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boudi's blog

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22 février 2020

Roman 4 : Foucault

On traite sans assez de sérieux nos lectures intellectuelles. Elles demeurent dans des pays abstraits ; on les raconte pour faire chic comme des cartes postales. Puis un jour ça nous éclate à la gueule et ces mots là, ces théorèmes et tous nous saisissent, c'est pour de vrai.
Le grand renfermement de Foucault s’est ouvert pour moi. C’est sa clinique qui me dit je te garde mon enfant. Doucement, sans tendresse, on m’expose à cette radiation normalisatrice. La rémission, ici, toujours c’est de correspondre à un humain type et on serait bien en peine de nous en fournir la définition. La demanderions nous qu’on nous dirait je ne peux pas définir ça, mais je sais les reconnaitre lorsque j’en vois. Avoir des ambitions salariales, envisager de se reproduire et posséder un appartement. Pourquoi pas une toyota hybride. Exercer son droit de vote. 

L’effet produit sur moi est exactement l’inverse. J’aimerais leur hurler à la figure qu’il faut vivre avec la maladie, vivre dans la plus sincère, violente, douce, entière extension de ce mot. Mais cesse bordel de faire de la maladies, de la maladie mentale plus encore - ou pareil, pareil pour l’handicap physique en fait - une anormalité, une difformité du dernier degré. On passe un test de normalité. Au-delà ou en deça d’une capacité à être normal  on doit subir un traitement plus ou moins violent. L’anormalité, la vraie, se loge dans cette volonté d’écraser la maladie, de la rendre la plus discrète possible, la plus adaptée à ce à quoi elle demeurera toujours inadaptée. Il faut la vivre comme une normalité alternative et non une modalité altérée ou diminuée de la vie.
Bien sûr, ce n’est pas aisé. Bien sûr des choses graves se passent dans la déraison et certains états réclament des soins et des inquiétudes légitimes mais ce n'est pas le sujet. Comment faire avec, vivre avec

Ce n’est pas une vie moins valable, ce serait mentir de dire qu’elle est facile.

Ce qui me sauve c’est de penser à Foucault, d’affronter ce qu’il appelle le processus normalisateur. Ce processus je lui fais face, il se déroule devant moi, contre moi. Dire qu’il m’assaille serait excessif ; le plus souvent il se présente en de doux atours ; doublé d’aucune menace autre que la culpabilisation latente. Tu ne fais rien, tu es un poids.

Pourtant, ce regard bleu coupant du médecin, qui me fixe jusqu’à ce que je cède ; me pèse, me censure, m’ordonne.
Nous avons tous appris à être, en apparence au moins, de bons élèves et à nous soumettre aux injonctions des autorités légitimes.

Son obstination fixe constitue à elle seule une politique de l’emploi.

Un épisode éminent traduit clairement, pour qui en douterait, ce processus de normalisation. Lorsqu’une phase maniaque commence chez moi transparait en elle une grande inquiétude. La phase maniaque, pour moi, ne contient aucun péril ; je gère. Que l’on tâte le pouls de cet excès, ouais pourquoi pas. Il s’agirait alors, seulement, de faire son travail avec un zèle excessif, peut-être, ou une empathie débordante. Voilà, inutile de chercher des histoires.

Dans son cas, et ce cas est général et institutionnel, il s’agit bien d’un processus d’écrasement, de pilonage de toute vitalité malade ou non. Un épisode dépressif s’amorce, il va être violent, la mort guette, je l’articule comme ça ; pas un jour ne passe sans que j’imagine la mer m’engloutir. J’ai une vision, je marche, je porte un pantalon aux poches profondes et je les remplis de pierres. Virginia Woolf s’est suicidée, par noyade. A cause de son livre les vagues je l’imagine engloutie par la mer. Je me rêve la même chose. Je regarde où la mer tonitrue, ce sera la côte Atlantique. Je raconte ça à l'interface psychatrique, avec moins de poésie et de continuité, je raconte. Je raconte ça et face à ces discours, ces discours qui disent en fait au secours, ces discours de la plus terrible terreur, je raconte et face à ces alarmes, elle me regarde négligemment. Tente, au mieux de me donner un médicament qui fait dormir, la quétiapine. Elle baille. La psychiatrie agit contre la vie.

Comment peut-on bosser en prenant de la quétiapine. Un mec sous hero serait plus efficace. 400 mg avant le coucher. Le sommeil devient irrésistible, le sommeil chimique, le sommeil qui engourdit et qui ne repose pas, qui appauvrit, sommeil sans rêve, sommeil exténué de l’exténué lui-même. Sommeil où l’on étouffe sans qu’aucun oxygène de secours ne puisse vous sauver.

C’est moi du côté de la vie qui l’effraie non ce penchant de mort

Elle a dit, devant la présentation de ma vie métarmphosée en splendeur. Elle dit devant la monstration de ce bonheur gigantesque. Elle dit parce que c'est trop, je me dis, elle doit être jalouse pour me regarder avec cette méfiance. Elle dit.

- HM, je vais vous prescrire du Tercian.


J’ai dit

- non, je ne prendrai pas ça

Je pense à Valentin qui en crevait à moitié. Qu’on trouvait la nuit, parfois étendu, inerte presque. Se relevant quinze heures après. Tous les jours de sa vie. Ou luttant contre le sommeil lorsque le réveil sonnait. Ayant l’air, chaque fois, de s’arracher à l’enfer, de décoller de lui la pellicule de sommeil chimique et échouant toujours ajoutant, le lendemain, nouvelle peau morte vivant sous cet amas de valentin mourant.


- C’est pour vous protéger de vous-même.

Toujours, cette phrase face à l’anormal et le pathologique..
Toujours, c’est pour moi, en ma faveur, à ma fin. Cette généreuse insistance à me sauver et particulièrement non des idées morbides mais de l’état d’excitation, jugé morbide. Comme ces universalistes qui arrachent le voile des femmes musulmanes.

Je lui dis

- vous quand vous êtes triste et pas bien il y a une raison, ça dure un instant, plus ou moins long mais le temps en la matière finit par faire son affaire.
Votre chagrin, pas question d’en nier l’intensité ou la mortalité. Tu peux en mourir toi aussi de ta douleur, hein. Vivre une crise. Mais voilà, ton chagrin c’est parce qu’on t’a trompé ou quitté ; parce que tu n’as pas eu l’augmentation que tu voulais ou que dans la rue on t’a agressé. Toi, ça a des raisons, tu sais ce contre quoi, atroce, oui atroce desfois, tu dois lutter, tu peux concentrer toute ton attention sur un phénomène précis. Ecrasant, ce phénomène, desfois et invincible c’est vrai. Mais à la fin tu sais ce qui est en cause. Les stratégies de soin, tu les appliques à un objet circonscrit, ça peut échouer c’est évident, on a pas toujours la force de vaincre ses ennemis. Mais on le connait, on peut viser. Au pire dans ton cas c’est la douleur qui exagère et qu’on ne comprend pas. 

Moi, c’est pas ça. Moi, ça m’arrive Comme du dehors, comme un sortilège. Je tourne une rue mais c’est dans mon humeur. Et je ne vois plus les choses de la même façon ; si l’état de détresse m’abandonne je ne parviens plus à comprendre le malheur antérieur et, à l’inverse, lorsque la douleur me ressaisit me devient inenvisageable ce bonheur passé.
Voilà c’est ça être fou, souffrir sans raison. C’est ici le départ entre les fous et les autres, Je suis dépourvu de raisons.

Alentour de moi, monde instable, toujours. Pour les autres, tous les 3 mois, les saisons changent. La lumière varie, la température aussi. On raccourcit les manches et les robes. Voilà. Et moi, tous les trois mois le changement me ravage. C’est d’Univers, tous les trois mois, que je change. Univers de lambeaux et de chutes de soie.


Elle ne veut que mon bien, je me demande comment elle se sent à l’intérieur d’elle, je ne puis pas rapporter ici ce que j’imagine ses pensées. Je doute même qu’elle en ait de véritables et profondes au sujet des patients. Elle applique méthodiquement et mécaniquement une procédure, une recette que face à elle se tienne une personne ou face à l’ingénieur une donnée. C’est à peu près de la même façon que ça se traite. Peut-être l'ingénieur développera de l'empathie envers un algorithme bien avant la psychiatrie. 

Céline, dit, en dix ans d’étude de médecine, on assèche lentement, sûrement ça, on te dit

c’est comme un marais

on te purge

Tu n'as pas besoin de retenir tes larmes.

Je me demande moi si après ceci on peut encore aimer ; si des émotions humaines, réelles, durables, paradoxales durent en nous ? Ou si tout devient utilitariste, mathématique. Les études de médecine enseignent aussi une sorte de psychopathie. Instituent une psychopathie indéchiffrable ; ceux qui nomment les malades sont des malades !

Elle m’a regardé, interloqué. Moi, moi je me présente comme un patient plus ou moins normal d’habitude. Elle doit se dire « il a la flemme il croit qu’il est malade il a juste la flemme ».

J’ai, on, nous avons envie d’hurler. Quelque chose doit sortir ; le cri, le cri retenu, le cri le plus raisonnable, le plus justement mesuré, et s’il s’extériorisait furieux, aurait l’air de folie pure et brute ; ce cri poussait avec son scandale et son scandale était toute sa vérité 

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22 février 2020

Roman 3 : HSBC

Mon Master 2 se déroulait en apprentissage. Du lundi au mardi cours à l'Université ou à l'ESSEC, mercredi, jeudi et vendredi et toute la semaine lors des vacances scolaires : HSBC.

Je bossais dans la finance, sur les champs Elysées dans l'ancien bâtiment du CCF. 

La vie qui se dessinait devant moi m'horrifia un jour / La maladie prit sur moi son avantage silencieux. Et plutôt que me rendre au travail, j’avais pris une place dans un des cinémas du 5e. C’était un film de Fassbinder, je ne me souviens pas le titre. Par un amusant hasard le personnage, lui aussi, quittait son travail qui lui promettait, tout comme à moi j’imagine, le désespoir, l’assèchement interne et pas mal de fric.

La maladie, que je nommais à l'époque, avec négligence, petite dépression, fut bien sûr la cause principale de mon abandon de poste.

A la suite de mon départ, l’un de mes professeurs qui se pensait littéraire et spirituel, avait choqué tous mes camarades en s’esclaffant « s’il préfère se faire enculer en lisant Rimbaud »

Son rire, cette sorte de rire de traître, je l’imaginai parfaitement de le lui avoir si souvent entendu. 

Ce type appartenait à la catégorie fort répandue des médiocres qui, pour paraître brillants, humilient les autres, souvent plus jeunes, plus timides en somme plus faibles.

Sa carrière académique ne valait pas grand chose. Il avait pu obtenir un poste de MCF en droit, accomplissement tout à fait honorable en soi. Ceci ne lui suffisait pas. Dans sa discipline il demeurait un inconnu, personna nullius.

Spécialiste de rien, bavard de tout. Incapable de la moindre hauteur

Il était, chose honnie par lui, banal. Alors, pour s’en consoler, comme souvent les frustrés, il humiliait les autres, passait ses nerfs sachant son autorité et son magistère sur les étudiants.

Ses bons mots ne valaient pas grand chose ; blessants, cruels…ouais. C’était tout. Il faisait rire l’assemblée, parfois, non de bonheur mais de terreur. On riait de la flèche évitée.

Ni Voltaire, ni Foucault…lui uniquement lui ce qui le satisfaisait au plus haut point et tout autant le désespérait.

Lorsque j’appris son injure (qui se doublait, belle grâce, d’homophobie) nous échangeâmes. 

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Que savait-il au fond ? Son mail, tout empli de cuistrerie, mon dieu. Que savait-il au fond de ma détresse profonde, de l’envie de crever, l’impression chaque matin de me lever les yeux crevés devant les peindre, croûte imitant la vie. Que savait-il lui qui avait raté ce qu’il convoitait, raté, expert en ratage, mesurant tout à l’aune de son ratage, docteur honoris causa de la nullité.

Lui, qui ne savait rien de ma détresse à moi et m’insultait tandis même qu’il savait ma maladie. J’avais déclaré, ignorant les subtilités du mal m’abîmant, une dépression. Sa basse cruauté, il devait encore l’exercer contre moi. Elle ne m’affecta pas. Le ridicule de sa rédaction, son style laborieux, qui se voulait élégant, le disqualifiait. Il ne pouvait rien contre moi - et pourtant faisait planer une menace si lui avait pu décider contre moi alors j’aurais vu ce que j’aurais vu.

