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boudi's blog

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9 mars 2011

Square rue du commerce - 2h33

Dans le square de la rue du Commerce, avec les touches de mon téléphone aphone. J'écris. J'écris, ici, comme pour calquer les impressions du dehors sur un matériau irréel, je prends l'odeur de muguet, la fragrance d'aubépine, le tissu déchiré de la lavande, je prends le sanglot d'encens qui coule à mes pieds et je l'imprime dans un flacon sans bord, dans un goulot froissé comme des lèvres juteuses de pardon. Dans les rues où le silence prend sa voix d'instituteur sévère, tout en noir 1905, je cherchais un parc, un banc, et juste assez de lumière pour envelopper les mots dans une chrysalide blanche, dans un suaire pâle. Dans le monogramme de fils tissés par l'angoisse, dans l'excessive douleur. J'adule mon angoisse, au point de peindre dans ma chambre avec le violet de mes paupières, avec le fard lourd que je pioche aux lèvres ivres d'une Elsa délabrée, des toiles immenses, incrustées de cette unique sensation casquée d'ombres. L'angoisse. Je la dépose comme une fleur mourante sur la tombe d'un vivant, je dépose des chrysanthèmes en germe sur la possibilité de la mort. Ce que j'adresse aux hommes, ce à quoi je converse, c'est la part à mourir; gargouille immobile de l'existence, cet ajout qui se tient dans la fragilité du regard tétanisé d'une larme au bord des yeux de verve. Je suis trop sensible, trop plein de caprices nerveux, sensoriels pour passer sans me froisser une émotion dans leurs courses de honte, trop lourd de pulsions pour ne pas m'enfoncer dans le marécage d'habitude. « Tout est gris, nous sommes heureux » Mon ventre, ô tombe ouverte qui but tant de larmes, dont les muscles cent fois salis de larmes sont venus refleurir les gorges des moineaux de ce chant innocent, éclatant d'aube nouvelle, de rosée vivifiée. Mon corps, pauvre fragilité, papier à musique à la mélodie unique du cri agoni, où s'entend résonner les rêves prophètes du diable Desnos. Ta destinée tu la pleures de ne la voir que trop nette dans tes songes de cristal.

Disparaître, disparaître, encore faut-il apparaître, et sur cette corbeille de fantômes, dans ce vase où les fleurs se noient, où les tiges s'amaigrissent des sons prodigués, on ne pense pas même. Disparaître. En marchant jusqu'à ce parc je me demandais "pourquoi ne pas me jeter sous une voiture, là tout de suite, et seulement entendre le bruit de déchirement d'un homme qui s'en va, l'écrasement impitoyable de la modernité, ce sabot métallique de la justice sur le corps innocent, décharné, bientôt décharné. Mourir qu'est ce donc ? Se mettre l'âme à vif". Je me disais. Que le crime. Est pour les autres. Le crime est de faire peser à d'innocentes et frêles épaules une disparition, de  faire un être étourdi de questions, d'enquêtes d'investigations. Non, définitivement aucun de mes condisciples ne mérite de porter mon cadavre. Parce qu'il est trop digne dans son éther immaculé ; parce qu'il est plein de secrets et d'une odeur de mystérieuse : la même sueur que des amoureux pendent à leurs cous vierges comme des religions, parce que surtout, je ne pouvais me laisser au débarras, au milieu de débris, de morts prochaines à accrocher du même clou usé. Je n'ai qu'une ambition disparaître comme décroit dans la nuit le pas de l'amant qui délaisse la belle, je ne veux pas demeurer, en pensées, en souvenirs ou en regrets. De moi, il faut garder une odeur, une voix, un peu de la musique insupportable du talon qui tourne à l'angle des carrefours Invalides. Que l'on évoque sans la mélancolie du vin, mes yeux lointains, mon cheveu fou, mon visage si étrange que l'on avait pas vu pareille horreur depuis la peinture expressionniste. Je ne pouvais pas m'être abandonné  d'un dernier sourire négligé, je ne pouvais pas donner l'illusion d'avoir enfermé toute ma mort dans une couverture de cuir reliée, dans le "Maître et Marguerite". Ma mort vaut quelque chose, mieux que la vie des insignifiances. Je ne pouvais pas mourir à cet instant, sous cette voiture où la nuit prisonnière des phares me suppliait pourtant de la rejoindre, parce que je n'avais pas été au contact frénétique de la bonne personne, parce que les soirées anodines, méritent des fins anodines, un sommeil, l'écriture dans un parc. Cette normalité aux voix enregistrées, sans émotion, sans stupeur. Avec ce qu'il faut de distance mutuelle. Cette mort injuste, cruelle, illogique n'aurait eu alors aucun sens. Si la même nuit m'avait été un délit, si cette nuit là, mes pensées s'étaient faites en désir vers je ne sais quelle amoureuse oubliée, vers une Wendy au front terrassé de mon imbécile cruauté adolescente, vers Marianne impatiente à l'attente multipliée. Peut-être me serai-je jeté sous les roues couardes du véhicule soûl, que je l'aurais empourpré de cette couleur d'amour comme font les femmes sans vertu. Je ne pouvais pas mourir, sans une émotion lourde, sans perdre dans le fracas du corps violenté, un enfant douloureux. Une soirée anodine, et sa fin quelconque, qui se perd dans le brouhaha des fins quelconques. Les soirées qui ne laissent pas de souvenir. Un siège rouge, une condisciple, une salle bleue, une marche, un square. Je veux mourir d'amour. Pour Margot, Héloïse, Marion, Hervelyne, pour l'Art, peut-être, sournois, perfide avec sa bouche blessée par les coups de savate du temps. Mais je ne peux pas abandonner ma dernière pensée en indifférence, je ne peux pas la jeter là, et punir par hasard l'individu qui se suspendait alors à ma présence. Qui qu'il fut par ailleurs, même justement un condisciple. Je dois mourir en formulant l'adieu du baiser au front d'un être chéri, je dois sceller ce précieux caprice dans l'écrin pâle d'une lèvre vidée de langage. Si je meurs, tout de même, il faut un sanglot. Celui de la belle que je me serai choisi.

S. m'est venue en pensées. S. qui me disait "tu me fais peur Jonathan, tu me fais peur, avec tes yeux où la mort se repose, j'ai peur de la voir jaillir, peur qu'elle vienne pour moi". Les mots embrigadés se défaisaient, insoumis, de la conscription dans ma bouche, se décomposaient, le temps, le temps, toujours le temps pressé qui les entrechoquait pareilles à des dents dans l'hiver. Je ne pouvais pas dire. C'est idiot, la mort n'est pas en dehors de soi. Ce n'est pas une armée, ce n'est pas un tueur que le temps soumet à ses caprices, qu'il soudoie avec les dépits qui chiffonnent toutes les identités mêlées, chargées. La mort c'est dans soi qu'elle prend corps, et si tu la vois dans mes yeux, c'est qu'elle y est plus libre, plus avancée, c'est que je la laisse mieux aller, je ne lui interdis rien de son pas léger et fredonnant, je lui dis "visite tout, prends ce que tu veux, ça ne compte pas, je suis ailleurs, je suis déjà plus loin que ça, tu fouilles des souvenirs, de vieilles chambres abandonnées, tu jettes tes sorts sur des photographies, des pantomimes, tu abîmes, tu uses ce qui est déjà flétri, ce qui s'est déjà passé. Tu peux. C'est à ton mauvais choix. Moi je suis déjà ailleurs, je suis dans des mondes plus profonds, où la lumière ne perce que comme un radium par degrés interposés, avec des filaments de chaleur, avec des pigments dérobées à la mer, avec la détresse des crépuscules, éplorés dans le jour". Non, je ne meurs pas. J'imite, seulement le mourir, quand je m'allonge dans ce square étonnant, tout étroit. J'écris, comme les choses viennent, sur ce téléphone pénible. J'écris comme les choses se font dans moi, comme elles s'assemblent et s'amusent à se rompre. Je suis disloqué, à la façon de ses idées mal-conçues, de ces horloges qu'un rien de maladresse met dans les lambeaux miséreux, aux décharges du désordre, dans les mécanismes annihilés.

D'être ainsi figé, de crier sans lumière, me laisse du froid entrer à travers ma geste d'écrire. Je suis exalté d'un feu blême. Maude si près et ses caresses courtoises, pleines de velours bourgeois...

Il y a dans ce jardin aux odeurs courbaturées, il y a dans ce jardin plein de feuilles coupantes, de sable volant, d'idées en gestations, des pensées multicolores aux seins roses, aux yeux de muse. J'ai vu un songe, alerte, aux mains de violoncelle à l'abdomen de colophane, au pas guindé, fuir à mon approche. Des pensées je n'en ai jamais vues des véritables, j'ai su des ombres d'elles dans les amphithéâtres, dans les livres, dans les discours, j'ai entendu à la télévision des voix qui semblaient venir de leurs corps invisibles. Mais je ne voyais pas. Ces pensées brunes comme les idées poisseuses des cinémas, grises de la poussière que la nuit pourrit dans les étoiles, luisantes à la façon d'énigmes que punaisent des doigts sauvages. Dans ce jardin, il y a des cauchemars, comme ceux-là que je fais la nuit. "Je ne dors pas non". Quand je dors, je sens que quelqu'un m'arrache, me prive. Que quelqu'un me brusque. Me tire des nostalgies qui définissent mon corps et mes senteurs pour m'en offrir d'autres, quand je m'endors, quand les images pleines de bruits saccadent dans mon esprit, s'agitent sous mes paupières brûlées de la soude des délires, et bien, et bien, des choses atroces m'arrivent. Des choses comme vous faites dans vos vies incestueuses, tous, des choses banales. Quand je rêve, je suis avocat, chien, commercial, je suis soumis, éduqué, j'ai les cheveux courts et le museau dressé. Je vous hais. C'est terrible. Je vous hais tous.


Je pense. A Maude. La chaleur de son oreiller plein de traces de dents, à son visage volé dans l'or antique. Je pensais à Pierre qui me présentait Loriane, qui lui affirmait "Jonathan, au contraire de Paul, est vraiment charismatique". Je pensais, à ma condisciple dont les tentatives gravaient dans la mémoire cette affirmation que je retiens comme une douceur, comme un cadeau qui me tient chaud dans ce square éteint : "Charismatique ne te va pas", et je l'entendais comme un couturier devant l'essayage pénible du gueux dans quelques habits que son échine voutée ne pouvait pas supporter, comme une insulte trop voyante dans la bouche des prieurés. Je me disais, en souriant, "je suis polysémique" je me disais, je suis les débris de la lumière claire qui passe dans un prisme de civilités, de sociabilités, d'habitudes, je me disais, je projette selon les tailles des choses diverses, ma personnalité est cubiste, mon identité diffractée". Je suis la perspective abîmé, je suis les écoles aux briques ridées. Je m'amusais beaucoup d'être si en retrait de moi, à l'Université, que mes traits saillants s'étaient figés en une colle honnête. Demain j'apprendrais à être ordinaire, comment fait-on, des passions molles qui ne vous usent pas les nerfs, d'où aucun poème ne vient danser sa coutume russe, comment fait-on des cinémas de gestes et de manières, des poses mortelles de paresse où l'on conclut par des rires gênés tout ce à quoi l'on est sourd. Je serai demain, tout ordinaire, je dirai bonjour, et je dirai merci, ce sera comme à table le Bénédicité, et je pensais à Pierre "Jonathan est charismatique" et ma condisciple "ce mot te va si mal", et j'avais un habit brodé de deux tisseurs rivaux pour faire mon "je" hétérogène, pour dédoubler ces deux prénoms si profonds que je n'ai vu le fond d'aucun. Je me penche au bord de l'abîme, et un reste de peur me suspend, me soutient, m'interdit d'y plonger l'oeil trop longtemps. Je suis instable, ma matière change, se bouleverse, ma couleur diffère, vieil habit chinois, portrait aux repentirs multiples.

Ce n'est pas que je cherche à mourir, mais seulement à me pencher au plus proche du précipice sans craindre jamais d'y pouvoir défaillir. Le vide j'y suis habitué, n'oubliez pas, deux jours par semaine je suis à l'Université.

 

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8 mars 2011

Les chats ont la grâce violente

Je suis la toute-puissance que tu cherches, qui se souvient de tout sans n'avoir jamais rien vécu. Je suis l'Histoire des drames, les fleurs sauvages couvrant la défaite d'un traineau doux.

Il y a dans tes os, du vert, de l'herbe coupé, et neuve. Mais ce qu'on voit, ce qu'on sait, c'est l'herbe sèche, morte, jaune, veillie, celle qui reste dans les ongles. Tu fais un trou dans ma joue gauche. Et tous les mots tournent. Ils tournent. Je veux que tu les vois tourner. Je veux que tu les rattrapes. Je veux que tu tendes la main. Que tu tendes les muscles vers moi. Allez. Je veux que tu tendes tes lèvres, ta peau, ta langue, ta poitrine peureuse vers moi. Aide-moi. Rattrape-les. Ils tournent. Tous. Ils tournent et se fondent comme la neige ensanglantée de ta buée. Comme le feu des rues qui se mélange à ta démarche. Quand je te vois passer. Devant eux. Que je ne supporte pas. Tu m'appartiens. Tu m'appartiendras. Quand tes jambes bougent, provocantes, et que les vitrines cassent. Quand tes cheveux tombent et font éternuer la terre. Viens les rattraper. Quand tes muscles se lèvent vers les ciels anciens. Et qu'ils sont, eux, rampants dans la vie. Trop de vie simulée en eux. Fausse. Trop de vie parjurée, imitée, de la vie synthétique, de la vie qui sent l'ambition, l'orgueil, qui a les bras croisés sur des espoirs en nylon, qui ont des ciels de tissus. Qui parlent. Regardent l'étoile, c'est la grève au plafond. Je veux dans le soir, agrafer les papillons d'étoile. Clouer des sangs de Christ. Saigne. Les étoiles sont des stigmates. Viens les rattraper. Viens nous rattraper. Ils tournent, les mots, ils tournent. Comme ma tête. Comme ton corps. Dans les rues que j'imagine. Que je ne connais pas encore. Et qui m'obsèdent. Mais deviens. Deviens je t'en prie. Le vrai corps qui me rattrapera. Ma joue se fend et tout les mots entre. Tiphaine Interdit. Ton prénom que je ne sais pas prononcer. Ton prénom comme une balle de fusil qui danse avec les oiseaux sans ailes. Les oiseaux aux dents plus longues que tes bras qui se balançent le long de tes hanches de sable, qui s'évapore. Je te vois passer. Dans ces rues. Partout. Rattrape-les mots. Je suffoque. Je perds haleine et liqueur. J'ai l'abricot au poivre qui se penche. Je suis étranger, regarde-moi. Je simule. Rattrape-les mots. Allez. Je simule. Dans un coin. Je ne sais plus respirer. Les rues se font l'amour. L'une en dessous, l'autre en dessus. Plus rien. Je ne veux pas les voir. Peau contre peau. Pavés contre pavés. Les rues s'accouplent quand tu danses en silence, la tête baissée, les mains sans fin, qui traînent le long de ton ombre. Je ne supporte pas. Et toujours ces mots, ces mots qui me remplissent la joue gauche. Certains chutent sur le bord de ma langue. Je suis l'incendie que tu n'oses pas approcher. Et tes yeux se fendent sur ton nez, quand je te giflerai, plus tard. Tes cheveux entre les pavés comme des restes. Tu es belle quand ton pendentif serre ta gorge de vierge. Regarde comme moi aussi, je suis absent. La seine vide coule entre mes yeux. Et quand je tends les lèvres pour t'embrasser, des mots s'envolent et comme des chauves-souris vont piquer les crânes voisins. Ne les écoute-pas. Ne les écoute-plus. Je suis la toute-puissance que tu cherches. Rattrape-les mots. Tu auras besoin de moi. Je glisse sur ton nez, comme un enfant qui lance son lasso. Ne me laisse pas plein de cette odeur. Ils m'envahissent. Les mots. Certains se cognent maintenant contre mes dents blanches comme ta peau du dos, où le sang ne circule plus quand je laisse ma main glisser le long de l'échine. Je suis l'aventure qui t'attend. Retiens-les. Mon palais suffoque. Quitte tes berges pleines de normes. Abandonne ta tranquillité. Viens dans les soubresauts. Viens me voir danser dans la nuit, gémir le corps dans le soir. Gémir avec des mots. Les mots me font hurler comme une enfant a la voix cassée. Et mes amygdales couchent dans tes draps. Baignés de phrases absentes. Regarde comme je simule. Regarde comme les mots prennent toute ma gorge. Comme j'ai le visage fissuré de mots. Des mots partout. De toi. De moi. D'eux parfois. Rattrape-les. Je suis la toute-puissance que tu cherches. Tends vers moi ta main de lierre sans feuilles. J'ai les bas qui font brûler ma peau, qui taillent dans le sang. Je ne sais plus courir. Je suis la beauté paralysée. Et je te vois passer, dans cette rue, dans ces rues, dans ma gorge, comme une amante qui ne se rend pas compte. Et je reste là, à avaler ta langue. Devant les yeux indifférent. Et mon visage d'inscription. Les yeux ouverts comme des sexes inconnus. Et les mots qui coulent, le long des joues troués. Ne me rattrape-pas. Je veux fondre sur le pavé, comme les soumissions molles de nos débris étroits.

