ton talon le trottoir joue du tambour, les flaques d'eau de l'accordéon...

 Que reste-t-il . Un songe. Un songe...

26 septembre 2011

Ce prénom qu'entrechoquent les enfants.

 

 

Oh ma petite, oh tes yeux doux, oh la douleur qu'il y a dans qui à ton cou s'éteint, s'éteint et il y balbutie une lumière étrange. C'est ta peau qui bleuit, c'est tes veines qui s'y montrent. Et cet argent à ton cou dans sa maille frissonne et de ce teint malheureux on comprend tout ce que tu as captivé de sourires étrangers. Pour cet éclat, oh petite, oh petite, combien de rires se sont tus ? Combien de salives frelatées ont mouillé leurs lèvres-mères ?

Tes talons sur le parquet du monde inondent, inondent, buée de sortilège, et tu entends, c'est le point du jour qui éclaircit sa voix, c'est l'orage dans l'enclume qui libère son cri. Dans la poussière du matin. La brume, la brume, c'est la poudre qui titube du visage maquillé de l'aurore. Oh, ton prénom, oh ton prénom, souvent je le fais hurler à qui n'entendra pas. Ton prénom que je murmure dans le mouvement de mes doigts fins, de ces gestes de poésie amaigrie, dans le balancement de mes mains adroites de t'écrire. Ma vie je l'offre, je l'offre à la nuit, aux yeux sobres, je l'offre à qui n'a rien vu du miracle et du rugissement muet dans toi, aux rouages plaintifs, aux veines pleines de fleurs incertaines et de larmes incrédules. Et toute ma faiblesse dans le croassement de mes paupières.

Je veux que tu détaches de ta lèvre cette perle que le baiser, je veux que tu brises ce collier d'amour trop bien tressé, cette nudité de manuel. Décoiffe ta vie. Décoiffe tes façons, laisse toi faire par l'hystérie du jour neuf. Ta peau gorgée de mythes, j'y croque ce que tu voiles, j'y bois ce que tu saignes. Liqueur secrète par la colère tirée. Tu découvres déjà comme ça peut fondre vite une vie sur la langue d'un amoureux. Hostie humaine, miette de couleur.

Si tu te lèves de la politesse, tu peux tout faire. Tu vas, déranger le paysage, dégrafer le corsage des constellations et les faire pour nous s'écarquiller les flancs -ardents. Défais de ton rire tout ce qui n'a jamais puisé au désordre, je dis les arbres, les professeurs, je dis la science et les jours sages de septembre. Pleure dans ce lointain. Tu affaisses du mouvement grave de ton œil trahi, l'horizon. Il penche comme le bout du monde où la joie bascule dans le noir et s’enténèbre. Où les mains tâtonnent et butent sur le vide. Je veux voir cette autre lumière que le monde prend si tu y entres, si tu y hurles si tu y aimes. Donne lui un fragment de la vie que tu abuses, donne aux roses contrefaites les saveurs amères de tes cheveux teints de siècle, entre dans les Eglises les mains chargées de magnolias, et annonce la vraie nouvelle. Tu es là, et tu vas, sur toutes les bouches croyantes, mettre un baiser, sur tous les visages endormis, les cernes immenses de la littérature, dessiner.

Et moi, quand tu feras tout ça de ta vie, quand toute ta grâce irritera le ballet, quand toute ta vie aura pris sa note à l'Opéra, son teint à Chopin, moi, moi, et bien je me rangerai avec la nuit dans le réduit où elle apprend son texte et sa larme. Je me mettrai à ses côtés pour travailler les pleurs, pour devenir la peur, le silence et puis cette ombre, cette autre que toi même. Je dirai, quand toute la gloire t'aura fait une robe de mariée, qu'autour de toi l'aubade des merles te fera une traîne, je dirai regarde moi s'il te plaît. Tout le monde t'écoute vivre, alors il faudra me voir suffoquer. Et je mettrai à mon agonie toutes les fleurs tristes que la rosée ignore, je ramasserai la peur des orphelins, je gonflerai ma voix et mon cri des lois qui assèchent l'enfance. J'emplirai mon poumon de ces eaux malades où périssent les noyés. Jusqu'au bout je serai un spectacle qu'on insulte, jusqu'au bout je serai une scène qui outrage, et, de transformer l'estrade en catafalque, le scénographe muera en curé. Jusqu'au bout il faudra me regarder m'étonner sur le parquet invisible de la mort, regarder mon corps atteindre la transparence. Trois fois, trois fois de mon agonie le râle jaillira, et trois fois la marée avec moi engloutira le ciel. Trois fois les arbres pencheront les doigts dans la nuit . Trois fois, ton prénom dans moi resplendira.

