Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité

boudi's blog

boudi's blog
Archives
Newsletter
1 abonnés
7 décembre 2023

Tralalavail

16 novembre 2023

 

La mauvaise saison commence, les yeux se gonflent, les cernes se creusent. Voilà le début, irrésistiblement présent. Jeanne, lumineuse, en freine les montées brusques divertit, même, certains jours, l’irrésistible torrent. L’accélère, aussi, parfois, subissant, pour d’autres raisons, d’autres saisons, elle autant, les écoulements brusques de la vie, des glissements de terrain dont la boue, comme parfois lors des inondations, emporte tout. 

 

7 décembre, deux semaines presque de crise dans un mois de fatigue et de fièvre non-métaphorique. Deux semaines où rien ne se brise parce que nous n’en sommes plus rendus à ces mots, ni, même, ne s’effrite ou ne s’abîme, deux semaines de fatigue. 

 

Les 5 et 6 décembre je travaille — ce texte que j’achèverai peut-être le 6 décembre aux alentours de 00:22 —que je continue le 7 à 10:53, avant de retrouver Virginie chez Xi’An pour déjeuner maintenant qu’elle bosse près de chez moi

 

je travaille et, maintenant, au jour de clôturer ce texte j’ai travaillé  ce qui me réjouit (16 novembre) moi si hostile au travail — moins réjoui à cause des heurts avec Jeanne (7 décembre) —, à tous les métiers de tous ces siècles à mains. Un jour, je me souviens, Mehdi croyait, pendant une lecture commune de nos textes, que je le raillais, parlant, pour moquer les laborieux, de paysans à lunettes, des sortes d’Himmler, parce que, lui, se vivant laborieux et lui portant lunettes, s’imaginait désigné par ce vocable.

 

Cette catégorie de paysans à lunettes ne le visait nullement, des paysans à lunettes, êtres, pour moi, bêchant, butant, dans le travail de la terre, toujours sur des pierres, possédant piètres instruments, on en trouve des brouettes de siècles en siècles. Mépris, jadis, pour tout ce qui sentait l’effort, tout ce qui, même, résultait de l’enfer et j’élisais la pirouette sans intérêt plutôt que la chorégraphie sophistiquée pourvu que la première résulta d’une grâce naturelle, d’un don, et la seconde d’un travail déclaré. 

 

Cachez ce travail que etc etc.

 

De ces jugements, comme de beaucoup d’autres, je suis revenu, par lassitude, surtout, maturité, diraient d’autres, qui probablement, n’en constitue que la modalité ridée. Peu importe. 

 

Je ne juge plus, d’ailleurs, à mon grand désespoir, quelque part, me tenant comme en retrait d’une façon d’être, prenant parti avec difficulté excepté en cas de crise, c’est à dire d’hystérie, ce qui ne se confond pas avec la force l’ancienne force qui fut la mienne, rigueur et exigence. En cas d’hystérie où faire droit alors aux droits aliénés de la folie et d’elle exceptée, dégagée de moi, l’être civil(isé?) et social, ne défendant aucun de mes intérêts objectivement définis par d’autres. Intérêts, pourtant, objectifs puisque condition de la survie et donc de tous ceux à venir. 

 

au final perdre Louis, Aline, Romain, Marie-Anaïs, Mehdi déçoit plus que ne blesse, je méprise, éliminant par là les raisons, avalant — c’est de travers — le sentiment d’injustice — faire droit, toujours. 

 

 De l’indifférence au monde, sûrement, naît une certaine rondeur, une acceptation de celui-ci comme il est, sans résignation ni révolte, comme une vache dans le train qui le mène à l’abattoir regarde défiler le paysage, tout son monde.

 Force, ici, au passé, celle que je convoque, correspond peu, je m’en aperçois aujourd’hui, d’avec la Force, force, jadis, confondue, avec violence, oppression, dureté, choses, aujourd’hui, après maints efforts, détours, introspections, dispersées. Force dont j’espère parfois le retour de l’ancienne forme, cette violence inouïe que je retournais contre moi aussi souvent que je la destinais aux autres comme d’expérimenter sur soi la potion ou le sortilège avant de le répandre. Moi consommateur test et nouveau burger McDonald’s.

 

Aujourd’hui (16 novembre), je le rapportais à Jeanne, que, à son contact, ce que j’avais à la fois de lâcheté et de dureté, s’abolissaient, remplacées, ces deux-là, par de la sérénité, elle, la mieux apparentée à ce qu’on pourrait dire, la force, c’est à dire, un calme, une gestion, sans violence, des conflits, c’est à dire, du jeu des intérêts contradictoires. Plusieurs exemples illustreraient la pratique concrète de Jeanne dont je m’inspire elle y ajoute, certes elle, une violence parfois, dont, moi, devenu incapable, je n’exerce pas. Jeanne ne considère pas, chose rare, que le monde lui doit quelque chose, Jeanne considère, chose plus rare, que le monde devrait être autrement, Jeanne exige une justice — l’autre monde dans celui-ci —qu’elle ne suppose pas devoir tomber de l’obscure clarté des étoiles, elle se le doit, Jeanne se le doit. Jeanne, je l’ai déjà exprimé auparavant, a arraché de moi quelque chose d’un résidu de l’ancienne pauvreté, cette volonté de vivre juste à hauteur de mes moyens sans chercher à conquérir, dans le monde concret et matériel, d’autres, si j’obtins, bien avant elle, quelques atours luxueux, ceux-là résultaient de la filouterie, je savais jouir et ne pas jouir, Jeanne, me conservant le premier, m’apprît — tout en détestant ce mot de jouir trop apparenté pour elle à celui de pourcelle — et me rendît insupportable ce privatif c’est à dire, aussi, la privation. Prédation.

 Lorsque je commençai ce texte nous vivions, Jeanne et moi, dans une sorte de léthargie heureuse, malades, ensemble, elle d’abord moi ensuite — moi toujours à la traîne d’elle, secouée récemment. (3 décembre ?) Jeanne, avec ses amis, dispose d’une conversation de groupe, lorsqu’elle m’évoque les discussions qu’elle entretient avec eux, dit aux potes. Après nos débats mouvements, elle me dit, qu’elle en parlait aux potes, qu’elle leur disait s’attendre à être grondée, qu’elle détestait ça parce que, surtout, elle était — se jugeait — en tort. Petit chat mignon et éprouvant, qui, sinon confort et réconforte éconduit (ça jarte) le dispensable. 

 

 (16 novembre) Je demeure, ce que je n’étais pas, et m’étonne, alors, d’employer un verbe de la permanence et de l’immobilité, un être de compromis et de discussion, je suis prêt à débattre de mon intérêt si ce débat, cette minoration, permettent une accalmie. Transiger si, de ce fait, la situation globale, non exclusivement la mienne, s’arrange. Or, si je sais rogner sur mes droits et mes intérêts je ne sais les délaisser entièrement, cette position trop médiane, trop hésitante, me rend faible, fragile. Il faudrait renoncer —la charité se juge à ce qu’on garde non à ce qu’on donne— ou exiger. 

 

Publicité
26 novembre 2023

Lipokilos

Lipokilos. 

 

1. titre

 

Le Penent se mit en tête de supprimer tous les commencements. Le Penent ne veut rien, plus rien, proche ou cousin, de toute sorte de début ou de ce qui y ressemble. 

Le Penent se jette en ceci. Cette quête, seule utile, pour se trouver, lui, bout du chemin, sur une route, celle, il semble, du je du le. Il nie, il nie peut-être même, le temps futur. 

 

1.1 le territoire

 

tu es sûr Jo de vouloir commencer ce truc, cette mutinerie contre tu ne peux même dire quoi précisément objectivement le lexique le diplome tu cherches n’importe où l’objet d’une révolte d’une répulsion qu’importe les détours tu te le dis non dénué de fierté et d’orgueil tes propriétés les plus sereinement instituées indiscutées presque figées comme si elles coulées en même temps que toi le jour que les vieux te choisirent un nom propre deux ici pour toi le deuxième qui est le premier il t’empêtre ici plein de honte tu ne l’écris ni présent ni futur il demeure inconnu suspendu loin 

 

2. Le Discours public

 

il tremble fort en son for le fin fil sonore d’où giclent les sons et les mots. Gorge enrouée dès que le pendule remue,  y choit un fond de désespoir. 

distribuer les mots, le livre dégueu encore une fois prendre soin tu ignores toujours, le livre perclus de liquide ocre rouge, comme si des veines nouées en bouquet, toutes ensembles rompent. Elles, en lui toutes ensemble se décidèrent, se décident, cession, brisure.

 

2.2 Du sens

 

tu te trouves encore ici, tu cherches le verbe nier tu comptes tes doigts des bourrelets de Pô tu désires y lire j’ignore quelle histoire imbécile comme si toi tes ongles incrustées des fleuves de Rome ou de tout temps perdu et englouti l’inquiétude grimpe mille degrés suivis de mille degrés d’inquiétude le mot le mot celui du philosophe des contrées du septentrion des fjords l’incompréhensible mot qui fige le givre une tombe tu refuses de dire tu luttes encore joe jusque quel moment ?

 

3. Les Termites

 

Le Penent le début le rebute, tous les débuts, il les fuit, il les esquive, il les repousse. Il veut les ronger, des dents, des ongles, de tout ce qu’il contient, lui, en lui, ses profondeurs et ses secrets, de refus et de révolte. Le Penent ne peut or il veut, il veut que son existence commence moins tôt, esquiver les premières heures, se rendre, directement, sur l’horloge de trois heures, que les plus sordides des heures se trouvent, mortes, derrière lui, derrière nous. Le Penent veut et ne peut, peut peu il bégue-et-bégue encore et encore, zzz, zzzz, une sorte de bruit de fermeture zippée qui se bloque. Il doit trouver une ruse, une ruse, un complice, ce sortir de cet endroit, ce non-début, ce prologue qui rien n’engendre

 

 

3.1 Histoire

 

Mec tu ne veux rédiger ici une histoire le récit t’importe peu des kilos tu montes des kilos et des kilos de ce qui ne porte ni nom ni figure ni revers ni rebours le mot qui te vient sur ce moment tu le piétines de justesse encore une fois toi presque pris, empiégé de ses propres règles comme en religion les pénitences toujours nées des moches démences sélectionnées qui choisit qui choisît toi qu’est ce que toi ?

 

5. CINQ

 

Le Penent évite soigneusement ou non les premières feuilles, les bonnes, les qui suivent, les ok pourquoi. Il trouve, Le Penent, les livres comme possibilité d’une liberté, fin de cet intermède d’éternité, le premier bond, donc, le premier souffle, enfin, qui gonfle les poumons celui qui déchire une bouche celle du tout juste né, qui vient de régler une dette de ce simple hurlement, une dette de neuf mois.

 

5.1 Victoire

 

Observe le ton Le Penent où se dirige-t-il existe-t-il encore quelque endroit qui se visite les membres tous prisonniers, une voix surveillée, les sirènes prêtes, libres elles, qui hurlent en prévision qui ne cessent de hurler, de superbes gêolières, je te félicite, tu sens en toi combien tu respires peu et difficillement…pourquoi s’obstiner décider quel bel orgueil tu vois bien que comme le reste de ce qui te concerne tu ne te mènes qu’en nul lieu.

 

6. Délivre-s

 

Les livres, Le Penent, Le Penent les considère, les redoute, les désire. Lire ? Il ne les conçoit plus que bornés, ces débuts, les débuts des livres, il n’entend, que feuillets éventrés, il les brûle, bondit, droite, puis droite, encore, droite, toujours, frénétiquement. Il cherche. Il n’existe de fou que ne brime l’écrit. Les livres seront l’étroite porte, il s’évide dès qu’il décide de les prendre.

 

Le Penent semble fuir, ces gestes commis où pères et impères, rendus ennemis de ses lectures. Il coupe une puis une seconde. Le Penent un fou proféré selon tous les doctes juges, les enfermeurs professionnels. Quel motif ? Le refus de ces clôtures, cette règle qui exige, sous peine de. De. Suivre le rectiligne chemin, lire b puis le reste prévenir le dernier z prévenir le moment du surgir de ce z comme si un rituel ici se met en ordrez, que ce z en constitue le moment décisif.

Le Penent refuse, certitude qu’il soutient, d’obéïr. Dérisoire refus, cette forme de refus.

 

 

08.03.2011

  

Tu perds le sens des mesures tu ne c’est plus même vrêment écrire dent ce qui est une lent gué de nez-essence tu ne poux vêt que perdre joue en de comme si tu été d’ici un front c’est retrouve bien comme il phô tes origines mon petit tes photes ton verbe tordu comme tes dents tu crois yes v rée ment te trouver en pets ici min te non, tu penses que les efforts suffisent mon petit jonzthzn tu te trompes lourdement mon en fente on te les ce une dernière chence mon chencre mon con cre ton chient du cygne célèbre notre clémence qu’en je dis NOUS je veux dire NOUS tu  c’est zy ?

 

 7. Folie l'instrument de mort

 

toutes les cohortes rouges, liquides, des veines , les pères et les impères, il évite le début des débuts, celui, le feuillet, plus rigide, couvert de fissures, un cou coupé. Cet endroit dur du livre, les noms inscrits, Le Penent les exile hors de ses souvenirs, du récit, inutiles, il les indique, inutiles, biffés, briques d’exil, il veut devenir juge brusquer l’outil de justice pour enfin que triomphe ce qu’il conçoit de juste de bien que personne ne doit plus commencer il veut suivre il en est sûr c’est vivre bien vivre tout court

 

  

7.1

 

Capture d’écran 2023-11-25 à 23

10 novembre 2023

Cantique des Pataphtisiques.

texte de juillet continué novembre. 

 

J’accentuais, ces dernières années, si je dois suivre une ligne rétrograde - tous ces chemins pris à l’envers composent une réalité partiale, distincte des moments réellement vécus, offrent, moins qu’un souvenir, une modalité interprétative - mon goût - devenu obstiné et donc morbide - pour la fête, l’excès, la suspension de toute découpe en travail du monde, créant, alors - le récit a posteriori renforce, s’il ne la produit pas, cette impression - une distance (ici italiques aux mots « une distance » de ne me pas me souvenir du mot que je voulais employer, le déduisant du propos général) m’éloignant de ce groupe, alors, des gentils bolosses, comme R. les nommait. Un malentendu, qu’il m’ennuyait de dénouer - que je n’aurais su peut-être - venait de ce que Marie-Anaïs croyait mon goût du cool relever, seulement, de l’état hébété des ivresses et des boîtes de nuit quand il recouvrait, en réalité la brutale intensité, la forme et la couleur de ma vie. Dénier - ou plutôt avoir l’air de denier - dans le même temps, l’intensité de celle de Marie-Anaïs n’était pas juste, en rien elle ne manque de ces…aberrations, d’autres contours, d’autres lieux, seul le mode d’action nous distinguait, pas la nature de l’impulsion.

Ce que je retrouve, aujourd’hui, avec J., réside dans cette concordance entre toutes les parts de moi, moi, être au monde tout à fait éclaté, dirons nous, distinct, ce mot là éclaté, de celui de brisé par trop employé héritage d’anciennes luttes lyriques. Eclaté, même, encore, le mot éclaté résidu de ce passé, des luttes, émiettement. Exprimer la diversité du soi, sa multiplicité, par, avant, tout, la division, comme si je ne naissais jamais qu’après blessure, foulure, drame, je me débute après, au moment du trouble. Du louche. 

 

paragraphe incompréhensible laissé, malgré tout, j’imagine avoir trouvé agréable l’idée de coupe horizontale. Le reste..eh bien le reste. 

 

les strates, la coupe horizontale de nos êtres, ne se mesurent pas dans une cohérence globale de toutes ces couches, sans être autonomes ces strates fonctionnent selon des logiques propres et distinctes. Sans aller jusque dire que nous vivons, étanches, nous pouvons ici reprendre l’esprit scientifique dont parle Baudrillard et, ainsi, banalité suprême en réalité, nous connaissons nombre d’individus qui, occupant leur emploi, y exerce une rare finesse intellectuelle, une précision épatante dans la maîtrise de concepts complexes et qui, éloigné de ce rôle, ne nous en montre plus aucun signe.

Nous ne portions pas d’intérêt aux mêmes choses. Je crois qu’un autre texte en suspens, dans mes brouillons, concerne aussi les gentils bolosses, je ne le trouve pas dans mes fichiers (les 33 brouillons, ouverts à côté de ce texte-ci, quelques-uns finiront à la corbeille précédée d’une moue de dégoût précédée, elle-même, d’une moue de regrets) — ne le cherche pas — idée, à l’époque, non écrite peut-être, brouillon mental et neuronal, à l’état d’électricité statique.

L’injustice faite aux gentils bolosses qui, malgré tout, portent la vie, la grande vie avec ses intérieurs richement décorés, le choix des étoffes nous distingue et nous hiérarchise peu.

Je crois que, mon rejet d’eux, provenait, surtout, de leur absence de corps. De leur façon, souvent, lorsque s’essayant (pas le cas de R. par exemple) à des arts non littéraires, de faire moche c’est à dire « joli » c’est à dire « poli » c’est à dire non art. Avant-hier (déjà avant avant hier), avec Jeanne, nous discutions d’art et plus spécifiquement d’art contemporain, elle possède, du champ, une connaissance extensive, qu’aucun des gentils bolosses n’atteint et c’est cette méconnaissance qui les fait produire du « joli » c’est à dire du moche, de l’inutile, des formes plates parce que déjà connues, donc usées, et naïves. De la même façon que lorsque, par ailleurs, les artistes, s’emploient à la poésie, le résultat, toujours le même, lyrisme gaspillé. 

Je me souviens d’avoir pesté, discutant avec Marie-Anaïs, de ce que les « poètes youtubeurs » y compris le plus éminent, François Bon, agissaient avec dix ans de retard et la recherche les concernant avec dix ans de retard sur leurs dix ans. Parce que les usages manquent d’instinct, ils résultent d’une appropriation lente, intelligente mais dépourvue d’art pratique.

Même ceux, comme Marc J., dont ces techniques constituent à la fois le lieu d’étude et de pratique, y parviennent en retard, ils récupèrent des usages qu’ils détournent. Quoi qu’ils en disent, ces gens, dépourvus et éloignés de l’ironie comme ils le prétendent, ne peuvent s’empêcher de prendre de haut parce que, en réalité, ils prennent de loin. 