Je suis la toute-puissance que tu cherches, qui se souvient de tout sans n'avoir jamais rien vécu. Je suis l'Histoire des drames, les fleurs sauvages couvrant la défaite d'un traineau doux.

 

8 mars 2011

5h36 les désespérés heureux.

 

Le matin. Mes nerfs traversent une douleur. J'entends. Des basses qui résonnent dans la salle de classe. Je demande « Tu as entendu l'orchestre sonore ? » On me répond « non, de quoi tu parles ». Je ne retiens pas les mots étouffés, congestionnés. Je sens. La crise. Qui monte. Au milieu des élèves. Je sens le débris de folie qui va scintiller. Qui s'incruste. Viens tâcher mes cernes, petit vin miraculeux. Vieux noyer éclot tes fruits dans ma bouche. J'entends. Un son. Qui n'existe pas. Je dis « hallucination auditive ». Il faut que je lise. Il faut que je lise. « Mon corps et moi ». Mon corps étranger, pour me cacher. Dissimuler. Bonjour, je suis pieux, j'ai mis à ma folie un cantique. L'hallucination auditive. Qui prophétise, qui dit « tu vas tomber ». Je lis. Crevel. La solitude. Je fais disparaître les contours de la salle, du rétroprojecteur, des images, des étudiants. Je me retranche. Je ne parle plus, j'ai le regard qui lutte contre les images graves, contre les nerfs cruels. Je résiste. Je résiste à la crue. L'inondation. La peur des bêtes miséricordieuses qui vous dévorent la moitié de l'intelligence. Je me dis. Rappelle toi. Souviens-toi. Je dis. 1999 « L'enfant est doué. Jonathan, 146 de Quotient Intellectuel ». Depuis. Il faut un futur, un futur qui ne prend pas de place, qui se range. Qui s'oriente. Un futur. Sur des étagères pleines de poussière. Je dois. Résister, à cette folie qui grice. Je fais des calculs, je lis « Mon corps et moi », j'essaie de me souvenir. Le médecin dit « surdoué », je dis, je ne veux pas, je dis « pourquoi je ne peux pas dormir la nuit, pourquoi des images m'attendent comme à un rendez-vous que je n'ai pas commandé ? ». Je pense. Aux amours, aux passés. Je pense aux soirs. Je suis dans la chute. A Loriane, à l'alcool. Les portes de secours, l'étroitesse d'un goulot, le sexe féminin. Je pense.

Je pense, à toi amoureuse sans lendemain. Que je délaisse dans des draps à l'odeur de mots en relief, un matin. Toi, amante sans visage, que je délaisse dans cette chambre froide avenue des Infidèles. Toi, à qui il me reste un peu de cheveux sous les ongles. Toi, amante retenu par des fils de mixture de rimes. Toi, que je caresse avant de frapper, dans le fond d'un lit sans lumières. Toi, que je n'ose pas approcher quand tu t'endors parce que tu as le silence de ces petites filles. Ces silences qui à toute vitesse suent dans la nuit. Toi, qui a mes yeux dans la bouche. Le bruit de la mâche amoureuse. Le bruit de ton palais qui presse mes pupilles pour en retenir le jus. Toi qui éclabousse mon visage douloureux. Toi qui partage l'incompréhensible avec ta bouche qui enroule la mienne. Toi, qui a sursauté quand j'ai claqué la porte comme on referme le sexe. Tu as le cou rival. Et j'ai pendu notre aventure. Comme une ombre qui s'envole. J'ai laissé les matins. Je laisserai les matins. Tous les matins. Au creux ta chute.

La nuit silencieuse comme une voix de fillette qui lit l'avenue prosternée dans mes reins. Rue Mouffetard, j'embrasse la bouche de Loriane. Couloir rouge. Je regagne Suresnes.

Tes bretelles de soutien-gorge jouent aux funambules sur tes épaules. J'imagine que tout est minuscule. Les fenêtres ouvertes. La table de chevet. Le lit. Les miettes. Je suis le silence intimidant. Celui qu'on déteste et qu'on redemande.

Je te laisserai faire. Minuscule. Ton corps sur le mien. Les draps deviennent une ombre qui suent nos cadavres. Tu es le fond de l'air qui fouette le silence. Tu es le fond de l'air qui dépose la poudre d'or sur les morts. J'ai une petite fille qui gît sur ma poitrine comme une pierre tombale. Toi, ton geste qui fait fuir les chats haletants et fatigués. Toi, l'amante glacée qui se givre dans le ventre. J'ai des poches sous les yeux. Tu es la fatigue. Tu es la lutte. J'ai un duvet de poudre glacée sur les cuisses. Tu as éternué ta violence. Je te laisserai faire. Je suis l'observation anodine. Le manque qui déstabilise. Je me mets dans ta peau. En silence. Avec violence. Effacé. Je ne suis pas concerné par moi-même.  Je te décrirai. En silence. Le silence de l'éclat. Que nous attendions.

J'ai la langue d'hier.

Je veux la marque de tes genoux sur mes lèvres. Je veux voir gonfler ma langue sous les coups. Je veux que tes épaules cognent sur ma poitrine alcoolisée. Je veux te voir te baisser pour ramasser mon corps en miettes. Une femme se voile les yeux avec des mains trouées. Je veux sentir tes doigts nerveux tirer sur mes racines. Les rues s'encombrent des corps bruts qui tombent les uns sur les autres. Et des passantes à la robe légère marche au dessus des cadavres, en tressant leurs cheveux à l'odeur de peaux brûlées. Je veux sentir ta langue se débattre sous mes mollets. Une cloche gigantesque se soulève du ciel. Je veux te sentir suer de l'or fin dans ma bouche. Je suis l'écarté. Tout en moi s'écarte. Tout en moi secoue. Je suis le corps du silence. Je veux l'empreinte de ton auréole humide sur mon nez. Je fouine dans les coins, à la recherche de l'odeur des pierres tombales. Je suis collé contre mes jambes pendant qu'une femme monte sur mon dos pour planter le drapeau des capitales salies. Je suis un mâle mi-clos en déplacement. Et mon mouvement est féminin. Je frotte mes gencives contre tes dents et j'enfonce mes doigts dans une ampoule. Je suis le corps qui cherche les lumières. Je suis mon anonyme. Une silhouette mordue jusqu'au sang par mon ombre. Je dissèque mon visage. Avale mon menton. Je manque de moi. Je suis sombre comme un matin sans pluie. Je voudrais tes mains qui prennent mon cou et le gorge de sauce timide. Des cadavres glissent sur la neige. Je suis ce que je veux de moi. Je suis des yeux, ma colère asexuée en brandissant les poings vers le ciel pour crever les abscès des bouches masculines. Je veux ta bouche qui dérape sur le goudron quand je te frôle. Je veux des bouches dans mon corps. Pincées. Des bouches qui s'essoufflent dans mes yeux. Des bouches aux vitrines. Des bouches dans l'assiette. Des bouches qui dansent sur des rasoirs. Je suis ton gardien, ta prison.

[ Je dépose mon foie sur l'oreiller. Une femme écarte mes côtes. Une mer me noie. Je n'ai pas la folie. J'ai son idée. Je dessine l'empreinte de mes doigts sur les murs. Et des milliers de langues lèchent le papier peint veilli. ]

L'entre-ouverture est acide. Sous mes doigts, les corps se décomposent. Dans les rues, on annonce que j'ai perdu ma virginité. Un train s'élance vers le ciel. Une pluie d'étoiles me tombe dessus. Je lève les bras pour protéger mon visage. Le poussière vole autour de moi. Je me débats et le sang couleur d'argent se mêle aux miettes d'astres. Mon cou se fend. Les étoiles sont des pierres. Les hurlements de la rue deviennent des chants de guerre. J'aimerai ne jamais revenir. Demain. Tout commence tard. Je suis dans mon salon. Je me rappelle, la chanson de mon corps qui s'abîme, de mon corps qui disparaît. Quand je te demande « est-ce que j'existe » et que tu m'embrasses sur le ventre pour me dire « je ne sais pas, mais tu désires »

Je pense parfois à une mère qui brûlerait les cheveux de son mari en pleine nuit, et irait les mélanger au lait dans la tasse des enfants au petit matin orphelin.

Ma langue tombe en liqueur dans ta bouche. Je ris. Je ris. Je ris. J'attrape une crampe aux amygdales. Ta bouche est tombée dans ma main. Je ris. Tout ça est si banal.

[ Les mots se déhanchent sur mes cuisses. Ils n'atteignent jamais le sommet. L'arbre sans tronc dépose ses branches baignées de solitude dans ma gorge. Je dois supporter. La cadence est érotique. Mais le fond ressemble au début. A la première lettre. A la première feuille. J'ai en moi tout le talent du monde. Mais mes doigts n'écrivent pas assez vite. Le chef-d'oeuvre m'échappe. ]

J'ai l'haleine nue des milliers de fleurs malades. J'ai le cancer des images. Je suis bourré de mots à quatre pattes. L'imagination sucrée de perles de virginité. Le vice des femmes contre celui des hommes. Parce que tous se ressemblent. Tous ici rêvent de là bas . Là bas où je suis déjà. Et quand je tends les lèvres, une insomnie vient me frapper par derrière, me rappelant à l'ordre.

Je suis au théâtre et c'est mon propre personnage qu'on joue. C'est une scène comique sur des planches courbes. Je suis un désespéré heureux.

 

7 mars 2011

Tu étais le reflet dans mon ombre insensible

Tu étais le reflet sur mes dents d'alcools. Usée par des tentatives perdues. Et je t'ai portée dans mon ambition comme désir. On dit dans les rues, que tu fauchais ta tristesse dans ton lit. On dit que tu aurais du faire attention à moi. On dit que tu m'aimais. Et moi, je connais un goût qui me donnait envie de vomir. De ta langue de fourrure dans mon cou qui crevait de froid. Je suis le nom d'aimer. On dit dans les couloirs, qu'en fait j'aimais toutes les filles. Avec les beaux yeux lointains de la dame qui vole au dessus de vos arbres. Que j'étais celui qui d'un coup de pied, renverse les feuilles dans la cour. J'aime cette fille. Celle qui approche le soleil entre les branches, brûlante, du bout des doigts. Viens, viens. Avec ses ongles, elle casse les rayons et vous fait croire à l'autonome. L'amante me fait du pied sous les bureaux de la bibliothèque de Picpus. On dit que je t'ai froissée. Maude disait que j'avais peur des morts et elle répète aux étoiles "je ne comprends pas, je ne comprends pas, pourquoi il a fait ça". Et moi en dessous du dos, les poumons qui battent leur dernière cadence qui déborde de silence. La mort ouvre sa bouche sous mes semelles. On dit que tu te cognais la tête contre les murs. Et moi, je te tirais les cheveux en cachette. Quand tu te retournes, je te paie. Je paie d'un amour qui m'écoeure. Je te donne. Mes épaules de nouveau-né. Ecoute, écoute, mon sang d'espoir qui bat jusque dans tes veines quand tu poses les mains sur mon ventre écroulé. Et si je baise la tête, ne les écoute pas dire, que les branches se rapprochent, que la nuit viendra nous déshabiller, que le matin sera là, ponctuel, exigeant la chambre rangée, neutre d'odeur. Reste à me regarder. Je me dessine devant toi, sans cris. Je deviens la peinture invisible, entends entends, les coups de pinceaux qui me dessine un visage de morte. Dis adieu aux minutes. Chante chante chante, quand je passe à côté de toi sans te regarder. Chante et dis-leur que j'ai la bouche close. Un néon de tristesse illumine mon nombril étouffé de goudron. Je suis la raciste de moi-même. Bouche-toi les oreilles quand je crie mon mépris dans le creux de ton épaule. On dit dans les salles, que parfois tu tremblais devant moi et Maude qui répète brillante de larmes "je ne comprends pas". J'ai des mots d'ignorés, des tâches de rousseur quand on me lit. Partout. Déborde. Vide. Je n'en peux plus. Plie-moi dans un livre, et enveloppe-moi de poitrine nue qui me consolerait d'un amour qui noue le supplice. On dit dans les couloirs du métro qu'il ne fallait pas m'aimer. Je danse. Je danse, et je fonds sur vous comme on passe au feu rouge. Regarde-moi bien avant que je te pousse sur ces routes, et que je conduise ces machines obscènes qui viendront te laver le crâne de tourments. Je roulerai sur toi. Regarde-moi dans la bouche. Il y a encore ton goût qui envahi. Dans la capitale, les violons s'agenouillent et chantent pour la mer. La mer, qui appelée, vient recouvrir la place publique. Regarde-moi bien quand j'irai tendre la main pour la petite noyée qui descend du hasard et qui finit par dire Bonjour juste avant de mourir. Regarde-moi bien la sauver. Regarde-moi passer ma main sous son cou et la secouer pour la faire respirer. Regarde-moi dans ce geste là. Regarde, regarde. Ecoute bien ce qui se passe. Les mains des femmes dans les mains des femmes dans les mains des femmes qui viennent déposer l'instant dans les mains des petites filles. Tout ça envahit. Regarde-bien. Tu es en dehors. Je t'aurais laissée mourir. Regarde-moi bien dans ce charme là. Je te montre les mouvements, et je la prends par la taille. Dans un dernier souffle. L'eau qui l'étouffe dans les narines, dans la gorge. L'eau qui l'empêche de respirer. L'eau salée de la mer urbaine. Dans un dernier souffle, elle dit Bonjour puis meurt. Admire l'ordre des choses. Croise-la dans mes yeux. La noyée. Heureuse d'être sauvée. La noyée, enchantée, je vais mourir. Ton coeur bat dans ta tête qui n'y peut plus rien déja. La mort tourne tourne et t'invite à danser, habillée d'une robe noir se prenant pour l'éternité. Regarde-moi te sourire dans ce moment là. Ce moment d'angoisse. Et ta langue qui retourne à l'intérieur comme un petit animal peureux. Tango suant. Ecoute bien mon sourire glisser comme une mousse de pétales quand je sens que tu t'étouffes. Etouffer. Désordre. On dit dans ton coeur, que je recouvre tout. On dit que je montais avec toi mais que je te détestais. Ecoute ecoute le bruit du prix de mon corps qui te remonte dans la gorge quand tu te retournes. Retourne-toi, je te paie. Mon corps. On dit dans les escaliers que tu étais ma prostituée. On me bouscule, et je te suis, un panier sur la tête. Sens, sens mon parfum qui se prépare à t'achever. Sens, sens, mes syllabes parfumées qui déracine la tour Eiffel pour te l'enfoncer dans le dos. Imagine-moi tendre mes doigts vers tes pieds qui montent ces escaliers pour te faire tomber, pour te perdre dans le berceau du désir. Et imagine ensuite, ma pitié s'étendre sur la papier-peint vieilli. On dit dans les chambres voisines que je ne m'allongeais jamais dans le lit. Que lorsqu'on passait après nous, les draps n'étaient pas froissés. Que les tiroirs n'ont pas été ouverts. Que les robinets n'ont pas coulés. Que les murs n'ont pas eu a supporter les bruits. Que les rideaux n'ont pas été tirés. Que la joie n'a pas transpiré. Que la porte n'a pas été fermée à clé. Que les miroirs n'ont pas été regardés. On dit que les pas n'ont pas circulé sur le plancher. On dit que ça ressemble à une chambre abandonnée. Regarde-moi quand je range tes mains en sang dans les tiroirs discrètement. Je suis la secrète inquiétude, et mon horreur est généreuse. Comprends comprends ton nom que je ne veux pas retenir. Comprends la gifle qui supprime. Comme la douceur après l'orage, la solitude après le cadavre. On dit que j'avais des yeux de monomanie après le drame. Qui dégoulinaient sur ta poitrine agile. Tu es la vitrine dans ma bouche dégoutée d'avoir tiré sur ta peau d'amour mort. On dit que j'ai changé de disque. Et que pour danser, je me suis jetée de la fenêtre. On dit que j'ai ouvert les cuisses pour plonger dans l'eau de la mer urbaine. On dit que je n'ai pas fait attention, et que j'ai atterri sur une petite fille. Qui assommée, s'est noyée. On dit qu'un homme me regarde. Qu'il lui manque des mains, et qu'il pleurait de la boue. L'amour choisit la victime sans demander le prénom. On dit qu'il ressemblait à un mort. D'un geste de la main, j'ai appelé la vague. On dit qu'a ce moment j'ai crié "regarde-moi mon amour, j'ai promis de t'aimer". On dit qu'on a retrouvé nos corps dans la fontaine du centre ville, le sourire aux lèvres. Et qu'avant de mourir, j'ai dit "Bonjour" au cadavre adoré que je venais de tuer.