Tu sentiras toujours bon maintenant. Tu sentiras le vent frais de la nuit, l'haleine de l'excès, tu sentiras le vin renversé de la fin des noces. Tu iras dans toutes les fêtes, tu ouvriras tes grands yeux plein d'impressions hirsutes, petit cinéma muet. On y verra le sexe tendu de Jean Genet, et les vieilles filles diront « c'est de la pornographie » et tous les autres auront dans le soupir ce mot insensé, et personne ne saura que tu es petite fille dans des pose de Madame.

C'est déjà la fin. Le parapluie se referme. L'eau fait briller le trottoir.  C'est déjà la fin. Et dans cette chanson le destin venu se mirer part sans un mot esquisser. Et il devra leur dire pourtant à tous ceux qui veulent encore un nom. Il devra leur dire ces enfants changés en pierre au toucher du désir.

Son pas n'est plus rien. Son pas qui était fredaine, qui était insolence. On le trouve déjà, sur ce banc, dans ce jardin enclos, à mendier, il a faim d'espoir, le destin, le ventre si vide qu'il gargouille de peur.

25 septembre 2011

Jean Genet, tu bandes, tu bandes, mais est ce que tu aimes ?

A six heures, si j'ouvre la fenêtre c'est pour entendre le chant du matin que font tes talons bas sur le parvis du jour  A six heures si je fouille les sons de ce débarras de lumière c'est pour espérer le filet humide de ta voix. A six heures cinq, je ferme les yeux pour entendre ta foulée qui s'en va dans le rire de la rue. Je sais faire bien des pas de mon cri et toujours tu mets ta vie hors de ma course, dehors de mon chant . La laisse de ma langue est trop courte. Les mots trop corrects.

Tu vas sortir. Tu vas danser. Tu vas exister. Tu vas te montrer dans cette lumière où je n'existe pas. Où je n'apparais pas. Tu vas faire avec ton corps tout ce que mon corps à moi ne sait pas faire, ne peut pas faire de sa chair de fiction, de ses nerfs en papier. Tu vas. Regarde, tu vas. Et le vent, le vent t'ouvre la vie.

Voilà ta joie qui débute, tu mordilles ta bouche pour imiter le parjure du soleil qui au crépuscule saigne sur la ville, et tu ris en soulevant ta jupe, pensant à l'aurore qui mouille tes dessous. Tu refuses d'abîmer les belles coutures. Ô ma désirée mes gestes sont trop timides. Les enfants jouent aux billes avec ton prénom. Les filles à la marelle se disputent ta grâce.

Tu finis tes mouvements souples sous tous le logis des hêtres républicains, tous ces soldats immobiles, tous ces fanfarons d'écorce. Taillés pour te célébrer, et la liaison de leurs racines taillés en fourche, six fois, six fois pour dire deux fois les trois syllabes de ton existence.
Tu arrives devant le porche déjà, tu arrives toujours un peu en retard. Parce que les octaves de mon chant trouble ton empressement, parce que partout où tu trébuches c'est mon ombre qui s'amuse des obstacles de ton parcours, c'est mon ombre qui avale tous les pas maladroits, qui désajuste le pavé de ton rythme. Va, dans le hennissement de ma toux. Va, dans le contre-jour de ma vie. Je te rends ton enfance, ne te presse pas, elle passe si vite. Regarde, déjà tu franchis les grilles de la cour et les serres de l'âge adulte sur tes yeux d'absinthe se ferment. Gerfaut, temps qui passe. Oiseau jamais rassasié.

Qui y sait dans cette salle de craie et de cheveux blancs ce que tes yeux savent. Qui sent sous la pudeur de ta paupière cette langue de morte qui ne dit sa peur qu'en un latin craintif. Ton balbutiement dans les œillades qu'à ton cahier vert tu fais. Qui sait, qui sait ce qu'il fallut de crimes pour donner à tes yeux et puis ce jade et puis ce jaspe là. Tu ne dis rien. Et celui-là te regarde, il te fait signe, et tu tournes la tête à l'intérieur de tes songes. Comment sera demain ? Tu deviens et s'il mettait du pourpre et s'il mettait du gris ? Tu l'attends, demain c'est le seul rendez-vous où tu seras à l'heure. Tu entends les cloches tinter, et à l'intérieur de ce corps adulte tu penses à la Pâque, au chocolat et à toutes les larmes de l'enfant aux pieds écorchés. Toute la solitude du monde dans cette alarme. Tu sors.