 

marie-anaïs ou romain ne comptent pas dans cette critique d’ailleurs ils s’approchent, eux, de la performance, art mixte, public, comme celle écoutée aujourd’hui de Gorge Bataille.

 

Marc J. par exemple, au fait des nouvelles technologies et des supports, pourtant, parle aussi en décalé, ne saisit pas, tout en étant le plus proche, l’instant présent parce que les chercheurs et les vidéo-poètes, vivent dans une temporalité plus lente, ne saisissant pas de la vitesse celle de la lumière, c’est à dire du scrolling.

 

Mon agacement, alors, manquait aussi son point, je détestais, au-delà, de la forme, les corps, la forme absente des corps — et toutes les sexualités moribondes ou excessives qu’on y trouvait ne change pas le propos —qui n’était pas une absence de corps ni une ébauche, qui en était le tracé en déficit de certains organes que je jugeais important. Juicy dirait Jeanne et je crois que c’est exactement ça, il y a chez eux, à la fois un extrême sérieux — une capacité hors du commun à s’indigner — et un humour gnangnan. 

Marie-Anaïs, lorsque je le lui exprimais, comprenait mal — je le signifiais mal de le pressentir sans le nommer convenablement. La faille réside en ceci, l’absence de légèreté et de jus. La fête, la pratique de la fête, alors, s’apparente à un signe, à un indice, pas à la règle ou à la cause. C’est ceci que j’aurais du dire, et, m’étendant sur le sujet, je remarque que C., par exemple, qui continuait de pratiquer la vie avec largesse, que je désignais, alors, près de Romain, comme plus cool que moi, parce qu’assistant à des concerts, beaucoup, demeurant edgy (ce qui peut suppléer le juicy) garde sur le monde un regard présent, de praticienne. 

 

Je m’égare. Mais je crois que je parviens à dire pour taire. Que, Jeanne, rassemble de moi le séparé. Demeurent, suspendues, des particules, forcément, celles, privées, qui ne s’accueillent par les autres, qu’en les ignorant. Je ne peux les nommer parce que les dire, c’est à dire les chercher, me les rendre à moi-même visibles, les tuerait. J’ignore ce qu’elles sont si même elles sont et que peut-être, moins chose, qu’espace de la chose, elles vivent, possibles, ces forces.  

8 novembre 2023

Gueguerre Asimov.

(bergame, déjà, plusieurs mois, texte pas fini, jamais)

 

ce texte, je le commençai longtemps en arrière, deux semaines au moins, j’apporte, comme en-tête, depuis la chambre du palais bergamien où nous logeons avec Jeanne, cette précision sans, pourtant, assurer sa finalisation. Cet exergue, peut-être, je l’ignore en commençant - continuant - ces lignes se trouvera suivi d’une autre introduction comme, parfois, vous savez dans les livres - mais ceux là sont publiés - nous trouvons l’avertissement au lecteur, suivi de la première préface puis de la seconde préface, puis de la première préface à la seconde édition.  

 

Gerasimov (quelle orthographe choisir dans ces cas de translittération ?) m’obsède encore un peu, lecture, il y a peu d’un article de deux pages en anglais exposant safameuse doctrine celle du sharp power ; comme il existait le soft power, force diplomatique et d’influence des Etats ; PENDANT 

 

depuis l’offensive ukrainienne dite contre-offensive ne parvînt pas à atteindre ses objectifs déclarés pire Gerasimov fort des millions d’obus offerts — haha — par la Corée du Nord reprend l’initiative, le rapport feu, qui s’équilibrait, repasse à 6:1. C’est à dire que pour un obus tiré par les ukrainiens les Russes en tirent 6. Qu’importe, alors, l’imprécision des tirs, lorsqu’on sait qu’un obus provoque des dommages sur un périmètre de 300 mètres. 

 

— j’écris ici ce mot de pendant — je l’écris plus haut, souligné, majuscules —et je pense à Gleb qui, parce qu’il passe par un outil d’automatisation de traduction, risque de manquer le sens du mot à cause de sa polysémie, pendant, ici, ne signifiant pas at the same time ou during mais plutôt the other side of the same thing, yin and yang 

 

cette mention du Gleb de Kristina devenue parfaitement obsolète, depuis le commencement de ce texte Gleb est venu à Paris, il entretient avec Kristina une liaison dont je connaissais les soubresauts et dont j’ignore désormais les mouvements.


du pouvoir (sans qualificatif, le pouvoir étant la simple force) armé, c’est à dire la capacité à mener une guerre. La doctrine Gerasimov hybride les deux - influence diplomatique et force militaire - qui forment un ensemble dynamique autant que complémentaire.


Le soft power anesthésie les sociétés étrangères et permet d’installer, par un mélange de corruption, d’influence diplomatique, d’excitations des passions, des gouvernements favorables à la Russie 

 

destabilisation dont la Russie se montre experte, après l’Afrique où elle excita les passions tristes à l’endroit de l’ancien colonisateur français, elle tente aujourd’hui de semer la discorde dans une France divisée. Russie commanditaire des tags d’étoile de David comme échos difformes des nuits de cristal. 

 

le hard power,  permet, quant à lui, de renverser par la force des gouvernements établis - sous des prétextes variés (terrorisme comme en Syrie, oppression des minorités russophones en Ukraine ou en Transinistrie) ; mais les deux s’entrenourrissent, le soft power simplifie, s’il se montre insuffisant, l’emploi de la force armée, une société anesthésiée se défend peu et mal et ses alliés, malades du même sommeil, n’interviennent pas ; là où le soft power endort et immobilise ainsi, le pouvoir militaire, lui, paralyse par la peur. Imbrication redoutable de cette doctrine. Le hard power supplée, aussi, le soft power, lorsqu’un gouvernement favorable à la Russie parvient par manoeuvres - ou parfois grâce au jeu électoral honnête - au pouvoir, la Russie l’aide à s’y maintenir et empêchera tout changement de régime et toute transition. La Russie embrasse bien et beaucoup mais n’offre de baisers que les mortels.

L’erreur, lors de l’invasion de l’Ukraine vient de ce que la Russie a, en même temps, surestimé son soft-power, c’est à dire son influence politique en Ukraine et sous-estimé la motivation des pays occidentaux ; surestimé, autant, sa puissance militaire. Cet échec ne remet pas en cause l’efficacité de cette doctrine du sharp power seulement une lame, à double-tranchant même, rouillée ne pénétrera pas jusqu’au muscle de sa cible. 

 

lorsque je débutais ce texte Prigo vivait encore. 


Comme je l’écrivais dans un précédent article, je trouve au visage de Gerasimov quelque chose d’émouvant, de russe et en même temps de soviétique. Lorsque je lis sa biographie je découvre que cette dignité hiératique ne provient pas uniquement de ce que ses yeux bleus et profonds intimident la critique. Qui ne s’inclinerait devant la beauté ? Jean d’Ormesson, lui, aussi, criminel d’une autre sorte, se trouvait souvent sauvé par ses yeux.

Il ne s’agit pas que du visage que je trouve, moi, beau parce que, avant tout, émouvant. Sur les photos de groupe, souvent, la posture de Gerasimov le distingue des autres pas comme de ces officiers de cavalerie issus des aristocraties montées, il sort du cadre, baisse la tête, semble ailleurs. Aujourd’hui, en raison de tous les contrôles automatisés, les photographies pour les pièces d’identité exigent un certain comportement : pas de sourire, la tête bien droite, le visage dégagé ; dans les cabines de Photomaton les photographies, une fois prises, sont recouvertes d’un tampon conforme en cas de réunion des conditions ou non-conforme dans les autres cas ; Gerasimov, militaire de la plus haute stature, est non-conforme. 

 

photo-maton le nom, déjà, nous préparait à la discipline, surveillé par la machine, maté, prisonnier de cette cage, ne sortant que conforme. C’est à dire corrigé. 

 

 

J’apprends, continuant à m’instruire de lui que lors du pire conflit qui frappa la Russie moderne — les deux guerres de Tchétchénie — il se montra le seul à conserver aux Armées la Russie leur dignité. 

 

un soldat, boudanov, viola et tortura des Tchetchènes et s’en sortait, acclamé comme un héros.

Cet acte dont la seule qualité extérieure, finalement, serait la common decency n’est pourtant ni dérisoire ni banal. En temps de guerre la violence non-martiale et le viol appartiennent à l’arsenal terrible — armes non-conventionnelles et sordides — des armées, ces actes servent à terroriser la population et obtenir, de l’adversaire, sa reddition. Gerasimov, comme le dît, pourtant, cette opposante au pouvoir russe — assassiné par ce même pouvoir — a su garder son honneur d’officier. Il ne se contenta pas de blâmer le tortionnaire, il agît afin de le traîner en justice permettant à tous les autres, ceux de sa bonne volonté partagée, les officiers honorables, d’agir de la même façon. Acte, encore, difficile, tant le bourreau trouva, dans toutes les instances étatiques, dans toutes les couches de la société, des soutiens. Gerasimov n’est pas comme les autres. Le premier procès militaire innocenta le bourreau. Il fallût bien des actions et à n’en pas douter Gerasimov compta parmi les initiateurs, pour voir condamnée la brute. Accueuillie, la brute, en liesse lors de sa sortie de prison.

 

Boudanov reçut un traitement plus conforme à ses actes. Une Tchetchène l’assassina. Sang pour Sang.

 

 


Shoïgu, le ministre russe de la défense actuel, intrigant génial puisque relativement incompétent, écrit de lui : 

 

 

je ne sais pas ce qu’il écrivait, tee interrompu, là, à Bergame, clignotant le « Sans titre 187 — Modifié » comme l’appelle par défaut Pages. 

8 novembre 2023

Impératrice dite Sur-Reine.

texte de juillet. 

 

Je passe un peu de temps à Suresnes, la ville où j’ai grandi et où mes parents vivent toujours. Ville devenue bourgeoise après une longue période oscillant entre communisme et socialisme municipal.

Les cité-jardin y naquirent, destinées, originellement aux couples d’ouvriers ou de petits artisans, fabriquées en briques oranges, caractéristiques des immeubles d’habitation des années 20 

 

1920, désormais que le temps passé nous place dans un nouveau siècle, que 20, aussi, c’est 2020 que pour qui dans 70 ans discutera de la pandémie dira — si maintenue la possibilité du dialogue, que le langage non rapetissé au crissement des cafards sur des éclats de carrelage — la pandémie des années 20. Peut-être d’ici là, si langage demeuré, d’autres catastrophes dignes d’Histoire, réduiront la pandémie de COVID à un épisode marginal (quoi que triste) de l’Histoire récente, symptôme, le moins grave, de toute une dégénrescence à venir — advenue. Tout deviendra l’accident des c(C?)onstitutions fragiles. 14-18 la grande guerre, le combat enragé de la France et de l’Allemagne accompagnées de leur séides. 14-18. Si le football maintient son empire — empire étendu aujourd’hui le championnat saoudien se rêve déjà rival des championnats européens —l’évocation de 14-18 de la France et de l’Allemagne, à cause de l’empilement des tragédies, rendra compte, peut-être, des victoires successives aux coupes du Monde de Football, de l’Allemagne (2014) puis de la France (2018). Qui peut dire ? 


Sur la page wikipedia des cité-jardin de Suresnes on peut lire : 

Elle compte environ 3 300 logements, dont 170 pavillons, ainsi que de nombreux équipements (théâtre, établissements scolaires, bains-douches, résidence pour personnes âgées, logements pour célibataires, lieux de cultes et commerces)

La ville, dans les années 80, alors que le socialisme pour la première fois conquérait l’Elysée, bascula à droite et, depuis les années 80, la mairie s’efforce de chasser des HLM les plus démunis. En proportion, d’abord, en détruisant les anciennes petites maisons de ville - sans rapport avec les ignobles pavillons de banlieue - d’un étage, charmantes, modelées par des générations et des générations, d’acquéreurs, maisonnettes bigarrées, ensemble hétéroclite composé presque comme une jungle toute laissée au hasard.

La mairie remplace ces maisons par des immeubles sans charme, annoncés avec la pompe et les clairons des grandes affiches des promoteurs immobiliers « ICI VINCI CONSTRUIT » ICI BOUYGUES DU DEUX PIECES AU CINQ PIECES TROIS DUPLEX » « NOUVEAU QUARTIER » etc. su

Nous aussi ils voulurent nous dégager de Suresnes quand Maman cherchait (avec Papa, Maman, surtout, à l’initiative des démarches toutes.) un logement plus grand pour nous accueillir tous. Je me souviens, la proposition faite par la mairie, dans une ville voisine, Nanterre, la trop connue, l’appartement, nous ne le visitâmes même pas, l’immeuble répugna à maman, une Tour sordide, dressée au milieu de rien, je m’en souviens comme d’une journée grise et l’immeuble le centre et la source de tout le gris. A-t-elle été détruite cette tour ? Je pense à P.N.L 

Une chance qu'ils aient pas détruit mon bâtiment (…)

Grâce à Dieu y zont pas cassé ma première tour

 

Attachement à cette cité, la première, avant l’exil hors du 91, en Franche-Comté je crois, puis le retour à Paris, dans le Val-de-Marne, Virginie m’écrit que la cité (Ivry ?) où ils vécurent cette deuxième fois en RP, se trouve-ait derrière chez elle. Parce que, cité détruite, aujourd’hui, sur les toits de laquelle, ils tournent le clip du morceau Deux Frères, 

sans éprouver envers elle, cette cité détruite, un attachement aussi viscéral qu’à leur 91, et plus encore, aux Tarterêts dont ils rêvèrent tant que, adultes, au sortir de prison pour l’aîné, au cours de ses études pour l’autre, ils réinvestirent. Tout, chez eux, se dédouble, la mère algérienne mais absente le père corse et présent et bandit. A l’envers des structures familiales connues. 

 

Suresnes : 

Le prix d’achat des (ces) nouveaux appartements dotés de tout le confort moderne (jadis, lorsque les HLM sortirent de terre et firent sortir des bidonvilles ou des maisons insalubres, les indigents, l’argument du confort moderne primait sur tous les autres) est exubérant, excessif. Mais, ce faisant, remplaçant trois maisons par 30 appartements - qu’importe le niveau de vie - fait mécaniquement baisser en pourcentage les plus pauvres. Le vrai grand remplacement. Autre, encore, que la gentrification, la bourgification. 

 

hier, cherchant à acheter un livre, je demande à José quelque chose de simple, pour offrir, il me désigne Rue des Pâquerettes, devant le titre, je chavire oh non parce que fou connaissant le nom des fleurs, j’éprouve pour les pâquerettes une inclinaison particulière, vertige de ce que la cité des Pâquerettes renvoie à celle voisine et identique où mon père vécut la cité des Marguerite(s?) (cités dites de transit et l’on sait la lenteur de celui-ci quand il digère le mauvais sort des immigrés — papa né en France pourtant). Immeubles construits à la hâte, signe de bonne volonté prétendue des pouvoirs publics pour arracher aux bidonvilles ceux qui y vivaient (il faut lire le gône du chabah qui nous expose combien le bidonville valait, au début, mieux aux yeux de ses occupants, que ces cités de transit). Appartements sombres, sans toilettes, sans fenêtres. Il parle de Nanterre, de la misère, de la boue. Idée de lui écrire, à l’auteur, arrivé en France en 1962 à dix ans (Papa, naissance 1957, 5 ans en 62. 62 année de la fin de la guerre d’Algérie. Harki l’auteur ?) pour entrer dans les détails de cette vie, par un autre côté, moins douloureux pour moi. Toujours eu envie d’écrire sur sa vie, la vie de Papa, lui, assez volubile pour  m’en donner un aperçu, renforcé, l’aperçu, par ses cousins, d’autres récits. Maman, elle, autre histoire, muette, celle-ci, sinon quelques évènements appris par surprise dont le souvenir me dessèche la bouche. Toute la place, dans sa famille, occupée par les récits masculins, mes oncles, la guerre, l’art, l’athéïsme. La plus jeune exceptée. 

Papa, entendre son histoire, par cet autre, proposer une rencontre. Est-elle seulement possible. Y assister, moi, pour recueillir ce qui demeure embrouillé dont je ne parviens à faire le récit. Témoigner, à travers les enfants, les intégrés, les détachés de la culture d’origine, et moi presque délavé, délavé et habité, en même temps, d’un mouvement de reflux, d’un mouvement d’implication. Yannis me racontait se sentir captif de ces vies, j’ignore, s’il concevait, ces vies, celles de nos parents, comme leurs récits ou, plus clairement, leur vie biologique, leurs soucis actuels. Un peu des deux, probablement. Entre nous un silence. Le silence, aussi, entre les générations. Un classique, banalité. 

 

 

 

Suresnes : effacement des pauvres en valeur absolue, aussi, puisque, profitant d’un codicille légal, la mairie rénove, avec succès, et je l’admets, réussite esthétique, les immeubles HLM délabrés (ou non), ce qui lui permet d’en augmenter le loyer de plusieurs dizaines de pourcents, inaccessibles aux anciens locataires, en toute légalité, à l’expiration du bail, non renouvelé en conséquence, mais, parce que droit au logement opposable, la commune, avec l’idée de cette communauté de communes et l’assistance du conseil départemental, exfiltre vers les villes voisines, les désormais inaptes aux exigences financières et sociales de la Ville. Qui, toutefois, conserve, souvenirs et reliques, quelques pauvres spectaculaires qui, parfois, se retrouvent, lors d’émeutes, en Top Tweet, au grand ricanement des utilisateurs des RS voyant Suresnes associée à ces expressions de colère, et, devant ceci, les artificiers suresnois s’indignent, revendiquant, que si, Suresnes ça craint, tirant, fierté, bandidos, d’évoluer dans la jungle, les dangers, la bicrave. 