7 mars 2011

Aux absentes.

 

Il est des corps qui me volent l'envie, comme certains me volent l'écriture.

"Est-ce que tu peux venir sur Lille, il faut que je te vois ?". Emilie. Tout à coup me revient comme une cliente. Cliente de mon corps. Secret. Secrète. Je ne sais pas. Je ne sais pas. Oui. Comme un souvenir Emilie. Je suis là. Sur Lille. Et nous pourrons nous voir. Nous croiser. Nous aimer. De haut. En bas. Nous aimer secrètement amour. Parce que les mots. Tu sais, tu comprends toi, les mots Emilie. "Tu te travestis dans l'écriture". Oui, tu me l'as dit ça aussi. Je te dépasse maintenant. Depuis le temps. Ma tête est plus lourde que la tienne. Mon circuit intime est plus tranchant. Je pourrais presque te dire "je ne t'aime pas". Presque. Je trébuche devant les fenêtres de tes yeux. Je les ai toujours trouvés trop grands. Tes yeux bleus. Emilie, ma belle Emilie. Mais pourtant, comme des excès, comme des ignorances, comme des yeux de femmes embuées. Les femmes ont mal, souvent. Emilie. Tes yeux pour compléter l'envie des femmes qu'ils ne comprennent pas. Tes yeux pour donner forme. Tes yeux qui jouissent et m'essoufflent. Ah, tu n'aimerais pas, que je fasse, Littérature Littérature. "Si je n'avais plus d'hormones, je n'écrirai plus". J'écris avec la rage, le désir, avec ta hampe clitoridienne, ta nymphe, ton utérus, avec mon foie, tes muscles vaginaux, avec mes boyaux, ma chair. Je n'écris pas avec mon esprit Emilie. Je ne sais pas écrire pour dire je t'aime. Alors oui, je vais te retrouver. Comme une hystérie après l'effort. Vous. Vous. Vous. Obsédés textuels. J'ai la chair gâtée quand je te vois. Tu es comme le flux, le sec mouillé, on ne t'oublie pas, mais on te perd. Comme j'aime te perdre. Parfois, je pense à ta mort. Que tu m'as volée. Tu coupes, le bonheur, les portiques, les terrasses. Quand tu voyais, Anne B. Quand tu riais. Quand tu me faisais signe "ah voilà le connard". Je t'aurais tuée Emilie. Je t'aurais tuée à cause de cette ironie . Ton sourire qui ramène le vent dans les poumons, qui gonfle, ton sourire, qui s'empare du corps. "Tu violes". Ne ris pas. Les fruits séchés rebondissent. L'odeur de ta chambre. L'odeur de ton corps, qui se froisse, quand tu t'assieds à côté de moi. Malade. Ton corps est malade, il me guérit. Tu es le sommet. Ton odeur est prétentieuse. Elle peut tout exiger. De moi. D'eux. Regarde, la langue charnue. C'est la mienne. Qui te gifle les cheveux. Ma langue aux tâches de rousseur. "Est-ce que tu peux venir me voir sur Lille ?". Oui, je pourrais même t'aimer. Quand tu me dis « Tu es beau Jonathan, beau autrement, tu es beau de douleur, beau de carnage, tu as la beauté de ceux qui survivent ».

[ Il y'a des choses que je n'ose pas écrire. Ces choses se cachent derrière ce que j'ai déjà écrit. Ces prénoms que je fais avec des initiales. Mais je sais, que les yeux sont trop petits pour voir ]

[ Chaque fois que j'entre dans mon ombre, c'est l'odeur du velours sucré. Je n'ose jamais y passertpit entier, dès le premier instant. J'ai toujours peur, des idées abandonnées, mortes. Mais je suis bien élevé, aux morts même je dis bonjour. ]

La mer sent fort. Son bassin est large. Je la capture d'ici. Du Nord. Du vent violent. Des coeurs généreux. Mon humeur se tourne dans la mer. Depuis la naissance. J'ai mille ans de rires. Je la sens me tourner dans le blanc des yeux. Avec un effroi qui m'échappe. Oui, je sens la mer. D'ici. De la ville. Elle vogue en moi, partout, dans tout le corps. La mer qui s'éclabousse, contre les rochers, des autres corps. La chaleur du sel. Il faut tuer Jésus. Pour la glande des raisons intimes. J'échappe aux surveillances. Tout ma vie, je me veux tempête.

Tandis que le père déclamait Eluard. L'enfant fouillait la terre, pour la faire jouir

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6 mars 2011

L'écriture impatiente.

 

J'ai vu des amours finir mal. J'ai entendu des oiseaux chanter sans comprendre leurs timbres de prophètes, j'ai avalé des flocons délicats, j'ai vu des gens s'absenter, je les ai sentis me manquer. Est ce que ça dure toujours l'absence ? La douleur m'est égale.Je passerai les saisons. Maude a dit que j'étais vierge.Elle n'a peut-être pas tort.Je pourrais repousser, me défendre, pétrir.Je pourrais cogner avec mes genoux.Subir les yeux et les statues, subir ma structure, ou encore séparer mes mains.Mais mon innocence me fait peur.

La fête des idiots..Dans la rue, il y'avait un homme qui dessinait au fusain des portraits, pour quelques euros.Les filles buvaient comme des hommes.Je m'éloignais des corps vulgaire.S me dit "je ne te déçois pas hein ? Je ne me le pardonnerai jamais".Puis S vomit.C'est l'alcool qui monte à la tête.Moi, en rentrant, je dis toujours "je n'ai pas bu".Je ne bois pas, je ne fume pas.Je joue le rôle de l'adulte.Parfois, on me le reproche "tu es un garçon déséquilibré".Je manque de m'évanouir à chaque fois.Equilibre.La beauté des corps puis le dégoût."Vous êtes un garçon malade".Le dégoût. Puis l'éclat de rire.Alors, je suis passé à côté de cet homme qui dessinait.Il a léché du regard mes yeux d'adulte.Il a caressé du regard, l'ondulation de mes cheveux à cause de l'humidité de l'air.Son haleine chaude.Il était seul.C'est un chien sauvage, une biche blessée.J'aurais pu m'asseoir en face, sur le tabouret.Le regarder me dessiner.Immobile.J'aurais pu.Pour la grâvité avec laquelle il m'a regardé en passant comme pour me dire « je sais tes pensées, je sais tes yeux ». J'improvise.Je baisse le regard.Je ne veux pas."Monsieur, je peux ?".Non, je n'ai pas d'argent, et puis vous savez, je n'aime pas assez la forme de mon visage pour ça.Vous savez, je suis porté par les sens, et mes lignes sont infinies, irréfléchies.Menacées.Vous pourriez m'offrir une de vos pages blanches et vierges, je pourrais vous prouver qu'il y résidera mon visage : la transparence.

 

 M. dit que je suis un peu spécial. : "c'est à cause de l'écriture et de tes yeux noirs". Chaque fois que quelqu'un d'autre apprend que j'écris, je me maudis. Je le dis, je l'annonce, mais je ne veux pas qu'on le découvre. Je veux que ça paraisse un mensonge. Ne voyez pas mes folies, elles sont sincères.

Les lettres de Marine sont longues.Marine.Marine chez les Hednin.Marine et ses examens.Je connais tout.Ou presque.Marine écrit : "Je ne veux pas grandir, mais ça, tu le sais déja, je l'ai remarqué au Manoir, quand tu es sorti de table pour prendre Marion dans tes bras".Marine ne veut plus aimer les garçons qui ne l'aiment pas.Marine veut voler.Profiter de ses 20 ans.Marine veut couper ses cheveux avec des couteaux de cuisine."Apprends moi à devenir une femme". La déshonorer de ma tristesse. La nuit. Dans son appartement. La nuit. Sur le trottoir. Où j'ai écrit, tellement de lignes, que j'ai eu peur des passants, et des figures qui s'y assemblaient.

J'ai souvent le vertige.Comme ça.Pour rien.Parce que j'ai peur de tomber de moi même.

Quand je me mets à lire, j'entre en apprentissage. C'est autre chose que celui que je fais. Officiel. Trois jours par semaine. J'apprends le frisson.

J'ai déjà oublié le lycée.Les rires.Les mains, ces ventouses.Mon pére est partout.Partout, il m'a appris à aimer.Pas à apprécier. A dévorer.Cette envie.Je suis mon pére.Sous la forme d'une fragilité cruelle.Je protége.Mon père.Je souris.Je saute au cou.Je ne veux pas écrire pour me prouver.Je ne veux pas écrire pour être lu.Je ne veux pas d'une écriture mensonge.Je ne veux pas me vendre aux yeux.Je veux être ma propre écriture.Je veux l'essentiel.Je peux tout partager.Tout offrir.On peut me tuer.En aimant.Je veux offrir les mots.Sans laisser de trace.Sans laisser d'empreintes.Simplement les jeter.Aux visages.J'ai toujours rêvé de baigner mon corps de mots.Et d'éclabousser les passants.J'ai toujours rêvé d'être dans le mouvement du vent.J'aime beaucoup ma barbe, mes cheveux longs. J'ai l'impression d'être en retard. De n'avoir pas compris quelque chose comme un meurtre. Un rasoir. Vous savez. Un rasoir sur la différence..La ville la nuit.Les jardins.Les amours qui oublient.

Le sourire, de l'ancien amour qui vous dit :"je ne sais plus où j'en suis", est comme le coeur qui vous arrive dans les tempes : l'envie soudaine de l'aimer à nouveau pour lui redonner sa place.

Tzara a dit :"Nous ne voulons pas écrire, nous nous laissons écrire".

En errant près de Convention, hier après-midi, il y avait un garçon qui me suivait, le pas pressé. Il m'arrête dans les couloirs du métro..Me demande où se trouve la Rue de l'abbé.Je réponds que je ne sais pas, qu'il a inventé ce nom.Il dit que oui, c'était un prétexte. Je lui réponds que c'est dommage, que ça aurait pu être plus original.Il me demande si je'ai déjà tué, je réponds « presque ».Il me demande si j'ai deux minutes pour le suivre.J'aurais pu répondre que j'avais toute la vie pour suivre, ramper, siffler.Lui dire que mon enfance est une grande liberté.Lui avouer que mes 8 ans se cachent.Lui dire que je suis censuré.Lui apprendre que là bas, les poètes transmettent la chute, qu'ils m'apprennent à fuir, qu'ils ont des plumes dans le ventre, qui leur permettent de voler.Mais non, je me suis contenté de dire "Non, je n'ai pas le temps".J'aurais aimé qu'il me réponde que personne ne possédait le temps, que ça ne nous empêchait pas d'aimer, de donner, de s'offrir.Mais non, il s'est contenté d'un bavardage,timide..J'aurais aimé lui dire "ça doit être étrange de draguer, de te contenir, de paraître, qu'est ce que ça fait ? Tu te sens intimidé ? Pressé ? Pourquoi tu ne voudrais pas seulement m'accompagner en silence le temps de finir ce couloir ? Tu sais.Juste pour dire d'être là.D'être entré dans ma vie.Sans infraction.Le silence est une politesse.Une marque d'éducation.Pourquoi tu ne m'aurais pas porté mes idées ? Ca m'aurait enchanté, des tonnes d'idées.Pourquoi ne pas me donner de consignes.Pourquoi ne pas disparaître après m'avoir rendu le coquillage ? Qu'est ce que ça fait de draguer ? Est-ce que j'étais positif ? Est-ce que c'est mon parfum ? Mon allure maladroite ? Parce que je cours, je provoque ? Est-ce parce que je suis l'apprenti ? L'animal des mers chaudes ? Est-ce parce que je parle une langue de sel ? Mais non, je me suis contenté d'un "ah..." et d'un sourire timide.Il m'a demandé si j'aimais les garçons. J'ai répondu j'aime D. Je ne sais pas pourquoi.

Et je suis parti rejoindre Marine.

6 mars 2011

Le bruit de mon corps, dans le froid des nuits.

 

J'ai les cheveux mouillés de soleil, et le coeur embaumé par ma vie. Je pourrais vous dire aussi, qu'en quittant Maude j'avais la peau comme un jour intime et que la route de sa bouche à ma poitrine est bossue comme mes pieds usés. Trois kilomètres sept cent. De la rue Blomet à Issy.

 

Je mettais une écharpe autour de son bassin, et je serais très fort, je disais qu'il ne fallait pas attraper froid, surtout pas, non. Ne pas attraper froid. Ne pas attraper les sales maladies. Je faisais un noeud, qui étouffait sa peau. Je plaquais mon corps contre elle ensuite. N'attrape pas froid. Et je mettais un préservatif sur nos gestes. Protège-toi. Je lui disais "Protège-toi". Et je l'embrassais. Surtout, se protéger. Ne pas attraper froid.

 

Si vous aviez vu, Monsieur.

 Les femmes qui lâchent leurs ombres dans l'égout en chantant que les visages sont dans la nuit, vous leur auriez demandé si elle avait un premier étage d'où je regarde la vie. Donnez moi des yeux bleus.

Si vous aviez vu Monsieur. Vu.

Le crime est heureux, quand j'écris. Je suis léger, léger, sans prénom, avec toutes les voix du monde.

Elle perd son haleine dans mon cou. Je suis avec la danse des angoisses. Contre elle J'ai les muscles qui tapent comme une hache. J'ai la peau fondu dans la salive. Mon sexe est une chanteuse rauque sans cigares. J'ai demandé qu'ils se taisent. Tous. Qu'ils me laissent faire quelques pas, vers le coeur sexuel qui piétine dans mon piano pudique. Je n'ai pas de dentelles, et je leur ai écrit une lettre, sur un papier peint tâché de sang, que je n'étais pas un mâme. Regardez-moi, je ne suis pas un garçon. Je suis une idée.

 

Je monte sur sa poitrine, comme sur une montagne en clou. Qui a mon visage ? Est-ce que quelqu'un à vu mon visage ? Et s'il est au bout des draps, frappe avec les pieds, frappe et pousse-le, que son bruit lorsqu'il tombera sur le parquet, nous fasse rire.

Qui a vu mon visage ?

Quand je m'en vais, je chatouille ton silence. Elle ne disait rien, quand je m'en allais. Elle disait ensuite "c'est comme un plateau libre tu sais, un plateau libre, une scène de théâtre sans comédien, un endroit creux pour l'inspiration, sans corps, sans brique, j'ai les yeux qui piquent".

Laissez-moi faire trois pas et être le premier enfant à dire que je ne suis pas un homme Je ne pourrais pas vous le prouvez. Il aurait fallu voir le vertige qui mord la pupille, qui gifle les dents. Comme les mots. là. Ceux-là, et d'autres là bas qui courent vers vous. Comme les mots et leurs démangeaison. Je suis démangé. Oui, je suis démangé. Je sors de la chambre, je la quitte, haletant, enceint de mes énigmes, je fais trois pas, je claque la porte comme je referme ma bouche,qui a laissé entrer un cortège public vers un champ brûlé.