L’enfer, c’était la banque. Les petits rituels grésillant en moi, malgré moi, négateurs de moi. J’avais les cheveux longs, broussailleux, assez peu admissibles dans ces lieux là. Tous les matins, je les passais sous l’eau pour leur donner une forme à peu près conforme. Tous. Les. Putains. De. Matin.

La banque inventait d’autres rituels, traçait dans notre journée des points de passage.

En arrivant les employés étaient soumis à une procédure de sécurité très semblable à celle des aéroports. Je déposais mon sac sur un tapis roulant. Un agent de sécurité contrôlait son contenu grâce au scanner à rayons X.

Puis je passais sous le détecteur à métaux. 

Par lassitude et parce que tout ceci m’apparaissait ridicule, je glissais souvent dans mon sac des sex toys et un coupe papier qui, sous le scanner, avait l’apparence d’une lame affutée. Rituels discrets, abêtissants. Le pire, comme pour toutes les soumissions, on s’y habitue. On s’habitue à cette discipline. Je ne sais à quoi elle nous prépare ni si même elle y parvient. Mais elle le fait.

Le déjeuner se donnait dans un autre bâtiment, à une dizaine de mètres. Le principe voulait que le repas soit pris en commun. Je ne crois pas que les notions de team building ou de corporate culture furent évoquées. Elles transparaissaient, s'avouaient de notre simple présence dans ce lieu ; comme la maladie mentale dans l’hôpital psychiatrique.

A ce déjeuner commun, je ne parvenais à m’astreindre. Les conversations me coupaient l’appétit, l’angoisse, terrible, toujours me saisissait. Alors, très vite je me suis abstenu. J’errais les rues, les cafés. Souvent je prenais le métro dans un sens, puis dans l’autre pour lire. Tout ce qui me séparait de la banque me sauvait. Me refusant à cette discipline du repas commun, on me regardait comme un paria, un étranger, un type bizarre ce qui, à n’en pas douter, j’étais. 

Les vendredis nous devions faire un reporting de l’activité financière de la semaine. Je m’y collais. Il fallait imprimer des documents pour les ranger dans une immense salle où dix années de documents s'accumulaient. C’était une obligation légale, on disait. Ce reporting. Il fallait tenir à la disposition du régulateur des marchés financiers, l’AMF, ces reporting. Sans tenir de registre, sans savoir à peu près ce qui figurait dans chaque classeur, je voyais mal quel type de surveillance pouvait être exercée. Un alignement de classeurs, de chiffres au sens perdu, de nombres égarés. Une bibliothèque d’absurde, constituée par les gestes répétés par des juniors, des stagiaires, des intérimaires. De ceux qui ne sont pas encore tout à fait comme il faut. Lieu, sûrement, de la discipline. Accomplir une tâche sans sens. Gestes fantômes, ayant laissé ici la trace de leur soumission. Moi-même je m’y trouve. Avec ma nombriliste lâcheté

Discipline et contrôle. C’est le maître mot du travail. La devise. Discrète, invisible, habituelle. Dès l’entrée. Dès le premier geste. Les cadres ne pointent pas. Payés au forfait il n’est nul besoin de mesurer leurs temps de présence. Mais la banque ne pouvait abandonner son pouvoir de contrôle sur les corps. Alors elle installa ces portiques, ces reportings, ces mots de passe - mots de passe à changer de façon régulière pour donner de l'importance à sa tâche, les déjeuners en commun. Ecrasés, définis par les objectifs, le rétro-planning ces mots réservés à ces lieux là que les open space engendrent et répandent ; ces mots là se diffusent, comme des virus, de boites mails professionnelles en boîte mail professionnelle. 

Ce dont je me souviens, soudain, c’est ma directrice de Master son époux, banquier chez Lazar, l’habituait aux réceptions et au luxe. Avenue Victor Hugo, elle portait aux oreilles de petites pierres précieuses. Son titre universitaire lui conférait aussi de sérieux avantages matériels, elle invitait ses étudiants à déjeuner. Enseignante-chercheuse, elle ne cherchait désormais que des tables où déjeuner et des apprentissages pour les étudiants. 

 

Mon boss, chez HSBC, Benjamin, incompétent notoire traînait sa misère dans son bureau. Il avait sept enfants, s’était retrouvé là à force d’échecs et de copinages. Ma présence, ici, disait aussi un échec. Mon absence, là-bas, dit encore l'échec. D'une autre nature.

Les employés des boutiques de luxe, des parfumeries, des galeries prestigieuses lorsqu’ils quittent, à la fin de la journée, leur poste sont passés à la fouille. On s’assure qu’ils ne dérobent rien et, dans le même temps on leur rappelle leur position éminemment subalterne. Le soupçon intangible pesant sur les pauvres « vous êtes des voleurs, nous le savons et nous agissons en conséquence, ne le prenez pas contre vous, vous n’y êtes pour rien en tant qu’individu c’est votre nature on ne dira pas classe, classe ça n’existe pas vous savez, c’est fini ce temps là des classes » langue des signes, les mouvements du vigile sur les corps.

Devant le client leur est imposé un style distingué, un dress code sévère qui les fait paraître, de l’extérieur, du dernier raffinement. La boutique close, sous les mains attentives de l’agent de sécurité, leur condition leur est rappelée. Brutalement. Sèchement. On les dépouille du chic artificiel. Les voilà, si tôt la journée achevée, renvoyés à leur condition de pauvres, de suspects ; renvoyés à leur salaire de misère. Renvoyés, pour les employés parisiens, à la grande banlieue. Tout signifie « vous n’êtes pas d’ici » vous êtes tolérés 35 heures par semaine. Pas une minute de plus sauf si elle est gratuite.

On les revêt un instant des atours du pouvoir et certains d’entre eux se prennent au jeu et agissent, dans la boutique, avec l’attention exquise qu’on leur exige. On les paie en symboles. La petite broche dorée de Sephora ou de Nespresso coûte moins cher qu’une augmentation de salaire, qu’une prime de fin d’année, qu'une réduction de l'amplitude horaire à salaire constant.

Il existe maintes formes de contrôles. Celui double, ici, du tailleur et de la fouille.

J’ai tenté de me prendre au jeu, et les premiers jours sûrement y parvins-je. De l’argent, quelque chose de présentable à montrer aux autres. Cadre supérieur à HSBC ou UBS ça en jette. Au moment de faire valider mon contrat d’apprentissage à l’Université mon interlocutrice, voyant l’entreprise où j’étais affecté, siffla d’admiration, elle a dit « c’est la classe, c’est pas La Poste ça ». Ou le LCL. Je ne sais plus exactement ; l’une des deux banques, c’est sûr.
Alors, pris au jeu, cherchant à rattraper je ne sais quel temps perdu, cherchant à légitimer ce qui m’arrivait - que je désirais aussi - je me conformais, je me rendais aux after-work notamment celui des champs elysées. L’Ice Bar, c’était je crois. Il y avait un open-bulles pour 15 euros. De 20h à minuit. De la bouffe aussi. Gratuite. De la musique, des gens en costume. Des gens qui se surveillent mutuellement, qui se sous-pèsent tentent de se deviner, de se mesurer, de se reconnaître ou de se méconnaître.

Oui, avant que nos organes ne se tordent, ne se déchirent, avant que l’air trop rare nous fasse s’évanouir l’âme ; on jouit. Danger commun, tous les plus âgés te le racontent, l’argent c’est un piège, c’est le confort. Plus vite qu’on ne croit on se change en chiens de garde, on peut garder des habitudes de loup. Sûrement, même ainsi, c’est pire. On devient alcoolique pour ce qui nous reste d’exercice de la liberté, d’hors-champs de ce champ clos.

dans certaines boites de nuit qui se veulent select les mêmes yeux se penchent sur soi. Au Silencio, j’ai pu faire l’expérience de ces regards là. Mêmes yeux, mieux habillés, parés d’un maquillage plus élégant. Les femmes plus belles, les hommes plus connus. Voilà.

 

21 février 2020

Roman 2 - L'enfer


Il devait chercher un emploi, on l’incitait à chercher un emploi. Il fallait.

La médecin, la psychiatre s’il faut le dire avec précision et dégoût, ne pensait qu’à son insertion professionnelle. Il allait toujours assez bien, son état suffisait toujours pour sortir du protocole de soin et des aides sociales afférentes. L’emploi, contre-point matériel à la chimie bizarre du traitement. Touche finale de l’hygiène mentale. Cerveau lavé, poncé, rétabli ; sorte de taxi propre, révisé, qui désormais doit faire tourner à l'infini son compteur. 

Il pensait à ingérer toute une boîte de Xanax.

« Insertion professionnelle » ce syntagme répété à l’infini comme seule issue possible et durable à la démence progressive. Insertion professionnelle, répétée avec toutes les inflexions possibles de la voix. Autoritaire, douce, encourageante. On ne savait pas à la voix tant de registre. Voix. Mais. Insertion professionnelle. Par une sorte d’acte manqué institutionnel, la structure vers laquelle on le dirigeait s’appelait SPASM. Il ne concevait pas le travail autrement.

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« Insertion professionnelle ». Il se plaignait auprès des autres thérapeutes de l’insistance de la psychiatre. La stupeur et la détresse le privait de toute initiative, de toute ébauche de volonté et la psychiatre et à travers elle la grande machine administrative; répétait pourtant, trouve un travail, un travail, un travail et le mot, l'objet, le mot écrit, travail le mot prononcé travail lui provoquait désormais de violentes attaques de panique, se supperposait en tout, se déchiffrait partout. 

 

Un mot répété en boucle se transforme rapidement en une indéchiffrable vibration de l'air.
Nous avons tous fait l’expérience de cette dissolution du sens à force de redites. Il en allait autrement pour le mot travail dans le bureau de la psychiatre. Prononcé à l'infini, sa signification enflait et envenimait et si l'air vibrait au contact de ce mot, travail, le mot travail digérait tout l'oxygène de cette vibration. 


Alors le mot, le mot travail qui ne référait plus à rien se suffisait à lui-même, devenait sa propre fin. Ce mot concourait désormais au mal, s'insinuait traumatisme et nausée. 

Comme si le travail, le travail salarié constituait l’objectif unique de tout individu civilisé. Comme si, déjà, le travail s’assimilait au travail salarié qu’il n’en existait d’aucune autre sorte. Qu'ainsi, l'artiste des rues ne travaillerait pas, sauf s'il devient Jean Genet, qu'ainsi le bénévole qui sauve de la faim et du froid pourtant, ne travaille pas, qu'ainsi la mère élevant ses cinq enfants ne travaille pas et que cette liste s'étendrait à l'infini.

Cette idée de travail, conditionne, un certain mode de vie. Le suppose et le produit. Cette idée du travail...

Comme si entre la dépendance économique aux minimaux sociaux et le CDI ne figurait aucune variété d’occupation : comme si entre la solidarité nationale et le travail n’existait rien.

De l'art on pouvait parler comme d'une blague ou d'une fiction. Les artistes, pour la psychiatre, devaient appartenir au régime des hallucinations collectives, de l'expression fantasmatique du refoulement.

Une de ses amies, instable psychiquement, à laquelle n’était officiellement attribuée aucune pathologie mentale avait reçu :

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Obsession. Partout. Les mêmes prétextes pour encourager au travail, sans prise de distance. L'environnement humain d'un hypermarché E.Leclerc où les pauses, mesurées à la seconde près, font les caissières se pisser dessus.

Là où ça sent l'urine ça sent l’esclave.

***

En quittant l’hôpital de jour, il passe à la bibliothèque municipale. Se dirige vers le rayon poésie. Rangée de crève-la-dalle, de délaissés, de paranoïaques pourtant ici, ordonnés, cornés, tachés à force d’emprunts. (photo avec attila jozef, dans son ventre, là, représenté affamé, se verse tant et tant de mépris ; jusqu’à plus soif.

S’il avait fallu croire dès ce temps là les psychiatres, les normalisateurs&négateurs nous aurions peut-être des voitures volantes peut-être une colonie sur Mars mais pour l’âme humaine, la poésie ou la musique seulement les affichages publicitaires. Peut-être n’en serions nous pas désolés, peut-être même l’art et les artistes sont-ils un poison dispensable. Une sorte de trait d’union toxique entre l’animal et le surêtre.

***

Il faudrait se résoudre à cette croyance absurde ? Se résoudre, jusqu’à sa propre négation, que la détresse pourrait se dissoudre dans le contrat de travail ? Que le salaire viré le 27 du mois sauverait de la détresse ? Que le CDI protégerait des démences, que désormais aucune corde ne saura s’enrouler autour du cou ; qu’aucune lame ne pourra plus trouver la veine ; qu’aucune surabondance de benzos ne sera plus mortelle ?