Publicité
8 novembre 2023

Miaousseline

Levé pour une fois au premier réveil. 6h30. Angoisse de me réveiller, seul, à ces heures trop tôt. Préférence pour s’enfoncer dans le sommeil fatiguant. Le sommeil tout empreint de rêves bizarres, inquiétants, torturants. Excès de sommeil. Fuite. Sanction. Jeanne ne parvient plus à dormir à 6h30 non plus. Rhume. Elle, le rhume. Moi rhume incertain. Hier soir. Picotements des yeux, gorge gênée. Les premiers symptômes. Ca a commencé comme ça. Désolée. Jeanne dit ceci. La mélatonine, hier, avant le coucher. Sommeil paisible. Toujours radiné à cet achat. Le médecin me le prescrivait. Plus remboursé. La pharmacienne me dit. Pas d’argent à cette époque. Argent. En invité. De Kurzsek en lecture. Francfort. Pas chez lui. Cagibi. Pas chez lui. Le cagibi. Mot qu’emploie souvent Jeanne. Le cagibi. Pas chez lui. La mauvaise adresse. Trop connu à cette adresse. Expulsé de chez lui. La femme, la fille, dans l’ancienne maison. Les clés tintent dans la poche. Peter n’ose pas les utiliser. Peter. L’autre Peter. Le père de Domi héberge Peter. Le premier Peter. Le premier homme. Il dit le deuxième quand il parle de lui-même. Peter. L’auteur. Autre. Anagramme d’autre. Le U surnuméraire. La sonorité d’autreu. A la fin. Le suffixe en U. 

Il dit le père de Domi à sa fille qui s’enquiert de lui. Plus le cagibi. Carina ne sait pas. Fini le cagibi. Ne savait pas. Pour le cagibi. Ne comprendrait pas. Le domicile conjugal évanoui. La séparation. Le cagibi. En invité dans cette misère de cagibi. En invité. Chez Peter. Viens quand tu veux. Même longtemps. Il dit l’autre Peter. Autre pour moi. Pas pour Peter. Pour peter lui l’autre, lui l’invité. Comment. Quatre ans et demi. Les peluches embêtent Carina quand Carina doit se doucher, quand elle doit porter son anorak, quand elle doit mettre son écharpe. Les peluches. Laquelle choisir pour aller à l’école. Le kindergarten. Sans vexer les autres. Peter. L’autre Peter rencontré au Kindergaten. Avant. En invité. Tu peux utiliser le téléphone. Peter craint de déranger. Hospitalité. Hospitalisé. Droits réduits. Jamais signifiés par les hôtes. Pas pensés pour l’instant (30 pages). Par les hôtes. Instinct de l’invité. Moins je dérange plus je reste. En invité. Moins de soucis d’argent. Le Cagibi trop cher. Intrus. Peter compte avec inquiétude les pfennings. Les marks l’intimident. 100 pfenning. José. Le libraire me lisait des extraits du premier livre de la trilogie. En invité le second. Cécile Wasjbrot. La traductrice ne considère pas l’ordre chronologique des ouvrages comme indispensables à la compréhension. José lisait un passage. Peter. Notre Peter. Achetait du savon. Achat au passé. Passé plus antérieur que En Invité. Un bon savon. Plusieurs pfennings. Peut-être des Marks. En invité il oublie le savon chez lui ? Le Cagibi ? Si non l’extrait lu. La mention du savon moins savoureuse. L’extrait retenu. La préciosité du savon. Le PRIX. Le savon oublié. Une ancienne vie. Le savon, l’oubli, du savon, détache. L’argent. Toujours l’argent. Le café. Les cigarettes. L’alcool kaput. Pas lu le premier. L’alcool rejeté. La cause de la séparation. La formule cruelle de Sibylle. L’ancienne compagne. Epouse ? Divorce ? Pas précisé dans le deuxième tome ? volume ? Désordre de cet ordre de lecture. Informations lacunaires. Lecteur invité. Au-delà du quart d’heure de retard des politesses. Comme trompé de jour. Comme une montre demeurée à l’heure d’hiver. Je pourrais t’interdire de la voir. Sibylle déclare. Ca effraie Peter. Carina qu’en pense-t-elle ? Carina je veux te voir tous les jours. A Peter. Crainte. Déranger. Partir. En invité. Exclu. Dehors. Peter, l’autre Peter, je dois accéder au bureau parfois. 

Moi. Le moi physique. Ici. Envie de prendre un bain. Je guette les périodes du bain de Jeanne. Le nombre de fois. Eau coupée. Eau rétablie. Jet du pommeau ou écoulement du robinet. Fin. Jeanne finit. Troisième période. Rinçage. Jeanne qui sortira. Au futur. J’écris. Après les derniers mots. Ici. Peut-être Jeanne sortie. Déjà ? Enfin ? Pas tout à fait fini le bain. Quand l’eau évacuée. Jeanne peignoir et coiffure sikh appliquera des crèmes. Cinq minutes. Elle prononce. Souvent moins. J’aime regarder son corps dessiné par le peignoir. Les petits pas au sortir de la salle de bains. L’eau relancée. Une période de plus. Je comptais. Le bain rempli d’eau chaude. L’ajustement de la température. Première période. Le shampoing. Rincé. Deuxième période. Le démêlant. Troisième période. L’après shampoing. Quatrième. J’avais mal compté ? Quatrième seulement maintenant. Cinquième. Le jet bref. Exclu du compte. La baignoire rincée. Pour les suivants. Par souci de propreté. Impatient. Le peignoir de mousseline qui s’ouvre en donnant des idées. 

4 novembre 2023

Souviens toi le 27 mars

(texte zcrit il y a plusieurs mois)

Il m’a toujours manqué dix kilos (depuis un an, mais de gras, de paresse de bourelets, j'ai pris dix kilos déjà devenus cinq) pour être tout à fait courageux parce que, pour moi, le courage dépend, aussi, de l’effet que je me sens capable de produire et de la possibilité d’agir qui en découel.


En matière de menaces, contrairement aux idées reçu"s, je suis nul. La menace, contrairement à une croyance ordinaire, ne réside pas seulement dans la peur ou dans l’expression d’un acte malveillant à venir. Cette parole, lorsqu’elle survient, doit se faire rare. La cruauté, la barbarie, la manipulation et, ici, la menace ne s’exercent que dans une retenue, ce qui en fait la force, c’est leur rareté. Volubile comme moi, les hurlements proférés tiennent davantage de l’exercice de respiration, désagréable pour qui le reçoit, que comme une menace effective. Menaçant, réellement, j’aurais conduit à l’abstention des autres, au refus de s’impliquer. Il existe, innomé pourtant réel, un écart entre la peur qu’inspire le fou et la peur qu’inspire le méchant réellement méchant. 

Je parle de mes dix kilos de plus et je pense à Yan qui, lui, pouvait semer la terreur malgré son pectoral manquant, malgré son mètre soixante cinq. Parce que, justement, sans cesse, il faisait peser la possibilité de tout.
Ma violence n’existe pas réellement, elle ne s’exerce pas, si la parole agit dans le monde, elle se dissipe plus vite qu’un acte.
Dire j’ai brûlé ta garde robe le lundi pour, finalement, la révéler intacte ne revient pas au même, le choc, réel, s’estompe en portant la jupe provençale — J. mais c’est horrible les jupes provençales, qu’est ce que c’est plouc.

Je me souviens, un jour, d’une dispute, avec Marine, à Nanterre. Nous rentrions, avec Marie-Anaïs dans la maison qu’elles louaient toutes les deux, et sur la table des mouches dévoraient les restes de plusieurs repas, l’évier débordait de vaisselle à la saleté durcie. Ce jour là, nous fêtions l’anniversaire de Marie-Anaïs, je rentrais les bras chargés de denrées et de cadeaux. Agacé par cette vision, fréquente mais atteignant ici son pire, j’écrivis à Marine pour le lui signaler. Sa réaction, évidemment, ne fût alors pas d’excuses mais de justifications, de vous aussi vous faites etc. Si j’emploie cet exemple c’est de bien montrer que, contrairement à ce que l’on prétend, je ne fais pas peur de la façon que l’on décrit. Aux personnes réellement terrifiantes personne n'ose s'adresser de la sorte ou, le faisant, avec des excuses et des regrets immédiatement exprimés. Ces gens, même coupables, appellent à la contrition générale, la compoction la forme de leur accueil. Plus encore, dans ce genre de cas critiques, je tente, volubilité idiote dissolvant toute autorité, d’expliquer. Marine, alors, pour exposer combien je me montrais affreux demanda son opinion à son petit-ami et, de sa réponse, en conforta son avis premier. Comme si, lui, devant le chagrin, la peur de sa copine, ne prendrait pas son parti. Par amour, par paresse.


La seule fois où j’allais, véritablement agir, par exemple, le 27 mars, je ne m’épanchais pas. Je ne me défendais pas. Je le faisais, rien d’autre. Prévenant, probablement parce que je souhaitais, aussi, être empêché, m’abstenant, de justesse, à l’extrême limite, de l’irréparable. La parole rare mais pas absente permis le secours.  

3 novembre 2023

Baraka Obama

Il me paraît toujours étrange, entrant dans une pharmacie, de voir, partout, les remèdes de rebouteux étalés, à libre disposition des clients, compléments alimentaires en tout genre dont, la plupart, ne prouvent pas leur efficacité. L’argument, avancé, par mag 2, de ce que tout le monde en France manque de magnésium, en plus d’être partiellement faux, ne propose une solution que faillible. Lisant, la documentation scientifique sur le sujet, j’apprends que boire de l’eau enrichie en magnésieum (Hépar, par exemple), eaux dégueulasses au goût, constitue la meilleure façon de traiter une carence en magnésium. Tout le reste de l’argumentaire est un charabia de bonimenteur. Je me souviens que, me rendant dans la grande pharmacie de la rue du Four, demandant à l’une des assistantes d’officine, quel magnésium correspondait mieux au besoin d’êtres carencés, elle dédaigna le Mag2 (le moins cher) parce qu’il était low cost, me dirigeant vers d’autres comprimés, quatre fois plus coûteux, qui, entouré d’une membrane de protéïnes se trouvent mieux assimilés par l’organisme. Billevesées fondées sur, à la fois, la confiance en la scientificité d’une pharmacie tenue par un docteur en pharmacie, et la méconnaissance, logique, de chacun quant au fonctionnement du corps humain. 

A n’en pas douter, les herbes soignent, la quinine guérit du mal de tête et du scorbut, les orties ou d’autres plantes, connaissent des vertus que j’ignore et que je sais cerrtaines, le miel ou le citron sont de bons antiseptiques mais profitant de la méfiance (légitime) envers les traitements chimiques, d’habiles marchands, s’enrichissent dans ce confusionisme. Certains, la plupart même, y croient sincèrement. Je pense que la préposée tentant de me vendre du magnésium quatre fois plus cher croit sincèrement que 1) le magnésium sous forme solide solidifie l’organsime que 2) le prix se justifie par le bien-être subséquent. 

La para-science, partout, triomphe, je n’élaborerai pas une pensée de sociologue sur le sujet, me contenant, poète, demeurant à fleur de choses, d’observer, commentateur aigu, percevant, ici, la plus grande des banalités, forant, tout de même, dans celle-ci, à travers les individus qui y accroient, leurs discours et l’esprit de collectif qui s’en dégage, l’observation d’un continuum, écueil où tout le monde tombe plus ou moins profondément, ainsi que la baraka, à quoi Mehdi consacrait un article, je me souviens, qui, veut que le don à un mendiant accroisse la baraka, cette sorte d’augmentation de la chance, sans, que vraiment, les charitables n’y croient entièrement, ici, le doute conduit à l’action, le ça ne peut pas faire de mal et pourquoi pas du bien. 

2 novembre 2023

Niais nié gné - onoma-pas-tapé

J’aime ta façon de rire de moi, jamais à mes dépens, comme plutôt me prendre par un côté ignoré, l’endroit dans le dos invisible à soi, même contorsionné devant le miroir. Les petits cris que tu pousses, par surprise, toujours la même syllabe, plus ou moins longue, désignant, selon sa longueur, sa hauteur, sa durée, des émotions ou des désirs différents. Le long Miiii aigu de quand je rentre, les mains que tu attaches autour de mon cou au moment où je franchis la porte de chez toi. Les gestes qui me mènent là, le code composé 3857 en attendant que je dispose du badge, sonner là où figure ton nom et celui de ton ex, monter deux à deux les marches de l’escalier qui ne grince pas, un épais tapis rouge couvre le bois.

La porte, après que j’ai sonné, tu la laisses ouverte, je te trouve, toujours différente, selon l’heure et les activités de ta journée, mais toi, toujours la même, toujours la même surprise, aussi, de ta beauté immuable. Le petit cri Miii, mon absente sursaute, elle se barre. Nous reprenons d’autres gestes, en suspens, peut-être, pour certains, les lèvres brièvement jointes, toi qui te déplaces dans l’appartement, comme tu marches bien, à mon goût, pieds nus ou les talons Ernest portés. Parfois, ton vernis sèche, le noir, souvent, que tu préfères je crois, pas parce que tu le trouverais le plus beau — tu n’en dis rien —que tu préfères porter.

Miii, tu le prononces aussi, plus bref, quand tu désires quelque chose, le désignant de ton joli petit nez, ce langage, intelligible — comme nous finissons de l’autre les phrases ou mêlant récit en quinconce nos histoires—par miracle, par élan. Le Mi, plus bref encore, accompagné d’un geste de la tête exprime, lui, ta satisfaction tu as remarqué j’y pense en même temps que j’écris comme j’aime plongé dans une eau trouble ressemble si fort à ton prénom ? Dans la langue chinoise le même son peut, selon l’intonation, prendre des sens différents, il en va ainsi de ton mi, langage ramassé, condensé, toi, ton esprit de synthèse remarquable, visible dans chaque chose que tu écris lorsque tu te décides à écrire. Ca t’ennuie, ça, que tout le monde te désigne écrivaine, élue malgré toi, ne te présentant à aucun suffrage, les recueillant tous. Il en va ainsi, aussi, des charges héréditaires, débats inutiles, tu te trouves prise dans des rêts qui te dépassent. Ecrivaine, la plupart de celles ou ceux qui en revendiquent le titre le justifient de ce qu’une nécessité vitale les agite et les tend, que, destin malgré eux, elles se trouvent condamnées à ce sort — accepté avec orgueil ronflant. Toi aussi, la prise au piège, d’un destin venu du dehors, d’une poussée extérieure, tous les autres, trop des autres, Gilles, pouche comme tu le nommes, Viktor, moi. Tu peux te dérober à ton destin toi qui t’évades à ta guise de toutes les contraintes, je dois gagner ma croûte comme tu dis souvent, m’amusant follement, alors. 

J’aime les tenues que tu portes, les négligées que tu rends distinguées, le vinyle aux reflets glacés. Tu me débordes, quand, allongée sur le canapé jaune, quelque chose de toi, muet, infra-mi, m’appelle, tu enlèves tes lunettes, tu tends les bras, tu m’embrasses. La vie recommence. Après de longues absences, c’est à dire de cinq ou six heures, puisque notre temps nous le passons, coalescents, en notre compagnie, je marche derrière toi, dans l’appartement je te suis partout, ombre mécanique, me levant, parfois, sans m’apercevoir de ce que je me lève à ta poursuite, comme si d’invisibles fils attachés de toi à moi, me conduisaient à toi, mon corps dégingandé, traquant malgré lui, dépassé par un destin, à tes côtés, infiniment plus précieux que toutes les sortes d’artistes.

24 octobre 2023

A la douche

Journées un peu étranges à la suite de deux nuits de quadrilles et de soûleries. Hier, ni douche ni café, pour expérimenter sur moi-même ces variations de l’habitude. Ordinairement, y compris les lendemains de soirée, je me douche et prends mon café. Hier, avec Jeanne, nous trainâmes au lit, somnolents et sursautants, faisant l’amour dans le premier réveil, de sept heures du matin, l’orgasme partagé, elle d’abord, moi ensuite — si ne suivant cet ordre son plaisr nous échappe. Jeanne aussi change d’habitude les lendemains des alcools béats, elle qui fume un paquet ou un paquet et demi — amusante forme de comptage, celle par paquets, demi-paquets etc — ne fume pas du tout alors. Bukowski, lui, ivre de bière, toujours, s’abstenait un jour par mois que, moins grâcieux que Jeanne, il passait à vomir et trembler. Un journaliste, je ne me souviens pas lequel, français je crois, racontait avoir voulu intervieser Bukowski et devait, chez le poète, naviguer entre les canettes de bières vides et écrasées, comme des bouées dans une marée de crasse. Le journaliste y voyait, avant tout, une mise en scène de la part de Bukowski, une volonté de ce que les biographes, se fondant sur l’article de ce journaliste, plus tard, le décriront comme ce naufragé, accroché à mille éclats rocheux, les cadavres de canettes de bière, des Bud’s, je crois, je me dis, sûrement, ajoutant cette ligne mystique à celui très tricheur, qu’il se choisissait la marque légère et la plus homonyme possible. 

Deux jours consécutifs sans me doucher, lorsque je ne me douche pas, moi qui alterne entre l’eau chaude et l’eau froide, et, dans le mouvement de ce dernier jet glacé, chantant, hurlant ou dictant, je me sens doucement engourdi et que, moins excité par la vie, collant d’une matière qui n’est pas un résidu de sommeil, je deviens calme. J’écris ce texte, à jeûn, sans douche depuis deux jours, après un jour d’abstinence de café — comblé aujourd’hui par l’expresso chez Jeanne et, chez moi, le doppio+ à quoi j’ajoutai un expresso simple. La lecture, dans cet état, me calme, je la pratique lentement, sans urgence, sans perdre le sens, les mots se succèdent, linéaires, mon regard, moins fou, ne se disperse pas sur la page, découvrant, dès la première ligne, quelques grappes des paragraphes plus lointains. Cet état me change, m’étonne, bientôt je prendrai ma douche, brosserai mes dents, avalerai je ne sais quoi. En attendant, j’écris ce texte, après avoir fini la lecture de la seconde nouvelle de Sciscia — Jeanne se moque de ma prononciation de l’auteur palermitain. Les oncles de Sicile, s’intitule le recueil, la nouvelle tout juste achevée, raconte le sort d’un soldat italien dépêché en Espagne, du côté des phalangistes, pendant la guerre civile. D’un soldat qui quitte, chômeur et mineur, son île pour se battre contre d’autres chômeurs et mineurs, du côté des propriétaires, des flics honnis. Il se bat, pour la solde, parce que c’est comme ça, et la colère monte au fur et à mesure de son récit, récit a posteriori, récit où la langue, où la colère, où le style, évoluent, au fur et à mesure du déploiement des souvenirs. Il parle, lui reproche son oncle, comme un avocat lui qui, quittant l’Italie, connaissait à peine le ba-ba. La prison réputée école du crime trouve une étrange jumelle ici, la guerre université des révoltes. Quand cette guerre lointaine, pour d’autres, un autre peuple, d’autres intérêts, aussi. Qui ne combleront ni sa faim, ni rien. 