 

"Jonathan est élégant, plein de tensions, de fragilités".

Une chouette morte au fond du jardin.

Je dis "J'ai l'impression d'être sous ma peau".

 Elle a dit : "Aujourd'hui dans le métro, aux vides-greniers. Le mots sont sales. Ils ont la texture du sang de ton adolescence, cette odeur intime de page voilée, la moiteur del'argent, et la douleur obsédée. Tu es torturé, dans toi j'entends tous les mécanismes moyennageux de la question."

  

j'ai continué : "Je n'arrive pas à comprendre la déviance, ceux qui disent homosexuels. le corps, c'est l'ambivalence, de partout. la liberté. Ne pas clore. ne rien clore. Les cuisses timides, le lait sur la peau froide. J'ai souvent peur de mes amoureuses, parce que j'ai connu une fille, sans cette douceur que l'on attribue aux filles, je l'ai connue avec la violence, la fulgurance de l'amour avant toute chose. Je me suis cogné et il fallait que l'un de nous meurt. Je suis toujours là. "

 

Mets ton manteau, défaista capuche, et si les yeux sont chauds, va brûler ta peluche.

Allez Jonathan

Allez Jonathan. Si tu traverses sans regarder, j'irais jeter ma tasse de thé. Je mettrais tes cendres, dans le Nil des draps. Allez Jonathan, tu verras. Tu diras au revoir au lit défait, et j'irai cracher sur les violons dans la rue, qui te faisaient tousser et qui sanglotent.

Tu me dis : fais moi des rimes et tu trépignes.

 

Je te dis "je veux de belles paroles", tu deviens folle.

Tu diras au revoir au lit défait.

Je te dis "une chanson qui fait de l'effet", ça te fait tousser.

Jonathan, Najib, faut pas faire attention,c'est un méchant petit garçon.

Tu m'as proposé que j'effile tes collants, j'ai dit "attends, attends".

J'ai pas de mélodies pour le moment.

Je te dis "allez on va composer", et je me mets à t'aimer.

Allez Maude, ton père est un musicien.

Attends attends, je retiens.

Tu dis "j'essaie j'essaie vraiment j'y arrive pas"

Je te dis "tremble pas comme ça, c'est que toi et moi".

 

Tu peux laisser mes lèvres dansaient sous la pluie,

aujourd'hui je t'ai dit "pas de folies, pas de folies",

t'as pas compris t'as ouvert le parapluie.

 

Tu pourras me montrer la blessure,

Je te dirais que j'ai le temps j'ai le temps,

avant avant, de t'aimer ta bouche au goût de carambar d'antan.

 

6 mars 2011

Quand je quitte les draps de la nuit, je m'abandonne moi-même.

Yan me dit "encore un mannequin ? C'est lassant, à force".

J'ai honoré Marine de mon désespoir.

J'écris sur un carnet. Sur de la chair. Je me souvenais mal, la douleur d'un poignet piégé dans la forme de l'écrire. Je suis assis, au quelque chose rue Blomet. Je distingue mal les chiffres avec mes yeux soûls. Quand un passant, avec son haleine fatiguée d'alcool, me demande ce que je fais ici je réponds avec mes lèvres violettes, où les dents de Marine font des marques : « J'attends les mots ». Je rentrerai à pied. Je traverserai tout le quinzième. J'irai chez Maude, je sonnerai, je dirai qu'il et l'heure de s'oublier.

Il y a des corps qui ne prennent pas dans l'écriture. J'aimerais tellement parler de D. Je crois qu'il y a des passions qui prennent du temps à s'éteindre.

La nuit me complète, j'avais envie d'un ventre dur où me cogner le visage, j'ai envie du corps de Clément dans la mer d'Hardelot, dans la mer du Nord, j'ai envie de son corps, qui s'en va loin, et que je ne vois plus, j'ai envie de cette peur là, de cette noyade là, j'ai envie d'un visage de gardien. La nuit me complète. J'ai envie, de l'odeur du bonheur de D, quand elle courrait après son futur, qu'elle attrape déjà, dans ces rues nocturnes de Paris. J'ai envie de cette course là. Pour trébucher. J'ai envie de cet oubli là. De cette douceur secrète. J'ai envie des souvenirs. Je voudrais effacer, cet image du front de Violaine qui se cogne sur le trottoir, d'oublier cette chute du corps, d'oublier cet évanouissement en pleine nuit, d'oublier mon immobilité, et ce bruit, ce bruit d'os et de béton, de soleil indifférent. Je suis inaccessible à la réalité, et ça me tue, ça me tue, la vie n'entre pas dans moi. Des mots me viennent, comme la nuit me complète. Le corps est interdit, je le dis "le corps est privé, il est le sujet du cri, le sujet de l'étourdissement, il danse dans l'offense". J'ai envie de la nudité de Marine comme un crime. Pauline donne rendez-vous, elle sait que je ne viens jamais, trop de peur. Je suis l'enfant qui compte ses doigts dans un miroir cassé. Je suis la peau de glycine. Et j'essaie, vraiment, j'essaie de ne pas parler de D, quand Christine vient me voir. Quand elle dit "tu me salis, je veux mourir aussi pure que je suis née, tu me salis, si je t'aime ça ne regarde que moi, si je t'aime je ne veux pas te donner des prises sur moi pour que tu me fasses du mal ". J'essaie de dire que c'est extérieur. J'essaie de dire que je me protège. Je voudrais comprendre le sommeil, quand j'entends ses bruits dans la nuit, quand, obsédé, forcé, caressé, choqué, j'entends ses bruits, de clown mort, dans le cirque de mes obsessions. Quand dérapé, je me prends dans ses pieds. Le sommeil, que je ne comprends pas, que personne ne m'explique. Le sommeil a des veines calcifiées. Mais quand je croise le silence, il fait semblant. De ne pas me voir. De ne pas m'aimer. Le sommeil dit que je suis un enfant compliquée. Et quand il me voit là, poitrine nue, quand il me voit, rire et évoluer dans mon corps, il dit que j'ai un corps fatigué. Il dit que je devrais. Tuer. Il dit. Timide Pudique. Et inquiet. Mais Compliqué. Égoïste. Qui ne sait pas, qui ne comprend pas. La nuit dit des mots. Fraises des bois Mélodies des forêts Etendue de mots. Effondrée. Effondrée. J'imagine que le sommeil dise qu'il a du mal, que ça ne rentre pas. Chaque fois, ma main qui écrit, ça n'est pas romantique. C'est un bateau en papier. C'est un bateau sans ports. Sans marins. C'est un bateau qu'on regarde. Mon écriture vient de la violence des yeux, qui gonflent. La nuit me complète. J'écris dans un coeur amoureux. Et je ne sais plus. Penser à elle, ou lui. Je ne sais plus. J'ai toujours besoin d'un objet corporel, pour me tenir chaud. Toujours besoin d'aimer. Et je pose, mon pied, ma bouche, ma tête, sur vous. Laissez-vous faire. Je vais vous décorer de mots. La fatigue dit qu'il y a une chute dans l'écriture, comme une main qui ne reconnait plus. Là. De toute mes forces. Quand j'ai jeté mon verre d'eau à la figure de Sophie, et que j'ai crié "Ce n'est pas moi, qui ai écrit ça". Personne ne peut savoir. Là. Ce n'est pas moi. Le bateau ne coule pas, dans le bain minuscule du parfum du désir. Dans le bain, je pourrais toujours, mouiller le papier, il ne coulera pas. Quand j'avais 8 ans, un bateau en papier, et depuis, l'eau est trouble. Depuis, j'écris. je dis "Bourgeoise". J'entends Grieg, pour attendre le matin.

Au bord du trottoir, la patience des pêcheurs, sous l'arc de la nuit pour piéger les muses blêmes dans leurs robes d'anathèmes. Quand je passe sur les quais de Grenelle, j'ai toujours une hésitation,la voix de la vase de la Seine, qui me dit « viens voir, là, viens voir mes yeux bleus, souterrains, perdus, viens voir la rumeur de mon désir ». Je retiens mon corps. J'ai écrit un jour, le destinataire m'échappe : « J'aime me perdre. Être ici m'est insupportable, c'est irrémédiable, sans solution. Toujours être quelque part, comme un nécessaire espace approprié, pas dominé, approprié, partout maquillé, recouvert d'un papier peint gris pour s'essouffler de ce cri pâle « Enfin, le paysage ressemble à mon futur : froid et gris ». J'écrivais, je crois, «Être quelque part, c'est être en prison dans une certitude, c'est savoir l'odeur ignoble de l'habitude, sans les plumes colorées des aras, sans les parfums ras des mousses d'hier ».

Je distrais Marine avec des mensonges : « ton visage je le trace dans les draps, avec toutes ces monstrueuses félicités, avec Cyrielle et sa voix d'accent circonflexe, et ses mains de couteau. Je disais, moi je suis né déchiré. Personne ne peut savoir. Je me souviens si loin dans ma vie. Je me souviens si loin, que j'ai tout fait pour oublier. J'ai voulu blessé la mémoire. J'ai voulu l'abimer. Je ne sais pas. On me disait. Vous êtes intelligent. Il faut voir ce que l'on peut faire, comment ça se monnaye. Je me souviens. On m'a dit un chiffre : 146. 146 c'est mon intelligence. Je vous la vends. Ça vaut des cris, de la nuit, ça vaut des mots, de l'écriture, ça vaut un adjectif « malade » »


Quand je croise Anthony, il me dit "Je suis heureux quand je me souviens que tu ne crois en rien, quand Lucie arrive essoufflée dans ma chambre avec un de tes livres qu'elle me tend et sur lequel je mets du temps à reconnaître l'anagramme de ton nom, et que je lis ce que tu écris, que je lis ces choses horribles, belles et horribles, je suis heureux quand me souviens que tu ne crois en rien. Si tu croyais un peu, si tu étais fabriqué avec un peu d'espoir je devrais te dénoncer. Parce qu'autrement, si tu croyais en quelque chose, tu poserais de vrais bombes, qui feraient de vrais morts. Si tu croyais tu ne te contenterais pas de placarder des insultes sur les portes en bois des filles que tu as aimées, que tu as oubliées. Si tu avais des idéaux, si tu avais un peu d'espoir, j'aurais peur, peur de sentir ta haine devenir visible. ».

 

Parfois on s'étonne :

  • Pourquoi se tuent-ils ?

  • Parce que ça ne partait pas !

  • La douleur ?

  • Mais non. La vie. La nuit dans moi, dans eux. C'est bien trop long. En vingt ans j'ai fait tous les véritables voyages, j'ai fouillé des mers insoupçonnables, j'ai creusé des vertiges avec les ongles, j'ai posé ma langue sur des corps irréels, sur des corps qui s'arrachent du fantasme, sur des corps qu'on tire des marbres d'idées. En vingt ans, j'ai écrit tellement de pages vingt mille pages sans aucune plainte, vingt mille pages pour me tenir droit, je mérite de mourir, je mérite, j'ai fait assez de pages pour m'offrir un couffin ! J'ai vu l'écume vive recouvrir l'écume morte, et l'écume vive remplacer l'écume morte, prendre sa place dans la tombe du sable, dans les quartz luminaires, coupés en quart d'éclats, de platine, de plages. J'ai vu la crête des vagues s'essouffler, rompre, feindre, imiter le départ, le bruit des cavaliers attiques, j'ai entendu des orateurs sacrifier Hélène, Hélène et son vieux corps usé par trente ans à pleurer, trente ans depuis la première larme. C'était trop long, d'attendre, trop long, ce rendez-vous à la place de l'horloge, trop long ces gens qui ne comprennent pas ce que ça veut dire vivre, et s'il faut arriver au bout de la démonstration, il faut mourir. Il faut montrer avec des raisonnements plein de métal, de logique, avec des exemples aussi ce que c'était que vivre. Attendez, j'arrive au bout de l'argument, je finis de le dérouler. C'est un intestin plein de digestion. Je meurs, je meurs, je suis impassible comme une écluse, la vie ne me franchit pas. Je la garde pour tous les autres la vie, j'ai accumulé, accumulé, je suis l'entrepôt, le sédiment, le coffre. Je suis le fond de l'Univers. Où la douleur a pris son visage. Elle m'a offert ce cri, elle m'a offert cette gueule ignoble, remplie du charme inquiétant qui a fait succomber, les mots, qui a anéanti trop d'amoureuses.

Je suis dans l'interdit, dans l'issue. Je suis dans le secours de mon amour. Je porte mon amour, comme une femme porte son enfant. Ne me fais pas confiance. J'ai les épaules fragiles. L'enfant est lourd. Je suis dans l'interdit, de te dire, que je ne suis pas. Que je ne suis que le support. Des délices que tu m'offres. Je suis dans l'apparition. Ma peau est impatiente. Elle n'existe pas. Je suis l'issue. Le secours. D'un amour, le notre, et tu ne me connais pas. Je suis ton audace. Je crois que c'est ma plus belle définition de l'indécence. Je suis le corps qui dit non. Le corps de la plus insoumise des souffrances.

5 mars 2011

Le désordre.

Chère lectrice,

 

 

Julie m'a dit "ton esprit excite".Et l'absence total de mon corps dans cette phrase me terrorise. J'ai rencontré Julie un samedi matin, en sortant des couloirs de Tara. Elle est étrange. Vôutée.Visage malsain. Fixe. Elle sent le bûtane. Elle tourne toujours le dos.Aux autres corps.Aux façades.Aux rues.Elle tourne le dos aux excès. Aux creux.Aux sexes qui s'écrasent.Sa gorge est un trajet.Un circuit intime.Chaque dent est une flèche. Elle pourrait nous mener vers.Ou vers.C'est un chantier de chair tiède. Des auréoles d'ongle dans les cheveux.Que vienne donc la nature cailleuse, tenter une esquisse de cette créature ! Le charme d'une pucelle au décolleté plastique.La mort n'existe pas pour elle.Le rythme lent de l'eau minérale qui ruisselle dans son bassin.Un sanctuaire de pétales de lotus coincés dans son entre-jambe.Quand je l'ai vue, je me suis écarté.Comme l'on s'écarte de la beauté grasse des peintures huileuses et débordante de parfums.Julie est seule.Toujours seule.Elle s'isole pour mieux rire, sans qu'on ne la dérange.Elle tire son corps de pirate abandonné dans les moindres recoins de ses murs.Elle gesticule.Elle gesticule.Elle gesticule.Elle tente d'entendre le claquement de son hilarité profonde contre les parois de sa prison intérieure.Qu'elle s'aperçoive enfin que le bruit de son corps ne se mélange pas avec les sons de la vie.Et qu'alors, un miroir se fâne, entre les deux yeux de Julie, qu'elle y aperçoive l'oeil de son ombre, l'ombre de son corps.Et qu'elle vive ainsi, persuadée de n'avoir qu'un oeil.Julie traversait le hall de gare Montparnasse, comme un corps échoué sur les rives de coton mouillé, sur les plages de sa solitude."Ton esprit excite".

 

J'aperçois D. en dehors de ma vie.J'aperçois D auprés des inconnus.Ses manières, ses sourires, ses gestes chaud et incertains.D. est une femme dans le corps d'une chute accidentée.

 

Quand le soleil me frôle.Ma peau sent le laboratoire de survie, les masques à oxygéne, l'aluminium du ciel.Ma peau se transforme.Crémeuse.Je dégouline en elle.

Dryade m'a demandé : D'où te vient l'inspiration ?

Ca vient des roulements du vent.J'ai appris à écouter.

Je crois que je le dois à mon père.J'ai appris à polir les angles, arrondir les formes.

Ca vient du miroir, de l'étranger.Des corps charnus. Du froid.De la poussiére des chemisiers.

Ca vient des chevaux fous et de la vitesse de l'amour.

Ca vient de la déviance et de Marguerite qui disait "tu as trop d'imagination".

Ca vient du renardeau écrasé, et du sel promis à la mer.

J'écris pour venir. J'écris pour survivre.

Je suis vertical, central et je démarre de la Seine.

J'écris pour gouter la grippe, la fièvre.

C'est un cyclone.

Je suis en perpétuel fuite, depuis la naissance, je ne sais pas après quoi je cours.