Ce qu’on lui promettait c’était la mort à pas lents. L’ennui fonctionnel, le pourrissement attendri. Il ne s’agit pas, dans son cas, de moraliser le travail, d’avoir sur le boulot un avis général et péjoratif. Il admettait trouver un charme certain aux slogans de 68 "ne travaillez jamais". Son refus, pourtant, était sans lien avec une position politique - sauf à faire de son suicide une question politique.

On l’enjoignait à trouver un emploi et sur lui pesait la certitude de la mort à venir.

   Antoine, lorsqu’on lui disait que tout travail était affreux, répondait que, tous les mois, la somme sur son compte lui disait le contraire. Peut-être c’est vrai. Peut-être le bonheur commence le 27 du mois. Que le docteur ne veut que mon bien.

   Toutes les démences ne méritent pas l’internement psychiatrique. Il existe des structures ambulatoires appelées « hôpital de jour ». Les patients, après un entretien avec un médecin, peuvent y entrer ou s’y inscrire. On leur propose des activités culturelles ou ludiques. Des repas collectifs. Une sortie au cinéma, la visite de musées, des jeux de société…une sorte de centre aéré des malades modérés. Certains patients alternent leur présence entre l’hôpital de jour et l’hôpital psychiatrique en dur. Celui de l’enfermement, de la surveillance, de la privation de liberté, de l’absence totale de moyens et des violences plus ou moins grandes plus ou moins constatées. 

   Bertrand, le visage long, les lunettes sur le nez, deux mètres, cent kilos collectionne les étiquettes des bouteilles de coca-cola. 

Je lui demande s’il continue sa collection il me répond oui il me dit aussi qu’il les a jetées à la poubelle. 

La collection ne consiste pas, pour lui, à constituer un stock. Il n’entasse pas. Tout tient dans le geste de réunir et non dans celui de conserver.

Il vit dans un foyer dédié aux personnes mentalement déficientesDes éducateurs, formés à la gestion des adultes, organisent la vie du foyer. Un jour Bertrand m’annonça tristement "l'éducateur a pas voulu me donner l'étiquette pour ma collection" 

Je ne comprends pas ces cruautés gratuites.

De l'hôpital de jour la tranquille tiédeur menace. 

"Au dessus des citoyens s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leurs jouissances et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux” (mettre ça sur une photo de tocqueville mélangée à macron ou qqun comme ça de plus durable)

Mais un danger pire, plus insidieux, d’une autre sorte en vérité : se confondre avec la maladie. Devenir, ce que j’appelle contagieux à soi-même faire se multiplier le mot de la maladie à l’intérieur de soi, se laisser envahir par elle et se présenter, désormais, avec elle. Comme un titre nous précédant et nous annonçant. Comme Docteur mais en fou. Le faire inscrire sur sa boite aux lettres. 

Contamination accrue par cet environnement consacré exclusivement aux soins psychiatriques. Où l’on vous simplifie à l’extrême où vous voilà classé, rangé irrémédiablement du côté de la folie...sauf en cas d’emploi salarié.

- Je crois que c’est prématuré…parler d’emploi quand parfois j’ai envie de crever, quand mon humeur instable me donne des nausées…ou bien une énergie à renverser le monde

- Mais sans projet vous êtes dominé par vos variations d’humeur. S’inscrire dans le temps long…ça permet de plus être conditionné par ça. Ca fait deux ans et de ce côté là on voit aucun progrès.

- y a pas eu six mois de continuité dans ma vie depuis dix ans. L’absence de progrès…oui dans mon humeur pas dans mes projets

- le travail pourrait vous l’amener. Le travail c’est la continuité. Une responsabilité envers les autres. L’insertion.

- Oui mais ça c’est un discours que j’ai surentendu. J’ai déjà bossé et on m’expliquait que la dépression serait atténuée par le boulot, la répétition, l’ordinaire. Et moi je me suis barré après 17 mois. Sans prévenir personne.

- Ici vous êtes accompagné, c’est plus progressif…il y a de l’aide en cas de secousses.

- Ce n’est pas la question. Vous avez de bonnes raisons d’y croire. On a toujours de bonnes raisons. Tout le monde a toujours de bonnes raisons. Oui, dans une structure de soins on imagine bien des techniques plus adaptées… je suis pas le premier patient concerné ni le dernier à être en résistance…ça oui je le sais bien.

- Bon nous en parlerons une prochaine fois.

- Jamais, je ne le le prononce pas ce jamais. Je baisse la tête. Au revoir bonne journée a bientôt.

 La douleur de l’affaire c’est de se sentir considéré comme une statistique à déplacer d’une catégorie à l’autre. A qui fait on face ? Une soignante ou une conseillère pole emploi rémunérée au taux d'employabilité de ses patients ? L’importance c’est quoi ? Guérir ou occuper un emploi, c’est à dire avoir l’apparence de la rémission ; geler la maladie en soi et la laisser à la merci de n’importe quelle obscurité ?

Le projet ce n’est pas de rétablir les aptitudes du patient afin de lui permettre de s’auto-déterminer et de choisir patiemment, précisément ce qui lui conviendrait ; il ne s’agit pas de le réétablir dans son libre-arbitre mais de le faire dégager de là…

Devenir, soudain, je veux dire de la plus explicite des façons, sans les dissimulations habituelles, devenir oui d’un coup là, en pleine lumière psychiatrique, une catégorie et non un individu ; un anormal à déformer en à-peu-près-normal.

Il y a toujours urgence. Urgence à s’en sortir, par n’importe où, par n’importe quoi. Urgence à n’être pas ici. De pôle emploi à l’hôpital psychiatrique.

Urgence, oui, urgence du malade, du patient du suffoqué, urgence à vivre pour lui, urgence à cause de ce que demain se présente toujours incertain.

C’est à se demander ce qu’il adviendrait s’il avalait une pleine fiole de poison. Que penserait-elle ? Que c’est toujours l’urgence le SPASM, le CDI, les ailes retrouvées ? Se sentirait-elle coupable alors de ce corps mort ou ayant tenté la mort ? 

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   Beaucoup de malades comme beaucoup de pauvres ressentent une honte immense à leur situation. Il est rare que les patients indiquent leur « titre » de malade et aussi rare qu’il le leur soit demandé par d’autres soignés. Notre simple présence démontre notre maladie.

L’hôpital de jour du centre médico psychologique (18-20 Rue de la Tour d'Auvergne, 75009 Paris) accueille, chaque jour, ses patients. Parmi ceux-là : Martin. Martin ne paraît pas, aux premiers abords, privé de raison. Il converse, sans anxiété manifeste avec chacun, donne son avis, écoute celui des autres. Rit de ce rire social et faux des gens de raison. Martin apparait, à mes yeux inexpérimentés, comme un être socialisé, parfaitement intégré, capable d’interactions normales et banales ; ainsi sa présence m'étonne et doit avoir des raisons.

Martin porte toujours un polo lacoste - de combien il en dispose je l’ignore - et, sur lui en permanence, un parapluie. Un de ces petits parapluies noir gardés dans un étui de toile et qui se déplient plus largement qu’on ne l’aurait cru. Dans ce siècle d’été jamais je ne l’ai vu s’en servir. Dans ces recoins de chaleur des orages surviennent, c’est vrai ; rarement cependant. Prévisibles, aussi. Annoncés par les baromètres-smartphone. Indifférent à ces modes prévisionnels ; Martin garde son parapluie.

Ce comportement, dans tout autre contexte, paraîtrait une précaution amusante et toutefois de bon aloi ; une fantaisie d’un aloi le même.

Or l’excentricité, la différence, l’étonnement ; bref tout ce qui échappe à une hyper-rationalité, devient ici une anomalie. Le parapluie de Martin dans ces mois de juin-juillet est anormal. En toute logique le parapluie est utilitaire son usage, parer la pluie, épuise son sens ; il se réalise totalement dans son utilisation, sans résidus. Il n’y a rien à en tirer d’autre. (Sauf pour quelques freudiens voyant en tout objet plus ou moins phallique le signe d’un Oedipe mal résolu et d’une analyse longue et difficile et coûteuse).
Martin garde ce parapluie en plein soleil - non déplié ; non « en usage » ; vigilant cependant . En plein soleil pour qui fréquente - en patient - l’hôpital de jour ce fait signe vers la folie, ce indique - au sens d’indice criminel - la folie, la rend possible, en laisse deviner le commencement. Ce parapluie devient symbole, mystère à élucider - psychiatriquement. Son sens, parce que c’est Martin qui le porte en plein soleil, excède désormais largement sa fonction. Quelque chose, du trop loin, de l’étrange, de l’ailleurs, encombre cet objet. Chargé de discours, lourd maintenant le parapluie que Martin, au bout de sa main, agite.

La présence des individus ici présuppose toujours la démence. Chaque acte se rapporte à un comportement normal à une rationnalité modèle. Il y a un invincible préjugé de folie. Ce qui ailleurs : Névroses, psychoses, angoisses et tout le lexique des souffrances morales, touchent chacun. Partout. Ici, ceci devient TOC, bipolarité, border-line. Tout est qualifié donc jugé donc traité donc effacé contenu. Le parapluie de Martin est un artefact de la folie ; par lui Martin est fou.

Le ton général narratif et neutre que je prends est fallacieux ; prétendant synthétiser ici le discours clinique. Je suis celui qui regarde et soupèse ce parapluie, je suis celui qui confronte Martin, portant son parapluie en pleine chaleur, à une normalité sociale : le parapluie ne se sort que sous certaines conditions. Sorti en dehors de ces conditions - ciel nuageux, gris, pluie, orage, indications météorologiques - saille une étrangeté. Cette étrangeté est de la folie de la quasi folie dès lors qu’elle concerne un individu appréhendé par une catégorie psychiatrique. Bref un abrégé de ces topographies de la déraison : DSM et CIM.

C’est moi qui démembre Martin, moi qui isole de lui des parties qui doivent être caractéristiques de la folie - sinon pourquoi sa présence ici avec son air de tout à fait normal ?

Au déjeuner que nous prenons en commun j’observe parfois Martin qui garde son parapluie sur les genoux. Sa main tremble régulièrement d’un spasme intraitable que son visage ne laisse paraître. Si à ces instants ses mains demeuraient dissimulées personne ne pourrait lire sur son visage impassible ou souriant (ou d’un impassible sourire) ce qui le traverse (et peut-être le traduit?). Il se nourrit peu - n’est pas maigre - choisit sans logique les aliments qu’il ingère. Jamais je ne sais s’il ne le fait à des fins de conformité sociale - donc de dissimulation - donc d’indices, encore, de sa folie ; mange si peu, son parapluie sur les genoux.

De quoi le parapluie de Martin exposé au plein soleil est-il le fétiche ? Vers quel monde intérieur ce parapluie fait-il signe ? Ou quel ailleurs par l'objet médiatisé ? Jamais je ne le saurai. Lui demandant obtiendrai-je une réponse ? Cette réponse et cette demande ont-elles un quelconque intérêt ?

Désormais je pense à Jean-Hugues, l’oncle de Marie-Anaïs, toujours sociable souriant, dragueur plein de projets mis à l’ouvrage. Echouant, recommençant. A qui tout sourit et tout dépérit. On pourrait le croire, à observer sa contexture, comme un être sans angoisse - ce qui ne préjuge pas de son intériorité. Or à lui parler plus longtemps altéré - libéré ? - par l’alcool ou le cannabis c’est une fragilité comme les autres. Non, fragile en constance, mais révélant que ces choses là, ces actes grandiloquents ont pour lui, aussi, un coût. Plus capable que les autres d'assumer les risques sociaux 
mais courbé, lui, aussi par le poids de l’action ou de l’audace. Pour lui aussi c’est dur. A quel point faut-il que ce soit dur pour devenir patient de l'HDJ ? 

Nous sommes tous des Martin conservant un parapluie en plein soleil haha.

***

   Comme souvent, la honte force les patients à accepter des propositions insupportables, déplorables et inadaptées. On envoie Corinne, qui est intelligente et débrouillarde, en ESAT. Structure de réhabilitation par le travail, à ce qu’il parait. Elle voudrait apprendre la couture. Se former à quelque chose qui lui plairait un minimum. Elle emballe des paquets pour Amazon. C’est ça qu’on lui propose, par ça qu’on veut la réinsérer. Elle a un poste aménagé c’est à dire qu’on l’éprouve moins que ses collègues, je crois que ses journées s’achèvent plus tôt et qu’on lui permet davantage de pauses. Je suppose qu'un encadrant l'accompagne dans ses missions

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   Conditionnement. C’est ça le job qu'on lui confie. Du conditionnement. On croirait parfois que la langue nous jette de grands signes de phares, conditionnement, spasm et nous ne voyons rien de ces alertes.