Ils sont passés ici les amants et les tueurs. Ils ont vu tes yeux et la poésie qui venait y couper sa frange, ils ont vu l'eau trouble nettoyer les mains rouges de Jean Genet. La musique y montrait son habitude, cette autre nudité, plus crue, plus hostile. Et tu sais, tu sais, tu as déjà des rides parce que tu sais ce que les enfants ne savent pas. Tu sais la lèvre menteuse des amants, tu sais l'eau méchante dont il mouille la lèvre de l'amoureuse. Tu sais déjà ce que moi je ne sais pas. Tu sais ce qui creuse les joues, tu sais ce qui fonce le regard, ce khôl naturel.
Je garde, je garde, ce que vieillir vous prend. Je me défendrai contre les jours qui fleurissent autour de moi, je me défendrai contre les parfums, les charmes, les chants. Et je garde au cœur cette fleur fragile que le vent disperse. Ce végétal hirsute : naïveté. Mon amour je le tendrai sans fin à qui a les yeux clairs, je le tendrai à toutes les saisons, je l'offrirai les manches décousues, je le tends à qui sait tendre les lèvres. Je vous dis. Et toi aussi. Vous vieillirez sans moi. Mon âge, je vous le cède. Faites en talons, salon. Moi je garde la vie.

 

24 septembre 2011

Nous sommes passés, que pouvions nous faire d'autre ?


Tous ces prénoms grotesques je les ai sur la peau gribouillés et pourquoi sinon que m'en faire une stèle de chair et de voix. Cette effluve incolore d'amours qui n'en furent pas. Ces idées trop mal-élevées pour sortir de la rue.

J'ai vieilli et je croyais dans les joues des filles mettre par mes dents, ma vie, je croyais par mes actes mettre deux fois mon nom dans l'Histoire. Être certain d'avoir été. Rien. Rien. Rien. Et trois fois ce mot revient dans la marée. Rien. Rien. Rien. L'eau se fiche de tout ça. Les gloires suffoquent là-bas dans le large, le phare les ignore. La mer les couvrira de ses baisers pâles, de ses langes de deuil. Rien. Rien. Rien. Nous n'avons rien été.

Déjà il est très tard dans ma vie, et derrière moi qui peut dire ce passé ? Mes yeux se sont usés sur ces corps balbutiants le plaisir et le courage. Il fait si noir qu'on ne trouve déjà plus la trace de ma vie, mes souvenirs. Il reste l'éclairage public, la mémoire publique, et tous ces corps qu'interroge la froideur du regard. Qu'est ce que je fus ?qui peut le dire, mon corps est trop vieux, mon cou est trop dur, je ne peux déjà plus me retourner. Quelle certitude d'avoir été, quand la jeunesse est un mirage. Quand mes vingt ans sont un regret. Ce n'est plus ma rue ; ce n'est déjà plus ma vie. Et ce chemin ne se fait qu'en un sens qui vous courbe le cœur.

Tout le long de la course nous entendions rire des ombres. Et la vie, et la fête, et nos semelles en voilaient l'obscurité . Nos pas ont ralenti ; Nos rires ont baissé. Tous, moins nombreux.
Ces ombres suivent ma solitude. Je ne comprends pas leurs yeux. Ils sont incrustés, joyau maudit, dans mon souvenir.

Que reste-t-il de nos rages ? Des yeux aveugles, des mains fébriles, et la peur quand le vent ridé secoue nos volets. Le silence ne sursaute plus à notre passage. Nous étions fiers ; nous sommes misérables. Que s'est il passé ? La vie, la vie, la vie. Trois fois, et ce n'était pas assez que vivre si fort.

Ce n'était donc que ça d'avoir des idées, que ça que d'agir. De se rendre là-bas, sans jamais se rendre. Nulle part, nulle part, nulle part. Et c'est pour ce devenir là que nous avions serrés nos poings, barricadés nos joies ? Et pour nos songes combien de larmes, combien de crimes pour un seul rêve, pour un matin qui n'était qu'un soupir, qui n'était qu'un répit. Pour devenir de cet âge là, immobiles dans la nuit.