Ecrire contribue à exciter mon esprit, le corps, toujours, délicieusement endolori, celui, d’une odalisque peut-être, à quoi me comparait, il y a longtemps désormais, Jeanne, dans le lit du Normandy. Lascif, ici, devant l’écran, sans désir, animé d’une pulsation mystérieuse, un battement de la peau, perdant, toute vigilance, c’est à dire, dans mon cas, toute inquiétude. Le monde, parce que l’eau chaude puis froide n’y ruisselle pas, glisse sur moi, ne s’emmêle guère dans les poils, couchés, calmement. Je délaisserai bientôt ces sensations qui, sensations, s’érigent à hauteur, de sentiments, de pensées, de perceptions, que, le monde, brutalement, dans le jet activé de la douche, changera, me changera. Mon corps tout plaisir, lent, très lent orgasme, différent, ici, de mon corps maniaque, peu reposé, dévorant, ces fois là, le manque de sommeil, excite mon appétit, ma bouche avide engendre les longues canines des vampires, Dracula ce cher insomniaque, commença ainsi sa carrière hémoglobite. A quoi comparer cette mollesse, elle s’approche des tapis persans, épais, chers à nos opiomanes du début du siècle passé, tous morts, à plus ou moins longs termes, intoxiqués ou d’âge vieux. 

L’étrange calme des mers d’huile, que je ne vis jamais autrement qu’en pensées, mers d’huile, je crois que je vois, ce calme là, seulement, lisant le mot, écrit, et, plus qu’écrit, condamné dans les dictionnaires, c’est pensant à ce mot, dans le Larousse, que je perçois, enfin, la mer d’huile, ennuyeuse à crever. Or, je ne m’ennuie pas ici, calme, à peine heurté, moi même, par le tac tac tac du clavier USB, ses touches profondes, bruyantes, que je ne vois que comme, le cornet grossissant du mouvement intérieur. Pas même la prémisse de mon moi à venir, inéluctable. Il faut bien en société se laver, avant, ce soir, de dîner dehors, Jeanne a réservé, un restaurant italien tout fraichement ouvert. J’y sentirai bon, je changerai de chemises, celle qu’avec plaisir je porte depuis trois jours, moi qui ne porte jamais deux jours consécutifs la même chemise. Temps d’exception, le soleil brille, la météo annonçait les grandes dépressions. Valentin, en ce moment, pour se défiler de toutes invitations, ne m’exprime pas son mal être, à travers les mots des psycho-pathologies, il m’envoie une carte du ciel, les dépressions atmosphériques. Pourtant il n’a pas une gueule d’atmosphère. Allez, à la douche, après avoir posté ce texte. 

17 octobre 2023

A tout le monde l'asile

Chapitre asile 

Les crises d’angoisse, Sélim ne les connaissait plus depuis longtemps, depuis la thérapie qui se déroulaient dans d’autres locaux. Avant, pour lui, tout le soin psychique se déroulait dans le même immeuble, sur deux étages. Au troisième, la psychologue et la psychiatre. Au quatrième, l’hôpital de jour, la TCC, le lobby de l’hôpital de jour, sorte de point de départ des activités fournies du soin ambulatoire, puis le réfectoire où lui et ses compatriotes de folie et de perversion se trouvaient nourris. 

 

Aujourd’hui, il ne se rend plus jamais à l’hôpital de jour, Sââna ne l’admettait pas, inquiète pour sa santé à lui, ne mesurant pas ce que c’était, aussi, cette forme d’alitement dans une structure psycho-sociale. Il a rendez-vous ce matin avec le psychiatre et la psychologue, à 10h30, il doit prendre le métro, tôt, l’habitude du réveil perdu mais là, l’urgence le saisit, le médecin — Sélim ne pensait pas user de ce droit — lui signalait, après chaque rendez-vous de ne pas hésiter à appeler.

 

La crise d’angoisse violente de la veille, la colère éruptive maintenant qu’il sait, que certains mots, certaines assignations, certaines exclusions, il ne les méritait pas, ça a fait comme un contre-choc et la réplique des tremblements de terre impressionne autant que les premières secousses.

 

Devant le bâtiment du CMP, il trouve deux ouvriers en train de fumer leur cigarette, Sélim se dit qu’il pourra peut-être entrer dans le bâtiment sans les gesticulations d’usage, taper les chiffres 002 — il a mis du temps à comprendre avant — puis presser le pictogramme cloche avant que la secrétaire n’ouvre la porte. Raté, la porte est close. Il compose les trois chiffres puis presse le bouton d’appel. En vain. Le bouton fonctionne mal et le panneau d’affichage le renvoie à l’écran initial. Sélim recommence, enfonce plus fort toutes les touches — y compris les 0 0 2 fonctionnels. Enfin. Il appelle l’ascenseur après avoir parcouru le hall. L’ascenseur ressemble à celui d’un film d’horreur, des bâches jaunes le recouvre comme si un tueur préparait ici son crime et, par ces protections, éviteraient de répandre le sang et donc les preuves. Sélim ne trouve pas les touches pour employer l’ascenseur. Il ne peut pas utiliser l’escalier à cause de la porte verrouillée par un badge. Il déchire une partie de la bâche. Il trouve finalement, sous l’opaque transparence du plastique jaune, les commandes de l’ascenseur. Le psychiatre, comme toujours, aura du retard.

 

on te croit

c’est marrant, ça, parce qu’il ne pense pas sa situation identique — à peine ressemblante — à toutes celles semblables qui croient du besoin aussi d’être crues. Moins que cru : entendu. Pas. Ecouté. Le drame, depuis un moment déjà, il provient du silence imposé, de la part injuste de ce silence imposé. Maintenant, il faut traiter. Progresser. Parler. A Sélim on reprochait, par tous les côtés, d’exprimer publiquement ce qu’il traversait, de déblatérer de haine et de bave. Expression conditionnée par le silence imposé. Chacun parle d’où il peut et sans interlocuteur alors demeure la tribune. 

 

Le médecin emploie le mot dissociation est-ce qu’on peut dire enfin. Il explique que si certains gestes redondants provoque l’amnésie décrite il s’agit de dissociation. Le mot déplaît à Sélim, il lui paraît trop grand. Mais ce n’est pas un mot, c’est un diagnostic, un commentaire clinique d’une situation rapportée. Alors, il marche. Pourquoi, au contact d’une certaine partie du corps — les longs poils du pubis par exemple — une décharge le traverse, le déréalise, l’éloigne de la situation. Il vit ces instants à distance, comme si un autre les effectuait, comme dans un souvenir, dans un malaise.

 

Le médecin permet de franchir un pas, de, enfin, provoquer en lui une action. Il lui parle, à l’évocation terrifiée des cauchemars, du Cataprecan, qui sert, en ces cas, à les abolir. Le médecin l’exprime contourné, gêné. Le remède semble violent. Il appartient à la classe des alpha-bloquants, le médecin donne aussi d’autres caractéristiques du médicament, Sélim bloque sur alpha-bloquants, parce qu’il connaissait, par usage répété, les bêtas-bloquants — et il paraît logique que, bêta n’existe que parce qu’alpha le précède. Alpha, ça sonne effroyable, une paralysie centrale, plus en amont que celle provoquée par les bêta ralentisseur du système para-sympathique, alpha comme s’ils atteignaient l’âme ou son siège moderne, le cerveau, les fonctions les plus nécessaires à ce qu’un être humain se distingue de ses homologues primates.

 

Lorsque Sélim lui déplie sa situation, ce qu’il qualifiera, le médecin, de dissociation, le médecin lui reproche, malgré tout, l’envoi du message, dans sa situation — juridique et psychique — il eût mieux fallu choisir, pour l’instant, un traitement différent du problème. Le médecin vise juste, ici, Sélim souffre, de ce que le médecin nomme, des obsesssions et ces obsessions se doublent de compulsions. D’abord il y a l’obsession, le besoin de voir fait droit à ce qu’il estime mériter — ici le dialogue, pas la reconnaissance — et que cette obsession aboutit — il l’exprimait déjà à Sââna ce qui explique pour partie son silence, il le sait — à de mauvaises décisions, à de mauvaises formes. Le médecin, d’autres le lui dirent, lui rappelle que la raison, ici, n’a pas prise, n’aura, chez ces gens là plus jamais prise. Pourtant on te croit, s’il déplie calmement, objectivement, biffant les noms, dépassionnant le débat, les faits, personne ne peut lui dénier le droit à une explication et, éventuellement, à des excuses. Sa question est-ce que tu te rendais compte et sinon comment as-tu pu pour ne pas te rendre compte ?

 

La psychologue qui le suivît, pour la TCC, auparavant, n’exerçait que dans le cadre des soins ambulatoires qu’il recevait et qu’il a quitté. Le médecin lui indique — c’est comme si devant l’abîme toujours une main le tirait du néant de justesse il aimerait que la main n’attende pas si longtemps — qu’il va proposer des heures à la thérapeute au sein du CMP. 

 

Ce qui intéresse Sélim, dans l’affaire, maintenant qu’il sait, comme depuis le début de cette année maudite, que toute justice lui est désormais close — il réclamera son dû — c’est de s’apercevoir combien les causes sociales et environnementales se superposent et s’enchaînent. Sélim, peut-être, n’aurait pas (re)vécu ces actes avec autant de gravité placé dans un contexte social changé, que, parce qu’il dût se concentrer sur les violences sexuelles, sur l’omniprésence de celles-ci, sur, même, lui surtout, accusé de telles choses, les choses réémergèrent, le sens se réactualise, le récit se recompose. Il y a d’abord eu les cauchemars, le bassin écrasé. De l’autre. Il y a longtemps. 

Plus tard, surtout, il se rend compte qu’il suit un processus analogue à celui de Sââna, il réécrit une histoire, sans mentir ni truquer, en pondérant autrement les éléments passés. La décharge contemporaine n’en est pas moins vraie, notre passé porte toute sa vérité dans nos réactions présentes — elles demeurent mobiles. Sââna, par exemple, savait depuis le début, dans toute son extension, ce que Sélim avait fait. Aucune nouvelle information ne la frappa pourtant son opinion changea, elle réécrivit qui il était. Plus encore, plus avant, elle considéra, Sââna, que le contexte excusait que les promesses cessent. En réalité, l’intérêt, la seule chose importante. Pourquoi ? Parce que l’important pour Sââna aujourd’hui, au-delà de se perpétuer, c’est de ne pas reconnaître, de trouver, absolument toutes les diversions possibles, extérieures à elle — concentrée en Sélim — qui rendraient nul son récit. Elle y parvient, Sââna, accompagnée de mouche à merde, traiter l’autre de fou ou de pervers ne change rien, en réalité, à la réalité des faits. Leur nature, elle, de ces faits, se conçoit après, à deux, la qualification n’appartient à personne en propre. On y peut déceler, au mieux, des indices. Pas davantage.

Le pire des déments, la plus grande des ordures, une sainte peut le blesser. Sââna se protège, parce que si elle devait faire droit à la possibilité du récit de Sélim, alors son système de valeurs ne tiendrait plus, du moins, son inscription dans ce système, alors elle doit trouver une autre raison, un motif sordide et pernicieux, pervers ou fou. Selon, elle, il faut croire, se reconnaître, moins qu’une faute même, une responsabilité, reviendrait à la nier. Il se souvient, maintenant, quand Sélim subissait des hordes, des hordes réelles d’harcèlement, des incitations au suicide elle se déclarait, auprès des autres, une victime, parce que Sélim exigeait que la promesse soit tenue. Mais, comme elle lui expliquait le contexte avait changé et avec lui les devoirs associés. Le contexte a changé. Encore une fois. Cette fois-ci à son détriment.

 

En réalité, conserver sa place dans ce système lui était possible — l’est encore — il eût suffi d’admettre la possibilité du récit de Sélim. Là. Maintenant. Devant l’explosion de douleur qui domine tout. Pas après, pas comme V. le préconisait, en faisant de l’hypnose. Sélim réclame parce qu’il croit en l’honnêteté de Sââna, qu’elle adhère, vraiment et absolument à ce qu’elle prône, ne s’excluant pas, déglutissant, péniblement peut-être, devant ce qu’elle, aussi, joua dans la partie un rôle qu’elle voulut toute sa vie s’éviter. Ce qui épate Sélim là-dedans c’est combien, Sââna rendit l’ensemble grave, collectif, violent, en mobilisant ses amis, sa tentative de briser, en amont le miroir et demander aux autres de décrire les images véhiculées par lui. Alors, Sélim, aussi, demanda aux amis « suis-je fou, ne vous ai-je fait des déclarations comme quoi je me forçais ? ». Il n’est pas fou, pas, du moins, de cette folie là. Il n’a pas demandé s’il n’était pas, comme mouche à merde l’a déjà décrété, pervers. Son refus, comme tout déni, raidit les positions, c’est que, se dit Sélim, si elle nie à ce point, si elle cherche, absolument à éviter, ce n’est pas tant par peur (parce que cette peur ne suffit pas lorsqu’elle la rapporte à ses valeurs déclarées) ou alors, plus justement, parce que la peur en question revient à se voir comme elle ne voudrait pas se voir. Pourtant, les faits, indubitables, se présentent à nous. Des années. Est-ce possible pendant des années d’ignorer ? Si oui comment ? Et il eût suffit de répondre à ces questions pour tout aplanir. Sââna, comme trop souvent les gens désormais, n’imaginent pas combien Sélim accepte de les croire. 

 

S’il continue de remonter le fil du récit, dans la crise récente, Sââna pensait ceindre Sélim d’un privilège en l’excusant, comme en droit pénal est irresponsable le fou, à cause de sa démence tandis que, se faisant, elle lui ôtait toute agentivité, ses actes, entièrement, prenaient la couleur de la folie, de l’hystérie, il agissait en possédé. A ces qualités, aujourd’hui, s’ajoute, mais c’est de la même logique, la perversion. 

 

Il s’aperçoit de ça, qu’aujourd’hui, il vit ça avec tellement de douleurs parce que les actes portent en eux ce degré de gravité que, surtout, ce qui leur donne sur la psyché cette action, c’est leur qualification sociale actuelle. Tant qu’il vivait avec Sââna il pouvait les diluer dans le noeud complexe de tous les rapports les unissant. Après la rupture, dans les conditions horribles de la rupture, la complexité s’estompait, laissant place à des faits, plus bruts, plus clairs. Dans l’embrouillamis nodal les faits, les actes, sont une masse compacte, indiscernables, fonctionnant comme une totalité. Une fois défait les noeuds deviennent des lignes autonomes, indépendantes, et certaines de ces lignes, supportables dans le tout deviennent, surtout sous cette lumière sociale nouvelle, ignobles, douloureuses. Ou, du moins, le semblent. Ce qu’il demandait Sélim, à Sââna, c’est, tu avais remarqué, ça, ces fils là ?  

 

Heureusement il a parlé, avant, Sélim, à ses amis, il peut brandir, au moins pour lui-même, pour sa propre raison, ces paroles rapportées, fermes, indiscutables. Sélim sait que, autrement, sa parole jamais ne comptera. Sélim s’arme, le diagnostic, dissocié, à partir de quoi, en plus du mot de Sarah, il avance, il raye. 

 

le pervers celui qui dit pervers se dit « j’aurais mieux fait de le laisser crever ». Sélim est presque d’accord puis il entend le film d’horreur espagnol qu’elle regarde près de lui, il est heureux de vivre. Il avance. Il avancera. 

16 octobre 2023

Scathophaga stercoraria

Chapitre Bonus - Roman

 

il a écrit aujourd’hui sans son journal intime : n’ayez pas peur, comme toujours, je ne dirai rien de clair, rien qui ne soit discernable à qui déjà ne sait pas tout, il dit, pourtant vous craignez je ne sais quelles explosions, ma parole se contient dans les bornes que vous lui infligez.

 

Sélim, qui voit le passage insensé, le tirage infernal, les lecteurs scrutateurs, comme s’il s’apprêtait à rédiger une lettre ouverte à destination du monde, à dénoncer, cruellement, sans vergogne ni limites quelque acte dont il se sentirait la victime. Sélim ne pense pas à ça, pas une seule seconde, en fait, il ne pense que ce cas, individuel, singulier, ne mérite un traitement public. Il croit, encore, Sélim, que les conflits, souvent, se règlent, dans le huis clos des intimités. Tout intervenant extérieur, soutien partial d’un récit partiel — récit connu que de paroles rapportés et non des mouvements minuscules qui animaient une relation vécue quotidiennement — empêche la résolution sereine des disputes.

 

Sélim, six mois, après la rupture, la rupture relationnelle, d’abord, la rupture psychique, aussi il faut le dire, écrit à Sââna, il faudrait qu’on parle de notre sexualité…ces dernières années…comment ça s’est passé…je me suis forcé…tu en penses quoi toi ? Sélim rapporte le message, comme ça, il omet, sûrement, forcément, une partie de sa violence qui, plus que violence, est, douleur. La violence, qui sera appelée perversion, par des intrus, la

 

Whataboutism

 

30 langues

  •  C'est drôle, mais je ne me souviens pas que les médias aient été si énervés à propos de la décision tout aussi stupide de Barack Obama de retirer une force résiduelle d'Irak. » Rich Lowry, éditeur d'un magazine d'information républicain après la vague de critiques suscitées par l'annonce par Donald Trump du retrait des troupes américaines de Syrie le 19 décembre 201815.

 

 

douleur, conditionne les formes d’expression, plus encore que folie, il semble, qui prétend canaliser le cri ? Sélim se demande ça sérieusement. Est-ce que le cri de qui trouve à son coeur une plaie doit, avant de le pousser, en trouver la retenue ? Quand cette douleur tue depuis longtemps, purule, le sang coule par où il peut. S’il salit les vêtements neufs de la vertu retrouvée, il n’y peut rien, le sang, de perler ainsi. 

 

Les intrus, Sélim s’en convainct, n’eurent jamais du intégrer la discussion, sauf si Sââna, par leur délégation, cherchait l’absolution. Elle ne réclame pas leur analyse mais leur pitié, pas la justice mais le pardon.

c’est un pervers pour les montagnards, un fou pour les girondins. Quoi qu’il advienne, Sélim le sent bien, plus que sa parole sans valeur il est lui-même dépourvu de valeur. Sélim, après la rafale subie, la rafale de mépris, de déni, de silence, les mots de la vraie violence, s’excuse parce qu’il se dit, Sélim, que Sââna ne lui peut vouloir du mal — Sââna et ses amis, eux, la protègent en l’assurant qu’il lui veut du mal, qu’il cherche à la heurter, que sa motivation se trouve non dans la question posée, dans la réponse cherchée, mais dans les effets délétères de ceux-là.