Alors, main d’oeuvre bon marché, subventionnée, plus ou moins efficace mais on s’en fout. La loi oblige les entreprises à intégrer un quota d’handicapés de personnes en situation de handicap…alors toute chose comptable mesurée c’est rentable. Corinne est le produit de ces calculs. Elle emballe les paquets pour Amazon, Amazon est philantrope et sa générosité exemptée fiscalement. 

Corinne se convainc que c’est pour son bien mais tous les deux mois elle revient à l’hôpital. Je me demande comment ces variations de situations sont traitées administrativement. Si on la re-range dans la catégorie ratée, s’il en est une spéciale  "presque" pour ceux qui échouent de justesse ou si on s’en fout, on fait comme si de rien n’était, on demeure réhabilité dès lors qu'on en a fait la preuve une fois. La langue administrative connait bien des tours pour dissimuler la réalité ; pour s’assurer de ses succès. Se dire, à la réunion interministérielle pour l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap « on est sur la bonne voie »

(ici remettre la citation tocqueville avec point d’interrogation)

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Je lui fais écouter Booba :

Tu voudrais que j'taffe pour le SMIC ? Garde la pêche !

En voulant chercher une citation du poète Raymond Carver, j’ai tapé sur google : « 50 ans aucun emploi poème » qui étaient les mots approximatifs du poème. Tous les résultats ou presque menaient au travail, à comment avoir un travail après 50 ans. C’est le destin, encore une fois, de l’être civilisé. Après 50 ans cependant, l’emploi parait chose un peu plus inaccessible…un accès restreint. 

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« J’ai 45 ans aucun emploi imaginez le luxe que c’est

essayez de l’imaginer »

Voilà la citation.

 

20 février 2020

Roman 1 : MDPH

  Lorsque le papier lui arriva par la poste il ressentit un grand soulagement. L’angoisse, qu’elle que soit la réponse, cesserait. Il avait sollicité la MDPH pour obtenir une évaluation de son état psychique et, si celui-ci entraînait une « restriction durable à l’emploi », l’obtention de l’allocation adulte handicapé d’un montant de 900 euros, augmentée, à Paris, de 180 euros versés par le CSVAP. Ce qui lui permettrait de quitter la précarité terrible où il s’enfonçait depuis quelques années, devant vivre de rapines dans le supermarché du boulevard de Rochechouart, du RSA et de quelques combines maladroites et inquiétantes. Il n’avait pas le goût de la frugalité mais s’en accommodait sans difficulté. Il ne fumait pas mais tenait dans le revers de son manteau un paquet de sobrani, cigarettes multicolores au bout doré. Prodigalité, malgré la pauvreté. 

   La réponse, positive, le rassura. On lui ouvrait des droits jusqu’à 20 mars 2023. Trois ans. Il avait le temps, un peu d’argent, l’aspect matériel de l’existence moins angoissant. Il maintiendra une certaine quantité d’illégalisme dans son quotidien. Pourquoi s’en navrer ?

Il s’agit, au fond, de s’aménager des interstices de liberté face à un ordre économique scélérat.

Difficile à croire, ceci, que certains, par quelle étrange intériorisation du droit (et son assimilation avec le bien ; ou la crainte fictive de la matraque) se refusent à seulement imaginer le vol. Les plus riches, souvent, par l’ingénierie et la dissimulation, manquent à leurs obligations fiscales. Des juristes, des financiers, suisses ou même pas énoncent une poésie de la triche où le trust, sa plus parfaite expressionbatifole dans les eaux chaudes et généreuses des pays poivrés. 

Du côté des employés, des cadres moyens, de ce qui reste du monde ouvrier et paysan. Au niveau de ces tranches fiscales on ne triche pas ou peu. Et ces rares moments quels vertiges n'offrent-ils pas, vertige du parieur victorieux et culpabilité, aussi, de l'assassin débutant. 

Ne pas faire de vagues. Avoir honte. Leçon bien apprise. 

   Face à la procédure de surendettement qui les vise, les parents de Pierre refusent de mettre en oeuvre l'intégralité des moyens juridiques à leur disposition. Honteux, ils préfèrent se taire, ne rien demander. Ils craignent que, plus largement connue, leur situation  les humilie et les offense encore davantage. Ils redoutent les regards dans le village, ils redoutent l’officialisation administrative de la déroute financière dont ils s’estiment coupables. 

   Le père de Pierre s’est cassé la santé sur les chantiers. A la limite de l’accident de travail en permanence ; ne sollicitant jamais d’arrêt auprès du médecin, sûr que le travail paierait, sûr à cause de l’abnégation qu’intègre bien les pauvres. 

Pourtant, malgré son dos cassé, ses efforts à crever, il n’a rien. Il appartient à ceux-là dont on dit qu'ils ne sont rien. 

De la dépouille de la sécurité sociale - de ce qu'on a pas encore dépecé - il obtient quelques infiltrations pour l'aider quand la douleur le cloue sur place. Comme ce jour où, seul à la maison, voulant se déplacer vers sa voiture, la douleur le foudroya. Son téléphone...trop loin pour appeler au secours. Il dût attendre deux heures que la douleur se tasse pour se déplacer, en rampant, appeler le 15. Voilà ce qu’il a gagné.

Le misérabilisme ce serait de dire : ce sont de belles mains, des mains de travailleur, des mains de vivant. Mains abîmées, blessées. Mains exploitées et saignées. Et pour retraite le minimum vieillesse 10 838,40 € par an. Des dettes partout, des dettes de toutes les sortes, un écran 4K dans le salon qui trône ici comme une honte.

Lorsque je bossais chez UBS Cyril, le compagnon - saloperie - de Margot gagnait des fortunes. Plusieurs millions d’euros par an. Au moment de leur séparation Margot voulait une part du butin. J’entendais depuis notre bureau commun les manigances mises en oeuvre pour obtenir, sans fiscalité, le fric qui lui paraissait dû. Cyril, disposait d’avoir dans des coffres échappant à la vigiliance et aux inquiétudes de la DGFIP. Aussi, peu crédible que ce puisse paraître il faisait transiter des valises de billets par la frontière Suisse. Margot, cherchait un arrangement pour qu’on lui remette ces sommes à Guernesey. UBS se comportait comme un mauvais film.

Margot devait rencontrer Cyril dans les locaux d’UBS. Celui-ci arrivé, les hôtesses appelèrent Margot pour lui signaler l’arrivée de Cyril. L’hôtesse demande : que lui sert-on. Margot de répondre : du cyanure.
J’aimais beaucoup Margot. Pour cette phrase, là, à ce moment précis. A quoi ça tient... 

 

20 février 2020

Brèves de table basse - le fait divers

Au dixième cambriolage il a dit stop. La prochaine fois, je tire. Il n’a pas manqué à sa parole paysanne. En entendant le bruit des rôdeurs il s’arme. Descend, silencieusement l’escalier en bois. Il grince. En bas, il distingue au moins deux personnes. Le frottement discret de la lampe torche sur le salon. La hâte. Pas trop fébrile. Ce n’est pas la première fois pour eux. Alors Jean-Louis Leroux tire une fois. Il touche. L’autre tente de prendre la fuite. Y parvient. Alors Jean-Louis tire une seconde fois. Sans pitié. Sans remords. Le corps ne bouge plus.
Il appelle la police. Pas les secours. Il est arrêté. Mis en garde à vue. Présenté à un juge qui décidera de sa mise en détention provisoire. 



Brèves de table basse - Page 3 Captur41

Le juge a du mal à expliquer que le droit de tuer n’est le droit de personne. N'appartient en France à personne, ni individu ni institution.
L'imperfection du système judiciaire, l’évident manque de moyens de la police scientifique ne donne à personne le droit d’exercer la justice, surtout celle définitive de donner la mort. Il comprend qu’il n’en puisse plus. Mais il n’était menacé que dans ses biens, pas dans sa vie, ni même dans son intégrité physique. Il ne lui demande pas de comprendre les subtilités juridiques mais bien de peser si sa télévision vaut bien la vie d’un homme. Il vit dans un état de droit, fragile. C’est vrai. Perfectibe, beaucoup. Ca il l’admet. Regardez le nombre de dossiers que je traite et pour vous je suis navré  mais vous 
n’auriez pas dû j’aimerais vous rendre intelligible ceci, en dehors même du droit, on ne peut pas tuer sauf pour sauver sa peau, éventuellement. On sort de l’humanité lorsqu’on tue pour sa possession. Pour l’aspect  juridique, la définition de la légitime défense…même celle des biens. Non, ça ne peut pas être recevable. Oui, aux Etats-Unis il y a quelque chose de férocement individuel…oui on peut tuer là-bas. Je ne sais pas s’ils se sortent par là de l’humanité. Mais après tout c’est encore un droit que se réserve l’Etat. Alors le particulier considère qu’en lui aussi se dépose un peu de ce permis de meurtre. Oui, je dis meurtre. Meurtre à égalité pour le juré au Texas, la loi du Texas pour le Texan et pour vous. Vous êtes un meurtrier. Non, je ne veux pas savoir ce que j'aurais fait dans votre position. Ca ne change rien. 



Brèves de table basse - Page 3 Cambri10






Alors il fera encore feu. Et ce sera encore un meurtre. 

 

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15 février 2020

Booba.

il s’est    é 
dans l’étang
il y a peut-être écrit : néant                                        
il avait sur lui quelques papiers formels, une plaquette de photographies tirées par le photomaton de la défense.
Sur les 5 visages Il en manque un. A la place un rectangle vide.
Ou bien ceci, le vrai visage à venir, ce vide en bas à droite, après cette répétition de 4 fois le visage du pareil au même.
Il tenait dans la main
son C.V sur lequel, à l’aide d’un trombone, il avait attaché sa photographie. Qui colle d’un peu de salive.
pourtant son corps jeté là
immobile
on ne     t
   
sa raison ni pire son                ge
c’était un choix.
 
 
le pourtour blanc semble étouffer
ce visage immobile
4 fois répété
muet
la bouche enclose
de fleurs lacunaires
ni jeu ni pardon
le corps étendu
de ce soupir pour jamais
retenu
la photographie n’a pas de voix
le CV ne rend compte
de personne.
c’était l’étang près du bois de boulogne
où les moustiques mutilent
et zozotent
à toi je parle désormais
toi qui hante et hante
l’interligne
toi 
      
c’est
      
rituel
<<>><<<<<
prends soin de la mort en toi
elle te chérit plus que tous les professeurs
certifiant tes aptitudes à poursuivre d
   gues     des
la mort en toi t’attend patiente
te profondeur
s’étend
mains froides
pourlèche
ta bouche
ne juge pas 
mains aimantes
toi aussi
tu connaissais l’amour
  ois pas
ne te dis pas de tout le délaissé
le chien abandonné le 27 août
le 88 888e animal 
de l’année 2019
toi aussi tu sais
l’amour mâche
la terre prépare toi au baiser heureux
de boue de cendres prépare toi
au bois usé doucement
ta douce caresse
d’éternité
....
...
..
.
-
vois poignée de terre par poignées de mort
tu es couvert
jusqu’à
éternité
poids suspendu
dont tu hérites
ta richesse
toi aussi tu aimes c’est pour quelque
h
o
s
e
 

la mort
n’a pas d’yeux
sans visage
n’est pas
le SMS reçu
le 15 février
annonçant la mauvaise nouvelle
tu bouchais tes yeux tes oreilles
en vain
la terre meuble
déblayée depuis des jours
tombe tombe eau
du déluge
l’étang
bourdonnant
pas ternaire des coureurs à pieds
pam-pam-pam pam-pam-pam
l'entorse des chaînes des vélos
sur le poignet
le tatouage
un petit oiseau
triste et bleu
les cyclistes tournent dans le virage
eux aussi porteurs de la mort à venir
l’ombre des pinèdes
quelques morceaux de verre
le soleil dépasse
              ges
        de  on salaire  ‘  t    r as  rance vie oh
    a - b   lbi

 

13 février 2020

Des goûts.