J'ai couru dans la vie, et ma course renversait les petites filles fragiles, les joues de porcelaine, combien j'ai rué pour arriver là où je suis aujourd'hui presque de l'autre côté de la vie, à l'autre extrémité du silence, où la nuit se racle la gorge et apprend son texte.

Et nous avions des voix je crois. La vie nous les a prises. Reste ce murmure, cette bouche morte, ces lèvres fines, diminuées, de tous les cris poussés. Ce cri devenu le gémissement, gémissement et c'est tout notre corps qui te traîne. Nos genoux, nos lèvres, nos paupières et nos doigts te récitent. C'est mon avenir que tu entends se rompre quand une syllabe monte plus haut qu'une autre. Nous avons fini de croire. Je plie le genou. Tu entends un crépitement. Nos espoirs brûlés.
Que reste-t-il ? Le sang à nos paumes même s'efface...l'encre de nos idées est toute bue. Il nous fallait une dernière ivresse. A Grenade, à Paris, dans nos cafés, dans nos chambres, sous nos uniformes, nous l'avons bue et nos lèvres pourtant n'ont pas changé de couleur . Nous avons attendu une longue nuit que le soleil de la victoire nous éblouisse. Nous avons attendu d'être aveugles. Et nous le sommes devenus. La nuit a posté son ombre alentour de nous. Nous tremblons sans plus l'excitation de nos premiers périls, nous tremblons de cette nuit, de son gros doigt posé sur nos bouches tombantes. Qu'il est triste d'avoir cru, qu'il est triste de ne plus croire. Demain se fera avec d'autres idées, d'autres révoltes, et ceux-là encore attendront ce soleil que nous ne vîmes pas, et ceux-là encore ne pourront tourner la tête à l'heure noire. Nous ne serons pas là pour leur dire qu'il est vain d'attendre, nous ne leur pourrons rien transmettre de n'avoir été rien.

11 septembre 2011

Avec élégance.

J'ai assez  de costumes sur mesure, de chemises bien coupées, de  veston parfaits et  de bouteilles de  champagne pour être élégamment malheureux.

9 septembre 2011

Emotions.

Je suis comme ceux-là, j'ai pris l'amour pour faire passer la nuit, et puisé dans les clairières dessous les sourcils, le sommeil en patience. Au minuit de ma journée, je sors mes pantoufles de poème, sur la pointe des rimes je passe dans le caniveau de la strophe, je bois les eaux immondes où se fertilise l'ordure. Il y a des puits pour toutes les soifs, et les yeux aigus y tracent des filets de songe.

J'ai mis toute ma vie en risque pour aimer une seconde, j'ai tout jeté le poids du vêtement, de la fonction, tout jeté les livres, les espoirs, les craintes par la lucarne nocturne pour échapper au poids des ans. C'est qu'il y a ma nationalité fissurée en deux, par des misères, des origines, cette voix de pierre qui ruisselle quand la pluie bavarde sur les roches bougiotes. Chaque pas que je formule, se masse hors de ma jeunesse. Chaque pas m'échappe de ma force, tire à ma vigueur sa nourriture, et toujours si je vais c'est retranché de moi, c'est arraché non en substance, non en essence, mais en rythme en voix. La nuit passe plus douloureuse quand ma bouche prend forme de dernier ; mes dents de carillon, laisse à la poitrine amoureuse deux cicatrices rondes comme des globes.

Les refuges d'ivresse, les regrets incrustés de baisers et le matin dans les mains tout le plaisir qui fume et s'efface. Vie de neige, eau de larmes. Que suis-je ? La suie de mon visage, la brume d'oraison, la nuit dans tes cheveux et le rêve qui perle de ta lèvre enfantine. Mon amour qui es tu ? Je dis ton nom qui absorbe ton relief, je ne sais tes traits sous ce voile d'attente, je ne sais ta voix qui ne sait traverser et ma détresse et mon phare.

La nuit a ses récifs lumineux, aigus de la voix de petite fille qui les pousse hors du paysage. Traversez mon ciel gris, ô supplices du tard, traversez ma peur, ma crainte, filez par le chas des blessures, faites y vos sutures.

J'ai bu les promesses des astres. J'ai bu les tortures des jolies. J'ai bu les liqueurs infernales, bu tes larmes et tes joies. Je suis habitué à l'émotion.

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