 

Sélim écrit à son amie Sarah, très proche, qui reçut, un jour, des mots couperets (cruels, d’une cruauté indiscutable), elle aussi, de la part de son ex, il lui écrit, Sélim, à Sarah, parce qu’il redoute, depuis le départ, dès avant d’écrire le premier message il redoutait d’agir comme lui, d’envoyer, pour blesser, que, même, ça jouait, longtemps, dans cette retenue…ça cède un jour. Ca ne peut pas être sa faute à lui. Ca ne peut pas. 

 

sa réponse, la réponse de Sarah, quelque part, le rassure, parce qu’elle donne de la hauteur, que, surplombant, elle le replace, aussi, à la dignité humaine, non Sélim ne se comportait pas avec cruauté, barbarie. Sarah efface le mot pervers. Efface le mot fou :

 

Non je ne suis pas sûre que tu m'en aies parlé en ces termes. Mais je sais que tu n'avais plus de désir pour elle à un moment ou même très tôt dans la relation. Je peux imaginer combien c'est blessant d'entendre ça. Et en même temps si tu as besoin d'en parler tu as raison de l'exprimer. Faire une X c'est avoir des motivations sous jacentes malhonnêtes : blesser, reprendre. Et tu sais ce qu'il en est des tiennes non ? Toute motivation honnête donne des actes honnêtes donc ne t'en veux pas trop. Mais comprends sa position aussi : putain c'est dur d'entendre ça.

 

Ce dont Sélim s’aperçoit c’est bien ceci, il fait au mieux, et cette fois-ci, de façon indiscutable, il se trouve, et sont les autres qui établirent l’échelle ! du côté de ceux qui subirent, que, personne, il l’a assez entendu, ne peut supposer à sa parole un arrière-texte ou un fou-texte. Sélim s’incline, c’est un défaut, devant la force, il la confond avec la justice, parce que toute justice découle de la force, alors quand il se voit insulté de pervers avec vigueur, il y croit un instant. Sélim a besoin de temps pour reprendre contact avec sa réalité, avec son être, pour ne pas être entièrement absorbé par le mot. Pervers, comme si, chose en gestation, au prononcé, comme certaines formules magiques, le font éclore, le mot, en lui, le confondant, désormais avec lui. 

 

Devant le mot de pervers il se remit pourtant en question, d’où, le message à Sarah, la peur d’agir comme X, peur qui le tenaillait depuis le départ, Sarah le rassure en ce que l’anamnèse qu’elle le conduit à faire, l’éclaire sur ses propres intentions à lui, il en venait à douter, à ne plus savoir ce qu’il cherchait vraiment, quelle folie, il se dit, quelle folie, ce mot pervers ce qu’il fait…ça se pardonne, ça ?

Parole, la sienne, motivée par un besoin, besoin récent, bien entendu, demeuré secret, auparavant, un travail lent et permanent, accéléré ces derniers mois parce que lui aussi subît des accusations graves. Accéléré parce que Sââna le conduisit dans une cellule d’introspection, étroite, humide, violente, où des cauchemars renaissaient, où une vie engloutie, enfuie, pas grave, comme il le pensait à l’époque, enflait, la nuit, régulièrement, maintenant, au moment de s’endormir, il sentait un bassin s’écraser sur sa figure et il tombait dans le sommeil, asphyxié plus qu’endormi.

 

Sélim obéît, se cloîtra, s’interrogea. Personne ne peut lui dénier, alors, son courage. Sââna, et tous les autres, d’ailleurs, ceux qui le désignent sous le vocable de pervers, le menèrent à un certain endroit du monde, orientèrent son regard de telle façon à ce qu’il comprenne l’ordonnancement, le nouvel ordonnancement du réel en un sens qu’il ignorait ou se dissimulait, un endroit d’où on lui demandait de se voir, de se juger, voire de se condamner. On le traîna, ici, sous le couteau de valeurs pas tellement nouvelles qu’aiguisées plus que jamais.

Et, d’être traîné ici, lui aussi se met à revisiter, réécrire, reconstituer, avec leurs mots, leurs images, leurs qualificatifs sa vie à lui, sa vie dans laquelle Sââna prît une place, dans laquelle le corps de Sââna accompagnait le sien, que le corps de Sââna, réclamait, que cette exigence se trouvait des insistances diluées certes répétées surtout, les tu sens bon qui exprimaient son désir, les j’ai besoin d’être désirée pour me sentir belle les ça me rend malheureuse . Des années. Des années de ce discours, il éructe, Sélim.

 

Alors, celui qui le traite de pervers prononce la phrase perverse, hypocrite, une phrase sans prix, une phrase que Sélim n’oubliera jamais :

 

tu ne me feras pas croire qu’elle t’a mis le couteau sous la gorge. 

 

Ca interpelle Sélim, cette phrase, qui se voit placer un couteau sous la gorge avant un rapport sexuel ? céder n’est pas consentir il croyait qu’il fallait faire tout droit, toute honneur à cette phrase, qu’elle ne possédait pas de genre ou que, du moins, sa véracité ne dépendait pas des acteurs. Elle trônait, sommet des hiérarchies morales. Est-ce que c’est un couteau sous la gorge le jour où Sylvain insiste parce que Violette accepte de coucher avec lui ? Comment ça s’appelle ? Surtout comment ça s’appelle quand ça dure des années ? Parce que, Sélim le comprend, là, en train de flipper dans sa chambre, que le dur vient de la répétition dans le temps, de ce que est-ce que ce serait grave pour elle si elle savait qu’il se forçait et est-ce qu’elle pouvait le savoir ? Voilà les questions. Elle choisît de les traiter comme des prétextes. Sélim a pris rendez-vous pour 10h30 chez le psychiatre et la psychologue. Il y avait longtemps que ça n’avait pas éclos en lui, bouquet de fleurs funestes, tout un abri de lys, d’oeillets et de chrysanthèmes.

 

Le type a ajouté :

tu ne me feras pas croire que tu avais peur 

 

et ça, alors, je ne sais pas, se sentir coupable de ne pas donner du sexe c’est pas aussi une injonction ? Il se souvient qu’il a lu, ça, sur Instagram. Différentes formes, ces pressions. Au départ, au départ, il ne savait pas, comme s’il devenait convaincu à force d’être nié. Le processus de radicalisation…ahaha, avec un prénom comme Sélim, il se marre, radicalisé. 

 

Faustine dit à Sélim t’aurais du lui dire à ce mec qui te tetraite de pervers : va te faire enculer mouche à merde, c’est vrai. va te faire enculer mouche à merde.

 

Alors, Sélim, après la culpabilité, celle d’avoir heurté, mal dit, d’avoir peut-être ressemblé à X. explose, quelque part, il explose à retardement pour être sûr, il demande autour de lui est-ce que je suis fou, est-ce que je ne vous disais pas déjà ça à l’époque ? Ses amis le rassurent, plusieurs, d’autres il ne leur demande pas parce que, proches de Sââna, il ne veut pas salir son image, il ne veut pas ajouter à la conversation, cette fois non des intrus mais des amis, forcer, encore, à choisir un camp, ceux qui s’épuisèrent déjà, ou qui, préservés, méritent un calme identique.

 

Sélim réclamait, tout simplement, une écoute, une clarification, quitte à être contredit, il ne prétendait pas établir inaltérable son récit, attendant l’assentiment et la contrition.

Aujourd’hui, il est de plus en plus sûr, de plus en plus sûr en recomptant les témoignages, parce qu’aujourd’hui sa parole à lui ne vaut rien, qu’il doit convoquer sans cesse les tiers, les témoins de moralité, les images inaltérées, le parfait screenshot. Qui, pour preuves, ne constituent aux yeux des autres aucune vérité. Seules les croyances comptent. Et on ne le croit pas. Sélim ne peut pas écrire trop de messages à Sââna sinon, quoi qu’il veuille s’expliquer, Sââna se persuade, et les autres avec elle, qu’il la harcèle. Ca aussi, ça lui semble bizarre, sa peur, à elle. 

 

Le pervers lui avait écrit un jour bien avant

 

il y a des faits

 

Ici, Sélim, à son tour, de dire :

 

il y a des faits.

 

d’ajouter :

 

il y a aussi des témoins.

 

Sélim peste, alors, donc, cet endroit, cet endroit de moralité, où on le menait se gère selon une règle variable, défavorable, forcément à lui, qui, coupable une première fois, jugé tel, perd à tout jamais la possibilité, de se plaindre, de ressentir, que rien ne pouvait lui être épargné, même pas la réalité de sa douleur, même pas la vérité de son cauchemar. Alors, il demande, oui, Sélim, à ses amis, s’il n’est pas fou. Ils lui disent, ces amis, tous, tu n’es pas fou ou Oui, tu me l’as dit. Il envoie ça à Sââna qui partage à tous les autres intrus, convaincue, Sââna, et eux avec elle, que Sélim n’agit de la sorte que, pour, encore, l’enfouir sous des tonnes de son âme à lui, détritus organiques, quand, il montre, lui, par là, ce qu’il signifie tu vois bien Sââna, je ne te mens pas, je demande TA vérité. Parce qu’il sait, Sélim, depuis longtemps maintenant, le sort réservé aux coupables d’avance, inécouté, trop gravement affecté par la tache, lui confondu avec la marque, le stigma diabolicum. Des années, il dit, pourtant, des années de ça. Sélim repense, les images réapparaissent brutales, indiscutables devant le refus d’être discutées. La négation, les insultes, cristallisent plus assurément les faits, ils deviennent incontournables, durcis. 

D’abord les cauchemars, connexions nerveuses désagréables, se muent en réalité concrète. Alors, oui Sélim l’affirme, c’est de sa compétence à elle, Sââna, de sa compétence parce que de son fait, six ou sept années, de ces gestes répétés qui, aujourd’hui, explosent en cauchemars, relèvent de sa responsabilité à elle que son refus d’en discuter la rend responsable de ce dont, si elle avait répondu, eût été parfaitement — possiblement parfaitement — innocente.

Il ne partage pas, Sélim, les réalités matérielles, le contenu de ces réalités, les faits exacts, il ne le fait pas et peut-être de cette description imprécise, de demeurer dans l’état abstrait, se rend louche à leurs yeux, laisse un espace interprétatif à sa défaveur ? On n’imagine son silence une faille quand Sélim s’en abstient parce qu’il trouve que là, ce serait cruel, de décrire tout à fait exactement, secondes par secondes, ce qu’il ressentait, ce qu’il a vécu.

Il peut en faire le découpage 24 images/seconde, rapporter des textures, les rapprocher d’émotions et surtout, surtout, ce qu’aujourd’hui ça touche de concret en lui, l’obstacle réel dans sa sexualité, les gestes qu’il se met à éviter, les détours pris, les réminiscences, il ne dit rien de tout ça. Il ne dit pas parce qu’il sait que s’il entrait dans les détails — ce texte ne comporte aucun des détails dont il est question — alors, là, vraiment, il casserait quelque chose et que, ceci, oui, il en est sûr, n’est pas son but, il ne souhaite interrompre aucune vie, il souhaite continuer la sienne, la reprendre après qu’on le traînait là. A ce point du monde, qu’on dit meilleur pour tous. Il compte encore parmi le monde. Il a droit à sa part. 

 

Le monde déteignit sur lui et lui aussi, il déteint.

 

 

sélim se souvient amer des vidéos qui limitent sa responsabilité, la diminuent au point exact de sa déclaration. Pas en deça, il l’accepte, ça, toute l’étendue de ce « ça » mais pas plus cf. la vidéo, il se dit, cocidille mentale. sélim, à cet endroit là il se met à bouillir, le refus de tout élément, objectif même, dès qu’il provient de lui comme si lui Sélim putréfiait lui qu’importe que l’autre cette fille là la glaçante avouait explicitement explicitement

15 octobre 2023

All play means no sex

Au lit, après la longue soirée d’hier, terminée à 6h du matin, avec Le Moine, électrisant jusqu’au matin le groupe, les lèvres parées de rouge, les sourcils madrés, nous discutons avec J., le rideau tiré, des gestes de séduction entrepris par les hommes, les certitudes qu’ils affirment devant le moindre signe d’intérêt d’une femme — politesse, gentillesse, crainte. Cassandra, aujourd’hui, ma très belle et douce ancienne amoureuse, ajoute Etoile sur Instagram qui, devenu fébrile, demande par DM « qui est cette charmante fille », J. répond, je synthétise, « l’ex de Jonathan ». Après ma sieste, je reçois de la part d’Etoile « c’est quoi ce bin’s avec Cassandra » J. « ils ont échangé, elle l’a bloqué ». Etoile, à qui je réponds « ? » s’étend, gentil laïus inquiet, persuadé, en réalité, ne me le rapportant que par détours, l’exprimant plus clairement à J. « on n’ajoute pas un compte privé par hasard (…) je suis doué pour repérer ce genre de choses », se persuade que cet ajout traduit un intérêt sexuel que, parce qu’elle le bloque, le motif vient d’une sorte d’embarras de sa part à elle — parce que nous la connaissons — et certainement pas de ce que lui a été relou, de ce que, son profil Instagram lui a été suggéré par l’algorithme et, elle, accomplissant le geste banal et distrait de l’ajout. De bien connaître Cassandra l’explication d’Etoile de la supposer retorse, inquiète d’entrer en relation avec des connaissances de son ex. 

 

Si je réfléchis à ceci c’est d’observer, régulièrement, ces processus étranges — accentués jusqu’à la démence ici par Etoile - de ce qu’une femme échange avec un homme que cet homme, de là, imagine un intérêt immédiatement sexuel. Récemment, nous buvions vers 23h, près de la librairie, avec Valentin, des verres avec José le libraire et Césarin, près de nous, deux filles inconnues, Louise et Anastasia, se trouvaient, l’une d’elles, Louise interpella Valentin de boire un café ce qui lui fit s’exclamer, de son regard joliment étonné « mais tu bois un espresso ? » qui amorça folle soirée, dialogues intempérés, mouvement jusqu’à la fermeture des troquets, puis passage, ensemble chez Valentin, le doux appartement de Valentin, l’émerveillement qu’il suscite, chaque fois, l’appartement. Les vagues accrochées à nos pas, moi, qui à 5h30 rejoint J. en Uber, Valentin, à 6:17 m’écrit « ils sont partis ». Le parallèle entre cette situation et celle d’Etoile c’est que passant moi à la librairie, au retour de Palerme — j’y avais laissé un livre pour Louise — José me dit « Césarin était sûr que Louise passerait à la librairie lui demander son numéro » ce qui m’interpellait parce que, d’être demeuré en rapports assez serrés avec Louise — Valentin de même — jamais elle n’évoqua Césarin — à qui elle fit lire ses poèmes, au café, mais Louise, son enthousiasme trouble les jugements plus encore ceux des maladroits en amour et en séduction — non par un embarras devant ses sentiments naissants à elle —elle ne dissimula ni ne retint, ultérieurement, son affection pour Valentin. José me dit « Césarin, allait, après que Louise l’aura contacté, couper court » se projetant, dans un scénario tout complexe de noeuds, d’une relation non-née dans laquelle, empereur, il baissait le doigt pour l’exécution. Amusé, je le rapporte à Louise qui, s’en agace, passant à la librairie, pendant mon séjour à Palerme, elle ne réclama pas le numéro de Césarin et trouva plutôt irritant sa manière. Disposant désormais de l’intégralité des éléments, je vois le système déployé — maladroit parce qu’incompétent — de Césarin. Convaincu, au cours de la soirée, d’une attirance réciproque il entreprit un jeu qui, croyait-il augmenterait le désir de Louise et par là son empire sur elle. Lorsqu’elle lui demanda son numéro, lui il faudra passer à la librairie le demander. Le Mystère se dit-il, il se dit le mystère, le charme poétique — il reproduit mon geste de tu récupèreras un livre à la librairie qui ne portait pas, le mien, de volonté mystérieuse ou de séduction, pur don — je comprends à l’instant qu’il reproduit parce qu’au moment du présent lui : t’es parisien…t’es parisien depuis toujours ? cette sorte, pour lui, alors d’aisance spontanée, de charme. Louise, je lui parle, plus tard, autour d’un Moscow Mule de ce que Césarin racontait à José et elle, à moitié décomposée et irritée, ah bon ? C’est que non, qu’elle trouvait sa démarche ridicule, que ce jeu de pistes ne présentait aucun intérêt, elle le trouvait sympathique — comme nous tous — et parce qu’enthousiaste se trouvait là de nouveaux amis, une plus grande diversité, pliure agrandie de l’éventail. Lui, prêt à couper court, imaginant, à cause d’un bonjour, une forte inclinaison, croyant, dans le vent d’automne qui empourpre le visage, peut-être, les premiers signes d’un amour, les rougeurs de l’amour. Au lieu de s’inquiéter devant le visage grêlé d’une adulte à la varicelle, il se suppose un grand triomphe, prêt, hélas, devant la pâmée à l’écarter d’un signe désolé. 

 

alors moi je me souviens, on parlait avec M., par Instagram, je n’avais pas de visage et elle je la trouvais jolie, ne souhaitant pas — constatant tout de même — couchant bien plus tard avec elle — entrer dans un rapport de séduction — de séduction sérieuse puisque je demeure toujours charmeur. Je, tout différent en ceci de Césarin, lui déposai, la prévenant, un livre Mary Calloway, dans un endroit secret, près du cabinet d’avocat où elle exerçait, le dissimulant, dans les fourrés, un mot inscrit à l’intérieur, un post-it collé sur la couverture noire suppliant qui le trouvait de le laisser s’il ne s’en sentait pas le destinataire — rendant plus visible le livre discret par cette excroissance colorée. Lorsque j’en parle à J., qui n’aime que les choses simples — à condition qu’elles soient belles — elle me dit — je le sais — « ah ça m’aurait soûlé » lorsque j’en parle à d’autres, femmes et hommes, ils en sont séduits. Souvenirs, aussi, pour faire mon intéressant certes là cette fois-ci, au premier rendez-vous avec Cassandra, au Andy Wahloo, apportant des fraises de chez mon bon primeur (ou Berrie’s?), dans un petit mouchoir, pour les étaler sur notre table, geste splendide parce que rare et précieux, parce qu’écho gourmand à celui plus banal des fleurs, s’y rapportant, en déviant — moi maladroit tout de même oubliant dans le uber qui m’y menait mon sac — courant à sa poursuite — arrivant suant au rendez-vous, mais digne, divertissant de mes cheveux humides par l’apparition miraculeuse des fraises juteuses. Revenant, sans réciter, à la légère improbabilité proférée par le poète. Avec mon corps de faon comme J. m’appelle depuis toujours. 