Le frôlement de l’alcool, je me l’épargne depuis deux semaines et demies aujourd’hui. L’alcool n’est pas pour moi une dépendance particulièrement marquée. Son absence ne me pèse pas, j’y pense parfois, l’évoque et deux semaines et demies pourtant passent. Pourtant, j’écris ceci a alambic où circule le mot-ferment. Qui n’est alcool d’aucune sorte.

 

A l’ivresse, lorsque sa possibilité se présente à moi, je ne résiste pas. Aussi et surtout du refus, absurde exercice, de retenue et de tempérance. 

Regardant avec dépit celui et celle qui se donnent à peine le mal de mer, disant, avec ridicule je suis pompette. Le mot même dissuade de se maintenir dans l’état de ce mot là. Pompette et que peut-on dire de pire parlant de soi-même. Pompette et l’on a entaillé profond, profond, l’estime à porter à soi-même. Pompette et je croyais désormais la honte et l’humiliation choses révolues et pourtant ce mot là les concentre. Pompette.


Je vais plus loin, dépasse le mot pompette, loin, l’évite même.

J’ai goût de l’aventure et des Amériques, je crois que sûrement, Collomb et la bande traversèrent autant l’Atlantique que des tempêtes de rhum.


A l’alcool je pense cependant douleur, ni atroce ni petite, ni frustration autre que celle énoncée à mes proches pour la farce et l’attitude lorsqu’eux boivent.

 

Ce week-end, sans le remarquer, je suis demeuré à la maison, dans la chambre, passant au salon à l’heure des repas, à la cuisine pour remplir ma bouteille d’eau, dans le bureau, un peu, pour ouvrir Là de Robert Creeley. Mais dans la chambre surtout. Inutilement immobile, attendant que le temps passe.

 

La coutume était de faire la fête et danser jusqu’au matin deux jours par semaine et voilà que, sans alcool, ce désir et cette habitude s’éteignent, exténués, indésirés. Devenue, la fête, consubstantielle à l’ingestion sur le comptoir des alcools forts ou des cocktails parfumés.

 

Sans alcool on peut très bien s’amuser, aucun doute à ce sujet, mais je ne le veux pas.

/

Ce par habitude et pour le goût du désordre que j’affectionne tant.


La nuit, ces nuits là, je ne me change pas autre mAais moi-même extrême et très indifférent. Trouvant grâce Ce geste, retenu, sobre, non par pudeur et peur, mais par la maladresse excessive des non-hallucinés.

On trouve dans l’alcool harmonie ignorée : niée par trop souvent. Sorte d’adéquation temporaire entre le geste et la pensée. La forme et le reste.

Des autres, alors, je m’indiffère. Pas du genre à 

me fendre de grandes déclarations d’amour envers les potes et les anonymes rencontrés dans le hasard des rues ou des miroirs.

Je ne juge pas qui prend ces pentes. J’ai d’autres chutes, recherche d’une forme de silence - le mien.


Quelques inconnu-es me parlent et je leur demande, souvent, de ne pas le faire. Sans morgue, en souriant. 

 

Si je vais au fumoir, seul lieu souvent où l’on s’entend, c’est pourtant davantage pour être vu, être avec les autres, que véritablement y fumer ma cigarette. Ce n’est pas être avec les autres mais près des autres.

Dans ce lieu là s’est inscrit quelque chose de très rituel et très ordonné malgré l’état de dépravation dans lequel je me trouve.

Je sors, avec délicatesse mon paquet de sobrani, cigarettes colorées, qui s’ouvre comme, du temps d’antan, la boîte d’étain où les cigarettes brunes poliment se rangeaient.

Puis j’insère la clope au bout doré dans mon porte-cigarettes, dont je ne manque jamais de préciser qu’il est en argent, serti de grenat, depuis la main d’un artisan d’Erevan. Souvent c’est la seule parole que je prononce.


Près pas avec.


Puis, c’est au tour de mon briquet saint-laurent ou des mes allumettes du Ritz de produire de mon geste la flamme finale. 

 

Lorsque Catherine s’approche de moi pour me demander mon prénom, K. s’agace et s’exclame « mais en plus ça marche » non que l’enjeu d’être regardé soit d’être ainsi abordé puisque je ne souhaite pas converser. Pourtant cette situation m’intéresse pour la sorte de sexisme de K. qu’elle éclaire. Où les femmes, encore, se conquièrent par artifices, trucs, que tout geste soit geste de cette finalité. 

 

 

La promenade de mes doigts, le mouvement du porte-cigarettes à mes lèvres, tout le rituel concerne autant mon libraire, Julien, que Catherine ; ma soeur que ce type d’1m90 qui m’aborde pour médire des grévistes, croyant, sûrement à la vision de mon apparence que macère en moi la même mauvaise matière qu’en lui, aigre, tourne, tourne.

 

(en boite de nuit je me méfie toujours des hommes en chemise et je vous conseille de faire de même. On les décompose en deux types, ceux très ivres dont on peut imaginer qu’ils fuient je ne sais quoi et portent mal la chemise, accostent bruyamment et méchamment les femmes ; les autres, toujours sobres, au premier cocktail, l’oeil toujours pernicieux et perçant, en chasse et répugnant. Ceux-là ce sont les pires, vautours voyant en la femme très ivre, charogne. Méfiez-vous de celà)

 

Errance. C’est au milieu de ces visions, moi (pour)suivi avec érotisme ou sans, que je me déplace. Je n’existe que sous ces lumières cernées, peintes ou pas, ébahies ou non.

(je suis un effet d’optique)

 

De moi je suis assez satisfait mais je n’y prête pas une grande attention et ceci fait partie de mon jeu. Faire croire à ma très grande habileté au soin extrême de ma démarche, on croit mon négligé chic et ce n’est que négligé. Mes chaussettes ont des trous aux extrêmités.

 

 

(suis-je sauvé par tant de cris auparavant passés, de ces nuits sans sortie, errant petit chien perdu, suis-je sauvé d’avoir expiré, au final, dans les cris, les larmes tout le poison qui me hantait, déguisait ma gêne en arrogance, me faisait passer pour tout autre chose. on parle souvent de manque de coordination pour les maladroits faisant sur leur passage tout déchoir et j’étais en ceci disharmonique me présentant mal à cause de la grande peur en moi et mon apparence trompeuse me faisait subir des autres ô les quoilibets )

 

Avec l’âge j’ai acquis une grande aisance sociale qui fait ma mise en scène la plus désintéressée du monde. Son objet et sa destination ce sont les yeux et mon paraître. Je m’arrête à ce rebord là, il me constitue pure matière, pure Apparence. 


La très grande confiance qui m’anime diminue d’autant le sévice de ma prétention - je suis ce que je prétends. 

Je me démontre en m’exposant. J’existe, ainsi. Je suis lumière trompeuse, comme très souvent les choses passagères, et la foudre impressionne par la brièveté de son éclat

 

Pour rire, en dehors de la fête, je proclame souvent que je suis devenu de la plus totale superficialité ne m’intéressant désormais qu’à mon extérieur, mes yeux peints, délicatement, au crayon noir, relevé du geste épais du mascara. De cette grande farce moi aussi je suis le joué, le dupé, cette extravagance à moi même piège ô étreinte de mon foulard rouge en soie tout autre chose multicolore.



Et puis quoi ?
Je ne veux excéder ma forme physique. Face aux intellectuels et aux débats intelligents et rigoureux désormais je m’ennuie. Je les trouve artificiels et inutiles. Sans extase et dévitalisé comme les dents très mortes - et les matelots atteints du scorbut en savent quelque chose, ce sont les pires, ceux qui débattaient sûrement sur le Santa-Maria de la légitimité de la monarchie espagnole.


Lorsque très heureux je me disais matière.
Je m’espérais alors, et je vous souhaite un jour de connaître le même espoir, étendue de peau pouvant absorber sur une plus grande surface tout le vent vivant.

 

 

9 février 2020

Auto-Commentaire

Je commente mon dernier poème.
Puisque m'a été fait la remarque et que j'aime apporter des précisions, j'ai une tête de quatrième de couverture.

Ca formait un duo d'avec mon poème qui portait ce comentaire en lui (était programmé pour le recevoir) ; un peu comme le feu pâle de Nabokov sauf qu'au lieu de s'opposer à un écrivain fictif l'opposition réside sur la dualité texte/voix (langage écrit/langage oral). Qui est un autre dédoublement, autre hétéronomie, plus métaphysique.

6 février 2020

Ce soulagé

Ce qui a sonné ce soir à ta porte

ce qui s’est brisé comme la planche en bois

une absence

sous le couteau à pain

tu as poncé la table brune

les sciures les copeaux de bois

clair

tu as vu dans les sillons

des visages

nombreux

passés présents

d’autres inconnus

à venir pour sûrs

tu les reconnaîtras dans la rue

tu diras toi je t’ai vu-e sous le frottement

du papier de verre

le regard un peu borné

ce pas décidé

de ces rouleaux

fins de bois

comme

une bouche

timide

 

ce soulagement parfois de la place vide

cet espace à ton côté

le vent nouveau trait sans trahir

transparence de la 

matière

frottée

le corps

frotté

jusqu’à l’usure

la transparence

l’érosion par les vers

par les vents

20 janvier 2020

Instagram

Vous pouvez me trouver sur insta désormais : influx en sueur pour le jeu de mots influenceurs.
Les influenceurs, de nos jours, pour satisfaire leurs dépenses vendent des produits inutiles et parfois dangereux et en font la promotion à travers des "stories" (petites vidéos qui ne durent que 24h) en lisant souvent un argumentaire fourni par la marque.
ceci pour faire poésie partout et de tout ; comme des flèches le bois et le feu.
Je découpe à ma guise leurs discours versifiant la plus banale prose

Leur donnant la beauté inverse du but mercantile originel. La poésie étant gratuite par nature.


Parce que ce faisant on présente aussi une vision du monde marchand contemporain, les objets à vendre dessinent aussi l'être en devenir. Il s'agit d'une certaine apparrence, une certaine minceur, par exemple. Voilà ce qu'on dit du monde. Ce faisant, on trouve aussi des invariants stylistiques. C'est la langue de l'époque. Puisque les argumentaires, comme dit déjà, sont fournis par les marques. 
INSTAGRAM

 

https://www.instagram.com/influx_en_sueur/

19 janvier 2020

A cet ami disParu

P.

 

En même temps que tes idées s’éloignaient des miennes tu t’es effacé. Quelle sorte de brume, de mauvais vertige, t’ont pris-e et dépris-e.
Un mois sans nouvelles de toi.


Par où entra-t-il le monde infect

quelle plaie creusée en toi

permit l’infection

de ce monde contagieux

le haut-mal

la lèpre de la tpete

 

D’un coup, face à moi, tu te tenais c’était un autre. Ton approximation méchante. Forme faussée, un peu plus épaisse, grâce à la fonte poussée à la salle mais dans les yeux et dans le verbe quelque chose d’irrémédiablement différent. Extinction de voix au niveau du regard.


Je pense à toi, parfois, lorsque l’OM joue un match de football et toi que je ne peux charrier ou féliciter avec une fausse humilité. 

 




Je regarde le score sur eurosport ou google

je demande à Siri

de me faire la conversation

ça me fout en l'air




Je crois que je t’aime encor

malgré tout

que l’amour jamais ne se contente 

chose si fragile

de mourir d’un rien

que l’amour

non pas

sensible

au mauvais vent

celui quadruple

et spectral

d’Ecosse

ne se ténue ainsi

 

serions nous

tas des poussières

amassés

dispersés

le geste las

5h 6h

trop tôt le matin

par les gens

d’entretien

?

 



serait-ce nous le pollen

d’avril 

l’éternuement de C.

serait-ce notre amour

fertile 

mais léger

?


mon amour enfle et te serre

de ta

coque de glace

j’attends le dégel

je sais qu’il ne vient

pas

sans

boue

 



quelques rues nous séparent

si je compte bien

c’est à peine 4

toi

la place où tu dors

le 6e étage

le lit récupéré 

tu te souveins

avec la fourgonnette jaune

le lit

monté et monté

le lit dans

ta chambre

collé à la fenêtre

par où on l'on voit en grand

le Sacré-Coeur

 

Depuis la dernière fois, j'ai bu, parlé, fumé dormi

très mal sans que ce n'eût rien à voir avec toi

mais voilà

je ne sais plus te serrer

écouter ta mauvaise musique

te voir chausser tes lunettes pour dire

que tu vas travailler

ton dual screen dans ta chambre

cet air sérieux inattendu que tu peux prendre

 

parce qu'un


un jour je ne sais quelle voix 

devint la tienne

l’accent

de Méditérannée

changé en


l’atroce inflexion

du plateau télévisuel

 

te saisit

fourche ta langue

la chaîne n°15


l’émission de 19h

chaîne 16

déforme ta voix



je t’aime et

je t’attends

4 rues plus bas

rappelle toi

tu descends d’abord

les 6 étages de ton immeuble

puis la rue

tu tournes à droite jusqu’au croisement

au boulevard puis

tu descends encore

ça va plus vite dans ce sens là

il ne faut que descendre

puis 

tu tournes à droite

encore

et tu arrives

le code 47B09

4 étage droite

si tu te souviens bien


4 rues

4 étages

pourtant entre nous

ce pays entier de froid

        

                           voilà comme tu es aujourd'hui

grand espace célinien

 

 

 

 

 

 

...