4 mars 2011

Appelle moi.

 

Ca durera une minute tes coups dans ma tête. La minute du majeur qui se lève, malgré lui pour toi et. On retrouvera mon âge dans l'eau, dans le feu, dans l'élément qui nous échappe. Nous pousse le ventre en fleurs mauves. Nous essoufflés, et je ne veux pas, dire ce que les autres ont déjà dit.« Vous ne pouvez ouvrir votre oeil que dans la nuit, quand l'angoisse descend à pieds », les escaliers de leur bêtise, là vous pouvez ouvrir les yeux. Pour voir les bêtes, étendues par terre, celles qui tentent en vain de s'envoler à quatre pattes, tête élancée vers le ciel, les lunettes se casseront, le verre par terre étendra mon sang superficiel. On a dit "intellectuel". On a dit. On dit toujours. L'on ne fait toujours que dire. L'on dit . Nos âges sont des muscles dont on ne comprend pas le fonctionnement. Et mes mots, sont des bruits étouffés par d'autres mots. Ne sont que des mots de mots d'autres mots. Il y a une rumeur qui grince, une rumeur qui dit « tu es passé à côté de ta vie » et s'affichent des silhouettes. Le portrait d'Elodie plein de larmes, et ses seins beaux comme des yeux bleus. Il y a Marianne, que j'échoue toujours à retrouver. Qui me dit « vendredi, à l'hôtel, à Cergy » et j'annule à la dernière minute. Je ne lui ai pas dit « il y a trop de Marguerite dans Marianne, pas assez de liberté, je ne peux pas ». Je veux le corps, la peau, la tienne qui ruisselle de monts. J'aimerais savoir dire, comme eux. Comme lui, là, avec son oeil de guerre. J'aimerais savoir dire. L'esthétisme de la panique. La bousculade. L'échauffement. La sueur qu'on perd dans les couloirs, le sang qu'on récupère dans leurs porcelaines. Comme lui. Savoir dire que je suis. Nos confidences nagent au dessus de leurs têtes. J'aimerais savoir dire, parce qu'en disant, on dépasse les murmures. Et je suis trop fragile pour la main qui se courbe sous vos horloges. Comme eux, ceux qui parlent trop, ceux qui disent l'exhibition, la vulgarité, la banalité, la perversité. Ceux qui parlent trop. J'aimerais ta présence. Parler aussi. J'aimerais parler. J'aime le trop de nos veines. Et la fibre de tes nerfs. De quoi parle t-on. J'aimerais avoir l'idée de la violence. J'aimerais ne pas être si éloigné de toi. "On parle de toi. Là bas. Derrière les portes, derrière les volets, derrière les langues. Dans la bouche, on parle de toi. On dit que. On dit qu'on te. On dit des mots. On parle de toi, bon sang. On fait des mouvements derrière toi." Derrière leurs ombres, leurs corps existent, et leurs corps parlent de toi. Ils disent. Mais écoute-les. Arrête toi. Tu perds tes jambes, à trop courir. Tu éclabousses de terre. On dit, tu ne sais plus ton âge, ton âge moite, ton âge dans la nature, tu le perds, comme Il perd son chapeau, comme son crâne saigne. On dit que tu supprimes ce qui te dérange. Et un homme, dit devant d'autres hommes "Vous avez la couleur du coupable". J'aimerais dire, l'épuisement. « Vos gueules ». Le jour, il te faudra fermer les yeux. Pour voir les bêtes qui sont en eux, accroupies sur leurs peurs, les coudes qui s'enfoncent dans le ventre, la tête dans les mains, qui s'émiettent comme du sable mou. La seule hâche qui atteindra les murs ce sera ma langue cognée à tes lèvres. Comment faut-il faire. Comment ? Je vais sortir. Je vais bientôt sortir. J'attends. J'attends toujours que les rues vident les passants, que l'artère des cités se tarissent. J'attends. Il y a Tara. Qui patiente. Il y a Tara. Qui fait sonner mon téléphone, et j'aimerais tant que ce soit toi. Que je surprenne ta voix ivre, hésitante. Qui ne dise rien. Mais qui m'appelle, que ça me fasse comprendre, que tu penses à moi. Je cherche tout ce qui peut nuire à ma solitude. Je cherche le microbe qui la fera s'étouffer. En attendant, que tu appelles, je dois voir Tara. Je dois me consoler dans ses bras. Alexis disait « Quand je vois les filles de Jonathan, je ne comprends pas ». Il ne comprend pas. Les traits, la figure, il ne comprend pas mon odeur, il ne comprend pas mon visage, il ne comprend pas ce que l'insomnie colore de l'âme. Que ce qui m'embarasse c'est le vide, qu'Elodie, que Loriane, que toutes les belles aiment l'étranger dans moi. Je suis l'exotisme de la douleur. Mais appelle moi. Je t'en supplie. Appelle moi, en secret. Quand Tara me peindra les yeux. Appelle moi. Quand de l'autre côté du périphérique, ta bouche sera mouillée des billes d'alcool où tu les trompes, où les autres trempent. S'il et plaît, viens faire dire à la solitude, qu'elle est n'a pas à me tordre comme un père soûl. S'il te plaît. Embrasse moi, avec des pensées. Je crois, que je te dérange. Je crois même que je te fais un peu peur. Parce que, tu n'avais jamais senti ce parfum avant, ce parfum qui dure. Qu'on ne tire d'aucun flacon. Qui vient directement de l'essence, de la mer, et qui prend feu dans la caresse. Tara m'attend. Je dois y aller. Appelle moi. Rends moi la liberté, le goût du jour qui lève comme trop de levain dans le four du soleil. Sors moi des corps trempés, des ventres numides, du jus qui grince avant qu'il soit trop tard.

4 mars 2011

insupportable

 

 [ Je ne comprends pas le matériel des choses. Mes sens sont limités à l'instinct ]

Tu sais. D. ce que j'aime c'est me piéger moi-même. Je suis la situation qu'on ne dénoue pas, je suis le cheveu aigu et douloureux qui meurt comme le sable maure. Je suis. Absent. Je dis « je ne travaillerai pas » l'on me répond toujours la même chose « je veux gagner de l'argent pour voyager ». Ce ne sont pas des gens qui voyagent, qui me disent ça. Ce sont des gens qui se déplacent, ils arrachent leurs corps d'un espace pour le renvoyer dans un autre, voyager c'est abandonner, c'est laisser une part de soi, c'est faire de la place dans ses impressions pour accueillir un autre paysage. Tu sais. Ils disent tous ça. Je ne comprends pas. Je ne comprends pas. Je suis rationnel, tu sais pourquoi, parce que je sens les gens, ils sont deux choses des intelligences et des bassesses. Ils se touchent par ces deux bouts. Je ne peux pas être bas, vil, je ne peux pas, je ne peux pas me diminuer, me rétrécir, il fait si froid déjà à hauteur de mes défaites, que je ne peux pas courber plus, je ne peux pas, alors je converse par la raison, je suis un rouage muet qui entraîne d'autres rouages je touche. Comme ils disent « insupportable logique ». Je lis. A convention, je me mets par terre, et je lis, avec cet écriteau sous ma raison « pour la drogue, les putes et la littérature ». Le samedi, à quinze heures, je m'assieds pour réciter des poèmes au jour. Je veux faire peur. Je ne comprends pas pourquoi tu me lis. Je ne sais pas. Tu ne dis rien. Tu rigoles, j'espère que tu rigoles. J'aimerais que cette absence d'espoir, que ce silence qu'est le mien, que cet abus des gestes, cette précipitation dans mes angoisses, fasse rire. Parce que je rigole, quand je jette mes cuisses brûlantes sur les filles, sur le miroir, sur les amoureuses. Parce que je ris, moi, de mon désespoir heureux. Je pense à Dimitille. Elle s'est retrouvée en face de moi. Assise comme un regret. "C'est ton regard, ta colère, tu es mythologique, impénétrable" je voulais dire, et je me taisais. Je disparais. Tout mon corps est un coude plissé, l'angle des avenues, j'appelle ce geste le carrefour brisé. Je suis le mouvement singulier, amoureux. Moi, je me résume à cette conversation avec C, autour d'un débris. Je me résume à 4 heures de bavardage. Je me résume, triomphant, à un corps en décalage, insomniaque. Tu me prolonges. Ton bonheur, ton rire me prolonge. Mes gestes sont inquiets. Charlotte, murmure "un jour, ça t'arrivera aussi, la grande passion". Je cherche un visage très précis. Comme ces nuits qui pleurent. C'est l'une des dernières fois que je meurs en écrivant. Je n'ai presque plus de raison. Elle s'épuise. Comme le bonheur, l'argent, les bourses. La neige s'enterre sous la mer. Je m'en vais la puiser. J'ai le corps qui y glisse. Prenez-moi Docteur sur votre divan, comme avec une femme secouée. J'ai les jambes écartées entre les yeux. Mon cerveau est une cachette. Mon corps, une excuse à l'extravagance. Je suis l'élégance vulgaire, l'indélicat. J'ai des sabots de laine sur la langue, je m'irrite, m'assèche. Parcourez mon paysage, buvez en ma gorge, D. J'aime "D.". Vous nommez avec ce qui n'existe pas. Vous m'appartenez monstres. Mon homme, Monsieur. De mains en mains, je agrippe, m'attache. Moi, on ne me possède jamais. Je ne fais que passer. Il faut du talent. De dos en dos, je détache. Je ris en vous consolant. Prenez-moi Madame, comme avec votre fille, dans un berceau de coton. Dépoussiérez-moi la bouche, étranglez moi de terre, apprenez-moi la vie, ses contours, ses désirs. Prenez-moi Mélusine, comme vous donniez le sein. Apportez moi vers le corps dur, tremblant, vers vous, le fruit secret et usé. Je suis le village clos de vos désirs les plus blessé. Je comprends les femmes. Les femmes me craignent. Je suis asexué. Au grand Galop, D. devant moi, frotte les recoins de mon imagination. Il faut me nourrir. Les interrogations écrivent "et toi?". Si j'avais un petit traitre Un petit enfant. Garçon. Victor. Je l'appellerai Victor. Si j'avais assez de bonheur dans le sexe pour donner la vie. Comme j'aimerais me transformer en Victor parfois. Victor, l'effroyable poignée de verre qui briserait les visages des femmes enchantées. Enchanté, je m'appelle Victor. Je vais vous aimer pour mieux vous tuer. Je ne vous aimerais pas, parce que vous me plairez trop. Vous viendrez, pressée, vers moi. Je suis Victor, l'insensible. Je suis la guerre, la haine, la paix, l'amour. Je suis le personnage et le roman. Je suis la syntaxe et le style. Le clair obscur. Je suis la honte, l'arbre malade. Je suis l'auteur et le lecteur. L'esprit sain. Et je vous offre un thé Vermeille saveur miel sur la terrasse de votre bouche. Enchanté, je suis Victor. Vous et moi. Je suis vous. Alors, mon petit garçon, je l'appellerais Victor. Et si c'était une petite fille : Jade. Jade, la solitude des pierres précieuses. Jade, la distance. L'élégance de son pouvoir muet. La délicatesse d'un petite corps comme une griffe. Tu vois, D., je suis un peu, ces deux futurs enfants. Je m'appelle Jade et Victor. Je suis eux et moi. Je pourrais être vous. Entre temps, Amélie m'écrit "Je pense à toi, alors voilà, je pense à l'inaccessible, c'est humain". Alors je découpe, le milieu de mon corps, ma pudeur, la nappe, les cheveux de souvenirs de D. "Qu'est ce que tu fais ?". J'essaie d'être accessible, je m'ouvre. Comme une université qui cherche des frais d'inscription Comme la banque affamée. Je m'ouvre. Comme un bordel. Horaires précises pour jouer le jeu. Je regarde la marche pressée des promeneurs par la vitre, je les envie et ils me dégoutent. "Toi, tu as le temps" dit l'horloge. Personne ne sait. Que le temps jouit de moi. Je suis le corps le plus malléable du monde. De la salle. Le plus transparent. Je pourrais ne plus reconnaître mon adresse. Le matin, je suis déçu d'être en vie. D. est un amour excusable. Je voudrais partir, mais pour qui, pour quoi. Ici, on me désire, mais je ne veux pas, je ne peux pas. J'essaie d'expliquer à R.

"Des femmes passent, me griffent, on m'envoie des lettres, j'aime, je déchire, et je passe, repasse, dans leur imagination. Un artiste de l'amour. Mais je n'arrive pas, ensuite, les laisser me pénétrer. M'offrir leur corps. Je les nourris, dans les rêves. Devant le corps nu des femmes, je dois me forcer. Je bois. Pour dire la nausée, c'est l'alcool. Je ne supporte pas l'alcool, et je ne supporte pas le corps des filles. Je les voudrais près de moi, je les voudrais qui me parlent, qui me murmurent, je les voudrais qui me serrent. Qui m'embrassent. Mais je ne peux pas. Leur nudité m'effraie. Je vois des mains qui sont déjà venues, je vois des cris, des cris que je ne peux pas entendre. Quand Emilie jouissait, j'avais peur, j'avais peur. Je croyais voir les yeux de Marguerite.

Je voudrais l'Océan, qui balaie les doutes, les souvenirs. Je voudrais ne plus me souvenir de sa poitrine lourde.

Ellle m'écrivait « tu voles les coeurs »

Prenez-moi la main et engloutissez, comme des seins frais, des jus d'amour.

Je connais, le gôut de la passion.Le parfum de la passion.

Mais je fais mal pour aimer."

Si je te parlais tu te demanderais, si je suis une enfant ou un adulte.J'ai l'indifférence indisciplinée de l'enfance. La terre nouvelle des Amériques grandiose et languissante comme ces Indiens qui vomissent sur leurs feux. Je suis le feu sans brûlures. Parce que je manque de profondeur. Et toute la vie, je serais obligatoire. Une obligation aux mots, aux gestes, aux regards. Je suis irrégulier; irrégulé. L'impersonnelle fragilité de mon esprit curieux aux danses du corps dans les rues de la ville. Je tombe facilement. Amoureux. De peur. De fatigue. De dégôut. D'hystérie. De toi, putain. Mais je tombe surtout, facilement : sur moi. Et alors, je me gifle en écrivant.

[ Je sauve mon propre incendie en dévorant les livres ]

Je voudrais partir toujours. Voyager, mais quand je demande, on me parle de déplacements, on me parle de logique, on me parle d'habitudes, on transpose. Je voudrais remplir ma mémoire pleines de cases blanches, je voudrais recouvrir de sels la douleur qui s'obstine, qui s'accroche, qui plante ses ongles verts. Me construire des souvenirs. Je pense à E. Je la verrais peut-être là bas. Si je meurs. Je ne sais pas si je lui parlerais. Mais je la regarderais. Elle a écrit, avant de mourir, "j'ai enfin trouvé celle que j'attendais depuis longtemps". J'ai peur d'écrire la même chose, alors je ne le ferais pas. Oui, peut-être. Elle. Celle qui. Ou non. Peut-être pas. Je verrais E. Et j'aime déjà son sourire. Si elle ag ardé le même. Je commence à l'apprendre. Je veux lui rendre.

[ Crier à Wendy "je t'écrirai", c'est comme lui dire "je vais t'aimer, et oublier de préciser "à ma manière". ]

J'ai dis à H, avant de quitter la table "quand tu liras mon recueil, tu vas enfin pouvoir me rencontrer entièrement". Elle me regarde, me sourit. je quitte la table. Je croise les jambes. Je dégouline. c'est l'effet. Je n'aime pas les Aux revoirs, les fins. Alors, je me retourne. Les yeux dans le dos, je lui lance du regard "J'ai un pistolet dans la plume". Alors, il vaudrait peut-être mieux, que je ne lui écrive pas.

[ Dali vit et meurt en moi, et ça me fait presque mal ]

Pauline me dit qu'elle s'épuise à écrire. Je crois que l'écriture est un épuisement maladif. Une obsession adorable. Lore écrit aussi. Je suis entourée de personne qui écrivent. Lore me manque déjà. Ses mots, qui ne comprenaient pas, la vie et ses déceptions. Ma petite Lore. Mon petit bout d'inconnu. Et Marina, Et E, vos lettres dessinées. Je me reconnais en elles : cette même envie de fuir. C'est pour elles, pour eux, que je ne peux pas réussir, je n'ai pas le droit. De devenir public. Je dois rester privé. Priver mon nom des gens, garder, réserver. Je ne veux pas. Je ne veux pas être en dehors. Avec les autres. Je suis contre eux.