 

Je voulais dire, les hommes prennent toute curiosité pour promesses de batifolages, suçage de bites dans les toilettes les plus proches.

12 octobre 2023

S'exciper

Lorsque je rencontre de nouvelles personnes J. pense que je veux coucher avec elles. Parce que, depuis plusieurs années désormais, je ne supporte, exceptés les vieux amis, que les femmes. Détestant, maintenant, les façons viriles d’exister, ces histoires de coudes et d’épaules, tout ça me lasse ou me répugne. Souvent répété, de ceci moi nullement excepté. 

 

Drôle d’allure, il dit, Finkie quand J. lui montre les photographies de notre voyage en Sicile. Drôle d’allure, dit-il, J. l’imite, avec l’accent chevrotant de son âge, quand il voit en photo mes costumes colorés. Un air que j’imagine de surprise sans courroux et, J. me détrompera - je ne lui demande pas, allongée dans le lit, à cause de son jour douloureux des règles, regardant un film - une certaine forme d’assentiment étonné. Drôle d’allure, suspension, aussi-déjà, d’un jugement, une affirmation de forme interrogative, miscibles, ici, les … et le ?

 

J. parle de sa voix tranchante comme un rasoir - qu’à son goût ne rencontre pas assez souvent ma barbe - lorsqu’elle prononce cette phrase. J. croit, à raison, en son instinct et je me demande, alors, pourquoi ici elle fait erreur comme, à d’autres moments, quelles régularités dois-je identifier pour comprendre le point nodal de son instinct. Y réfléchissant la nuit, hier 

 

tu boudes me demande J. ? tu es fâché Miaouss ? Désolé Miaouss — sa contrition plus faite d’indifférence quant à ce désir qu’elle me suppose qu’à une remise de son jugement

 

je découvre. J. excelle pour déterminer des situations advenues ou, éventuellement, en train d’advenir, ce qu’on dit du flair or ne se sentent que les odeurs réalisées, que les parfums déposés. J. se trompe rarement quand elle décèle un mensonge, une pratique révolue, elle se trompe, cependant, accordant trop d’assurance à son acuité, lorsqu’elle croit découvrir un lien entre un discours et un acte. Pourquoi ? Parce que, très souvent, sûrement, certaines prémisses produisent des faits similaires. Ici, J. pèche, parce que - rare faille de sa fine psychée - elle projette sa psychologie dans le discours de l’autre - ou le sens habituel qu’elle observe - si moi je disais ça alors ça signifierait ceci ou version amoindrie lorsque les gens disent ça (elle ajoute je les connais - à raison) ça signifie ceci. J’échappe, depuis toujours, à ces catégorisations, mon discours traduit ma pensée, bien entendu, mes récits correspondent, jusqu’à un certain point, à une réalité banale, mais ma psychologie, comme mes notions de bien/mal, ne se confondent pas, loin s’en faut, d’avec celles ordinaires. Ce que me dit J., alors, me pénètre, puisque, si elle pense ça alors je dois faire attention aux signes attentif aux signes pour faire attention à elle, danger permanent des homonymes doublé de ma graphie maladroite. J., fait partie des rares personnes, à dépasser ma curiosité, qui, avant même, hors de ce qu’on dirait amour ou désir, maintient à son endroit mon plus grand intérêt, une excitation permanente, joie, évidente, surtout, surprise. 

 

Ecrivant, alors, depuis tout à l’heure, je l’admire, dans le lit, le pyjama la belle et le clochard (me montre-t-elle en permanence un miroir ainsi parée pour la nuit ?) sur le corps, la forme sinueuse de son corps, ses membres opérant de brefs virages à chaque endroit articulé, les images clignotantes de l’écran sur son visage, réfléchi dans le verre de ses lunettes (que je n’aime pas, les grandes lunettes Dior, rayées, qu’elles portent si bien pourtant). 

 

 

26 septembre 2023

Miroir mon beau mouroir.

Lassitude du jour (hier, maintenant, texte commencé hier), Marie-Anaïs, avec son oncle, hier récupérait ce qui lui restait de notre vie commune, sa part. Son oncle, qui l’accompagnait, exigea d’elle qu’elle prît le miroir Maison du Monde, les verres en cristal Villeroy&Bosh, les casseroles Marc Veyrat, le wok Marc Veyrat — abîmé c’est moi qui précise - parce qu’il les lui avait offert et que, donc, une valeur sentimentale s’y attachait, valeur sentimentale, expression ici toute faite et toute contrefaite. comme s’il pouvait, lui, juger de la sentimentalité ou non d’un objet, trivial, encore, d’ailleurs cet objet, morceaux de laiton assemblés, valeur sentimentale, bien davantage pour moi, tous les gestes superposés sur le revêtement du wok, les taches de brûlé, la pellicule brune, parfois, tous les plats cuisinés, réussis, les ratés, mes souvenirs, ma sentimentalité. Qui, pour lui, vient, lointainement, de ce jour, un Noël passé, une dépense au milieu des autres dépenses (entre la Ferrari, l’iPhone de P., sa fille et la pompe à chaleur de la piscine) Marie-Anaïs s’en fout. Valeur sentimentale, oui la bibliothèque verte fabriquée par son grand-père décédé, moi, attaché à cette bibliothèque, forcément, aussi, tout compte de cet aussi qui n’est pas un autant,  aussi qui, s’incline, largement, devant le sentiment réel, clair presque douloureux. Comme, de la même manière les Pléïades, seul héritage vivant de qui voulût léguer davantage — trésor perdu dans les naufrages administratifs —Marie-Anaïs attachée, pour de vrai, parlant de sa propre voix, de son propre désir, de son plaisir personnel.

Pas l’Oncle qui se mêle et me blesse, introduit ici je ne sais quel narcissisme pour parler de lui, voilà l’attachement ; marie-anaïs sent an attachment ; la pièce jointe : un lien vers le miroir sur le site de Maison du Monde 

https://www.maisonsdumonde.com/FR/fr/p/miroir-rectangulaire-a-moulures-dorees-77x120-altesse-164888.htm?cq_src=google_ads&cq_cmp=19198991891&cq_con=&cq_term=&cq_med=pla&cq_plac=&cq_net=x&cq_pos=&cq_plt=gp&gclid=Cj0KCQjwvL-oBhCxARIsAHkOiu095XBUX6mEEKZAb51Ao9oxnFOEs0GGbBm2jFLcVE5I_lMDV55Er8kaAmUqEALw_wcB. 

Comment expliquer que je n’aime pas n’importe quel miroir, non fongible en ceci, j’aime le miroir briqué récemment, les marques noires déposées sur le papier peint par lui, les guirlandes emmêlées qui lui faisaient comme une coiffure lumineuse, croire que le modèle Altesse à 179,99 Euros suffit quand je tiens, dans ce miroir, à retrouver mon image incrustée, ce dont, gai ou honteux, il fut témoin, ce reflet là, de cette lumière ci. L’Oncle en a décidé autrement et je ne lui pardonne pas de décider pour moi, pour nous, pour, plus encore, un lieu, il s’attaque à ici, appartement chéri, déjà, par moi, par les amis, par les amantes, passagères des derniers mois, honni par sa mère — autre titre de gloire. 

 

Le téléphone sonne : 

 

Maman c’est vraiment un truc de gwer … je ne pensais pas Marie-Anaïs comme ça  Moi : c’est pas elle, je le sais, son oncle, elle fatiguée, pas envie de lutter 

J. elle manque de cojones…faire intervenir des adultes

Maman : déjà pourquoi il est rentré chez toi, il aurait du attendre sur le seuil (vrai)  c’est son oncle riche ? en plus …c’est pour ça qu’ils sont riches. 

 

après la rupture, quand maman me demandait le motif, avec l’embarras de sa culture, je lui dis, schématisant, que, simplement, une de mes crises déborda le supportable et que Marie-Anaïs ne la souffrit pas. Mon mécontentement envers elle tenait — tient encore — à la forme partielle de lâcheté qui l’habita, qui habita tout le monde, moi excepté, en ces matières, je le suis peu. 

 

Ce miroir, pour moi, comptait parce que, plus que son miroir ou que notre miroir, il appartenait au lieu, à l’appartement, chez moi en enlevant l’objet on arrachait tout autant la mémoire. Je l’acceptai hier, mécontent, je l’acceptai, après tout le prix parce qu’il nommait valeur sentimentale, surtout le prix, la valeur monétaire et le geste, le seul pour lui qui comptait - le moins nécessaire comme le donneur de sperme ne fait pas l’enfant - de son don, sans voir combien dérisoire, peu nécessaire, en réalité, on se serait débrouillés. Ce que je dis, souvent, voilà, je me serais débrouillé. 

 

Puis, aujourd’hui, l’envie de faire bouillir de l’eau, où sont les casseroles … puis je prolonge la réflexion où sont les verres ? je n’ai plus verres ni casseroles à cause de leur valeur sentimentale. Ici, j’appelle mesquinerie, petitesse le comportement de son oncle. Parodie de sentiment. Avec l’emménagement nous distribuâmes les livres en double et en triple dans toutes les directions, les passant par rimes et profits, j’agissais de même concernant la vaisselle, 

 

certitude de ce que Marie-Anaïs n’y est pour rien : les assiettes demeurent ici, l’écran offert par sa tante demeure sur le bureau etc

 

douleur, Marie-Anaïs a emporté toutes les sciences humaines, ce que Mehdi appelait livres de connaissances. 

 

Alors, je déborde, encore, toujours, alors, j’imagine, devant le flot de messages, je redeviens aux yeux de Marie-Anaïs fou. Tandis que je n’exprime rien tant que le choc intérieur, que celui-ci, choc, tout ordinaire devient indiscernable de la folie, se confond entièrement ou presque avec la crise, semble, même, pour qui mal intentionné, un prétexte, quand, la déchirure, réelle, la déchirure dans le réel, celle qui, depuis des mois, me détruisit le plus. 

 

18 septembre 2023

Paysage dans le brouillard

Je découvre que cette sensation de brouillard cérébral, décrite depuis des années dans l’incompréhension générale, correspond à une réalité médicale connue et non-expliquée. Si nous en ignorons la cause nous pouvons la supposer, puisque partage d’un grand nombre, commune quand même innomée.

dans la fiction souvent se trouvent représentés des individus à moitié bannis de la société à cause de l’emploi qu’ils occupent. Le bourreau, jadis, charge héréditaire — les fameux Sanson qui après avoir exécuté les décisions des cours de justice monarchiques exécutèrent les rois au nom de la justice républicaine — se voyait réservé, chez le boulanger, son morceau de pain ; réservé parce qu’alors exclu, séparé du reste des êtres humains lui qui, pourtant, se contenter d’être le visage et la main de la justice et des lois ; c’est à dire de la société en entier. L’équarrisseur, lui aussi, découpant les carcasses des chevaux dépecés ne jouissait pas du demi-prestige du boucher, l’équarrisseur, lui aussi, trouvait sa pitance distinguée de celle des autres. Le boucher, quant à lui, alors, ceint de sa charge — héréditaire encore — d’officier de bouche bénéficiait des largesses symboliques, occupait dans la hiérarchie sociale la première place après les nobles, le sommet des bourgeois — à qui se joignirent-t-ils les douze bouchers officiers de bouche au moment de la Révolution. Les officiers de bouche, métier de sang, autant que l’équarrisseur ou le bourreau, traitant la mort à pleine mains, ne dégoûtait personne. Il en fût un même qui — tout vulgaire — pût épouser Olympe de Gouges, La Olympe de Gouges, nous ignorons, encore, si, entre deux découpes, l’officier de bouche épousé, je crois, en 1755 — je regarde wiki, 1765, erreur — rédigea la déclaration des droits des bouchers et charcuteries. Il faut savoir — il faut le savoir — qu’en ces temps troublés toutes les proclamations ne parvinrent pas à la postérité ni à leur entrée en vigueur — la plus belle Constitution, celle de 1793, qui permettait au peuple — mais le peuple nécessite-t-il une autorisation ? de se révolter si les tyrans prenaient le pouvoir, cette Constitution scellée dans un coffret de bois sous l’arbre de la liberté.

Personne, d’abord n’y croit, la plupart s’imagine pouvoir comprendre de concevoir les symptômes pour les avoir — fugacement — éprouvés ; je ne les éprouve pas, fuyards, ceux, là, ils, les symptômes, me surprennent, s'installent, sans départ. Après son apparition, aucun couteau assez aiguisée n’écorche ce brouillard, l’alcool, peut-être, feu curieux, s’il ne me plonge pas dans l’abîme pire, peut m’en arracher un instant, trouée de lumlière. Au prix, le lendemain, d’un brouillard décuplé, augmenté, celui-là, de la nuit noire, de l’épuisement, du couteau retourné contre soi. Ne s’en faut-il pas de peu qu’il n’entame la jugulaire ? 

 

Ceux, donc, les bannis malgré eux, ces ancêtres, en quelque sorte, des éboueurs — travaille bien à l’école sinon — traitant, pour le reste des êtres, de la fange humaine, ceux-là, déclassés au-delà — en deça — de l’humanité. Je pense à ceux, les gueules cassées, comme on les appelait, ceux de retour de la guerre, la Grande Guerre, la Der des Der —Mdr MdDer — qui, revenant vainqueurs, eux, le glaive de la victoire eux qui sauvèrent de la sauvagerie allemande — on saura leur brutalité un peu mieux encore quelques dizaines d’années plus tard — tout un peuple, eux, donc, ces sauveurs rejetés par le monde, leur visage qui devait les placer au-delà de l’humanité, les situait, soudain, à côté, ou, du moins, si au-dessus, quelques mois, vite dégringolèrent avant que, mauvaise conscience forcément, ils se voient déplacés, médailles et carte d’invalidité, mis sur le côté devenant des autres, des fossiles, le mauvais souvenir, ils se mirent alors à se cacher, ils craignaient de transmettre à leurs enfants — les femmes craignaient aussi ceci — cette gueule nouvelle. Ils revenaient héros et finissaient rebuts. 

 

Les jeux-vidéos accentuent — ce n’est pas normal — cet état de brouillard, quelques recherches me montrent la communauté de nos symptômes, à nous, les joueurs, occasionnels mêmes. Pourquoi ? D’où vient ce que de nous, pour nous, s’élève, après les quelques minutes de rosée — le plaisir — cette brume terrible, épaisse, suffocante, pareille à l’air des montagnes mais ces montagnes, alors, incinèrent des déchets.

 

Souvenir, le film Rambo, ta-ta-ta-ta, ce n’était pas ma guerre, Rambo le premier, quand Rambo à demi-exilé dans son propre pays, pour qui il fit, qui portait, lui, la défaite, qui inquiétait — le stress post-traumatique le sien celui d’une société. 

 

Est-ce une sorte de défaillance de l’oreille interne, un mal des transports, une malcompréhension de mon cerveau de ce que le mouvement de l’image ne correspond pas à la réalité des translations de mon corps ? Que lui, le cerveau, suivant à son gré, par imagination, ou, dit-on, pénétration — ces traversées épineuses comme dans le rêve — un chemin de traverse souhaite abandonner le corps. Le brouillard alors, ce conflit, cette résurrection des dualités, celles passées, chassées par des siècles douteux de philosophie et de science mécaniste ? 


Je relis le manga Claymore. Des monstres, capables de prendre apparence humaine, envahissent les villes et massacrent les populations, pour se défendre, les être humains créent des êtres hybrides. Après avoir prélevé les cellules de ces monstres, elles sont incorporées à des individus. Seules les femmes se montrent assez compatibles et incorporent un ordre, celui des Claymores, du nom de l’épée qu’elles portent toutes. Leur hybridité leur permet de repérer les monstres dissimulés et, parce que dotée d’une grande force augmentée par un entraînement rigoureux, de les terrasser. Les services des Claymores — des hommes organisent leurs missions et en touchent les subsides qu’ils redistribuent —se monnaient. Les Claymores accomplissent leur devoir, sauvent la vie des villageois et ceux-là, villageois, après l’exécution du contrat, chassent celles-là, les méprisent, les conspuent. Ces femmes qui, pourtant, jamais ne choisirent ce rôle, elles, enfants enlevées, torturées, qui, aujourd’hui défendent le monde, elles, pourtant, rejetées, demi-bannies, vivant, autarciques entre elles, pures fonctions, bourreaux malgré elles qu’on priva de tout sauf du meurtre — si meurtre encore l’élimination des monstres.

Je dois me tenir à des rigueurs inhumaines, pratiquer des activités sportives à haute intensité — du cardio — lire, beaucoup, écrire un peu, pour échapper à ce brouillard, comme une course, un horizon à l’envers qui me pourchasse — ou moi l’horizon et le brouillard le poursuivant plus vainqueur, plus habile que les garçons ou les fillettes pourchassant les arc-en-ciel — une vie non-humaine, coupée de toute plaisir pour s’épargner cette sentence de brouillard épais. Ce paysage encombrant comme une immense suffocation, les poumons, ceux dans la tête, ni branchies, ni appareil proprement humain, une petite cavité, le cervelet, la folie. Par là. 

 


Naruto, lui aussi, jadis, au lieu de recevoir la pitié de tous, en subissait le rejet, lui en qui fut scellé un monstre sacré qui ravagea le pays, décima le village et, surtout, tua ses parents, le rendant orphelin, lui, le torturé, traité en monstre quand son existence même et toute sa douleur, au lieu d’en faire l’enfant maudit eût du en faire le saint. Au lieu de l’autel ou du plus simple respect, le voilà humilé, ithyphalliques et pioupiesques leurs quolibets l’ont dépravé.