                                    

                  


                                                               



17 janvier 2020

Excréments.

la découverte de moi un jour de pleine lune c'était
ou de lune trois quart et prétentieusement giboise
découverte de moi
mon désir à moi un jour
que moi je veux 
que j'ai le droit de vouloir
avec
et de vouloir contre
et que parfois parfois ce sera tant pis pour les autres
qu'ansi je leur fais grande place en moi
grande amitié de leur
dire
je veux pas
le droit
sans honte
de vouloir
ce que tu ne veux pas
de me compter
en premier
je ne suis pas bon
mes élans naturels
ne me guident pas aux consolations 
micro-sociales
je suis attentif
à ton visage
et je ne te sacrifie de mon drap
que l’ombre
mais c'est toute l'ombre
alors.
bien meilleur que tous
faux gentils
vrais cruels
si je dis tous
c’est exclusivement 
aussi
de vous
tous
ou
us
s
Je pense à x
qui souvent vénéneuse
passe
l'air innocente
noire noire noire
qui ne devient pas verte
ne murit-rat pas

Oui
je tartine la figure d'excréments.
je connais la haine plus facilement que la colère et l’amour tout autant que la haine
déborde de moi mauvaises rives aux chemins de halage aux routes bétonnées mon amour
tant pis si vous n’en voulez pas
mon amour gorge gorge
tant pis si vous ne voulez pas
on ne demande pas l’autorisation de recevoir
la haine giflante
(le gant volant dans le salon pour défier l’air
et l’autre)
et de ceci non plus je n’ai pas honte
j’ai des vices et leur inverse
Et j'aimerais n'avoir à offrir que ma lumière et j'offre à la fois mieux et pire : de l'humain, la sale chaire humaine putréfiable et guérissante ; à la fois parfumée - je sens parfois le lilas si l'effort me fait suer des mains et parfois le mauvais fauve - et puante carcasse.

OUi cadavre humain putrescent merveilleux
superficiel et dense
ravi que sur la piste de danse
les regards des filles
et des garçons
se posent sur moi
qu’on me renifle
qui j’ignore
pas honte
de ne tolérer que mal les méchants et les vilains
J’importe
et vous aussi
ma volonté de fer
voilà mon je veux
l’étendue 
de mon humanité
singulière
mon portrait
je veux.
si je recueille tous mes suffrages ce n’est pas au détriment absolu des autres
les interactions, non toutes mais la plupart,
portent une tension l’
opposition de désir-t
contradictions
de faible intensité s’il s’agit de hcoisir un film
plus intenses parfois
Et ce parfois
au dernier term-
de ce parfois
alors
je veux
sans quoi vraiment je vous 
nie-
je vous trompe-
si je ne me donnais pas
la prééminence
alors
je mens-
pour vous
quelle immense tendresse
dans mon ventre 
malade
quelle immense tendresse
depuis mes membres
je vous oriente
je vous vois beaux merveilleux chancelants
je vous vois tentant
ratant
peureux
craintifs jusqu’au pelage roux ou blond
heureux
les cils peints le crayon qui dérape sur l’oeil
la feuille ou la peau
mon amour immense se fiche comme une flèche
vous êtes merveilleux et salauds
mais n’interrompt pas ma haine
la saloperie
ce merveilleux
n’interrompt pas
de vous poignée infâme
et je sais poignée infâme
toi aussi tu fais comme tu peux
mais ce comme tu peux
c’est un peu trop comme tu veux
(non disant je veux
ou je veux
minablement
)
je sais
la peur la honte je sais la crainte je sais les coups enfant les tromperies je sais les agressions l’hurlement la nuit ta sale figure dans le miroir les jeux solitaires dans la cour je sais la trahison et je sais que je ne sais pascependant pourquoi tu as fait tourner cet tout çaaigre
venin
mauvaise vie
c’est à toi que tu dois dire pardon
mauvais liqiuide ta vie
épaisse et malodorante
tu avais le choix un moment
de dire tant pis
pardon à moi dire
voilà c’est moi cette plaie cette peine
c’est moi surtout tout le reste
c’est moi
je t’aime pourtant
je t’aime
mais
je te hais
la haine ah la haine
june haine farouche envers ceux, gens
qui
considèrent dans l’amitié des hiérarchies
et n’hésitent pas à tracer régulièrement et 
sans ironie
le graphe de celles-ci
non pour classer et présenter
leurs propres préférence
s
non pour ceci mais pour exprimer
qu’ils sont les plus aimés 
de telle ou telle absent-e
ou présent-e
vous les connaissez
ceux qui produisent en société
une connivence exagérée
pour duper les autres
à la grande surprise
même de qui ne se savait pas 
tant aimé-e
ce n’est pas de l’égoïsme
mais du riquiquisme
sachez, vous de cette sale peste
guérir
et si je vous vois à nouveau
faire ça devant moi
je vous claque du
mauvais augure le coucou dans ma
gorge
,
nous connaissons tous icelui icelle
interpellant en pleine société 
cordialement ivre
ou sobre
tel-le autre
pour signaler
on ne sait quelle aventure d’envergure
à eux seuls connus
ceux qui non pour chasser leur peur à deux
(o beau geste d’amour)
se blottir dans le souvenir commun
non de cette façon
qui le font
pour chasser
les autres
dire
au fond
je t’admets ici 
sans que tu appartiennes
tout à fait à ma bande
ne dépasse pas.
Aujourd’hui je m’affirme éblouissant
je compte plus que quiconque et quiconque compte autant que moi
mon amour va à tous
et tous n’entrerez pas
je suis cool
je croyais bien connaître le je
de l’avoir employé en mon plein lyrisme
pourtant le voilà qui se déclare pour la première fois
non seul
je existe
si tu dis
je veux.

 

17 janvier 2020

Défais, électricité

ainsi le bonheur
de tes gestes
à ce point ça
dépend-ant
du 
chaos si étrrrrangèr-e 
à t-soi-même, volonté
chose q u i 
t’happe
te cccircuiiit électrique ta courte
tête
t’épilepse comme de la
 viande
la
centrale
dé————>charge
dans le noeud compliqué
des synapses
la belle usine
ta tête
élecrrique
la belle fabrique
à mourir
i,co,scie,t
on a dit
l’inconscient
le lieu
du refoulement
cet orage là
planqué
l’;nc;nsc;;nt
ce feu de ta tête
les origines brûlant-e-s
tu es
un continent
entier
ravagé 
l’orage-s de foudre
regarde ta tête 
pale
comme tu 
te fais peur
au milieu du néon
le gaz lumineux
tu voudrais
échanger
fréon néon
n’importe quoi 
plutôt
que ce mauvais feu
tu n’y crois pas$$$
ce courant assommant
comme les vaches dans l’abattoir——e
courant
s,celan,t
courant toujours
affaire de cour€nt
bien bien
courant
dans l’inexpirable
bien bien avaaaaaant
le po-nt
pas mirabeau
mais tout comme
où coule
la seine et mes amorts
fée electricité
on s’est bien gourrés
de t’ainsi nommer
s’ouvrant
aux vents quadruples
dé-fée, électricité
donnez-moi
d'âge
la pierre
le feu
du non-lieu
anté-silexement
donnez moi
la nuit non
résolue

 

13 janvier 2020

Réhabiter.

fr

texte initialement publié sur le forum dont sont issues les captures d'écran. De prendre ampleur ici lui fait perdre un peu de son sens mais en conservant suffisamment - et ce blog me servant aussi d'archives - je le présente ici.



Quasi-objectivisme - Page 3 Captur28


Hésitation à cette heure là d’insomnie du choix
Entre les différentes icônes de la barre de tâche apple
on y trouve les traitements de texte
ce ne sont pas des logiciels libres
civilization V ce V jaune 

« photos » cette rosace multicolore
médiathèque de mes photos
synchronisées depuis iCloud
où j'entrecroise
une recherche bizarre
formelle
des
actualités mêlées 
d’intime
le commun d'internet
et
le sexe
du moi-avec-moi
et dont je ne sais pas encore trop quoi faire
comment ouvrager la profusion

C'est à dire :
je document ce moi-même
jusque dans ma nudité crue
moi archive constituée de superficie
ma dimension
mon étendue
physique et/ou morale

Quasi-objectivisme - Page 3 Captur27

Je m’étais suggéré d’ouvrir un topic TW sur le forum pour y mettre ce que je produirai d’ainsi, comme on dit, sensible. Décourageant à la fois les pas assez curieux, les profondément-s inquiets, prévenant, surtout de la nature de ce qu’on allait voir, du potentiel heurt recelé au-dedans et de l'inspiration - c'est à dire la respiration retenue - nécessaire avant d'y plonger.
Nullement question de ce moi civil, réel, connu à exposer en direct. 
Mais le choix du document, sa remédiation, m'expose dans une nudité plus vive que celle de notre naissance. 


Devait y figurer, entre autre, de la pornographie mais vu de biais. Ce qu'on ne voit pas dans la pornographie, le décor, la télévision allumée, ce à quoi personne n'a prêté attention, quelle couleur le parquet. Mais aussi ce qui importe et qu'on voit au premier chef.
TW, oui, plutôt que la balise spoiler que tout se matîne de cette tendresse là.



Mon propre corps à moi, aussi, sûrement exposé dans son habit antédiluvien ;
cependant non sujet exclusivement dédié à la nudité (sexualisée ou pas).


La nudité moins en le corps physique
dévoilé , non le corps sans vêtements. Dire nudité non en ce sens ordinaire et transparent. Dire nudité, plus crue - sous mais aussi avec la peau

Pas non plus de ce qu'on appelle communément l'impudeur ici (grossièrement : révélation de l'intime, qui devrait demeurer privé, c'est à dire dissimulé et, franchement disons le un peu


honteux). 

 

Nudité, de moi, parce que lieux et corps choisis et désignés par moi. Parce que mon corps mais aussi mes photographies, mon errance.
Y réfléchissant je m'aperçois combien continuent de se maintenir se partage entre deux nudités deux monstrations. Corps et esprit. Prétendant au corps on ne fait que dire le corps soit exactement le nier. DE la meilleure des façons indiquer, désigner sa totale absence. Cette dualité a encore de beaux jours...et sur le forum en même temps.



TOUT

SAuf

ton

CORPSA

 

et c'est Romain qui mieux que les autres l'a dit et montré

anti-corps

voilà

dans sa duplicité

l'anti corps

dans sa diversité

anti-corps

ce qui ronge la vie microbienne bactériologique

lieu du grouillement

le corps

ça grouille

spoil:
 



Projet non abandonné.
Murissant

lentement
comme moi
me déshabillant
parfois



Et dans le même temps :

J’hésite à glisser le curseur jusqu’à ce V, double cliquer (tapotement sur le pad) qui lance Civilization V. Comme pour s’assurer que tel est bien mon désir une fenêtre intermédiaire s’ouvre, rappelant ce qui se passera si j’exécute le programme. Plusieurs heures jubilatoires et vaines ; comme parfois est la jubilation, sûrement. Plaisir pour rien, sans but, bruit sourd de ce plaisir (Romain, penses-tu que le cri qu'on pousse dans la caverne, le faux cri dans le monde des apparences, cette ombre là qui se répercute contre les parois, penses-tu que malgré sa détresse ou sa joie, penses-tu Romain que ce cri là produit le bruit sourd du plaisir d'une partie de Civilization?)