J'écris à Chloé

"La source des architectures compliquées se retrouve dans le pont altéré des souvenirs"

4 mars 2011

Diantre.

Je suis l’initiale du monde. Il n'y a pas de masques, pas de planches, pas de rôles, pas de textes. Le ventre ouvert, silencieux. Je suis prêt à t’accueillir. J’ai peur. Peur de ce que tu peux faire en moi. Peur des habitudes. Peur de tes mains sages, de tes ongles à moitié peints. Peur de tes yeux plein de logique bleue. Quand tu me regardes, le soir, j’écris dans mon carnet noir « Les mathématiques ont posé leurs chiffres sur moi, c’était comme si je ne pouvais plus échapper à la folie ». Je suis l’initiale du monde. Personne ne me lit. Lâché comme une révolution sur les avenues éteintes. L’initiale silencieuse. Je suis le temps d'arrêt. Il est minuit, les draps s'étalent, le pendu prépare sa corde. Je suis l’initiale du monde. Mon miroir est indifférent. Mon visage s’est fendu. Le poing qui va entrer dans le reflet. Je passe en vous comme la première goutte d'eau. Vos corps moites. Je suis la nudité des sauvages. Dans vos bras qui empoignent la lumière. Vitesse vitesse. Je suis le temps perdu dans le fond de l'égôut. Je dessine vos visages fiers au rouge à lèvres sur les émaux des toilettes de la fac. Je m'en vais éteindre toutes les guirlandes de Noël. Je suis l’initiale du monde. Je renverse mon ombre brûlante sur la cuisse gauche de Sarah. Je suspends la rue à vos lèvres de chiennes. Quand je lui dis "Salope", je suis le diamant papillon. L’initiale du monde. J'arrive vers vous, l'hiver coulant sur mes doigts, avec ma détresse de trop « pourquoi les cheveux longs » « pour vous dire que je ne suis pas comme vous », je me prends les pieds dans vos tapis sales, et je continue rampant, à danser pour la princesse de rien. Vous caressez l'eau sans la faire bouger, ma bouche se tait. L’initiale du monde, je sors de l'eau le visage transparent, je traduis la nature. Vos seins donnent la nourriture à la douleur. Tirant les couilles de Rimbaud, ma langue se fend en deux. Ombre lumière blanc noir miel sel seul tous ciel terre grand petit froid chaud frais sec. Je suis l’initiale du monde. L'Eve aux pieds nus. L'Eve déchirant la peau d'Adam, sans y gouter. Mon grenier est jeune. Sur mes grandes jambes, je tends les mots pour atteindre le soleil. Vous attendez que je m'éveille. Je suis la crainte endormie. Toi, ne m'approche pas. Je suis le gouffre à souvenirs. J'accueille, vos rêves, vos désirs, vos peurs, vos plaintes. Je suis le vertige des émotions. Tapi dans un coin de vos pièces, je conserve votre petit intérieur. Le front nu, vous pouvez caresser, une peau propre. Y voir les yeux de vos yeux, les bouches de vos bouches. Je tire le rideau de vos théâtres. C'est moi qui dégrafe vos sous-vêtements Mademoiselle, dans tes sommeils trop tranquilles. Je m'occupe de tes illusions. Je suis l’initiale du monde. C'est moi qui ouvre ta fenêtre fillette pour rafraichir la nuit d'amour. Vos sueurs vulgaires. C'est moi qui cache l’amant sous le lit. Vos meurtres grossiers. Je n'oublie pas les accents. C'est moi qui écris vos lettres. C'est moi qui fais trembler vos caresses. C'est moi qui fais glisser vos yeux sur mes mots. Je n'empêche rien, tant que rien n'entre en moi. Bloquez vos pupilles sur ce Drame là : l’initiale. Bloquez ici. Ne continue pas. Arrête-toi. Travaille. Tu n’as rien à faire ici. Je ne peux plus faire comme si. Comme si je ne savais pas. Comme si je ne sentais pas. Tu comprends ? Tu as un parfum normal, tu as un parfum sténographié, harmonieux, tu as un parfum d’asymptote. Ton odeur est éduquée. Tu as le parfum droit, raide, on dirait une nuque morte. Ta fumée incolore. Ta fumée. La forêt prend feu, c'est moi le traitre nu qu'on achève innocent. La source qu’on assèche en y jetant l’insulte. Dans une grimace qui se moque. Tirez-moi les jambes, arrachez moi les cheveux, crevez mes yeux, mordez mes cuisses, embrassez ma bouche, frappez sur mes épaules, « décharge dans mon entre-jambe, connard » me dit Marion. Wendy m’écrit, ce matin, « qu’est ce que je fais de tes mots que tu destines à d’autres, j’ai des pages de poèmes où je vois un autre prénom, qu’est ce que j’en fais à part me trancher violemment les veines ». Je veux lui répondre « bonne idée » je veux lui répondre « Salope » comme je disais pour Sarah. « Meurs pour voir, je veux que quelqu’un m’attende, quand j’irai. Quand j’aurai froid. Meurs, dessine moi une carte, envoie-là moi dans mes pensées ». Je suis celui qui débarrasse, le gouffre où la nuit dérape, déposez ici, sans publicités s'il vous plaît, déchargez dans la fente adorable des putains, où les guêpes viennent sucer le miel des fleurs solitaires, renversez votre liquide indomptable, et tiède, lâchez vos muscles, que je les sente couler dans le gouffre rieur, secouez vos hormones, déboutonnez vos pulsions, éjaculez vos rêves enfouis, je suis celui qui accueille, sans tête déjà, mis à mort, brûlé, le nombril grimaçant sous vos coulis de femelles cruelles. Une foule qui se retient, une foule qui se suspend, elle est comme à ne plus respirer. Elle attend. Elle attend, quelque chose doit venir. Quelque chose. Qu’on attend, qui ne viendra jamais. Quelque chose qu’on attend. Godot est passé. A toutes celles qui me briseront, offrez moi l’acompte de vos caprices, sentez monter la tension, quand je tends ma honte en vous, je suis l’initiale du monde, ouverte, et Décédée de vos rires. Eteignez vos colères, versez en moi, tout le soleil de la terre, tout les bois fragile de la nuit, c'est de moi dont vous avez envie. Je suis un abri gratuit. La nuit s’est fait sa place dans ma figure. Etreignez moi, sucez le ventre plat de l'ennui, déchargez dans l'entre-jambe des filles sournoises, l'élastique brillant et mouillé, que je tirerai pour voir s'élancer la nudité de l'impossible. Ejaculez vos coups de poings, et ces centaines de femmes qui vous ont coupé le sexe vanité. Consolez-vous, dans un corps qui manque à son propre corps, venez profiter, venez faire mal, et détruire, un visage tombé à terre, dans la boue de vos hontes. Venez chanter la pureté de vos empreintes. Et vengez cette impuissance qui règne dans le brouillard de vos nuits. VOUS Y DORMEZ ET JE NE VOUS ENVIE PAS COMMENT PEUT ON CROIRE QUE JE VEUX DORMIR DANS CETTE NUIT PLEINE D’ANGOISSES DANS CETTE ATTENTE. Défigurez votre fureur dans ma gorge. Je suis l’initiale du monde, la douceur déguisée, qui traverse vos chemins, sans écraser vos pieds, et que vous retrouvez violé, sourire meurtri aux lèvres, pas encore tout à fait mort, la poitrine comme une montagne hurlante qui faisant des va et vient, cherche l'air, dans les poumons humides et cajolés des étoiles. Etalé dans vos visions, je serai l’initiale du monde, muet cauchemar, que vous ne pourrez pas oublier. Sale blessure faite par les minutes en pagaille. Je suis fait pour vivre ; vous êtes faits pour durer. Nous ne sommes pas du même métal. Nous n’offrons pas aux éléments la même résistance. Je ne m’oxyde pas, je ne ploie pas, je ne me déforme pas. Je suis le plus stable de l’Univers. Je suis le pilier de l’Univers, l’initiale sur laquelle repose tout l’alphabet, tout le langage est depuis moi. Je suis l’origine de vos mots d'amours, de vos mots d'espoir. J'ai gardé les péchés. Je vous les offre pour un baiser malsain. Je vous les offre. Ce sont mes maladies. J'ai le sang impur.
4 mars 2011

Enfance.

"Ce sont les gens qui dérangent qui avançent".Et moi, je soupire.Quand j'avais dix ans, plus rien ne me dérangeait.J'étais même plutôt du genre à tout accepter.Anne me bousulait.Mes parents gesticulaient. Ma soeur me mordait.Mon frére s'amusait.Les professeurs criaient.Les éléves jouaient.Et moi, rien ne me dérangeait.J'étais facile.Et léger.A dix ans, j'avais le gôut de la pomme fraîche que l'on vient de faire passer sous l'eau pour pouvoir croquer dedans.A dix ans, je ne savais pas ce qu'était la colére.Je faisais attention à ne brusquer personne.Le chien de l'époque qui haletait aprés m'avoir couru aprés dans le jardin de Diane.Son odeur de cheveux mouillés.Rien ne me dérangeait.A dix ans, j'ai écrit : "Quand j'oublie que demain je me léverai une nouvelle fois, je panique : j'ai peur de provoquer ma propre mort".Dans un petit cahier à spirale.A dix ans, je voulais apprendre ce qu'était la colére.Ce qu'était ce renard qui éternue dans le bassin.A dix ans, je ne dérangeais personne.On disait de moi, que j'étais calme, et plus mâture que la plupart des autres enfants de mon âge.Mais l'on a toujours construit autour de moi, une sorte d'image lisse et douce.L'on m'a toujours inventé un personnage aux allures de jeune garçon sage, au début.L'on a toujours construit autour de moi, une éspèce de "mythe" qui me faisait passer pour quelqu'un d'autre, en mieux ou pire.J'ai toujours attiré la lumière ou l'ombre.J'ai toujours attiré les compliments inutiles et mesquins.J'ai la peau lisse.Et la taille fine.On ne se doute pas un seul instant, "du reste".Quand je regarde les photos, j'étais plutôt mignon. Peut-être que c'est pour ça, l'inconnu.J'avais les cheveux un peu bouclés, la peau plus mâte, et le sourire malicieux.Et quand je me mets à relire toutes ces pages de ce cahier, je me trouve d'une beauté différente, plus malsaine, la peau transparente, et le sourire qui coule sur le menton.Quand je relis, cette petite écriture, je me dis que finalement, c'était moi qui me dérangeait.Je ne dérangeais personne.J'étais mon propre dérangement. Ce que personne ne connait, celui qui se cache, et cache le moment, et l'acte.J'aimais provoquer en moi, ce que les autres ne savaient pas faire.J'aimais me déranger."Quand il commence à y avoir de la poussiére dans ma chambre mon journal, je refuse de balayer : c'est un peu de moi".

4 mars 2011

Une idée, juste une idée.

 

Avec ta chemise bleue et les fines céramiques blondes qui chutent dans ta nuque, délaissée. Tout ça est trop petit, tout ça ne va pas, tu comprends. Je me mets à guetter, le foulard à ton cou, ta paupière qui tremble avant de s'endormir. Le dernier souffle qui réchauffe la langue avant que tu ne retires ta bouche. La dernière goutte avant que tu passes ta main sur ta faim. Je guette quand tu tousses, la dernière raclée qui t'étoufferait. La dernière mèche qui tombe et t'embête quand tu attaches tes cheveux dans une tresse parfaite. Le pavé moins droit sur lequel tu butes. Je guette, l'oiseau qui pourrait griffer ton crâne dans les rues et te faire saigner. La trace de maquillage imparfaite sur tes yeux. Le trou dans les collants au niveau des genoux. La dent qui s'apprête à tomber, balançant entre les gencives ensanglantées. La veine qui bout au poignet, et dont on devine la forme, celle qui s'apprête à éclater. Je guette, les doigts moites qui s'approcheront de sa braguette. La photo qui se déchire avec le temps sur tes murs. Le cheveu qui reste dans ta baignoire. Le vernis écaillé. La griffe recouverte d'un pansement dans le bas du dos. Je guette, le pansement sale, et le sang femelle. L'arme qui resterait au fond du sac à main. Je guette la berceuse qui déraille dans tes cauchemars. La tâche que tu essuierais. Ta peau lunaire qui fondrait comme la bougie qui sue. Les bulles de champagne qui s'apprête à piquer tes yeux quand tu ouvres la bouteille. La marche sur laquelle tu vas déraper dans les escaliers. La porte qui va se refermer sur ton nez. La sonnerie qui va raccrocher. La lumière qui grillera ton ventre dans ta chambre. Je guette la clé qui n'arrivera plus à ouvrir ta cage. La babine qui se retroussera. La prison d'un emploi. La pluie qui mouillera ton front. Le manège qui te fera vomir. Je guette le tissu de ta robe qui s'apprête à craquer. La page du journal intime qui te fera honte. Le petit lit en or blanc qui se fendrait en deux. Les traces dans le fond des draps. Je guette la lettre que tu pourras déchirer. La cheminée qui s'apprête à cracher son feu sur ton visage. L'auréole sur tes yeux bleus, tachés, liquides. Le jus que tu avaleras de travers. Tes oreilles percées qui saigneraient de tes bijoux trop lourd. Ton cou qui se casserait dans la colère. Je guette, tu vois, je guette. Je guette sans cesse. Sans cesse. Cesse. Sans. Vraiment. Je guette, ce qui me permettrait de t'aimer.

 

4 mars 2011

J'ai monté la nausée jusqu'à la dignité du sentiment.

 