 

Comme s’il fallait couper le corps, le soumettre, le foutre au ceps sans réduction possible de peine, perpétuité, j’ai lu, que, parfois, les cristaux d’oreille, causaient ce déséquilibre, que, peut-être, moi, voilà, je porte, au lieu de cristaux, paillettes, cristaux écrasés, la meule, la vie, ou le cerveau, le poids des soucis, comme dit J., 



Alors ceux-là, les plus nécessaires, les plus décisifs, toujours les plus rejetés, ceux-mêmes, je veux dire avant les impératifs économiques qui mettent dans les mains du misérable la boue et la merde, ceux qu’on projette dans la boucherie humaine, ceux défigurés par les maîtres fumant cigares, décidant, eux encore, des prochains crimes, des nouvelles humiliations ceux-là, oui. 

 

 

 

Et moi. Le poète. 

 

Je me souviens, soudain, la soeur de Marlène, des années en arrière, à propos d’une de ses amies, jeune amie, dans les seize ou dix-sept ans, qui utilisait Tinder, au début de Tinder, une fille d’une laideur, l’amie de la soeur de Marlène, inouïe, quelque chose de rare qui n’entrave pas le désir, qui ne peut freiner ce qui remue — la vie — que la honte n’abat pas encore — elle sait résister — la fille, avant, picassa, avant toutes ces applications ajoutant à la trahison des images, se corrigeait un peu, sa laideur apparrente, pas à ce point, peut-être, assez pour ne pas attendre beaucoup, cette fille qui rencontrait des mecs, des mecs plus âgés, tous railleurs, la question venait après, ce que c’est cette moquerie, si elle se passe après l’avoir baisée ou sans l’avoir baisée. Que le sort, le doute, ne résidait qu’ici, s’il se vidait les couilles ou pas, s’il lui reprochait de mal sucer ou s’il venait le garçon avec d’autres garçons pour tendre le doigt déformer la bouche.

je ne sais plus rien. 

7 septembre 2023

Lucky Strike

texte commencé hier :

Sur le présentoir de la librairie La Régulière, rue Myrrha, sorte d’avant-poste des transformations bourgeoises de Barbès/Château-Rouge/Goutte d’or (Mehdi parlait de Bobonobos pour qualifier, lorsqu’il vivait parmi elle, la population d’ici, affreuse, rétrospectivement, cette dénomination), un livre Le  Kumquat et dix façons de le préparer. Cette nuit de peu de sommeil et de beaucoup de sport, suivant une nuit de peu de sommeil et d’un peu d’activité sportive, exalte mon imagination, je n’entends pas encore, contrairement à Virginia Woolf (Virginia Woolf n’est rien à côté de toi dit Jeanne, dans le jardin de la rue de Linné, ton ironique et sévère à la fois) les oiseaux chanter en grec, je sens, à la place, le goût du Kumquat que, d’abord, à cause du dessin de la couverture (entraperçu), je confonds avec un litchi, je sens en premier, la peau granuleuse du litchi, l’écorce, ouverte, dégage l’odeur fraiche du fruit, la texture lisse et humide du fruit, puis, je me souviens du vrai (je m’approche du vrai) Kumquat, la couleur orangée du Kumquat tire vers le jaune (ou l’inverse), l’air perdu (un indien dans la ville) du Kumquat ici, en France, au milieu des baies minuscules de toutes les ronces (ronciers) et les mirabelles (souvenir des mirabelles que Marie-Anaïs achetait chez le primeur de la rue des Martyrs, 15 euros le kilo goût sublime et prix exorbitant, plus tard, elle ramenait, fière, des mirabelles du bas de la rue des Martyrs, 50% moins chères, heureuses d’avance de la bonne affaire, mais fades, dures et, donc, mille fois plus onéreuses).

Du Kumquat je ne connais que la primitive façon — toujours la meilleure, comme en amour, éructer vaut mieux que pérorer — de les ingérer comme de petits bonbons (je ne mange plus de bonbons depuis samedi parce que j’ai trop déconné) discrets et sains — mon application de comptage de calories ne connaît pas le Kumquat, je demande à Google, 55 calories les 100 grammes (équivalent de 3 fraises tagada ou 15 grammes de fraises tagada). Le goût du Kumquat, le fruit, texture d’abricot, peu juteux, le goût du café (le troisième de la journée) interfère avec les sensations — je continue le texte une heure et demie après — la grande fatigue et ses sensations aberrantes se dissipent, le goût imaginaire du fruit s’efface derrière celui réel du café (ajout du lendemain : très bon, d’ailleurs là-bas, café Lomi ouf, échappant à l’immonde café richard qui vend sa camelote partout dans Paris, café Lomi, aussi, souvenir, 2012, Marie-Anaïs à Paris, nous cherchons les bons cafés parce que nous nous découvrons, alors, une passion du café)

 

hallucination sensorielle mais

absence du chant grec des mésanges je ne sais si due à mon insensibilité aux roucoulements des oiseaux d’aujourd’hui, surdité si partagée ou à ce que les oiseaux, folie ou pas de l’humain, eux, aussi oublient le grec et le latin. Ou alors, moineaux seuls capables d’antiquiser et, eux, dans les grandes villes éteints presque tout à fait, souvenir, ému, de l’enfance, lorsque, ne comprenant pas le grec alors, je pensais, à cause de leur communauté d’ailes et leur disparité (petit/grand) physique que les moineaux deviendraient pigeons. Les moineaux disparurent.

 

Je n’ai pas mangé depuis 14 heures et quelques comme me l’indique l’application Yaizoo, je dois perdre du poids parvenu que je suis à force d’excès et beuveries, à un IMC de 22,8 (avec graisse viscérale), je pratique le jeûne intermittent malgré les incertitudes quant à son efficacité 

la science réserve son jugement, penche plutôt vers le oui.

Il n’empêche, à l’instar de la biodynamie qui ne sert à rien ou de l’homéopathie para-science, qu’elle produit des effets réels de, seulement, nous faire nous impliquer.

Qui pratique le jeûne intermittent, déjà, en réalité, en réalise — dès sa décision de jeûner — les effets, indépendamment même de tout processus chimico-physiologique liée à (jargon scientifique mobilisé ici par les thuriféraires de cette mode) :  cétose ou autophagie. Il ne s’agit pas ici de décrire par périphrases l’effet placebo. Je parle de causes réelles et objectivables, au-delà de, comme on le décrivait, ce que chaque personne qui pratique le jeûne intermittent structure déjà sa vie autour de la bonne santé, la contrainte temporel que fait peser le jeûne intermittent sur l’absorption de nourriture élimine toutes les ingestions dispersées (grignotages, je déteste le mot, petit, pauvre, il rogne, souris timide, j’entends les petites mains du mot, les petites dents peureuses) qui contribuent à l’obésité. La saveur du vin cultivé en biodynamie récolte les suffrages (spécialistes compris) tandis même que les principes qui commandent à sa production relèvent de la superstition ; danse de la pluie davantage qu’agronomie.

 

blablablabaya 

 
Le vin est bon de ce que les vignerons y consacrent, du fait de leur croyance, un soin attentif, une vigilance qui, par tâtonnements, reproduit les méthodes les plus fiables, les plus éprouvées empiriquement et scientifiquement. Il en va de même pour le intermittent fasting, qu’importe sa réalité scientifique, il fonctionne.

 

(deux femmes entrent dans la librairie, une jeune femme, grande, habillée en cool, style Salomé Saquée, une autre, plus âgée —beaucoup — maquillée — beaucoup— comme les femmes qui se pensent élégantes des mondes pauvres, cheveux crépus, dont on ne sait si la permanente a échoué ou si c’est le lissage, elle parle de son origine tizi-ouzou comme Maman, la Grande Kabylie, elle parle de Matoub Lounès, l’idole des indépendantistes Kabyles, assassiné par le régime algérien, elle dit, la jeune fille, je ne veux pas qu’un gros mec dise aux gens de se mettre en rang … contraire à mes valeurs … je ne veux plus … toutes les deux semblent appartenir à une association de distribution de colis solidaire — les droits dépendent de coupons de couleur remis aux allocataires — dont l’unité de mesure est le carton —, les bénévoles se confondent, aussi, avec les bénéficiaires, la femme kabyle, appartient à cette double catégorie. Au début je pensais j’aime la voix de la jeune fille cette voix à demi fêlée et toute assurée, puis, à la réflexion, j’aime cette voix parce qu’elle me rappelle celle d’Aline sortie de ma vie, injustice de plus de cette cruelle année. La jeune femme insiste, parce que la femme Kabyle parle d’un certain Farid qui assure plusieurs tâches au sein de l’asso. C’est lui sûrement le gros mec qu’elle évoquait, avant, dont l’autorité contrevenait à ses valeurs. Je ne veux pas qu’un homme dise quoi faire à des femmes. Bizarrerie que, ici, l’homme se contente pourtant seulement de transmettre à des individus, hommes ou femmes, des règles d’organisation. Comme si la forme homme dominait et effaçait. Le symbole. La jeune femme parle mal à son aïeule, j’entends qu’elle ne peut s’empêcher de la toiser, malgré elle, d’occuper, de fait, une position de sachante qui se double en une fonction d’enseignante. Voit-elle alors, reprenant sa typologie, ce qu’elle reproduit ici de domination classiste, raciste et âgiste ? Elle ne le peut pas, je veux dire ne le peut pas ici, en actes, le soir, revenu dans son deux-pièces (meublé de récup et de tirages originaux d’artistes queers et autistes achetés sur Instagram, entre deux cagnottes inclusives) elle méditera abstraitement en conscience mais sans cas de conscience, ne jugent jamais que ses pensées, que ses théorèmes sans voir que, avant tout, elle devrait réformer son comportement.

je souffre mal l’écart, toujours renouvelé entre les postures morales et les pratiques réelles, j’aimais chez Marie-Anaïs ou chez Romain, la conformité, réelle, entre le croire-dire-faire — que l’intérêt personnel ne dépasse pas, en aucune circonstance, la règle fixée, sujette, évidemment, à des ajustements — sur le sujet je ne considère pas Marie-Anaïs tout à fait exemplaire — qui peut s’en prévaloir ? mais, disons, que l’amour, peut exciper de certains devoirs — autoproclamés — que la limite, en elle, il faut du temps, me disent les autres, vient d’une sorte de reconnaissance, de sa part, dont, pour lors, je la sais incapable — vivant dans des discours qui avalisent sa croyance. 

 

La jeune femme s’exprime, toujours avec autorité et supériorité, si je devais le lui signifier, je deviendrais, le gros mec qui dit quoi faire aux femmes.
Ennui.

Si je comprends bien les enjeux, lors des distributions, certains bénévoles-bénéficiaires, profitent de leur qualité de bénévoles pour voler. La jeune femme cherche à empêcher ce phénomène. Elle dit, devant le regard médusé de la femme kabyle (parce qu’elle sait), oui, je vois ce qui se passe, ce n’est pas parce que je ne dis rien, que je ne vois pas. La jeune femme, je comprends son agacement veut rétablir l’ordre sans brusquer personne. Elle institue une nouvelle règle : seuls quelques bénéficiaires pourront participer à la distribution des colis, sous prétexte de rationalisation quand, son objectif, réel (rationalisation, aussi, non avouable, source de conflits, vexations, mauvaise foi) est d’assurer la juste répartition de l’aide (la CAF : tous vos droits, seulement vos droits ; ici, très injuste comparaison).

La jeune femme veut préserver l’activité de cette institution. Son énergie va toute entière aux statuts constitutifs de l’association, son légalisme — je suis moins moqueur que je ne parais — constitue en même temps la condition du fonctionnement de l’association (que j’imagine, comme toutes, fragile, sous-financée et pourtant affreusement nécessaire en cette période de misère). Certains, en effet, parce que nécessiteux ou quelque autre raison qui les commande (je crois autant à la common decency qu’à la common indecency), ne se soucient pas des règles ou les ignorent et, de ce fait, brisent le contrat social (il y a tant à dire sur les limites de ce pseudo contrat). Je ne crois pas, d’ailleurs, leur distribution dépendante du statut social, la visibilité, seule les distingue, pas la nature.

souvenirs : Wittgenstein s’exile, après le tractatus, après avoir épuisé la logique — souvenir, moi, les truffes Amsterdam, la vision noire, 5 heures du matin, au terme de la logique, je dis à Yan, ne comprenant plus même comment je pus tant m’amuser quelques heures avant, qu’après la logique, le gouffre, la mort — en Norvège, parmi des pêcheurs et montagnards pour trouver des êtres purs, un langage remis à zéro — y tendant — Wittgenstein découvre un peuple de menteurs et de voleurs.  

 

Le texte se dirige je ne sais où, haché, hier, commencé à la librairie, puis, la chaleur m’en chasse pour retrouver mon appartement, la climatisation, ouf, écrire, désinstaller Heroes of Might&Magic III, retourner chez Jeanne, le métro la ligne 9, le message 21:00 quand arrives-tu moi, dans dix minutes

 

(écrit hier :)

 

j’envie des fumeurs la coupure que la cigarette apporte à leurs journées, coupures multipliées — je ne parle pas de la cigarette écrasée multiple précédant obsession douloureuse parfum néfaste dents jaunes mains parcheminées pas cigarettes tremblantes Craven A de Charlotte élégantes pour le geste pas cigarettes tassées inquiètes fumer comme Jeanne le geste sûr le cendrier plein mais elle c’est de grâce — découpage de la journée, la cigarette, la cigarette assignée à un rôle de séparation-distinction auparavant les cools les élégants les ringards les clodos les anar eux des roulés l’odeur de vanille du paquet souple le coup de langue sûr — la cigarette comme signe selon le visage l’accent la cigarette parle une langue. J’envie de la cigarette ce qu’elle permet au fumeur, dans sa journée, la pause imposée, la dépendance ou le plaisir ou la confusion des deux comme quand le bas-ventre démange — cette nuit rêve érotique — 

 

cendrier mental les idées écrasées une à une inachevées très noires 

 

j’envie le tu as une clope oui non c’est ma dernière désolé le on va se fumer une clope porte ouverte clac fumée dehors attends je m’en grille une tu peux m’acheter un paquet de Rothman Bleu s’il te plaît tu peux aller au bar acheter des clopes ils prennent que les espèces tac je dois fumer désolé pour mettre fin à une conversation je t’accompagne ah le merde silencieux quand même la clope fumée vite haha hihi au secours langage comme les Sioux de collines en collines communiquaient

 

je voudrais fumer demander du feu aha au café tu en as la blague etc etc

etc

 

 cigarettes qui passent du blond au noir comme si vendue la cigarette or, d’abord, puis devenue, charbon comme les mages voleurs transmutent un instant seulement — pierre philosophale des escrocs, vérité maquillée — Lucky Strike longtemps la publicité vantait le doré, presque du blé, presque l’aliment primordial de l’humain si, l’être humain, lui fonde son alimentation sur le blé, le gentilhomme (d’abord, l’homme, masculin, puis extension du marché, la femme, le porte-cigarette, yeux fardés, Mina-Linda), l’homme de qualité, lui, l’être civilisé, disons, se choisit autre blé, autre pain, son levain le tabac. 

 

 

 

4 septembre 2023

Jours étranges

Depuis des années, maintenant, à cause de mon addiction aux écrans, je ne regarde presque plus jamais de séries. Aujourd’hui, avec Jeanne, le soir, avant de dormir, dans l’état deux fois antérieur au sommeil, nous regardons Stranger Things. Série originale Netflix comme l’écran précédant l’épisode l’annonce. Je me demande, alors, s’il existe, entre ces différentes séries, une cohérence esthétique, un lien qui les unirait, déterminé par des producteurs en vue — évidemment — du plus grand profit pécuniaire. Ceci, en soi, n’exclut pas la qualité, l’âge d’or d’Hollywood comptait, outre tous ceux que nous oublions, les grands, King Vidor, Capra, Cukor et la liste n’en finirait pas.

j’entends, dans le même temps, Jeanne au téléphone, organisant sa semaine de travail en même temps qu’elle mélange — je veux dire touille — dans la poêle les poireaux qui, si elle n’y prête garde, brûlent vite, elle verse — je le suppose à cause du son — de la sauce soja dans l’une des poêles — dans l’autre cuisent des champignons. Je vis presque chez Jeanne ces dernières semaines sans pouvoir me rappeler la dernière nuit où nous dormîmes séparés sans que, pourtant, je ne ressente quant à ça, le moindre poids, la moindre entrave. Jeanne « qui a son caractère » comme l’on — Jeanne déteste l’emploi de ce on — dit des gens assurés — le disant avec un brin de malice — fait absolument tout chez elle et, si elle délègue peu, ne reproche jamais — ni explicitement ni, ce serait pire, implicitement — l’inaction. Je suis ici plein de gestes suspendus, disséminés dans l’appartement qui, le jour qu’il plaira, petits boutons, s’ouvriront parfums divers et peut-être quelques orties brûlantes.


Je ne me renseigne pas quant à la direction artistique de Stranger Things, souvent, en matière de séries, à l’envers du cinéma (d’auteur au moins) l’ordre d’importance va du producteur au(x) scénariste(s) puis au réalisateur. Le producteur, après un brainstorming, soumet une idée qu’il demande aux scénaristes de transcrire en histoire et le réalisateur en assure l’exécution en images — ceux-là choisis surtout pour leur capacité à respecter (se soumettre?) à un cahier des charges (ce qui n’obère pas une future carrière, seuls, purs, les artistes : héritiers, clochards et quelques un de ceux qui, escrocs, par la pipe ou l’opium sidéraient de riches — et cléments — mécènes).

Nous nous étonnons, alors, de voir que presque tous les épisodes de Stranger Things soient réalisés par le même réalisateur, étonnement prolongé de ce qu’il s’agit, même, de deux réalisateurs, deux frères : Duffer Brothers. La réalisation de toutes les séries varie d’un épisode à l’autre.

 

parce que j’oubliais leur nom, je tapais sur google « brother stranger things » et, au-delà de ce nom, j’apprends, à mon grand regret qu’ils créèrent la série— non que le contenu de l’information me déplaise mais que j’acquiers une connaissance qui maintenant détourne la direction de mon texte, supprime les hypothèses mentalement formées, la vérité, aussi, comme toutes les définitions, moins qu’une naissance est un meurtre — celui qui fait émerger la vérité — comme aiment à dire les juristes — condamne l’imagination et, sinon dans les palais de justice, mérite a taste of his own medecine.