Quasi-objectivisme - Page 3 Captur26


Je choisis la difficulté maximum où l’ordinateur triche à outrance et moi parce que je ne veux pas me faire battre par l’informatique je triche plus encore
« je mourrai le marteau à la main ».
dans civilization chaque découverte d’une technologie s’accompagne d’une citation. Au moment de celle de la chimie ou de l’acier, l'italique citée s'affiche sur l'écran. Elle est de John Henry, refusant de céder à l'industrie peut-être. Je la fais mienne, luttant le clavier au doigt.
je n'ai jamais lu le poème original de John Henry
faisant à l'instant la recherche


Quasi-objectivisme - Page 3 Captur29


Lorsque nos villes contiennent trop de population le mécontentement les rend improductives. Pour y pallier je construis dans les régions les plus septentrionales une fontaine de jouvence qui augmente le bonheur de l’empire.
Les merveilles dites naturelles ne sont normalement accessibles que par le hasard.
Mais je triche.
Je vis le clavier à la main.

J’adore jouer avec les romains. Au stade de l’antiquité leur unité de mêlée, le prétorien je crois, est très supérieure à celle de leurs voisins. L'arme de siège, la baliste triomphe aussi de la catapulte plus ordinaire des barbares.

Je pense beaucoup à Romain lorsque mon écriture parvient dans ce genre de zones.
Parce que probablement les territoires qu’il explore et donne à voir voisinent avec les miens. Autrement, d’autres périphéries, un centre dévié. Pourtant j’y reconnais du même. Qu’est-ce? Semblable manière de tatonner ; serait-ceci le point commun ; le mouvement de la main au milieu de la nuit nuit nuit.

Je lui fais une place curieuse, je ne sais si elle est généreuse, cette place, si on fait ainsi à quelqu'un qu'on aime. De le fixer, quelque part (et le laissant libre du reste de ses mouvements - je veux dire ses mouvements à l'intérieur de mon amitié) dans une sorte d'espace géographique.

j’aime rechigner

traîner des pieds
ou de l’âme.

Un jour je lui ai dit
je te délègue mon surmoi


LE DROIT


Puis

Je débute aussi une action judiciaire contre ubereats pour les manquements graves et répétés à leurs devoirs tels que prescrit par le code de la consommation dans L212 ou L 612 je ne sais plus. A cette heure-ci, oui, dans ce qui se nomme encore Sans-titre 35.
Année et demis
comme au
bar

Quasi-objectivisme - Page 3 Captur24

12 janvier 2020

EREME OECUMENE

espace in-ha-bi-ta-ble
l’ereme
l’inhabitable
ἔρημος
lieu-non-dit
im-
prononcé
non-
prononçable


tu perfores
des dents
l’endroit irrespiré
la croûte
de l’inhabit-
-able
dure
irrésistible
la croûte
dure

tes incisives tu essaieras toutes tes dents
canines
jusqu’aux bas-fonds
de la morsure
la molaire
tes dents
les tor-
dues
les droites
les in-
sages

perceras
tu couleras
filet de bave
tu engendreras
ta bactérie
de toi
le microbiote
infestera 
la vie
viendra
naîtra

ta bave sera un dieu

tu nommeras

salive

tu seras un dieu


ta bouche
         él-a-guant
des d-ents
               rong-eant
                  évid-ant
               mord-ant
   écorch-ant

tu seras un dieu

le brouillon
d’un dieu

 

10 janvier 2020

L'enquête sauvage

Pour comprendre de quoi il s'agit :
Faire une enquête inspirée des détectives sauvages de Bolano. Nous cherchons ce que nous voulons selon nos désirs nos pathologies nos besoins nos espoirs
Cela donnerait du 12 novembre au 7 janvier, écrire,
55 poèmes, soit 76 pages, soit 2453 vers

la forme et le fond sont libres

j'ai seulement deux demandes - par l'idée d'en faire un petit recueil collectif à l'issue -
essayer de faire, parmi votre production, un (ou plusieurs) poème composé avec en tête les mots suivants :
écriture
- réel -
viscéral
(ensemble ou séparés)
J'ai choisi, pour ma part, de rédiger tous les poèmes de mon enquête à la date limite prévue initialement. 

Débuté le 7 janvier à 1h58, achevé de rédiger et d'insérer les "idées" multimédiatiques à 3h53 achevant sur mon document word de les insérer à 4h15
1:58 -> 3:53=> (insert multimédia)=>4:15
1.
Il y a cette stèle c’est devenu de la poussière on dit
y était inscrit le dernier vers du dernier poème
le vent
extraira de cette terre natale
souple heureuse
le liquide mystérieux
jaillit doucement
et la larme
et la rime
dans l’urne mieux
que funéraire
récolterai-je
ce doux pétrole?
2.
              ,                    ;
                         ,
       ,                 .
             ,
?
3.
Chemin envers ce pays de champagne. Les cigarettes rangées dans la poche intérieure de l’imperméable. Les lunettes de soleil anti UV garantie UE. Le chapeau à bord plat, traité à l’insecticide pour repousser les moustiques porteurs de maladies mortelles. Le là-bas. Nouveaux parages, nouvelle vie.
C’est pour de vrai, c’est pour de vrai
c’est comme porter une cravate pour son premier stage.
4.
Le filet à papillons à mailles étroites que toute la poussière s’accumule ici et nos mains patientes, nos mains aimantes trouveront le dernier vers de l’ultime poème. On doit plus sérieusement attacher nos lacets.
5.
On a dit
le premier indice
on a dit
ce sera aussi le dernier
que c’est tout au bout du monde
civilisé
on a dit
cette expression là
et nous avons frémi
sans répondre
on nous a montré sur la carte
nous avons pâli
Nous sommes réels
c’est
plus loin que le mexique sauvage
plus dangereux que le loup amoureux
on a pâli
nous sommes viscéraux
6.
.Le repas a été frugal. Je m’habitue à manger peu, à heures régulières, je trompe la faim et moi-même. Les journées seront longues et denses. Il faut parvenir au but rapidement. Je crains le manque de nourriture.
Pensée : Un Dieu qui ne me mènerait pas directement au paradis ne mérite pas qu'on y croix.
7.
 D’où vient la poussière 
(plus loin bien plus loin mais à partir de là)
8.
Effroi. Il a fait une saison de givre d’un coup sec. Tous les hivers du monde se sont rassemblés en ce point unique. Tous les hivers accumulés, les glaciers, les fjords et les frigidaires.
9.
L’auto-radio perd le signal et se mélangent des voix inconnues. Je n’entends pas le bruit de l’eau. On a perdu le rythme sinueux de l’eau battante des villes. Clapote, clapote la vie ? Est-ce ceci s’approcher de la poussière ? S’éloigner des cours d’eau ?
10.
B                                                                                                                                                      B
    B                                                                                                         B
B     B                                                                 B
   B
11.
Je ne sais plus rien. S’il y a lieu ou langage si quelque part outre-noir existe
l’outre-noir
du non-noir
le départ
de quelque jour que ce soit
n’importe
quelle aube
du Bleu
pitié
du Bleu
12. 
Est-ce encore ma langue que je parle. Qu’articulé-je ma bouche bouge-t-elle
et laquelle trouverai-je
Je dis un mot à quoi je ne comprends rien.
Je dis un mot
inintelligible
Vite, vite 
13.
AU SECOURS p
e
r
d u p e r
u
14.
15.
C’est moi ? Est-ce bien moi ? Paroles de malédictions, ô stupeurs, vous m’avez changé, que cette langue, ce visage, mon dieu, mon dieu. Si je passe la langue sur les lèvres moi encore moi. Aucun son ne sort aucun soi à moi même ne sort.
 
16.
viscéralement défait.
17
Morceau de moi. Débrisé. On dit
que je suis quelque part
sur ce passage fléché
une mèche je demeure
c’est moi que je perds et la recherche me cherche
me débute me perpétue.
18. ???? 
19.
EXISTER
SE PRODUIRE REPRODUIRE PAR LE TRUCHEMENT DE LA MUSIQUE LADAGGIO CE QUE TU VEUX CROIS
JE SUIS
RATURE LA SURATURE
DU SURCHIEN SOUSRAYE
Vingt : balafre
                                                                                                                                                                                                        
                                                                                                                                                                                                    
————————————————————————————————————————————-  -————————————————————————————————————————————-  -  ———————————————————————————————————————————-  —-   
——————————————————————————————————————————-  ——-——————————————————————-    ——————————————————————-                                                                                                                                                                                                     
                                                                                                                                                                                                    
                                                                                                                                                                                                          
21.
22.
VOIL0 TU PERDS LA TËTE L4INCOSNCIENCE ENFIN TE PRENDS TU DISPARAIS SOUS LE VERBE LE MONCEAU DE LCINOMPRHENSIBLE VERBE tu ne comrpendras plus rien tu deviens ntelligible ti même langue morte tu te tutoies tu prends de la distance avec toi même le plus vite possible combien de minutes déjà de désertt tu as ainsi creusé hahahahahahaha
tu es devenu de l’encre transparente matinée de vide de rien de colere de creveure tu ne sais plus 
ce que c’est que cette ie à toi tu es brouillon de toi même mais tu ne te recommenceras pas, tu cherches dans ta main derriere le crâne le bouton de recommencement tu cherches ton bouton power ton reset
et ça ne marche pas tgrsiuyzhgoiurghaI>GZ
TU CROIS FAIRE DE LA MUSIQUE
chantonner comme ça
23.
Suis-je l’enquêté ou est-ce moi qu’on investigue. Autour de moi des masques parlent et s’agitent dans un mouvement rituel je ne sais me prie-t-on maudit-on ?
Je ne sais combien de jours sont passés, si l’hiver même a changé. Le temps qu’il fait, je ne sais pas le temps qu’il fait, rien ne s’écrit, rien ne s’inscrit.
Quelque chose entre dans la peau.
24. 
25.
seul
26.
Y a t il des masques ? 
NON.
27.
C’est à n’y plus croire comme le désert peut débuter facilement dans une vie. N’est-ce pas la chose la plus normale après tout que voisine la poussière et le désert. Croyant trouver la pierre réduite néant où s’inscrivait le vers c’est au désert aussi et d’abord que l’on parvient. Dernier poème peut-être est-ce aussi tout un sahara à rassembler puis à trier.
28.
Je ne suis plus ni visage ni raison plus ma voix ombre et si je me découvre c’est un autre moi que j’aperçois. Les cours d’eau m’ont fui. Désormais je comprends. Ici, dans la périphérie, le pourtour et partout, l’eau heureuse parcourt le pays mais c’est mon visage qu’elle fuit, mon visage qui n’est plus mon visage. Comment j’ose dire je moi qui n’existes plus.
29.
et l’unique cordeau des trompettes marines.
30.
Ai-je encore un nom-prénom.
31.
32.
Y suis-je ?
33.
Par délicatesse j’ai perdu ma vie
34.
Il a fait un grand vent ce matin. L’espoir paraissait renaître. Je me suis servi deux fois du porridge. J’attends, tranquillement. Cette quête me plaît.

35
Je n’en sortirai pas.
J’arrache, j’effeuille mon visage
feuille à feuille comme un gâteau d’or
qu’on dessertit
des regards se posent sur moi
des regards de mort-vivant
je feins de ne pas voir
ceux qui me voient
36.
L’autre, B, qu’a crevé, m’a laissé bien en peine. Faisait dix degrés pourtant. A clamsé.
Depuis son périr, la solitude, là. Ce moment que ça a dégénéré que tout a fui par le filet à papillons ma vie d’abord mon visage aussi c’est sûr ma propre figure qui s’est évadée. Le nez, à côté, le nez quelle blague.
Moi c’est la langue, la voix et je me suis dissous dans l’ombre.
37.
Le poème, le poème, le poème
4400 fois
répéter le poème
qu’on n’a pas appris
qu’on n’a même pas trouvé.
le poème
comme la vérité
38 (146,66)
Langue, sèche.
Tant de désert
Une seule gourde.
39.
J’ai entendu j’ai entendu frémir une rime là au loin je suis sûr ça a fait un bruit d’oiseau mort ça a fait le bruit enfin
le premier vers
j’en étais sûr
tout seul même
il rime 
c’était sûr
que la poésie ça débutait par là-a
rime
40.
Je vais revenir couvert d’or, ah ça, le pied bot peut-être et la main ensanglantée
j’ai tiré du rivage du marais un peu de cet or 
c’est le début, ça débute, je sens
cette cicatrice le long de mon doigt
premier morceau de la stèle
41. 
42.
n’est-ce pas toujours se chercher soi-même que ces départs, ces aventures, la traque réelle : ce soi-même qui s’efface ; ce soi-même dans les cratères, les dunes ou les déserts. N’est-ce pas la bien vaine quête de fixer graal ou poème son attention sur ces ailleurs. Diverti de l’essentiel et soi s’efface, se divise, perd visage, devient autre. perd perd perd.