"Tu n'as pas le droit." C'est une première phrase. "Tu n'as pas le droit." L'hôtel est bondé de monde, les femmes marchent sur les bouts de robes qui traînent comme une queue inachevée des autres femmes, les hommes cognent leurs gencives sèches sur la coupe de champagne de leur voisin, ils échangent, elles dramatisent. C'est un préau réservé pour les gens riches. Les lumières ouvrent l'élégance sur leurs visages graves. Comme des cuisses qui ouvrent le point sensible. Madame est belle, un haut noir s'accroche à sa nudité, ses cheveux souples frottent son dos, un maquillage violet alourdit ses paupières, violet comme un ciel d'hiver qui n'en peut plus, et sanctionne les yeux d'été. Son corps long et douloureux recouvre ses pensées timides. Tu n'as pas le droit. Fermez les rideaux. Oui, comme ça. Un homme arrive vers une bouche, il tend une allumette en feu, une cigarette se décompose, un sourire tombe en cendres dans un décolleté déjà conquis. La facilité me fait signe de la fenêtre. Je lui souris. Oui, il ne pleut plus depuis des années. Hier j'attendais dans les couloirs, j'ai dit, tout dit. "Tu n'as pas le droit." On m'a répondu "tu n'as pas le droit". Alors, conseiller de donner, des mots, comme ça, qui ne veulent rien dire pour les autres. Déplaire, parce que tu es l'absent, l'arrogant, celui qui va vite, alors déplaire, être insupportable pour fixer le miroir en se déshabillant. "Je te déplais. Tu n'as pas le droit." On en est à la deuxième phrase. Te déplaire. La première page d'un roman qui commence par "Le premier mot, c'est quoi déjà ?". On en est là. Dans les couloirs, il est arrivé, il a soulevé la foule, il a dit "urgence". Et puis après, dans le bureau, un autre a dit "tout commence là". Urgence, je ne le veux pas pour troisième mot. Sous le préau, ils miment mes muscles. Quand je danse, on danse. Quand je tape des mains, on tape des mains. C'est comme si j'étais sans âge et que je me précipitais. Précipice. Urgence j'accouche de moi-même et c'est une solidarité vulgaire. C'est horrible, c'est horrible, c'est horrible, viens, viens, pour s'endormir je vais te raconter une histoire, mille fois. Mille fois je te la raconterai cette histoire, mes lèvres vont devenir blanches, il n'y aura plus de sang, elles vont devenir limpides, claires, et molles, elles couleront comme de la gelée, elles vont pourrir dans la narration. Et la nuit, la nuit, ça sera à cause de. L'autre mot, la nuit, qui fait gercer mes lèvres, mon quatrième mot. J'accouche de moi-même, et à travers la fenêtre, la lune tombe sans bruit, ma place se fend. La place que j'avais, dans les cimetières à treize ans entre les tombes à jouer à cache-cache avec ma tristesse, la place que j'avais, sous le lampadaire de Paris, dans l'intimité des gestes. La place que j'avais sur les genoux de mon père le 23 Juin, non non je ne peux pas quitter les bras. La place que je devrais avoir dans ta bouche. Je voudrais voir comme tout revient, comme tout est un cartilage froissé. Je voudrais voir, mes muscles concentrés qui vont broyer ta langue où je suis déjà passé. Je voudrais, augmenter le son des bruits gluants. J'ai l'âge que me donne l'écriture, je l'ai déjà prouvé. Je te parle d'une robe qui danse seule. Tu n'as pas le droit de partir. J'ai le bout des doigts abîmés par les couloirs qui se referment sur moi. Qui se referment sur Londres. Alors il fallait que je frappe à la porte, que je passe le premier, qu'il y ait urgence, il n'y avait que mon corps, qui n'était pas un corps. Qui était ce quelque chose fragile et qui se soumettait à la pierre. Ce quelque chose à demi ouvert, sans armes, et qui s'étalait sur le mur. Je peux entrer. S'il te plaît. Je dépasse le monde, je ne respecte pas la foule polie, je bloque le passage, je bloque ta porte, j'arrache la patience de l'abbé. Moi, avant. Moi, ils ne savent pas. "Tu n'as pas le droit. Retourne là où tu étais. Tu dois attendre ton tour, tu me déplais, il n'y a pas d'urgence, même si tu dois attendre jusqu'à la nuit." Voilà, c'est là que la première phrase s'écrit. Tu es belle. Marion est morte. Sali son petit haut blanc, de rouge vilain. Sali. Sali. Et le préau gronde de crise. Mn, je l'ai vu. Laissez moi vous raconter, avant tout le monde. Laissez-moi vous raconter, la soirée aux couleurs d'or, ils ont tout caché dans les bouquets. Dieu, les pavés dans ta gorge, ils ont tout caché, Tu es belle, tes yeux bleus je ne peux plus, c'est un visage privé d'oxygène. Laissez-moi vous dire, avant que les murs ne veuillent écraser le secret. Tu n'as pas le droit. Avant que l'on ne vous dise "cette vie là, c'est pas du vrai". La vraie vie s'endort avant minuit, sauf quand elle boit. Qu'on me dise "il faut grandir, tu es un enfant". Je suis vivant. C'est un état rare. Je suis le dernier, des vivants.

 

3 mars 2011

"Et si je t'aime prends garde à toi".

 

Je prépare afin que je puisse dire "tu vois, je peux t'accueillir". Tu vois, tu peux venir, je suis prêt. Le dos rond qui se fend sous les caresses à toute volée. Moi je ne suis pas comme eux, moi je ne suis pas comme vous. Mes nuits sont pleines d'impatiences, de figures étranges à la peau de vase. Je ne supporte pas d'attendre, et j'attrape tes lèvres avec ma main pour te les envoyer à la figure. Moi je ne suis pas comme vous. Papa dit "si petit, si petit, si petit". J'ai de la violence partout sur mes murs. Trop fragile cette fois. Quand je traverse la rue avec ce pantalon trop serré, qui fissure mes cuisses comme on taille dans de la glace flamboyante. Il y a cette lecture, devant la classe, mes 13 ans, et puis il y a cette phrase du professeur "Ce jeune homme est fou". Tout dire, simplement. Faîtes simple. Posez des mots, comme on pose des fleurs sur une tombe, et allez-vous en, ne vous retournez pas, continuez à marcher, en tirant sur votre jupe et en vérifiant votre chignon décousue, dans les coins, les recoins, rattrapez les mèches qui font négligé, essuyez votre maquillage qui date et coule au coin de vos yeux. cent ans. cent ans que vous portez ce fard à joue. cent ans que vos talons se prennent dans les pavés. cent ans que votre poche est pleine de graviers. Alllez faire vos ricochets à la rivière du Mont, respirer les airs frais qui s'enroulent dans votre chevelure. Allez émietter votre odeur sur d'autres terres. Faîtes simple Madame, vivez dans un sourire intact. Un mariage. Tout commence là. Tout commence dans les rapports qui n'en sont pas. J'ai appris l'amour avec ses doigts. Une corde, cachée derrière les toilettes, après l'amour. Pendez-vous petite fille, j'ai attrapé ta bouche. Cacher les couteaux sous l'oreiller, s'endormir avec l'odeur de la lame en argent qui respire sous le tissu. Avoir un sommeil animé, et découvrir dans le bidet, que ce que vous perdez, c'est du sang, c'est l'enfance. Un animal de charme. "Ce jeune homme est fou". Défier du regard les hommes que vous croisez avec maman le samedi après-midi, et planter une main assassine dans l'entre-jambe en secouant ta jupe trop courte, pour les inviter à regarder les lames de couteaux. Le spectacle féminin. Crier, crier, crier, quand votre mère vous demande d'arrêter, ploiement, sans trop de bruit, pour éviter le scandale, et se débattre avec sa haine, en se jetant aux pieds des hommes pour y déposer une salive fraîche sur des souliers cirés. Achever un travail, toujours, un travail sur soi. « Redresse-toi, qu'est ce qui t'arrive, t'as pas honte ». Défaire les boutons d'un corsage en récréation. Désobéir à la propreté. Etre la colère. Mon enfance m'a appris à devenir la colère. Ta féminité m'a appris à la cacher. Etre la colère et ne pas le révéler. Ne pas réagir, quand le professeur dit "Ce jeune homme est fou". Quand un adulte arrive dans la cour, pour vous rhabiller. C'était mon réveil heureux. Mettre des plumes dans son sac pour ne pas casser. Trop fragile cette fois. Quand dans les tiroirs, on coupait aux ciseaux les vêtements, quand on mettait le feu aux voitures dans le quinzième. Et attendre patiemment, dans le coin, prêt de l'armoire, à quatre pattes, les gestes de colère de maman quand elle arrivera, les cernes sous les yeux qui gonfleront, et essayer d'empoigner son bras pour lui demander de se calmer. Calme-toi maman, il fallait que je le fasse, calme-toi, il fallait que je vois ta colère. Il fallait descendre sous la table pour se traîner comme un chien Il fallait avoir dans le ventre, un prénom d'écolier, sur une liste de victime. Avoir un tempo calme et suave sur des musiques extraverties. Moi je ne suis pas comme vous. Je n'ai rien su, j'ai tout vu. La niche qui prenait feu, et les premières jupes qu'on ne redressait pas. Caresser l'écorce avec les pieds et frapper, frapper dans l'arbre quand maman arrivait en courant pour me demander de ne pas me salir. Frapper avant, avant que ça ne se sache. Pour les autres. Le secret de la colère. Tout commence là, dans cet enseignement. Quand les petites filles du voisin frémissent d'ennui l'été dans le jardin, et qu'elles m'invitent pour se divertir. La solitude héroïque. L'apprentissage. Les faire rire sous des nuques carnassières. Faîtes simple, Mademoiselle, faîtes simple. Tenir dans sa paume un bout de verre peureux, Toi, quand tu marcheras dans le cimetière décoré de ton appartement dis-toi que ce qui te servira de miroir sera déjà le marbre final. La grande brune marquée de traces de freins sur le front. Faîtes simple. Regardez-vous et trouvez-vous jolie. Céline dit "si pur, si pur, si pur" en parlant de moi. Le lacqui reste collé à ton ombre, pour garder en mémoire, cette histoire là. Margot dit "de l'amour, de l'amour, de l'amour". Monte sur les toilettes de la petite école, accroche la corde et y pendre mon désir. Ouvrir le ventre d'un renard avec l'orteil et le plonger dans les boyaux comme dans du sable blanc. Cette lecture à 13 ans, qui me ramène à mes origines. Colériques. Et au lieu de ça, au lieu de déposer ses fleurs comme des mots sur la tombe, et de partir, serein et calme comme la victime accomplie, au lieu de ça. Déposer les fleurs, monter sur la tombe, les piétiner avec des talons convoités et propre, tirer sur cette jupe, toujours trop courte, essuyer un rouge à lèvres sang honteux avec la paume de la main, se retourner plusieurs fois en repartant, serrant les poings pour ne pas se mouiller les yeux, renifler une pluie d'or fine et si lourde qu'elle abattra la première rose sortie des eaux, jeter les ricochets sur les passants parce qu'il est quand même là l'effroi, parce que je l'ai dans les veines cet amour, révéler l'histoire, le rythme grand ouvert, cent ans que je suis prêt pour toi. Cent ans que je ne suis pas comme elles. Ma bouche trébuche sur les pièges de tes yeux bleus et louches. Tu vois, je peux t'accueillir, quand je tire sur la jupe trop courte, ce n'est que le souvenir d'une main qui n'a pas su l'enlever. J

Trop fragile encore. Trop silencieuse

réalité.

Je ne sais pas comme vous faites

vos petites vies, vos petits gestes

c'est trop étroit pour moi

la normalité sentencieuse

je suis la colère et l'émoi.

3 mars 2011

il y a mille maladies dans une rime.

 

J'ai entendu les nuances d'un talon qui se déboitait. Je vide mes muscles dans un visage fantôme, qui traine derrière les murs, comme une ombre peureuse. Normalement, tout va bien. Normalement, je prends ta main, je t'emporte, je t'embrasse, et la mémoire repousse. Normalement, il y a des indices cent, un peu partout sur nos peaux. Ce sont des preuves, pour les détectives, quand, je disparais, la nuit, derrière tes soupirs, quand je t'agace, tous les jours, que je te vois. Il faudrait séparer la maladie et la Valise amoureuse. Comme je m'écorche avec le voyageur. Viens. Normalement, je passe tout ce qu'il y a d'obstacles sur moi. Les cheveux, le menton, et la poitrine. Les obstacles osseux. Ne pars pas, je t'aime. J'obéis aux pensées, qui recommencent toujours, après les lèvres délicates, après la mer qui se déchaine, après la mer qui cisaille nos corps en deux. Tout s'enchaîne. Je te vois, tu la vois encore. Tu la verras. Toujours. Il y a la mer, l'océan, il manque la sécheresse. Tu la vois « belle ». Je suis derrière la fumée. On m'appelle le tyran amoureux. « Tu es une larme » Le processus murmuré, couché, indomptable. Je demande à la peur de s'asseoir. De croiser les jambes, de renverser la tête en arrière, et je crache dans une gorge sans fond. Tout s'enchaîne. Je place la peur sur la chaise en bois, le désir sur la table en brume, et je lui demande de s'allonger, d'écarter les jambes, et je plante la flèche dans un sexe sans fond. La peur sur la chaise, le désir sur la table, je demande a la colère de rester par terre, je lui demande de s'accroupir, de plonger la tête dans ses mains, de ne pas me montrer ses yeux, je tire ses cheveux sans fins, et m'épuise sous son ombre nocturne. Tout s'enchaîne. La tendresse, elle, je le mets sur les paumes, au rebord des fenêtres, je la caresse dans le dos, et je la pousse discrètement du genou la colère, vers un vide sans fond. D'accord, la pièce est immense, le reste des peaux des sentiments, sur le parquet. D'accord, normalement, après minuit, il fait trais chaud. Va mettre ta robe d'avocate. C'est l'heure. Tu dois plaider, le sort du ciel, tu dois plaider, la vie des amoureux. Mais qu'est-ce que vous croyez. Que c'est ici, que tout va s'étaler, que tout va dégouliner. Je trempe ma fièvre dans un incendie mouillé. Et toutes ces images, ne sont que des images. Je peux bien prendre votre main, la faire danser dans le feu, et vous dire, que. Cramée, là. Dégage la. Je sais respirer, Je ne souffre pas, la douleur est dans le cuivre de ta ceinture. Ca ne reste pas les marques, je te le dis*, ça ne reste pas les marques, de ta ceinture, sur le dos. Tu pourrais me les montrer, je ne les verrais pas. C'est comme le vent qui serre mon ventre, qu'aplatit ma poitrine, qui plaque ma bouche, c'est comme. Une force. Je voudrais une force. Ca s'achète dans les paumes de mains. Allez, frappe le visage, n'ai pas peur de mon enfance, des restes de fragilité. Je suis un petit garçon, j'ai treize ans, et j'ai déjà connu une femme, une vraie, avec la poitrine lourde et les mains dangereuses, elle disait à mes parents « il est brillant » et depuis je ne veux plus être brillant, je veux être sombre, je veux être la nuit, je veux imiter les instincts des méchants. J'avais treize ans, c'est loin, un sexe de treize ans dans la bouche d'une dame. Qui dit, fait comme ça, ne te recroqueville pas. J'ai mis mon innocence entre deux lèvres. Je ne savais pas. J'étais sage, je n'avais pas encore des images dans les narines. J'avais treize ans, elle m'a dit « ce n'est pas un viol ». N'ai pas peur de brusquer. Offre-moi une force, comme un masque puissant. Offre-moi des marques sur le visage, que tout le monde verrait, que tout le monde craindrait. Je sécrète une lutte dont je ne comprends pas le fonctionnement. Je t'aime. Je demande au voyageur de s'en aller, va-t'en voyageur, dégage, reprends tes valises déformées, tu ne connais pas l'endroit où je veux aller. Tes bras, seule destination. Je fais craquer une pression, sous le soleil, quand j'imagine ta main. Ta main qui. « Tais-toi. » Tu peux bien sauter sous les trains, voyageur, tout en moi est privé. Ma vie est privée. Privée de vie quand je nous tue. Je n'irai pas chercher, le sang, pour lui prouver que je l'aime. Je n'ai pas d'amour évalué. Je n'ai pas d'amour qui leur ressemble. Je n'ai pas d'amour écrit. Je n'écris pas. Je n'écris plus. Mon histoire empeste dans les rues. Je laisse derrière moi, des gouttes, des miettes, des ruines, de mon histoire. J'ai tendance à être fou, à dériver complétement, obsédé, sur un point fixe, jamais tranquille, j'agresse les autres voyageurs, légers, et sûr d'eux. Mon voyageur, commence par trouver que le sol est déséquilibré, et finit par ramper, rapide, sur les rails imbibés de pleurs. Le point fixe. Ses yeux. Le bleu de toutes les couleurs. Le point fixe. C'est. Le point, à fumer. Fumer le bleu. Ca y'est, j'y suis presque. Fumer le pansement de tes yeux. S'enfoncer dans la rue qui abuse d'elle. Tu as une rue pleines de réactions, d'agressions, de peuples, dans les yeux. Et je m'enfonce. Je m'enfonce parce que je te connais et que je ne te vois pas. Je marche, je pleure. Oui, je tombe loin de toi. D'accord, je n'irai plus chercher les aveugles dans leurs sauts en l'air. Je n'irai plus critiquer un public immobile, leur dire, que. Pauvres langues, essoufflées. Ma grossièreté s'échauffe dans le ventre. Elle égorge des mots, que je n'arrive pas à entendre. Je pourrais dire, bande de. Quand le paradis n'est pas très loin. Je ne crois pas en Dieu, et je vais faire pleurer ma mère. Tu sais quand j'y pense, je pense à. Souffle, poitrine, treize ans, langue. Tu sais ce qu'elle fait la langue ? Elle tourne. Elle cherche. Elle caresse. Elle rachète la Vie qu'on a oublié, dans l'indifférence. Je ne suis pas une fille. J'ai la tête qui tourne. Je n'attends pas une parole correcte pour partir. Je suis décousu. Mes fils ne sont pas résistants, je suis traîné par la terre, dans le fond d'un bois qui n'existe pas. Regarde je suis allongé, je suis calme, tu apercevrais à peine les battements de mon coeur sur ma poitrine, j'ai la main droite posée sur le rebord du lit, et l'autre main, moite, sur mon ventre, comme une main morte, j'ai ouvert les fenêtres, je n'ai ni chaud ni froid, je ne suis ni triste ni gai, mes cheveux ne me tombent pas sur le front, je les ai mis en arrière, j'ai les jambes à demi écartées, dans une position que je n'ai pas calculée, j'ai les yeux ouverts, je ne regarde pas le plafond, mais je regarde dans sa direction, ça n'est pas le plafond que je vois, pourtant. Je ne vois rien. Je suis calme. et puis, au bout d'un moment, tu t'approches de moi, et moi je reste immobile. Tu me demandes pourquoi je pleure. Je n'avais même pas remarqué que je pleurais, je ne l'avais même pas senti. Je te dis des choses à l'intérieur, sans te les dire, silence. A l'intérieur, ma salive s'échauffe. Je te raconte tout. Le voyageur que j'étais en train d'imaginer, les sentiments qu'on peut placer, tu sais, les sentiments qu'on contrôle, je les plaçais, dans une pièce qui aurait été comme, la pièce intime, la pièce dans la tête, à l'intérieur j'use mes paroles à te raconter, j'imaginais ta bouche sur moi, le soleil qui tape trop fort, à travers les murs, dans cette chambre, les muscles qui ne répondent plus, j'imaginais un talon qui me fracasserait la mâchoire, m'empêcherait de parler, de raconter, des rails, des traces de lumières dans mes souvenirs, j'imaginais, fantôme, une ombre, une ombre, qui ne ressemble à aucune autre, et j'imaginais la maladie, d'un homme qui porte une valise, j'imaginais un coeur tremblant, gonflé de sang, dans la valise, la maladie, avec l'idée fixe, de la peinture bleu qui me piquerait l'oeil, j'imaginais, crever la goutte de couleur pour y déverser la mer sur moi, la mer pour cacher que là. Là je pleure. J'imaginais, le mot "Normalement", qui tanguait dans mes bosses. Normalement, je n'ai aucune raison de pleurer là. J'imagine que tu l'aimes et qu'il n'était pas là, c'est tellement bête, tellement, j'aimerais que tu ries de moi – et sûrement le fais tu quand tu viens lire ic, que tu me dises que je suis un petit sot, que j'imagine n'importe quoi, que je devrais dormir, ou danser, que la folie, ma chérie, la folie. Dis-moi que ça n'existe pas. Dis-le. Dis-moi que la folie de ne pas être entendu ça n'aveugle personne, que d'aimer ça ne fait de mal à personne, que chaque matin, tout est normal. Dis-le, normal. Tout est normal. Que l'histoire est normale. Qu'il n'y a pas de cliniques où l'on soigne les obsessions. Que c'est ridicule d'imaginer tout ça parce que. Parce que tu l'aimes et qu'il est là. Pourquoi je l'imagine. Normalement il est là. Dis-moi que normalement, toi tu restes. Que tu es derrière la porte, que tu entends ce que j'imagine à l'intérieur, que tu vas entrer, là, en souriant, et que tu vas me dire que tout est normal. « Normal Najib ou Jonathan, ou personne ne sait, arrête d'imaginer que je ne suis pas là, puisque je suis là. Touche-moi, je suis là. Arrête de pleurer, arrête d'imaginer que tu crèves mon oeil, puisque je te regarde. » dis-moi que tu vas rentrer, que normalement, puisque je t'aime, tu es là.
« Pourquoi tu pleures ?. » Parce que je ne suis pas dans ma vie quand tu n'es pas là.