Les Duffer Brothers réalisent et scénarisent la série leur série.

produisent, peut-être, je ne sais, je ne veux pas moi-même produire encore une vérité et, après avoir établi le barème des sanctions devoir moi-même me placer à quelque niveau du supplice

La série, en effet, possède une esthétique forte, singulière et cette esthétique ne se limite pas, ce serait la chose la plus banale, à la photographie, comme on dit, il ne s’agit pas que d’une identité visuelle. Chez eux l’esthétique concerne la mise en scène qui, mise en scène, s’apparente à une chorégraphie. Je ne juge pas ici la qualité de ce choix, je remarque un parti pris que je décris.

Chorégraphie. 


J’exprimais à Jeanne mon étonnement, de voir que, tout apparaissait, comme l’on dit, téléphoné, c’est à dire attendu et donc privé de toute tension dramatique puisque je peux devancer la scène, elle ne peut m’étonner et donc m’émouvoir. Seulement ce téléphoné se maintient, constant, tout au long des épisodes, il s’agit d’un style qui, alors, relève — d’où chorégraphie c’est à dire découpage spatial et temporel — d’une perfection, d’une exactitude minutieuse.

Tout se déroule sur des temps,où ça doit être comme au théâtre et plus particulièrement au théâtre de boulevard. La série, elle, tragique — ou qui se veut-t-elle — ne joue pas sur le ressort de l’humour, du cabotinage, de la bouffonnerie, leurs temps sont le récit.

…puis, écrivant ceci, immédiatement je me reprends, le personnage du chief, celui qui dirige la police locale, au fil des saisons passe d’une sorte de super héros viril, à un papa niais, aux expressions exagérées et comiques…comme au théâtre, comme pour faire montre de son caractère. Les réalisateurs, ce faisant, ne prennent pas les spectateurs pour des imbéciles incapables de discerner, si plus subtilement montré, cette personnalité. Cette monstration révèle leur choix esthétique, au-delà de ce comptage parfait, l’histoire tient par ses personnages, non, comme chez Racine où ils seraient fonction du récit, mais en tant que moteur et, eux-mêmes récits. J’avais lu, à propos de Games of Thrones, une analyse qui expliquait l’écart - qui alla grandissant - entre la série télévisée et la saga littéraire qui, si elles reprenaient la même histoire, la déployaient pas sur un mode différent et presqu’opposé.

 

J’aime ce soudain, je parle, sans me rendre compte, avec abondance, de la controverse de Vallaloïd avec Jeanne, du néfaste du positivisme et, avant lui, de la philosophie des Lumières, comme, sûrement un homme — quoi que M. eût pu elle aussi vivre le même emportement — nous buvons la tisane et le contraste entre ce liquide chaud et mon excitation m’amuse, j’aime entendre le froissement du journal qu’elle lit, l’article sur Hawaï qu’elle me décrit, le journal qu’elle plie et déplie, déplié elle lisse la page pour aplanir la page, rigide, sinon quand, froissée, la page va à sa guise, je regarde — Jeanne croit toujours que j’exagère Bartok elle dit comme le personnage vil flatteur voletant autour du Raspoutine de Pixar (?) — avec émerveillement ses gestes, ce qui accompagne, aussi, dans cet instant, dans le repos de cet instant, avec la tasse rose fumante encore — je ne peux boire moi aussi chaud qu’elle — les doigts qu’elle passe sur son visage, toutes les pensées, là, qui la traversent, toutes inconnues de moi et, si fantômes denses, ne m’effraient pas, me touchent, si j’ignore leur savoir, savoir que ces pensées là, la maintiennent, me les rendent — elle murmure, c’est ma pensée là, à moi, Bartok — précieuses.

 


je dis cette fois Bartok vraiment

que l’air même qui la soutient

devient adorable de
.

 

J’écris comme ça vient, mes interruptions, reprises, illisibilités, flux de conscience, certes oui, banalité, maintenant, flux d’écriture aussi, entrées brutales d’éléments du réel, s’il survient, ne pas le laisser échapper, Jeanne la robe violette, moi mon amour, le bruit du clavier, les suggestions des mots — jamais choisis, à peine regardés — (soleil et vous était étrange) sur la touchbar. 

 

L’histoire dans la série télévisée, pour des raisons culturelles, c’est à dire de médium — les deux saga et série issues des Etats-Unis d’Amérique — progresse par à-coups et par événements, dramaturgie classique, elle existe de lier ensemble une succession de faits. Ce qui permet une progression fluide, un visible début, milieu, fin, qui, défaut congénital — reproche adressé à la série — fluidité confondue avec précipitation que tout devenant fugace, à peine habitué au drame précédent nous voilà déjà transportés ailleurs, à des centaines de kilomètres or l’émotion, lente à mûrir, réclame son temps au lieu de quoi sa vitesse empêche la mémoire. L’accumulation, sur une trop brève période, d’événements, les aplatis.

La saga quant à elle se concentre sur les interactions entre les personnages, ce sont eux qui animent le récit et, corolaire négatif, aboutissent, aussi, à son enlisement. Ca n’avance pas, ici, la tension dramatique disparaît derrière l’ennui, l’attente de l’évènement, si elle peut être excitante un moment, finit par agacer celui-ci, même, à cause de sa brièveté nous jette déjà dans l’attente prochaine dont nous savons, pour l’avoir souffert, qu’elle durera un quart d’éternité.

Nous ne nageons pas mieux dans le fleuve déchaîné que dans le marécage.

je passe sur instagram, rapidement, les réels de S. m’apparaissent et me désolent toujours autant dans ce que sa survie, je trouve, porte aussi de mort, que, pourtant, cette survie, au-delà de la poésie, l’arrache vraiment à la mort qu’elle aura tout le temps, après, de simplement avoir duré, de s’incarner autrement puisque ses mises en scènes actuelles ne lui offriront aucune carrière.

Les séries télévisées se concentrent sur les événements, leur dramaturgie repose sur des actes qui, en matière de sitcom, genre autrement codifié, s’incarne dans les blagues, punchlines ou qu’importe le mot. Stranger Things échappe à cet ordre de, probablement, ce que les réalisateurs sont en même temps les créateurs de la série qu’ils ont toute autorité pour la mener. La série vit de ses personnages et ses personnages eux, excessifs sans être loufoques — Wes Anderson choisît, quant à lui, le loufoque plutôt que l’outrancier — pour situer. Je pense au chef, sa moustache, l’air de Nietzsche qu’il affiche, d’un Nietzsche qui descendu de sa montagne régit les amours de sa fille adoptive. 

3 septembre 2023

Une histoire d'oeil

Camille, je me souviens, tenait une sorte de journal dans lequel elle retranscrivait les gens de sa journée, elle appelait ce recueil d’instantanés, les gens que je croise, si je me souviens bien.

Je ressentais, toujours, un grand embarras à cette lecture parce que, surtout, les gens devenus objets de ce journal, occupaient des positions sociales disons dégradées :

personnes en situation irrégulière, femme noire revenant de ses ménages, exilés en attente, comme si le regard de cette caméra-sensible ne capturait que les éléments infra de ce spectre humain. De ce que, même, elles menaient en lumière, parce qu’elle les extrayait du silence et de l’invisible, ces fantômes.

Léna, elle, parle, d’espaces liminaux, sans que je ne saisisse exactement ce à quoi ils réfèrent tout en sachant, pourtant, appartenir à ces mondes, ces quarts de ton

 

la première définition google de liminal : 

Qui est au niveau du seuil de perception, qui est tout juste perceptible.

 

En effet, j’y appartiens moi le pourtant spectaculaire, les chemises en soie virevoltantes, la chemise blanche où se mélangent parfums, salives et toutes les impuretés nocturnes. Parce que, socialement, liminal plutôt que lumpen. Dont, lumpen, je lus un jour, sous la plume d’un marxiste italien, une traduction singulière lumpen prolétariat ou prolétariat en haillons. Ce que le liminal, lui, ne comprend pas, de guêtres, de restes. Il est une lumière. 

 

Tous les écrivains se servent dans le réel et du réel. Pourtant, lorsque ce tri, pour écrire, ne s’opère qu’en la faveur (défaveur?) des déjà relégués, je sens, intensément, le pillage. Pillage moins ressenti si ces vies excavées possédaient sur l’avenue de Breteuil d’un Duplex avec vue panoramique et baignoires (trois salles de bains) sur pieds. Quelque chose qui, utilisant, le moins, les infériorisés, réhaussent en splendeur, la si clémente qui les convoque. Je crois que je n’aime pas ce salaire tiré, cette fois, de la surdouleur. Parce qu’à quelles fins ? Parce qu’au fond, oui, vraiment, Camille parle en effet, à cet exilé afghan dans la Gare de Lyon, qui, attend, à la fois de rejoindre l’Angleterre et de manger quelque chose ce soir. Le relater, pourtant ? Ce questionnement moral, évidemment, la frappait, elle choisissait, pourtant, après débats (quels termes ?) de transcrire.

Je dis ceci, longue introduction à ce que moi, souvent, je retins, de ces pauvres hères, jamais rapportés. Si j’évoque, parfois, Marcel qui tend la main, comme il dit, sur la Rue des Martyrs, c’est parce qu’il a construit sur le bout de trottoir qu’il occupe, contre le Crédit Agricole, un monde, des bougies, des sucettes multicolores et des proverbes écrits à la craie, parce que Marcel est un monde sans misère, le symptome, triste, certes, d’une époque qui finit par rendre l’artisan un nécessiteux, mais lui, mange tous les soirs, dort chez lui toutes les nuits. Récemment, parce que c’était le mois d’août, pour la première fois, il m’a demandé un brin de monnaie, parce que dans ce chassé-croisé, comme disent les médias, qui voit les villes vides de ce que départs et retours se croisent et créent dans les villes de grands trous noirs, personne ne lui portait secours. 

 

J’écris ceci parce qu’aujourd’hui, toujours, règle morale, fixe, je parle à tous ceux qui cherchent à parler si je ne peux pas les aider financièrement. Elle impose, cette règle, d’autres règles, inutiles à décrire. J’écris ceci parce qu’aujourd’hui, devant chez J., une odeur nauséabonde, putride, se dégageait du trottoir, une odeur de merde, de misère défoulée, c’était le clochard du coin, anéanti, que je ne voyais pas même, ni assis ni allongé, effondré, plutôt. Que, le voyant, après, je ne pus ni écouter ni regarder, composant à la hâte le code de l’immeuble pour chasser de ma mémoire ce que je voyais, là, qui dépassait les mots, qui dépassait ma règle morale. 

17 août 2023

L'oiseau lyre

Dans l’appartement de J. les objets perdent leur univocité parce que le métier — maîtresse — qu’elle exerce dédouble certains d’entre eux — le métier même, maîtresse, se distancie du sens usuel, celui d’institutrice —. Tout peut devenir autre chose ; je pense à ceci en quittant les toilettes, la lunette y manque, cassée jadis, à côté de la cuvette, on trouve des outils destinés, de prime abord, à la réparation ; je dis de prime abord, parce que, ces outils comprennent, entre autres, des pinces, et, dans cet appartement, les pinces servent aussi — et surtout — d’autres usages ; des pinces, lorsque j’en parle à J., les plus vendues du marché, à accrocher aux tétons, peu douloureuses, plus objets de fétichisme que de masochisme ; d’autres pinces dites crocodiles, douloureuses, celles-là, dont le nom familier me laisse entendre qu’elles possèdent, ordinairement, un autre usage.

 

Wikipédia : Une pince crocodile est un organe de connexion électrique rapide et provisoire. Elle tient son nom de sa ressemblance aux mâchoires d'un crocodile.

 

 

Tout à fait professionnelle, aujourd’hui, excellant, même, ainsi que sa réputation, halo favorable l’entourant, elle dispose d’instruments exclusivement dédiés à sa pratique de Domina, fouets, cravaches, martinets, godes variés. Ces objets, eux, destinés, très officiellement — lorsqu’on les trouve au domicile d’une personne — à la sexualité s’adjoignent, serviables acolytes, des produits auxquels, d’instinct, nous ne penserions pas, les lingettes désinfectantes, par exemple qui, dès lors que nous en prenons connaissance, nous paraissent, en effet, comme la stérilisation des instruments du chirurgien, une nécessaire exigence.  

 

 

le dernier des martinets, excessivement douloureux, ne servira, à terme, que d’objet purement décoratif, d’apparat, éventuellement, comme ces épées serties de diamants et d’or témoignaient, jadis, de la force du conquérant sans, pour autant, ne s’employer plus jamais au rôle antérieurement dévolu à l’épée. Ou, j’y pense écrivant, déjà, dès le départ, même employée à l’épreuve de la force physique, l’épée portait en elle sa force de symbole, excédait sa seule valeur d’usage, sa valeur, seulement, reposait aussi et encore, dans son utilité martiale, fil de l’épée, maniabilité de l’arme et même valeur du forgeron, il se distingue, le forgeron, lui, pour qui il forge, qui reconnaît, son maniement de l’eau, de la pierre et du feu.
 

Seule avec J., j’aime les séries ; en ce moment nous regardons ensemble Stranger Things, où, étrange hasard ? Le monde, aussi, se tient, réversible le upside-down, comme cet appartement où, noircis — tous les instruments de sa pratique semblent extraits d’une mine de charbon pur — les diamants aussi —, les objets portent la marque du revers de, ce mot que j’oublie souvent, l’interlope. Revers, ici, des désirs, du non-exprimable, du recours, systématique à la professionnelle, parce que, en ceci, plus que dans le rapport avec la prostituée, ce qu’on entend d’habitude par prostituée, une expertise rare, introuvable s’attend (il y a eu ce vieil homme, cette momie tu disais, qui, après la séance — tu dis séance j’aime beaucoup comme en psychanalyse ou en cours de sport — te reprocha ton manque de sévérité contraire, et c’est un mensonge, à ta réputation. Disant ceci je me montre presque injuste envers les aptitudes des escorts qui, sur leurs annonces, affichent leurs pratiques comme autant de compétences à un CV  oridinaire ou à la maîtrise de la suite Office se substitue celle de la Gorge Profonde. Si je peux, moi, ne pas les trouver, hors du commun, c’est que, comme beaucoup de personnes des grandes villes, elles appartiennent à mon répertoire de gestes amoureux et sensuels, deepthroat, anal et cum in mouth perdent en extraordinarité face à uro, gode-ceinture, massage prostatique. 

 

 

Est-ce qu’alors l’épée sertie de rubis, celle la plus fragile, la plus inutile à la victoire, ne témoigne pas de la toute puissance de qui elle ceint ? ou, annonce-t-elle, cette inutile et bruyante beauté, la décadence à venir, le gâchis. La conversion, pour forger cette épée inutilisable en terre virile, de toute la fortune accumulée des victoires

 

n’est-ce pas aussi alors une façon d’intimider son peuple et celui des autres, alors si à ceci ressemble son palais et son arme, quelle force doit-il avoir, mais cette rhétorique des éclats d’or ne s’énoncent qu’aux philosophes et aux délicats, les armées, ceux-là, les réforment, jurent par le meurtre et tuent du plat de l’épée ou de la baïonnette si la lame trop émoussée ou le fusil déchargé, manquent à leur but. 


Brutalité des conquêtes inutilement convertie en art. 

 

Lorsque j’évoque le métier de J. à mes amies, certaines, aveuglées par l’argent — n’entendant que le tintement de l’argent —

 

200 euros de l’heure, on dit, offrande dans cette langue, sur le site sixannonces, destiné exclusivement aux escorts, on parle de roses, si les premières, cette fois, ne prennent pas à rebours le monde, les autres, clairement, euphémisent, tout y est atténuation comme s’il fallait, par un langage mimant le romantisme, atténuer la violence ou la honte, les clients ne notent pas des pratiques sexuelles, ils évaluent des massages, l’une des 4 catégories à évaluer par les clients. 

 

Les autres imaginent, parce que ceci demeurant dans de l’abstrait discursif, dans un monde doré — dorée sont les douches —, qu’il ne s’agit « que de ». Ce « que de » les veut imaginer les voir se lécher les pieds, donner des ordres, en bref exclure le sexuel de la pratique, croyant que, si la domina n’est pas pénétrée alors il n’y a pas de sexe, la réalité comprend, uro, face sitting, gode ceinture, massage prostatique, nudité du client. Certaines des amies de J. qui s’essayèrent à ceci, attirée par l’argent et la sensation classiste que l’absence de pénétration (d’elle pénétrée) les distinguait du reste des travailleuses du sexe, finirent par pratiquer une prostitution telle que plus ordinairement entendue, la difficulté tient, à la fois, à poser les justes limites aux clients et, ceci toutes le sous-estiment, l’immense difficulté à commander, pendant une heure, parfois deux, un homme, deviner ses désirs, alors, comme on disait avant, dans la littérature romantique - qui l’est si peu dans le sens commun - elles s’abandonnent. En effet, alors, elles abandonnent quelque chose.

Beaucoup, par ailleurs, je pense à N., ne se figurent pas possible une telle rémunération sans baiser - entendant baiser comme un rapport pénétrant-pénétrée -

erreur et préjugé. 

Erreur parce qu’elle suppose que tout le monde pourrait le faire or, ici, le coût se mesure à la rareté de l’offre et à une de ses conséquences - qui en est aussi une cause - la honte. Honte que J. dépasse en parlant abondamment de son métier, la honte ne vient jamais que de, surtout, ce que l’on cache —honte ne devient honte que lorsqu’elle peut se muer en reproches et en condamnations.

Le préjugé, lui, vient d’une sorte de sacralisation du sexe hétérosexuel —viriliste en ceci—sa valeur supérieure, excédant toute autre pratique et ne pouvant penser un homme prêt à s’acquitter de telles sommes que s’il peut la baiser, comme, si alors, pénétrer devenait surtout pratique d’un pouvoir, que le plaisir tarifé ne pouvait jamais résider ailleurs que dans cette possession. Disant ceci il nous renseigne, lui, sur la motivation de son désir. 


J’ignore si Lacan qui facturait plusieurs milliers de francs ses séances de psychanalyse suçait et léchait les sexes de ses clients. Je lui demanderai si je devais jamais retourner en enfer. 

 

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 > >>
boudi's blog
  • une fleur qui a poussé d'entre les lézardes du béton, un sourire qui ressemble à une brèche. Des pétales disloqués sur les pavés à 6 sous. J'entends la criée, et le baluchon qu'on brûle. Myself dans un monde de yourself.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 49 427
Publicité