43.
Ahahaha la gloire
la gloire
oh
44.
Pourtant, je me dissous. Petit cachet d’aspirine. La vie ce verre d’eau et moi dispersé.
Saute de fatigue la paupière saute la conscience. Me dédoublé-je en folie. La malédiction, cette douleur qui m’est entrée dans la chair et la démence avec elle.
45.
suis-je
46.
Qui-suis-je ?
47.
 
Je ?
48.
C’est la plaie qui me guide, la trace oblongue sur mon doigt, la chaîne trouvée d’argent vrai c’est sûr ou de plomb saturnien pourquoi pas ah c’est facile je la suis la chaîne qui tremble au son de vérité.
 
quarante-neuf :
 Intersection
50. stèle 
51.
 
52.
Un dernier effort, c’est là, c’est au bout, je l’ai le mot secret, je l’ai l’aveu de la terre, de la stèle, je le tiens dans mes bras comme un trésor d’Ethiopie.
53. Insert coins
TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TdRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAeIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGaIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN  d TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN TRY AGAIN
 
54 ;
55.
56.
 
57.  
L'enquête - une performance Captur23

 

7 janvier 2020

Loup loup partout

loups loups de toutes les formes
loups
des autres parages
loup
loups des bois de toutes les plaines
les loups tachetés d’Afrique loin
loup amazonie
panthères sombres
jaguar ou tercios
loups la plainte loups les
lions de la térenga ceux de l’Atlas
loups les fauves l’ours de sibérie
loup des toundras
le tigre de bengale
loup loup
le diable de tasmanie
le vociférateur des jungles
loup
l’incendie des terres australes le
loup loup
le squale blanc des eaux profondes
loup la bouche
loup la faim
loup loup encore
la peste de l’an mille trois cent quarante-sept
cinq années
de loup
je pense à, toi,
chat-garou
qui ne connut ni les steppes ni la peste
ni l’eau mortelle des squales
ni le bengale ni la nocha triste
ni le feu de forêt 
pas la tasmanie non plus
ni la jungle ni la ville
je pense à toi chat-garou
qui ne sait pas le pelage
clair du smilodon
qui sait
peut-être du ratel
la rage
dans la nuit
une dent
s’éteint

 

6 janvier 2020

Virago.

 

3 janvier 2020

Nudité.

écrit en une heure, dans le cadre d'un atelier, avec le thème de la nudité ; je le laisse dans sa brutale nudité, sans retouches :
aHHHHHHHH
GGGGGG
HHHHHH
Partout tu cherches chien carnivore
nudité à renifler de tes pattes 
nu tu dis 
tu dis nue la
zone étroite le pubis 
le bas-ventre
nu
diaboliquement
rapetissé
pudiquement pourtant
minimisé
au niveau de texte
au niveau de sexe
au niveau de baise
ah ah ah quelle misère
des prénoms tu anticipes déjà
le sexe
le défilé
chattes les matchs ou
la queue tordue droite
dure
ces yeux la courbe
des joues
l’inclinaison de la lumière
éclatera ombre
sur ce sexe
vorace
le plaisir la blague l’importante question c’est la nudité
tu places ici le gémissement
les putains
tu t’en branles.
l'         h                                      
        u                                                           
    i         d                                                     
          m                                                                                              
                e  
s'oppose au                                                   
 
r
i
g
i
d
e
ou                            le
 
com
      -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
nu toujours
et comme c’est chiant
de remettre ses chaussettes
de traiter dans une fausse
négligence
le sexe
nu
quand tu expulses nu le gosse nu quand tu sues séminal nu
quand tu coules nu transparente et gluante nu au sommeil
c’est au tour du désir
de crever sa ridicule mort
demeure 
nu pourquoi
Alors se précipitent dans la lumière vive
les mains savantes gantées clac un coup glacé
ce drap jeté déjà
les yeux se détournent
ta nudité on y met fin
tu as un prénom
en quelques secondes
on a eu peur peur
qu’elle dure
que tu n’imprimes pas ton visage
dans ce suaire là
ne sait-on jamais que plus tard
tu deviennes un saint
il faut capturer ton visage
dans ce drap ancêtre
deux fois millénaire
de l’appareil photo
pour la nudité
tu vas devoir te battre 
tu vas devoir te battre
toute ta vie pour la récupérer ta nudité
hein
on te protège de ton propre toi nu
on ne sait le pouvoir
ce dont tu serais capable si tu demeurais
exposé au vent peut-être à a la maladie aussi
aux saisons violentes
mais à la vie peut-être et surtout
 
dans le doux piaillement de
la barboteuse la grenouillère
et si mon corps ici s’épuise
qui devine
sous les mots
l’épaisseur de ma peau si m’écriant
sur la foule de papier
ce masque les mots
les pixels
toute cette ombre
nocturne le traitement de texte
ce petit truc qui clignote
trait vertical
à la fin du dernier mot écrit
qui te dit
encore
encore
savez-vous
la nudité cachée
la nudité dans les mots recelée 
l’aveu du langage tu crois
haha
l’aveu du mot écrit
ta page tu crois
ah la farce encore c’est encore
une cale
recule 
recule
recule
loin dans l’ombre
le secret 
tu ajoutes
avec les mots
une épaisseur
une croute
surcouche
d’obscurité
tu ne vois plus rien
ton visage
ni ton corps
la nudité
tu ne t’en assures plus
on l’a mise à double tour
sous scellés
et tu ne la récupéreras que mort
quand le tissu dans la tombe
s’effilera plus vite que ta peau
soumis aux vers
ces autres chiens
avides
de ton corps nu
tout entier cette fois
Et je pense soudain à J. qu’on a mis soigneusement en morceau. On a découpé, d’abord, c’était l’habit. Découpé, enlevé couche à couche, patiemment, on a mis en petits carrés blancs dans une sorte de formol tout ce qu’elle fut oh, ce qu’elle fut banquière esclave des habitudes Dubaï même, c’est vrai. J., soigneusement, cruellement déshabillée pour jouir du corps à naître nu, fragile, gêné qu’on emporta dans un grand désert nue J. qu’on prit, qu’on tordit il fallait attendre que le corps soit tout à fait nu pour tordre essorer cette vie et tu as pleuré ce corps nu et ce corps lumière ouf de justesse redevenu lumière lumière jamais perdu corps nu éclate éclatant soleil en cette saison de détresse.
Je pense à Léopoldine qu’on épuise deux ou trois heures la nuit dans cette maison de Romainville puis on dit dégage ton utilité c’était ton corps nu le dégonflement de mes paupières dans l’usage de ton corps 
nu
ah serpillère et tu retraces
mal habillée
pressée
les yeux je ne sais pas
des coquards peut-être
des larmes c’est sûr
traversant tout ce chemin
pour retourner à staligrad
la nudité abîmée
gâchée
le corps nu pour exercer 
la souffrance
je pense à saint sébastien se tenant devant je ne sais plus quelle ville Sienne c’était je crois percé de flèches crucifié sa nudité ses larmes de martyr pour garder de la peste la ville à mourir
sur la nudité quel pouvoir parfois on exerce
je pense à moi
expirant parfois de plaisir
le corps 
nu tendu
frottant ou soufflant
ma langue mon visage
mes ongles
mon centre mes extrêmités
composent tout autant
mon corps nu
ravi
je ne suis pas plaie infiniment ouverte
à la douleur
je suis brèche dans quoi entre
tant de joie le monde entier
la vie
à partir
de là.
 
si
si je vous montre
en vérité
non mes mots
mais l’effroi nu 
de moi-même
visage
puis torse
tous les poils
mis en scène
exhibé
nudité recroquevillée
exhibée
Au sens de la loi, ma nudité débute si j’expose de moi mes parties génitales, étendue, pour le cas des femmes à la poitrine telle que sexualisée par le code pénal dont nous n’ignorions de la perversité mais qui, à chaque article, c’est à dire dans ce foutoir par centaine, ne cessent de nous en faire l’heureux rappel.
Ma nudité s’accomplit au sens social, pénal et moral par l’exposition de mon sexe à moi, dressé, mou, humide, sec.
Gardé-je voilé l’étroite zone et de justesse échapperai-je à 222-32 
Mais le visage ? Le visage ah ça doit rester nu et visible, ça, R645-14 même. Ca rugit dès le départ, ce R, là menaçant comme un grognement de flics. Et gare à toi ! On peut t’arracher un oeil si tu te crois le plus malin. Le visage, le visage ça reste nu, éclatant, on doit te reconnaître partout où tu passes et toi même si tu veux rester discret, ne pas te faire apercevoir, que les passants ni les caméras de sécurité n’emprisonnent ton image, ton précieux visage, ce par quoi tu te dis, à la fin de la journée, c’est bien moi, ah si tu veux échapper à la capture, à la multiplication de ton image, déformée, accusé, si tu veux y échapper sache que c’est un délit, une infraction, que tu peux perdre un oeil, ou une main, on t’aura prévenu, ne t’obstine pas. Ton visage ne t’appartient pas, il est à tous, même à moi. Alors je te fixe dans la rue, insistant, ne t’échappe pas, même au carnaval je te guette du coin de l’oeil moi j’en ai deux, tu vois, parce que je m’expose comme il faut, aux appareils photographiques, aux caméras de sécurité, au soleil et toute la lumière du monde ne vit que pour moi. Le reflet lumineux des averses, c’est pour ma gueule, les mornes soleils et la curieuse illumination des nuages gris, pareil. 
Alors, toi avec ton masque
toi
toi n’oublie
pas ça Rugiiiit.


Je suis le voisin nu, celui qui ouvre les rideaux, sans s’en apercevoir, ainsi qu’il est né. 
Baîllant sans gémir dans la lumière éclatante du soleil ou la lumière bizarre des nuages gris écrasant ou le reflet lumineux des averses. 
 
je m’exhibe
vous ne savez pasf
si je porte sur moi
le scandale
A 7 ans, circoncis en même temps mon frère, lui 3 ans de moins.
Sofiane, le fils de Zakia, devait y passer aussi 
la peau surabondante 
ôtée d’un coup de couteau 
je ne sais où a passé ce morceau de mon moi nu
peut-être le cherché-je dans les peaux les corps 
dans la chambre à coucher au miroir recomposant
cette partie inconnue dont je sus être le porteur
le mot décalotté dans la nudité crue
je ne me souviens pas

Zakia demandait pour rassurer son fils
si nous pouvions montrer notre bite
au bout rose non encore usé par le frottement
de l’air du slip du caleçon.
Yannis, mon frère, refuse d’un non définitif
surpris même qu’on lui demande ceci
et moi j’acceptai
déjà goûtant
le plaisir 
du déshabillement
Zakia demandait
si nous pouvions montrer
la partie la plus définitive
de ce qu’être nu signifie
l’exposition du pénis
détermine la nudité
réalisée ou non
accomplie ou non
si
l’infraction d’exhibitionnisme
donne droit
après les mains savantes
droit aux mains
violentes.
nudité s’accroissant
à la puberté
compliquée de poils de l’enflement des couilles
des déformaitons du nez 
la puberté comme un poing de boxeur
percute ta figure nue

 

1 janvier 2020

20 20 20 20 20 20 hexadécimal

Toute ma vie supposant
départ de ma mort 33 ans
contestant le par trop vulgaire
âge scélérat
27
du vinyle et des cédés

Toute ma vie maginait
périr du péril profond
de l'âge dur de la croix

et j'ignorai alors
2020 que c'était toi
qui portait en symétrie
ma mûre mort

De symétrie en symétrie
33

2020
c'était couru d'avance
votre rencontre
en mon moi mort

traçant en moi
lieu pur de découpe
séparant
as-
semblant
deux :
vie
et
mort

mon terme ma mort
2020 ton débord
jusqu'à la fin de ma fin

 

//////
2019 les décombres
Tu as passé
en plein hiver
et je n'ai pas fait gaffe
tu avais mal peut-être
aux dents ou au rein
et tout le monde déjà
impatient
ignorait ton mortel destin
en même temps...
tu en as suscité des haines
là haut
regarde bien ce que tu as fait
pas pire pas mieux
c'est vrai que les autres
les aïeules
aux pierres tombales
déjà tu t'affiches
scélérate tu dures
dans la douleur
du marbre dur
demain
je parcourrai 2020 et le cimetière de Montmartre
trouvant sur la roche éplorée le dernier la dernière
qui te suivit au chant funèbre aux récitations au silence
A ta santé
je répands longue
file
d'alcools de liqueur
eaux de vie fortes
dès le départ tu vois
décembre
pleure
pleure
pleure
on ne te dénombre 
plus

 

 

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