3 mars 2011

Toute ma vie je te la tends.

 

Je n'ose pas. J'hésite. Là, ça touche. Je pourrais le dire. Je pourrais le dire. Dire que là, c'est l'obsession. Je suis dans le point de mire. J'ai la flèche qui éjacule son poison dans les veines. Là, maintenant, à ce point précis, le corps danse sur la terre inconnue de l'écriture. Celle qui obsédée, tourne. Tourne. Le sujet du monde. Je me répète. Le sujet du monde. Là, à ce moment précis. Je pourrais le dire. Je te le dis. C'est comme la nuit dernière, quand tu as craqué tes mots, dans le noir. C'est comme cette sensation, qui supprime la lumière, le corps se craque, sans bruits, le corps cède. Le visage en plastique, je deviens nouveau. Et toute ma vie, j'essaierai de poser les mots, sur cet amour, qui prend les yeux pour les laisser baignant de ciels ouverts. Toute ma vie. M, je te le dis. Tu ne comprends pas. C'est comme te mordre l'ombre blanche de ta lèvre inférieure. Jusqu'à la faire saigner. C'est ce mouvement que tu as eu pour me faire reculer. C'est ce silence de la honte. C'est ce sang qui coule, sucré et amoureux. C'est ta gifle à toute volée ensuite. C'est moi, qui te retient violemment par le bras, c'est la vulgarité de ma grimace. Çà ressemble à ça. Là maintenant. C'est cette brûlure sur la chair fine des lèvres qui gonflent sous les dents qui mordent, et serrent, serrent. Toute ma vie, à décrire ce moment là. Je te le dis M, c'est comme cette enfance qui met la main sur moi, c'est comme cette violence, et cette douche que tu prends ensuite pour te laver, c'est cette lutte contre le désir, et cet évanouissement du nœud qui bave. C'est l'émotion allumée. Toute ma vie, vraiment. Toute ma vie.

3 mars 2011

sublime : syncrétisme de l'ignoble et du beau.

 

 Ce qu'il faudrait dans les manuels, c'est l'explication du désespoir et de la douleur. La douleur ne peut rien sur moi, je veux dire rien de façon définitive, elle ne peut pas altérer ce qui est déjà brisé, elle ne peut pas brûler celui qui n'a jamais guéri de la fièvre. La douleur ne peut pas m'atteindre, jamais. Il faudrait, des lions qui ont mal dans leur savane prête à fondre comme les vieillards qui posent leurs bouches ridées sur les deux seins de la mort. Moi, je connais une dame qui habite au dessus de nos têtes, et qui n'a peur de rien. A midi, il y a un processus de libération enclenchée. A l'heure où le soleil trempe sa queue dans nos verres d'eau. Ce qu'il faut boire, ce ne sont pas les paroles. Quand le miroir sort de la fragilité, regarde-toi, qu'est-ce que tu bois, il dit qu'il t'aime, il c'est moi timide, l'émotion rouge, gonflée de sang, qui t'arrache les dents, à midi. A minuit, tu m'arraches les cheveux. Les gencives se défilent. Il y a des reflets, obsédés par la douleur qui ne m'atteint pas. Derrière la vitre. Je t'aime. Tu sens l'herbe te pousser entre tes omoplates, les fleurs qui plantent leurs racines dans ton dos. Quand il dit je t'aime, c'est moi, des mots comme ça, des mots qu'il te faut boire, tu te souviens que dans les manuels d'histoire, il était écrit, que la douleur était désespérée. Inventée le 4 juillet 1765. La douleur est vieillie, la douleur va mourir. Et ça, tu t'en souviens, quand je dis je t'aime. La douleur traîne dans un lit d'hôpital où les infirmières passent, pressées. Nous on s'en fout. Tu te penches pour le paysage, pour que le tronc de l'arbre grandisse sur ta bosse. Sur la poitrine que la main attrape. Les amoureux ont des horizons plein le dos. Les vérités c'est moi La liberté c'est de refuser de boire les paroles des autres.A midi, la queue se fend, le soleil se noie.
Dans les bouches, on a éteint les lumières, l'obscurité, cherche à te perdre. Elle ne t'aura pas. N'avale pas les raisonnements séculaires. Des raisonnements littéraires, raisonnables, scientifiques, pré-pubères. Des raisonnements qui pourrissent sur une étagère en verre, des syllogismes de juriste. Si A est Riche, que B l'est moins, alors A est innocent. Il y a plein d'adolescence dans la révolte, parce qu'il y a plein de cette pureté désespérée qu'on y trouve. A onze je refusais déjà d'obéir, je ne faisais pas mes devoirs, je jouais du violon, et je l'avais appelé « Vlad » parce qu'il me suçait tout le sang. Je jouais du violon, et les voisins n'en pouvaient plus ils disaient « toutes les nuits quelqu'un meurt dans un cri chez vous » et je faisais gémir le violon, je lui arrachais les derniers sanglots, tant que le coude allait encore. J'ai lu, je suis passé, à douze ans dans la taïga, j'ai visité les pays de légende, à treize contre les seins du crime, contre les seins de cette douce violeuse, de Marguerite ma douleur, je découvrais l'enfer. Cherche à pâlir. N'ai pas peur de pâlir, à te confondre avec la fondue de la lune. Ne ressemble pas aux autres, ils ont des visages d'incestes. Il n'y a aucune parole qui mérite d'être bue, mais celles-là, Celles qui disent, je t'aime je te les renverse dans la bouche : un coup de pied dans leurs étagères qui puent le professeur. Ne protège pas le verre comme ça, laisse-moi le casser. Casser les espérances misérables, confortables des autres, des quelconques, ceux-là qui ont des projets, ce sont des astronomes du vide, leurs météores sont des billes de poussières. La peau, on peut la couper, l'argent, on peut le voler. Rien ne tient en place. Ne sois jamais tranquille. Nous sommes le torrent Dans leurs étagères, des limaces pleines de sang qui se recroquevillent dans les coins. C'est la réussite qui s'obstine. Anéantir, rater. La victoire leur pend au nez. La Victoire, ça n'existe pas. Il faut pouvoir casser le mur, faire saigner la plaie, mettre les doigts dans la prise, rompre les fils de la peur au ciseaux, il faudrait pouvoir se prendre, et redescendre avec toute l'eau du monde dans notre ciel. Avoir toute l'eau du monde à déverser sur la terre. Le vrai lecteur c'est celui qui ouvre la fenêtre, se penche, et saute en éclatant de rire. Le vrai auteur c'est celui qui va le ramasser ensuite. Ca n'est pas une réparation, c'est une destruction, des choses plates, des univers fades, des cours d'ennui. Affronte tes peurs avec tes crocs, avec tes doigts, ne les bloque pas avec tes amygdales blessées, tes poumons peureux. Prends. Avale toutes les peurs du monde. Le ventre est un sac d'émotions, perce-le. La vie dans notre amour, l'ennui dans mes études, le feu dans ta bouche. Tu me dis « Rampe dans les classes où les autres restent sagement assis ». Je brûle leur poèmes prétentieux et lourds comme la pierre boutonneuse. Toi, tords-leur le bras, quand ils veulent regarder l'heure. Nous, si calmes que toutes les guerres du monde se taisent. J'aime t'imaginer ne pas faire attention de l'endroit tu marches quand les autres mettent du temps à traverser le pont. Mais tu es trop sage. Ton bonheur est sage. Bien élevé. Il n'a pas de voix. Si je trouvais le philtre, je le renverserai comme un oisif, si je pouvais être heureux je le dépenserai d'un coup, j'en payerai à tous les malheureux jusqu'à l'épuiser, et quand il sera bien maigre, je le ferai boire dans mes yeux noirs, dans mon visage laid tout le malheur, ça lui fera des muscles de crime. Renverse la jeunesse dans les quartiers froids. Je détourne la tête quand les autres surveillent leurs vies. Je vomis dans leurs mains, quand l'odeur de savon règne sous leurs ongles, dis-leur de se taire avec leurs conseils grossiers, tu me dis « descends de ton siège, descends de ton estime, descends de tout. Retire ta veste et jette là au vent, dis au monde qu'on pas le temps, qu'il faut vivre ». La dame qui habite au dessus de nos têtes, à midi, renverse ses pleurs sur nos épaules qui s'attachent...

2 mars 2011

Secessionnaire.

Je voudrais t’inventer une langue méchante, pleine d’aspirations cruelles. Je voudrais te la mettre dans la bouche comme une lèvre que tu mâches, et qui te gémirait dedans, avec tous ses souvenirs d’antique métal, une chose unique, un diamant pris du fond de l’âge, une goutte d’un vin captieux, prisonnier de l’ambre agréable. Le rubis des précaires. Parce que je t’aime, je voudrais écarter la réalité comme un vieux souvenir, comme l’impiété que le prêche du pèlerin fend, comme la blessure que le baiser amoureux diminue. Il y a des bouches que l’on sait faites pour l’amour, où l’on voudrait ôter tous les bruits, tous les sons, où la parole est un artifice, une exagération de l’amour, ces lèvres comme les tiennes fines comme des caprices que l’on voudrait isoler des dialogues, retrancher à la conversation. Ta voix je veux la mettre en prison dans mon corps d’enclos. Tes lèvres d’aube, où le crépuscule cent fois est venu tenter sa chance avec ses désespoirs, mais trop de joie, trop d’amour, trop d’une rage stupéfaite d’avoir vu ta rétine se décoller de larmes, s’est noyé à la vision de tes berges. La crampe amoureuse. Cent fois, le glouglou de tes eaux dignes, cent fois les digues lacérées de tes paupières coulaient dans la glaise souple les habiletés de la nuit, ses lisières, ses sapins, ses tombeaux. Tu as tout enterré. Tes lèvres tu les fais luire d’un autre baume que le malheur, d’un baume qui m’étonne toujours quand je le vois faufiler comme la peau d’argent des vipères de légendes, ce fluide de lianes, de violences, ce baume qui s’enflamme comme l’alcool des naufrageurs dans le sein gris du récif. Tu as des lèvres dans un visage construit autour du silence cruel, dans les yeux roués d’intelligence. Tu me bouleverses. Je parle beaucoup, mais je ne dis rien, je n’aime pas délivrer ces choses de moi qui sont plus de l’orgie du métal souple des fleurs carnassières que de la parole molle, légère, citadine même de tous les civils. Mon dedans est militaire. Je fais semblant. Semblant, pour la normalité, pour l’usage. Semblant pour simplement me permettre moins de vivre que de durer. Ce n’est pas se confondre, se mélanger, je suis d’un caprice insensible à l’alliage, répudiant toute fusion, je demeure absent à la plupart des réalités extérieures, je suis toujours d’une étrangeté malade que je rends –souvent- supportable. Je déborde comme un fleuve boudeur, je ne suis pas le Styx encore pour mordre neuf fois les visages. Je tempère les chaleurs de moi, et si je converse c’est comme une usine qui recrache sa fumée pour refroidir ses rouages blessés d’effort. Mais je n’échange pas. Je ne suis pas parmi eux. Je propose une idée de moi. Mon ombre. Je parle pour suer, pour redonner à ma peau la couleur pâle des tolérés, pour qu’on admette ma forme irréelle, prise dans le déambulement des cauchemars, des crises de nerfs qui me paralysent. Il arrive, que mes paniques me dominent, et quand les gens me font face, je dois mimer des habitudes. Ma parole hésite, bégaie, je résiste à la douleur. « Ne rien laisser voir de mes nerfs de ciseaux ». S’il fallait un langage pour moi, ce serait un mot animal, un cri remuant les odeurs du ciel comme des pinceaux virtuoses dans les déclinaisons du noir, dans les tintes des clochers. S’il me fallait une voix de logique, s’il me fallait être l’écho de mes demeures souterraines, de ce que je crois dans moi qui trébuche comme une procession mortuaire, ma voix aurait la teinte étrange des chapelles ardentes. Je voudrais te faire, un langage qui se comprendrait dans le plan cosmique, où périssent, sans souffles les astres, où leurs museaux de feu crépitent et éclatent comme des fleurs de pépinière. Je voudrais inventer des mots que tu ne comprendrais pas, et que je dirais à genoux, qui feraient des soumissions dans le plus noble des corps, dans la plus rigide des lois, des mots comme du latin dans une bouche impitoyable, des conjugaisons pleines de nerfs et de muscles qui tiennent en équilibre les eaux en crue des lèvres savantes. Quand je sépare mes deux mains, quand j’écarte les orteils, un pays violent s’étonne de naître, il n’a pas d’Histoire et se sent le ventre chargé de plein de glaires et de combats. Il n’a pas de frontières, pas de géographie, et devine dans le périmètre de ses excitations un appétit cruel, une force de satin. Il n’a pas de membres, pas de visage, pas d’organe, et douloureusement en lui, douloureusement ouvert comme une serre devine un instinct, une force qui écrase les vitraux figurant les scènes des baptêmes. Ce vent qui fredonne des rimes, qui claque les portes des Eglises, ce vent poète malade qui t’entre dans la bouche quand tu sépares tes deux lèvres pour les bavardages, ce vent, c’est l’ultime matière de moi. Je me sens un élément. Je me sens un élément qui s’entrepose dans un corps. Je suis le sédiment de la chair.
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  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
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